L'auteur : Bacchus
La course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous
Date : 24/10/2008
Lieu : ST PHILIPPE (Réunion)
Affichage : 3150 vues
Distance : 150.1km
Objectif : Pas d'objectif
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Cette année, j’avais un planning particulièrement serré, j’enchaînais une semaine à la Réunion pour faire le GRR, et une semaine de vacances en Tunisie à Djerba. C’est même pour cela que j’avais choisi la compagnie Corsair car ils avaient un vol le Dimanche matin et ça me permettait de tenir les horaires.
J’ai débarqué dans l’île le Vendredi 17 Octobre avec l’idée de reconnaître les parties nouvelles du parcours. Après avoir pris possession de la voiture, quelques courses pour la semaine, j’ai filé à Bord Martin (l’un des points d’entré dans Mafate, par le col des bœufs ou le col de Fourche) où j’ai laissé la voiture dans le parking surveillé, et j’ai fais une rando cool vers la Nouvelle en passant par Marla (une Dodo au snack bar Le Marla – le patron fait aussi le GR), Trois Roches, timing un peu juste car je suis arrivé de nuit au gîte à la Nouvelle.
Le lendemain, reconnaissance de la Roche Ancrée : La Nouvelle, Plaine aux sables, Trois Roches, Roche Plate, Roche Ancrée, Grand Place les haut, Ilet à Bourse et sentier scout pour rejoindre le Bord Martin et récupérer la voiture. Nuit à Hell Bourg. Rando sans doute un peu longue, car le lendemain je n’ai pas respecté mon programme qui consistait, à laisser la voiture à Hell Bourg, à aller à Cilaos via le Cap Anglais et le gîte du Piton des Neiges, le retour devant se faire le lendemain via le Taibit, le col de Fourches, Grand sable et retour Hell Bourg.
Finalement, j’ai utilisé la voiture pour aller à Cilaos, ça tombait bien, c’était la fête des lentilles. Donc le Dimanche fut finalement une journée de repos, mais la circulation vers Cilaos fut vraiment coton, il y avait plein de bus et le passage des tunnels particulièrement difficile.
Lundi, rando vers la Nouvelle via le Taibit, Marla, la passerelle Etheve, nuit à la Nouvelle.
Mardi, retour par le chemin le plus court. Fin de la reconnaissance
Mercredi, installation à la résidence hôtelière Les Mascareignes à Boucan Canot, puis déjeuner avec quelques Kikourou, et quelques UFO, puis retrait des dossards dans la sympathique et traditionnelle pagaille du bazar aux dossards. Ca dure une éternité, mais au moins ça permet de discuter avec les autres coureurs, et même avec les organisateurs.
Jeudi, comme d’habitude, une plâtrée de pâtes à midi. Je voulais consacrer l’après midi au repos mais comme d’hab les sacs n’étaient pas prêts et de toute façon je n’aurai pas pu dormir.
Jeudi 19H, me voilà entrain d’attendre les bus avec pas mal d’autres raideurs, au bord de la RN1. Puis deux heures de bus jusqu’au Cap Méchant. Je filme un peu et je fais encore des modifications dans mes sacs. La gestion des batteries pour l’éclairage et pour les caméras (c’est la deuxième année que je me suis mis en tête de filmer l’intérieur de la course) est un vrai cauchemar. J’avais avec moi une caméra merdique 4/3 que j’avais utilisé l’année dernière et une caméra 16/9ème de bonne qualité mais qui ne supporte pas l’hunidité, je l’ai utilisée quand il ne pleuvait pas.
Ca y est c’est le départ. Je part assez vite en espérant éviter le plus possible les bouchons dans la montée du Volcan.
Les premiers kilomètres sont avalés assez rapidement, j’arrive en 2H10 au pied du sentier du volcan. Je n’ai pas pu éviter les bouchons pour autant, mais moins que l’année dernière. J’arrive en 6H50 au volcan, un peu mieux qu’en 2007. La montée à l’oratoire Ste Thérèse se passe bien. Au cours de la descente vers Textor je commence à sentir les prémisses d’un gros coup de mou. Dans la descente de la plaine des Caffres, je suis saisi de problèmes gastriques, plusieurs arrêts s’imposent pour une pause dans les buissons. Ca fait plusieurs années que j’ai ces p….. de problèmes gastriques. Les départs à minuit ne me conviennent décidément pas, ça me dérègle complètement, je n’ai pas ce problème sur les autres courses.
A partir de là je ne peux plus avaler de solides, que du café sucré et de la soupe. Ca m’avait déjà fait ça en 2007, mais c’était allé au bout.
Je me traîne jusqu’à Mare à Boue, une petite pause sans traîner (car ça ne sert à rien) et en route à petite vitesse pour Kerveguen. Le début de la montée fût correct, la fin fût un calvaire. J’attendais avec impatience le ravitaillement de Kerveguen, je n’avais pas noté qu’il avait été supprimé cette année, la montée me semble interminable. Lorsque je vois enfin un ravitaillement, c’est celui du piton des neiges, ce fût pour moi une divine et motivante surprise car je ne pensais pas être déjà à ce point de la course. Ca me motive pour la descente vers Cilaos, descente ultra glissante car il avait pas mal plu.
A Cilaos, j’ai fais une pause conséquente, sans doute trop. J’avais loué une chambre d’hôtel, histoire d’avoir une douche propre et chaude, j’ai passé l’âge du Karcher froid. Je ne pensais rester que 45 Min, finalement ça a été 2 heures, trop long, mais il fallait que je me retape un minimum.
Je récupère mes affaires (dont un matelas en néoprène de 7mm et un pseudo sac de couchage en couverture de survie en vue de dormir soit à Marla, soit à Roche Plate – il faut savoir qu’il n’y a jamais de place à Marla et qu’a Roche Platte il n’y a pas de matela) et je repars après avoir absorbé quelques cafés sucrés et une soupe.
Aux hasards des rencontres, je fais équipe avec un gars de St Denis, mais il a un niveau bien supérieur au mien, dix ans de moins, le rythme est un peu trop rapide pour moi. Nous arrivons au pied du Taibit. Il pleut un peu beaucoup. Ce point de la course est critique car c’est le dernier point où on peut abandonner « facilement », il ne faut pas s’attarder.
Après une petite pause, on attaque le Taibit. Rapidement, je me rends compte que le rythme est trop rapide pour moi, je dis à mon compagnon de route de partir devant. La fin du Taibit fût difficile. Plusieurs fois je me suis calé entre les rochers (pour ne pas dormir debout et pour ne pas tomber) et je me suis endormi quelques minutes (c’est bête, je n’avais même pas prévu quelques cachets de vitamine C pour éviter ça).
J’arrive à Marla, je ne dépose même pas mon sac, je m’écroule la tête la première sur la table. Je dors ainsi une heure. Je suis réveillé par les crampes dans mes mains. Pourtant ce fût un repos salutaire. J’absorbe une soupe et deux cafés sucrés et me voilà repartis pour Roche Plate. Il pleut toujours un peu, le sol est glissant.
Sur le sentier vers Trois Roche, un appui mal assuré et c’est la chute, je me coince le pied entre deux cailloux et je tombe en arrière, c’est le genoux qui a pris. Il s’en souvient encore mais ça va mieux. Sur le coup ça allait, c’est dans l’avion du retour que j’ai senti les premières douleurs.
Je voulais utiliser mon matelas en néoprène dans la plaine aux sables, mais il pleuvait, donc j’attendrai Roche Plate.
A Roche Plate, j’utilise mon matelas néoprène et mon sac de couchage de fortune pour faire un sommeil de 30min, Ouf ! je ne les ai pas amené pour rien. Il y a deux ans j’ai dormi à même le béton, je me suis choppé une crève carabinée pendant deux semaines à mon retour de la Réunion. Ces 30 minutes de sommeil m’ont retapés et pas de crève.
Je repars de Roche Plate au lever du jour. La montée vers Roche Ancrée est longue mais je la fais à un bon rythme, tout va bien, mais je suis un max en retard sur mon planning. Je retrouve à « Grand Place les hauts » mon compagnon de route du Taibit, il a l’air explosé.
Un autre problème commence à se poser, un échauffement de l’entre cuisse et pourtant j’avais largement utilisé la crème Nok. Je renouvelle l’opération à de nombreuses reprises.
J’arrive à Aurère, la forme est correcte. Puis Deux Bras, un massage vraiment efficace, une soupe et deux cafés sucrés et me voilà parti pour la montée vers dos d’âne. Ca passe sans problème.
A Dos d’Ane, j’achète une lampe de poche (et une dodo) car je sais dorénavant que je ne terminerai pas de jour et comme ma lampe frontale était un peu faible, je voulais assurer dans la desente du Colorado.
J’arrive au stade de dos d’âne, une soupe et deux cafés. Je décide de repartir rapidement, il pleut toujours un peu.
La montée après dos d’âne était vraiment très boueuse. Je voulais faire un max de distance de jour, je passe le piton Batard aux dernières lueurs du jour, le sentier était vraiment très glissant.
Entre le piton Batard et le kiosque d’Affouche, je me rétame à plusieurs reprises dans la boue, de très belles gamelles, je deviens plus prudent, je ne coure plus, j’avance à un rythme de tortue en assurant tous mes appuis, ma vitesse tombe à un ou deux kilomètres par heure. C’est là que j’ai commencé à comprendre que le grand raid m’échapperait cette année. J’arrive au kiosque d’Affouche à 20H30. Je connais le sentier des goyavier pour l’avoir fait plusieurs fois au sec et une ou deux fois sous la pluie, sous la pluie c’est un cauchemar… surtout sans bâtons et sans chaussures avec une bonne accroche..
Je décide tout de même de descendre la route forestière jusqu’au départ du Goyavier, il est 21H passé, normalement par temps sec, il me faudrait 3H pour rallier la redoute, avec la pluie et le boue, ça peut être 6 ou 9. Je dois être à l’aéroport Dimanche à 6H pour rendre la bagnole, et embarquer à 8H. C’était jouable, mais risqué. Je ne pouvais pas rater mon avion (sinon je ratais celui de Djerba), interdiction absolue !
J’ai pris la décision d’arrêter, une bagnole de l’organisation passait par là, avec à son bord Babette (la personne très sympa qui tient les boutiques) et un autre membre du comité, j’étais très énervé, merci à eux de m’avoir supporté durant le retour et de m’avoir déposé à la Redoute.
L’essentiel était fait, mais je n’ai pas passé la ligne à la Redoute et je n’ai pas la médaille et je le regrette. Malgré ce « semi-succès », je ne veux pas utiliser le terme « abandon », j’ai monté un petit film que j’espère vous apprécierez. J’espère que vous aurez autant de plaisir à le visualiser que moi j’ai pris à le monter. Il reste quelques fautes d’orthographe, vous me pardonnerez, je n’ai pas envie de remonter dans l’arborescence des fichiers vidéos. Bien entendu après les Goyavier, c’est des images que j’ai piqué sur Internet à d’autres ; Runraid, Math, Imazpress, merci à eux.
Partie 1 : intro, départ jusqu’au volcan
http://www.dailymotion.com/grandraid2008/video/x7tj9n_grrpartie-1_sport
Partie 2 : volcan jusqu'à Roche Plate
http://www.dailymotion.com/GrandRaid2008/video/x7tiue_grrpartie-2_sport
Partie 3 : Roche Platte- la fin
http://www.dailymotion.com/grandraid2008/video/x7tj38_grrpartie-3_sport
Pour moi, cette course a une dimension particulière, c’etait la 11ème fois que je la faisais, j’ai abandonné deux fois, en 2003 à Grand Ilet et en 2008 aux Goyaviers. Toutes les autres fois j’ai terminé (1995, 1996, 1997, 1999, 2000, 2004, 2005, 2006, 2007). J’en reviens toujours remotivé, sur tous les plans, ça me file la pêche, dommage pour 2008, mais je le prends tout de même positivement ce semi-succès. A l’année prochaine, en octobre 2009, pour la revanche.
A+
JB
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2 commentaires
Commentaire de akunamatata posté le 26-12-2008 à 08:55:00
totoche la 11eme fois!
bravo JBS j'ai senti dans ton récit que tu avais une sacrée expérience de la course (hôtel, achat de lampe de poche...) impressionnante.
Merci pour les vidéos, elles sont superbes!
Commentaire de cerf volant posté le 13-01-2009 à 02:55:00
Salut JB, tout d'abord félicitations pour ta 11° participation au GRR, tu es certainement un sportif de haut niveau, tes 3 films sur l'édition 2008 sont splendides et très bien sonorisés. Ils m'ont donné envie d'y participer. Peut-être nous rencontrerons-nous en octobre 2009.
Cerf volant
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