L'auteur : CharlyBeGood
La course : Le Grand Raid des Pyrénées
Date : 22/8/2014
Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)
Affichage : 3135 vues
Distance : 160km
Objectif : Pas d'objectif
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Grand Raid des Pyrénées (GRP) – 22-23 août 2014
164 km - 10’000m D+
Une année déjà que j’ai achevé l’UTMB. Tellement de choses se passent dans un tel laps de temps... Alors que l’an passé, je m’étais focalisé sur cette course, cette première expérience de ce que j’appelle in petto « l’ultra ultra », cette année a été beaucoup plus dispersée et avec des signaux inquiétants. Un genou récalcitrant au printemps, avec une douleur longue à s’estomper, puis deux courses dures (Maxirace, terminée en étant fortement « entamé » et Verdon, avec un abandon pour cause d’impossibilité de me nourrir et de m’hydrater) n’ont pas donné une préparation optimale… Mais à quelque chose malheur est bon et j’ai l’impression d’arriver particulièrement frais sur la ligne de départ, en ce vendredi matin 22 août 2014, sur le coup de 4h45.
Sur place depuis 36 heures, j’ai eu le temps de prendre la température de la course, de préparer mes deux sacs à déposer sur les bases de vie, d’aller faire une petite virée en Espagne toute proche pour voir le soleil – qui a une fâcheuse tendance à jouer à cache-cache depuis plusieurs jours dans la région - , déguster une excellente paella et faire mes petits bricolages pour emporter en course un topo plastifié, avec mes estimations de temps de passage. La dernière nuit a été bonne et j’ai l’impression que toutes les conditions sont remplies pour une très belle course.
La tactique est simple : partir lentement, dans l’arrière du peloton, ne pas dépenser d’énergie avant la première base de vie, au km 73. Après, passer la nuit au mieux, puis lâcher les chevaux – s’ils sont encore dans l’écurie… – pour les 60 derniers km, dès Cauterets (km 102). D’expérience, je ne suis pas certain que ce plan de marche soit celui de la majorité des quelques 700 coureurs sur la ligne de départ.
Les dernières recommandations arrivent, l’actualisation des prévisions météo (pas terrible avec pluie le matin, amélioration dans l’après-midi puis nuit claire et soleil le lendemain : vu le résultat réel, je peux affirmer que la météorologie reste une science inexacte…). Deux minutes avant le départ… ça y est, il commence à pleuvoir ! C’est sous les lueurs des feux d’artifice tirés en notre honneur que les vestes de pluie font leur apparition.
C’est parti ! 2 km de bitume avant d’entamer la montée vers le Col de Portet et les pistes de ski de Saint-Lary vont permettre d’étirer un peu le peloton. Je me situe dans le dernier tiers, l’œil rivé sur la montre : ne pas se laisser embarquer, maintenir un petit rythme de 6 min/km, soit 10 km/h. Arrivé au pied de la montée, on assiste à un remake des grands prix de formule 1 : la pluie cessant – cela aura juste été un petit crachin pour baptiser notre défi – c’est la valse des arrêts « au stand », c’est-à-dire sur le bas-côté, pour retirer les vestes pluie. Ce n’est que le premier d’une longue série de changement de vêtements… Je me demande d’ailleurs comment font ceux qui ne mettent pas leur veste par-dessus le sac, ce qui permet de l’enlever et la remettre sans s’arrêter…
La montée est régulière. Nous nous enfonçons par moment dans des bancs de brouillard qui donnent un peu d’ambiance à la course. Je me surprends à avoir la vision de damnés de l’enfer qui s’engouffrent dans des zones inconnues, tant les silhouettes devant moi sont fantasmagoriques. Nous arrivons relativement rapidement sur le plateau et entamons la remontée des pistes aux dénivelés plutôt marqués. Franchement, c’est laid une station de ski en été et les pistes c’est encore pire…
L’aube propose de magnifiques visions. Le panorama fait penser à ces découpages japonais avec des successions de montagnes de plus en plus lointaines, tout en nuances de gris-noir. Des nuages sont accrochés aux sommets ou aux flancs des pics qui nous entourent. Le soleil commence son travail de sape pour tenter de percer la brume, offrant des couleurs chatoyantes dans les nuages au-dessus de la vallée. Là, ça commence à me plaire !
Je bascule au Col et profite de la première descente pour me dégourdir les jambes. Je laisse aller le corps, prends de la vitesse, « enrhume » 2-3 traileurs dont je crains déjà qu’ils ne soient pas très longtemps en course à entendre leur respiration de locomotive à vapeur asthmatique. Le premier ravito est atteint en 495e position, après 2h50 de course. Il s’agit de tester ma faculté à m’alimenter et boire, vu mes antécédents inquiétant dans le domaine. Ouf, tout semble bien aller, la soupe passe, le jambon et les tucs aussi, deux quartiers d’orange pour le goût et la fraicheur et c’est reparti pour la vraie course, celle qui ne croise plus de route et nous emmène au milieu des vallées plus sauvages.
Je ne suis pas déçu du voyage. Nous dominons, en balcon, le lac de l’Oule, puis pénétrons dans une zone plus pierreuse, avec d’autres lacs ou étangs dans lesquels se reflètent ciel, montagne et coureurs dont la longue file s’étend de plus en plus. Ma tactique ultra prudente a un avantage indéniable : je peux m’arrêter pour faire des photos, je peux sortir de la trace pour tremper mes bras dans l’eau, je peux observer les autres…
La première observation sur mes camarades de course a trait, comme de coutume, aux bâtons que 95% d’entre eux se contentent de porter dans les mains plutôt que de les utiliser pour se propulser. Pourquoi emmènent-ils leurs bâtons en balade sur une si longue distance ? Je ne compte plus les fois où je me suis dit qu’ils auraient eu meilleur temps de les laisser à la maison tant ils ne leur servent à rien, si ce n’est rendre la course un peu plus dure en ajoutant quelques centaines de grammes. Pour leur faire prendre l’air, il y a des parcours plus court ! Au demeurant, les utilisateurs de bâtons restent des vrais dangers, tant ils sont inconscients des risques qu’ils font courir aux autres concurrents en leur assénant, à intervalle régulier, des coups de pointe, quand tout va bien sur les chaussures, mais malheureusement aussi parfois à des endroits plus délicats…
En parlant d’égards vis-à-vis d’autrui, je me demande également comment font certains pour puer pareillement. Je ne parle même pas ici de l’odeur corporelle – on ne peut pas toujours vraiment contrôler le doux fumet que l’on dégage – mais de celle émanant des sacs ou des vestes pluie. C’est parfois tellement immonde qu’on peut se demander s’ils n’ont pas profané des sépultures pour reprendre le sac de leur aïeul, sac qui l’avait accompagné dans sa dernière demeure… Je crois que le fait de me trouver derrière un de ces transporteurs d’odeurs de charogne a été le seul déclencheur de mes entorses à la tactique de course : j’ai accéléré au plus vite pour me sortir de cet environnement nauséabond qui me faisait risquer l’asphyxie…
Les lacs et les pierriers se succèdent. Je bondis sur le premier névé en bordure de chemin, je ne résiste jamais à toucher la neige… Encore quelques mètres de dénivelés et nous passons le Col de Bastanet qui nous permet de changer de vallée. S’entame une belle descente technique, pleine de cailloux, qui nous mènera au second ravitaillement en passant au travers de superbes paysages de lacs (Gréziolles) et de cours d’eau. Les sentiers sont étroits, donc le dépassement se révèle difficile (surtout que nous croisons plusieurs pêcheurs qui montent taquiner le poisson d’altitude). Je ronge donc mon frein et profite de ce petit rythme pour agrémenter ma galerie photo… surtout qu’un semblant de rayon de soleil serait presque sur le point de percer la couche de nuage (certainement que mon appel du pied, en chaussant mes lunettes de soleil, a eu un effet incitatif…).
Je fais également de fréquents arrêts pour toucher l’eau des lacs ou des ruisseaux. Je ne sais pas d’où me vient cette manie, presque cette obligation, d’avoir un contact avec l’eau (ou la neige d’ailleurs). Je ne suis pourtant pas du tout aquatique, plutôt taureau-pieds-sur-terre, mais cela me procure un bien-être indicible. Je me demande s’il n’y a pas une sorte de mystique offrande à la nature qui s’offre avec tant de candeur dans ces courses au long cours qui permettent d’entrevoir des paysages d’une rare beauté sauvage, juste comme je les aime.
Le retour dans le brouillard marque la fin de mes rêveries et annonce aussi l’arrivée imminente du ravitaillement. La magnifique cascade d’Artigues se fait déjà entendre. Quelques lacets dans les sapins et voilà le retour à un semblant de civilisation. Je pénètre dans le ravito en 429e position, après 6 heures de course. Si je dois résumer ces premiers 30 km, je dirais que je suis en balade ! Pourvu que cela dure !!
Bidons remplis de sirop et de sel, estomac lesté d’un peu de jambon cru, de tucs et d’orange, je repars sur le chemin escarpé. Des enfants jouent dans les bois alentour, visiblement moins concernés que leurs géniteurs par la course (et ils ont bien raison !). Après quelques rudes pentes, nous sortons le nez de la brume environnante et voyons au loin une montagne aux pentes abruptes et coiffée d’une construction en son sommet : sans rien connaître à la région, je l’identifie comme étant le Pic du Midi ! Je me fends d’une petite photo puisque la météo du moment n’est pas mauvaise (bonne inspiration, vu la suite…) et commence la longue marche à flanc de coteaux pour rejoindre ce solide gardien des Pyrénées. A un photographe rencontré au ravito, j’avais donné une estimation de 2 heures pour rejoindre le Col de Sencours : pile poil dans la cible ! Ce sera d’ailleurs du temps bien utilisé à m’en mettre plein les yeux (avant que les gouttes de pluie ne les remplissent…) avec de grands espaces verdoyants, terrain de prédilection de vaches et brebis qui semblent avoir été posés là pour l’harmonie du site. Aucune route en vue, la nature originelle, le plaisir.
Bon, je quitte l’image d’Epinal car le ciel noircit sérieusement… Les derniers 300 mètres D+ avant le Col de Sencours (et son ravito !) voient le ballet des vestes pluies enfilées en hâte se remettre en marche (pour s’enlever 10 minutes plus tard car il ne pleut plus et que la transpiration devient importante : y a vraiment plus de saison ma Bonn’dame, on ne sait plus comment s’habiller…) et la colonne des coureurs devenir moins compacte, avec des grappes de grimpeurs qui se regroupent.
Le ravito est vite passé avec une goutte de coca et trois oranges afin d’entamer l’ascension du fameux Pic du Midi. La particularité de cette ascension est qu’elle consiste en un aller-retour sur une route type forestière au début, puis sur un sentier large et pierreux, ce qui fait que l’on croise tout au long de l’ascension les veinards qui ont déjà achevé leur pensum et redescendent guillerets au ravito. A voir la couleur rougeâtre de certaines cuisses, bras et joues, on peut, sans trop se tromper, imaginer une température « fraiche » sur le haut…
Arrivé sur la crête avant la dernière portion de montée, je ne suis pas déçu de mes dons de voyance : le vent balaie la pluie qui fouette les visages et fait que la sensation de froid est on ne peut plus présente ! Je me lance donc rapidement à l’assaut du Pic en évitant un choc frontal avec les transis de froid qui redescendent. Le passage sous les rails du monte-charges n’est pas loin de me laisser au tapis pour le compte, tant mes muscles ne sont pas prêts à ce que je me tasse pour passer dans un espace parfaitement inadapté à mes 183 centimètres… Heureusement que la délivrance n’est distante que de quelques dizaines de mètres ! J’ai de toute manière plus de chance que l’espagnol que je rattrape (et entends, comme toujours…) qui a explosé sa chaussure, ouverte de part en part…
Si par hasard on vous vend une fois la beauté de la vue depuis le Pic du Midi, assurez-vous de la météo avant. Lorsque vous êtes entourés d’une ouateuse brume qui enrobe avec délectation le sommet, tout espoir de satisfaction est vain et vous n’aurez pour souvenir que vos courbatures aux deux cuisses et mollets ! Bref, je vous la fais aussi courte que mon passage au point culminant : bip !!! 9h04, 392e position.
Une descente au pas de course plus tard, où je me suis surtout battu pour maintenir ma capuche ailleurs que sur mes yeux – ce qui peut rendre service pour voir où l’on va à défaut d’admirer le paysage… – je me réfugie dans le local ravito pour une soupe chaude. Malgré l’absence de chauffage, l’ambiance est torride entre ceux qui se changent pour tenter de se réchauffer en revêtant des habits secs, ceux qui sont sortis de la cuisse de Jupiter et pensent que le ravito est leur dû et qu’ils devraient être servis en priorité et enfin la promiscuité qui fait que la surface au sol utile de chacun doit se résumer à 40 cm2 environ… (avec une pointure 44, cela laisse peu de marge). Pas trop envie de m’attarder. Je ressors vite et entame la descente, direction Hautacam. Remerciement au bénévole qui ne veut pas me laisser repartir sans bâtons, convaincu que je les ai oubliés (les clichés ont la vie dure…) et voici l’entame d’une nouvelle vallée.
On doit approcher les dix heures de course. Je me sens toujours très serein, un peu mouillé mais sans avoir trop froid, relativement correctement alimenté à coups de viande séchée du Valais (merci René !) et de sirop, mentalement prêt à poursuivre l’aventure malgré des conditions climatiques qui ne semblent pas s’améliorer. Mon passage à côté de certains concurrents me montre que mon degré de fraicheur est remarquable… Il est nécessaire d’avoir du jus, car le tronçon à venir est le piège par excellence : long (20 km), technique (pierres et boue) et avec quelques 800 D+ répartis sur 4 montées « coups de cul » qu’on a toujours tendance à mésestimer sur les topos.
C’est parti pour une succession de lacs, de montées, de descentes à aborder avec la prudence du Sioux ou l’insouciance de Candeloro, selon le caractère... Quelques magnifiques images jalonneront ce parcours au milieu de la nature sauvage : le Lac Bleu, donnant l’impression de se déverser dans une mer de brouillard, bordé de splendide iris sauvages d’un bleu marine profond ; la rivière, serpentant en fond de vallée, avec des méandres si naturellement aléatoires, qui creuse son lit dans la terre noire et l’herbe verte ; l’élevage des chevaux aux cloches de vache en guise de licol ; les alternances sombres et claires des coteaux selon la profusion ou non de bruyères.
Les impressions restent également. Celles de la dureté des côtes à franchir, qui remettent dans l’esprit que 50 km ont déjà été parcourus et qu’il y a encore plus de deux fois ce kilométrage à faire… Le sentiment de plénitude à la vue de certains paysages. La grogne vis-à-vis de cette pluie et des nuages qui la véhiculent, qui empêchent de jouir de toute la profondeur de vue de ces montagnes. Les premiers signes de lassitude, surtout lorsque de belles descentes doivent se faire au ralenti en raison des risques trop importants de glissade. La première pensée « qu’est-ce que je fais ici, je serais tellement mieux (ajouter le lieu qui vous convient) ».
C’est en 13h50, relativement bien, que je rallie donc le ravitaillement d’Hautacam, km 64, en 340e position. Tiens, 50 places de gagnées, sans s’en rendre compte, sans chercher à aller vite : bonne indication et situation encourageante pour la suite qui passera par une longue pause à la base de vie de Pierrefite-Villelongue.
Mais avant le repos, le galop ! 9,5 km pour 1000 mètres de dénivelé négatif, la plupart du temps sur une route forestière qui permet de laisser aller les jambes sans trop de souci. Bref, c’est un petit 10 km/h qui ponctuera la perte d’altitude rapide pour rallier la base de vie. Il ne faut pas trop tarder car la pénombre commence à s’installer, accentuée par le temps relativement maussade que nous connaissons encore. Je sors d’ailleurs ma frontale de la poche de mon sac pour passer certains tronçons en foret. Ce serait trop bête de marcher sur une racine ou de tourner une cheville dans une telle portion du parcours.
Voilà, nous rejoignons la « civilisation » après tant d’heures au milieu des montagnes. Petit bout de route, usine électrique, raidillon casse-pattes puis la descente sur route en « aspirant» quelques collègues coureurs pour accéder, enfin, à la base de vie. Je pénètre dans la salle préparée pour le repos des guerriers pacifiques que nous sommes en 15h30 de course, 287e (et à nouveau 50 places de gagnées ! A ce rythme, je vais finir sur le podium !!!). Et voilà 73 km (4500 m D+) enquillés sans trop m’en rendre compte, la barre psychologique du « il reste moins de 100 bornes » est largement franchie (au premier essai) !
A présent, il est temps de faire le « service de parc complet » et, surtout, de profiter de mon petit plaisir gourmant : boire un Yop (yaourt liquide pour les non-initiés aux belles choses de la vie) !
Il faut quand même, à ce propos, conter une brève anecdote. Suite au trail du Verdon, abandonné au 78e km (tiens…) pour cause de non alimentation et déshydratation trop prolongée (et d’un monstrueux orage, mais ça, c’était juste la cerise (pourrie) sur le gâteau), j’avais discuté avec une doctoresse aux conclusions parfaitement adaptées à ce que je voulais entendre : « il faut écouter votre ventre. Les produits énergétiques, ce n’est pas pour vous. Il vous faut un peu de sucre et un peu de plaisir dans la boisson. Prenez du sirop (avec un peu de sel) et des yops ! ». Pas tombé dans l’oreille d’un sourd ! Mais comme je suis un petit douillet qui aime son confort, je me suis dit que du yop frais, ce serait quand même nettement mieux ! Je me suis donc embarqué pour les Pyrénées avec dans mes bagages deux petites glacières et des briques de glace. Objectif : y déposer mes yops et faire tenir les glacières dans les deux sacs de délestage !!!
Bon, je tue immédiatement le suspens : ça n’a pas marché… Les sacs étaient trop petits pour accueillir les glacières, surtout qu’il y avait d’autres impératifs de packetage (paire de chaussure, rechange, crème, réserve alimentaire, topo, sirop, etc.). J’ai donc dû me rabattre sur le plan B, la congélation des yops pour espérer qu’ils tiennent suffisamment longtemps et offrent encore un semblant de fraîcheur. Résultat : acceptable, mais surtout délectable car j’en avais vraiment envie ! Quand même un peu frustrant d’avoir dû caser tout ce matériel dans mes bagages pour rien…
Mais revenons à nos moutons, surtout que je vais profiter de cette halte au chaud, avec des habits secs, pour aller les compter pour un petit somme express de 20-25 minutes. J’aurais dû faire plus, mais j’ai fait preuve d’une telle inefficacité pour m’alimenter, me changer, remplir mes gourdes avec ma mixture sirop-sel, d’une tendance désordonnée à discuter avec tout interlocuteur qui me passait sous la main, que je n’ai pas eu vraiment beaucoup de temps pour dormir. Je quitte donc mon lit de camp, fini de m’équiper, prend un rapide plat de pates (sans sauce et avec un succédané de fromage…) que je me force à manger avant d’aller reposer mon sac de délestage et me diriger vers la sortie.
Après avoir attendu un autre coureur – pour faire plaisir à l’organisation qui préfère voir les traileurs par deux au moins durant l’ascension nocturne – je quitte le ravito après 2 heures d’arrêt ! Sur le plan comptable, 70 places dans les dents !
Je ne vais pas rester longtemps avec mon nouveau compagnon. Il est habitué à être dans les premiers, mais là, il n’est pas en forme, il ne sait pas pourquoi, alors il y va plus tranquillement pour une fois, ce qui explique son classement médiocre (merci pour moi…). Contrôle effectué a posteriori, il n’a pas fini, certainement la difficulté d’être tellement en dessous de ses insoupsonnées capacités. Quoi qu’il en soit, après 10 minutes de montées, il n’est déjà plus dans le rétro !
Je vais alors accrocher un groupe de 3-4 traileurs qui montent à un rythme bien soutenu qui me convient à merveille. La frontale a tôt fait de m’hypnotiser, le halo blanc devant mes yeux ayant tendance à rendre toute forme dans la forêt un peu fantasmagorique… Je dois dire que ce n’est pas la discussion de mes camarades d’ascension qui me sort de ma torpeur, tant les grandes découvertes du style « Moi, j’ai décidé que ce n’était pas un problème d’ouvrir une bouteille de rouge pour l’apéro (il y en a pour qui c’est un problème ?), après on la fini à table (parce qu’il en reste ?) ». A part ça, ils sont plutôt sympas et même prévenants lorsque je m’étale magnifiquement dans un fourré en bord de sentier. Il faut se rendre compte que le chemin est extrèmement glissant suite aux multiples et régulières pluies de ces derniers jours (ce qui n’arrive jamais dans les Pyrénées, mon logeur dixit…) et que l’équilibre est des plus précaire dès que la pente est un peu plus prononcée (surtout sans bâtons, les autres coureurs dixit…).
La montée du Cabaliros (1’900m D+ quasiment d’une traite) est vraiment comme on peut l’imaginer : longue, interminable et, pour moi, une occasion involontaire de dormir un peu ! Comme à chaque nuit en trail, j’ai un coup de pompe carabiné et m’endors régulièrement en marchant. Je me demande si je ne suis pas l’inspirateur de la pub pour les micro-siestes, les miennes étant toutefois réduites à des secondes. Du coup, je dois m’accrocher pour rester avec mes camarades et profiter de l’effet de groupe pour ne pas perdre le balisage parfois difficilement visible dans les alpages. Ceux-ci sont vraiment particuliers de mon point de vue : malgré qu’il reste 4 mois avant Noël, « ils » ont déjà décoré les paturages avec des guirlandes blanches ! …avant que je ne comprenne que j’avais des hallucinations et que ma frontale éclairait des buissons où des gouttes de brouillards perlaient… C’est avec plaisir que j’ai donc vu arriver, après 1'100 mètres d’ascension, le ravito. Je suis 334e, 3 heures après avoir quitté la base de vie.
Un coin de banc, une soupe, un thé, du saucisson, une ambiance « jeuns » : le ravito est parfait ! Il faut toutefois quitter ce chaud cocon pour la dernière partie du Cabaliros. Je me rends vite compte que mes facultés ne sont toujours pas toutes au rendez-vous en voyant des enfants me tendre la main depuis sous les rochers, d’innombrables supporters plus haut sur le parcours (parfaitement désert bien entendu) et en continuant à admirer des décorations de fête… On continue à monter en groupe pour repérer les balisages, mais je laisse partir les plus rapides qui sont déjà en train de produire leur effort : j’aurai largement le temps de les retrouver et dépasser plus tard sur le parcours.
Ouf, le sommet arrive ! Le vent souffle, il fait frais, mais il ne pleut quasiment plus : yes ! Je me réjouis déjà de la descente à venir : plus de 1'400 mètres D- !!! C’était sans compter sur le terrain : glissant, boueux, spongieux. De nombreuses zones sont piétinées par les vaches et on risque à chaque fois de laisser une chaussure en mettant le pied dedant. Comme cela arrive régulièrement depuis quelques heures, les pieds souffrent énormément des frottements et de l’humidité. Des petites douleurs apparaissent déjà sous la plante des pieds, qui déboucheront sur un arrêt prolongé à Esquièze.
La descente, qui devait être un plaisir et un moyen de gagner un peu de temps, se transforme en une longue procession avec 2-3 autres coureurs. Je me dis que cela n’a aucun sens d’essayer de courir et dépasser et prends donc mon mal en patience, me disant que la route sera encore longue après ce retour en vallée, plus de 60 km.
L’arrivée dans Cauterets se fait au petit matin, un peu avant 6h, 25 heures de course. Je suis 323e, presque au même rang que lors du précédent pointage. J’ai presque honte de rentrer dans le ravito : il est dans le casino, avec de belles moquettes que nous souillons de nos chaussures boueuses… Je n’ai toutefois pas le temps de jouer, pas de poker menteur : je me sens bien, le jour arrive, me rendant toute mon énergie, et je sens plus que jamais qu’il faut que j’arrive au bout de cette aventure, pour tous ceux autour de moi qui ne pourront pas le faire. Je quitte donc assez rapidement et entame le Col de Riou plein d’entrain.
La ville endormie est un drôle de décor pour nous… Les rues sont vides, seuls un ou deux traileurs trainent leurs semelles et battent le pavé. Je n’ai plus les petites lumières comme point de repère devant moi – les frontales sont rangées – mais je fonds quand même régulièrement sur quelques traileurs pour qui chaque pas semble être un exploit. J’ai tout à coup un bruit particulier qui me vient aux oreilles, une sorte de « scritch, scritch » permanent. Un œil à droite, un à gauche, en haut, en bas : rien qui puisse expliquer ce bizarre son. Je cogite. Un rongeur ? un chevreuil ? Encore 2-3 minutes et je rejoins un coureur que j’apercevait de temps à autre dans un lacet au-dessus et le mystère s’éclaircit, donnant un crédit supplémentaire à l’une de mes grandes théories s’agissant des traileurs : 90% d’entre eux ne font que « promener » leurs bâtons et ne savent pas s’en servir ! En l’occurrence, mon « chevreuil-rongeur » était le bruit des bâtons que mon traileur modèle… trainait dans son dos et dont les pointes métalliques grattaient le sol ! Vraiment utile…
Le mystère résolu, la montée de 1'000 m passe sans encombre. Je me sens en pleine forme, commence déjà à sentir un peu l’écurie et j’ai manifestement une vitesse relative largement supérieure à celle de mes compagnons de course et cela se confirmera à l’arrivée au ravitaillement d’Aulian : près de 60 places de gagnées depuis Cauterets, en moins de 3h et 10,5 km. Très sympa ce ravito. Bénévoles aux petits soins, beaucoup moins de coureurs avec plein de place, de la bonne soupe, une douce chaleur. Je ne perds cependant pas trop de temps car après une belle descente de 1000 mètres, ce sera la 2e base de vie, à Esquièze.
Une fois n’est pas coutume, je trouve un coureur aussi rapide que moi en descente. Déguisé en romain, il file bon train et fait preuve d’agilité, qualité d’autant plus intéressante que le début du parcours est en plein milieu des champs, parfaitement glissants et pentus… Heureusement que cela ne dure pas, je crois que mon postérieur aurait risqué une attaque de bleus…
La suite est beaucoup plus roulante, belle descente pas trop technique, qui finit même sur la route pour rejoindre le Pont de Gave puis la base de vie. Je m’applique à tenir un rythme « élevé » de plus de 10 km/h malgré ce bitume qui me tétanise les muscles mais qui est très reposant pour la tête (pas besoin d’être attentif à ses pieds !). Un bonheur n’arrivant jamais seul, le soleil fait son apparition et innonde de lumière cette petite ville que nous devons traverser pour rejoindre le ravito. La population est très démonstrative et même à notre niveau très modeste du classement, les passants nous applaudissent et semblent sincèrement admiratifs des 123 km et 7500 D+ que nous avons déjà parcourus.
Je pénètre à Esquièze, mon sac de délestage sous le bras, après 29h15 de course, en 236e position. Je commence par me changer complètement, passe en mode « jour-chaud » (donc t-shirt, cuissette, lunettes de soleil (yes !) et nouvelles chausettes et chaussures) et constate les dégats pour mes pieds. Après un lavage sommaire des tonnes de boue accumulées dans mes chaussures, souvenir de la nuit dans le Cabaliros, je dois déplorer un joli panel de cloques sous les deux plantes de pieds. La décision s’impose : passage chez le podologue pour pouvoir continuer dans de bonnes conditions, même s’il y a pas mal d’attente…
L’ambiance est bon enfant. Je vois des pieds dans un état, je ne sais même pas comment certains ont fait pour rejoindre le ravito… Plusieurs se font gentiment réprimander par les podologues s’agissant de la préparation de leurs pieds pour la course. Quand vient mon tour, j’ai le plaisir d’entendre que ma peau est bien tendue, sous entendu bien préparée. Je casse tout de suite l’ambiance en avouant mon absence totale de préparation, mais en étant particulièrement preneur d’un assèchement de mes cloques qui m’avaient fait mal depuis Cauterets.
La remise des chaussures n’est pas des plus agréables, ça brule un peu. Je vais au réfectoire prendre un plat de pâtes, deux trois morceaux de fromage et charcuterie et piaffe d’envie d’entamer cette dernière ligne droite. J’aurai en définitive passé plus d’une heure et demie sur place.
Je quitte la base de vie plein de confiance, un peu à l’image de ce que j’avais ressenti un an plus tôt en partant de Champex. Je suis certain, au fond de moi, que je vais finir ce second ultra grand format, que je vais prendre du plaisir en rattrapant pas mal de concurrents et que je finirai dans un bon état de fraicheur. Ma seule petite inquiétude vient de mes pieds et de la crainte que les cloques ne perdent la peau et soient à vif, mais les pansements des podologues devraient me prémunir contre ce risque. La chaleur est de retour, il faudra gérer cet aspect inconnu jusqu’alors dans les Pyrénées, mais ce n’est pas pour me déplaire. Ras-le-bol de la pluie !!!
Dès les premiers kilomètres, mes prévisions se réalisent. Régulièrement, un concurrent se présente en ligne de mire et je fonds sur lui, le passant allégrement. Je suis plus frais, c’est tout !
De jolis sentiers sont découverts, comme cette sorte de travée montante dans la pente, du style des chemins creux du moyen âge. Je profite des alternances de montées et descentes pour gérer la course et, surtout, boire avec délectation un petit yop qui m’avait attendu dans le sac de délestage ! 12 km vont passer ainsi, entre ascensions de quelques centaines de mètres et de dénivelé et descentes pour se rapprocher de Tournaboup, ravito qui marquera l’entrée dans la toute dernière phase de la course, l’ultime ascension. Près de 800m D+ se seront quand même rajoutés au compteur sur ces 11,5 km !
Peu avant le ravito, sur la route du Tourmalet, je commence à m’inquiéter : quelques coureurs ont réussi à revenir sur moi. Suis-je en train de payer mes efforts ? Je n’avance plus ? Heureusement, rien de tout cela ! J’apprends que les trois courses du week-end (80km, 120km et, of course, 160km) empruntent le même dernier tronçon et se retrouvent pour la dernière ascension. Ouf ! Je suis seulement dépassé par des mecs « frais », qui n’ont que la « petite » et la « moyenne » dans les jambes !
Ce ravito de Tournaboup n’est pour moi qu’une étape sur ce long sprint qui doit m’amener avant la nuit à l’arrivée. Je me suis en effet rendu compte, en consultant les topos et les estimations de temps que je m’était données, qu’il est tout à fait possible de « pulvériser » le mur des 40 heures et d’arriver de jour à Veille Aure. Entré 230e, je ressors en 223e position 10 minutes plus tard, fin prêt pour partir à l’assaut de cette dernière grosse difficulté que certains m’ont décrite comme « dantesque » et « mortelle » ! Beau programme en perspective.
La réalité, pour moi, est tout autre ! Les 1000m de D+ sont très inéquitablement répartis et offrent un fort pourcentage en fin de montée uniquement. Auparavant, ce sont 6-7 km d’une superbe ascension, le long d’une rivière, en remontant une vallée qui va nous ramener sur le parcours initial de la course, dans le sens opposé bien sûr. Le parcours est parsemé de grands blocs de pierre qui obligent à une agilité et à une sûreté de pieds que beaucoup n’ont vraisemblablement plus, ce qui explique les commentaires effrayés vis-à-vis de ce dernier tronçon. Pour ma part, j’en prends plein les yeux, tant le paysage est sauvage, la quintescence même des raisons pour lesquelles je fais du trail : pas de route, animaux, minéralité, rivière, nature à perte de vue…
J’avance d’un rythme régulier, faisant attention à ne pas me faire aspirer par l’envie de suivre le rythme des quelques concurrents qui me dépassent et qui sont engagés, pour leur part, sur le 80km (la plupart du temps). J’en garde un peu sous le pied pour la fin de course (il restera quand même plus de 20km au passage du col) et, après un peu plus de deux heures de montée ensoleillée, de blocs de pierre enjambés, de rivière traversée, d’équilibrisme sur des rochers et enfin d’un dernier effort vertical, je bascule dans la vallée que nous avons parcourue le jour précédent au petit matin, dans l’autre sens. J’en suis à plus de 35h 45 minutes de course et passe en 214e position à Hourquette Nère. Je prends le temps de profiter du paysage. Des nuages accrochent les montagnes environnantes, donnant l’impression d’un chaudron en ébullition qui engendrera une émulsion de nuages. Des lacs bleu marines se détachent dans ce paysage minéral, de longues ombres commencent à donner du relief au parcours et la lumière devient plus douce, rappelant que l’heure du goûter approche. Que c’est beau…
Assis au sommet, je mâche un peu de viande séchée, prend un quartier d’orange et m’offre une belle rasade de sirop en laissant mon esprit s’évader de lacs en sommets. Je me fais amorcer par le bénévole responsable de la « machine qui fait bip », qui ne comprend pas, alors que j’ai l’air frais, que je m’offre ce moment de bien être…
Mais il a raison : il ne faut pas abuser des bonnes choses et maintenant qu’il ne reste que le sprint final (certes de 3-4h, mais c’est un détail !), il est temps d’embrayer. Je me lance vaillamment dans cette portion très technique du parcours, en n’oubliant pas de faire une photo de temps à autre, lorsque s’en abstenir serait un crime contre la beauté. Je sautille – un peu lourdement parfois, je l’admets… – de pierre en pierre, contrôlant mes glissades, prenant appui sur les rochers les plus saillants. Le peloton est relativement étiré et, une fois n’est pas coutume, je suis parfois seul malgré que tous les coureurs des trois parcours soient sur ce même tronçon.
Je me donne du « carburant » en dépassant de nombreux coureurs au bord de l’explosion (ou déjà explosés et en phase de reconstruction), dont bon nombre de « 80 km », ce qui est encore plus jouissif lorsque je pense aux 80km que j’ai parcouru de plus qu’eux. Le chemin est vraiment très beau, bucolique à souhait, toujours à proximité de l’eau (lac ou ruisseau), parfois dans les arbres (attention aux racines…). Il faut trouver les gués pour éviter de se mouiller les pieds, se détourner du sentier pour contourner les vaches (de sacrés morceaux bien cornus !) et lever le nez, encore et toujours, pour voir la beauté immaculée de cette nature préservée.
Une heure trois quarts d’un bon rythme m’amènent aux portes du dernier ravitaillement. C’est le moment choisi par mon estomac pour me faire sa première infidélité de la course : je sens un écœurement – malheureusement bien connu sur d’autres courses auparavant – qui peut signifier une fin de parcours beaucoup plus laborieuse… Alors que j’avais prévu de zapper Merlans, je vais au contraire rentrer dans le resto (196e, 37h30), m’assoir et tenter de remettre d’aplomb mon petit ventre. La soupe n’ayant pas fait effet, je suis sauvé par un thé noir sucré-salé, bien chaud. Je sens qu’à l’intérieur de mon estomac, la normalisation est en cours. Je m’habille donc un peu plus chaudement (avec ma veste de pluie) et me remets en route pour les derniers 200 D+ qui me conduiront au Col de Portet et permettront la bascule sur la dernière descente, 1400 D- jusqu’à Veille Aure.
Je ressors donc pour rejoindre, cent mètres plus loin, le brouillard qui coiffe le col. Je marche tranquillement, laisse les enthousiastes de la fin de course attaquer à marche forcée cette dernière portion d’ascension. Je sais que ce n’est pas dans ce raidillon que je serai efficace, mais que je risque par contre de perdre beaucoup d’énergie qui pourrait venir à me manquer dans la dernière longue, très longue descente.
Voilà, j’y suis, je bascule. J’en ai terminé des 9800 mètres de dénivelé positif qui étaient au programme. Maintenant, c’est le dessert, la descente, la possibilité de lâcher les chevaux sans arrière-pensée. En réalité, je ronge encore un peu mon frein, car les deux premiers kilomètres empruntent les pistes de ski, « droit dans la pente ». Rien d’excitant, je suis contraint de faire fonctionner les cuisses, de retenir avec force mes pas pour ne pas prendre de vitesse. Je reste tranquillement calé derrière un bon descendeur avant d’aborder les portions plus roulantes. Yes ! Excellente surprise ! Nous ne suivons pas exactement le parcours fait en montée au départ du raid, mais prenons un parcours plus direct, sans aucune remontée. Excellent pour le moral !
Là, je commence à vraiment avoir envie d’en finir. Je m’applique à tenir une bonne vitesse dans ces descentes larges, tantôt sur des pistes de ski, des routes forestières, voire des portions de bitume. Entre 8 et 10 km/h, autant dire que « j’enrhume » pas mal de concurrents, toutes courses confondues. Je me sens à nouveau bien et profite de ces derniers moments d’une belle aventure. Les kilomètres défilent avec régularité et sans m’en rendre compte, me voici déjà de retour dans la civilisation ! Encore deux kilomètres. Il est 20h15, excellente heure pour achever un tel périple car les spectateurs sont encore sur le bord de la route et son vraiment chaleureux. Pour ma part, je vole, je tiens à 11 km/h sans trop de problème, je vois des cibles potentielles – soit des coureurs à rattraper – juste devant moi et me donne à chaque fois ce nouveau petit défi (qui me conduira à me faire gentiment traiter de « oh le con ! » par un coureur qui finissait au ralenti !).
Les premières maisons de Veille Aure sont à portée de main. Il y a, essaimés sur la route, des traileurs de tout âge, des enfants avec leur papa, des marcheurs, des épuisés, des vaillants, des émus, des habitués, des estropiés, des grappes de participants qui se sont regroupés pour finir… Bref, tout ce qui fait le trail et la dramaturgie d’un ultra. Les enfants tendent les mains que je claque avec plaisir. Je suis bien, fier d’être au bout dans une aussi bonne condition physique et psychique. La ligne est passée. Je suis 176e dans un temps de 39h25. Presque 2h de moins que l’an passé à l’UTMB pour des valeurs kilométriques comparables.
Quel bilan tirer de ce second Ultra ultra ? Tout d’abord, que j’aime définitivement cela. Ensuite, que le secret d’un finisher réside dans sa capacité à courir « en dedans » une bonne partie de la course, sans s’affoler ni se sentir dévalorisé parce qu’il se fait dépasser en début de course. Enfin, qu’il faut rapidement que le calendrier 2015 sorte afin que je puisse fixer un nouvel objectif, l’impression de grand vide ressenti au terme de la course ne se comblant qu’avec la naissance d’un autre but. Vivement 2015 !!
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2 commentaires
Commentaire de Cricridamour195 posté le 18-08-2016 à 12:28:19
Excellent récit, merci pour ce bon moment. Je me retrouve bien dans certaines situations et appréciations, et j'apprécie aussi les détails utiles concernant la gestion, la nourriture ou le materiel.
Mais pourquoi aucune photo, sur ce CR, ou sur les autres?
Commentaire de CharlyBeGood posté le 18-08-2016 à 23:35:06
Merci pour l'appréciation et heureux que tu aies passé un bon moment en me lisant.
Pourquoi pas de photos ? Parce que 1) je suis un peu fainéant 2) je n'en ai pas beaucoup 3) je ne me suis pas vraiment posé la question de comment les intégrer à mon texte.
Promis, je vais y réfléchir et tenter de m'améliorer (pas pour le prochain, qui est quasi déjà rédigé, mais pour celui du Tor, si tout se passe bien :O) )
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