Récit de la course : Courmayeur - Champex - Chamonix 2018, par Tabaz

L'auteur : Tabaz

La course : Courmayeur - Champex - Chamonix

Date : 31/8/2018

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 1026 vues

Distance : 101km

Matos : Chaussures Salming T5
Bâtons RaidLight carbon
Sac Ultimate Direction

Objectif : Objectif majeur

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CCC et UTWT 2018, pari gagné !

OBJECTIF 2018
Pourquoi la CCC le 31 Août 2018 ?
En m'inscrivant à l'Ultra de Madère en 2017 j'apprenais l'existence de l'UTWT (Ultra Trail World Tour, champion 2017 François D'haines), le classement mondial de l'Ultra Trail. J'y avais gagné mes premiers points. Mais pour intégrer le classement, il faut être finisher de 2 courses dans l'année. C'est ainsi que je me fixais comme objectif 2018 d'intégrer ce classement en courant la TransGranCanaria ET la CCC, courses référencées en catégories "séries".

AVANT COURSE
Le premier semestre 2018 a été fantastique avec des courses de 30 à 125 km. Malheureusement je terminais blessé, avec une tendinite très douloureuse à la hanche. Repos forcé en juillet, et en Août je tentais une rééducation de type 'Clinique du Coureur' avec un jeune kiné, Pierre Poisson. De la méthode, de la rigueur. J'arrive à Chamonix remis sur pied mais sans avoir testé mes capacités. L'inconnu m'attend. Génial !

Chamonix est une ville entièrement tournée vers le trail la dernière semaine d'Août. On y croise les champions comme les anonymes, cette simplicité me plaît.

J'étais volontaire pour participer à une étude américaine sur "Les conséquences pulmonaires de la participation aux ultramarathons de l'UTMB et de Hong Kong 100 et l'impact de la thérapie par champ électromagnétique en phase (PEMF)" organisé par la "Mayo Clinic", le plus grand centre universitaire de recherches médicales, dans le Minnesota.
La veille de la course, à l'issue de l'arrivée et le lendemain je passerai 2 heures de tests dans une ambiance typiquement américaine faîte d'enthousiasme et de professionnalisme.
Quand les résultats de l'étude seront publiés dans "Sciences" je les communiquerai.
Anecdote : ayant égaré ma ceinture cardio, ils m'en ont donné une neuve.

LA COURSE
Le retrait du dossard est toujours un moment important, c'est la première preuve matérielle de l'engagement que l'on a pris. Ici c'est du lourd. Presque une heure pour passer tous les contrôles notamment sur le matériel obligatoire. On ne rigole pas avec le règlement.

ITALIE (Courmayeur)
Le jour J j'arrive un tantinet en avance après une nuit ... disons que j'ai un peu dormi. Je monte dans le bus, direction Courmayeur. Sur place, le temps est clair. Je décide d'entrer directement dans le SAS n°2 (il y en a 3) et me poste à l'avant. Pas forcément une bonne idée. Je suis avec des concurrents meilleurs que moi, et j'aurai du mal à suivre leur rythme en début de course.
Hélicoptère, drones, musique et animateur italien font monter la pression. Michael Daines avait raison, c'est prenant (mais bon à Madère et aux Canaries les Ibères savent aussi y faire ;-) ).

9h15 FEU !
Craignant d'être bloqué dans un bouchon, je pars assez vite, 12,2 km/h dans les rues montantes de Courmayeur. Folie ! Mais que c'est bon.
Les 30 premiers km en Italie sont magnifiques. Les spectateurs nombreux sur le parcours nous encouragent avec une ferveur ... italienne! Je vois pour la première fois le Mont Blanc "côté pile". Il paraît moins blanc :-).
Le rythme est soutenu, le sentier étroit. On reste bloqué derrière... un berger à cheval. J'ai l'impression d'être aux racines du trail quand les compétitions mélangeaient trailers et cavaliers (et les trailers ont fini par gagner !).

SUISSE (Champeix)
La frontière Suisse est atteinte au passage du "Grand Col Ferret", point haut de la course (2 537 m), et c'est la tourmente. Vent glacial, pluie, brouillard, 0° ressenti avait averti les organisateurs. Je ne regrette pas d'être parti en cuissard.
Côté Suisse c'est tristounet. Fini les encouragements. C'est beau, les chalets aux balcons débordants de géraniums magnifiques, on est dans une carte postale pendant 50 km. Mais plus personne ou presque. Les automobilistes ne ralentissent même pas.
Arrivé à Champeix. Je m'équipe plus sérieusement aidé par une Anglaise. J'avais investi dans du matériel de qualité : pantalon de pluie décathlon imperméable mais respirant (40€), polaire Craft (soldée à 35€), gants imperméables Raidlight (10€ au lieu de 40, mais plus confortable que les gants Mapa).
A la sortie, contrôle inopiné ! Ouf, il vérifie le matériel imposé en cas de pluie, ils n'ont qu'à me regarder pour constater que je l'ai, pas besoin de défaire le sac.
J'ai mis la frontale. Good choice ! Avec cette météo, l'obscurité tombe vite. Mais je suis trempé. Quand je cours aucun problème, mais aux ravitos la température corporelle chute trèèès vite, et je n'ai pas d'assistance, ni de changes secs sur moi. Le choix est vite fait; soit je me repose et tente de me réchauffer avec des couvertures (perte de temps pour un résultat pas assuré), soit je repars en courant pour me réchauffer (courir, je suis un peu là pour ça). C'est donc la seconde option que je choisis. J'apprendrai plus tard que la plupart des concurrents qui se sont arrêtés n'ont pas pu repartir.

FRANCE (Chamonix)
Vers les 80 kms, on est en France. Je n'ai pas vu la frontière, faut dire je ne vois pas grand-chose. Avec l'humidité ambiante, le souffle de ma respiration génère un nuage qui dans le faisceau de la lampe m'éblouit. J'essaie de souffler à droite et à gauche, ça n'a l'air de rien, mais c'est une difficulté supplémentaire.
Horreur ! J'ai perdu mon gobelet, oublié à Champeix ! Ça fait partie du matériel obligatoire ! Et surtout comment boire la soupe chaude ? Ça n'a l'air de rien aussi, mais tout compte à ce niveau de difficulté. Je demande une bouteille vide et un couteau pour me faire un bol, on me le refuse. Un verre en plastique ? Interdit. En carton ? Devant ma mine déconfite, une bénévole me donne discrètement le sien. Quand je vous dis que le règlement est appliqué avec rigueur.
La lune fait son apparition. Dans la nuit on distingue maintenant les loupiotes des concurrents qui nous précédent. C'est une guirlande qui monte monte monte dans la montagne, et se perd dans la nuit étoilée. C'est magnifique et impressionnant.
Je n'arrive plus à m'alimenter. Prudent, je n'insiste pas, bois du coca agrémenté de Maalox et de Spasfon. Y'a pas bon !
Je suis en mode diesel. Chaque pas est un étonnement, le sentier est de plus en plus raide. Je pensais avoir connu le pire à Madère. Ben non. Ici en plus ça glisse, et on frôle parfois des à-pics heureusement signalés par des lampes de chantier.
Dernier ravito à la Flégère, arrivée du téléphérique. Ce n’est pas là que Maïté avait fini son ascension ? Et que Laurent avait parlé d'une descente bien raide ? Je revois les images qu'ils ont postés en juin, sauf que là c'est la nuit, que la pluie a recommencé à tomber, et que j'ai 90 kms dans les jambes. Cette section du parcours me paraît pourtant familière, et c'est dans la joie que je me lance dans la descente (bien raide en effet).
Timide clarté matinale, j'éteins la frontale, et décide d'accélérer pour doubler quelques concurrents. J'adore la dernière section des ultra trails. Plus question de gestion de course, tout dans le lâcher-prise, à fond (7/8 km/h, faut pas exagérer non plus). Attention tout de même à ne pas tomber, un violent coup de pied dans un caillou me le rappellera.
On sort du bois, enfin du plat. Les jambes sont légères. J'enfile le tee-shirt et sors le portable.
Entrée à Chamonix. Je suis un inconnu, mais les passants m'acclament et crient mon nom (écrit sur le dossard). C'est merveilleux.
L'arche d'arrivée apparaît, joie ! Je franchis la ligne. Un œil sur le tableau d'affichage. J'avais parié sur un temps de 21/22 heures, 21h53 c'est parfait.
Briana et Jesse m'attendent pour les tests médicaux. Je récupère le gilet finisher à la valeur inestimable (puisqu'on ne peut pas l'acheter), et file vers une douche trèèès chaude.

BILAN APRES COURSE
- Physiquement : au-cun problème.
- Mentalement : au-cun problème.
- Matériellement : choix techniques pertinents, des vêtements secs auraient été un plus.
- Gestion de course : très bien. Parti un peu vite, 2 ravitos trop longs, faudra chronométrer à l'avenir.
- Axe de progression : la descente. Je me fais trop doubler. Trop d'appréhension et/ou pas assez de quadriceps.
- Organisation de la course : parfaite. 2 000 bénévoles, bravo et merci !
- Ambiance : du tonnerre !

PALMARES
CCC
- Partants : 2148
- Finishers : 1622
- Place : 724ième, soit 45%

UTWT series
RANG MONDIAL : TransGranCanaria 25 pts + CCC 20 pts = 45 pts, actuellement 454 ième !!!

OBJECTIF 2018 ATTEINT ! J'ai la patate qui fume !

L’image contient peut-être : Thierry Guelff, sourit, debout, chaussures, enfant, plein air et nature
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