L'auteur : chabidou
La course : Le Grand Raid des Pyrénées - Grand Trail
Date : 28/8/2009
Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)
Affichage : 5094 vues
Distance : 75km
Objectif : Terminer
Partager : Tweet
137 autres récits :
Comment j’en suis venue à m’inscrire !
Janvier 2009, je sors de mon deuxième congé mat’ et je ressens le besoin de courir. Dur, dur de reprendre le chemin de la course à pied après pratiquement 2 ans et demi d’arrêt et deux grossesses.
Je fais quelques petites sorties de 30-40 minutes, c’est laborieux ! Le seul plaisir que je trouve à ce moment là, c’est d’avoir un moment rien que pour moi loin des enfants !
Pierrot comprend vite qu’il me faut une petite motivation, et me pousse à m’inscrire à des courses. Il a raison, je fonctionne à coup d’objectif où ma fierté est mise à l’épreuve !
Pierrot planifie ses courses pour 2009. Son objectif : l’Ultra du GRP fin Août. Il est resté sur sa fin avec son abandon de l’UTMB08 et décide de renouveler l’expérience. Il me branche sur le Grand du GRP :
- «Inscrit toi sur les 75 km de GRP, ça, c’est un bel objectif !» dit-il
- «T’es pas un peu fou, je ne sais même plus courir une heure d’affilé et tu m’imagines sur ce genre de course de malade !!! » assez surprise qu’il puisse m’imaginer sur cette épreuve.
- «Avec un plan d’entraînement sur les 9 mois à venir, tu en es tout à fait capable ! »
Pendant quelques jours, je rumine dans mon coin, et me mets à rêver d’être capable de faire ces 75 km. Et pourquoi pas ??? Ma fierté se bat avec ma sagesse.
Et ma fierté prendra le dessus : ni une ni deux, je m’inscris sur internet pour le grand raid des Pyrénées ! Ca y est, plus de retour en arrière possible !
Avec Pierrot, on établit un planning d’entraînement et de courses jusqu’à fin Août.
- les 10 km de Bourgoin-Jallieu pour moi, pour me remettre dans le bain de la cap en Mars.
- le trail de la Côte Roannaise en Avril, 28 km 1400mD+ pour moi et 56km pour Pierrot.
- des petites vacances sportives sur le GR20 en Juin : 180 km et 10000mD+ en 10 jours
- L’Annécime en Juillet : 40km pour moi et 80 km pour Pierrot
Tout ça agrémenté de nos sorties quasi quotidien avec du seuil, de la VMA et du déniv.
Ce planning de course me rassure, et chaque étape va me permettre de valider ma capacité à faire le GRP.
Notre arrivée à Vielle Aure
Le dimanche 23 août, nous laissons les enfants à mes beaux parents pour la semaine, et nous prenons la route avec Zazou et JB pour les Pyrénées.
JB fait l’Ultra avec Pierrot ;et Zazou, que je n’ai pas réussi à traîner sur le grand (mais je ne désespère pas), est prête pour devenir la supportrice de choc !
Jusqu’à la veille de l’Ultra, nos journées sont rythmées de siestes, piscine et cartes.
Crem nous rejoins le mercredi, lui aussi au départ de l’Ultra. Il vient de passer la nuit dans le train. Il a l’air d’avoir la forme et il est motivé pour en démordre avec ces 150 km !
Jeudi, veille de l’Ultra. Avec zazou, nous abandonnons les garçons à l’appart pour passer une bonne partie de la journée à faire les sacs des coureurs, et les accueillir. Vérification des sacs, remise des dossards. J’aurai l’occasion de remettre le dossard de Pierrot, JB et Crem, ainsi qu’à quelques kikoureurs.
Zazou, la super bénévole ! Moi pas très concentrée sur la vérification du sac de mon cher et tendre !
Ronan, et son frère Arnaud, nous ont rejoint. Ils avaient prévu de faire tous les 2 l’Ultra, mais seul Arnaud prendra le départ, Ronan « snobe » tout le monde : Monsieur fait le GRR en Octobre. En tant que bénévole, il doit tout de même faire l’ouvreur entre Tournaboup et Veille Aure !
Quand à Arnaud, il a un peu la pression (et on en profite pour le chambrer un peu). Vainqueur de l’édition 2008, on lui a donné une balise GPS pour le suivre à tout instant !
Tout le monde mange son petit plat de pâtes, et dodo de bonne heure pour tout le monde.
Le départ de l’Ultra
Réveil plus ou moins dur pour les garçons. Ils ont un peu près tous mal dormi, normal ! Au menu du petit déjeuner, gatosport, sauf pour Arnaud qui teste le petit dèj anglais !!! Des œufs avant une course…pourquoi pas !
Arrivés sur la place du village, on sent la tension montée. Il fait encore nuit et les nuages sont bas. Chacun a allumé sa frontale. Arnaud se fait interviewé par France 3 régional…là, ils lui foutent vraiment la pression !
De gauche à droite : JB, Pierrot, moi, Crem et Arnaud
Un petit bisou à mon Pierrot et nous les laissons se mettre en place pour le départ.
La musique résonne, le compte à rebours est donné ! Et les voila parti pour plus de 150 kms.
Dans 24 heures, c’est mon tour !
Je quitte Zazou et Ronan, bénévoles sur la journée, qui doivent rejoindre rapidement Artigues.
Je passe mon vendredi seule. J’en profite pour me reposer, mais je suis curieuse de connaître l’avancée des garçons. Je me trouve un cybercafé à St Lary, et une bonne partie de la journée, je les suis :
- J et Pierrot courent ensemble, c’est cool !
- Crem est impressionnant avec ses premiers temps de passage, Bravo !
-J’apprends l’abandon d’Arnaud à Villelongue…problème gastrique ! Les œufs au petit dèj ne seront sûrement pas valider pour les prochaines courses !!!
L’après-midi, je vais chercher mon dossard. Je croise Badgone et Martine (contente d’avoir fait rapidement votre connaissance !).
Je me fais un tête à tête avec mon plat de pâtes, et petit détour pour le briefing avant un gros dodo ! Réveil programmé à 3h45.
Voila ce qu'il m'attend pour demain :
Départ du Grand
3h15 : J’entend du bruit, je m’affole et crois que mon réveil n’a pas sonné ! Non pas de panique, mon réveil doit sonner dans 30 minutes. J’ai dormi comme un gros bébé et j’ai du mal à sortir de ma nuit. J’entends la voix d’un garçon en bas. Je pense tout de suite que l’un garçons sur l’Ultra a dû abandonner et est rentré…je descends vite voir ! Je suis rassurée, ce n’est que Ronan qui rentre de sa petite escapade en tant qu’ouvreur entre Tournaboup et Veille Aure. Il est trempé, ça annonce la couleur pour le temps de cette nuit ! Il m’annonce que les 2 premiers de l’Ultra sont déjà arrivés (chapeaux bas, Messieurs !).
Après un bon petit gatosport cuisiné avec amour par Katell (merci !), rebelote pour Ronan et Zazou, ils m’accompagnent au départ. Avec les textos de suivi, Zazou m’apprend que les garçons sont passés à Cauterets. A ce stade là, je suis sûre que mon Pierrot va finir. Cette petite info me motive bien pour ma journée. Peut-être les verrai-je à Tournaboup, la ou les deux courses se rejoignent !
J’ai fixé mon objectif sur 18h, sans vraiment savoir si j’en suis capable (Merci rodio pour le pronostic !)
5h00 : Le départ est donné. Je pars en trottinant en fin de peloton.
Je suis dans le brouillard et une sorte de crachin avec la frontale donne l’impression qu’il neigeote, cette ambiance me plaît. J’aime courir « à la fraîche ». Passée Vignec, je commence la montée dans la forêt. Mon cardio est un peu haut, mais je mets ça sur le début de course.
La montée se fait bien. Je ne vois pas grand-chose à part mes pieds. J’écoute les conversations de mes voisins de course. Ca y va des conseils bien avisés aux chansons espagnoles (l’espagnol chante fort !). On attaque la dernière grosse montée vers le col de Portet. J’entends beaucoup moins de monde parlé, et cette partie va étirer la distance entre les coureurs. Je peux enfin éteindre ma frontale, mais on est encore complètement dans le brouillard.
Les premiers supporters, qui ont l’air d’être frigorifiés, me font réalisés qu’il fait froid. Normal à 2200m et à peine 7 h30 du matin.
Je suis partie en tee-shirt et l’effort de la montée m’a bien réchauffé. Au ravito, je décide d’enfiler ma veste car la suite est beaucoup plus roulante et je fais le plein de ma poche à eau. Je ne reste pas longtemps au ravito et je sais que je double pas mal de monde comme ça.
Au ravito au col de Portet
7h27 au Col de Portet – 198ième / 335
Je repars du ravito en marchant tout en rangeant mes bâtons. Le chemin est agréable, je me mets à courir. On est encore dans le brouillard et le jour se lève tout doucement, et j’imagine le lac de l’Oule en contrebas. Puis le chemin devient un peu plus caillouteux et tout en montant doucement, je me retrouve au dessus des nuages.
Et tout d’un coup, j’en prends plein les yeux. Tout se découvre : la montagne se reflétant sur les lacs à la couleur turquoise et un ciel bleu magique. Je ne donnerai ma place pour rien au monde à ce moment là ! C’est la première fois que je mets les pieds dans les Pyrénées et ça vaut le détour !
Lac Bastan - Photo mic31
Badaboum !!! A trop regarder en l’air, j’en oublie de regarder mes pieds et je me casse la figure. Je fais une bonne roulade sur les cailloux et je me retrouve sur les fesses. Quelle idiote ! Le terrain n’était pourtant pas difficile ! Le coureur suivant me demande si tout va bien. Je me relève, c’est bon, j’ai mal nul part. J’ai les mains et le genou plein de sang. Je me nettoie dans un des lacs : 3 petits bobos aux mains et un genou un peu écorché, et je reprends mes esprits.
Cette petite mésaventure passée, je me concentre un peu plus sur ma course. Je repars de plus belle. Je double pas mal de coureurs, qui comme moi, sont sous le charme des paysages et prennent des photos. Dans la montée du col de Bastanet, je fais la connaissance de Caroux434. Il m’apprend qu’il est parti avec une demi heure de retard à cause d’une panne de réveil, et il repart de plus belle.
8h50 : Au col de Bastanet, plusieurs coureurs font une pause. Je prends la décision de ne pas m’arrêter, je suis bien et j’en profite pour attaquer la descente. Le paysage est toujours magnifique.
Lac de la hourquette - Photo mic31
Tout en marchant, j’enlève ma veste qui commence à me tenir chaud. Je passe le refuge de Campana où j’apprendrai plus tard que c’était un ravitaillement en eau. Le terrain n’est pas très praticable pour courir et je passe mon temps à trottiner et marcher. Au niveau du lac de Gréziolles, les pierres deviennent glissantes, je me surprends à glisser et me retrouve une nouvelle fois sur les fesses ! Stop, faux vraiment que je fasse gaffe, je veux aller au bout !
Le lac de Gréziolle - photo mic31
Après le barrage de Gréziolles, je retombe dans l’épaisse masse nuageuse. Le sol est toujours glissant, mais le terrain est un peu plus herbeux. La descente est longue et commence à faire mal aux cuisses. En passant à côté de la cascade du Garret, je sais que j’arrive à Artigues. Ouf, ça fait du bien. On est acceuilli par des encouragements de supporters et de bénévoles.
10h43 à Artigues – 167ième / 335
En faisant valider mon dossard, le bénévole, voyant mes petits bobos, me conseille d’aller me faire soigner. Si je vois qu’il y a trop de monde, je rebrousserai chemin.
Dans la fameuse pièce, pas un chat à part un beau pompier. Je suis aux anges ! Un pompier, et un vrai et beau pompier, rien que pour moi qui soigne mes petits bobos, ça, c’est la classe ! Un peu de bétadine et le tour est joué.
J’en profite pour aller au toilette (mon seul arrêt pipi de la journée !), des vrais toilettes en dur tout propre, ça c’est aussi la classe de profiter de vrais toilettes pendant un trail ! Je crois que les coureurs ne doivent pas être informés de ces toilettes car je suis étonnée de n’y voir personne.
Je prends un verre de coca et desTucs à la volée et je ressors de cette pièce un peu bondée de monde à mon goût. Je repasse devant le bénévole et le remercie de m’avoir orienter vers ce pompier en insistant sur le fait qu’il était très beau. Je me rends compte que le pompier en question està juste à côté et en m’entendant il devient tout rouge.
10h48 Je repars et j’attaque la montée tout tranquillement en mangeant mes Tucs. Je bois un coup dans ma poche à eau, et tout d’un coup je réalise que j’ai oublié de faire le plein au ravito. Ah ! Ce pompier m’aura décidément fait tourner la tête !!! J’ai la flemme de redescendre, et je prie pour que cela tienne jusqu’au col de Sencours. Je n’ai pas fait le plein depuis le col de Portet, avec du recul, je me rends compte que j’étais un peu insouciante !
Dans ce début de montée, je fais la connaissance d’un breton. Il trouve que je monte comme un métronome. Pas très vite mais régulière. Les compliments sont bons à prendre. Je suis plutôt contente de ma course pour l’instant, et je me suis rendu compte que j’étais en avance sur mon objectif. Le breton me dit que son objectif est de 15h et qu’il est dans le timing. Là je me demande bien comment c’est possible que je sois avec lui ! J’ai pas l’impression d’être partie trop vite pourtant…peut-être que mes 18 heures étaient sous estimés ?
Dans tous les cas, je laisse partir le breton, et prends tranquillement mon temps dans cette montée de 1200 mètres. Avoir de l’avance sur son objectif, c’est très réconfortant !
En sortant de la couche nuageuse en milieu de montée, j’aperçois sur ma droite un magnifique arc-en ciel qui se forme à mon passage. Encore un moment magique. Personne devant ou derrière moi pour en profiter. J’ai à peine le temps de le contempler que l’arc-en ciel s’efface. Ce GRP est vraiment plein de surprises !
La montée est beaucoup plus agréable au soleil. Je passe à côté de moutons teints en bleu.
J’aborde des lacets, qui sont très agréables à monter et je vois un gars qui les coupe. J’aurai bien envie de lui dire quelque chose, mais je préfère me taire et garder mon énergie.
Le pic du midi de Bigorre
J’aperçois, au loin et beaucoup plus haut, des coureurs qui indiquent que la montée ne fait que commencer. Je prends mon mal en patience, et un coup d’œil à ma montre m’encourage dans mon avancée.
Je me fais doubler plus que je double, mais je ne m’arrête pas une seule fois.
Au bout d’un moment, j’ai quelqu'un derrière moi. Je lui propose de me pousser pour qu’il puisse passer, mais il décline mon offre. Il reste derrière moi. Il me demande si cela me dérange. « Non, mais je ne suis pas une rapide ! ». Là, il m’avoue que je l’ai doublé plusieurs fois et qu’a chaque fois, il me retrouvais devant lui. « T’es un vrai métronome !» me dit-il. Décidément, qu’est ce qu’ils ont tous avec les métronomes !!!
Il m’explique qu’il a tendance à monter trop vite et qu’il n’arrive pas à se gérer. Il préfère donc se caler à mon rythme.
Une petite gorgée d’eau, et ce qui devait arriver arriva, je n’ai plus d’eau ! Je regarde ma montre, il me reste 200 mètres de montée. Ca devrait le faire sans soucis, 20-30 minutes sans eau, c’est gérable.
12h59 au Col de Sencours – 166ième / 335
Je me sens toujours très bien, et décide de ne pas m‘arrêter. Cette fois je n’oublie pas de faire le plein d’eau. Je croque dans 2 quartiers d’orange et je repars en marchant et en mangeant mes tucs.
Je sais que la suite du parcours est qu’une longue descente, et je fais attention à ne pas me faire trop mal aux cuisses. Je trottine à une bonne allure. Cette descente est vraiment très sympa pas trop raide et le terrain n’est pas technique. J’entends quelqu’un derrière moi, et m’écarte pour laisser passer, mais rien ! Je lui dis que si il veut me doubler il me fait signe. Il me répond et en entendant sa voix, je comprends que c’est le gars de tout à l’heure. Il ne pensait pas que je m’arrêtais si peu de temps au ravito et à accélérer l’allure pour me rattraper. Je lui explique ma tactique de course : pas de pause, mais une rythme tranquille ! Ca lui convient et il me demande si je suis Ok pour qu’il fasse un bout de chemin avec moi. Pas de souci de mon côté tant que je vais à mon rythme. J’apprends qu’il s’appelle Cédric et que c’est le gardien du refuge de Bastan.
Nous descendons toujours en courant. La descente me plaît bien. Je tire Cédric dans cette descente. Tout d’un coup, j’aperçois des vaches à la queleuleu sur le chemin. Mince, comment on va passer ? Je ne suis pas une grande amie des animaux et encore moins quand il faut s’en approcher. Cédric voit bien que je ne suis pas bien dégourdie avec les bêtes, et il me double pour se frayer un passage, je lui emboîte le pas.
A ce moment la, je réalise que je ne mettais pas retourner une seule fois pour voir Cédric. Je découvre le fameux gars qui coupait les lacets de tout à l’heure !!! Grrrr ! Bon, on va dire que la première impression n’est pas toujours la bonne !
En continuant notre descente, j’apprends que Cédric ne s’est pas entraîné. C’est son premier trail, il s’est fait embarquer par un pote. Il ne court pas et il ne fait pas trop de montagne. Son seul atout : être perché 4 mois par an à 2200 mètres d’altitude. Waouh, je lui dis qu’avec un peu d’entraînement, il ferait sûrement des sacrés temps.
Enfin on aperçoit le parking de Tournaboup, le ravito n’est pas loin. Je préviens Cédric que je ne resterai pas longtemps.
14h07 à Tournaboup – 150ième / 335
Tout en mangeant une poignée de pâtes, je cherche Zazou des yeux. Pas de Zazou ! Bon, c’est vrai que par rapport à mes prévisions, j’ai un peu plus d’une heure d’avance. Mais elle devrait être là pour les garçons sur l’Ultra. A une ou deux heures près, les garçons sont ou vont passer ici !
En repartant, je jette un œil au PC de la course. Dans l’heure qui précède, aucun des trois garçons n’est passés. Bizarre, Crem qui avait de l’avance aurait dû être devant moi !
Des filles me proposent de remplir ma poche et me précise que le prochain ravito est à 13 km. J’ai fais le plein au col de Sencours et je n’ai pas bu grand-chose sur cette descente d’une heure, 13km ça devrait tenir. Là, je commet ma deuxième erreur de débutante !
Je repars avec Cédric déçue de ne pas avoir vu Zazou. Au bout d’une centaine de mètres, j’entends quelqu’un m’appeler. Je me retourne, c’est Zazou en train de me courir après. Je lui présente Cédric et je lui propose de faire un bout de chemin avec nous. Elle dormait dans la voiture et en ouvrant un œil, elle m’a vu passer.
Elle m’apprend que Crem à abandonner à Luz pour des problèmes de pieds, je suis déçue pour lui, il était parti tellement bien. JB et Pierrot sont toujours ensemble, ils ont eu une nuit assez difficile, mais ils paraissaient encore lucides à Luz. Je suis contente de ses nouvelles, et avant que Zazou nous quitte, je lui dis de motiver les garçons en leur disant que je suis juste devant !!! J’apprendrai plus tard qu’ils sont arrivés à Tournaboup 50 minutes après moi, mais ils ont fait une bonne pause pour dormir un peu.
A partir de ce moment, les coureurs de l’Ultra sont avec nous, et nous distinguons bien la différence entre eux et nous. Premièrement, ils ont un pas bien moins vif que le nôtre et deuxièmement ils ont un dossard délavé qui laisse deviner le temps qu’ils ont dû avoir.
A chaque fois que nous doublons l’un d’entre eux, nous aurons un petit mot d’encouragement. Je suis tellement admirative de leurs efforts. Certains me paraissent à la limite de l’endormissement, d’autres ont l’air de marcher sur une jambe.
La montée vers la cabane d’Aygues Cluses est facile, mais très longue. La compagnie de Cédric m’aide beaucoup à passer le temps. Connaissant bien le coin, il me nomme les sommets autour de nous, et me donne quelques anecdotes sur la région : un guide pour moi toute seule !!!
Arrivés à la cabane d’Aygues Cluses, j’aperçois une bonne et grosse montée de 50 mètres. Ca commence à être plus dur pour moi de monter, mais je continue mon petit bonhomme de chemin : doucement et sans arrêt. Cédric s’est arrêté pour discuter avec des supporters, je lui dis que je prends de l’avance. Je sens qu’il monte bien plus facilement que moi, je l’aide juste à se contenir. En rien de temps, il m’aura rattrapé. Ouf enfin un replat, et vlan en plein figure, se dresse devant moi une autre belle grosse montée, je sers les dents et j’enchaîne. Je bois ma dernière gorgée d’eau. La chaleur, le soleil et l’effort me donne très soif. Je m’inquiète car le prochain ravito n’est que dans 7 km. Et je n’ai pas encore terminé ma montée. Je me trouve vraiment stupide !
16h30 au Col de Barèges
Deux gendarmes du PGHM nous accueillent au col. Je leur demande si ils n’ont pas un peu d’eau. Je comprends que je ne suis pas la seule à leur poser cette question. Heureusement, ils m’expliquent qu’en contre bas il y a une source où je peux me servir sans risque…ouf ! Sauvée.
Cédric me propose de boire dans sa poche avant de repartir, j’accepte volontiers car je suis assoiffée. Nous ne traînons pas au col, nous doublons un groupe de 3 coureurs que nous avons déjà doublé plusieurs fois. Cédric se fait gentiment chambré sur le fait qu’il ne me quitte plus !
Je prends plaisir dans cette descente. Je m’étonne devoir encore des jambes pour sautiller de rocher en rocher. Cédric s’accroche derrière.
Au niveau de la source d’eau, un gars de l’Ultra au tee-shirt rouge ne paraît vraiment pas bien. Il est tout blanc et nous dit qu’il a un gros coup de moins bien. Il est assis et a du mal à se mettre debout. Il nous raconte qu’il est terriblement déçu de sa course. Nous lui proposons à boire et à manger, ainsi que de faire un bout de chemin ensemble pour être sûrs qu’il va bien. Il décline nos propositions. Il préfère se reposer un moment et repartir tout tranquillement. Je sais que beaucoup de monde est encore derrière, donc nous filons.
La poche remplie au ¼ (dur de remplir une poche dans une petite rivière), je repars sur un bon rythme. La descente dans la pinède paraît sans fin, j’espère voir le lac de l’Oule à chaque virage ! On double du monde surtout des Ultras.
17h42 au Lac de l’Oule – 138ième / 335
Cédric s’étire. Cette descente l’a pas mal marqué. On rempli nos poches à eau, quelques verres de Coca et des oranges et nous repartons.
Le lac de l'Oule
Nous longeons le lac. Deux kilomètres de plat. Nous courons le premier kilomètre, mais le deuxième se fera en marchant. Je sais qu’il nous reste une bonne dernière montée vers le col de Portet, et vu mon état pour monter le col de Barèges, je préfère garder des forces.
Le début de la montée est agréable sur une route forestière. Avec Cédric nous sommes complémentaires, je traîne les pieds dans les montées et lui dans les descentes, on se tire mutuellement. Le moral est au top, nous savons que nous avons pratiquement 2 heures d’avance sur mon objectif.
Nous aperçevons de loin le col de Portet, plus qu’une montée sur une piste de ski. La dernière montée ! Je propose à Cédric de prendre de l’avance sur moi pour qu’il puisse s’étirer tranquillement au ravito. Au moment où il me laisse seule, j’aperçois Arnaud sur le côté, puis toute la petite famille Guéguen et Zazou. Ils font les derniers mètres de montée avec moi. Je suis vraiment super heureuse de tous les voir (Merci vraiment à vous tous, ça m'a fait vraiment plaisir!). Kealig me prend la main, elle veut courir avec moi. Je lui explique que je suis un peu fatiguée pour courir en montée, mais promis on court ensemble sur le début de la descente !!!
18h48 au col de Portet 140ième / 335
Je retrouve Cédric au ravito, et mon beau pompier. Il me reconnais et raconte sûrement à ses collègues la petite histoire du pompier qui se fais draguer !!!
Je repars en courant avec Kealig pour faire quelques mètres, et je quitte toute la petite famille. Zazou me dit qu’elle m’attend à l’arrivée.
Il nous reste 11 km et (quand même) 1400 mètres à descendre. A tout casser, il va nous falloir 1h30 pour cette partie, et là je prends conscience qu’on peut passer sous la barre des 15 h30 de course. Le début de la descente se fait agréablement en courant. Je motive Cedric : « Nous allons arriver de jour, pas besoin de ressortir nos frontales ! ».
Il n’est pas au top dans la descente. Dès que c’est raide, on marche. Il me propose de partir seule pour finir voyant que je suis plus en forme que lui sur cette dernière descente. Très peu pour moi, après autant de kilomètres parcourus, j’ai bien prévu de passer la ligne d’arrivée avec lui, et puis dans un sens, ça m’arrange bien de marcher car j’ai les guiboles bien fatiguées aussi. Tant pis pour les 15 h30 de course, si on met 16 h se sera déjà génial.
En tout honnêteté, je ne sais pas si j’aurai fait mieux toute seule.
La descente vers Vielle Aure - Photo mic31
Certains passages sont vraiment raides et j’entends Cédric jurer. Nous nous faisons doubler, je sens les gens motivés d’en finir. Je me fais doubler par une femme, et j’apprendrai plus tard qu’à cause d’elle, je ne rentre pas dans le top 10 féminins ! Grrr !
Enfin, nous atteignons le bas de la vallée. Plus que 2 kilomètres de bitume. Je tire Cédric pour courir le dernier kilomètre…pour l’honneur ! Et nous nous faisons doubler par le gars au tee-shirt rouge, qui a retrouvé la forme. Il est heureux d’en finir et je suis vraiment contente pour lui de la voir si bien, je n’aurai pas parier sur lui 4 heures plus tôt.
Nous entrons dans Vielle Aure. Beaucoup de monde est là pour nous applaudir, ça fait du bien. Je prends la main de Cédric pour passer la ligne d’arrivée.
20h51 à Vielle Aure – 150ième / 335...............Yessssss !
Je suis heureuse. Je fais la bise à Cédric, le remercie, et le laisse avec ses proches. Je récupère mon tee-shirt finisher, la classe !
Je retrouve Caroux sur l’arrivée, qui me donne son super temps, et me donne des nouvelles de quelques kikoureurs.
Je me trouve un petit coin pour m’asseoir. Zazou me paie une bière…et une clope (je sais, j’ai honte !), mais ce moment est très agréable, je l’ai tellement rêvé ce moment pendant cette course.
Je suis sur mon petit nuage, et je n’en redescendrai pas. Un petit coup de téléphone à mes parents, une bonne douche et une autre bière, et me voila du côté des supporters pour attendre avec Zazou nos deux héros.
JB et Pierrot arriveront à minuit. Ils viendront à bout de l’ultra en 42h53min en 260 et 261ième position (sur 304 arrivés et 546 inscrits). Bravo à vous deux !
MERCI :
- aux organisateurs, bénévoles, supportaires d’être là pour faire vivre cette course. En gardant ce cap, elle a de beaux jours devant elle !
- à mon Pierrot qui est toujours derrière moi et qui croit (plus que moi) en moi. Merci de m’avoir poussé à faire cette course !
- à mes beaux parents d’avoir garder nos deux bouts de choux le temps d’une semaine. C’est aussi fatiguant qu’une course !
- à Zazou et la famille Guéguen pour votre suivi et vos encouragements.
- à mes parents, mes sœurs, mes grands-parents, et à tous ceux qui m’ont suivi sur Internet.
- aux photographes, qui ont la bonne idée et le courage d'embarquer leur appareil, et à qui j'ai chipé quelques photos pour ce récit.
Accueil - Haut de page - Aide
- Contact
- Mentions légales
- Version mobile
- 0.07 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !
10 commentaires
Commentaire de sonicronan posté le 09-09-2009 à 15:56:00
Bravo Chabidou,
Beau récit et belle gestion de course.
J'en prends note et RDV sur l'ultra l'année prochaine.
Je t'en sens capable.
Commentaire de mic31 posté le 09-09-2009 à 16:01:00
Salut Chabidou,
Un bien beau récit, je n aurais pas parié sur ta réussite à voir d où tu partais en Janvier. Bravo !
Un seul regret : j'étais idéalement placé pour prendre ta cabriole en photo, je l'ai ratée... Content que tu ne te sois pas fait mal,je ne suis pas pompier ;-)
A une prochaine fois,
Michel
Commentaire de goonif37 posté le 09-09-2009 à 17:10:00
Excellente gestion de course, tu parassais en avoir encore sous la semelle avant la descente finale... toutes mes félicitations et ne t'en fais pas tu auras l'occasion de rentrer dans les 10 plus d'une fois.
Petit mot pour Pierrot, méfie-toi de Cédric.
@ très bientôt Chab'
Commentaire de millénium posté le 09-09-2009 à 20:54:00
quel plaisir de te lire. Bravo aussi pour ta perf. Je suis très content pour toi , ta joie est communicative.
Au plaisir de te (re)croiser
Commentaire de laulau posté le 09-09-2009 à 21:25:00
Quel joli récit !
Bravo pour ta course. Quelle progression par rapport à janvier !
Commentaire de PaL94 posté le 10-09-2009 à 10:39:00
Félicitations.
Trés belle course et tres beau récit.
Fallait le faire sur une course aussi exigeante.
Le top 10 sera pour bientot
Commentaire de Lucien posté le 12-09-2009 à 22:45:00
Récit génial, une vrai aventure, du courage et un punch a toute épreuve. Très belle perf et surtout merci de nous avoir fait partager tes émotions et toutes les couleurs de la montagne. Bonne récup et à +
Commentaire de martinev posté le 14-09-2009 à 06:30:00
merci pour ce beau récit. Bravo pour ta course (surtout après avoir tenu un stand !).
Bises
Commentaire de fretless posté le 15-09-2009 à 23:58:00
Bravo Chabidou,
en élève indiscipliné que j'ai toujours été je n'ai regardé que les images (mais bon, il est tard aussi, je reviendrai pour y lire).
Mais rien qu'envoyant les photos j'ai appris deux choses (anecdotiques certes, mais...):
1. c'est que Woody Allen, en plus de faire de la clarinette, fait aussi des trails (à ta droite au retrait des dossards)
2. et que même si j'étais grave bourré ce soir là, je savais bien que j'avais vu des brebis bleues traverser la route, non mais!
Blague à part, encore bravo pour ce que tu as fait, c'est grand, très grand!!!
Commentaire de chabidou posté le 21-09-2009 à 21:27:00
Merci pour tous vos commentaires !
Je suis heureuse de vous faire partager ma course, et le bonheur que j'en garde.
Peut-être ça donnera des idées à certains !
Chab
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.