Récit de la course : Courmayeur - Champex - Chamonix 2013, par mazbert

L'auteur : mazbert

La course : Courmayeur - Champex - Chamonix

Date : 30/8/2013

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 1436 vues

Distance : 98km

Matos : Un tête bien faite, des chaussure Asics Trabuco tip top, sac Raidlight et plein de trucs plus ou moins utiles.

Objectif : Pas d'objectif

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La CCC ou comment conclure en beautée son été

Un mois, cela fait un mois que la TGV est terminée et dans un mois c'est la CCC. Je trouve ça marrant toutes ces lettres qui désignent des courses, des images, des rêves, des buts, des espoirs ou des désespoirs !!! Ca me rappelle aussi le boulot avec tous ces sigles qui désignes des machins qui servent plus ou moins, l'APC, la CLIS, les PPE, etc...

   Je suis donc le premier aout et dans la chaleur je tente de peaufiner ma préparation pour le bon dans l'inconnu qui m'attend le 30. Trois semaines plus tard, une morsure de chien derrière le genou qui ne m'a, par miracle, rien sectionné de grave, je me prépare à ma dernière sortie de dénivelé à la dent du Chat. La voiture est garée au col du Chat, je pars avec mon sac prévu pour la course, tout le bazar est dedans, je me sens bien et là je fais la sortie la plus courte de ma carrière, 87m pour 17 secondes, juste le temps et la distance suffisante pour me claquer le mollet droit. La douleur est vive, j'ai l'impression qu'on m' a lancé un caillou très fort dans le bas du mollet. je me traine jusqu'à la voiture, assez serein, je compte, 8 jours pour soigner le bordel, 8 jours sans rien, 8 jours de prières.

    Vendredi 30 Aout, 6h45 du matin, Chamonix. Plus de douleur mais beaucoup de peur, 102km à tenir pour finir tandis que je voulais faire 102km en moins de 20h. Le défi change mais le défi reste, la saveur n'est pas la même mais elle reste tout aussi forte. Finalement mon moral est au top car si l'objectif n'est plus celui d'il y a 30 jours il reste toujours aussi fort, finalement quelque soit le défi le plaisir de pouvoir le relever reste le même. Et puis de mon voyage ici à Cham il me restera toujours ces images dans la tête, on ne vient jamais pour rien et on repart toujours plus riche.

 

   Mais revenons au bus, au départ pour Courmayeur, seul, excité comme une puce, craintif aussi, j'ai un peu l'impression d'être un petit de CP avant son premier jour d'école, partant avec son ptit sac qu'il a vérifié 10 fois, se demandant si tout va bien se passer ou si il va pleurer très vite pour rentrer chez lui. Cette sensation je la retrouve avant chaque grande course. Avec le temps je me rends compte que je l'aime cette sensation et que je la recherche car elle me permet de me remettre dans la peau du gosse de 6 ans que j'étais, en plus je prends bien plus mon pied maintenant que quand j'avais 6 ans.

7h30 Courmayeur, un peu perdu dans la ville comme beaucoup, je passe le temps en regardant les autres, les équipements, les tronches, car le matin on a tous une tronche. Regardez les autres c'est rassurant aussi, perso ça m'amuse car depuis 2 mois tous mes amis me disent que je suis un taré et là je vois plein d'autres tarés et finalement ils n'ont pas une tête de tarés, donc moi non plus.

   Vers 8h00 je pars vers le départ, quelques photos, je regarde aussi le paysage qui non entoure, les maisons de cette petite ville. Je pose mon sac entre dans mon sas et là la course commence. Le départ est dans 30 minutes mais en regardant à gauche et à droite je vois que le départ est déjà donné depuis quelques minutes. Nous sommes tous dedans, le regard vers la ligne. Quelques blagues classiques pour se détendre, des sourire entendus, un anglais qui me montre ses deux montres comme les miennes et qui me dit "To be sure to have the time".

  Le speaker parle, les hymnes passent le premier départ est donné, on avance et on lève les mains. Ceux qui y étaient se souviennent de ces moments car même s'ils sont ridicules dans l'absolu ils font parti de la course. Nous serions tous déçus s'il n'y avait pas tout ce cérémonial, c'est comme le générique d'un James Bond, musique, nanas à poil dans l'ombre, etc... Impossible d'imaginer une telle course sans son générique !!!

9h15, ma vague décolle et quand je dis décolle c'est vraiment ça.2km de course en montée ou presque, l'euphorie nous pousse tous à courir. Comment imaginer marcher dans la ville sous les bravi des spectateurs, impossible !! Mais attention mon Bébert, pas trop d'euphorie, il reste 101km et avec un mollet délicat tu devrais faire gaffe, mais c'est tellement bon !!!

    Quelques virages plus tard le doux bruit des bâtons commence à se faire entendre sur le bitume. Comme d'hab je ne les ai pas pris, c'est pas mon truc et après la course je pense toujours que ce n'est pas mon truc, j'aime la liberté de mes bras dans les descentes. Un peu trop de route à mon goût mais cela permet d'étirer le peloton.

    Enfin nous tournons à droite pour entamer la très longue montée vers la tête de la Tronche. Ca discute, ça double, ça rigole, les choses se mettent en place. De mon côté je ne suis pas au top, je n'arrive pas à me détendre, la peur de me refaire mal au mollet change ma façon de marcher, j'économise ma jambe droite et je ne trouve pas de rythme, je sens que ça part mal. Une solution: je parle. Un moment avec des savoyards qui viennent de Faverges, ils sont là pour finir et finiront. Puis je parle brièvement avec une nana sans bâtons aussi qui veut doubler absolument et que je ramasserai sur le chemin peu après le col Ferret. Bref je passe le temps ou j'essaie de le faire passer plus vite.

   Nous montons, les paysages changent, le sentier est sympa et varié. Certains bouchons se constituent mais cela ne me gêne pas plus que ça. Je commence à avoir une petite habitude de gestion de ces débuts de courses, il ne faut jamais oublier que tout va changer dans quelques heures et que l'énervement potentiel du début peut coûter extrêmement chère à la fin.

   Après un passage plus plat prêt d'un petit groupe de maisons, nous entrons dans la haute altitude. Les arbres disparaissent, ils ne peuvent plus nous masquer la longue file de coureur qui s'étire vers le sommet de la tête de la Tronche. Un passage de ruisseau et nous avons une vue magnifique sur les 500 derniers mètres de D+. Finalement on va bien tout là-haut, cool !!!

   La montée est de plus en plus sévère, voir franchement raide. Je me rends compte que ça monte trop vite pour moi, je n'arrive pas à me libérer, à me détendre. Les jambes sont raides, peu souples, j'ai l'impression d'être en fin de course tandis que j'ai fait 10km, c'est ballot !!!

   Ce qui est bien dans un trail aussi long c'est qu'on peut toujours se dire que ça ira mieux plus tard. Ce qui est encore mieux c'est de savoir que ça ira mieux plus tard, car c'est vrai que notre état évolue tout le temps et que l'on peut vraiment se refaire la cerise plus tard. La tête, c'est la tête qui est le plus important, plus je fais de bornes plus j'en ai la confirmation.

   On voit la crête, le passage à la tronche est juste à côté. Tout va mieux, la plus longue montée touche à sa fin.

    J'adore les têtes des contrôleurs, elles me confirment que tous ces bénévoles viennent d'horizons différents mais ont la même passion. Qu'est-ce que c'est bien d'être là !!!

Passage à la Tronche il est 11h40, je suis 1047° en 2h40min23s

   La descente ne me plait pas plus que ça, j'ai peur pour mon mollet et je suis sur la défensive. Des wagons entiers de personnes me dépassent. Je suis un drapeau Breton posé sur un sac. C'est un trailer que je retrouverai bien souvent sur le parcours, j'aimerai savoir s'il a fini car je l'ai perdu de vue après Champex.

   Enfin c'est le refuge, le premier ravito. C'est un peu la cohue. Tout le monde veut de tout. La tension ne semble pas être retombée. Je m'énerve un peu car j'ai l'impression que tout le monde est pressé, que chaque coureur est bien mieux que moi qui prend mon temps et récupère déjà.

   Il est 12h37, je suis 1037° en 3h22min21s.

 

Je laisse Bertone derrière moi. Je me rends très vite compte que je ne suis pas bien en ce moment, ça va trop vite autour de moi. La chaleur commence à se faire sentir, les km à venir semblent simples donc une grande partie des gens sont au pas de course et moi je suis scotché sur le sentier. Après m'être fait pas mal doubler dans le premier km je passe au dessus d'un pré dans lequel une sorte de rassemblement religieux est en cour. Ca chante doucement et bizarrement cela m'apaise. Je décide maintenant de me mettre à mon rythme et de ne pas courir après les autres, il reste des bornes et après tout je ne vise pas une place mais juste d'être finisher.

    Je me retrouve entre deux groupes, à pouvoir profiter d'un magnifique sentier, je suis en balade, certes rapide mais bien plus apaisé de ne pas être poussé derrière et tiré devant. Je lève la tête et me gave de paysage, c'est pour ça que je suis là aussi et il faut en profiter car la nuit va bientôt nous priver de ce spectacle.

   Les kms passent et après un dernier coup de cul on arrive au magnifique refuge Bonatti. Que c'est chouette, y'a du monde, des couleurs magnifiques et un top ravito. Je mets de la crème, me pose et ai vraiment très envie de rester 2 heures à me dorer la pilule au soleil.

  Il est 13h52 je cours depuis 4h37min13s et je suis 1023°

    Après un dernier coca je me décide enfin à repartir vers Arnuva. La barrière horaire me trotte dans la tête, je me demande même si je ne vais pas abandonner car je ne me sens pas au top.

   Les km qui nous séparent d'Arnuva sont sur un single sympa. Les paysages traversés sont top. Pour une petite sortie c'est vraiment le type de terrain que j'adore, j'aime courir dans ces conditions. Là je reste prudent, je ne me sens plus aussi mal mais je ne suis pas encore bien et je ne veux pas savoir de quel côté va pencher la balance alors j'avance. J'ai 16h15 à Arnuva dans la tête et je me dis que si j'arrive avec une bonne heure d'avance sur la BH le moral sera au top. Une petite descente casse pattes, la musique, les cloches, les cris, le monde : Arnuva.

   Il fait très chaud sous la tente, je suis un peu perdu entre le côté eau et le côté bouffe. Y'a du monde, du bruit de la fatigue sous cette tente. Je me sens un peu étouffer, j'ai envie de partir mais j'ai vu en arrivant toute la montée du col Ferret et ça fait un peu peur. Finalement je remets la première et c'est parti.

    Il est 14h50, je suis 1003° et ça fait 5h35min11s que je suis parti.

   C'est le moral au beau fixe que je longe le ruisseau qui nous mène au pied de la difficulté. J'ai de la marge sur la BH donc je peux monter à ma main, ça passera et je pense pouvoir rallier Champex sans trop de soucis. Une petite photo lors du passage du pont puis je me mets en mode rando pour la montée du col.

   Et quand le moral remonte comme par miracle la forme revient. Ce col Ferret je le gravis sans aucuns soucis, juste une pose crème solaire. C'est chouette, en rythme sans forcé je remonte, je double je dis quelques mots à des coureurs arrêtés sur un rocher. Je rentre enfin dans ma course et sens que mon moteur diesel est en route. Reste à savoir pour combien de temps.

   Et puis cette file de gens dans la montée, c'est sympa. Voir cette crête avec ces silhouettes qui progressent lentement c'est beau. Et puis le final du col est là, le photographe, les spectateurs emmitouflés dans leurs parkas. La tente jaune au loin à côté du cairn, la Suisse, voilà ce qui nous attend maintenant.

Il est 16h19 je suis 951° en 7h03min29s

   Maintenant c'est le toboggan de la descente, enfin dans un premier temps. Les jambes commencent à répondre et j'entame au pas de course la longue descente vers la Fouly. Au passage je commence à croiser des grosses défaillances. Un vomi à gauche, l'autre boite bas, l'atmosphère change, je me dis que finalement avoir de mauvaises sensations au début m'a rendu service car je ne me sens pas vraiment entamé.

   La lumière baisse, le chemin se redresse, je me retrouve dans un gros groupe d'une trentaine de personnes sur le single en balcon qui cerne la montagne en direction de la Fouly. Certains points de vue sont splendides. Certains morceaux sont raides et glissants, ça bouchonne puis ça repart, bref je retrouve ce qui m'avait flingué au début, subir un rythme qui n'est pas le mien. Stop, je fais une pose, laisse passer tout le groupe, bois un coup, prends quelques photos. C'est avec 2 ou 3 minutes de retard que je pars seul sur le chemin. Quelle bonne idée !!! A mon rythme, sans forcer je recolle sur le groupe juste avant la Fouly.

Il est 17h42, je suis 900° en 8h26min25s  quand j'arrive à la Fouly.

   Première des 9 soupes aux vermicelles que je vais engloutir jusqu'à Chamonix. Je me pose tranquillou sur un banc puis me bat avec les robinets pour remplir ma poche à eau. Finalement les commentaires loufoques du commentateur suisse ma lassent et je profite du départ de mon ami breton du début de course pour me remettre sur la route. On cause un peu, il a le moral dans les chaussettes, j'essaie du mieux que je peux de l'aider. C'est cruel une course car moi je me sens de mieux en mieux et je sais que c'est dans cette partie que je peux remonter du monde en courant à un petit rythme sans arrêts.

   Le chemin jusqu'au pied de Champex ne me laissera pas un souvenir impérissable. C'est une succession de single, route forestière, route goudronnée. C'est la fin de journée, je déroule les jambes à un bon rythme, je double des espagnols, des anglais, des italiens, un couple de brésiliens, etc... J'avance, j'avance, j'avance. Ma belle m'appelle peu avant la remontée vers Champex, c'est la cerise sur le gâteau, j'ai l'impression de commencer une sortie, je me sens super bien.

La montée de Champex me semble courte, je double, je parle, je m'éclate. Au contrôle sous Champex je m'arrête boire dans la fontaine. Les deux jeunes contrôleurs ont planqués des bouteilles de blanc au fond de l'eau, on papote le sourire aux lèvres. La course commence pour moi !!!

Il est 20h14 quand j'arrive à Champex, je suis 829° en 10h58min34s

   L'arrivée à la grande tente de Champex restera dans ma mémoire. La foule, les familles, les enfants, les spectateurs, les bénévoles, c'est de la folie, et même si personne ne m'attend ça me donne un coup de fouet terrible. Je m'arrête plus de 25min, je me change pour la nuit, mange plusieurs soupes, des pâtes, fais le plein d'eau et surtout je regarde. Là il y a un couple qui rigole, là une fille qui masse les pieds en sang de son homme qui pleure. En face de moi le coureur est effondré sur la table, il est au bout. La dame en face de moi mastique son pain le regard vide. D'autres sont sur le fil entre repartir ou rester. Finalement je pense qu'il ne faut pas se faire suivre par sa famille, en tout cas pas pour moi, c'est plus dur de repartir quand ta petite pleure car elle voit que tu n'ai pas comme d'hab. Perso je pense que le nombre d'abandons à Champex peut s'expliquer par la présence des proches.

20h38 je repars dans le soleil couchant. Je marche le long du lac en parlant avec un ancien qui en impose. J'ai froid sur cette route, un petit vent me glace. J'allume la frontale une fois la route quittée, elle éclaire rien. Pose, rhabillement, changement de piles et je repars au trot.

   A Champex j'ai remis en route ma Garmin, elle tiendra jusqu'à la fin et m'aidera pas mal dans les montées de nuit, c'est un repère quand on ne voit rien. Bovine est avalé sans soucis. Je suis bien, je reste au chaud dans un groupe avec un couple de hollandais et un gars sympa avec qui je papote une bonne partie de la montée. C'est raide oui, c'est long oui mais que c'est beau !!! Les lumières au-dessus, au-dessous, la ville au loin, j'aime cette ambiance.

   Le feu nous attend légèrement sous le sommet, j'accélère sur le replat. Il est 22h41 je suis 717° en 13h25min39s

Là nous devons faire un détour pour éviter des vaches qui occupent le chemin, on passe le col et c'est la descente. Une descente en deux temps que j'avale bien. J'alterne marche et course pour ne pas me faire mal, je double plus que je ne me fais doubler. Après le replat je rattrape du monde et finis au pas de course pour rejoindre Trient.

   Il est 00h07, je suis 701° je suis parti depuis 14h52min10s.

    Après une vingtaine de minutes dans ce ravito qui ne me laissera pas des grands souvenirs, je repars part où on est arrivé, descente dans la nuit noire sous l'église et entame la montée de Catogne. Gros chemin sur 800m puis clignotant à droite et lacets. Je suis en mode robot. Dans un premier temps on me double, puis au fur et à mesure que les virages se succèdent je remonte, toujours au même rythme. Je n'ai pas trop de souvenirs de cette montée, je pense que je suis un peu en demi sommeil, le corps fonctionne en perte totale de notions de temps, de sensations, je suis en pilotage automatique. Le ravito me réveille. Perché légèrement en descente, un grand feu dans le noir apparait. Un côté féérique se dégage de cet endroit.

   Il est 1h55 je suis 644° en 16h40min06s

La descente est longue, glissante et piégeuse sur la fin. Je fais une grosse erreur en pensant pouvoir finir avec un éclairage fatigué. Je ne vois pas grand chose et n'ai pas la présence d'esprit de changer les piles par flemme. Bilan je perds du temps, des places sans y gagner en fatigue : une leçon à retenir pour la suite.

   Vallorcine : 3h08 du matin, 17h52min57s de course et 657°

  Encore 17 minutes d'arrêt, une courte restauration, je refais le plein pour la dernière fois et repars remonté à bloc pour la tête aux vents. La montée du col des Montets se fait au pas de course, je me sens bien. Traversée de la route et début de la tête aux vents. Cette montée je la connais, je l'ai faite il y a plus de 10 ans en rando, j'avais beaucoup aimé les marches, le côté très minéral. Dans les conditions actuelles elle me fait un peu peur. Premiers virages tranquilles puis les mûrs. Ils se succèdent, des passages techniques où il faut être lucide pour visualiser le bon passage. La surprise c'est ma forme, je me sens comme neuf, les jambes sont au top, je me balade avec plaisir, je double, je triple, je quadruple. Cette montée, avec les frontales qui se confondent avec les étoiles restera comme un des meilleurs passages de ma course. J'en veux encore et je suis presque déçu de voir déjà la fin, surtout que la descente jusqu'à la Flégère ne me plait pas du tout.

    Tête au vent, 5h30, je suis 580° en 20h14min40s

   Au ravito de la Flégère c'est ambiance sourires. On sait qu'on a fini, que maintenant c'est gagné. Les bénévoles sont top, ils blaguent avec nous, ils partagent à la fois nos souffrances et notre bonheur d'être là. Merci, merci encore de ces mots, de ces attitudes et de cette gentillesse, j'espère que vous bénévoles vous savez à quel point vos attentions peuvent toucher et réconforter. Puis je passe le rideau jaune et presque avec de la peine, entame la dernière ligne droite.

    Passage près du lac, sous l'arrivée du téléphérique, une petite pensée pour ma femme et ma fille avec qui j'étais là il y a 4 jours, car c'est le seul passage que j'ai reconnu cette descente, et bien m'en a pris. Un dernier regard vers ces montagnes qui ont bercé mon adolescence, la Verte, les Drus, Les grandes Jorasses se dessinent majestueusement devant moi. Puis je plonge. 7,7 km de course sans arrêt, je double beaucoup dans ce passage, enfin je me sens coureur et que c'est bon. Fin de la descente, rues de Chamonix. Je couvre le dernier km en 5mn41, heureux comme un gosse. Je passe la ligne, regarde le classement et ... RIEN. Pas de contre coup, pas de joie immense, juste un manque et une constatation : c'est fini, j'ai fini, je l'ai fait. Ma femme et ma fille me rejoignent, elles me trouvent en forme, rien à voir avec des marathons que j'ai fini à l'agonie.

 

    Il est 7h26 je suis 543° en 22h10min30s

   Finalement c'est le lendemain en allant sur la mer de glace avec ma fille et ma belle que je me rends compte que les vacances sont finis, que je suis heureux et fière, pas de ma course mais d'être là avec ma famille, de pouvoir faire des courses, de savoir que je m'entraine pour me faire plaisir et que c'est ce que j'aime faire . Mes collègues me demandent comment on peut se faire mal comme ça, je peux leur répondre maintenant que je ne me fais pas mal donc la question n'a pas lieu d'être.

 

   Une semaine après je viens de finir la coupe de la ligue de parachutisme. J'ai mal au mollet, aux hanches et au dos. Reste à savoir si c'est le para que je dois arrêter ou la course. Et si c'était aucun des deux ???

   Enfin et pour conclure de façon plus personnelle. Merci lolo, ceux qui me connaissent et qui auront le courage de tout lire comprendront.

11 commentaires

Commentaire de philkikou posté le 06-09-2013 à 16:43:13

Enfin un récit avec des photos !!! ;-)) Même si les précédents étaient super... avec des photos, c'est encore plus beau.. Vivement la suite, et en plus il y a du suspens !!! (en espérant un "happy end") ...

Commentaire de gj4807 posté le 07-09-2013 à 09:09:01

Merci pour les photos! Quand je suis passé au contrôle sous Champex, j'ai également bu un coup... et les canettes de bière avaient remplacé les bouteilles de blanc. Je ferai bénévole à cet endroit là l'an prochain! Il faut un sacré cran pour partir sur cette course huit jours après un claquage... et davantage encore pour la tzrminer, félicitations

Commentaire de Arcelle posté le 09-09-2013 à 20:38:02

Merci pour ce récit rempli d'émotion, tout en pudeur. Et bravo pour ta course en progression du début à la fin. Je retiens "c'est la tête qui est le plus important", je plussoie !
Et j'aime aussi beaucoup tes observations des gens autour de toi à Champex, belle approche du moment.

Commentaire de map-o-spread posté le 09-09-2013 à 22:32:36

Joli cr, de belles photos
Merci ;-)

Commentaire de epalisse posté le 10-09-2013 à 13:37:57

Bravo à toi Bertrand, je ne doutais pas une seconde que tu réaliserais ce défi comme tous les autres depuis longtemps. C'est sympa de pouvoir partager avec ces photos ta belle course qu'on a suivi en direct avec Chloé. La petite pensée finale pour Lolo est le point d'orgue de ta performance et du chemin parcouru depuis si longtemps.
A bientôt j'espère (peut être sur le trail de la sans raison)

Commentaire de philkikou posté le 11-09-2013 à 06:56:51

Ca y est je suis allé au bout... du récit. Morsure, claquage.. rien y a fait..; tu l'as fait !! Bravo, belle gestion, au départ molo pour pas tirer sur la blessure récente.. et puis le moral et le physique sont allés de pair et crescendo!! Enfin un récit avec des photos et qqn qui ne raconte pas que son expérience perso, mais qui lève la tête et profite des paysages.. et nous les fait partager... bonne récup..

Commentaire de mazbert posté le 11-09-2013 à 21:02:36

Merci à tous pour vos remarques. J'essaierai d'en tenir compte pour mes prochains CR. Courir, photographier puis écrire ces récits permet de tirer un bilan et de revivre des moments intenses. J'espère vous faire partager ces petits moments de doutes, de souffrance mais surtout de bonheur.

Commentaire de sabzaina posté le 12-09-2013 à 21:46:41

La messe en plein air, j'ai adoré aussi et je comprends ton sentiment d'apaisement.
On a eu le même ressenti sur le commentateur de La Fouly.
Mais là où vraiment je ne te rejoins pas c'est "J'en veux encore et je suis presque déçu de voir déjà la fin". ;) C'est à partir de là que tu as commencé à me rattraper je pense, et finir par me manger dans la descente entre La Flégère et Cham' ;)
Bravo à toi, collègue :D
Bravo à toi et bien contente de constater que nous avons des amis communs.

Commentaire de mazbert posté le 14-09-2013 à 17:56:02

Merci collègue pour tes commentaires, ton récit est sympa aussi. La reprise est difficile mais ça fait du bien de dérouler les jambes après de longues journées dans les cris des enfants de 3 ans.
J'espère qu'on se verra pour la SaintéLyon, en forme, dans le froid mais si possible ni sous la pluie ni dans la neige.

Commentaire de paulotrail posté le 28-09-2013 à 19:07:03

Superbe ton récit: quel courage !
Quelle remontée au classement. Il était temps pour moi que ça se termine : je finis 542 à quelques secondes de toi :)

Commentaire de mazbert posté le 28-09-2013 à 19:28:20

On a presque fini ensemble alors si tu es parti à 9h15 !!! Comme quoi des courses très différentes dans leur déroulements peuvent donner presque le même résultat final.

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