L'auteur : marathon-Yann
La course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 50 km
Date : 21/3/2015
Lieu : Versailles (Yvelines)
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Distance : 50km
Objectif : Se défoncer
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Cet Ecotrail de Paris version 50 km consituait mon premier objectif de l'année Je n’avais pas particulièrement prévu d'y participer, mais un dossard offert par son employeur ne se refuse pas ! Et ce d’autant moins qu’ayant fait la folie de m’inscrire aux 100 km de Millau, j’y voyais une belle occasion de monter pour la première fois au-dessus du marathon, et surtout de monter quelques cotes.
C’est donc pleinement motivé que je commence un entrainement « trail », mais les pluies de janvier font que rapidement je retombe dans mon format d’entrainement « marathon », des sorties longues sur du plat (jusqu’à 34 km 4 dimanches de suites), du fartlek deux ou trois fois par semaine… Entrainement un peu tronqué en janvier à cause de la grippe, mais ne partant pas en vacances en février je peux courir de tout mon soul, 500 km entre mi-janvier et mi-mars. Le 8 mars je participe au semi de Paris, et j’y explose mon record en 1h29, ce qui me remplit de confiance, malgré les courbatures les 2 jours suivants (assez inattendues après un tel entrainement).
Samedi matin. Mon épouse me dépose à l’entrée du parc du château de Versailles et retourne s’occuper des enfants, merci à elle et bon courage pour sa journée qui sera aussi fatigante que la mienne ! Le temps est assez frais, et je me demande jusqu’au dernier moment comment m’habiller. Finalement, ce sera casquette, tee-shirt et short, n’en déplaise au ciel gris et au nuage de pollution, c’est le premier jour du printemps, aujourd’hui ! C’est d’ailleurs l’anniversaire de mon frère qui s’aligne sur les 30 km, je l’encourage intérieurement mais ne l’appelle pas, il est déjà parti.
On annonce un départ en 4 vagues, je décide de me placer dans la troisième. Dès les premiers hectomètres, je me retrouve dans les premièrs rangs de la vague. J’avais glané sur internet un plan de course que je voulais suivre pour finir en 5h : je pouvais me permettre de courir à 5 min / km pendant les 13 premiers kms, en attendant les premières côtes. Je gère facilement cette allure, discute avec un collègue marathonien qui fait aussi son premier trail long, le parcours est agréable et nous rattrapons assez rapidement les coureurs prudents des premières vagues (et même un marcheur, chapeau à lui).
Première vraie côte. Une de mes inquiétudes était la gestion des transitions course/marche. C’est simple en fait, il suffit de faire comme tout le monde ! Je me dis qu’il faut profiter de cette marche pour me ravitailler, j’attrape la première compote qui me tombe sous la main, bizarre, ce goût... C’est pétillant, les compotes ? Apparemment oui, quand c’est périmé ! Je vais la recracher quand je me rends compte que je suis sous l’objectif des photographes officiels, j’avale, donc ! Et m’amuse du sourire crispé que j’aurai sur cette photo !
Si je ne peux pas me régaler avec mes compotes, je me régale sur les chemins. Nous sommes dans les bois, j’adore tout lâcher dans les descentes, récupérer dans les montées, suivre mon allure marathon sur le plat. Je retrouve un copain au 16eme km, nous courrons un ou deux km ensemble et il me laisse filer, ça m’inquiète un peu d’être si rapide. J’arrive au km 25 en 2h15, c’est décidément trop rapide, je visais secrètement 5h, pas 4h30 !
Encore un km, et ma montre lâche ! Ca se complique, cette histoire, si je n’ai plus le moyen de savoir où je suis ni depuis combien de temps je cours, comment est-ce que je vais faire ? Quand je cours, je passe mon temps à m’occuper l’esprit en faisant plein de petits calculs inutiles, ce sera difficile maintenant, sans référence. Ca me déconcerte un peu, d’ailleurs je trébuche dans une descente. Un bénévole me dit un peu plus loin : « le ravitaillement est dans 100m ». Déjà ? Il a l’air surpris de ma surprise (il ne sait pas que j’avais mal étudié mon affaire, j’attendais ce ravitaillement au km 30).
Premier ravitaillement. Je bois un peu, rempli ma poche à eau, mange une banane, et c’est reparti ! Mais le moral n’est plus là ; je suis vraiment perturbé par l’absence de repères. C’est pourtant clair dans ma tête, environ 1h jusqu’au prochain ravitaillement, environ 1h après, il suffit de se concentrer sur ses sensations. Mais la fatigue aidant, je n’arrive pas me relâcher suffisamment. Pire, ça me tire dans le mollet, un début de crampes ? Je bois, et commence à m’accrocher aux coureurs qui m’entourent.
Je profite des cotes pour demander à d’autres coureurs où nous sommes, depuis combien de km nous courrons, raconter comme je suis bête de ne pas avoir chargé ma montre à fond... Deux d’entre eux courent à un rythme qui me convient, l’un vise les 5h, l’autre l’accompagne sur la fin du parcours pour l’encourager. Je m’incruste et reste avec eux, c’est tout de suite plus facile. Nous arrivons au deuxième ravitaillement en discutant, un des bénévoles nous demande en plaisantant de cesser de bavarder. Là nous nous séparons, l’accompagnateur va attendre son copain à la sortie de l’aire. Je suis le même rituel qu’un premier ravitaillement, mais je me rends compte que je n’arrive même plus à finir mon verre d’eau et que mes jambes flageolent un peu. Pas bon signe, ça ! Je me force à boire un verre d’Ice Tea et repars aussitôt, d’autant que mes lièvres sont 200 m devant moi. Il me faudra 3 km pour les rattraper, et je vais m’accrocher à eux jusqu’au dernier pont, où ils me lâcheront. Cette arrivée discrète à Paris ne me déplait pas, l’état assez pitoyable dans lequel je me sens ne s’accorderait pas avec une arrivée triomphale. C’est assez étonnant de courir au milieu des touristes qui marchent dans tous les sens, au pied de la Tour Eiffel, et de découvrir l’arche d’arrivée presque par hasard en haut d’un escalier ! Mais je suis arrivé ! En 4h48, ce qui dépasse sincèrement mes espérances !
Le bilan est très positif. J’apprendrai par la suite que j’étais 187ème au 1er ravitaillement et 189ème à l’arrivée, j’ai plutôt bien géré (merci à mes lièvres). J’ai surtout beaucoup appris dans l’optique des 100 km de Millau sur l’importance de la logistique et du ravitaillement : je n’ai réalisé que le lendemain que je n’avais rien mangé sur la deuxième partie de la course, y compris lors des 10 derniers km, si pénibles, alors que j’avais le sac rempli de gels énergétiques et de barres de chocolat. Quel manque de lucidité ! J’ai bien aimé l’expérience trail, sympa, agréable, et tellement moins traumatisante musculairement (à peine arrivé, je suis reparti avec ma famille faire les courses à Carrefour !).
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