L'auteur : Mustang
La course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km
Date : 14/3/2009
Lieu : St Quentin En Yvelines (Yvelines)
Affichage : 4381 vues
Distance : 80km
Objectif : Pas d'objectif
Partager : Tweet
225 autres récits :
Une arrivée à la tour Eiffel, quel pied, ça ! L’an dernier, cela m’avait bien tenté mais j’étais déjà engagé sur la Magnétoise en Belgique qui avait lieu une semaine avant ! Bon, ce n’était pas une raison puisque le P’tit Yéti à une semaine d’intervalle avait gagné les deux ! Une arrivée au premier étage de la tour Eiffel, ça a de la gueule ! Comme quoi, il suffit d’un truc un peu spécial pour attirer le coureur ! Mais depuis cette première édition, bien de l’eau avait coulé sous les ponts…
… J’avais repris pied avec les Pèlerins du côté d’Avranches une nuit de novembre mais le cœur de l’hiver a été un réel naufrage. Il va falloir que je supprime janvier de mon calendrier. L’air marin d’un week-end breton début février m’a remis en selle. L’escapade GGOesque le long de l’Ourcq m’a redonné confiance et le goût de courir. Cependant, cette inscription à la seconde édition de l’Ecotrail prise à l’automne dernier était un véritable défi.
Quant à ma préparation, parlons-en ! C’est plutôt léger : moins de 130 km en janvier, 150 en février et à peine 65 en mars avant l’Ecotrail. Bon, je vais y aller à l’arrache ! Cependant, en roulant en compagnie de JMF et de Pascal vers Paris ce vendredi 13 mars au soir, je sens comme un énorme creux au ventre ! La volubilité de Pascal me calme un peu. On arrive peu avant 21 h chez Joël, dans le XVe. On file rapidement à coup de métro à la tour Eiffel récupérer nos dossards. Là-bas, l’ambiance est très calme, peu de monde à cette heure tardive. Les formalités sont simples avec juste l’inspection du sac pour la lampe et la couverture de survie et la mise en place d’un bracelet rouge au poignet pour les contrôles. Ensuite, nous avons droit à un excellent repas de la part de notre hôte. Pascal donne un cours de coupe de fromage à Christophe, un stagiaire allemand logé chez Joël, un peu interloqué par le ton véhément que met Pascal pour lui expliquer les bonnes manières.
Ensuite, c’est la préparation fébrile des sacs. Chacun est dans ses -petites-affaires. Toujours respectueux des règlements, j’accroche mon dossard sur un t-shirt et prévois un corsaire puisqu’il faut que le genou soit couvert ! Quoiqu’il en soit, le dossard en papier restera accroché à peine 20km et finira en loque dans une poche et j’aurais bien fait comme d’autres de partir en running court ! La nuit est agitée et brève. La suite: il suffit d’être porté par les événements. Toilette matinale puis petit déjeuner copieux avec les confitures maison mais j’ai du mal à avaler une tartine, remplissage de la poche à eau : va pour 2,5 l ! Mise en place de la puce sur les chaussures, derniers préparatifs coupés par allées-et-venues aux toilettes pour une vidange complète de toute la tuyauterie. Nous voilà partis pour rejoindre la tour Eiffel. Dans le métro, ce samedi matin, trop peu monde dans la rame pour vraiment s’étonner de notre tenue.
Nous traversons à pied le Champ de Mars où quelques joggeurs font leurs gammes. Les touristes sont déjà nombreux à faire la queue pour visiter la dame de fer. A ce propos, le premier coureur connu que je vois est Ouster, so british ! Il est tout pavoisé aux couleurs kikouresques. Nous sommes rejoints par le Bagnard qui traîne son éternel boulet.
Nous ne nous attardons pas car Joël a donné rendez-vous à son staff à l’entrée du RER. Tant pis pour la photo de groupe kikou de Vetchar ! Au RER, les amis de Joël nous rejoignent. Si les abords de la tour Eiffel étaient calmes, les quais du RER, eux, sont agités par la foule des coureurs dans leurs tenues si particulières, de quoi étonnés quand même quelques habitués de la ligne. 10h06, nous prenons d’assaut le train pour St-Quentin en Yvelines. Nous logeons la Seine que d’ici quelques heures remonterons à pied ! Sortis de la gare et attendant la navette, une impressionnante cohorte de coureurs mâles auxquels je me joins épanche leur vessie à travers le grillage sur les voies ferrées en contrebas !
Le bus-accordéon nous conduit à la base de loisirs. Nous progressons à pied vers le point de départ. En cheminant avec Pascal, j’évoque mon état d’esprit avant l’UTMB, cette impression d’être au bord d’un gouffre et d’avancer un pas… Ici, on en n’est pas là mais le pincement au cœur est présent. Pascal doute, il n’est pas le seul. Arrivé sur l’aire de départ, les sollicitations extérieures vont me permettre ne plus penser à cela, c’est un véritable tourbillon !
Les premiers kikous : Astrophytum, Badgone, Corto, Breizhman, le Lutin plus gouailleur que jamais, une délégation des Pompiers d’Ecouché emmenée par leur chef Philippe qui s’est arrogé indument un dossard 61 ! Puis je retrouve le Bagnard et Ouster, ensuite tant d’autres, Ampoule31, Marioune, Papy, JCduss, tant d’autres, Bernadette l’alsacienne, connue à la Translorraine. Et puis, et puis c’est l’arrivée de Taz et de son Domi. C’est la fête !
Les coureurs se rassemblent dans le sas en un groupe compact. Je suis à l’arrière avec Ouster, le Lutin et Pascal entre autres. Je jette un œil sur ma montre, on a encore 30 mn avant le départ ! Je ne suis pas très vigilant à ce que dit le speaker et à peine étonné que les coureurs se pressent dans le sas si tôt avant le départ… Domi nous met en garde contre les taupinières qui parsèment les premières centaines de mètres du parcours.
Je demande ses impressions au Lutin : « encore 80 km mais sur le plan érection, je n’ai pas de problème mais j’ai le tendon d’Achille qui me pose des soucis. Voilà ! »
Je ne réalise pas mais c’est le départ ! Comment ça, à 11h30 ? Pascal me ramène à la réalité ! Il est 12h03. Je me suis planté dans l’affichage de ma montre ! Panique ! Je déclenche mon chrono et mon GPS. Je suis dans les derniers avec la Lutin. C’est parti ! Pas vraiment le temps de réaliser ! Mais au bout de quelques centaines de mètres, j’ai trop chaud ! Je m’arrête pour enlever ma veste et la mettre dans mon sac ! Je repars, la musique à fond dans les oreilles ! Nous longeons le lac mais je m’aperçois que j’ai laissé mon enregistreur dans la poche de ma veste ! Nouvel arrêt pour le récupérer. Je compte enregistrer mes impressions et éventuellement recueillir celles d’autres coureurs comme je le fais quelquefois sur d’autres trails. C’est aussi l’occasion de prendre en photo Ouster et le Lutin. Nous sommes vraiment en fond de peloton ; le temps de ranger mes affaires et de remettre mes écouteurs, et je vois arriver les derniers en compagnie du serre-fil en vtt ! Je repars au petit trop le long du lac sur un parcours ondulant. Je photographie la longue file de coureurs qui s’étire.
Avant de quitter le parc, nous longeons le golf sans vraiment déconcentrer les quelques joueurs qui s’exercent au drive. Je cours en compagnie du Lutin. C’est le début, c’est la décontraction ! Soudain, nous nous trouvons à courir derrière une jeune fille à la jupette fleurie très avenante. (Cette jupette ne m’était pas inconnue. Attention, n’allez pas imaginer des choses. Mais elle est suffisamment exceptionnelle pour marquer les esprits. J’avais déjà eu l’occasion de rencontrer cette jeune fille à l’Ultra Tour de Liège de l’ami Eric Naisse en novembre 2007. Je suis allé vérifier mes archives photographiques, il s’agit bien de la même personne). Quoiqu’il en soit, le Lutin se met à baver et nous avons toutes les peines du monde à le calmer. Mais finalement, c’est sûrement le regard noir du cerbère qui accompagne la porteuse de la dite jupette qui le dissuade dans son entreprise de séduction ! Nous traversons l’A12, euh, enfin, nous passons au-dessus. (Pour rédiger ce cr, je me suis mon tracé GPS sur Google Earth. La précision du tracé, la qualité de l’image est hallucinante).
La photo ci-dessous et le tracé avec Google Earth ci-contre du même endroit! la précision est étonnante!
Nous entrons dans Guyancourt. Nous franchissons des voies ferrées sur une passerelle qui oscille sous les foulées des coureurs. Nous traversons une place entourée d’immeubles. Cela me rappelle encore l’UTL ; certes c’est assez incongru, un trail urbain mais pourquoi pas ! Mais cette idée n’est pas partagée par tous, à preuve lorsque la horde de coureurs traverse une large avenue sous les klaxons furieux des automobilistes bloqués. Cela ravit le Lutin. Un rien l’amuse, c’est un gamin ! Les bénévoles ont bien du mérite !
Nous continuons notre périple par un parc urbain pour déboucher devant un labyrinthe végétal. Les organisateurs, petits joueurs, ne nous le font pas emprunter. Dommage, cela aurait bien pimenté le parcours. C’est peut-être une idée à retenir. Parfois, on trouve ce genre de labyrinthe géant tracé dans un champ de maïs. J’imagine la tête des coureurs errant dans les couloirs à la recherche de la sortie ! Mais déjà nous quittons la zone urbaine pour un petit bois. Je file un petit train à 11km/h. J’ai décidé d’adopter, tout au moins dans la première partie de la course un rythme particulier : je cours 14 mn et je marche 1 mn. Le fait de me voir marcher sur du plat au début a pu alarmer certains qui me connaissaient ! J’en profite pour bien m’hydrater. Le parcours est loin d’être plat ! Ça monte, ça descend, et tout ça, face à la pente ! Le peloton est étiré. Dans les montées, chacun est au pas, les uns derrières les autres. Depuis quelques temps, un vététiste est dans mes parages. Sa présence me gêne. Je pensais que les suiveurs étaient interdits ! Les bois que nous traversons sont bien tristes, ce sont le plus souvent du taillis où se trouvent ça et là quelques beaux arbres, cependant.
C’est bientôt le 21e km. Mes sensations sont bonnes. Nous débouchons d’un bois pour descendre une allée longeant d’abord un pré où paissent des chevaux, puis un cimetière, celui de Buc. Je croise des marcheurs. Bon, même pas un bonjour ! Je viens de doubler le lapin bleu. J’oblique à gauche. L’arche des 21 km se dresse devant moi et qui vois-je à côté ? Taz28 et Domi ! De grandes salutations chaleureuses, quelle joie de les voir, et je passe l’arche. J’en suis à 2h14 de course et à un petit 9,4 km/h. C’est honnête ! Je suis en 818e position, j’ai déjà du remonter bien 350 coureurs. Sauf sur les quai de la Seine où je vais me faire passer par quelques coureurs, je ne ferai que remonter sur les autres. Beaucoup de monde dans cette cour de récréation. J’y aperçois Badgone en touriste et d’autres arborant les couleurs kikous. En examinant les photos que j’ai prises et suite au récit du Lutin, j’aperçois comme bénévole servant les coureurs le vainqueur de l’an dernier, le Céleste P’tit Yéti alias Wouter Hamelinck que j’ai déjà croisé plusieurs fois lors de mes trails belges. Rien ne m’étonne de sa part ! Me sentant bien, ayant tout ce qu’il faut comme ravitaillement et confiant dans ma réserve d’eau, je prends la décision de brûler cet arrêt.
En repartant, le parcours longe un petit cours d’eau, c’est la Bièvre ! Pas de castor en vue, encore moins de Junior mais des canards ! Puis c’est l’assaut à nouveau de collines boisées. Ça monte très raide. Certains coureurs transportent des bâtons. A vrai dire, je n’en ai vu aucun s’en servir ! Petit descente pour se retrouver dans une rue que je remonte sur quelques mètres. Ici, les automobilistes sont plus calmes et les bénévoles - nombreux - sécurisent parfaitement la traversée de la route. De nouveau me voici dans un bois avec de nouvelles remontées. Je souffle comme un bœuf ! Je reste calme, j’évite de regarder le haut de l’obstacle, préférant regarder juste devant mes pieds pour mieux gérer mentalement mes efforts. En course, je n’ai pas le babil lutinesque. Je suis enfermé dans mes pensées, le plus souvent en introspection, seulement accompagné par ma musique. Parmi les concurrents que je remonte, je rencontre des non-voyants avec leur guide. Ce n’est vraiment pas évident sur ce terrain parfois difficile. Si difficile que j’assiste à un accident. Devant moi, à un virage très serré autour d’un arbuste, un non-voyant heurte violemment le tronc. Depuis quelques kilomètres, mon état d’esprit a changé. Au fur et à mesure que j’avance, je suis pris d’une énergie rageuse. Les images noires de juin dernier reviennent me hanter. Et c’est avec un esprit de vengeance sur le destin que je cours. Saloperie, tu ne m’auras pas eu ! Comme je le confie à cet instant à mon enregistreur, je ne sais pas où cela va m’emmener, mais je cours. Je passe de nombreux coureurs. Le temps est gris, quelques gouttes tombent. J’en suis à trois heures de course ! « Cela commence à tirer mais bon, on va essayer d’aller jusqu’au bout, c’est dur ». Ma vitesse de progression baisse doucement. Je suis aux abords sud de Versailles. Des chants d’oiseaux se font entendre au loin. Bientôt le cap du premier marathon est passé, le fait maintenant d’avoir un « compteur » qui va diminuer me conforte. J’aperçois devant un coureur arborant un buff rouge. Je le reconnais, c’est Dave76, kikoureur bon teint mais aussi NCAP comme moi. Nous discutons quelques instants en courant de concert puis inexorablement je m’éloigne de lui. Je débouche dans une clairière où l’arche sanctionnant le 43e km se dresse. J’en suis à 5h03 de course, ma moyenne est de 8,5 km/h et suis 474e. J’ai remonté plus de 700 concurrents. Nous sommes du côté de Clamart. Parfois, nous longeons quelques pièces d’eau. La musique que j’écoute me plaît et me porte. Bien sûr, elle ferait dresser les cheveux- qui commencent à se faire rare- sur la tête du Lutin. J’y ai quelques chansons fétiches comme celles que j’écoutais au Morbihan, à l’autre bout du monde. Je suis dans les bois de Chaville. Le parcours monte et descend régulièrement. Un coureur me voyant filmer les concurrents me propose de me tirer le portrait et de me filmer. Il est dans mes âges et il accompagne un jeune. On se retrouvera un peu plus loin mais par la suite gagnera du terrain sur moi. Je mange et m’abreuve régulièrement. Au menu, crème de marron, pain d’épice, nougat, pâte de fruit et quelques pastilles de Sportéine. Mon eau est allongée avec du Carbo Max et du Malto. Parfois, la pente est vraiment forte et c’est les mains sur les hanches comme à mon habitude que je franchis les obstacles. Soudain, justement dans une pente, j’aperçois des silhouettes familières qui me crient des encouragements. Ce sont bien sûr Taz et Domi. Taz est vraiment heureuse de me voir là, et moi donc ! Tous deux me confient que j’ai bonne mine ! C’est vrai que je me sens pas épuisé du tout. On se donne rv au 50e ! Je continue donc mon périple tout rasséréné par mon heureuse rencontre. Mais depuis quelques temps, j’ai un souci. J’ai épuisé ma réserve d’eau et je commence à avoir soif. Il me reste encore à courir quelques km avant le grand ravitaillement. Mes 2,5 l de liquide ont été insuffisants ! Mais il va falloir que je tienne. Je continue mais la soif me gagne. Je ne peux pas tenir. Nous abordons bientôt une large allée montante que domine une route. J’avise une jeune femme qui porte un sac auquel est accrochée une bouteille d’eau. A ma demande pressante, elle me tend volontiers sa bouteille d’eau gazeuse. Cette eau me fait un bien fou ! L’arrivée au ravitaillement du 51e km est donc la bienvenue. J’en suis à 5h56 de course avec une moyenne de 8,4 km/h et je suis en 397e position. Ma remontée continue donc ! Les stands sont nombreux et parfaitement garnis ! Un orchestre fait le bœuf. Je commence par prendre des bouteilles d’eau pour remplir ma poche à eau. Auparavant, j’y mets ma réserve de poudre Carbo Max. Cette fois, bien qu’il ne reste qu’une trentaine de km à parcourir, je procède à un vrai plein, quasiment 3 l d’eau ! Je bois deux verres de Coca et mange deux morceaux de bananes et des Tucs.
Breizhman est là et il souffre du ventre. J’y retrouve également un des jeunes de ce matin, du staff de Joël et aussi Lau, un UFO, que j’avais rencontré lors du off de l’Ourcq. Il est venu en spectateur. Les coureurs se pressent devant les stands, beaucoup ont le visage marqué. Nous sommes en fin d’après-midi. La fraîcheur commence à se faire sentir. Et comme beaucoup d’autres, je revêts ma veste. Je prends un peu de temps avant de repartir. Je pense être resté une petite dizaine de minutes sur cette zone.
Et c’est reparti dans les bois de Chaville ! Le parcours est un peu monotone. A l’entrée de Chaville, nous coupons une route. Là encore, les bénévoles qui assurent notre sécurité ont bien du mérite car ce samedi en fin d’après-midi, sur cette route, la circulation est importante. Même si les coureurs sont espacés, les voitures passent au compte-gouttes occasionnant un bouchon. Les klaxons traduisent l’exaspération des conducteurs. L’itinéraire me fait remonter une pente forte. Un vététiste a bien du mal à y pousser sa machine L’itinéraire me ramène ensuite sur Chaville que je traverse de part en part. Vers le km 55, une longue allée me conduit vers un lac que bordent d’imposantes demeures à la décoration rococo. C’est pour le moins pittoresque. Ensuite, le soir tombe. Je m’arrête pour me munir de ma frontale mais je ne l’allume pas encore. Mais déjà, des lumières mouvantes ponctuent la forêt. Le balisage prévu pour la nuit se repère parfaitement. Cette fois, la nuit est là. Sur le sol, je remarque la présence de petits points lumineux. Ce sont des vers luisants, ils sont de sortie ! Je continue mon périple dans la nuit. Ma lampe allemande éclaire parfaitement mon chemin. Bientôt, l’espace s’élargit dans lequel apparaît un vaste domaine que je n’identifie pas au premier abord. Sur ma gauche, de nombreux bâtiments sont puissamment éclairés mais en progressant, l’endroit où je cours me donne assez rapidement la solution. Je suis sur une cendrée pour les chevaux. Ce sont les haras de Jardy. Bon, je sais me tenir, je ne piaffe pas sur la piste ni ne hennis. Pourtant la vision de l’arche du 63e km pourrait m’y inciter ! Plus que 17 km, une paille ! J’en suis à 7h32 de course, et en 385e position. J’attrape un verre de coca et une banane et je repars aussitôt.
Je suis maintenant dans les faubourgs de Marne-la-Coquette mais je rejoins vite les bois. Depuis déjà quelques temps, je guette les signes qui vont m’indiquer la proximité de Paris. Je le sens, c’est portant bientôt. Les zones urbaines que j’aperçois à travers les arbres sont des indices sérieux. Mais des crampes à la jambe gauche me taquinent depuis un temps certain. Je suis obligé de réduire ma foulée, voire de m’arrêter quelques instants pour laisser passer la crise. Puis voilà, au détour d’un chemin dans le parc de Saint-Cloud, j’aperçois brièvement celle qui m’a fait venir. Je l’ai vu ! Certes, elle est encore bien loin mais je l’ai vue ! J’ai le cœur qui se remplit d’aise mais mon impatience à arriver va grandir. Je débouche dans une large allée montante sur laquelle je trottine puis je marche. Puis j’aperçois une nouvelle arche, celle du 71e km ! Cela me comble d’aise. Je la franchis tout guilleret pour tomber sur Joël aussi surpris que moi de nous rencontrer là ! Lui aussi souffre de crampes. Nous discutons quelques instants. Pour l’avoir fait l’an dernier, il me confie que le parcours est plus sévère mais que l’effort est mieux réparti. J’en suis à 8h12 de course et en 337e position ! Je bois un coca, saisit un bout de banane et repars à la suite de Joël. Rapidement, il prend des mètres sur moi. Les crampes me brident. La piste me conduit en deux larges lacets vers les jardins de Sèvres. Je passe la grille. Voilà, je suis quasiment à Paris ! Mais des cris m’interrompent. Taz, Domi (et un autre kikou que je n’ai pas identifié dans la nuit, désolé !). Je tombe dans les bras de Taz, serrage de paluches avec Domi ! C’est un vrai ravito d’émotions ! je repars gonflé à bloc. Je traverse le pont de Sèvres et m’engage sur les quais. Les crampes me harcèlent. Je m’arrête un instant pour m’étirer en compagnie d’un autre qui souffre du même problème. Sur le boulevard, les voitures foncent, mais leurs passagers sont un peu étonnés de voir des lumières danser sur le bas-côté. Le chemin se fait plus étroit et plus rustique ensuite. De nombreuses péniches sont amarrées le long de la rive. Que ce chemin est long ! Certes, il est pittoresque mais la lassitude me gagne. Je suis un peu désorienté. Je quitte l’ancien chemin de halage pour emprunter un pont sur ma gauche. Je suis sur l’Ile Saint-Germain. L’itinéraire nous emmène dans un parc dont l’entrée est gardée par des vigiles. La fatigue m’empêche d’apprécier ce lieu. A l’extrémité du parc qui est aussi celle de l’Ile, je passe un pont sur la droite qui me ramène sur la rive gauche de la Seine. Que c’est long ! C’est le front de Seine avec ses immeubles étonnants. Mais ce sont à nouveaux les quais avec des pavés bien durs pour mes pauvres jambes. Je cours en compagnie de quelques coureurs dont un qui est accompagné par deux cyclistes. Nous alternons la marche et la course. Ces derniers kilomètres sont un peu ingrats mais qu’importe. Je croise sur les quais quelques gros 4x4 qui s’arrêtent le long de péniches aux entrées illuminées. Puis je suis carrément le long d’une voie rapide. Une féminine me passe. Les voitures filent sur la rue. Certaines klaxonnent pour nous saluer ! Boudiou, cela n’en finit pas ! Mais la tour occupe de plus en plus de place dans mon champ de vision. Le quai s’élargit. Il est barré par un immense escalier. C’est la fin ! Voilà, tout ça pour ça ! C’est la récompense, le sublime kilomètre comme j’aime appeler ce dernier km. Je gravis les marches pour déboucher sur l’avenue. Des spectateurs applaudissent. Va pour un pêché d’orgueil ! La traversée de l’avenue est grandiose entre deux haies de bénévoles. C’est du bonheur. Je me dirige vers la chaumière, je la traverse comme dans un rêve pour déboucher sur l’esplanade de la tour. Un chemin de barrières me conduit vers le pilier Sud. Une foule enthousiaste applaudit ! C’est en étourdissant. Je tape dans la main de quelques jeunes qui la tendent vers les concurrents qui passent. L’émotion est énorme. Je me présente au contrôle qui arrête les coureurs pour procéder à la fouille des sacs et remettre un ticket ! Je me prête volontiers à cette formalité et me lance ensuite dans les escaliers. J’ai vraiment le cœur qui palpite, mais surtout par ce moment exceptionnel dans la vie d’un traileur. Je monte sans courir ! je craignais de souffrir des crampes mais depuis que je suis sur l’esplanade, elles ont disparu ! Je monte ! J’aperçois les touristes en bas ! Je monte. La numérotation des marches m’indique que la fin arrive. Je monte. Voilà, je débouche sur le premier étage, franchit le tapis dans un état second. Je tends un reliquat de dossard pour le contrôle et pour le photographe préposé à l’arrivée. J’en termine en 9h29 et 337e ! C’est fini. Vetchar m’accueille. Je suis au bord des larmes. Je suis vraiment bien. Peu après Marioune et Ampoule arrivent. Ce sont encore des embrassades ! Le Lutin en termine à son tour. Plénitude du moment. Le reste n’est que du bonheur. Certes pour un instant, un instant seulement parmi d’autres dans une vie, mais un sacré instant de vie. J’ai eu ma revanche.
Ensuite, c'est du Kikou total!
Jihem -->
Ouster for ever et Vetchar
Accueil - Haut de page - Aide
- Contact
- Mentions légales
- Version mobile
- 0.09 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !
40 commentaires
Commentaire de taz28 posté le 18-03-2009 à 21:00:00
Cette course était la tienne Philippe, tu as dompté tes doutes, tu as eu la hargne jusqu'à cette belle dame de fer qui te tendait ses entrailles métalliques !!!
Nous avons bien vu que tu avais une pêche d'enfer, tu rayonnais partout où on te croisait !!
Bravo Monsieur Mustang, vous êtes un grand !!!
Taz_ravie_de_t'avoir_boosté :-))
Commentaire de martinev posté le 18-03-2009 à 21:20:00
BRAVO !!!
Quel mérite , quel courage....
RESPECT Monsieur MUSTANG
Commentaire de tintinmar75 posté le 18-03-2009 à 21:20:00
Super récit, bonne idée l'enregistreur et grâce aux photos, ma femme a tout compris. Belle performance en plus d'une revanche. Une course qui comptera au moins double.
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 18-03-2009 à 21:22:00
Tiens, finalement, à te lire, je m'aperçois qu'il y avait des côtes.Je matais trop les deux déesses, je ne m'en suis pas aperçu !
Le Lutin est ravi que le Mustang soit de retour. Je n'en aurai que plus de plaisir à te poutrer à l'occasion.
Commentaire de francois 91410 posté le 18-03-2009 à 21:24:00
Quelle revanche éclatante au milieu de la nuit parisienne !! Comme l'a écrit le Lutin dans son CR, je suis tellement content pour toi !!
Commentaire de millénium posté le 18-03-2009 à 21:27:00
BEAUCOUP d'émotion à te (re)voir , et maintenant à te lire....
Et , en plus , un temps "canon"....
Au fur et à mesure que les kms passaient , je te sentais plus "fort" ; d'ailleurs ton classement le prouve.C'est vraiment formidable !
Bises l'ami
Commentaire de JLW posté le 18-03-2009 à 22:01:00
LE Mustang est de retour, c'est cela le plus important. Bravo pour ta course et merci de nous faire partager tes émotions.
Commentaire de ouster posté le 18-03-2009 à 22:03:00
Well done old chap ! :-)
Commentaire de Le Bagnard posté le 18-03-2009 à 22:29:00
Ta chevauchée à été facile !!!!tu portes bien ton pseudo .....la prochaine fois je grimpe sur ton dos.
Formidable course et Magnifique Cr au plaisir!!
Laurent
Commentaire de breizhman14 posté le 18-03-2009 à 22:34:00
J'avais bien vu au 2ème ravito que tu étais en pleine euphorie, bravo de l'avoir gardée jusqu'au finish!!
Commentaire de loicm posté le 18-03-2009 à 22:37:00
Bravo MONSIEUR Mustang !! quelle course rondement mené, et heureux d'avoir fait ta connaissance sous la tente !
Commentaire de Astro(phytum) posté le 18-03-2009 à 22:39:00
Bravo pour ta course , c'est pas rien de remonter 500 coureurs .
La précision de ton récit vaut largement celui de ton GPS , on s'y croirait
Commentaire de Jerome_I posté le 18-03-2009 à 23:02:00
bravo pour ton résultat, sympa la ballade. La foret de Chaville, Versaille étaient mes sentiers d'entrainement il y a 3 ans, j'y retournerait bien, surtout pour le final!
Beau Récit.
Jérome
Commentaire de Papy posté le 18-03-2009 à 23:30:00
On sent qu'il y a beaucoup plus qu'une simple course la dessous, bravo !
Je ne sais si tu vas souvent courir en belgique, mais j'y ai aussi souvent vu le petit Lutin Belge au départ et à l'arrivée avec son petit vélo, peut être t'y ais déja aussi, rencontré ?
Bonne contnuation sur ce rédémarrage, au plaisir...
L'Papy_from_cybercafé
Commentaire de Nono_d posté le 19-03-2009 à 00:08:00
Récit incroyable... Je suis sans voix, j'ai juste envie de venir courir avec vous l'année prochaine et... encore bravo à toutes et tous!
Commentaire de TomTrailRunner posté le 19-03-2009 à 00:22:00
juste un titre à te suggèrer : "une course et un homme"
Commentaire de _azerty posté le 19-03-2009 à 06:52:00
Bravo pour ce retour après une courte parenthèse.
Tu as par la même occasion, découvert mon terrain de jeu. C'est autrement plus urbain que "l'Ecouvies"
Te voilà prêt pour une version hivernale plus musclée , tu te rappelles ? (ça commence par un R)
Commentaire de la panthère posté le 19-03-2009 à 07:41:00
"la fantastique chevauchée"....
encore un grand bravo!!!!!
j'ai pas été la seule à avoir été très émue de te voir rayonnant à l'arrivée! une belle tranche de vie! bisous....
Commentaire de -loulou- posté le 19-03-2009 à 08:00:00
Attention mustang est de retour, le lutin n'a plus qu'à bien se tenir! Merci pour ta déposition précise de cette journée du 14 mars,bravo bravo a+
Commentaire de shunga posté le 19-03-2009 à 09:09:00
Pas grand chose à ajouter. Bravo ! La grande classe.
Commentaire de fanfan59 posté le 19-03-2009 à 10:24:00
Si maintenant le bagnard veut te grimper dessus ! Méfie toi qu'il n'en soit pas de même pour le lutin, je suis certaine que c'est un de ses fanstames. Bravo pour tes perf et détermination !
Fanfan _super contente de voir le Mustang en pleine forme.
Commentaire de RogerRunner13 posté le 19-03-2009 à 11:56:00
Bravo, belle leçon de courage et de ténacité...
Commentaire de CROCS-MAN posté le 19-03-2009 à 13:00:00
Simply BRAVO et MERCI, je l'attendais ce CR.
Commentaire de eric41 posté le 19-03-2009 à 14:22:00
Bravo Philippe pour ce retour.Au courage et la bête s'est balladée.
Eric
Commentaire de Pegase posté le 19-03-2009 à 14:56:00
Superbe d'émotions Philippe. Grand retour dans la vie. Je te souhaite une belle nouvelle vie
Commentaire de robin posté le 19-03-2009 à 15:34:00
Yes Captain'
super CR !
Commentaire de Françoise 84 posté le 19-03-2009 à 16:21:00
Et bien voilà, Le Retour est réussi: bravo à toi!! Tous vos récits me donnent bien envie pour l'an prochain (sous réserve qu'il y ait autant de kikous!!). Mais d'ici là, RV à Crest! Gros bisous!
Commentaire de artveja posté le 19-03-2009 à 16:57:00
Bravo pour ta course, ton sens de la mémorisation des endroits traversés dans ton CR m'impressionne car dans ma tête c'est un peu (beaucoup)le désordre, bonne récup.
Commentaire de gdraid posté le 19-03-2009 à 18:40:00
Merci Mustang pour ce récit bien illustré, qui fait plaisir à lire !
Bravo pour ta course avec le sourire, patiente et efficace, au point de remonter plus de 700 coureurs, du départ dans les derniers, jusqu'à l'arrivée au premier ...
étage de la Tour Eiffel !
JC
Commentaire de dave76 posté le 19-03-2009 à 18:50:00
superbe recit mr mustang
et bravo pour la perf
Commentaire de ampoule31 posté le 19-03-2009 à 18:56:00
Sais pas encore quoi dire, mais si tu étais devant moi sur que je te serrerais toujours dans mes bras ...
Commentaire de hagendaz posté le 20-03-2009 à 08:14:00
belle course et récit très émouvant
Commentaire de fabzh posté le 20-03-2009 à 10:31:00
Bravo Mustang
quelle volonté,super content de te voir en pleine forme.
bravo encore . A bientôt.
Commentaire de Epytafe posté le 20-03-2009 à 13:12:00
J'adore ces récits où le plaisir de l'histoire se dispute à celui de lire un beau texte. Magistral récit, tout comme l'a été ta course, merci Mustang.
PS. C'est quoi comme musique qui fait hérisser le Lutin ?
Commentaire de agnès78 posté le 21-03-2009 à 00:02:00
beaucoup d'émotions...
un grand BRAVO!
et merci...
bises
agnès
Commentaire de marioune posté le 21-03-2009 à 06:32:00
Ma première rencontre avec toi: en haut de la Tour Eiffel, après ton arrivée, naseaux fumants le Mustang et regard avec cette hargne de vie...Je vois bien de quoi il s'agit..
Cette course, tu l'as menée de manière magistrale. Bravo!! A bientôt
Commentaire de Souris posté le 22-03-2009 à 10:20:00
Quelle force de la nature ce Mustang!! quel battant! Un grand Bravo à toi pour cette course... pour ces challenges relevés.
Commentaire de Bikoon posté le 23-03-2009 à 14:26:00
Un immense merci Mustang pour ce superbe CR rempli d'émotion, j'en ai encore les poils tout hérissés :o()
Et un très grand bravo aussi pour ta course, parfaitement maîtrisée.
Commentaire de gastéropode posté le 29-03-2009 à 08:52:00
bravo pour ton récit, c'est agréable de revivre la course en te lisant. Je sais auusi le plaisir qu'on a à être de nouveau dispo après une abscence. On a pas mal de ressources mentales dans ces cas là.
Je devais pas être très lucide, car j'ai été infoutu de trouver l'info sur les classements intermédiaires.
Bon retour et pas trop d'imprudence quand même!
Commentaire de runner14 posté le 07-04-2009 à 18:49:00
SALUT MUSTANG!On s'aperçoit dans ce CR toute la volonté et la rage de réussir cet ECOTRAIL que tu as très bien maitrisé ,oh grand maître de l'ultra :)),c'est vrai aussi que tu était bien entouré et épaulé en la circonstance ,très heureux que tu es retrouvé une forme de jeune homme,c'est cool!
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.