Récit de la course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km 2011, par leptitmichel

L'auteur : leptitmichel

La course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km

Date : 26/3/2011

Lieu : St Quentin En Yvelines (Yvelines)

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Distance : 80km

Objectif : Pas d'objectif

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Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis !

Né en 2008, l'Ecotrail de Paris veut se positionner comme le grand trail parisien au même titre que Lyon et la Saintélyon

Moyennement attiré par le concept très commercial lors de son lancement, il faut reconnaitre que depuis, tous les retours que j'en ai eu sont plutôt positifs sur la qualité de l'organisation. Du coup cette année je me suis décidé à franchir le pas

Sur un secteur que je connais bien pour y courir souvent en CO, ce n'est pas moins de 80km et 1500m de D+ qui seront à couvrir sur sentiers et chemins (+ 90%), le tout en moins de 12h30. Le tracé se situe entre la base de St Quentin en Yvelines et... le 1er étage de la Tour Eiffel, haut lieu de l'arrivée (c'est le mot approprié).

Seul objectif de cette épreuve... rester dans les délais pour pouvoir passer la ligne en haut de la Tour Eiffel... Le reste n'est qu'une sortie longue en préparation du 24h de Feucherolle.

Ecotrail de Paname…

Lors de son lancement il y a 4 ans j’avais émis de gros doutes sur la qualité et sur les objectifs (soit disant écolo) de l’organisation de cette épreuve… La course était clairement montée pour venir concurrencer la Saintélyon, (épreuve en pleine « dérive » commerciale, non sans quelques difficultés de calage d’ailleurs), un coût d’inscription plutôt lourd, et une expérience de la part des organisateurs qui sentait bon la méconnaissance du trail. Le premier règlement de la course n’était qu’un grossier copié-collé de celui de l’UTMB imposant 2 frontales avec piles de rechanges, recommandant les bâtons, etc... alors que le risque de se retrouver coincé loin de toute possibilité de secours n’est pas tout à fait la même lorsqu’on dans un col des alpes à 2500m d’altitude ou lorsqu’on se trouve en forêt de Meudon… Bref l’ECOtrail sentait d’avantage l’ECOnomique que l’ECOlogique.


Vous avez compris, elle ne me branchait absolument pas cette course… Sauf que…

Dès la première édition, les retours des coureurs ont été globalement positifs, tant sur le parcours que sur la qualité de l’organisation. Pas de gros bugs… Des petits calages à faire comme sur toutes les épreuves mais des retours plutôt satisfaisants…

Toujours sceptique, j’ai laissé passé la seconde édition en 2009 pour voir, et là, même type de retours… Positifs.

En 2010, je fais une saison exclusivement dédiée à la course et aux raids en orientation… Comme il n’y a ni balise, ni boussole sur l’Ecotrail, j’ai suivi ma logique et je n’y suis pas allé (il faut toujours rester logique avec ses objectifs).

Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.

Lors de la construction de ma saison 2011 et la définition de mes objectifs, j’avais prévu de faire une course moyenne distance au printemps, un truc dans les 50-60 bornes, pas plus à ce moment de la saison et plutôt roulant (ma saison ‘orientant plutôt sur du plat)


Vision réaliste du dénivelé.. La version officielle sur le site fait trop "montagnes russes"

En cherchant dans le calendrier je suis tombé sur l’Ecotrail et sa version 50km… 50km avec un peu de D+, ce doit être dans mes cordes ça ! Seulement très vite il y a un petit truc qui me chagrine.


Le tracé du 50 et du 80 km

Pour moi l’intérêt de l’Ecotrail ne réside pas tant dans sa traversée des forêt de l’ouest francilien (forêts que je connais bien puisque je m’y entraîne), mais le « plus » c’est bien son arrivée au 1er étage de la Tour Eiffel.

Hors le 50km n’arrive qu’au pied de la Tour Eiffel et seul le 80km a le privilège de terminer par la montée des quelques 350 marches qui mènent à la plateforme située à 58m au dessus du sol.


Monsieur Eiffel aurait pu arrêter sa construction au 1er étage !

Du coup faire 50km pour finir au pied de la Tour, je trouvais ça un peu frustrant… C’est donc décidé, je ferai le 80km… Et je monterai l’escalier métallique du pilier sud. C’est dit !

Préparation :

Même si ma préparation pour le Raid 28 en janvier a été fortement allégée, j’ai néanmoins repris un peu goût à la course « pour la course »… et ce en grande partie grâce a mes équipier(e)s qui m’ont systématiquement poussé à repartir en trottinant lorsque j’avais envie de marcher… On en reparlera plus tard.

Et cette envie, je compte bien la prolonger. Non pas que je me soit préparé en bouffant beaucoup de kilomètres, mais j’ai essayé de faire ça un peu plus sérieusement que d’habitude et j’ai réussi à intégrer un certain nombre de sorties de 2h-2h30 en mode longue distance avec les Bled-Runner en pleine préparation pour leur Marathon des Sables.
Je profite aussi de quelques sorties Off de reco sur le parcours dont une avec Corto (Jeff) qu’on se fait un dimanche matin entre St Quentin et Rueil Malmaison.

Les deux dernières semaines sont un peu allégées pour cause d’emploi du temps chargé, mais les sensations sont plutôt bonnes et pour une fois je ne suis ni blessé, ni fatigué à l’approche de la course.

L’avant course :


Accès au village de l'Ecotrail !

La veille de la course je passe au village retirer mon dossard, ma puce et faire le tour des stands ce qui me permet de croiser quelques connaissances sur le stand UFO avec un Phil nomade (lisez donc son CR… ), un Michel Poletti venu assurer la promo de l’UTMB (vous pressez pas, c’est complet pour cette année !)… et pas mal de coureurs qui veulent s’éviter le passage du côté de la Tour Eiffel samedi matin avant la course.

Samedi, jour de la course, je me rend directement à St Quentin de chez moi et je me retrouve vers 11h00 sur place. Je suis parti pratiquement en tenue et je n’ai, en fait, qu’à laisser mon sac de rechange pour l’arrivée aux navettes.


Zone d'attente avant la course

Après c’est passage par la tente où est distribuée une collation, papotage avec tout plein de kikourous, Ufos et autres connaissances avant de rejoindre Malte et Elzbieta de Bled-Runner afin d’attendre le moment du départ…


Rassemblement de kikous !

Je retrouve Christophe Le Saux (qui malgré une gastro terminera quand même 11ème ! ! ! ) que j’avais rencontré lors du raid Amazonie et qui a fait le déplacement depuis Cayenne pour l’Ecotrail… et un Ufoot (Christian) dans un drôle de costume (bon c’est un habitué des costumes quand même) sauf que là il me fait comprendre qu’en fait, il n’est pas costumé…(oups désolé…).

En fait il vient tester la tenue de course qu’il portera la semaine prochaine.
Hein, quoi, tu fais l’Ecotrail une semaine avant une course… mais tu vas faire quoi…
Oh rien, juste la Barkley…

Hum Hum ! ! ! Alors pour celles et ceux qui ne connaissent pas la Barkley, c’est la course aux 1,5% de finisher… En gros depuis qu’elle existe il y a 35-40 coureurs par an, et seulement 9 finisher depuis sa création… Du coup elle a la réputation d’être la course la plus dure du monde… Rien que ça…

Du coup il gagne le droit d’emporter le drapeau UFO avec lui là bas (merci Gaétan) … mais pas tout de suite parce que pour le moment, le drapeau il est sur mon sac et c’est à moi que revient le privilège de lui faire faire ses 80 prochains kilomètres … Donc Ufoot, tu es bon pour m’attendre si tu veux le récupérer à l’arrivée (si j’avais su !!!)

D’ailleurs en parlant de tenue, mon équipement est présenté dans la fiche équipement qui va bien.
L’objectif côté tenue est d’avoir une tenue unique pour gérer le jour et la nuit… Seule variable d’ajustement la « pac light » en cas de froid ou de pluie pendant la nuit.

Côté ravito, je pars avec 1,2 litre pour la première section (22km) et je ferai le plein (2 litres) au premier ravito pour les 34 km suivants. Ensuite un complément au 56 et un au 70 permettront de finir la course.
Côté solide j’emporte le minimum syndical mais je sais que je ne mange rien en course sauf sur les ravitos. Je profiterai donc de mes passages sur les points de ravitaillement pour grignoter.

Sur place il commence à faire chaud et je fais une première erreur de débutant, c’est de ne pas m’hydrater correctement… Pas glop pas glop après coup, mais bon je n’y ai pas fait attention tout de suite.


Beaucoup de monde dans le sas de départ

12h15 on va dans le sas de départ… Petit briefing des organisateurs, puis à 12h30, le départ est donné.

C’est partiiiiiiiiiiii

Allez c’est parti… Il fait chaud, trop chaud pour une fin mars, et pourtant les organisateurs n’ont pas arrêté de rappeler qu’il fallait penser à boire vu les problèmes de déshydratation rencontrés l’an dernier.


C'est parti !

Pour ma part j’envisage de faire les 22 premiers km en 2h30 soit un peu moins de 9 km/h .

En fait ma feuille de route est simple… 11h30 au total (pour finir avant minuit) réparti de la façon suivante
Départ - Ravitaillement 1 : 22km globalement plats en 2h30
Ravitaillement 1 – Ravitaillement 2 : 34km bosselés en 5h00
Ravitaillement 2 – Ravitaillement 3 : 16km partiellement bosselés en 2h30
Ravitaillement 3 – Tour Eiffel : 10km plats en 1h30

Ces points de repères me permettent d’avoir 1h d’avance sur la barrière horaire. Pour le reste je ne regarderai presque jamais ma montre pendant la course (je ne met même pas le chrono en marche). Je préfère courir aux sensations et je contrôlerai mes temps de passage en arrivant sur les ravitos… Rien de plus.


Sur le tour de la base de loisirs

On commence par un tour de la base de loisirs de St Quentin. Quelques sections à découvert me font sentir la chaleur, et malgré tout je ne bois pas (pourquoi ???)


Dans la base de loisirs

Ca part un peu vite par rapport à ma prévision (10 km/h) mais bon c’est plat alors je me laisse entraîner.

On quitte la base après 5-6 km et on traverse la ville nouvelle, lieu où j’organise régulièrement des CO d’initiation. Au passage je croise Nadejda, une collègue qui est bénévole sur la course et que je reverrai encore une fois un peu plus loin.


Entrée dans la ville nouvelle de St Quentin

A partir de là on emprunte une partie du tracé utilisé lors de la reco 15 jours avant avec Corto. Je suis en terrain connu, donc je me laisse toujours porter, d’autant que ça reste roulant.

Le soleil est maintenant légèrement voilé mais la chaleur est toujours présente.

Les derniers km nous font passer nos deux premières bosses. Ce n’est que l’avant goût de ce qui nous attend ensuite et à écouter les coureurs autour de moi, la suite va être de la boucherie.

Pour ma part je passe ces montées en marchant à un bon rythme (première fois que je marche) et je relance immédiatement après la fin de la montée.


Les premiers bois après St Quentin

C’est en fait la stratégie de course que je compte appliquer le plus longtemps possible. Courir à ma « PAT » tant que le terrain le permet, marcher dans les montées, et relancer tout de suite une fois en haut.
C’est un peu l’approche adoptée avec mes équipier(e)s lors du Raid 28 et notre 6ème place au final est la preuve que ça fonctionne. Et puis j’ai envie de courir, pas de marcher.

Ah oui la PAT… c’est ce que j’appelle ma Petite Allure Tranquille. C’est mon truc pour ne pas me laisser emporter par le rythme des autres sur ces sections à risques. Quand je relance, je le fais tout doucement, sans me soucier des coureurs autour de moi… Le plus drôle, c’est que progressivement mon allure remonte toute seule sans que je m’en rende compte.

Bref, une allure à laquelle je suis bien…

Ces deux premières montées sont avalées sans soucis, les cuisses ne bronchent même pas, mais je reste donc prudent en attendant de découvrir la suite.

Arrivée sur Buc et sur le premier ravitaillement


Arrivée au ravitaillement de Buc, km 21 (ou 22?)

2h18… Pas mal par rapport aux 2h30 prévues. C’est même un poil rapide.

Par contre je suis content d’arriver car j’ai super soif… Je passe au ravito, bois un premier grand verre, puis j’attrape une bouteille pour remplir le camel. Je vide ma poudre (Maxim neutre) et rempli la poche avec la bouteille… Là surprise… Je n’arrive pas à mettre toute la bouteille dedans.

Le calcul est vite fait. La poche fait 2 litres, je suis parti avec un peu plus d’un litre… et je ne rentre même pas les 1,5 l de la bouteille… Bref sur cette première section j’ai du à peine boire 50cl… Avec ma mauvaise hydratation d’avant course, je comprends mieux pourquoi j’ai soif.


Le ravitaillement dans une cour d'école.

Une fois la poche pleine, j’attrape au vol un peu de fromage, du chocolat, du saucisson et quelques tucs (on fait de ces mélanges parfois) , je me sers un grand verre de coca et je pars en marchant vers de nouvelles aventures, préférant avancer en me ravitaillant plutôt que de rester sur place…

2h24 je quitte le ravitaillement de buc. J’ai tout fait en moins de 6 minutes.

Je me relance sur un petit chemin bien connu des raidvingthuitards ou notre ami Soul (Pierre) avait du traverser 6 fois le cours d’eau pour aller poinçonner une balise

A partir de maintenant on rentre dans les montagnes russes.


Première descente... trop facile !

Alors oui, ça monte… pas franchement de façon méchante mais il y a quelques beaux coup de cul… par contre les descentes sont assez roulantes et permettent de ne pas trop s’exploser les cuisses.

2 ou 3 km plus loin je fais une pause technique… Je me fais la remarque que c’est la première alors que d’habitude c’est bien plus fréquent… L’effet ravito…


Petits vallons franciliens

En repartant mon pied tape dans une racine. Je perd l’équilibre, prend un appui de travers et là, une grande douleur me monte dans l’autre jambe… Une belle crampe de chez crampe.

Je reste appuyé à un arbre et j’essaie de détendre la jambe… Ça, après la soif, c’est le deuxième effet « manque de boisson ». Je reste comme ça quelques minutes le temps que ça passe et je repars en marchant pour finir de détendre.

Ca commence mal. Si j’ai des crampes dès le 25ème, je suis mal barré.

Progressivement je profite d’un chemin assez propre pour repartir en petite foulée, tout en prenant soin d’avoir des appuis le plus stable possibles.

Pendant 5-6 km ça ne se passe pas trop mal. Je monte en marchant et je relance tout de suite après les côtes en restant attentif à mon mollet car plusieurs fois j’ai eu des petits élancements à la limite de la crampe. Chaque fois j’essaie de boire un peu tout en essayant de préserver mon capital eau pour tenir jusqu’au 56ème km.

Sur cette section je commence à croiser un peu toujours les mêmes coureurs. On sent bien que les vitesses se stabilisent, mais je suis surtout surpris du nombre de coureurs qui… marchent. Beaucoup sont partis trop vite et le payent déjà. Je fais le yoyo avec Ufoot, et ça va durer pendant encore pas mal de kilomètres.

Passé le trentième kilomètre j'ai un coup de moins bien (normal, ça m'arrive toujours entre 3h30 et 4h30 de course, puis entre 7 et 8 heures de course). Je pioche un peu, je ralenti mais j'essaie de conserver mon mode de progression. Je sais que ça va passer, mais moralement ça s'ajoute au reste... il faut tenir


Ca monte, ça monte

A un moment sur un large chemin, mon pied tape (encore) dans une grosse racine. L'effet est immédiat et je sens immédiatement la crampe monter... je gueule un coup, prend appui sur l'autre jambe et là, seconde crampe dans le mollet de la seconde jambe... Et bien sûr, je me retrouve par terre...

Des coureurs s'arrêtent dont Fred (qui n'est autre que l'organisateur du Trail du château de Pierrefond). Il m'étire la jambe, puis au bout d'un moment j'essaye de me relever et la crampe revient aussitôt... j’attends quelques minutes, j'en profite pour boire et là j'ai un éclair de génie... Au fait dans e sac, j'ai un tube de sporténine... Mais pourquoi je n'ai pas pensé à en prendre avant ?

Je sors le tube, j'avale 2 cachets et je bois de façon généreuse. Après quelques minutes supplémentaires Fred m'aide à me relever (en passant par la position à genoux ce coup ci pour ne pas relancer la crampe), et on repart tranquillement en marchant le temps de tout détendre.

Fred n'est pas au top. Il a l'estomac en vrac et préfère terminer tranquillement... En tous cas heureusement qu'il a été là.

Je regarde le chrono, il est 17h00... ca ne fait que 4h30 qu'on est parti et je suis déjà à la rue à cause de ces crampes, alors que le reste de la machine fonctionne bien.

Là je décide de jouer le tout pour le tout. Je ne m'occupe plus d'économiser la boisson mais je me dit que dans l'heure qui vient je dois boire, boire et boire... on verra jusqu’où ca tiendra, mais je prend le risque d'être à sec avant le ravito.


Promenons nous dans les bois

Au bout de quelques centaines de mètres, je me pousse a relancer la machine en courant. Tout doucement, les pieds bien à plat pour sentir les mollets et ça semble passer. Là je dois avouer que pendant quelques kilomètres je rentre un peu dans ma bulle pour ne me concentrer que sur mes sensations. Du coup je ne vois pas Fred décrocher (il préfère continuer à marcher de plus en plus) et quand je m'en rendrai compte il n'y aura plus personne derrière moi... Désole Fred ! Et c'est quand même grâce à toi que je suis reparti...


En plein effort !

Petit à petit être la boisson et la sporténine la forme revient. Dans le même temps ma période difficile est passée et progressivement j'arrive à relancer à mon rythme normal.

Les idées noires d'arrêt au 56ème sont maintenant oubliées... j'arrive de nouveau à profiter du parcours, et je m'amuse.

On approche de l'observatoire de Meudon. Depuis les terrasses on voit bien la Tour Eiffel au loin, sauf qu'il est trop tôt encore pour piquer directement dessus. On a encore un boucle à aller faire du côté de Chaville et de Ville d'avray avant d'envisager revenir sur Paris.


Les grands escaliers de l'Observatoire de Meudon

Pour arranger le tout on commence à se prendre la pluie. Depuis un moment on entendait bien l'orage gronder, mais là ça y est on va être bons.
Il ne fait pas froid alors je décide de ne pas enfiler la gore tex. De toutes façons je serai trempé quoi qu'il arrive, donc je reste avec le maillot technique, et je garde la veste pour plus tard

Au dessus de l'observatoire je vois une arche... Le ravito du 56... Trop cool, je pensais n'être qu'à 50 ou 51 km (tout ça à l'estimation et aux dire des porteurs de GPS...)

Je m'approche mais ça à l'air bien calme pour un ravito. D'un seul coup je vois un panneau sur la droite... KM 46 … Quoi seulement 46... Pfffffffff petit coup au moral une fois de plus.


Controle du matériel au 46ème kilomètre

Des bénévoles nous indiquent qu'il s'agit d'un contrôle des sacs et du matériel.

J'arrive sous la tente, il est presque 18h30. J'ai un peu de mal à sortit le matos, mais bon j'ai tout alors je passe sans soucis.

Je repars sur un petit bout de route en essayant de ne pas trop faire de calcul théorique sur mon heure d'arrivée à Chaville. Déjà on n'est pas surs des kilomètres indiqués à 2 ou 3 près, et j'ai de mauvais souvenirs de calculs erronés qui n'avaient fait que me miner le moral.


C'est reparti, mais toujours sous la pluie

Je repars donc en courant, profitant des dernières périodes de jour. Encore quelques montées descentes, parfois un poil glissantes, mais dans l'ensemble même avec les chaussures de route ça passe bien.

Mes mollets semblent me laisser tranquille (mais je reste attentif) alors j'ai repris mon mode de progression visé.

J'ai un peu de mal retrouver exactement les éléments sur cette section. Le seul truc dont je me rappelle c'est un peu plus tard, un type sur le bord du chemin qui annonce le ravito à 1 km... Je me méfie de ce type d'indication, mais après une petite descente, on attaque une longue montée et là le public indique le ravito tout en haut.


Dernière montée avant le ravito

Le moral se gonfle un peu plus (même si j'ai bien repris les choses en main) et j'attaque fièrement des derniers hectomètres.

Dans la montée je croise mes parents venus encourager les participants. Ils sont là depuis le passage du 50km... et il va être 19h20... ca fait un moment.
Je termine la montée avec eux, mais ça ne dure pas très longtemps et ils n'ont pas le droit d'entrer dans la zone de ravito. Dommage. Ils me demandent si je continue. Je répond « et comment ! ». Maintenant je suis bien et ça doit aller au bout. Je leur dit d'appeler ma femme pour la prévenir que je prévois toujours une arrivée avant minuit à la Tour Eiffel et que je la rappellerai quand je serai à St Clouds.

Je les quitte et je passe au ravito.
19h23 quand j'arrive.6h53 de course sur les 7h30 prévues... Même avec mes soucis je n'ai pas perdu de temps (ou alors mes estimations étaient trop larges)


Arrivée au ravitaillement De Chaville km 56

Là sans pour autant trainer de trop je décide de me refaire une petite santé. Grand gobelet d'eau gazeuse salée, puis du coca, puis je mange un peu (chocolat, tuc, saucisson et fromage) avant d'aller refaire le plein de la poche à eau.
Là on a encore 16km avant le prochain ravito et la nuit tombe. Je pars donc avec un peu plus d'un litre. Ça devrait être suffisant.

Nouveau passage à l'eau gazeuse, j'avale un nouveau cachet de sportenine en préventif puis en me dirigeant vers la zone de départ je tombe sur Phil, qui comme d'hab est parti à fond de ballon, mais qui se retrouve avec nous (faut dire qu'il jouait avec son téléphone mobile...). Ufoot nous rejoint avec son sandwich et on papote 2mn.

Avec l’arrêt et la tombée de la nuit j'ai froid. Je décide donc d'enfiler la gore tex et du coup je met aussi la frontale car il fait bien sombre maintenant.

A peine 10mn après être entré, je ressors de la zone de ravito, direction St Clouds.

C'est reparti. Je suis bien maintenant, et ça va durer.

Sur cette section, on a encore 5-6km de montagnes russes puis on doit attaquer une section globalement roulante qui vas nous faire rejoindre St Clouds.

Je m'attendais à prendre mon second coup de bambou autour des 8h de course, mais visiblement l'arrêt au ravito au bout de 7h de course a du permettre de me l'éviter.

Cette section va même me paraître plutôt courte et assez facile, d'autant que sur la fin je retrouve un terrain d'entrainement utilisé avec mes amis de Bled Runners pour leur prépa au MDS. Je sais où je suis, je sais où est le ravito, bref je contrôle. Pas trop vite, comme d'hab, mais j'essaie d'assurer.

Depuis que je suis parti de Chaville je sais que ça va le faire, mais je sais aussi qu'une fois à St Clouds, je n'aurais plus aucun doute là dessus...

J'avais visé 2h30 pour cette section et je débouche finalement sur le ravitaillement en haut des terrasses à 21h52, soit exactement 2h30 après être arrivé à celui de Chaville... Si c'est pas de la précision ça !!!


Arrivée au ravitaillement de St Clouds...

En débarquant sous les lumières du ravito, j'ai un petit moment d'euphorie... ça va passer... même en marchant ça le fera.
Je regarde l'heure et il me reste 3h00 pour rejoindre la Tour Eiffel avant le cut off de 01h00 du matin.
Ravitaillement identique aux précédents + ajout d'un peu d'eau pour aller au bout. Avant de repartir je passe un coup de fil à mon épouse pour la prévenir... Si tout va bien je serai là dans environ 1h30-2h00, donc de toutes façons avant minuit. Comme prévu. Je leur dit que je les préviendrai dès que je serai au pied de la Tour Eiffel.


Des bénévoles pleins de bonne humeur !

Allez hop, c'est reparti.

Paradoxalement, cette dernière section ne sera pas la plus facile. Je connais le parcours, c'est plat mais du coup c'est un poil lassant.

Je décide donc de faire ça en Cyrano, technique que j'utilise depuis fort longtemps (bien avant d'en faire une méthode de référence...) et comme j'ai de la marge, ça va me permettre d'assurer le final sans trop m'entamer. Je garde juste un œil sur l'arrivée avant minuit, des fois que je me transforme en citrouille (et une citrouille dans les escaliers de la Tour Eiffel, c'est pas top)

Descente rapide depuis la terrasse vers le parc de Sèvre, traversée du parc, puis on passe de l'autre côté de la nationale pour longer la seine par le sentier qui dessert les péniches

J'alterne course et marche me faisant reprendre par quelques coureurs, mais au final, je me stabilise quand même (je ne perdrais que 16 places sur les 10km entre le ravito et la Tour Eiffel).

On passe l'ile Seguin, puis on entre dans l'Ile Saint Germain dont le parc est resté ouvert. On passe à proximité d'un resto que j'aime bien (l'Ile pour ceux qui ne connaissent pas, resto de JP Rives) puis on ressort de l'ile au niveau d'Issy Val de Seine.

Passage devant la maison de Bill en France et tout de suite après on passe sous le Périphérique... Ca y est on est à Paris...

On va maintenant remonter tout le XVème. Des que possible on nous fait bifurquer sur les quais, le port de javel bas pour commencer puis le port de javel haut avant d'aller traverser l'île aux cygnes de bout en bout.

La sortie de l'ile aux cygnes est un signal... Elle se fait sur le pont de Bir Hakeim, et la Tour Eiffel est à portée de mains.

Retour sur les quais et un peu avant d'arriver au pont d'Iena, j'appelle Myriam pour lui dire que j'arrive... Elle me répond qu'ils sont (avec mon fils et sa copine) au premier étage et qu'ils m'attendent.

Je monte la volée de marches pour quitter les quais et là je suis surpris par le monde sur l'esplanade au pied de la tour.


Une arrivée qui se voit de loin... De très loin !...

Un couloir nous est réservé pour rejoindre le pilier Sud, mais il est encadré de spectateurs qui nous encourage. C'est vraiment un court passage que j'ai fait avec plaisir.

Sur ce tronçon je croise quelques têtes connues dont celle du Bagnard, je revois Land croisé sur le parcours dans l'après midi, ou TomTom Trailer qui est ici en pur spectateur.

J'arrive au pilier Sud et je passe le contrôle à 23h26. Contrôle express du sac par la sécurité, et c'est parti pour environ 350 marches... Au début je voulais les compter, mais finalement, ça fait 11h que j'attends ce moment, alors je décide de juste profiter de la montée... pas de perf, pas de record, juste monter tranquillou (alors que je suis bien) et regarder autour...


80 km pour profiter de ce moment là...

Je vais laisser passer dans cette montée pas moins de 17 personnes, soit au final plus que j'en ai laisse passé depuis le dernier ravito... Sans ça je passais sous la barre des 800, mais franchement à ce moment là je m'en fichais pas mal...


Univers irréel fait d'éclairage et de poutrelles métalliques...

La montée n'est en fait pas très difficile et assez rapide . Je l'ai faite plusieurs fois avec des amis en visite à Paris et je sais que le final est très très rapide.

Les derniers paliers s'enchainent et j’entends le son du speaker qui s'approche...,


L'arche d'arrivée...

j'arrive sur la plateforme, je vois l'éclairage bleu derrière, je souffle un grand coup et je passe la ligne en courant à 23h31, soit après 11h01'21'' de course...


L'arrivée est franchie !

C'est fait, je suis passé... grosse bouffée de satisfaction. Je vois Myriam, Johann et Amélie qui sont là... En plein vent il ne fait pas chaud mais ils ont tenu bon... Myriam s'est faite surprendre par mon arrivée, elle ne pesait pas que j'arriverais si vite (j'ai mis 5mn pour monter) et on fait les photos après coup.

Je profite quelques instants, récupère le TS finisher, et passe au ravito express … prendre une bonne bière qui me tend les bras.

Je surveille les arrivées car Ufoot est reparti derrière moi de St Clouds et comme il ne m’a pas doublé sur la dernier section il ne devrait pas être très loin. L’idée est que je lui refile tout de suite le drapeau UFO pour qu’il l’emporte sur la Barkleys jeudi prochain.


Le drapeau UFO à l'arrivée...

Point de Ufoot. Comme mes accompagnateurs commencent à se cailler sec, on se dirige vers les ascenseurs. On laisse passer le premier qui est plein, on attend quelques minutes et là au moment de monter voilà Ufoot qui nous rejoint… Il me dit être arrivé quelques minutes après moi. On a du se rater de peu.

Transfert officiel du drapeau UFO… A lui de le porter sur la prochaine épreuve.

On redescend, on passe récupérer les sacs coureurs au gymnase, passage qui donne l’occasion à Myriam de faire une vidéo rigolote…, puis c’est retour maison pour une bonne douche et un gros dodo… Et franchement, ce soir, j’étais quand même drôlement content d’avoir un chauffeur et des accompagnateurs pour me ramener à la maison…Merci à tous les 3…


Mes temps de passages

Alors finalement l’Ecotrail…

Et bien, je dois reconnaitre que globalement, c’était quand même pas mal organisé. Juste un peu de bousculade à Chaville pour le remplissage des poches à eau, mais sinon, pour tout le reste, rien à redire…

Belle orga, des bénévoles supers sympas tout le long, et ce final qui à lui seul vaut bien les efforts déployés.

Un peu surpris du parcours… Je m’attendais à ce qu’on emprunte des côtes beaucoup plus raides (et il y en a là où on est passé). Là non, aucune côté réellement méchante. Ca peut sembler difficile aux coureurs sur route, mais franchement pour les habitués des trails, en dehors de la distance, le tracé est quand même bien roulant.

On est pile poil dans le même esprit que la Saintélyon… Un trail roulant vu par les trailers et une course technique vu pas les coureurs sur route…

Il n’empêche qu’il faut quand même manger ces 82 foutus kilomètres… tout en restant dans les barrières horaires.

Seul petit point noir à mon avis, le tarif d’inscription… Autant je peux comprendre les coûts d’orga sur l’UTMB (ou la CCC pour rester à une dimension identique) avec le secours en montagne, et toute la logistique demandée par une course de montagne, autant là, je me demande encore où passe le montant des inscriptions…

Attention, on a tout ce qu’il faut sur la course (ainsi qu’après) mais pas plus qu’ailleurs…

Voilà. Ce n’est probablement pas une course que je ferai tous les ans, mais lorsque le planning nécessite une sortie longue à cette période, ca peut faire une bonne course intermédiaire.

Côté physique, en dehors de ma bêtise de débutant avec l’hydratation, tout s’est bien passé ensuite. J’ai réussi à mener la course comme je l’avais prévu. Pas de blessure (en dehors d’un ongle noir), pas d’ampoules (merci les chaussures de route), et 48h de courbatures habituelles, mais rien de plus.

Place maintenant à une grosse semaine de break pour tout laisser se remettre en place, puis j’attaque la suite de mon programme, direction un 24heures… histoire d’essayer de battre mon (modeste) record.

Merci d’avoir tenu jusqu’ici…

A+

Le p'tit Michel !

4 commentaires

Commentaire de Papy posté le 05-04-2011 à 10:55:00

Mouarf... Un Electron desséché dans Paris.

Pas vu au départ et pas vu à l'arrivée, c'est vraiment dommage...

Dommage aussi que les coureurs ne passent plus dans la tente d'arrivée, c'est un "moins" énorme pour cette course.

Les sous ? D'après ce que j'ai entendu, la location de la Tour Eiffel couterait 20000 euros, soit 10 euros par personne... Le reste... Il y a maintenant, je crois, des salariés à l'année, comme au marathon du Médoc qui, au début du siècle, tournait avec un budget de 1 million de "francs".

J't'attendais sous la tente, t'as pas eu la force de venir ! A la prochaine...

Commentaire de caro.s91 posté le 06-04-2011 à 08:46:00

Coucou Michel,

Je t'ai reconnu trop tard sur le parcours pour te saluer! et comme je ne pouvais pas te courir après !!! ;-)
En tout cas, superbe récit! Je suis allée jusqu'au bout! :-)

Caro

Commentaire de TomTrailRunner posté le 09-04-2011 à 09:17:00

+1 sur le papy : et il n'y a pas que pour la tour Eiffel qu'il faut payer....

Sinon, un récit nickel documenté où on retrouve toute ton expérience et ton plaisir de gambader :-)

Commentaire de redpanda posté le 15-05-2011 à 18:39:00

c'est cool pas trop de bobos ;)

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