Récit de la course : Le Grand Raid des Pyrénées 2009, par Cantalou

L'auteur : Cantalou

La course : Le Grand Raid des Pyrénées

Date : 28/8/2009

Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)

Affichage : 5968 vues

Distance : 150km

Objectif : Pas d'objectif

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Le récit

Cette année j'ai vu l'ours des Pyrénées sur le GRP et je l'ai pris en photo ....

Je récupère Gilmckenzie, arrivé en train et qui est inscrit sur le Grand Jeudi midi à Toulouse et après avoir mangé à la maison nous prenons la route de Vielle Aure sous un beau soleil. Après avoir planté nos tentes au camping, nous allons au pôt offert par le gérant du camping pour les coureurs. Ensuite direction le village afin de récupérer le dossard et assister au brieffing. J'avais vu sur le road-book qu'il y aurait un chapîteau cette année mais au dela de ça, la différence avec l'année dernière ou je me demandais en arrivant s'il y avait vraiment une course organisée est frappante. C'est Gjoss qui me remet mon dossard et contrôle l'équipement. La dotation qui accompagne le dossard est originale et sympa: 1 pâté de foie de volaille, 1 saucisson, 1 Madiran, 1 bouteille de lait et une d'eau, des biscuits. C'est l'heure du brieffing.

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Dépose des 2 sacs pour les bases de vie et je croise ensuite Le breton avec qui j'avais terminé le GRP l'année dernière. Après un demi nous allons à la Pasta. Retour au camping, les affaires sont prêtes et à 20h30 je me glisse dans le duvet. Je trouverais le sommeil facilement jusqu'à 3 heures du mat. Gilles a aussi mis le réveil afin de m'accompagner et assister au départ.

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Je croise Pal94 et à 5h c'est parti. Ayant pris un départ beaucoup trop rapide l'année dernière, j'avais fait un tableau de progression sur Softrun en prenant comme objectif mon temps de l'année dernière 42h et celui-ci me donnait 3h pour monter au Col de Portet (au lieu de 2h05 l'année dernière). J'entame donc cette première partie très prudemment et un premier point de contrôle intermédiaire à Espiaube m'indique que j'ai 30 minutes d'avances sur le programme. Toutefois, comme je suis à l'aise je continuedans le même rythme. Entre Espiaube et le Col de Portet, le jour s'est levé et nous apercevons la mer de nuage qui monte de la vallée.

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J'arrive au Col de Portet à 7h30 ou je retrouve Gjoss qui est maintenant au ravitaillement (quelle polyvalence).

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Juste le temps de boire un verre d'eau et de prendre un sandwich au jambon et je repars. Je préfère le manger doucement en trottinant car nous sommes sur une traversée herbeuse à plat très agréable. Au détour d'un virage, vue plongeante sur le lac de l'Oule

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Nous abordons ensuite la montée vers le col de Bastanet, je continue avec le même groupe en restant sur la réserve. La progression s'effectue sur un petit sentier

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Passage près du lac supérieur

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Et la montée finale pour laquelle le road-book stipulait: "Du cailloux, du cailloux, du cailloux"

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Arrivée au Col du Bastanet à 8h45 ( 19 km, 1800 d+) avec 1h d'avance sur le tableau de prévision où le ciel se dégage. Le temps d'avaler un gel, de prendre une photo

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et j'attaque la première partie de la descente alternant passages techniques, gros blocs et durant laquelle je m'arrête à plusieurs reprises pour admirer le paysage:

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Qui a dit  "Du cailloux, du cailloux, du cailloux"?

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Changement de relief maintenant car nous retrouvons un terrain herbeux et buccolique qui permet de bien dérouler

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Passage près de la cascade du Garret qui m'oblige à faire un nouvel arrêt.

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Toute cette portion est beaucoup plus jolie que celle empruntée l'année dernière entre La Mongie et le vallon du Garet.

Arrivée à 11h20 à Artigues avec la même heure d'avance sur le tableau. C'est l'effervescence au ravitaillo car tout un groupe vient d'arriver en même temps et les bénévoles se démènent pour servir tous le monde.

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Soupe, sandwich à nouveau, préparation de boisson énergétique dans le sac, pommade anti-échauffement sur les pieds et c'est parti pour la montée vers le col de Sencours (1200 d+ sur 7,8 km). Je continue plutôt tranquille et je commence à doubler quelques concurrents dans la montée qui se finira sous le soleil permettant d'admirer le Pic du Midi à 12h38 (j'ai maintenant 1h20 d'avance). Hugues est présent sur ce ravitaillement et me demande comment ça va. Vu que j'ai adopté un rythme prudent, tout va bien pour l'instant. 

On attaque ensuite une succession de petits dénivellés positifs et négatifs qui va nous mener jusqu'au Lac Bleu. J'alterne marche dans les côtes et course dans les descentes et les replats.

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Nous sommes à nouveau dans le brouillard et je ne vois même pas le lac Bleu lorsque nous passons à proximité. La montée suivante vers le col de Bareilles (288 d+) est très sèche et fait souffrir les organismes. C'est la première fois depuis le départ où je suis autant à la peine. La descente qui suit (très sèche elle aussi) me rappelle combien j'ai souffert l'année dernière à cet endroit durant la deuxième nuit.

Dans le vallon d'Ourrec, le brouillard reste omniprésent.

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 Nous passons à côté d'un troupeau de vaches et veaux Salers et j'admire ces représentants de la race développée par Tyssandier d'Escous. Cela me rappelle mes entrainements cet été dans les monts du Cantal.

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 C'est dans cette partie que je rejoins Patrick le dossard 26, c'est à dire qu'il a terminé l'année dernière juste avant moi en 42 h. Nous commençons à discuter et à faire un bout de chemin ensemble jusqu'à Hautacam. Il est 16h12, je ne m'arrête pas car je prévois une pause sérieuse en bas de la descente qui suit et qui m'amène à la première base de vie de Villelongue.

La descente commence directement dans la pente herbeuse jusqu'au fond du vallon puis nous empruntons une piste forestière dans la très belle forêt d'Isaby avec ses gros hêtres. Je reste toujours sur le réserve et Patrick me rejoins. Nous continuonsainsi jusqu'à Villelongue ou nous arrivons à 17h50 (j'ai augmenté un peu mon avance sur le plan avec maintenant 1h50). Hugues est là à nouveau et s'enquiert de ma forme. Ca va bien mais une bonne pause sera salutaire car il y a 65 bornes et 4000 d+ au compteur depuis ce matin.Comme il faut attendre un peu pour la douche, j'opte pour le jet d'eau froide qui est à l'extérieur et m'asperge allègrement. C'est très frais surtout pour le haut du corps mais ça fait du bien. J'enfile les afffaires préparées dans le sac: nouvelles chaussures, chaussettes et t-shirt et je recharge en nourriture. Je peux passer au ravitaillo, pates et compote puis un café.

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La pause a duré 40 minutes et c'est reparti. C'est alors que dans Pierrefite, à un coin de rue je l'aperçois: l'ours des pyrénées dressé sur ses pattes arrières

 

 

 

 

 

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 Assez rigolé maintenant car j'attaque le morceau de choix de ce parcours avec la montée au Cabaliros (1800 d+) suivi juste après une bonne descente du Col de Rioux (1000 d+).Est-ce le grand coup d'eau froide sur les jambes mais j'ai de bonnes sensations et je vais monter au même rythme régulier jusqu'au Turon de Benne (21h). Durant la montée, le brouillard s'est tranformé en pluie fine. Le ravitaillement est organisé dans une petite cabanne et malgré l'exiguïté, les 2 bénévoles assurent un max.

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Il fait nuit noire lorsque je repars et en plus de la frontale, il me faut mettre les lunettes de vue. Le cauchemar commence alors car le bruine se dépose sur les verres et  je n'y vois rien mais lorsque je les enlève je n'y vois pas mieux à cause de ma myopie. Je vais ainsi galérer une bonne partie de la nuit dès qu'il y aura des cailloux sur le sentier car dans l'incapacité d'analyser le terrain devant moi et de choisir mes appuis. Soit je bute sur un cailloux, soit je tape car il y aun trou après un cailloux. Quoiqu'il en soit, la montée continue en compagnie de 2 autres concurrents avec une pente terminale assez raide pour atteindre le sommet ou quelques bénévoles assurent le pointage. On bascule dans la descente vers Cauterets et je dois laisser partir les 2 autres coureurs à cause du problème de vue. J'arriverai quand même à en doubler plusieurs autres lorsque le sentier est régulier et à prendre deux bonnes gamelles car depuis qu'il bruine le sol est maitenant assez glissant.Après avoir doublé ce groupe je fais toute la descente seul jusqu'à Cauterets (1h17 - toujours 2 heures d'avance et donc sur une base de 40 heures). C'est très calme dans les rues et lorsque j'arrive dans la salle, règne l'ambiance si particulière des ravitaillements de nuit sur les Ultra. Les visages sont marqués, c'est silencieux car chacun se replie sur soi-même, d'autres sont allongés pour se reposer et malheureusement il y a des abandons. Inconsciemment j'ai besoin de souffler un peu et je vais rester là 35 minutes au lieu des 15 nécessaire pour me nourrir et pommader les pieds.

J'attaque le deuxième gros morceau de la nuit avec l'ascension du Col de Rioux et depuis que j'ai connaissance du parcours (en l'ayant descendu l'année dernière), je sais qu'il va falloir serrer les dents. Il me faut deux bonnes heures pour en venir à bout. Un petit peu de descente après le col pour rejoindre le CP, un verre de soupe et c'est reparti pour la galère. J'arriverai à nouveau à gratter quelques places et ferai la descente seul mais sans gamelle cette fois. L'arrivée à Sazos est un soulagement car je peux dérouler sur la route pour finir d'arriver à la seconde base de vie à Luz (6h55 - toujours sur une base de 40h). L'ange gardien Hugues est à nouveau là et je lui explique ma galère nocturne. Je rechange à nouveau mes affaires (chaussettes, short et t-shirt) et enfile les Montrail Hardrock. Elles sont un peu lourdes mais je suis tellement bien dedans que je ne vais pas souffrir des pieds sur la dernière portion. Pour certains par contre qui se font soigner, les pieds sont dans un triste état. Je remarque que la bénévole au pointage est celle qui assurait le ravitaillo d'Artigues hier. Nous, coureurs n'avons pas dormi mais c'est aussi le cas de pas mal de bénévoles, châpeau.

 

Il fait jour maintenant pour attaquer le dernier tronçon qui commence dixit le road-book par une "Section très agréable avec quelques petits raidillons" et les raidillons font mal aux cuisses après 111 km. Nous passons près du chateau Sainte Marie.

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Je me force maintenant à relancer en footing dès que c'est plat ou à fortiori en descente même si ça tire, tant pis. Arrivée à Tournaboup à 10 heures avec ce coup-ci 3 heures d'avance sur le plan. De la soupe une compote et j'attaque la dernière grosse difficulté (1000 d+). Toujours suivant le road-book "Non seulement ça monte mais aussi le chemin devient plus chaotique". Je retrouve Patrick dès que j'ai quitté Tournaboup et nous allons continuer ensemble maintenant l'ascension. Les nuages disparaissent et on découvre un paysage magnifique au fur et à mesure de la montée.

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Les 2 premiers concurrents du 75, partis 24 heures après nous, nous doublent. Nous les encourageons et eux-aussi. Il va en être de même jusqu'à l'arrivée.

L'ascension finira très raide pour atteindre le col de Barèges mais même en allant doucement on arrive à garder une progression continue là ou certains sont obligés de s'arrêter pour récupérer. Les paysages sont superbes des deux côtés. On démarre la descente en trottinant et après le lac de Gourguet (très beau lui aussi) on contiue vers le lac de l'Oule où est prévu un point d'eau. Ca reste assez technique avec cailloux et racines. Ce passage me semble interminable, la fatigue sans doute et lorsque nous arrivons au lac je retrouve Jacques qui est bénévole cette année. Il est 14h et j'ai maintenant presque 4 heures sur le tableau. La fatigue a marqué mon visage qui contraste avec la mine réjouie du départ la veille.

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Dernièr effort pour l'ascension vers le col de Portet avant de basculer dans la longue descente sur Vielle-Aure. Les meilleurs du 75 continuent de nous doubler comme des avions. Pour notre part, on trottine toujours. Lorsque la descente s'accentue Patrick souffre d'un genou et dois ralentir. Il me dit d'y aller mais je reste avec lui, maintenant ça ne rime pas à grand chose pour 10 ou 15 minutes. Pas mal de coureurs finisent d'ailleurs en duo (y compris les vainqueurs de l'ultra). Il faut profiter à fond de ces derniers instants même si l'envie d'en terminer est très présente. Dernière foulées pour rejoindre le village et la ligne d'arrivée en 36h12 sous les acclamations du public.

Conclusions en vrac:

- c'est un très bel ultra exigeant, voire très exigeant avec des paysages à couper le souffle.

- la taille "humaine" de cette course ainsi que la configuration de Vielle-Aure (tout se passe sur la place centrale) font que l'on recontre forcément ceux que l'on connait et mieux même, tous ceux que l'on a cotoyé pendant l'épreuve et qui sont restés le dimanche matin. Il règne une super ambiance et j'ai quitté Vielle-Aure avec regrets.

- le suivi sur Internet des coureurs a très bien fonctionné et a été très apprécié par la famille et les amis

- suite aux remarques de l'année dernière, le balisage cette année est impeccable car même sur des portions évidentes, il y avait une rubalise tous les 50m maximum

- pour moi, les petites modifications apportées au parcours l'ont amélioré (meilleure répartition des bases de vie, descente vers Artigues et remontée au Col de Sencours)

- j'ai explosé mon temps de l'année dernière mais en analysant les temps de ceux qui ont fait les deux éditions, hormi un coureur, nous avons tous gagné entre 2 heures et  6h 30

- parti prudemment (266 ème au CP1) j'ai ensuite constamment gagné des places à chaque CP (141 ème à l'avant dernier) et 136ème au final .

 

5 commentaires

Commentaire de millénium posté le 03-09-2009 à 06:29:00

tes conclusions résument bien la (et ta) course. Merci pour ce récit bien imagé. Et bravo pour ta perf.

Commentaire de mic31 posté le 03-09-2009 à 13:19:00

Salut Jean Pierre,
Merci pour ton récit et bravo pour ce nouvel ultra bouclé.
Il va falloir penser à passer aux lentilles !
A la prochaine,
Michel

Commentaire de laulau posté le 04-09-2009 à 07:55:00

Bravo pour ta course et ce récit qui donne envie d'y aller fin août 2010...mais sûrement sur le 75km !

Commentaire de martinev posté le 06-09-2009 à 18:57:00

Bravo pour ton récit (des cailloux, des cailloux...)

Bravo surtout pour être allé au bout de cette aventure. SUPER

Commentaire de PaL94 posté le 07-09-2009 à 17:13:00

Salut Jean Pierre

Je t'avais dit que tu ferait moins de 40H... j'en étais encore loin. Et malgré la course des belles photos.

Bravo pour ta perf' et bonne récup.

Pierre

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