Récit de la course : Ultra Trail du Mont Blanc 2008, par leptitmichel

L'auteur : leptitmichel

La course : Ultra Trail du Mont Blanc

Date : 29/8/2008

Lieu : Chamonix Mont Blanc (Haute-Savoie)

Affichage : 1459 vues

Distance : 163km

Objectif : Objectif majeur

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UTMB 2008

Introduction

L'UTMB... Une aventure extraordinaire.

- 3 pays
- 166 km
- dénivelé positif de 9600 m
- 46 heures maxi

En 2006, sur 2535 participants au départ, seuls 1153 ont bouclé la totalité du circuit dans les délais

Petit extrait du site de la course :
"Sept vallées, 71 glaciers, 400 sommets... le massif du Mont Blanc fascine. Faire le tour du Mont Blanc, c'est découvrir un univers incomparable, celui de la haute montagne impressionnante et magique ; c'est partager le rêve éternel des pionniers, c'est traverser le jardin féerique de Gaston Rebuffat et des récits de Roger Frison-Roche"

Du jamais vu cette année… A peine 8 mn pour saturer le nombre d'inscriptions sur le parcours long (2200 inscrits). Les 10h de l'année dernière ont été pulvérisées.


Comment j'ai structuré ma préparation ?

La fiche équipement détaillée

Quelques points de repères

Ma stratégie de course et mes temps de passages



Le CR de la course

Jamais deux sans Trois…

Hé oui quand on a participé deux fois à une épreuve, il faut y retourner une troisième !

2004. Seconde édition de l’UTMB. Après une première édition très difficile (10% d’arrivants) voilà que je me présente au départ de la grande boucle… Pas de préparation spécifique (j’étais dans ma période où je testais le non-entraînement), persuadé que mon envie suffirait, voilà que je me vautre lamentablement (mais de façon fort prévisible) après 43km de course… Arrêt aux Chapieux.

2007. Après deux années d’absence, me voilà enfin de retour, mais là pas question de retomber dans le même piège qu’en 2004. Toute ma saison est orientée vers cet objectif avec au programme plusieurs autres courses présentant du travail spécifique. J’arrive sur place en pleine forme, mais cette fois c’est la tête qui flanche… Arrêt au Lac Combal après 60 km de course.

2008. Cette fois sera la bonne ! Après une inscription épique (2300 places prises d’assaut en … 8mn) me voilà intégré à la liste des participants grâce au tirage au sort. Je vais enfin pouvoir mettre à profit ma nouvelle stratégie de gestion de course élaborée suite à l’échec de l’an dernier.

A la différence de l’an dernier, je n’ai pas la possibilité de multiplier les épreuves en montagne. Ma première partie de saison (Novembre – Mars) est surtout prise par la préparation du Raid Amazonie (mon objectif n°1 cette année) et je privilégie donc les raid plutôt que le spécifique en dénivelé.

A partir d’avril, je vais essayer de compenser l’absence de sorties en montagne par un travail de musculation spécifique (principalement au niveau des cuisses), et compléter cela avec quelques sorties au dénivelé tout relatif. Pour conforter ma nouvelle stratégie de course (et mon état de forme) je décide d’aller faire une virée en Belgique début Mai pour le Trail des Caracoles.

Ah oui ma "nouvelle stratégie que j’ai". J’ai remarqué à plusieurs reprises que lorsque je me fais des feuilles de temps, je passe plus de temps à cogiter sur mes pseudo avances/retards que sur ma course elle même. Et parfois ça me prend tellement la tête que je me plante. Alors désormais j’ai décidé de ne courir qu’aux sensations… au feeling, au plaisir… bref exit le chrono, exit même la montre, et je fonctionne au mieux suivant le moment.

Sur les Caracoles j’avais estimé à environ 7h30 mon temps sur ce type de parcours (56km et 1600m de D+) et je vais terminer la course en 7h45 dans un plutôt bon état de fraîcheur mais surtout en ayant pris beaucoup plus de plaisir que d’habitude… Désormais, je profite…

En juin pas de grosse course mais juste le challenge de CO tous les mercredi soirs, ce qui permet de belles séances de fartlek.

Le reste du temps ce sera un entraînement plutôt classique, avec mes traditionnelles sorties en côte du samedi matin (mais bon, des côtes d’une quarantaine de mètres de D+/D-)

Coupure début Août pour cause de vacances… 15 jours au soleil et au chaud (même très chaud – entre 40 et 48°) et ce ne seront que quelques footing très très matinaux

Retour sur Paris, et fin de la préparation avec une dernière semaine dédiée au repos et à des nuits aussi complètes que possibles.

28 Août. Paris- Chamonix. J’ai profité du site de co-voiturage mis en place par les organisateurs pour descendre deux coureurs (eco-responsable le Michel ?). Arrivée sur Cham vers 13h30, déjeuner en terrasse dans le centre ville puis direction le retrait des dossards. Là commence un parcours du combattant. D’abord parce qu’il faut s’arrêter tous les 50m pour saluer quelqu’un (c’est dingue le nombre de personnes qu’on fini par connaître dans ces rassemblements) et ensuite parce qu’il y a une jolie queue pour retirer les dossards… En fait on croyait faire la queue (on a commencé l’attente juste à l’entrée de la tente) mais on verra par la suite qu’on a eu beaucoup de chance certains ayant du attendre plus de 2 heures pour retirer le précieux sésame (une petite demi-heure pour nous)


Longue file d'attente pour retirer le dossard

Ensuite c’est après midi tranquille à déambuler dans les rues de Chamonix et dans l’ultra trail show au hasard des rencontres toujours aussi nombreuses. Ca fait toujours plaisir de retrouver les copains, toutes communautés confondues. Passage sur le grand stand UFO où je retrouve Phil, Sandrine, Manu, Akuna… Retrouvailles avec le Bœuf, le Dingo, la Souris, le Troll, mais aussi des coureurs rencontrés en Mauritanie, en Guyane, ou sur d’autres épreuves au fil des saisons, bref une après midi bien chargée d’autant que la mega file d’attente a fait son apparition pour le retrait des dossards.

J’en profite même pour servir de cobaye à une expérience médicale, passant du même coup une échographie cardiaque complète.


Passage de l'echo cardiaque

Bon rassurez-vous, ils n’ont rien trouvé du tout (c’est toujours bon signe).


La gourdasse bleue

Un pot en fin d’après midi avec quelques membres de l’équipe de Kikoureurs dont j’ai la responsabilité (merci l’Castor). C’est d’ailleurs amusant car je ne connais aucun des Kikoureurs de mon équipe en vrai. Je fais donc cet après midi la connaissance de Loulou, Ivanov et de Benos (ainsi que de plein d’autres Kikoureurs des autres équipes) et bien sur cela se traduit par une petite dégustation de Gourdasse Bleue…

D’ailleurs on peut en parler rapidement de notre équipe… Même si je suis engagé sous les couleurs de l’X’Trem Team, (comme club), c’est donc une équipe Kikourou que je rejoint pour le Challenge Karleskind. Au total ce sont 5 équipes Kikourou de 12 coureurs(ses) qui sont alignées au départ de l’UTMB et de la CCC avec pour chacune d’entre elle une pensée pour Lolo.

Donc notre petite équipe est composée de :

- Michel (K'ptain) : 3645 (UTMB)
- -loulou- : 3254 (UTMB)
- BENOS : 2359 (UTMB)
- Canne de buis : 2221 (UTMB)
- DidierC : 2044 (UTMB)
- Xavhié : 2939 (UTMB)
- Françoise 84 : 2990 (UTMB)
- ivanov : 2271 (UTMB)

- eric74 : 5406 (CCC)
- Qosqo : 8442 (CCC)
- rafouille : 7230 (CCC)
- ALBANAIS : 5227 (CCC)

 
Françoise 84 (à gauche) et Ivanov (à droite)

 
Benos (à gauche) et Loulou (à droite)


Xavhié

Vers 20h15, je ramène Alice sur St Nicolas de Véroce pour retrouver Olivier qui s’est proposé de m’héberger comme l’an dernier. Voilà une logistique rodée, et c’est un vrai confort matériel et mental avant la course.

Une bonne grosse nuit, un bon petit dej et me voilà le jour J frais en dispo…

En fin de matinée je retourne sur Chamonix afin de voir quelques personnes loupées la veille puis un déjeuner en terrasse avec Bottle et Irving et une bonne grosse sieste allongé dans une pelouse bien verte… pfffff on y resterai bien …

Arrivée de Françoise84 avec Xahvier et Kanardo, puis quelques autres rencontres (béné, nono , …)

Vers 17h je commence à me préparer. Si ma tenue de départ ne change pas, le contenu des sacs évolue un peu en raison des bonnes conditions météos annoncées pour le début de course.

Exit les polaires (juste une au cas où dans le sac de Champex), et surtout j’enlève la gore tex du sac à dos, la remplace par la veste achetée au RIMA en mars dernier et fourre la gore tex également dans le sac de Champex pour la seconde nuit.

Pour le reste on ne change rien, (cf. la fiche équipement)

J’enfile ma tenue, strappe mes pieds dans le traditionnel elasto, passe de la nok en masse aux endroits sensibles, puis je vais faire la queue pour aller déposer mes sacs d’assistance avant de rejoindre le centre de Chamonix.

Coup de fil de Domi pour me dire qu’ils arrivent et que vue leur tenue je ne pourrai pas les rater… No soucis je serai là dans 10mn…

J’arrive dans le centre ville. Grosse effervescence. Là il faut vraiment savoir se poser pour ne pas bouffer tout son jus.

Comme je n’ai pas prévu de partir devant, ni même vite, je me place à un bon 2/3 du peloton là ou on peut encore s’asseoir accompagné d’autres Kikoureurs, Ufo et Zanimos.

Même en restant cool on ne peut s’empêcher de sentir la pression monter. Musique, discours (pas certains que tous les trailers soient des surhommes…) et attente du moment fatidique où les 2300 coureurs seront enfin lâchés…


Attente avant le départ

Pendant cette attente je retrouve le raton Laveur et la Loutre. Le raton Laveur me propose de partir avec lui et je lui indique ma volonté d’y aller tranquillement afin de bien gérer le début de course et de ne pas exploser comme l’an dernier.


Michel et le Raton laveur

18h30 précise… c’est le grand départ ! Depuis le temps que j’attendais ce moment. Les fauves sont lâchés.


C'est parti !

La première section de 8 km vers les Houches est juste là pour étirer le peloton et me permettre de tout bien caler (les sangles du sac, les lacets …). On reste tranquille derrière avec le raton Laveur, croisant au passage quelques connaissances et laissant passer ceux qui veulent nous doubler.

Un peu avant les Houches je retrouve le Blueb’ qui annonce une heure pour cette section (ça me va bien) mais qui, me semble t-il, trouve qu’il a été trop vite ! Pause rapide au ravito le temps de boire un verre d’eau et un verre de coca et c’est parti pour la première montée du parcours (La Charme 800m D+ en 7km).

Je me retourne et ne vois plus le Raton Laveur. Je lève le pied 2mn, m’arrête pour sortir mes bâtons et toujours personne. Le problème est que je ne sais pas si il est devant (me doublant lors de mon arrêt au ravito) ou derrière (il parlait d’un cailloux dans sa chaussure). Pas trop de choix, alors je repars et m’attaque a la montée.

Elle se fait sur un chemin large avec des passages raides et d’autres plus accessibles. Je monte au train , tranquillement , et chose importante, cette année je ne me soucie pas des autres coureurs qui me doublent. Je gère mon allure, et je me contrefous du reste… ne pas se laisser embarquer.

Cette première montée est souvent perçue comme une simple mise en bouche… Pour ma part, et vu le D+ significatif, je la prends comme une montée à part entière. Seul le côté " non technique " des chemins empruntés permettent de la montée plus facilement que les suivantes, mais avec son D+ c’est quand même la 4ème plus grosse montée de la course (pratiquement autant de D+ que la montée au Grand Col Ferret.)

Je monte donc au train profitant au passage du coucher de soleil sur le massif. Passage au col de Voza puis suite de la montée jusqu’à La Charme. Petit bouchon au moment de passer le 1er contrôle (qui se fera manuellement du coup). La montée continue encore un peu. Il fait un peu plus frais et le petit vent pousse de nombreux coureurs à enfiler des coupes vents. Je déconseille cette manip à mes voisins de course, car on va attaquer près de 1000m de D- pour rejoindre St Gervais et la chaleur va vite revenir. Je sors ma lampe frontale et me lance dans la descente.

Cette descente passe mieux que l’an dernier. Toujours des passages raides mais le final qui était sur bitume a été en grande partie remplacé par du chemin .

Cette descente est un vrai test pour mes cuisses et mes genoux. Un peu avant d’arriver à St Gervais je retrouve le Blueb qui me demande si on est encore loin du ravito. J’en sais rien, mais ça a tendance à me rassurer un peu car cela signifie que je suis toujours dans un rythme correct, et surtout pas trop rapide.

Passage du point de contrôle de St Gervais à 22h06 en 1861ème position, soit après 3h36 de course pour 21km et 800m de D+ (en tenant compte du départ plutôt lent dans Chamonix)


Ravitaillement de St Gervais

J’en profite pour remettre de l’eau dans la poche à eau (il a fait chaud sur cette section et j’ai pas mal bu). Je me ravitaille en solide comme toujours avec un grand n’importe quoi( mais qui me va bien). L’idée est de manger un peu tout ce qui me fait envie… et peu importe l’ordre dans lequel cela apparaît au menu. Alors je peux passer du carré de chocolat au verre d’eau gazeuse, au morceau de saucisson avant d’aller à un bout de banane puis un verre de Coca pour finir avec un sandwich au fromage… J’ai au moins ce petit avantage, c’est que ça passe pas mal côté digestion.

Bon c’est pas tout mais j’ai encore de la route à faire.

Je garde un mauvais souvenir de la section St Gervais – Les Contamines de l’an dernier. Alors je décide de l’attaquer très très cool, gérant la succession de petits coups de cul en rythme de marche rapide alors que mon état physique m’aurait probablement permis de courir sur certaines parties. Bien sur je me fais remonter mais c’est pas grave, les sensation sont bonnes et je ferai le point en arrivant aux Contamines.

Finalement, ça passe mieux que l’an dernier, enfin, je m’ennuie moins et j’ai l’impression que c’est passé beaucoup plus vite. L’arrivée sur les Contamines change un petit peu. On termine par un bout de route qui permet de traverser le village avant d’entrer sur la place centrale.

Passage du point de contrôle des Contamines à 00h03 en 2040ème position, soit après 5h31 de course et surtout avec près de 45mn d’avance sur la barrière horaire. Petite précision, j’ai relevé ces temps sur les feuilles de routes fournies par l’organisation après la course. Pendant l’épreuve je n’ai fait que regarder mon temps de passage après être arrivé aux différentes barrières horaires juste pour savoir si j’étais bien ou pas (comme un constat), jamais pour réguler mon allure.

Là j’ai prévu un arrêt un tout petit peu plus long. A la différence de l’an dernier, je ne cherche pas à faire des ravitos top express, mais sans trop m’attarder non plus, je prends le temps nécessaire pour tout bien faire.

Ce sera remplissage de la poche à eau avec de la poudre, ravito classique et changement de maillot (je remplace le maillot court par un maillot manches longues car avec la nuit et la montée à 2500m prévue, je risque d’avoir froid) ce qui me permet de repartir avec un maillot sec.

Il me reste une petite section tranquille jusqu’à Notre Dame de la Gorge, où nous attend une animation avec sons et lumières assez sympathique et après laquelle nous nous lançons dans la plus grosse montée du tour… Si depuis St Gervais on peut annoncer près de 1670m de D+, on en a mangé à peine 400m sur les 14 km entre St Gervais et ND de la Gorge. Cela signifie qu’il en reste 1270 sur à peine 9km…

Tout de suite sur les grandes plaques de la voie romaine je me positionne au train. Enfin, à mon train. Je sais que ce sera long, mais que ça doit passer. Il suffit juste de ne pas se poser de questions.

La première partie jusqu’au refuge de la Balme (500m de D+ en 4km) est sur un chemin large. Ca monte bien mais si mécaniquement et musculairement je suis bien, je n’ai par contre aucune énergie. Les cuisses et les genoux tiennent sans effort, mais j’avance à la vitesse d’un escargot. Impossible de prendre de rythme et encore moins d’accrocher les wagons qui me doublent. J’essaie de ne pas y prêter attention et de rester à mon allure. Ca me travaille un peu quand même mais je dois rester dans ma stratégie de course, et rien d’autre.

Passage du point de contrôle de La Balme à 02h08 en 1933ème position, soit après 7h36 de course et avec 37mn d’avance sur la barrière horaire. Je ne sais pas comment j’ai pu gagner près de 100 places alors que je me suis fait doubler… Mais bon le plus important c’est que malgré un rythme très lent je reste en phase avec la barrière horaire. Je n’ai pas perdu de temps parce que j’avais 45mn d’avance en arrivant aux Contamines, mais que j’en avais que 35 en repartant… j’ai même gagné 2mn !


Le Troll et le Bœuf à La Balme

Je ne traîne pas ici malgré le feu de camp. Petite pause au ravitaillement mais je n’ai pas besoin de refaire le plein d’eau. Je me contente de manger un peu puis je repars vers le col du bonhomme.

Maintenant on va progresser sur du sentier de montagne et surtout la montée en altitude m’oblige à rester vigilant.

C’est au long de cette montée que va arriver mon premier soucis. Mon rythme n’a pas changé, j’avance tranquillement mais je trouve que l’éclairage de ma mega frontale à 27 leds (oui, oui) n’est pas très efficace… Je la retire, contrôle les leds et … seules 7 ou 8 leds éclairent encore… Zut les piles sont en train de flancher (bien fait j’avais qu’à partir avec des piles neuves). Bon pas grave j’ai des piles de rechange dans le sac et je les changerai au col du bonhomme. Je sors donc la frontale de secours pour terminer l’ascension et là je me rends compte que j’ai pratiquement le même soucis… Gaps ! quel crétin je suis…

Bon comme je ne monte pas vite c’est pas trop pénalisant, juste un peu fatiguant côté vision. Je termine ainsi la longue montée (ça dure quand même un bon moment) à ma petite allure et j’arrive enfin au col du Bonhomme.

Là je me pose sur un rocher à côté du gros éclairage mis en place par les secouristes (on y voit comme en plein jour.) Je sors mes piles de rechanges, ouvre la frontale et là… Horreur ! ! ! Je suis partie avec un jeu de rechange de 4 piles AA et ma nouvelle frontale fonctionne avec des piles … AAA … ARRGGGHHHHHHHHH ! ! !

Bon, Par chance j’ai aussi une pile de rechange pour la seconde frontale (la Ion) et là c’est la bonne pile, mais dans moins de 2km je vais devoir attaquer la terrible descente sur les Chapieux, et avec une simple frontale à 2 leds ça va être chaud…

Je reprend donc ma route en direction du refuge de la croix de Bonhomme en essayant d’économiser ma frontale au maximum.

Le final se passe bien avec toujours ce soucis de manque d’énergie, mais les cuisses sont là (le travail musculaire réalisé depuis le printemps semble porter ses fruits)

Passage du point de contrôle de la Croix du Bonhomme à 04h11 en 2018ème position, soit après 9h39 de course (pas de barrière horaire ici).

Pour la descente je décide de mettre en œuvre mes deux frontales. La petite avec piles neuves, et la grosse dans son état végétatif mais bon ce sera toujours ça de pris. Par contre je me demande comment gérer la suite. Une fois aux Chapieux j’ai un bout de route faisable sans lumière puis le jour se levant je devrais être tranquille, mais il me faudra attendre Champex pour retrouver une autre frontale et des piles neuves et à mon rythme actuel pas question d’y arriver avant la nuit. On verra le moment venu.

La descente reste technique et casse gµ&µl& comme dans mon souvenir… et encore, c’est presque sec et ça glisse moins que certaines années. Je descend donc à petite allure essayant d’accrocher de petits groupes à chaque fois que c’est possible pour bénéficier de leurs lumières.. (sans jeu de mots)

Je vais me prendre un superbe gadin dans une zone boueuse mais sans gros bobo en dehors de mon honneur bafoué à me retrouver à plat ventre dans la boue devant une ribambelle de trailers…

Je gère cette descente au moins mal, et j’arrive enfin aux Chapieux

Passage du point de contrôle des Chapieux à 05h26 en 2041ème position (finalement je n’ai pas perdu beaucoup de places), soit après 10h54 de course et avec 51mn d’avance sur la barrière horaire. Malgré mes problèmes d’éclairage et mes pauses, je continue de grignoter du temps, même si je dois intégrer mon temps d’arrêt à ce gros ravito dans mes calculs de temps.


Les sauveurs de frontales !

En arrivant au ravito je vais avoir une bonne surprise. Les représentant de chez PETZL sont là avec des caisses de piles proposant aux coureurs de changer les batteries usagées… Je crois bien n’avoir jamais été aussi heureux de les voir… et hop, 3 piles neuves dans la grosse frontales. Voilà de quoi tenir la fin de cette nuit et le début de la suivante !

Entrée dans le ravitaillement. Plein en eau + Maxim neutre puis je passe au solide. Pour une fois je prends plein de trucs à manger et je vais m’asseoir à une table pour consommer tout ça tranquillement. Non pas que je sois spécialement fatigué mais j’ai envie de cette petite pause.

Je repars avec plus de 35mn d’avance sur la barrière horaire, profitant du début de la section de route pour finir un petit sandwich au fromage.

Le fait de m’être arrêté, j’ai froid. Il me faut un bon km de marche rapide pour remettre la machine en route. Je suis bien mais j’ai envie de rester dans ma bulle au grand dam du trailer avec qui je suis reparti des Chapieux et qui cherchait quelqu’un pour discuter. Moi habituellement si bavard, et bien là je ne lui ferai que quelques réponses monosyllabiques… J’espère qu’il ne m’en voudra pas trop, mais j’avais juste envie (ou besoin) d’être un peu tout seul à ce moment là… désolé. Je n’ai pas rallumé ma frontale en quittant les Chapieux. Il fait encore un peu nuit mais comme on est sur la route ça ne pose pas de problèmes. Je la rangerai dans le sac avant la Ville des Glaciers d’ailleurs, le jour arrivant enfin (mais pas encore le soleil)

La montée par la route jusqu’à la Ville des glaciers se fait bien. J’arrive au pied de la montée du Col de la Seigne. J’attaque la première partie sur la large piste jusqu’à la grange en ruine (fin de la piste praticable). Là je fais une petite pause le temps de passer à la Nok l’intérieur de mes cuisses. J’en avais tartiné une tonne la veille au soir mais avec la sueur tout est parti et là ça m’irrite sévère. Ca pique quand je passe la crème mais après quelques centaines de mètres la douleur s’estompe.

Cette montée est interminable. Après la partie sur piste, on s’attaque à une longue section en épingles à cheveux. J’essaie de passer les virages sans m’arrêter, je monte doucement, tranquillement, me (re) faisant doubler mais tant pis. Toujours la même chose, muscles OK mais pas d’énergie. Alors je fais ça à l’usure, montant mètre par mètre sans me soucier des autres qui passent et repassent.

Régulièrement il me faut faire de courtes pauses. C’est toujours comme ça quand je suis à plus de 2000m. J’ai besoin de me poser souvent. Pas longtemps, 15 secondes, mais je dois couper mon effort. Ensuite ça repart jusqu’à la prochaine pause (mais ça n’arrange pas ma moyenne horaire en montée !)

La dernière partie après les virages est interminable, mais me semble moins longue que l’an dernier. Il suffit juste de se dire que tant qu’on ne voit pas les tentes du point de secours, c’est qu’on est pas arrivé. Ca évite les fausses joies.

Pauses, petits pas, montées, poussées sur les bâtons et voilà les 3 tentes du point de contrôle qui finissent par apparaître.

Passage du point de contrôle du Col de la Seigne à 08h27 en 1981ème position (Aurai-je doublé autant de monde aux chapieux ? – 60 concurrents !), soit après 13h55 de course (pas de barrière horaire ici).


Pointage au col de la Seigne

Arrivé au point de contrôle j’ai une pensée pour la Tarine qui tenait ce point de secours l’an dernier avec la Tarinette. Maintenant qu’elle s’est expatriée loin d’ici (aux Comores), elle a du laisser le poste de secours à quelqu’un d’autre.

Comme j’ai de nouveau les cuisses " qui frottent " je demande si ils ont de la NOK pour en repasser une couche et essayer de conserver la fin de mon tube pour un endroit sans assistance. On me fait rentrer dans la tente des secouristes et là j’ai la surprise de retrouver… La Tarine… Eh oui, elle n’avait rien dit à personne mais comme elle était de passage quelques jours en France, elle a repris sont poste ici. Ca fait super plaisir de la voir… Un petit coup pour regonfler le moral.

Bon c’est pas tout… Après une bonne couche de Nok (étalée par la Tarine… ben oui c’est un acte médical là où c’était placé) me voilà prêt à repartir en compagnie de Pegase avec qui je joue au Yoyo depuis un bon moment.

Je commence la descente vers le lac Combal (où j’ai arrêté l’an dernier) et une fois sur le versant italien, le soleil me pousse à me changer pour enfiler le maillot manches courtes à la place du maillot utilisé pendant la nuit. Et hop c’est reparti pour une longue descente, parfois technique, parfois plus roulant, mais dans laquelle je n’arrive pas réellement à me lâcher.


Descente vers le Lac Combal

Même dans la partie plate avant le dernier bout de descente je ne peux pas vraiment courir. Pas envie ? pas motivé ? Pas envie de forcer pour garder du jus pour la suite ??? je ne sais pas. Je gère une rando coursette juste pour rester dans ce que je pense être le bon tempo, mais en fait même si physiquement je ne suis pas trop mal, je ne prend pas trop de plaisir. C’est dur en côtes (mais je gère) sur le plat ça va (mais il n’y en a pas) et en descente j’ai toujours cette appréhension qui m’empêche de me lâcher. Je pense que là j’ai encore beaucoup à apprendre…

La fin de la descente de fait tranquillement jusqu’à l’arrivée au ravito.

Passage du point de contrôle du Lac Combal à 09h23 en 1974ème position (situation stable malgré mon arrêt au col de la Seigne), soit après 14h51 de course et 37 mn d’avance sur la barrière horaire. J’ai un peu perdu mais je m’approche de la dernière barrière difficile (Courmayeur) et ensuite la pression se relâchera.


Ravito du lac Combal

Un arrêt avec une petite pause et le plein d’eau puis ça repart vers l’inconnue (je dis l’inconnue car je n’ai jamais été aussi loin sur le parcours).

Un petit bout de plat sur les bords du Lac Combal puis on se lance dans la montée de l’arrête du Mont Favre. Un dernier effort (4km – 700m D+) avant ce que je pense être une belle descente de 9km pour finir sur Courmayeur.


Le long du lac Combal

Dans cette montée je vais avoir un petit coup de mou. J’ai longtemps pensé que c’est ce premier coup de bambou qui m’avait fortement ralenti mais non. C’était juste une impression. La montée se fait toujours dans le même esprit. Mécanique = OK, énergie = proche de pas grand chose et plaisir à peu près au même niveau. Je ne suis pas mal mais sans plus…


Montée vers l'Arête Mont Favre

La montée se fait tant bien que mal et j’arrive finalement au point de contrôle

Passage du point de contrôle de l’Arrête Mont Favre à 10h53 en 1946ème position (situation stable, probablement due aux doublés du ravito du Lac Combal), soit après 16h21 de course (Pas de barrière horaire ici).

Une fois en haut je me pose quelques instants (en fait je me donne jusqu’à 11h00 pour repartir).

Là je vais commettre une très grosse erreur. Pour la première fois je vais essayer de calculer le temps qu’il me reste pour passer la barrière horaire de Courmayeur. C’est con parce que depuis le début je ne faisait aucune projection, mais là je la connais cette barrière (13h00) et je ne peux m’empêcher de cogiter…

…Pire que ça, je me trompe et d’entrée de jeu je me dis que ça ne passera pas… Stupide (bon sang 2h00 pour faire 9km de descente) mais c’est ce qui se passe à ce moment là.

Je repars avec cette idée en tête (pas glop pas glop) mais je repars quand même. Pegase qui est dans le même cas que moi repars un peu plus vite. Pas moyen de l’accrocher. Je n’arrive pas à repartir.


Début de la descente vers Courmayeur

Je relance la machine en marchant. C’est étrange mais le fait d’avoir calculé cette pseudo-impossibilité de passer dans les temps, c’est un peu comme si un ressort s’était cassé à l’intérieur (déjà qu’il était pas mal distendu…)

Je n’arrive pas à me pousser à repartir, pas envie, pas motivé, bref je repars mais sans aucune conviction.

La première partie de la descente est difficile, et en plus j’ai les cuisses qui se mettent à exploser. Alors que même dans la dernière montée j’étais bien, là j’ai mal partout, d’un seul coup.

Je gère cette descente au moins pire, marchant presque tout le long du sentier alors que de nombreuses sections auraient du me permettre de courir.

Passage du point de contrôle de Col Checrouit à 12h12 en 1813ème position (Là il y a une kolossale erreur de pointage, n’ayant doublé strictement personne et m’étant fait dépasser par une grosse cinquantaine de coureurs), soit après 17h40 de course (Pas de barrière horaire ici).


Ravito de Col Checrouit

1h20 pour 4 malheureux kilomètres en descente… Franchement je ne m’en était même pas rendu compte pendant la course. C’est seulement en relevant les temps de passages et en rédigeant ce CR que je me rend compte que j’ai vraiment dû avoir un gros coup de moins bien pendant cette descente…

Pourtant de mémoire, je n’étais pas complètement à la rue… j’étais juste explosé… mais bon le résultat est là, scotché en pleine descente…

Je me pose 2mn histoire de boire un grand verre de coca, puis je repars avec Koline que j’ai retrouvé ici. Je ne vais pas rester longtemps avec elle, même sur la courte partie roulante qui suit, je ne peux pas tenir l’allure. Qu’elle est longue cette descente, mais qu’elle est longue. On en voit jamais la fin, si ce n’est Courmayeur, tout là bas dans le fond de la vallée qui semble ne pas vouloir se rapprocher.

A partir de là on attaque la descente d’une piste de ski que j’ai trouvé très très désagréable (mais je pense que tout ce qui était raide devait me sembler désagréable) en plein soleil, pour terminer la descente par un sentier beaucoup plus agréable et ombragé qui ne suffira hélas pas à me faire repartir. Arrivée finalement dans les ruelles de Courmayeur… Il était temps, mais toujours pas de gymnase en vue…

Après quelques virages à droite puis à gauche je débouche enfin sur le point tant attendu. On arrive par la zone de remise des sacs de rechange.

Un coup d’œil à ma montre, il est 13h04… La barrière horaire était à 13h00 en sortie de ravitaillement

C’est plié (mais je m’en doutais depuis longtemps même si je ne regardais pas trop la montre).

A ce moment là je prend un gros coup au moral (comme si il n’attendait plus que ça et au lieu de continuer ma progression vers le gymnase je me pose un long moment pour discuter avec les bénévoles avant de reprendre le chemin du gymnase. Je passe le pointage (temps officiel du coup à 13h26) puis rentre dans le gymnase pour me ravitailler.

Là je retrouve quelques coureurs dans la même situation que moi dont Koline et Benos qui ont préféré arrêter ici même si ils sont arrivés avant la barrière horaire.

Pour ma part, la barrière étant calculée en sortie de ravito, je ne pense pas qu’il était possible de passer moins de 10-15mn ici. C’est le premier gros ravito où on peut manger du solide chaud, et avec le temps de refaire les niveaux de boisson, c’est en réalité 20mn de retard que je dois compter.

Dommage… Gros coup au moral à ce moment là. Dépité, envie d’arrêter tout ; Et si j’avais fait ceci, et si j’avais fait cela, bref ça cogite…

Retour sur Chamonix pour terminer le WE en accueillant les copains…


Ray, Michel, Le Blueb et Rapace

Celles et ceux qui en termine, mais aussi les autres qui comme moi ont mis le clignotant avant la fin.


Le podium masculin

Cette fois encore, comme l’an dernier, c’est un vrai constat d’échec. Ce n’est décidément pas ma course. Pas prêt à bouffer autant de dénivelé ? J’en ai pas assez mangé à l’entraînement ?

J’étais frais, ma condition physique était bonne, en tous cas tous les voyants étaient au vert avant le départ, j’étais bien musculairement parlant jusqu’à ce que je me mette en tête que c’était raté à l’arrête du Mont Favre…

Oh je peux essayer de me consoler en me disant que j’ai été plus loin que les deux premières fois… c’est vrai ! Mais à cette allure là il va me falloir 7 ou 8 ans encore pour boucler le tour.

Il est probablement temps que je passe à autre chose et que je laisse montagne et dénivelé de côté pendant un bon moment. J’ai besoin de refaire des courses strictement pour le plaisir, plaisir qui a été quand même le grand absent de cette participation. J’étais à la tâche, à la peine, j’avançais parce qu’il fallait le faire mais à part la section lors de la montée de l’arrête mont Favre où j’ai pu profiter (grâce à mes nombreux arrêts) d’un paysage superbe, le reste de la course a surtout été fastidieux.

Bon on va arrêter là. Pour le moment point de retour en terres UTMBesques prévu au planning… C’est la seule épreuve qui à l’heure actuelle me résiste. Je n’aime pas ça mais je ne me sens pas prêt à remettre le couvert. Peut-être un jour mais pas pour le moment.

Je voudrais quand même remercier et féliciter toutes celles et ceux que j’ai eu le plaisir de côtoyer pendant ce WE. Peu importe la communauté dont ils faisaient partie, mais en dehors de la déception strictement sportive, il reste quelques moments sympas quand même…

Pour terminer un petit Zoom sur les résultats de notre équipe (ah ben oui, quand même)

- Xavhié : (UTMB) 317ème en 37h02mn
- loulou : (UTMB) 866ème en 42h56mn
- Canne de buis : (UTMB) 1151ème en 45h10mn
- Michel (UTMB) Arrêt à Courmayeur (km78)
- BENOS : (UTMB) Arrêt à Courmayeur (km78)
- ivanov : (UTMB) Arrêt au Lac Combal (km65)
- DidierC : (UTMB) Arrêt à La Balme (km39)
- Françoise 84 : (UTMB) Arrêt aux Contamines (km31)

- rafouille : (CCC) 315ème en 20h13mn
- eric74 : (CCC) 396ème en 20h58mn
- Qosqo : (CCC) Arrêt à La Fouly (km40)
- ALBANAIS : (CCC) Arrêt à Arnuva (km26)

P.S. Merci à Akuna, Manu, Rapacette, La souris et Nono pour les photos qui illustrent ce récit

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