L'auteur : yoshi
La course : Grand Raid des Pyrénées - Le Tour des Cirques
Date : 25/8/2023
Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)
Affichage : 1310 vues
Distance : 124km
Objectif : Terminer
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Petit retour sur cette course
Pour expliquer un peu l’état d’esprit dans laquelle j’aborde cette course, petit coup d’oeil dans le rétro depuis fin 2022.
Après un Trail des bogomiles (101km 4500mD+) assez roulant et pas si mal géré malgré la fièvre, finisher
Ultra Trail d’Angkor (100km, 1500mD+) début février avec une chaleur terrible (38°C) finisher (parmi les derniers)
s’en suit dans l’ordre :
UTHG 90km DNF, problème gastrique dès le km 4 (sandwich avarié je pense), abandon au km 34
il me restait plus vraiment que 6 semaines d’un véritable entrainement qui se passe plutôt bien mais très peu de sorties longues, tans pis on fera sans alors …
J’attaque donc cet ultra dont on m’a dit tellement de bien que je ne pouvais qu’essayer de le faire un jour et ce jour est arrivé. Ma petite famille est avec moi dans le sud et me suivra comme elle le peut durant l’épreuve, faisant mon assistance, tellement précieuse et réconfortante, surement une des clés pour être finisher pour moi.
Je pars avec Adrien, un ancien collègue devenu ami que j’ai mis au trail/ultra Trail, il se révèle excellent puisqu’en 2019 il a fait 32eme sur cette épreuve en 26h (malgré une défaillance à la fin, c’est dire le niveau …), il compte faire mieux, mais le parcours est différent.
Départ 7h00 de Piau, je laisse partir Adrien, je le reverrai évidemment pas :), c’est une fusée comparé à moi.
La journée commence mal, ma poche d’eau a fui sur le trajet vers le départ, je ne sais pas d’où ça vient, je prie pour que cela ne se reproduise pas en course.
Départ pour la boucle Piau - Piau : 9,8km, 780mD+ , arrivé à 8h26 (BH 9H10),
J’applique ma stratégie de course : je pars en sur régime pour moi, pour être tranquille au niveau des BH.
Ça monte tranquillement au train, je ne ralenti pas, et pour une fois je checke même mon rythme cardiaque pour voir si je peux tenir encore. Tout va bien, je sais que je pourrai pas tenir ça sur 120km, mais tans pis.
On surplombe les nuages, magnifique puis redescente vers Piau de nouveau. Le speaker annonce juste après mon passage, qu’il reste 400 concurrents à passer derrière, j’ai jamais entendu ça de mes oreilles MDR, moi qui suis souvent dans les derniers, la je suis 198eme
Direction Gèdre, un gros ravito km 27,7, 811md+, arrivé à 11h39 (BH 13h45)
Bon ce qui devrait arriver, arriva, gros coup de mou à ce moment, je me fais doubler de partout, envie de dormir comme d’habitude, je n’arrive pas à lutter contre ça. Je ne me souviens pas de grand chose ..
J’arrive à Gèdre tant bien que mal et aperçois femme et enfants qui m’encouragent, ça fait un bien fou. J’ai beau essayer de manger, ça a du mal à passer … je préfère me poser, et reste plus longtemps que prévu (déjà que je suis très lent dans les ravîtos). Je repars pour Gavarnie, avec de mauvaises sensations comme mon classement qui dégringole à vue d’oeil (359eme).
Direction Gavarnie, km 40, arrivée à 15h05, (BH 17h15)
La famille est là, et je tiens toujours mes 2h d’avance sur la BH même si j’ai reculé au classement (498eme)
Les paysages sont toujours aussi beau et aériens, et ça devient très technique par moment, mais cela reste flou encore dans ma mémoire. Après une grosse pause (encore, et même avec une petite sieste au soleil ..) au moins 45 minutes, je repars requinqué et plus frais.
En direction du retour à Gèdre (oui encore une boucle), je me souviens surtout de la majesté des paysages, des cascades d’eau tombant au loin, m-a-g-i-q-u-e !! J’ai adoré cette section, même si dès le début je me rends compte que cela est très dangereux et le bénévole (ou plutôt le guide de montagne) nous prévient que y’a des passage en bord de ravin, et qu’il faut vraiment regarder ses pieds. Mais quelle beauté.
J’arrive à Gèdre de nouveau à 21h54 (BH 0H30) km 65
la famille est là et je m’accorde encore une grosse pause, j’en ai besoin, et j’ai droit à mes petits plaisirs que connais mes proches : Orangina, barre sneakers et .. pizza mdr. C’est hyper sucré mais ça remonte le moral. Au bout de 30 minutes (oui oui toujours autant) au moins, je repars bien.
Le chemin vers Luz Saint Sauveur la base de vie en pleine nuit n’est pas trop compliqué dans mes souvenirs, et je reprends même pas mal de monde. Et même à 5km de la base, un ravito « sauvage » est là avec Café / Thé, que c’est réconfortant , Merci à ces gens (connu de l’organisation mais pas officiellement … bizarre)
Arrivé à la base de vie (km 78), je me change, mange bien et me repose ,comme je peux, je vais y rester au final … 1h30 alors que j’avais prévu qu’une heure max. J’ai encore de gros progrès à faire là … Je ressors de la BV à 3H30 (BH à 05H00). Je n’ai même pas été tenté de prendre une douche, d’une part parce qu’on m’a dit que c’était qu’un tuyau d’eau froide dehors (WTF) et qu’après mon expérience de l’ultra Ariège je privilégie le repos, tans pis pour l’odeur MDR. La section jusqu’au refuge de la Glère est costaud, 1500md+ à grimper dans du chemin parfois très technique …
Les jambes dans l’ascension se comportent très bien, je double même … En revanche il commence à pleuvoir, par petite goutte puis plus intensément lorsque j’aborde la plaine avant la montée finale. Ah cette plaine, un amas de rocher où il faut circuler au dessus ou entre … quand on trouve le chemin ! Le soleil se levant, avec la pente d’ailleurs, ça devient plus simple sauf que … un vent de malade se lève. Au loin j’aperçois tout la haut le refuge, ça semble loin et le chemin compliqué. La température a baissé très soudainement, et je mets tous ce que j’ai dans mon sac sur moi : la deuxième couche, mes gants (que j’ai un mal fou à mettre, ils sont gelés), et …(mais quel c.n ! alors) mon pantalon de pluie étanche je l’ai finalement remis dans mon sac de délestage alors que je le trimballait depuis le début. Pffff
Le vent est tellement violent que même en posant mes bâtons, à plat, ils se sont mis à glisser sur la roche, je les rattrape à temps avant de les perdre à jamais plus bas. En progressant, la pluie s’est même mis à tomber par endroit, et même parfois une espèce de grêle me fouettant le visage. L’apocalypse sur le col …
En atteignant le refuge des Glères (8H40, BH 11H30), le bénévole me dit de suite de me mettre au chaud rapidement … tiens bizzare comme phrase. Je rentre et … je vois au moins 10 coureurs assis sagement et un avec une couverture de survie. Aie
Bon je me dis, y’en a un qui a pris cher, et il me confirme. Je progresse et me dirige vers la salle plus grande et là … stupéfaction c’est toutes la salle quasiment qui est en couverture de survie. Jamais vu ça en 10 ans de Trail.
La bénévole annonce que la course est gelé (comme nous) jusqu’à amélioration des conditions météo, et on serait autorisé à sortir qu’à 10h30 à priori.
10h25 à peu près, on nous annonce qu’on peut y aller et ceux qui veulent abandonner peuvent aussi repartir par un chemin de 4x4. Je ne sais pas combien ont abandonné mais moi je décide de repartir sur la course bien décidé à finir cette fois, le DNF n’est pas une option même quand je viens de perdre presque 2h sur la bh involontairement.
Autant la montée suivante est pas si difficile, en revanche la descente derrière est vraiment technique et il faut pas traîner, car même si la BH a peut être été décalé (même pas sur et en fait non je crois …) , le mauvais temps est prévu de retour vers 17h.
Arrivé à la cabane d’aygues cluses km 100 à,14h19 (BH 16H00), je ne traine pas trop cette fois, même si j’ai repris un peu de marge avec la BH. Je vois au loin la montée courte mais avec les péripétie de ces dernières heures et la fatigue générale, ça va piquer !
Ben en fait pas tant que ça, j’avance à pas lent mais surement, les cuisses tirent, mais ça sent la fin alors je force ! Ça me rappelle la montée du col du tricot de la TDS (l’ancienne) en plus court car au même kilométrage quasiment. La descente derrière est pas trop difficile mais fait mal aux cuisses quand même et ces rochers bon sang , ça me rappelle ceux de l’échappée belle finalement.
Merlan (km 111) à 18h04,
Donc Direction le restaurant Merlan, lieu du dernier ravito avant l’arrivée, je me sens presque finisher déjà !
L’avant dernière montée avant Merlan n’est pas particulièrement difficile, mais l’impatience la rend un peu difficile mentalement. Mais je me sens bien , et je suis sur un second souffle, comme d’habitude vers ces kilométrages. Arrivée au ravito, je m’y attarde pas trop, car mon objectif est d’arriver avant la nuit, ça me ferait ch… de sortir ma frontale. Au loin, la dernière montée, bien propre … Et ben franchement, pfff … illusion d’optique ou pas, mais j’en bave bien quand même, hâte d’en finir.
Passé enfin le col, une longue descente m’attends, au début je décide de trottiner tranquillou, et puis finalement j’alterne marche rapide et course. Le temps se met à se gâter, et il pleut de plus en plus, et le chemin est devenu de la bouillasse, obligé de passer sur le côté pour pas trop glisser. La dernière partie qui descend sur soûlant est glissant avec une grosse descente raide en mode « chasse neige » dans la boue ! 3km avant l’arrivée je retrouve femme et enfants, qui courent sur 200m avec moi, très motivant et super.
Enfin se profile l’arrivée, je reconnais la route, je cours comme un lapin à la vitesse vertigineuse au moins à 10km/h, un sprint à ce stade de ma course. La pluie devient très intense, mais je franchis enfin à 20H27 après 37H27min de course, quel pied ! Je suis complètement trempé dedans et dehors, mais heureux …
Merci à ma petite famille qui m’a fait une assistance aux oignons, et aux encouragements des potes via internet, ça m’a accompagné tout du long psychologiquement, point où j’ai le plus progressé ces dernières années, plus qu’à faire des entrainements moins light et moins de pauses. Si je mets bout à bout toutes les pauses, je suis au moins à … 3H à 3h30 d’arrêt.
Bref, finisher sur ma course objectif de l'année, la plus longue en temps. Je sens que ce ne sera pas la dernière fois dans les pyrénnées ...
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2 commentaires
Commentaire de Miche posté le 12-09-2023 à 08:31:00
3 récits sur le Tour des Cirques cette année, il a du se passer quelque chose... Le refuge de la Glère et son interruption de course pendant plus de 2 heures y est pour quelque chose. Ceux qui en sont repartis semblent avoir survécu à un événement spécial... Je n'aurai pas aimé être serré dans le refuge comme vous l'avez été, mais c'était mieux que dehors !!
Super mental et bonne préparation du matériel car il fallait être bien équipé aussi pour passer.
Je serai très heureux de te revoir au GRP (ou ailleurs dans les Pyrénées), on y peaufine nos cailloux pour qu'ils soient beaux et accueillants ;-)
Commentaire de Chikito posté le 19-02-2024 à 15:08:38
Hello, merci pour ce récit , je faisais parti des quasi 100 coureurs entassé dans ce refuge, sacré souvenir ^^. Et je suis arrivé à 6h41 complétement glacé avant qu'ils interdisent de repartir vers 7h.
Cela aura permis à la plupart de se réchauffer (merci les CDS et les soupes bien chaudes préparé par l'orga) et de se reposer.
La lutte fut intense pour repartir sur le tracé et ne pas abandonner, tellement la fatigue, la pluie et le froid ont usé les organismes, mais je crois qu'au final une grande majorité est repartie et a terminé cette course magnifique.
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