Récit de la course : Courmayeur - Champex - Chamonix 2016, par christine06

L'auteur : christine06

La course : Courmayeur - Champex - Chamonix

Date : 26/8/2016

Lieu : Courmayeur (Italie)

Affichage : 984 vues

Distance : 101km

Objectif : Pas d'objectif

6 commentaires

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Courmayeur Champex Chamonix

Magnifique course de 101 kms, 6000 mètres de dénivelé, qui démarre en Italie, passe par la Suisse et finit en France. Pour Brice et moi elle s'est arrêtée à 72 kms, 4000 mètres de dénivelé.

Petit récit d'une course "un tantinet" cauchemardesque.

Il faisait déjà très chaud ce samedi de fin août quand nous sommes partis à 9:00 du matin. Je supporte bien le froid (j'aime l'hiver, la montagne, la neige...), la pluie aussi, on a parfois couru sous la neige, mais la chaleur, il n'y a rien à faire, je n'y arrive pas. C'est donc avec beaucoup d'appréhension que je me suis retrouvée sur la ligne de départ.

Ma deuxième appréhension c'était la fatigue, j'ai déjà couru la nuit, mais toutes les courses que j'ai faites de nuit démarraient à 22 heures ou à minuit, pas à 9 heures du matin. Enchainer sur la nuit après une journée à courir dans la chaleur ne me paraissait à première vue pas très simple à gérer.

Après une courte traversée du très joli village de Courmayeur, on attaque directement par l'ascension de la tête de la Tronche, 1400 mètres. Il fait déjà très chaud, mais tout va bien. Brice est parti devant, je suis Alexis, mais je fais de fréquentes pauses pour boire, et je le perds de vue. Il y a beaucoup de monde. A ce moment on avance tous sans trop de problème.

Les paysages sont magnifiques, grandioses, mais une fois sortie de la forêt, il n'y a plus aucun arbre, aucun nuage dans le ciel pour se protéger de cet implacable soleil.

Au sommet, la descente est roulante vers le 1er ravitaillement, le refuge Bertone. je suis contente d'arriver, je sais qu'ensuite on a 12 kms de plat, descentes et légères montées avant d'attaquer l'ascension du grand col Ferret, au pire moment de la journée vers 14:00.

Je ne m'attarde pas au refuge, je veux rattraper Brice et Alexis pour ne pas courir toute seule. Je prends juste le temps d'avaler des kilos d'oranges (la pauvre dame a à peine le temps de les couper que tel un goret je les ai déjà englouties :-)), je fais le plein d'eau, et j'attaque le grand col Ferret. Le mot "attaquer" est bien exagéré, en fait je vais subir cette montée, du début à la fin, je vais en baver, j'ai soif, tellement soif, et j'ai chaud. J'ai fait le choix désastreux de courir avec un bandeau et des lunettes de soleil, mais sans casquette, du coup impossible de remplir la casquette d'eau et de me la vider sur la tête, je dois me contenter de m'asperger comme je peux quand je croise des ruisseaux.

On en est à 27 kms de course, et jamais je n'ai vu autant de coureurs arrêtés sur le côté, essayant de reprendre un peu de force.

Cette ascension va être un véritable chemin de croix et il en reste 4 derrière. J'essaie de positiver, j'écoute de la musique, mais j'ai déjà du mal.

Enfin le sommet, et une longue descente va suivre jusqu'au refuge de la Fouly. Beaucoup de coureurs marchent alors qu'on peut courir et ça m'énerve. J'ai récupéré un peu d'énergie, je veux donc arriver le plus vite possible au prochain ravitaillement pour gagner quelques kilomètres faciles. "Musculairement parlant" je n'ai aucun problème et je peux descendre en courant.

Arrivée au ravitaillement de la Fouly (42ème kilomètre), je commence à avoir très froid. Il doit faire 25 degrés. Un enfant arrose les coureurs pour les rafraichir, je n'ai aucun moyen d'éviter le jet d'eau, je suis glacée. J'ai quand même suffisamment de lucidité pour me rendre compte que je ne suis vraiment pas en forme. J'essaie de trouver une place dans une tente bondée. Je tremble de froid et je décide de ne pas rester, quelle erreur ! J'ai de l'avance sur la barrière horaire, je n'étais pas pressée.

D'autant que à ce moment là je reçois un SMS de brice "on repart de la Fouly" !! je suis dégoutée, je les ai loupés à 1 mn. Ils ont dû partir de la tente quand je suis rentrée.

En sortant, je fais un malaise, j'entends quelqu'un me dire "je travaille au café d'à côté je vais vous faire un thé, ça va vous réchauffer". Cette jeune femme est tellement gentille, le thé est brulant, et au bout de 15 mn je commence à reprendre un peu de force.

Ce thé m'a fait un bien fou, et je repars pour la montée vers Champex. Je me cale derrière un groupe, je monte sans me poser de questions en suivant la foulée de la fille devant moi. Je ne peux ni manger ni boire, tout me dégoute. Je sais que si je n'arrive pas à m'alimenter, je ne vais pas pouvoir continuer très longtemps.

J'arrive enfin à Champex, et là, miracle je retrouve Alexis et Brice sous la tente. Le miracle est de courte durée, Alexis annonce qu'il arrête et Brice est littéralement au bout du rouleau ! Nous formons une bien belle équipe :-)

Le temps d'attraper de quoi manger, une compote, de quoi boire, du coca, et on repart avec Brice. Je me sens de plus en plus mal... et je vomis ce que je viens de manger au bout de 10 mn. Moi aussi je suis au bout du rouleau ! Je ne peux plus manger, ni boire.

Un jeune très sympa essaie de me remonter le moral, il me dit qu'il a vécu la même chose lors de la TDS la veille (117 kms !!), qu'il a réussi à surmonter en se reposant et en buvant du coca, il m'encourage, me dit que je vais réussir à finir !

C'est incroyable tous les gens gentils que j'ai pu croiser durant cette course !

La montée vers la Giète sera ma Berezina à moi, la neige en moins, la chaleur en plus. Parce qu'il continue à faire très chaud, même la nuit ! Cette ascension est interminable, je n'ai plus de force. Seuls les japonais se couvrent, je ne sais pas pourquoi, mais c'est à peu près la seule chose qui arrive à me faire sourire. On trouve toutes les nations dans cette course, mais seuls les japonais ont passé la nuit couvert comme des oignons !! Quand on n'en peut plus, on s'amuse comme on peut avec des petits détails...

J'ai l'impression de m'arrêter tous les 100 mètres, je vois au loin les petites lumières qui m'indiquent que l'ascension est très loin d'être terminée.

On arrive quand même au sommet et on redescend vers Trient.

La course s'arrêtera là pour nous, on n'a pas réussi à récupérer et la perspective des 2000 mètres de dénivelé et des 6 heures de course restants, a eu raison de toute notre bonne volonté.

C'est dur de rendre son dossard alors qu'on est dans les temps, j'avais tellement peur de le regretter très vite ensuite. mais j'étais vraiment au bout du bout, je ne me voyais pas grimper grimper et encore grimper, sans manger, sans boire.

Sur le coup j'ai dit bien sur le classique "plus jamais ça, c'est la dernière fois"

2 jours après, je me dis que je ne peux pas rester sur un échec, que je retenterai ma chance l'année prochaine, sur cette course ou sur une autre.

Il y a quand même beaucoup de choses que j'ai appréciées durant cette course, et notamment la solidarité entre coureurs, dès que quelqu'un s'arrêtait sur le côté, tout le monde le réconfortait et prenait de ses nouvelles. La gentillesse des bénévoles, et aussi celle des gens sur le côté de la course.

Je pense que j'étais relativement bien préparée, sauf pour la chaleur. Après coup bien sur je me dis que j'aurais dû, que j'aurais pu repartir, mais c'est tellement facile, une fois que c'est terminé. Je n'ai toutefois pas trop de regret. Je vais tirer des leçons de mes erreurs (elles ont été nombreuses) et je reviendrai :-)

Toutes les photos sont ici 

http://ezylife.fr/courses/photos-ccc/

6 commentaires

Commentaire de Japhy posté le 05-09-2016 à 06:36:27

Salut Christine, si tu avais très froid alors qu'il faisait chaud, ce n'était pas bon signe, il valait sans doute mieux arrêter, pas de regret.
Si je peux me permettre, juste une petite remarque: essaie de ne pas t'en faire lorsque tu te retrouves à courir seule, de jour comme de nuit. Vouloir à tout prix courir avec ses amis peut te pousser à faire de petites bêtises, comme courir par à coups ou trop vite, jusqu'à la surchauffe. Surtout que sur les courses de l'UTMB, c'est pas la solitude qui menace !
Bonne récup !

Commentaire de christine06 posté le 05-09-2016 à 11:47:53

Tu as tout à fait raison, c'est l'une des nombreuses erreurs que j'ai faites :-) d'autant que j'ai l'habitude de courir toute seule. La perspective de passer la nuit à grimper sans personne avec qui papoter un peu m'a sans doute stressée.

Commentaire de Bruno Kestemont posté le 05-09-2016 à 15:26:36

Magnifiques photos (je me suis permis d'en reprendre une pour mon récit) ! Je me reconnais "à mes débuts" (il y a a peine 2 ans) dans ton récit. J'ai abandonné de moi-même lors de mon premier ultra de montagne (où je suis néanmoins tombé amoureux de ce genre d'activité). Depuis, je préfère attendre la barrière horaire et je ne le regrette jamais (voir mon récit du Lavaredo). Bienvenue au club, la prochaine sera la bonne !

Commentaire de christine06 posté le 05-09-2016 à 16:57:02

oui j'en ai tiré plein de leçons pour une prochaine fois !

Commentaire de Bert' posté le 05-09-2016 à 17:54:24

On sent bien que tu as galéré dans cette course piégeuse ! La CCC est plus difficile qu'elle en a l'air et cette expérience te sera très précieuse pour les prochaine fois. La chaleur a clairement accentué la difficulté et même avec l'expérience, ce n'est pas si simple...
Parmi le trucs : une casquette avec un carré éponge à l'intérieur : tu gardes bien mieux la tête fraiche.
Je me suis aussi régulièrement aspergé d'eau bras et jambes avec les éponges des ravitos.
Ecouter son rythme cardiaque pour éviter de se mettre dans le rouge...

P.S : j'ai quand même fait un petit malaise à Champex (!)

Commentaire de christine06 posté le 05-09-2016 à 20:35:16

tu ne peux pas savoir comme j'ai regretté de ne pas avoir mis une casquette ! merci pour l'astuce en tout cas, je testerai la prochaine fois

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