L'auteur : Gilles45
La course : Le Grand Raid des Pyrénées
Date : 24/8/2018
Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)
Affichage : 4004 vues
Distance : 160km
Objectif : Pas d'objectif
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La genèse :
Après une « Belle Echappée » de 144km en 2017, je me tâte un peu pour trouver un nouvel objectif pour l’été 2018.
Mon choix est aussi indirectement lié au tirage au sort de l’UTMB pour lequel j’ai un Coeff 2.
Alors oui, je sais les puristes vont me dire « ITRA, Poletti, Business, machin »…mais j’aime tous les styles de courses, de la plus saucisson à la plus Barnum.
Le dilemme ne sera pas long : recalé !
Désormais 2 choix s’offrent à moi, le GRP ou l’UT4M. Sur cette dernière course, je ne sais pas trop pourquoi, mais je fais un blocage. Les passages de transition dans les vallées (entre Belledonne et Chartreuse par exemple) ne m’attirent pas, et puis après l’EB, l’UT4M me parait assez peu attirant.
Bref, consultation de quelques personnes qui connaissent les Pyrénées et je clique !
La préparation est quasi similaire à celle de l’an passé, ou j’ai repris les conseils d’ElNumax, à savoir 4 courses avec environ 60/70 km avec un peu de dénivelé et de la technicité.
Je n’ai pas le choix, Orléans…c’est plat
Au programme :
- Le trail du Sancy 30km en apéritif de saison avec des potes
- Vulcain 73km : boueux, dur, pas hyper marrant…mais forge le mental en début de saison
- La Saint Guiral 65km (petite sœur du Roc de La Lune) : Génial, hyper ludique, un format nerveux proche des templiers en plus familial pour ceux qui connaissent Carole et Loulou les tauliers
- Le GR73 avec des potes…valeur sûre…j’adore les Bauges.
On ajoute à cela 1 mois de vacances en Corse et un entrainement croisé : 1/3 de course à pied et 2/3 de vélo de route.
L’avant Course :
La partie Logistique est assez simple, je décide de limiter les frais et j’opte pour le Camping le Rioumajou à Bourisp. C’est franchement impeccable et c’est également le camping permettant aux trailers de se doucher après les courses.
Moi qui suis habitué à courir seul en général, je suis à nouveau accompagné par la « Team Gillou » (ma femme et des amis) qui avait fait merveille dans mon assistance en Belledonne.
N’allez pas croire que je les force, en 2017, ils avaient adoré me suivre, échanger avec les bénévoles, avec vos familles peut être…bref, ils voulaient remettre ça…en plus festif et pro…contrat rempli
Certains d’entre-vous les auront peut être vu avec leurs t-shirt rose siglés et leurs cloches à vache. J’y reviendrai dans la partie course en tant que telle.
Bref départ d’Orléans jeudi matin, arrivée à Vielle Aure vers 14h. Le retrait des dossards se passe impeccablement bien si ce n’est…une veste imperméable avec la membrane carrément déchirée...heureusement la bénévole au contrôle a été assez conciliante. Ouf, ça passe !
A 18h, j’assiste au briefing sur la place de ce magnifique petit village et me projette déjà sur le passage – hypothétique – de la ligne d’arrivée
Le briefing et la Pasta party seront une belle métaphore de la course :
Le Briefing : hyper pro, carré, précis. On sent une organisation très professionnelle et qui a pourtant galéré en raison de tous les problèmes de changements d’itinéraire plus ou moins subit (problèmes notamment avec une association écologiste). Les messages clés sont dits, les trailers sont responsabilisés. Une communication d’adultes à adultes bien appréciable.
La Pasta : Elle donnera le ton de la gentillesse et du dévouement des bénévoles. Cela a été dit et redit un peu partout, mais il faut insister. Ils auront été au top de A à Z
La Course :
En préambule, je n’ai pas une mémoire des détails à la Bubulle, vous me pardonnerez sans doute des erreurs, approximations concernant les lieux…j’ai souvent du mal à remobiliser mes souvenirs de course.
J’arrive dans le centre de Vielle Aure vers 4h30 après un bon petit dej made in « recette Gatosport Maud Gobert » (je donnerai la recette a qui la voudra !).
L’ambiance est assez zen et feutrée, pas de grandes envolées lyriques. Il a du stress dans l’air notamment en raison d’une météo annoncée froide et maussade. Au final ce n’était pas si mal.
Je décide de courir au feeling, pas de montre, pas trop de Road book en tête (ça c’est moyen) et surtout de m’économiser jusqu’à la première base vie
Pan !!! 5heures pile, Coldplay, c’est parti
La première partie de Course du départ au ravito de Merlans est composée d’une longue ascension et une courte descente qui ne présentent pas de difficulté majeure et sert à étirer le peloton. Le passage dans la station du Pla d’Adet est surprenant avec déjà quelques spectateurs qui nous encourage à 6h00 du matin.
Le jour se lève vers 7h, surprise, la journée semble belle, le ciel dégagé. Il le restera toute la matinée
Sur cette première partie le physique va bien mais curieusement, le moral est moyen. Ma préparation a été perturbée par pas mal d’éléments et de stress (boulot…) et j’ai du mal à intellectualiser le fait que je vais passer 40h à gambader alors que je ne trouve pas de plaisir dans ce début de course. J’ai l’impression d’être spectateur du truc (ou de moi-même) plutôt que de vraiment le vivre. Bref, pas simple à expliquer !
Je profite de ce premier ravitaillement au restaurant de Merlans pour faire un focus sur TOUS les ravitos de la course : Je n’ai pas une énorme expérience « ultra » derrière moi, mais franchement c’est le top, il y a…TOUT avec des bonus (de la purée au col de Sencours, des crêpes Nutella ou confiture à Luz Ardiden, bonbon Haribo, soupe tomate, oignons, jambon de pays, fruits secs à gogo…).
Le constat, sur le GRP, je pense que vous n’avez pas besoin de vous charger à l’extrême. Mise à part un segment Sencours – Hautacam un peu long, je me suis débrouillé avec 1 litre de liquide / 2 pompotes et 1 barres pour toute la course. Ah si, j’ai gobé 6-7 Sporténine (et je n’ai pas eu de crampes)
Merlans – 7h25 – 69ème
La suite nous fait entrer dans le vif du sujet. J’avoue ne pas avoir tout capté lors du briefing, mais j’ai compris que sur la zone du lac de Bastan, nous allions aborder le Pas de la Crabe…et que ce n’allait pas être une partie de plaisir.
Et bien en effet, le terrain de jeu se complexifie et ressemble dans une certaine mesure à ce que j’avais pu rencontrer sur l’Echappée Belle : du pierrier, du caillou instable.
Je ne suis pas spécialement gêné d’autant que je suis encore frais et que le paysage est juste incroyable.
Petite parenthèse : Oui, le GRP est difficile notamment en raison de nombreuses montées/descentes de plus de 1000 de D+/D-, mais globalement la difficulté m’a paru assez nettement inférieure à ce que j’avais vécu dans Belledonne. Après c’est un avis très subjectif car très lié à la forme du jour et à l’expérience. Néanmoins ici les occasions de courir sont encore assez nombreuses. Surtout, entre une nuit dehors et deux nuits dehors. Il y a un monde
Cette partie sous le soleil est magnifique, technique, de la verdure, des lacs à n’en plus finir, faune, flore…plein les mirettes !
La descente vers la Mongie se passe bien avec une première vue sur l’impressionnant Pic de Midi que nous allons rapidement attaquer. La vue sur le Tourmalet et le Pic à Gauche est de toute beauté, j’enquille bien dans la pente
La Mongie est une première grande étape « familiale ». Beaucoup de monde est présent pour encourager les coureurs.
De mon côté, je suis frais, les jambes tournent bien, je commence vraiment à me mettre dans le rythme et à prendre du plaisir, cette partie plus technique, ces vues, le beau temps me font entrer de plain-pied dans l’évènement.
Psychologiquement, je décide de scinder l’aventure en 3 tronçons, comme si je faisais 3 courses différentes :
1/ jusqu’à la base vie de Pierrefitte
2/ La nuit
3/ la journée de Samedi
Une clé pour faire sauter le verrou de ma motivation : ne pas me concentrer sur moi, oublier l’heure qu’il est, la perf, le classement…non, simplement discuter avec les bénévoles, les « collègues », accepter les interactions plus facilement. Etre « Ici et maintenant » et pas dans la projection de ce qui vient
Ça marche, les jambes et me moral ne fléchiront plus jusqu’à l’arrivée (ce qui ne sera pas le cas de ma cheville droite, nous le verrons)
La Mongie – 10h40 – 67ème
Nous y sommes, l’ascension du point le plus haut de la course, le Pic du midi !!
J’ai hâte car c’est le premier point de rencontre avec la Team Gillou, il me tarde de les voir.
Je classerai cette montée en deux parties bien distinctes :
Jusqu’au Col de Sencours, c’est raide, d’abord direct dans la pente puis dans quelques singles assez techniques, puis la montée vers le pic en lui-même est essentiellement sur une piste assez large mise à part la partie sommitale.
Bref, je l’avais déjà lu, mais de mon point de vue ce n’est pas la partie la plus difficile du GRP, loin de là.
Le fait de voir où l’on va est aussi intéressant pour le moral
Je réalise la première partie avec un mec très sympa qui participe à son premier ultra depuis 4 ans après une belle expérience sur la PTL avec des amis. Je n’ai plus son prénom en tête mais la montée est passée rapidement jusqu’à Sencours. Lors de la montée, le ravito ne propose que du liquide, le solide sera pour le second passage.
Après une courte pause à Sencours, je commence à croiser les meilleurs trailers qui descendent pleine balle avec toujours un mot sympa. De mon côté je suis tiré par un participant du PTT qui en termine avec sa troisième étape (arrivée au pic).
Je suis déçu pour ma team car en quelques dizaines de minutes, le pic est plongé dans un temps hivernal : froid, vent, brouillard…
Par contre ils sont déjà bouillants, ils m’ont repéré à 100m du sommet et c’est un barnum d’enfer. Tout le monde m’applaudit, j’en suis presque gêné, mais c’est génial.
Je pointe, j’ai la bonne surprise de voir qu’un petit ravito imprévu est installé.
Pic du Midi – 13h00 – 55ème
La redescente se passe super bien d’autant que je suis boosté par le fait d’avoir croisé les miens. J’arrive au ravito qui est juste génial. Moi qui ai souvent du mal à m’alimenter, je me gave : Purée, soupe, fruits secs, saucisson, jambon, tucs, abricots et chocolat…
NB : Je n’ai perdu que 2 kg en course. Sue l’Echappée Belle c’était 6 kilo et beaucoup, beaucoup plus de coups de mou…
Sencours (retour) – 13h33 – 54ème
Je redoutais un peu la partie suivante. Sur le road book elle ne paie pas de mine, mais beaucoup l’ont décrite comme interminable et difficile, c’est en partie le cas, d’où l’importance de quitter Sencours avec des bidons chargés à bloc.
La descente vers le lac d’Oncet est magnifique sous le regard majestueux des vautours, puis arrive les premiers coups de cul vers les cols de la Bonida et d’Aoube quand soudain….changement de programme, la pluie, plus précisément une bruine qui mouille de plus en plus fait son apparition au moment où j’arrive dans la zone du lac vert et du lac Bleu.
Dans ces conditions, certaines descentes sont bien délicates et glissante.
J’ai notamment en mémoire une courte montée en bord de ravin, heureusement protégée par un impressionnant mur en Pierre.
Par contre le terrain de jeu est hyper varié et ludique. Quand les jambes sont correctes c’est fun
Dans ce mauvais temps, j’arrive sur le superbe alpage de la cabane de Bareilles.
Deux bénévoles sont là, au milieu des chevaux sauvages pour nous réapprovisionner en eau de la source. Le bonheur.
Je ne sais pas si cet alpage est accessible en famille, mais il sera l’un des plus beaux sites du parcours.
Allez une dernière montée, le Col de bareilles (230m de D+) puis ce sera le second RDV avec ma Team à Hautacam. Je suis le Rythme d’un certain Teddy qui me permet de garder un bon rythme.
J’arrive totalement trempé à Hautacam où heureusement ma femme m’a apporté des affaires sèches pour me changer
Hautacam – 16h54 – 51ème
Pour les prochains participants au GRP, lisez bien la partie suivante :
Sur le road Book, la partie Hautacam – base vie de Pierrefitte est une descente pour laquelle je comptais mettre deux heures.
J’enquille la descente à fond, les jambes déroulent à merveille et il me semble arriver – déjà – au-dessus du village. Bref je pense plier l’affaire en 1h max !
Bon et bien j’appelle tout le monde : « dans 15 minutes je suis là je pense »
Grossière erreur….l’arrivée à la base vie est une horreur. Une fois arrivé en bas, il faut courir dans villelongue (qui n’est pas Pierrefitte), longer une départementale crado et remonter dans un sentier pentu alors que je pensais arriver.
A ce moment, je pense manquer de lucidité, car je suis convaincu que cette montée m’emmène sur la suite du parcours et que j’ai raté la base vie. Il faudra 2 bénévoles pour me dire que je suis sur le bon chemin et me convaincre.
Bref, une courte remontée de 40 mètres en enfin je suis en approche.
A ce stade, tout se passe bien et je fais le choix de me poser une bonne heure pour recharger les batteries avant d’attaquer la nuit.
Le programme est dense : Podologues (qui vont me faire un super strap qui ne bougera pas de la course sur les deux coussinets de l’avant pied), repas, change complet, discussion avec la Team pour me changer un peu les esprits.
Les bénévoles sont oufs : me proposent une bouteille d’eau gazeuse hyper fraiche, viennent constamment me demander de quoi j’ai besoin…royal au bar !
En prime j’ai droit à un super massage au Baume du Tigre pour me détendre les quadris.
Dans mon esprit, j’ai terminé la première journée de Course – Part I Over !
Pierrefitte (entrée) – 18h34 – 50ème
Pierrefitte (sortie) – 19h36 – 64ème
La nuit me stresse particulièrement. En effet, depuis l’Echappée Belle, je sais a quelle point il est difficile de lutter lorsque le sommeil vous prend. J’appréhende donc particulièrement ces deux grosses ascensions.
En effet, dès le départ, c’est chaud au propre comme au figuré. Je suis un peu trop couvert, j’ai mangé, je suis en sous-bois où il n’y a pas un poil d’air.
La montée vers bederet et le col de Riou va être intense…1500m de D+ à se taper, c’est long, heureusement à compter d’une certaine altitude, plus d’arbre, de l’air.
Le balisage est impeccable, ce qui soulage mentalement
Globalement j’aurais souffert dans cette montée avec un bon gros coup de stress quand ma frontale principale (Armytek) me lâche provisoirement.
En effet, en voulant changer une intensité, elle s’éteint, impossible de la rallumer. Autant dire que faire la suite avec une petite petzl Tikka serait roots, voire impossible.
Elle se rallume après 10 minutes de manipulations hasardeuses…j’ai dû faire un truc que je n’ai pas compris, mystère
Bederet – 22h42 – 66ème
Passé le ravito de Bederet, il reste encore 200m pour aller chercher le sommet.
La météo est compliquée, brouillard, bruine, il est assez aisé de suivre l’impeccable balisage dans les montées mais ce sera plus compliqué dans la descente.
Pourtant, j’ai adoré cette longue descente jusqu’à Cauteret mais ce fut nerveusement épuisant :
- Baisser la tête pour regarder où l’on pose les pieds
- Lever la tête pour trouver les balises et les accrocher avec le faisceau de la lampe
A ce stade de la course, je suis surpris. En effet, sur des courses type GR73, je finis souvent en marchant, les cuissots en feu (j’habite en plaine). Là, nada, ça envoi, ça galope…je profite, je ne sais pas combien de temps ça va durer.
Je suis seul pendant plus d’une heure, je kiffe, personne ne me double alors que je ne suis pas un top descendeur
A Cauteret, je retrouve ma team fidèle au poste qui fait toujours un barouf pas possible. Dans les rues, les gens me repèrent tant ils se sont fait remarquer : « C’est Gillou, Allez Gillou »…c’est génial !
Comme je pensais arriver deux heures plus tard, je me pose la question de dormir ou pas, finalement ce ne sera pas nécessaire, je verrai sur la seconde base vie.
A ce moment de la course je suis bien, mais je note que ce ravito est un peu glauque avec pas mal de trailers en difficultés. Si on n’est pas bien à ce stade de la course, ça peu vite plomber le moral.
La salle de repos du casino est blindée.
Cauteret – 00h36 – 63ème
J’attaque la seconde grosse ascension de la nuit. J’avoue ne plus avoir beaucoup de souvenir de cette partie. Je ni trop souffert, ni été dans l’euphorie…bref RAS, c’est brumeux tant dans mon esprit que dans le décor.
D’ailleurs ce fut une constante cette nuit : passé 1500 m d’altitude, la bruine formait un halo blanc assez pertrbant devant les frontales.
Bref, une fois le col du Lisey passé, voici une arrivée que je qualifie de « lunaire » à La station d’Aulian – Luz Ardiden : Nous sommes seulement 2 au ravito dans ce gros restaurant de station. Les bénévoles nous proposent des crêpes, des bonbons Haribo…c’est le top. Une ambiance feutrée, familiale hyper reposante. Merci, merci, merci
La descente sur Luz Saint Sauveur se passe toujours en courant et à le recherche des balises (heureusement d’excellente qualité).
Bon…l’arrivée dans le village, comme à Pierrefitte n’est pas top car loooongue, bitumeuse…mais c’est le prix à payer pour simplifier la logistique de l’organisation.
Vous connaissez la musique maintenant…ma team est là…ambiance, barouf, cloches, ballons gonflés !!
Par contre, si moi je vais bien, dans la base vie c’est Waterloo. Qu’ils s’agissent de coureurs du 160 ou des autres courses l’ambiance est morose. De mon côté, je décide – pour une fois – de faire parler la sagesse et de dormir un peu. J’ai la chance de pouvoir aller dans le monospace familiale (que je vais d’ailleurs empester, mais ça je ne le saurai que plus tard quand ma team m’expliquera avoir eu un fou-rire après mon départ !!!)
Parenthèse : lors de l’EB, j’avais opté pour 2 pauses sommeil d’une heure. Beaucoup m’ont dit que c’était trop. En effet, j’opte pour 20 minutes. Le résultat sera franchement meilleur.
Le jour va se lever sous peu. Etape II – Over !
Ma team va se coucher pour un repos amplement mérité, nous ne nous reverrons que bien plus tard
Luz Saint Sauveur (entrée) – 5h11 – 53ème
Luz Saint Sauveur (Sortie) – 6h04 – 50ème
Alors sur la partie suivante, je n’avais franchement rien, mais rien compris au road book. Quand on lit le profil ça monte or…rien dans un premier temps, du plat, du single en balcon.
Bref, ça m’énerve, je ne comprends pas pourquoi on n’attaque pas la pente.
C’est évidemment un signe de fatigue et d’agacement mais qui jouera sur mon moral un peu plus tard.
En effet, nous attaquons enfin la montée vers le point eau (et haut) de la cabane de Sardiche. Là je suis certain qu’il faut désormais descendre…et bien non…il faut encore grimper 600m jusqu’au Sarrat de Lagues.
Pour ceux qui connaissent Belledonne, cette partie est pour moi un petit Moretan d’autant que je suis passé dans les mêmes heures matinales que lors de l’EB.
Une bonne grosse montée dans les pierriers et une vue magnifique mais déprimante….oh qu’ils sont loin (et petits) les collègues tout la haut
En même temps, je me fais toujours cette remarque, finalement, les cols que nous apercevons et qui semblent si hauts sont assez rapidement atteint.
Cabane de Sardiche – 08h07 – 48ème
Arrivée au sommet ma course bascule, ou aurait pu basculer de manière plus « dramatique ».
Dans la descente, en admirant la mer de nuage et la vue incroyable, je manque un appui : craque cheville droite, douleurs intense…et nous ne sommes qu’au 130ème…
Je suis très très perturbé par cet évènement. J’arrive tout doucement au refuge de la Glère, je me pose en terrasse…la cheville a déjà doublé de volume
(Verdict post course : Entorse avec arrachement osseux).
La douleur est supportable mais la question qui me taraude : Comment vais-je finir la course sans me péter définitivement la cheville/les ligaments sur un autre appui ??
Je suis obsédé par le fait de me la torde à nouveau.
Refuge de la Glère – 09h45 – 48ème
Heureusement, après le refuge, la descente vers Tournaboup se fera essentiellement par une piste de ski. C’est moche, c’est des cailloux en vrac, mais en courant sur le bas-côté, je suis plus rassuré quand dans un single technique.
L’arrivé au ravito est interminable, bitume en descente, bitume en montée.
Comme d’hab’ l’accueil des bénévoles est top
Au-delà de la cheville, les jambes et l’estomac vont bien, ce qui me surprend toujours autant. Je fais un stop rapide
Tournaboup – 11h02 – 48ème
Le démarrage du ravito est difficile, la cheville a encore enflé. Je pourrais utiliser mon élasto mais…je ne sais pas comment faire un strap de qualité. Bref, je décide de repartir assez vite pour ce que j’identifie comme étant la dernière grosse difficulté de la course.
Effectivement ça monte assez fort jusqu’à la cabane d’Aygues Cluses mais ce n’est pas hyper technique. J’en profite pour discuter avec des coureurs du 80, j’ai également en point de mire une jeune femme avec un Buff KIKOUROU.
Il me semble qu’elle était accompagnée. Je ne me suis pas fait connaître c’est dommage.
Au refuge, je parle de ma cheville à une bénévole, elle me dit : « mais nous avons un pompier, il va vous regarder ça ! ».
Effectivement, hyper sympa le pompier même si sa première remarque est :
« ouh là, vous savez qu’en théorie je devrais t’arrêter. Tu as déjà eu ce genre d’entorse ? »
« Euhh oui, mais au basket, il y a des années »
« OK, alors je ne t’arrête pas si près du but. Les montée ne m’inquiètent pas, mais en descente, tu marches et tu fais gaffe »
« merci ! »
Désormais, peu importe la vitesse de progression, assurer, assurer pour ne pas faire d’erreur d’appui. Le strap me sécurise bien cependant
Hourquette Nère – 13h52 – 41ème
Je ressors, il reste 300m de D+ à aller chercher pour être au col de Barèges.
Parenthèse pour vous les futurs participants : La vue vers le haut du col à ce stade de la course est déprimante. Que cela semble haut !!!
Et bien, nous avons grimpé à 3ou 4 coureurs et nous sommes fait la même remarque : finalement c’est passé assez vite. En 15/20 minutes c’est plié
En haut la vue sur les lacs est incroyable, magnifique.
Là je suis perturbé par un bénévole qui confond peut être les différentes courses, il me parle de deux grosses montées alors que dans mon esprit il n’y en a plus qu’une.
Bref je chemine avec des mecs sympas (dont un qui a perdu un bâton, et fait toute la course avec 1 seul !) pourtant j’apprécie très moyennement cette partie qui chemine vers le lac de l’Oule.
C’est joli, technique, en bord de torrent, ombragé par moment, mais la cheville agit comme une charge mentale, j’ai du mal à passer outre. L’incertitude de la suite du parcours joue aussi (c’est là que le manque d’analyse du road book est une erreur. Je mélange tout, je n’ai plus de certitude)
Et là Miracle, la montée vers le restaurant Merlans se passe comme dans un rêve, je suis ravi de remonter, d’appuyer sur les bâtons, je dépose des participants du 40, du 80, c’est vraiment le Kiff.
Par contre arrivé en haut, c’est l’hiver : vent, bruine, froid.
J’entre dans le ravito, je dévore et go.
Restaurant Merlans – 15h56 – 46ème
Je repars pour la dernière montée jusqu’au col et la descente finale et oh surprise ! La team Gillou a réussi à monter en voiture au col de Portet. Génial.
La descente est assez bof mais dans l’euphorie du moment chaque pas me rapproche cette fois vraiment de l’arrivée alors…
Le début est un peu compliqué : de l’alpage avec de nombreux sillons pas simple à exploiter puis après une grosse descente dans la pente, un enchainement de routes et de chemin jusqu’à Soulan puis Vignec
A ce stade de la course, tous les participants ont un petit mot gentil pour les « dossards rouges » du 160, c’est hyper touchant.
De mon côté, j’ai quand même gardé mon instinct de compétiteur, je sais que je suis dans les 50 et je veux y rester. J’ai donc un œil dans le rétro
Je me force à courir…assez facilement au final malgré la cheville et ne serait repris que par un seul coureur.
NB : je ne sais pas comment je passe de la 40ème à la 44ème entre Vignec et Vielle Aure sans être doublé mais peu importe ! Je surkiffe
La fin est un peu longuette, j’ai hâte, l’émotion monte.
Avant dernier kilo : deux coureurs du 80 me tirent et m’encouragent pour que je continue à courir sur la route
Dernier Kilo : magique !!!
Les spectateurs par dizaine au bord du chemin et de la rivière, des encouragements comme au tour de France et bien sûr la TEAM GILLOU a fond sur la ligne d’arrivée.
Les jambes sont légères, je pense être à fond (alors que je dois être à 10/12 km/h max)
Que c’est beau
Que c’est bon
Que ça valait la peine
Vielle Aure – 18h20 –44ème
La suite : Embrassade, fierté, émotion, bière, frites, émotions, bière, médaille, bière, douche au camping…
Bon j’oublie la seconde partie de soirée : hôpital de Lannemezan, 3 heures d’attentes (surtout pour ma team car moi j’ai dormi !!), épuisement, radio, attelle, entorse, arrachement osseux…retour à la toile de tente à 2h du mat’…dodo
Lendemain matin : bonheur, sur un nuage, village en fête, bandas, café, viennoiserie, belle rencontre avec un couple adorable dont le fils est équipe de France de Course en montage. Shopping à Saint Lary avec la team et retour à Orléans
Merci ma Team
Merci Collègues trailers (toutes courses confondues) pour ces moments de partage
Merci Les bénévoles, 1000 mercis les bénévoles
Merci l’orga, Miche et tous les autres…
Pour les futurs participants quelques infos/détails en vrac :
- Matos : Chaussure D4 Kiprace jusqu’à la première base vie puis D4 MT
- Bâtons sur le sac jusqu’à Pierrefitte puis je les ai bien utilisés, notamment pour soulager la cheville
- Je valide l’entraînement croisé vélo/Course
- J’ai fait du jus 12 jours avant la Course sans aucune sortie, rien, nada, et bien passées 3 premières heures assez molles, j’avais du jus, je l’ai gardé
- Je valide le fait de boire et de manger beaucoup plus que sur mes courses précédentes : pas de coup de bambou
- Au final, je n’ai pas mes points UTMB car le GRP n’est pas affilié ITRA…c’est donc raté pour 2019 alors que j’étais inscris d’office mais….je m’en moque !!! je vais revenir au GRP !
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4 commentaires
Commentaire de jujuhrc posté le 27-08-2018 à 21:07:34
Merci pour ce super récit.
Commentaire de Gilles45 posté le 28-08-2018 à 13:14:28
Merci Jujuhrc
C'est toujours long de faire un CR, mais c'est les récits qui m'ont donné envie de me lancer. Alors je fais pour ceux qui auraient envie de découvrir cette belle course
Commentaire de DJtef posté le 28-08-2018 à 11:09:36
Super récit, bravo pour ta superbe gestion de course.
J'ai la réponse pour ton passage de 40e à la 44e place entre Vignec et Vielle-Aure, Tous les coureurs n'ont pas pointé à Vignec, il y a eu quelques soucis ;)
Commentaire de Gilles45 posté le 28-08-2018 à 13:13:30
Merci pour la précision DJtef et pour ton commentaire !
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