L'auteur : bertrand37
La course : Eco-Trail de Paris® Ile de France - 80 km
Date : 16/2/2008
Lieu : St Quentin En Yvelines (Yvelines)
Affichage : 4169 vues
Distance : 80km
Objectif : Pas d'objectif
Partager : Tweet
225 autres récits :
Quelle idée saugrenue d'organiser un trail à Paris !!! Voila ce qui a été ma première réaction quand j'ai appris la naissance de cette course en surfant sur le net.
Pour moi Paris est synonyme d'embouteillages, de pollution, de surpopulation, etc...bref aux antipodes de l'idée que je me fais de l'esprit trail.
Je n'ai pas une grande expérience de cette discipline : tout au plus 2 Templiers, une Via Aurélia et plusieurs petites courses natures. Pas de quoi fouetter un chat mais assez pour me rendre compte des attraits de ce sport : beauté des paysages, goût de l'effort, entraide mutuelle...
Voulant balayer mes idées reçues et souhaitant me donner un bon coup de pied dans les fesses, je m'inscrit donc à cette course ( le 24 décembre) entrainant avec moi 5 autres cinglés du SAS triathlon 37 : Vincent Tortay, Gérard Dubuy, Yohann Grojo, Greg dit le boulet et Guillaume Mary.
Les 8 semaines de préparation se dérouleront bien même si le temps manque pour effectuer la quantité et qualité du travail espéré pour la préparation d'un tel challenge : 82 km et 1500 mètres de D+.
Nous serons 850 a relever ce défi.
Vient le jour J et le départ pour la ville de lumière :
Acte 1 : le retrait des dossards :
- C'est à Issy que nous prenons nos dossards, signons la charte éthique, faisons vérifier notre matériel obligatoire ( nourriture, eau, sifflet, couverture de survie, bande elasto,etc...).
Arrivés tot sur les lieux, nous évitons les bouchons et patientons en prenant un café et en préparant nos affaires. Je croise quelques têtes connues comme Didier Dumoulin ( coach triathlon à l'ACBB) qui fera l'ouvreur en VTT , Stéphane Couleaud ( un ami de mon frère qui prendra une énorme 32ème place) plus quelques autres.
Acte 2 : le transport sur le site de départ :
La logistique est importante puisque nous prenons le RER pour aller à St-Quentin puis le bus pour aller à la base de loisirs d'ou sera donné le départ de ce premier Ecotrail de Paris.
Nous nous apercevrons rapidement que, malgré le soleil, il fait très froid ( vent d'est glacial) et c'est transis que nous attendons le coup de sifflet libérateur.
Acte 3 : la course :
Très bien placés sur la ligne avec mes 5 compagnons d'infortune, nous sommes dans les premiers a nous élancer à l'assaut de la tour Eiffel.
Dès le départ de nombreux coureurs me doublent et je n'ai qu'une idée en tête : gérer, gérer, gérer...je perd de vue très rapidement Greg, Yohann et Gérard et reste avec mon vieux compagnon Vincent qui souhaite profiter de ma petite expérience de l'ultra.
Le début du parcours est plat, les premiers kilomètres défilent rapidement, le soleil est présent, je me réchauffe, tout va donc bien et je profite de l'instant présent.
Vers le 13ème kilomètre, Vincent éprouve quelques difficultés avec son matériel ( il met sa veste, il enleve sa veste, il remet sa veste...) et je lui prend quelques longueurs : je pense le revoir très rapidement mais finalement ce n'est que 5 ou 6 heures plus tard que nos routes se recroiseront.
19ème km : je vois Yohann sur le bord de la route en train de "satisfaire un besoin naturel" , il repart avec moi et informe Greg et Gérard de ma présence ( je ne les avaient pas vus au sein du peloton).
21ème km : 2 h 04 de course et 366ème :
J'arrive donc au premier ravitaillement relativement frais mais je vais commettre une grosse erreur, de celle qu'on n'oublie jamais, de celle qu'on ne reproduit pas.
En remplissant ma poche à eau, j'en met la moitié à coté ( sans le savoir) et je reprend ma route avant les copains mais surtout avec un seul litre de boisson alors que le prochain ravitaillement n'est que dans 29 km ( soit à peu près 3 h 30).
Je m'aperçois rapidement que j'ai les fesses trempées, que ça coule de partout mais j'espère pouvoir tenir jusqu'au 50ème km, lieu du second ravitaillement.
Le parcours devient plus accidenté, quelques côtes apparaissent ou je marche comme la totalité des traileurs à mes cotés. C'est d'ailleurs bizarre, toute la journée j'attendrais les côtes avec impatience pour me permettre de marcher et donc de récupérer un peu. Ce sont les longues portions de plat qui me poseront le plus de soucis.
La forme est toujours présente, je double maintenant de nombreux coureurs, je profite de superbes forêts sans vraiment savoir ou je me situe au point de vue géographique.
Je chemine quelques temps avec Christian Bouteille ( traileur parisien qui possède un site internet sympa) et avec un énèrgumène nommé Super-Débile ( c'est marqué sur sa grande cape) : comme quoi il y a des originaux dans cette discipline !!!
Vers le 40ème km, j'entend des voix connues derrière moi, je me retourne et vois Greg et Gérard ( 2 compagnons désormais inséparables comme un vieux couple).
Etant à vide en eau depuis 1 heure, je "vole" à Greg un peu de boisson à la tomate : c'est le seul liquide que je prendrais pendant 2 heures...
Nous arrivons tous les 3 à un controle sauvage au 43ème km et je dois laisser filer mes compagnons car le rythme est désormais trop soutenu pour moi.
C'est ainsi le chant du signe, le crépuscule des dieux car je ne double plus grand mande et surtout j'ai la gueule dessechée par la déshydratation.
Heureusement survient après une longue bosse le ravitaillement du 50ème km :
50ème km : 5 h 11 de course et 267ème :
Qu'il est le bienvenue ce ravitaillement : il y a de tout : des boissons chaudes, des boissons froides, du miam-miam, un orchestre, des bénévoles chaleureux...on y camperait presque.
Le hasard faisant bien les choses, j'y retrouve Greg et Gérard sur le point de repartir et Vincent qui arrive au moment ou je repart ( il ramassera même mon portable que j'avais oublié sur la table).
Après avoir profité des victuailles et rechargé correctement ma poche à eau ( comme quoi je progresse), je reprend la route mais le début de la galère commence...
Ce secteur est ainsi le plus difficile de la course : de nombreuses bosses se succèdent, la fatique s'installe, il commence a faire nuit et surtout je pense ne pas avoir récupéré de mon manque d'hydratation.
De nombreux coureurs me dépassent mais je ne m'affole pas car je sais que l'objectif est d'arriver, pas de faire une performance. Vers le 55ème km, Vincent me double et je dois l'inciter a ne pas m'attendre et a poursuivre sa route ( et il en profite pour me redonner mon portable).
Je commence a trouver le temps long et j'attend avec impatience le 3ème ravitaillement :
63ème km : 7 h 12 de course et 299ème :
Autant j'avais aimé le précédant, autant celui çi sent l'abandon à plein nez : les coureurs sont hagards, nous sommes au milieu de nulle part ( un haras en plein vent), la fatigue et le ras le bol bien présents.
Je retrouve une dernière fois Vincent qui a du trainer un peu, me goinfre de pain avec du goudas ( délicieux après 63 km) et repart avant d'avoir réfléchi à un éventuel abandon.
On traverse donc le haras puis une commune puis c'est de nouveau la foret, les cotes, la nuit...je n'arrive même pas a me trouver un compagnon d'infortune puisque je n'arrive pas a suivre le rythme des coureurs qui me doublent et les rares coureurs que je double sont encore plus fatigués que moi.
Un seul mot dans ma bouche, c'est quand le prochain ravito ?
72ème kilo : 8 h 11 de course et 325ème :
Arrive alors un moment magique : le quatrième et dernier ravitaillement est situé dans le parc de Saint-Cloud et domine Paris : la vue sur la capitale est superbe et on admire la tour Eiffel qui semble toute proche..
Je profite une dernière fois de la chaleur des bénévoles, me substente encore avec mon fabuleux mélange pain-goudas et repart pour la dernière portion : Paris intra-muros.
Hélas comme la vue était belle, cela voulait dire que nous étions en hauteur ( je n'ose pas dire en altitude c'est Paris pas les Alpes) et il faut donc redescendre du parc. Cette descente sur des pavés me fait très mal et je vois que je commence a tétaniser musculairement.
J'arrive donc sur les quais de la seine, je vois la tour Eiffel qui me semble toute proche, ça sent bon l'arrivée tout ça....
Et patratas, 2 incidents vont venir très sérieusement me refroidir :
- Comme on dit dans le milieu du trail, je vais "jardiner" un peu, c'est à dire me perdre avec une dizaine de gars. Au lieu de prendre un petit escalier pour arriver sur les quais, nous filons sur un pont et traversons la seine pour nous retrouver je ne sais ou...après quelques minutes pour essayer de retrouver le balisage, nous faisons demi-tour et retrouvons la bonne direction.
Davantage que les 10 minutes perdues, c'est le moral qui en a prit un grand coup...
- Je m'engage donc dans le bon escalier et boum, je manque une marche ( la dernière qui était cassée) et c'est la chute...heureusement celle çi n'est pas grave et ne m'empeche pas de repartir...
Me voila sur les quais de la seine, les écarts entre les coureurs sont importants et j'alterne maintenant marche-course ( plus souvent marche que course d'ailleurs). La tour Eiffel ne se rapproche pas vite, c'est un moment de grande solitude, il n'y a personne à part nous, misérables petits traileurs perdus...
Au moment d'arriver sur le champ de mars, l'organisation a eu la bonne idée de nous faire passer au milieu d'un chapiteau et nous sommes chaudement encouragés par le public. Je viens alors d'etre rejoint par un petit groupe et c'est groupé que nous arrivons en bas de la tour Eiffel.
Un monsieur me donne un ticket d'entrée et me souhaite une bonne visite...je regarde ma montre et je vois qu'elle indique 9 h 52...diantre, si je veux passer sous les 10 heures, je ne dois pas musarder dans les quelques 350 marches : je grimpe donc d'un bon pas et franchement "l'ascension" de la tour Eiffel se revela etre bien moins pénible que les quais de la seine.
C'est donc en 9 h 59 et 392ème que je termine ce trail de Paris : les gentils GO me donne le t-shirt de finisher, une médaille et j'opte pour l'option Coca plutot que bière ( preuve de ma fatigue...).
Acte 4 : l'après course :
Il fait très froid au premier étage et je redescend donc rapidement ( par l'ascenseur, il ne faut pas exagérer). Je profite rapidement du repas et part me faire masser car je suis détruit musculairement.
Je vois également que je souffre de grosses brulures entre les cuisses ( malgré la creme anti-frottement) et que plusieurs ongles sont sur le point de tomber.
Je passe sur la nuit suivante passée au Mercure à 6 dans une chambre de 2, au retour sur Issy par le RER en marchant comme des canards dans les couloirs et je termine par la maxime qui a rythmée notre week end : tout ça, c'est dans la tête.
Mon bilan :
Les + :
- J'ai terminé ce qui était la priorité : je n'oublie pas que je sors d'une année noire ( fracture, pneumonie), je suis donc encore en reconstruction.
- J'ai cassé le mur des 10 heures pour 40 secondes, c'est une petite satisfaction personnelle.
- Je n'ai pas eu du tout mal à ma cheville, je peux donc repartir pour de nouvelles aventures...
Les - :
- Une très mauvaise gestion du premier ravitaillement qui m'a condamné a passer 2 heures sans boire : c'est idiot et stupide, promis je ne recommencerais pas...
- J'ai craqué dans ma tête après mon jardinage dans Paris : je me suis contenté de terminer et j'ai renonçé a suivre les coureurs...Il ne faut pas que j'oublie que le mental fait partie intégrante de la course.
Le bilan de la course :
Les + :
- C'est une très belle course, très bien organisée : j'ai découvert avec plaisir les sentiers parisiens et ses nombreuses côtes, les bénévoles étaient très efficaces et chaleureux. Merci, un grand merci à tous.
- L'idée d'arriver au premier étage de la tour Eiffel est absolument géniale : a conserver à tout prix.
- Le buffet d'arrivée était copieux et varié.
- Le T-shirt "finisher" est de très bonne qualité, dans une matière technique, avec un beau graphisme.
- De nombreux masseurs et osthéos dans un gymnase bien chauffé : pas ou peu d'attente pour se faire frictionner les gambetes.
Les - :
- Il faisait froid dans le chapiteau pour le repas et il était impossible de manger assis : il serait peut être plus judicieux de déplacer le repas ( au même endroit que les massages ?) car manger debout après 10 heures d'effort n'est pas une chose facile ( et j'aurais voulu profiter davantage de la salade piémontaise...).
- Il y a beaucoup d'ecart entre le premier et le second ravito ( 29 bornes) : les rappocher me semble judicieux car cela nous permet d'envisager la course à court terme et de se fixer des micro objectifs.
Prochaine étape pour moi : le trail Sainte-Victoire le 6 avril prochain...
Accueil - Haut de page - Aide
- Contact
- Mentions légales
- Version mobile
- 0.06 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !
2 commentaires
Commentaire de akunamatata posté le 20-02-2008 à 08:09:00
Bravo Bertrand pour ta pugnacité et ton récit.
J'ai failli te rattraper sur les quais de seine à voir ton CR.
Commentaire de riri51 posté le 21-02-2008 à 21:31:00
félicitations pour avoir tombé les 10 heures, merci pour ce CR trés prenant et j'espère te voir passer au trail de la sainte victoire, car cette année c'est en spectateur avec ma petite famille que je compte vivre cette magnifique épreuve.
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.