Récit de la course : Courmayeur - Champex - Chamonix 2009, par pcm66

L'auteur : pcm66

La course : Courmayeur - Champex - Chamonix

Date : 28/8/2009

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 1310 vues

Distance : 97km

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit

Désolé, ce CR risque d’être long et parfois ennuyeux mais j’ai tellement cherché (et trouvé) d’infos utiles dans les récits des années précédentes que je me dis que certains détails seront peut-être utiles aux postulants 2010 et plus !...

 

La CCC est mon premier ultra (pas plus de 54 km pour 1500m de dénivelé jusqu’ici) et c’est un gros objectif de ma saison. La préparation de 7 semaines (comme d’habitude) s’est déroulée sans encombre et je me sens vraiment au top.

 

Arrivée à Chamonix le samedi précédent la course avec femme et fils, nous avons trouvé une petite location sympa à 15-20 minutes à pied du centre. Comme prévu, je repère le lundi la descente de la Tête aux Vents et le mardi la descente sur Vallorcine (enfin seulement la deuxième moitié car un orage m’oblige à redescendre plus tôt) car ce sont les 2 descentes que j’aurai à faire de nuit si tout se passe bien.

 

Jour J : Je prends le bus de 7h30 (pas pu choisir) pour faire Chamonix-Courmayeur. Ca me laisse le temps de faire mon p’tit caca d’avant course et surtout de passer au moins un quart d’heure à faire un truc que je n’ai jamais fait : me tartiner de crème NOK les pieds et surtout le bas du dos (car je trouve mon sac très pratique mais j’ai terminé deux ou trois sorties très longues avec tout le bas du dos en feu) : j’ai beaucoup plus peur des frottements que d’éventuels problèmes physiques ou mécaniques. Je suis installé à une cinquantaine de mètres du départ, on est juste 4 ou 5 et visiblement c’est assez calme puisque Maître Lorblanchet vient s’étirer 5 minutes à côté de nous.

 

Mon matos au départ : Asics Trabucco, cuissard et chaussettes Kalenji, Maillot du club PCM, casquette (il fait déjà chaud au départ), sac Raidlight Endurance (avec bidon 600 mL sur le côté et poche à eau 1,5 L) contenant juste le matos obligatoire + crème NOK, 2 ou 3 sparadraps et une paire de chaussettes de rechange, 12 gels Aptonia et 12 barres de céréales Aptonia.

 

Je décide de rejoindre le départ 20 minutes avant le bong et là surprise quasiment tout le monde est en place pas possible de rentrer par devant ou sur les côtés ; je suis obligé de me placer en queue de peloton. Je remonte un peu à coups de « pardon » un peu gênés mais finis par abdiquer et me résous donc à partir au-delà de la 1000ème place. C’est pas grand-chose mais ça énerve et je me dis que les premiers kilo vont être pénibles pour remonter.

 

Ma stratégie pour la course est simple : en montée courir tant que l’altimètre indique moins 12m/min et marcher dès qu’il indique plus et surtout toujours courir mais tranquille en descente et sur le plat. Les objectifs sont clairs : finir et si possible en moins de 17 h. J’ai mémorisé les temps de passage correspondant à 1/3 moins vite que les temps prévus pour les premiers par l’organisation (ça correspond en général à mes temps par rapport au premier sur les grandes courses), ce qui donnerait un temps final de 16h20. Je ne compte pas changer d’allure si je suis en avance ou en retard ; c’est juste pour avoir régulièrement une idée des bases sur lesquelles je suis.

Pour l’alimentation : boire 200 mL d’eau toutes les 20 min, manger toutes les 40 min (en alternance gel ou barre) et manger salé aux ravitos qui le proposent.

 

Départ : Passage sur la ligne : au –delà de la 1000ème place en 1mn 10 (prévu  0min !)

Les hymnes et l’ambiance précédant le départ sont sympas mais je n’ai pas eu le même frisson qu’au départ d’autres courses. L’opération remontée commence et j’espère qu’elle durera jusqu’à Chamonix. Je suis surpris par la proportion (plus de ¾) de coureurs avec bâtons et ça ne me facilite pas la tâche pour doubler. Je ne m’énerve pas et progresse patiemment (même si je dois souvent marcher alors que je pourrais courir) jusque Planpincieux. Il y a de nombreuses portions bien larges où il est facile de dépasser. C’est roulant, on peut courir presque tout le temps. Il y a beaucoup de monde et d’encouragements sur le bord du parcours.

 

Planpincieux : entre 250 et 300ème en environ 48 min (prévu 48 min)

Tout baigne, je suis dans le bon tempo malgré le temps perdu dans les bouchons (que j’estime au total à environ 3 minutes). A la sortie de Planpincieux, on attaque le sentier vers Bertone. Ca monte mais ce n’est pas très raide, on peut parfois courir. Je continue de remonter le peloton mais j’arrive progressivement sur des coureurs montant à mon rythme et je ne suis donc plus du tout gêné. Je reviens sur un groupe mené par Alexandra ROUSSELET. C’est marrant, elle ne monte pas très vite mais on sent que les coureurs hésitent à la dépasser. Moi je n’hésite pas mais je me dis en passant que c’est pas une débutante et qu’il est pas impossible que je la voie me mettre un vent dans quelques heures…

 

Bertone : 213ème en 1h 36 (prévu 1h 39)

Tout va bien. Je bois juste un coup et je repars : je ne recharge pas car ma réserve d’eau est suffisante jusqu’à Arnuva d’après mes calculs. On attaque la montée vers la Tête de la Tronche. C’est raide d’entrée et 2 ou 3 coureurs semblent déjà souffrir mais quasiment tout le monde semble monter régulièrement sans s’entamer. Je remonte encore un peu mais sans plus. L’hélicoptère nous survole. Bof, ca fait du bruit…

 

Tête de la Tronche : 2h28 (prévu 2h36)

Les voyants sont toujours au vert et j’attaque la descente vers le Col Sapin puis Bonatti. Le début est très raide et parfois glissant et je perds une dizaine de places car je ne veux prendre aucun risque et je pense que mes cuisses me remercieront de les avoir économisées quand il faudra relancer. La suite est roulante et je reste tranquillou à l’arrière d’un groupe de coureurs parmi lequel se trouve la 3ème féminine (4ème à l’arrivée) Daniele Crenn. Ca remonte un peu avant Bonatti et je redouble un peu.

 

Bonatti : 186ème en 3h10 (prévu 3h15)

Comme à Bertone, je bois juste un coup et je repars. Quelqu’un annonce les deux premières féminines 10 minutes devant. Un autre estime que nous sommes environ 120ème (ce qui est loin d’être le cas). Je suis assez surpris et j’en discute avec deux coureurs, l’un qui dit viser le TOP50 (ça m’impressionne un peu) et l’autre qui dit qu’on est sur des bonnes bases de 17 heures (le bougre fera 16h55, ça c’est du timing !). Je dévisage un peu ce dernier et me rends compte que c’est le kikoureur Zorglub74 dont j’ai lu le récit de la CCC 2008 presque une dizaine de fois. Je m’attendais à le voir en course puisque nous avions le même objectif de 17h. Je le remercie pour son récit et il explique qu’il faut en garder jusqu’à Arnuva car le Grand Col Ferret est dur. Le quart d’heure suivant Bonatti est globalement en faux plat montant. Je cours plus que les autres mais toujours lentement car je suis convaincu que c’est sur ces parties « courables » que la différence se fait. Je double beaucoup. J’hésite franchement à attendre Zorglub car je me dis que son expérience peut être précieuse et  j’ai vu sur ses différents CR que c’est un coureur qui sait bien se gérer. Mais finalement je me décide à me focaliser sur mes sensations et je fais la descente (très agréable) seul sur Arnuva.

 

Arnuva : 141ème en 3h47 (prévu 3h47)

Comme convenu je fais le plein (merci au gentil bénévole qui a lutté pour ouvrir la poche à eau que j’avais fermée comme un bourrain) et m’enfile rondelle de saucisson, tranche de charcuterie, bout de fromage, carré de chocolat et TUC (3-4 minutes d’arrêt pas plus). J’attaque ensuite la montée du Grand Col Ferret. Je double et encourage un équipe de la PTL et me rend compte que Zorglub n’avait pas menti. C’est raide et avec l’altitude, je vois bien que personne ne fait le malin : tout le monde en chie. Je double encore une dizaine de concurrents dans cette montée ; l’altimètre montre que je suis toujours entre 12 et 15 m/min mais je dois m’employer. Seul un coureur me double à la fin de la montée et il va beaucoup plus vite que moi (p’t’être qu’il a loupé le départ ?).

 

Grand Col Ferret : 113ème en 4h 52 (prévu 4h 59)

Je passe les fameuses tentes jaunes et attaque la descente. Ca me semblait raide sur le profil mais en fait c’est assez roulant et pas très incliné. Bizarre… Je ne suis pas super dans ce début de descente. J’ai surtout des crampes au dos qui apparaissent : je m’attendais à tout sauf à ça ! Ca ne m’était jamais arrivé ! Je marche une minute au lieu de courir en me tortillant un peu pour me détendre et ça finit par passer. Ca ne me gênera plus du tout. Je reprends donc ma route jusqu’à la Peule en courant tranquillou sur ce sentier facile.

 

La Peule : 5h16 (prévu 5h19)

Il y a un tuyau d’eau et je remplis rapido le bidon même si j’avais pas prévu de faire le plein avant Champex et puis il fait chaud et je trouve plus agréable de boire au bidon qu’à la poche à eau. La descente vers la Fouly est variée, parfois roulante, parfois plus technique mais rien de bien terrible. Je gagne encore quelques places malgré une nouvelle petite alerte : une douleur près du cœur (un peu inattendu et flippant). Comme précédemment, je marche une ou deux minutes puis ca passe et je repars ; je ne serai plus gêné par ça non plus.

 

La Fouly : 108ème en 5h58 (prévu 5h57)

Je remplis encore le bidon mais pas la poche à l’entrée du ravito et je vois que les deux premières féminines (des italiennes qui finiront finalement 2 et 3èmes) sont là. C’est encourageant. Je me prends le menu du jour (saucissonfromagepainbananechocolat) et remets en route avant elles (5 minutes d’arrêt environ). On enchaîne alors sur une partie en faux plat descendant très roulante qui me convient très bien et je vois que je remonte en courant sans forcer. Un coureur m’impressionne lorsque je le double dans un faux plat montant : il est super facile et explique le parcours à un autre coureur qui lui a l’air de s’employer. Je constaterai après la course que ce coureur « guide » n’est autre que le kikoureur Ultrasteph. Je me retrouve seul sur toute la fin de cette portion en passant Praz de Fort. Personne loin devant et toujours UltraSteph à 1minute environ derrière. On double juste 2 coureurs quasi à l’arrêt jusque Issert.

 

Issert : 6h57 (prévu 7h05)

La montée vers Champex ne semblait pas trop pentue sur le profil et je pensais pouvoir courir souvent mais, même si je me sens toujours très bien, elle se fait majoritairement en marchant. J’y reprends encore deux ou trois coureurs et un pointeur-surprise dans la montée m’annonce 94ème. Youpi, je suis dans le TOP 100 ! Beaucoup de monde à l’entrée dans Champex, ça fait plaisir d’être encouragé (en plus, il y a notre nom sur le dossard).

 

Champex : 81ème en 7h48 (prévu 8h07)

J’arrive au ravito et j’ai l’impression qu’on est obligé de s’arrêter manger. Je me dis que c’est pas une mauvaise idée et m’enfile soupe de pâtes, saucisson, fromage, compote. Je suis rapidement rejoint par Ultrasteph qui est bien sympa et avec qui je discute un peu et qui m’explique qu’il va enchaîner avec la TDS (ça calme…). J’ai l’impression qu’on est tous les deux bien et que les autres font un peu plus la grimace. Ultrasteph repart quelques minutes avant moi (il mange aussi vite qu’il court l’animal !) et je mets un peu de temps pour faire le plein complet. L’arrêt aura duré 15 minutes au total mais c’est justifié. Les 10 minutes suivant le ravito sont assez pénibles car je suis un peu ballonné après le repas mais dès qu’on rattaque le faux plat descendant tout rentre dans l’ordre. Je double quelques coureurs et rattrape Ultrasteph au début des faux plats montants précédant Bovine. Je monte ces faux plats en courant et remonte donc encore un peu. Je dépasse encore un concurrent dans les premiers mètres de la montée de Bovine. J’entendrai le bruit de ses batons à moins d’une minute derrière pendant toute la montée. Cette montée est vraiment cassante et je ralentis un peu pour manger à la fin de la partie raide. Au moment d’attaquer les long faux plats du sommet, je jette un coup d’œil derrière et aperçois mon suiveur à batons mais également Ultrasteph qui est revenu sur lui. Je reprends mes distances car je me remets à courir sur cette partie roulante.

 

Bovine : 67ème en 9h39 (prévu 9h56) :

Tout va bien, j’arriverai à Trient avant la nuit. Je bois un coup, remplis le bidon et fait un énorme Saaaaaluuuut à UltraSteph qui arrive au moment où je repars. Les bénévoles sont morts de rire. Encore 5 minutes de montée jusqu’au col puis on bascule. Je suis agréablement surpris par la descente que je craignais hypertechnique mais que je trouve finalement assez roulante (ça doit être parce que je la fais de jour) et très agréable. Je double un ou deux coureurs. Arrivé au col de la Forclaz, une surprise m’attend ! Je me fais pointer puis le bonhomme me dit assez sèchement : « attends, attends, contrôle du matos ». J’explique où se trouve chaque item demandé par le controleur et son acolyte vérifie au fur et à mesure. Je suis bien sûr dans les règles et on me laisse donc repartir, sans refermer le sac ! J’ai trouvé cet épisode assez moyen : je suis tout à fait pour ce genre de contrôle mais la manière me semble à revoir… Quelques mètres plus loin, je demande à de gentils spectateurs de refermer mon sac, ce qu’ils font avec plaisir. Je les remercie chaleureusement et termine la descente sur Trient et je n’y vois vraiment plus grand-chose dans le sous-bois. Je profite des dernières lueurs du jour en entrant dans Trient pour mettre la frontale avant d’arriver au ravito.

 

Trient : 65ème en 10h31 (prévu 10h44) :

Arrivé au ravito, je jette un coup d’œil sur le grand écran et constate que mon classement s’est encore amélioré depuis Champex. Le moral est excellent : je me dis que, vu que j’en suis à 70 bornes, c’est que je suis déjà capable de terminer une course comme les Templiers (ça me rassure pour dans deux mois) et que je ne compte pas m’arrêter de remonter car les sensations sont toujours bonnes. Je prends l’habituel saucisson, frometon, chocolat, banane ; je remplis le bidon, constate qu’Ultrasteph est toujours pas bien loin derrière moi et repars assez rapidement alors que d’autres sont attablés (j’ai dû gagner 5 ou 6 places rien que sur le passage au ravito). Je repars avec un autre gars et la course de nuit commence par la fameuse montée des Tseppes. Je monte toujours au même rythme (grossomodo entre 12 et 14 m/min) mais le gars qui m’accompagne ne m’accompagne pas bien longtemps et me met un vent assez rapidement. Je suis assez surpris mais je ne tente pas de m’accrocher, il va vraiment trop vite. La montée est assez raide mais très régulière et se passe donc assez bien. Pourtant un autre gars me double à mi-pente (heureusement il s’arrête un peu plus haut pour enfiler sa veste et je finis la montée avec lui). Il commence à faire bien frais en haut et j’hésite depuis Bovine à mettre ma veste aussi. Mais bon, je n’ai pas froid, je me dis que ça attendra tout en priant pour que ce ne soit pas une grosse erreur. Comme sur Bovine, le haut de l’ascension est plus roulant et je peux trottiner avec mon nouveau camarade jusque Catogne.

 

Catogne : 59ème en 11h48 (prévu 12h13) :

Mon compagnon de la fin de montée trace sans s’arrêter. Moi, j’ai prévu de remplir la gourde, ce que les bénévoles font…un peu. On me dit à mi-gourde qu’il n’y a plus d’eau et qu’il ne reste que du thé ! Je me demande bien ce que les suivants vont avoir ! Je finis donc de remplir ma gourde avec du thé. Ce sera dilué et ça ne me gênera pas. Un bénévole m’annonce 59ème. Je lance en rigolant à moitié que je peux aller le chercher le top 50. Ils me répondent que c’est jouable, je n’ai « qu’une dizaine de minutes de retard » (ah quand même..). Il fait frais et j’hésite toujours à mettre ma veste mais finalement, toujours pas… Le début de la descente est assez agréable puis on attaque un morceau quasi-plat que je trouve assez long. Je ne suis pas le seul car je double deux coureurs qui sont vraiment au ralenti (me voila donc 57ème). La fin de la descente sur Vallorcine est technique ; je suis prudent mais en confiance car je l’ai repérée mardi. Un avion me double juste avant Vallorcine.

 

Vallorcine : 59ème en 12h38 (prévu 12h47) :

Je me rends compte que j’ai perdu beaucoup de temps par rapport aux prévisions (15 min…) sur cette dernière descente alors que j’ai pas eu l’impression de glandouiller…peut-être à cause de la nuit… Arrivé au ravito, une petite fille se démène pour m’apporter ce dont j’ai besoin. C’est tout bête mais ça fait chaud au cœur. Je repars après 3-4 minutes (remplissage de bidon + saucisson-fromage-banane). J’attaque alors le faux plat montant vers le col des Montets. Dans le plan de bataille, je m’étais dit que je pourrais faire de grosses différences sur cette section si je courais régulièrement. Je me sens encore bien ; j’alterne marche et course mais je me trouve fainéant ; je devrais pouvoir courir tout le temps sur ces pentes. De plus, je suis absolument seul sur toute cette section (3 quarts d’heure environ). Au départ de la course, je ne m’attendais vraiment pas à passer autant de temps seul (on était quand même 1800 au départ !)

 Col des Montets : 13h21

Un bénévole (je crois) m’arrête pour me demander si je n’ai pas vu un coureur habillé en noir qu’ils attendent depuis un moment. Je luis explique que je suis désespérément seul (snif…) depuis Vallorcine ; on ne peut pas dire que ça le rassure. Je n’aurai pas d’échos de cette histoire de coureur volatilisé : je suppose que ça a dû bien se finir. En repartant, je lève les yeux et vois quelques frontales dans la pente face à moi. L’équation est simple : si je suis encore bien (et je crois bien que c’est le cas), je ne devrais pas rester seul trop longtemps. Sinon…  La montée de la Tête aux vents n’est pas simple (moins technique que Bovine mais beaucoup plus que les Tseppes) mais les voyants sont tous au vert et je rattrape puis double 3 coureurs (dont un italien qui rale tout ce qu’il peut parce qu’il en a marre). L’un d’eux s’accroche à moi, il restera sur mes talons pendant une heure. La fin de la montée est pénible parce que ça ne monte presque plus. J’ai l’énergie pour courir mais c’est technique et la visibilité est pourrie (brouillard, pluie fine). Ca m’énerve un peu de devoir me concentrer sur le balisage plutôt que sur ma course. Je fais donc l’éclaireur pour moi et mon nouveau camarade de jeu.

 

Tête aux vents : 52ème en 14h33 (prévu 14h49)

Je me dis que, ayant repéré la dernière descente lundi (en 1h20), un temps en moins de 16h est jouable si la visibilité s’améliore. Je déchante rapidement, ça ne s’améliorera pas avant la Flégère et c’est trop technique pour prendre des risques. Je peux courir de temps en temps, contrairement au coureur qui m’accompagne depuis un moment et je finis donc par le distancer, mais je sens bien que la nuit me fait perdre du temps (faudra peut-être que j’investisse dans une frontale plus puissante).

 

La Flégère : 52ème en 15h07 (prévu 15h19)

Ca sera dur pour les 16 heures… Je ne m’arrête que pour boire. Une bénévole me demande si tout va bien. Je me sens encore très bien et suis ravi à l’idée qu’il ne reste plus que de la descente après le faux plat suivant la Flégère. Je rattrape un coureur 1 ou 2 minutes après le ravito et on jardine un peu pour trouver les balises (pas énormément mais suffisamment pour que les 16 heures s’envolent dans mon esprit). On attaque alors la descente, d’abord roulante sur une piste de ski ; je lache celui qui est avec moi mais 2 minutes plus tard, je suis obligé de m’arrêter : terrible envie de pisser. Je n’ai pas eu envie pendant 15 heures et là, en pleine apothéose de course, pas le choix, faut que je m’arrête. Je me dis que c’est pas grave, c’est l’affaire de 30 secondes (j’aime bien chronométrer ce genre d’arrêt, c’est débile mais ça m’occupe et je me crois dans un stand de formule 1 !). Et là : 1mn 07 à pisser sans discontinuer (arrêt au stand d’une Dacia en formule 1…). Je me marre tellement j’avais jamais imaginé les capacités de ma vessie. Le coureur lâché juste avant me rejoins mais je le redistance rapidement dès le début de la partie technique en sous-bois. Je dépasse un coureur quasiment à l’arrêt et je lui dis (on dit vraiment que des conneries au bout de 90 bornes…) « courage, y a plus que la descente » alors que le pauvre a les genoux qui couinent. En le doublant, je me dis quand même que si j’en reprends encore quelques uns, je vais faire dans les 50 premiers. Une frontale se rapprochant dans les lacets techniques me rappelle qu’avant de penser à doubler, faut déjà ne pas se faire doubler. Le bonhomme semble descendre vite dans la partie technique. Je me dis que s’il ne m’a pas dépassé à la Fouria, il restera derrière car après c’est roulant et vu la forme que j’ai encore, je ne pense pas me faire lacher sur ce terrain. Il me rattrape assez vite ; je lui propose de passer mais il me dit qu’il est bien derrière. Ca me va… Arrive La Fouria ; il est sympa et m’interroge sur la fin de parcours : je lui réponds descente roulante et le préviens qu’il y aura encore presque 2 kms de goudron dans Chamonix. Il me répond : « ca me dérange pas je suis marathonien ». Bon, ben même après 95 bornes, il va falloir que j’allume un peu. J’accélère progressivement dans la descente et prends une dizaine de secondes d’avance. J’arrive enfin dans Chamonix et je me fais plaisir pour ne pas le laisser revenir et surtout pour avoir la satisfaction de me dire que si je peux courir les deux derniers kilo à 14 à l’heure après une CCC, c’est que j’ai bien géré mon affaire. Je finis dans un relatif anonymat : Chamonix est mort, il est 2 heures du mat. Les quelques personnes rencontrées m’encouragent quand même chaleureusement. Je fais les 100 derniers mètres au sprint, le sourire aux lèvres et les bras levés, quelques spectateurs (certains bien éméchés) jouent le jeu et m’encouragent de plus belle.

 

Arrivée : 50ème en 16h06min12s (prévu 16h20)

Il n’y a pas grand monde, je discute 5 minutes avec le bénévole qui donne les polaires de Finishers. On me dit que je suis entre la 50ème et la 53ème place. Je m’assois ensuite et discute un bon quart d’heure avec les coureurs arrivés un peu avant et un peu après moi. L’un d’eux reçoit un SMS qui me permet de déduire que je suis bien 50ème. Je suis aux anges et me décide à rentrer à l’appart (à pied… histoire d’avoir fait 100 bornes !..). Ultrasteph me double une dernière fois dans la journée pour vite aller dormir une heure avant le départ de la TDS. Je suis fatigué mais pas épuisé et je suis heureux.

 

Bilan de la course : c’est grandiose. L’organisation est au top, les paysages superbes (même si j’ai tendance à plutôt regarder mes pieds…), le public et les bénévoles nombreux et chaleureux. Le parcours propose tous les types de terrains (raide, faux plat, technique, roulant) en montée comme en descente. C’est vraiment le top !

 

Bilan personnel : mon premier ultra est une réussite complète. Moi qui ne me voyais pas dans ce genre de course un an plus tôt…Tout s’est déroulé comme prévu, notamment je pense grâce à une bonne préparation. Mon arrêt pour entorse de février à mai m’a peut-être aidé à bien digérer cette prépa. J’ai eu deux petits coups de moins bien (après Grand Col Ferret et après Champex) mais ils n’ont pas duré et toute la course, j’en ai gardé sous la semelle et j’ai pu rester dans un état d’esprit de performance et ne jamais me dire : « je vais juste finir ». L’excitation a eu du mal à retomber la semaine suivante et mon organise semble très bien récupérer de cette folie. La satisfaction est encore plus grande qu’après mon temps en moins de 3h au marathon.

 

Place maintenant à 10 jours de coupure totale.

Prochain objectif : les Templiers (en espérant avoir récupéré correctement) pour vivre un autre grand moment je l’espère.

Prochaine course : le trail de la Coume d’or le 20 septembre à Porté Puymorens (66)

    

5 commentaires

Commentaire de Berty09 posté le 09-09-2009 à 23:59:00

Salut,
On ne s'ennuie pas une seconde en lisant le CR. On suit la course de près et tout roule pour toi.Ca fait plaisir.
Bonne récup

Commentaire de JLW posté le 10-09-2009 à 23:14:00

Bravo,
quelle course, quelle perf. Cela augure d'autres objectifs que nous aurons plaisir à lire.

Commentaire de chef_lolo posté le 14-09-2009 à 09:47:00

super récit et superbe course, pour un moins superbe résultat. Merci pour les infos, car j'envisage de faire cette course l'année prochaine et tous les conseils sont les bienvenus. Bonne continuation à toi et bonne course des templiers

Commentaire de Fimbur posté le 15-09-2009 à 15:56:00

Merci pour ton cr, quand j'ai lu au début que tu visais 17h, j'ai halluciné.
Bravo pour ta course,

Fimbur

Commentaire de mokujin13 posté le 04-10-2009 à 16:54:00

bravo pour la course,et le récit trés enrichissant

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