Récit de la course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km 2010, par steph05

L'auteur : steph05

La course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km

Date : 20/3/2010

Lieu : St Quentin En Yvelines (Yvelines)

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Distance : 80km

Objectif : Terminer

6 commentaires

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Mon premier trail ...

J'avais envie de me lancer un défi et j'ai choisi l'Ecotrail. Je dois préciser que je suis certes sportive, mais que je ne cours vraiment pas beaucoup. 80km en 12h30, ça fait 6.4km/h en moyenne, donc je me dis que c'est possible. Je fais beaucoup de randonnées (35 à 40km) en marchant vite, donc ça doit être jouable.

 

Préparation 

Je m'inscris donc le 14 novembre 2009, avec mon copain. On a décidé de le faire ensemble, et de monter les marches ensemble. On se dit qu'on va remplacer nos randos par des trails. Mais ... en 3 mois je n'ai couru que 2 fois: 10km + 6km. Et lui s'est blessé au Trail Blanc donc pas d'entraînement non plus !!!

Je m'achète des chaussures de trails (Asics Trabucco) que j'essaie quand même sur des randos. Parfait. Un sac Raidlight femme 10L. Sauf que je suis petite, alors le sac est un peu grand dans mon dos. J'aurais dû le tester avant la course, mais je l'ai mis la première fois le vendredi pour aller retirer mon dossard !!! Il me brûle au niveau du coup, une coureuse me conseille de mettre de l'elasto. J'ai suivi son conseil et c'était parfait. D'ailleurs dans le RER un coureur m'a dit "waouh, on voit la pro". S'il savait ... 

Après se pose la question de l'alimentation. Je commence à y penser le WE d'avant la course. Je lis les forums et tous les sites de produits énergétiques. Malto, hydrixir, gatosport, gels ... C'est bien compliqué. J'opte pour du Malto Overstim et du fructose que j'ai acheté chez Monop. Je dose 55g de Malto + 45g de fructose pour 1L d'eau. Et des gels achetés chez Gosport à la banane. 1 par heure donc 12 mais j'en ai pris 16 au cas où. Je me prépare des doses de poudres pour remplir ma poche à eau pendant la course : je me fais 4 sachets de 100g pour 4L.

Pour le reste de l’alimentation, je ne change rien. Je continue à manger des pâtes et des bananes comme d’habitude. Nico lui a cuisiné des gâteaux (un à la carotte et un à la banane, et un pain d’épices). Très bons d’ailleurs !

Je passe aussi chez le Vieux Campeur pour une deuxième frontale (Petzl XP), la couverture de survie, le strap et me voila prête. Je pèse mon sac: 3.8kg avec 1L d'eau, donc 4.8kg au max.

Vendredi soir je rejoins Nico sous la Tour Eiffel pour récupérer les dossards. Ils n’ont pas contrôlé mon sac. On me remet une enveloppe et le cadeau du partenaire Mizuno : un sac à chaussures. J’ouvre l’enveloppe : une entrée pour le salon de la rando, la puce, 4 épingles à nourrice, le ticket de RER, un sac poubelle pour déposer nos  et mon dossard. 1171, avec mon prénom écrit dessus. Donc cette fois on a tout …

 

La course

Et le grand jour arrive … Bizarrement j’ai bien dormi la veille. Réveillée vers 7h comme en semaine, sans réveil. Un bon petit déj’ vers 7h30, des gâteaux à Nico vers 9h30, je m’habille, je me mets du strap au cou, dans le dos et aux pieds, et hop’, direction le RER. On le prend à Javel et il avait déjà 10mn de retard, ça commence bien. On arrive à SQY, le bus bondé, l’arrivée au départ sous la pluie. Il a plu toute la nuit, j’avais trop peur qu’il pleuve encore toute la journée. Heureusement ça s’est arrêté.

On arrive donc à la base de loisirs de SQY, le sol est boueux. On s’abrite sous les chapiteaux parce qu’il fait froid. On s’habille (ou plutôt se déshabille), on met tout dans le sac poubelle et on va se placer au départ. Il fait beau, c’est déjà ça ! Le briefing, le compte à rebours et c’est parti …  

Beaucoup de monde au départ, on marche dans les passages étroits. On arrive à courir ensemble avec Nico puis on se lâche. Je croise 2 personnes que je connais, on court ensemble un moment. Le début est très roulant, on court à 9km/h. Je retrouve Nico qui m’a attendue. Je commence à avoir des brûlures sous la voûte plantaire, je m’arrête mettre du strap. Et là Nico commence à avoir très mal au genou. On marche, on essaie de recourir mais il a trop mal. Alors je pars toute seule. Je prends un gel à la banane, c’est bon finalement. Même l’eau sucrée passe bien. Je cours jusqu’au 21km. J’entends les bips des puces, le ravitaillement est proche. 15h10. On a donc fait ¼ du parcours !

J’appelle Nico. Il marche, il a mal, il va arrêter. Je décide de l’attendre. En attendant, je remplis ma poche à eau avec de la poudre et de l’eau, j’enlève les cailloux de mes chaussures, je change de chaussettes et je le rappelle. Il est encore un peu loin mais tant pis, j’attends. Il arrive à 15h30. Je veux finir la course pour lui. Il ne peut plus courir, je me dois de la finir pour lui. Alors je repars en pleurant, trop déçue de ne pas pouvoir continuer ensemble, et de le laisser.

J’ai pris du retard en m’arrêtant longtemps, je suis repartie dans les dernières. Donc il faut que je coure si je veux finir. J’ai déjà mal aux cuisses et aux chevilles. Mais je n’ai pas le choix. Je commence à rattraper des coureurs, c’est bon signe. Il faut enchaîner 32km, c’est long. J’ai mal aux cuisses et à la ceinture du sac qui m’appuie sur le ventre ! Je me mets à marcher. Ca je sais faire ! Je marche vite, entre 6 et 7 km/h. Et je cours uniquement dans les descentes. Le temps passe assez vite paradoxalement. Je marche, je marche. Je rencontre Olivier, un mec très sympa qui marche aussi. Alors on marche ensemble du 43 au 63° km. On passe à l’Observatoire de Meudon, c’est beau. On entend des bips, il y a un contrôle au 46° km. Ils nous demandent de mettre le brassard au bras, et de montrer la couverture de survie.

La nuit tombe. Et il se met à pleuvoir. Pourvu que ça ne dure pas toute la nuit ! Ouf, ça s’arrête ! Il a plu fort mais pas longtemps. Je sors ma frontale, j’appelle Nico. Il est sur Internet à suivre les résultats en direct. On nous annonce 2km avant le prochain ravito et il nous reste 3/4h avant la barrière horaire. Le ravitaillement est en haut d’une grande montée. Biiiiiiiiiiiip !!! J’adore ce bruit ! Je ne me pose pas longtemps, juste pour remplir ma poche et manger une banane et du pain. C’est dur de s’asseoir !

On repart ensemble avec Olivier à 20h30. Il nous reste 2h pour faire les 10km avant le prochain contrôle. Et là, il se remet à pleuvoir des cordes, pendant un bon moment. On passe à Viroflay, la grande descente dans la ville suivie de la montée des escaliers. Les étangs de Ville d’Avray, toujours sous la pluie. J’ai perdu Olivier qui s’est arrêté mettre sa veste. Il me rattrape un bon moment plus tard. Beaucoup de boue, des montées, on n’avance pas. La galère.

Enfin le 63° km. On n’a que 10mn d’avance, je ne m’arrête pas. Olivier doit abandonner, sinon il ne pourra pas rentrer chez lui, il n’y a plus de transport à 1h du matin. Donc je pars seule. Je me remets à courir sinon je ne pourrais pas finir. J’ai 1h10 pour faire 7km, mais je fatigue. J’ai peur de ne pas passer la barrière horaire. Mais il le faut, je dois terminer pour Nico. Et là, comble du bonheur, alors que je ne m’y attendais pas j’entends les biiiiiiiiiiiiiiiiiiips. Avec 20mn d’avance. Ca me donne des ailes, je me remets à courir, je traverse le ravito en courant !

St Cloud, descente sur Sèvres. Beaucoup de boue donc difficile de courir. J’ai 1h50 pour faire les 10 derniers km. Mais j’ai du mal à avancer, j’ai peur de ne pas y arriver. J’appelle Nico pour qu’il vienne à la Tour Eiffel, je veux finir pour lui. La descente, Issy-les-Moulineaux, et enfin Paris. France Télévisions, Banque Pop, ça se rapproche. Et il repleut. Le RER Champ-de-Mars/Tour Eiffel, je recours. Pont d’Iéna, 0h45, c’est bon, je suis dans les temps. Je traverse, j’arrive sous la Tour, je passe dans le chapiteau et Nico est là. Je ressors et je vois JP qui me prête son appareil photo. Les marches, elles se montent bien. Je monte en 5mn. Et en haut, biiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiip. Quel bonheur. Depuis le temps que j’en rêve et que j’en pleure à regarder les vidéos. C’est comme dans mes rêves. Dommage que Nico ne soit pas là. Je passe sous la banderole, 12h18m40s. J’avais dit que je finirai, je l’ai fini. Sans entraînement, rien qu’au mental. Je ne m’attarde pas en haut, je prends mon tee-shirt, ils m’enlèvent la puce et je prends l’ascenseur. Je retrouve JP et Nico en bas. Je n’ai pas faim, je vais quand même au buffet manger un peu.

Et là il faut aller jusqu’au gymnase … 300m mais qu’est-ce que c’est loin ! Je me suis refroidie, j’ai mal partout. Je récupère mes affaires mais il faut encore rentrer. J’habite à 2km, mais à pied je ne peux pas. Alors Vélib’, ça me faisait moins mal.

Le dimanche j’ai eu mal aux jambes, le lundi un peu moins, et mardi ça va. Je peux retourner à la gym demain ! Sur le moment, je me disais plus jamais, mais là j’ai déjà envie de recommencer !!!

Merci à toutes les personnes qui m’ont encouragées, celles avec qui j’ai couru un peu, et un grand merci particulier à Olivier, JP et bien sûr Nico.

 

6 commentaires

Commentaire de millénium posté le 23-03-2010 à 18:45:00

toute la différence entre ton (excellent) mental et celui qui m'a fait "lâcher" peu après le 63è....(dernier a ce pointage).
Bravo , c'est vraiment super

Commentaire de laurent05 posté le 23-03-2010 à 19:36:00

bravo pour ta course quel mental
merci de nous prouver que quand on veut on peut...
bonne récup
a+
laurent

Commentaire de TomTrailRunner posté le 23-03-2010 à 22:39:00

une envie : finir
une seule idée : finir
Pour finir : bravo

Commentaire de chris78 posté le 24-03-2010 à 11:42:00

Quelle course dis donc !!! c'est fort en emotion. Merci beaucoup pour ce recit, et un grand bravo pour ta course !!!!!
Christine

Commentaire de caro.s91 posté le 25-03-2010 à 14:10:00

Moral et volonté t'ont permis d'aller au bout de toi même avec un entraînement pas très orthodoxe !!! Tu as visiblement un fonds sportif d'endurance très marqué pour y parvenir et surtout ta tête t'a fait avancer. Bravo à toi pour cela et pour ton récit.
Caro

Commentaire de Bert' posté le 29-03-2010 à 16:13:00

Bravo de t'être accrochée, d'avoir réussi et de nous le faire si bien partager, avec en plus du suspens !

Tu as été très forte car c'était très limite... et tu as trouvé les bonnes ressources.

P.S : avec plus de prépa et un sac fortement allégé, tu peux encore bien progresser.

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