Récit de la course : Grand Raid des Pyrénées - Le Tour des Cirques 2023, par Bambou44

L'auteur : Bambou44

La course : Grand Raid des Pyrénées - Le Tour des Cirques

Date : 25/8/2023

Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)

Affichage : 1596 vues

Distance : 120km

Objectif : Terminer

2 commentaires

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Quand RIEN ne va, c'est là que TOUT va bien se passer!!!!

A mon coach préféré
Cher Ludo


Toujours pas redescendu de mon petit nuage sur lequel tu m'as certainement senti  flotter le week-end dernier.
Une nouvelle fois, je préfère te consigner  par écrit mes réflexions sur ce bel événement pour aussi pouvoir nous en resservir quand les temps moins sympas pourront arriver!!
Eh oui, 5ème départ pour ma part du Tour des Cirques 120km dont 2 arrivées, 1 abandon au 45ème et 1 élimination au 65ème avec dernière participation en 2017 donc 6 années de plus au compteur, après avoir plusieurs années durant arpenté fin aout plutôt les pentes alpines!!!!

 

Semaine cool relax à travailler et à faire des séances d' escalade répétées avant de reprendre la route pour le Sud-Ouest le mercredi avec un covoiturage sympa entre Bordeaux et Dax.
Une bonne journée à profiter en famille et à se reposer à Dax avant de reprendre la route durant une journée caniculaire pour poser la tente à Vielle Aure.
Le jeudi après-midi, j'arrive sous la lourde fournaise et un ciel très menaçant: sur la place centrale du village, lieu de plusieurs départs et de toutes les arrivées, j' arrive à retrouver Marine avant d' aller chercher mon dossard.
Pour une fois sur le GRP, c'est un gros souk après une longue queue qui n' avance pas et me fait perdre plus de 45mn à transpirer et me déshydrater; je loupe ainsi tout le début du briefing des courses dans une vaste prairie en amphithéâtre avec plus de 1000 coureurs des différentes distances très attentifs aux instructions: impressionnant. Mais les infos avec l' annulation de l' Echappée Belle, la chaleur accablante et les risques forts d'orages pour le week-end n'incitent guère à l' optimisme; annulation, neutralisation peuvent nous tomber dessus à tout moment!!

Nouveau souk de la soirée pour la pasta party avec là encore 45mn debout à perdre un peu d' influx nerveux!!
Retour à la tente mais le début de la nuit vers 21-22h n'est pas de tout repos avec un groupe de jeunes dans le camping faisant un grand concert avec battements de pieds mais évitant tout de même le son des casseroles; par contre, les températures de 38-40° de la journée ne me gêneront pas trop.


Finalement , je me réveille presque frais vers 4h30 et arrive pour une fois à m'habiller tranquillement bien relax.... sentiment qui prédominera toute la journée. 

Par contre, du fait de mon arrivée tardive, je n'ai pour petit-déjeuner qu'un paquet de biscuits et une compote, ce qui risque d'être bien insuffisant pour tenir l' épreuve. Et puis, je ne retrouve pas le capteur pectoral du cardiofréquencemètre qui a dû tomber quelque part. J'ai bien sûr le cardio au poignet, mais je sais que ma COROS délire profondément sur beaucoup de ces valeurs dont la FC et que j'ai vraiment besoin d'être sûr que je ne pars pas à une fréquence cardiaque trop rapide dans les premières heures !!! J'aurais dû en recevoir une nouvelle en échange avant le départ, car l' alti-baro me signalait des D+ de 500m lors de mes siestes et transformait les mornes plaines nantaises en profonds canyons multiples,.... mais FEDEX en a décidé autrement, donc je sais que je ne pourrai pas trop compter sur les infos de ma montre .


Montée en car jusqu'à Piau-Engaly ou le départ sera donné à 7h au petit jour, dans un air enfin léger. Un nouveau petit coucou à Marine qui a le niveau et l' énergie encore de la jeunesse et c'est parti!!!!
Tout doux tout doux car ça démarre par une boucle au-dessus de la station avec 700m D+.
Donc, comme je suis un bon élève obéissant, je fais comme conseillé par le coach et je sors les bâtons: problème problème aucun des 2 bâtons 3 brins n'accepte de se déployer malgré mes efforts répétés. Alors que je les avais utilisés sans problème il y a 15 jours, ils se sont grippés. Tant pis, j'essaierai de trouver une pince sur un ravitaillement et de toutes façons,je sais que j'ai déjà terminé le Tour des Cirques sans bâtons lors de la préparation de la Diagonale des Fous; donc psychologiquement, je ne suis pas trop inquiet par ce nouveau petit coup du Destin.


Au bout d'un quart d'heure de montée, je me rends compte que je rejoins Anne-Laure. En recherchant les numéros de dossards féminins de Marine le dimanche précédent, j'avais remarqué que figurait dans la liste Anne Laure. Nous avions partagé un grand bout de chemin sur l' édition 2015 du Tour des Cirques avant d'être éliminés par les barrières horaires avant Luz Saint Sauveur et j' étais donc super-heureux de sa participation éventuelle. Après consultation d'  internet, je me suis aperçu que la jeune femme n' avait pas chômé depuis 2015 et qu' elle avait partagé son expérience dans un podcast "Ultra Talk" que j'ai écouté attentivement tout ce dimanche après-midi tout en effectuant des rangements ; de débutante absolue en sport en 2013, elle avait ensuite enchainé trails puis triathlons y compris Ironman avant en 2020 de se faire la Traversée des Pyrénées en solitaire et de continuer par la traversée des Alpes en 2021. Dans le même temps, de la longue distance vélo avec 300 puis 500km de la Race Across France pour réussir à terminer début juillet 2023 les 1000km de la RAF. Donc, clairement, une personne sérieusement inspirante apte à surmonter de multiples épreuves et en compagnie de qui je pourrai retrouver si nécessaire de la motivation.!!!!
En l'abordant dans la montée,je lui dis"Allez Anne-Laure, cette fois-çi,on va au bout ensemble".


Et la montée s'est poursuivie tranquillement, sans bâtons et avec une montre de fiabilité très aléatoire, mais dans le sublime spectacle d'un petit-jour de montagnes surplombant une mer de nuage avant d'arriver au sommet du télésiège du Pic de Piau et de redescendre pour la première boucle vers la station.
Au ravitaillement, je suis content, car mon plan de course me plaçait tout près des barrières horaires à ce premier pointage alors que j'avais presque 30mn d' avance. On peut donc partir vers la montée plus sauvage du Port de Campbielh particulièrement relax. Habituellement, je n'aime pas trop les montées mais cette seconde se passe de nouveau très facilement avec une FC bien maîtrisée et sans essoufflement excessif. Arrivé au sommet, je m' assois pour profiter du paysage et au moment de me relever, je me rend compte que ma poche à eau fuit car je viens en m' asseyant dessus de casser l' embout buccal; heureusement,le mécanisme est démoli juste après le robinet d' arrêt me permettant de ne pas perdre tout ce précieux liquide lors des moments de chaleur prévus même si j'ai 2 flasques de 500ml de réserve.


S'ensuit une belle descente de 1500m jusqu'à Gèdre en compagnie de Anne-Laure et d'un de ses amis d'entraînement; malheureusement,  si elle a une endurance à toute épreuve,  la descente n'est toujours pas son point fort comme il y a 8 ans ou elle était handicapée par une entorse récente. C'est donc durant près de 2h une succession de périodes ou je me lâche sur quelques centaines de mètres avant de m'arrêter ou ralentir pour attendre et encourager Anne-Laure.

Cette descente a été, j'en suis sûr, une des clés de ma fin de course réussie, car j'ai évité de me cramer dans ces longues descentes où habituellement, j'adore dévaler à fond pour le regretter amèrement à la première côte revenue!!
Lors d'un arrêt, je cherche le sac contenant mes réserves alimentaires: zut,soit je l' ai oublié dans la tente soit il est tombé; il ne me reste donc qu'un petit paquet de biscuit pour tenir 50km avant de pouvoir refaire le plein à la Base Vie. Tant pis, je mangerai plus aux ravitaillements!!


Après le ravitaillement de Gèdre au 26ème km, on remonte progressivement à flanc de montagne pour enfin déboucher vers Gavarnie et se prendre à un détour de chemin le spectacle des murailles du Cirque majestueux avec juste quelques petits nuages et une chaleur qui reste acceptable.
Arrivé au village,les pinces d'un magasin de sport  ne parviendront qu'à débloquer un seul de mes bâtons; je ne vais quand même pas en acheter une nouvelle paire dans ce lieu à touristes donc on continuera sans!!!

 


A la fin de la journée, on remonte au bord de falaises calcaires impressionnantes du fond du Cirque vers le Refuge des Espugettes; à chaque fois que j'y étais passé pour le GRP , j'avais un peu maudit le fait d''être en course et de ne pas avoir le temps de profiter du coucher de soleil sur ce décor sublime. Mais heureusement, en 2019, j'avais enfin réussi à y passer une vraie nuit avec coucher et lever de soleil dans le Refuge pour m'en mettre plein les yeux.

La montée jusqu'à la Hourquette d'Alans s'avère un peu plus laborieuse que les précédentes mais les 1000m de D+ depuis Gavarnie  commencent à peser un peu; le crépuscule se rapproche et l'idée de mettre les frontales uniquement à Gèdre s 'éloigne rapidement; la descente dans le Cirque d' Estaubé jusqu'au lac des Gloriettes s'effectue un peu au ralenti, car Anne-Laure signale que son talon est devenu très sensible à l' appui ce qui gêne bien évidemment la foulée. Alors que plusieurs coureurs ont déjà allumé leur frontale, nous essayons de rester encore quelques minutes avec la simple vision crépusculaire mais au bout d'un moment le risque de se prendre les pieds dans un obstacle rend ce petit jeu déraisonnable.
Après le lac, comme nous allons affronter une nouvelle longue descente, j'explique à Anne-Laure que je vais partir devant en courant, pour pouvoir disposer d'un peu plus de temps au ravitaillement afin éventuellement de me reposer un peu et faire une micro sieste, car les 15h de course commencent à laisser quelques traces. La descente est assez technique et caillouteuse; je sens que je suis bien, donc j'accélère autant que possible pour ainsi gagner des minutes de repos supplémentaires; Je double ainsi plus d'une quinzaine de personnes qui nous avaient dépassé depuis les Espugettes.


Fin de la boucle de Gavarnie et retour au ravitaillement de Gèdre ou l'on s'était arrêté en début d'après-midi; quelques aliments puis un coup d'œil à mon téléphone. Si je savais que j'étais maintenant largement en dehors de mon plan de course initial rêvé de 32h, les prévisions d' allure de Livetrail me mettent l' angoisse. On est censé arriver à la base vie de Luz-St Sauveur à 4h30 pour une barrière horaire de 5h ; ça devient vraiment trop chaud cette affaire.
Aussi quand Anne-Laure me rejoint au ravitaillement après une vingtaine de minutes, je lui annonce avec un profond sentiment de tristesse et de culpabilité qu'il faut que je trahisse ma promesse initiale; nous n'irons pas au bout de l' aventure ensemble!!


Au milieu de la nuit, c'est le début d'une seconde course de 60km , plus solitaire et moins contemplative; parti tranquillement en marchant dans les pas d'un duo de coureur, je me rend vite compte que j'ai envie et la capacité d'accélérer.
Et c'est parti pour une folle remontada avec des jambes de feu; sur les 15km jusqu'à Luz, dans les montées que je parcours avec une marche bien efficace sans aucune gêne, comme dans les descentes ou je peux y aller à fond, je double ou redouble une bonne trentaine de coureurs. Quel sentiment extraordinaire dans cette nuit bien installée sous un petit crachin, quand on voit une petite loupiote au loin et qu'on a l' impression de fondre sur elle, mais j' évite quand même de trop m' emballer car je sais qu'à ces moments d' euphorie succède souvent une période plus difficile.


J'arrive à la base vie à 3h00 donc avec plus de 1h30 de gagné sur les prévisions et bénéficiant ainsi d' un matelas de sécurité confortable me permettant d'être plus détendu lors de cette pause de 45mn.Dans mon sac de rechange, je peux enfin reconstituer une bonne réserve alimentaire avec compotes et barres DECATHLON, mais une nouvelle fois, gros problème d' inorganisation; si j'ai au moins 2 tee-shirt de rechange, je ne retrouve pas la paire de chaussettes. Zut, il va falloir que je garde jusqu'à la fin les chaussettes qui puent et qui sont bien humides. A défaut, je remet une couche bien épaisse de AQUAPHOR baume qui me protège généralement bien des frottements, que ce soit aux pieds ou à l' entrejambe, source parfois d'une gêne immense lors de certains ultras.
J' évite quand même de trop m' attarder et de nouveau de me rapprocher  de ces satanées barrières horaires, dans ce lieu où l'on croise pour une première fois des coureurs du 160km, dont le parcours divergera peu après.


Démarre ensuite une partie qui risque de s' avérer compliquée et que je n'avais pas parcouru  lors des  précédentes éditions; la montée directe vers le Refuge de la Glère puis un col pour près de 2000m de D+. Jusqu'au lever du jour, la forme est encore là avec une montée régulière en sous-bois. Quand on débouche sur un large vallon que l'on remonte, le terrain devient nettement plus technique avec des pierriers peu volumineux mais quand même bien fatigants pour trouver sa trace et surtout le ciel qui devient assez menaçant; quelques belles saucées, un peu de tonnerre et surtout le vent qui commence à souffler en rafales. Quand arrive enfin ce fond de vallon et que je crois le refuge à proximité, cruelle désillusion; je vois des petits camarades  en train de gravir une haute montagne sur le côté presque derrière nous à 180°!!. Malgré la sensation de ras le bol et de ne jamais voir la fin, qui m' assaille pour la première fois de la course , je remonte donc à l' envers cette sacrée montagne tout en ayant commencé à faire quelques brefs arrêts pour me doper, comme à mon habitude, à coup de framboises sauvages et de myrtilles!! Quelques brefs moments de plaisir pour regonfler le moral. Juste avant de plonger enfin sur le Refuge, le vent s'intensifie pour souffler en rafales très déstabilisantes surtout à proximité des crêtes ou ça devient carrément de la tempête à décorner les cabris. Remotivé par l' arrivée très prochaine dans un endroit à l' abri des intempéries, je redouble plusieurs personnes dans ces petits chemins en descente.


Refuge de la Glère 8h50: bizarre, personne sur la terrasse et surtout aucune âme au loin sur le chemin vers le Col. Un bénévole sort pour le pointage et m' annonce que la course est neutralisée, car plusieurs coureurs ont dû redescendre du Col, du fait du vent vraiment trop dangereux à cet endroit risqué et des prévisions fortes d'orages intenses . Entrée dans le Refuge ou plutôt dans la Cour des Miracles; partout des personnes emmitouflées dans leur couverture de survie, entassés dans les couloirs et les différentes pièces; entre 50 et 100 personnes, dont certains déjà présents depuis plus de 2h à se reposer, à avaler une soupe et à attendre l' annulation ou la reprise de la course suivant l' accord de la Direction de Course liée aux prévisions météo. Beaucoup de personnes lassées d' attendre dans l' incertitude totale, encouragées par les bénévoles, préfèreront alors abandonner et redescendre sur Tournaboup où un moyen de transport devrait pouvoir les ramener sur Vielle Aure.
10h15, enfin la responsable de poste signale, que du fait d'une fenêtre météo plus favorable jusqu'en début d' après-midi, ceux qui le souhaitent peuvent repartir mais en groupes.
Après donc près de 1h30 d'interruption, je me joins à plusieurs dizaines de coureurs qui essaient de se remettre de cette période d'inactivité forcée pour aller franchir la Hourquette de Mounicot en escaladant des dédales de rochers. Au sommet de la Hourquette, des guides nous conseillent de descendre tout doux ,car au début le terrain très escarpé est rendu bien glissant. Jusqu'au lac Nère au milieu de blocs de roches, je ferai de nouveau un certain nombre d' escales pour déguster à chaque fois quelques poignées de myrtilles qui n'attendaient que moi et surtout profiter du panorama en cette matinée enfin apaisée.
La suite du voyage jusqu'au refuge d' Aygues Cluses deviendra de plus en plus lourde en même temps que la chaleur s'accentue, les montées que je sais être surtout derrière moi, me pèsent comme souvent; en redescendant du Col de Tracens, je fais une belle chute dans les rochers et me cogne les deux derniers doigts droits. Durant quelques minutes, du fait de la gêne, j'ai craint de m'être cassé l'auriculaire mais non finalement juste un trauma sans conséquences.
Et en plus, ma COROS qui s'éteint car malgré que je l'ai rechargé avant le départ, certains paramètres ne lui ont permis de tenir que 32h au lieu des 45h théoriques. Dommage, je ne pourrai pas analyser la fin de mon parcours à postériori!!

A Aygues Cluses, pour la première fois, tous les coureurs du 160,120 et 80km vont se mélanger pour ne plus se quitter jusqu'à l' arrivée; entre les presque frais du Tour des Lacs 80, les pas trop mauvais du 160 et la queue de peloton du Tour des Cirques 120, le niveau va s' avérer bien disparate pour gravir le dernier gros col avec la Hourquette Nère, que je subis à allure très ralentie en me faisant dépasser de partout par des grappes de coureurs encore bien en forme. L'orage gronde en milieu d' après-midi comme c'était prévu et la foudre commence à s'abattre pas loin; on sera quand même plus à l' abri de l' autre côté du Col. 
Une fois celui-çi franchi, superbe vue sur le Néouvielle et ses lacs; un grand lac de montagne avec la piste qui passe à droite puis j'imagine la remontée directe vers le Resto Merlans dernière étape de cette traversée, donc , je peux une nouvelle fois me lâcher comme j'aime tant dans la descente, à sauter de caillou en caillou, profitant de mes jambes toujours toniques et redoublant beaucoup de ceux qui grimpaient bien . Mais la descente se poursuit loin... loin.. loin  bien plus bas que le lac dans un beau décor de vallon au milieu des pins et je réalise alors que le joli lac que j'avais repéré n' était pas du tout le lac de l'Oule mais celui de Port Biehl et qu'on avait donc encore une bonne virée de quelques kilomètres à faire. Ça m' apprendra à ne pas étudier de trop près le parcours et à ne plus être bien frais après 30h de parcours;avec une lucidité qui clairement commence à s'éteindre. D'ailleurs, cela fait un bon moment que j'ai quelques hallucinations visuelles, à voir apparaître des animaux ou des cabines de téléphérique posées au sol, alors que ce ne sont que gros rochers et tronc d' arbres.
Enfin le beau et grand lac de l' Oule apparaît, ou plutôt un énorme réservoir asséché recouvert d'une épaisse croûte de boue. Mais là, c'est bon, un dernier chemin en montée régulière qui m' avait vu avancer tel un zombie lors de ma première participation en 2014 avant de renaître après Merlans. Cette fois-çi c'est plein de dynamisme que j'arrive au ravitaillement à 18h00 pour une pause éclair avant la dernière côte sur une large piste.


Au col du Portet, commence la descente finale; je croyais me rappeler d'une descente un peu technique sur les pistes de ski, mais finalement c'est un long très long chemin de 6 km jusqu'à Cap de Pède légèrement descendant,dans un brouillard léger embuant mes lunettes et réduisant fortement la visibilité, avec souvent des ornières remplies d'une petite boue entraînant des glissades mal contrôlées ou j'essaie de me forcer à courir. Et quand enfin la pente s' accentue dans un champ avant d' arriver à Soulans, l' équilibre devient acrobatique et se termine sur les fesses , car le terrain a été bien lissé dans l' autre sens par les concurrents du 80 km le matin même sous la pluie. Une ampoule commence à bien se faire sentir au niveau du talon droit malgré les couches de crème, mais je sais que le but est trop proche pour que cela constitue un handicap.
A partir de Soulans, il ne reste plus que 5km de descente et comme la première année, je me sens pousser des ailes sur cette piste forestière en descente progressive, j'ai l' impression de filer comme rarement et de dévaler les quelques morceaux de chemins empierrés à une vitesse impressionnante, bien que quelques concurrents du 80 km arrivent encore à me doubler. Que c'est bon après 35h d' effort de se sentir si vivant, si invulnérable, sentiment extraordinaire et que l'on recherche tant dans ces Ultras parsemés de hauts et de bas ,que je n' avais pas ressenti aussi fort depuis ma dernière descente du Plan de l' Aiguille au 90km du Mont-Blanc en 2019 ! Que c'est bon surtout quand le pic de forme coïncide avec la fin de course!!!

Un dernier chemin le long du Gave à avoir la sensation probablement très fausse de sprinter durant presque 1 km et c'est la traversée du pont parmi une foule dense puis enfin  la ligne d' arrivée au milieu de la place du village à 20h20 donc juste avant la nuit ;très heureux mais pas ému aux larmes comme lors de ma 1ère participation.
Fidèle à ma devise :"j'aime trop démarrer comme une tortue et finir comme un lièvre"

A peine, ais-je été chercher le cadeau finisher et la petite collation offerte sous un auvent , que le ciel se fâche très fort avec foudre et surtout pluie intense durant de très longues minutes: quelle chance d'être arrivé juste avant le déluge, mais ça ne doit vraiment pas être confortable pour tous les concurrents encore en course dans la montagne.


Retour à la voiture, au camping puis douche rapide et dodo sous une pluie toujours battante.
Le dimanche matin, réveil tranquille sans aucune courbature résiduelle, virée à Vielle Aure pour profiter de la remise des prix et espérer peut-être avoir la chance de gagner à la loterie un des dossards  pour la Diagonale des Fous; eh non, loupé encore une fois.


Midi, et c'est le traditionnel buffet d' après-course délocalisé du fait de la pluie dans la salle des Fêtes de Saint-Lary; comme d' habitude des monceaux de légumes, salades charcuteries et fruits à l'image de cette Course et de son personnage iconique qui garnissait le tee-shirt des premières années de l'Événement: Générosité, Simplicité et Qualité de l' Accueil pour en faire un nouveau moment inoubliable!!

 

 

Leçons de cette petite virée pyrénéenne:
1°) Les bâtons c'est pas automatique
2°) Finalement on peut se passer de plein de choses et surtout de la technologie
3°) Même si on le sait par coeur, un départ prudent, que ce soit sur marathon ou ultra, permettra généralement de s' éclater sur la fin de course
4°) De belles rencontres valent toujours mieux qu'une belle performance
5°) Quand le cerveau va bien, on peut affronter plein d'imprévus

6°) Recharge à bloc de mon niveau de plaisir, de confiance et d'énergie pour le Futur, alors qu' en 2022 ces curseurs étaient bien ratatinés après mes abandons répétés au MIUT 115 TDS Diagonale des Fous

Clap de fin de ma belle aventure en M5; bienvenue au royaume trop peu fréquenté des M6.
Et encore une nouvelle fois, merci à ma Bonne Fée Anne-Laure qui m'a permis de nouveau de profiter à fond d'une fin de course en apothéose!!

2 commentaires

Commentaire de Miche posté le 12-09-2023 à 08:26:43

Quand je vois tous les trucs qui te sont arrivés, le plus souvent par fébrilité (je pense au pantalon imperméable que tu laisses à Luz par exemple), je suis impressionné par ton mental à toute épreuve contre ces "tracas" qui auraient pu te miner.
Merci aussi pour le super reportage, c'est impressionnant comme le temps a été correct jusque dans la montée à la Glère (qu'on aurait pu nommer la Galère cette année). Et bravo aussi pour le mental de vainqueur pour repartir de ce refuge (j'ai compté 62 abandons à cet endroit).
Dommage pour Anne-Laure, arrivée trop tard à Luz j'ai l'impression.
Belle continuation

Commentaire de Bambou44 posté le 12-09-2023 à 19:40:59

Merci Miche.
Un immense merci aux membres de l' Organisation qui me redonnent toujours autant envie de revenir après 8 éditions passées, bercé par cet esprit si particulier qui règne durant cette merveilleuse semaine pyrénéenne.
Eh non, je n'ai pas oublié cette fois ci de pantalon imperméable mais beaucoup plus désagréable pour l'odeur qui devait flotter autour de moi les chaussettes propres!!

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