Récit de la course : Saintélyon 2007, par Gibus

L'auteur : Gibus

La course : Saintélyon

Date : 2/12/2007

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 5520 vues

Distance : 69km

Objectif : Pas d'objectif

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L'affront est levé

 

L'affront est levé 

 

C’est terrible, c’est terrible. Abandonner une course c’est terrible pour les jours, les semaines, les mois qui suivent. Même si la roue tourne, la vie continue, il y a plus grave dans l’existence. Mais à chaque fois que l’on évoque l’épreuve, je revois mon désarroi, ma montée dans le bus à Ste Catherine, le regard des autres connus ou inconnus. Il a abandonné, il n’a pas été au bout, il était mal préparé, prétentieux. Il s’en passe des choses dans la tronche après. Putain vivement dans un an que j’efface tout ça, que je n’entende plus des mots clés qui m’irisent les poils genre : pont en ferraille, côte de St Foix, Genoud, bref tout des trucs que je n’ai pas vu lors de cette édition fatale pour mon p’tit corps.

Voilà c’est dans cet état d’esprit que j’aborde cette Sainté, mais pas à l’abordage. Mon plan en trois points comme disait Louis De Funès : premièrement finir, deuxièmement finir, troisièmement finir. C’est le plein emploi pour tout réussir : entraînement, travail du cerveau, mental.

Le rdv est fixé à 17h30 au péage à d’Ambérieu à Château Gaillard exactement. Il pleut depuis ce matin et ça fout les boules, ça va être coton dans les chemins. Je retrouve Hervé et Gilles qui font aussi en indiv. On se suit en voiture direction Lyon et plus particulièrement Villeurbanne car cette année à cause ou grâce au mondial de hand féminin, nous arrivons (si si, cette année, je termine) à Villeurbanne à la Doua, université Lyon1 au lieu du traditionnel Gerland de ces dernières années. Bon il y a 69 kms au lieu de 68 mais près de 70 quand même. On se gare facilement et nous allons acheter nos tickets pour les navettes de Sainté. Dans le couloir je rencontre Jean Jacques qui est novice sur cette épreuve. Un bon coureur qui s’est mis au long ya pas longtemps (Millau 2x déjà dont un 9h30 svp). Finalement je me retrouve à côté de lui dans le car et nous évoquons à part notre aventure nocturne qui arrive, notre folie, notre semaine de dingues : mardi nous repartons tous les deux pour participer au cross de Dijon de mercredi, trois jours après la STL. Vraiment frappés les mecs. J’ai longtemps hésité sur ma participation à ce cross, mais c’est notre championnat à nous, c’est le national de cross-country de l’armée de l’air. Je me suis enlevé ça des boyaux de la tête pour ma prépa dans ma caboche au mieux les 69 k de ce soir, on verra après. Nous arrivons vers les 7h30 à Saint Etienne.

 

 

Nous retirons nos dossards, contrôles des puces près d’ordi et nous retrouvons les gars de Cap Bugey de Château Gaillard qui sont nombreux à faire en individuel l’épreuve cette année. Il y a Brigitte, Alain, Isabelle, Marie Christine, son homme Dudu, Christian, Fred, Marie Françoise. Je vais changer mon tee shirt car il m’on donné un L. De retour avec un XL, je m’aperçois que finalement ils ont arrêté les bonnets. Donc plus de pari pour savoir de quel couleur sera celui de l’année suivante. Un beau maillot noir fera l’affaire, cool. On verra si je l’arpenterai fier ou si il restera au bas de la pile dans l’armoire, à moi de jouer. Je n’ai pas encore la pression. Il faut dire que la salle est relativement vide. Je tombe sur Vial qui me demande si il a vu les autres, Non, non, pas de Kikous pas de Nono à l’horizon. Ils sont en réunion et ensuite ils bouffent lui dis-je. Ok ok à toute. Hervé a piqué un carton pour jouer au SDF en guise de matelas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’ambiance est bonne et à la déconne. Arrive Cédric avec sa femme. Il fait aussi la totale, il a l’air inquiet. Quatre autres sont là aussi pour un relais à 4 : Alain, Nellie, Zazou et Ludo. Philippe vient discuter avec moi. On bosse ensemble. Il n’a pas l’air trop stressé, il fait ça pour le fun et a déjà la diagonale des fous de la Réunion dans les pattes. Donc il sait comment gérer ce avant. Au loin j’aperçois les autres gars de Lyon. Il y a René qui se déguise toujours avec son hamburger sur la tête. Eric et là aussi, lui il fera en relais à trois. Contrairement à René, il sera là à Dijon mais n’a pas trop fait de spécifiques pour le cross. On verra. Il ont fait 2 équipes de 3 et vont courir ensemble toujours à 2. Sympa. René lui continue à faire le con. Il en est à sa x° STL sans compter les 6000d et UTMB avec Eric.

 

 

 

Je les laisse et file vers les autres gars d’Ambérieu ceux d’Ambérieu marathon, club voisin, (ennemi) de Cap Bugey. Bref ce sont des gars et des filles comme tout le monde. C’est dommage on aurait pu partager tout ça ensemble. Bref à une dizaine de mètres, ils sont tous là. Je suis heureux de revoir enfin Anne, puis Véro, les deux Christophe et qui eux quatre courent en indiv.

 

  

Anne espère moins de 7 heures en pensant que les 6h40 de la dernière fois ne faisaient que 64 kms. Non, non, on était ensemble au départ (ma première finish de STL), c’était il y a 2 ans. Ah ok ok donc ça sera plus facile, Tu pars avec moi. J’y avait pensé. Elle va me lancer sur de bons rails mais peut-être un peu vite et j’irai dans le mur. Ok j’vais voir (finir, finir, finir). Un coucou à Pierre, Jean Louis et les autres relayeurs à 2. Tiens il y a aussi Laurent Ardito, il doit coatcher une équipe, lui le X trail man de Poncin. Il a participé à la finale des raids en 2006 avec La Clusaz Cap Aventure. Je retourne vers Hervé qui me dit que Laure est arrivée. La fleuriste de Gamm vert est en indiv aussi. Je rencontre plein de kikoureurs qui cherche après Nono car ils ont commandé des casquettes et Buf.. Bub et ses pot’, Toine et 3 pignons, taillons la bavette. Le beat est bon, sont sympas ces kikous. C’est, grands sourires qu’ont se quittent. Je retrouve enfin Nono qui m’a vu de loin.

 

Photo Nono

 

Elle n’est pas du tout habillée en sportive et je suis à 2 doigts de lui demander si elle cours ou bien. Mais c’est vrai elle fait le relais à 4 et c’est pas maintenant. Je la quitte deux secondes pour être sur la photo devant le poster du profil de la course avec les autres.

 

 

Elle rejoint les autres kikous. J’y vais les photographier. Sont nombreux. Les commandes de la mére Nono(ëlle) ravissent les plus méritants.

 

 

 

 

L’heure approche. Je vais mettre mon sac dans le bus. Quel bronx. Un car par milliers de dossards, ça monte, ça descend, ça se bouscule, ça rale. Moi ça me fait marrer. Dans la salle, le speaker fait son show. Il parle de Kikourou point com. Mais non c’est point net. Bref, minuit s’approche doucement sans faire de bruit. Bientôt la nouvelle année. Et ça sera une nouvelle STL. Qu’est ce qu’elle va nous réserver. Derrière son beau paquet. C’est l’heure des vœux. (finir…). J’ai mangé mes pattes, mes œufs. Mon camel est prêt. Gels, barres, piles de rechange. Je taille au petit coin dehors. Bbrr ça caille un peu. Tant mieux, l’année passée il faisait 9°. Je reviens mais tout le monde à tailler au départ, Hervé, Gilles même Anne, Véro. Je cours pour essayer de les rattraper. Je double des tas de gens, personne en vue. Je me fais une raison, pas la peine de s’affoler faut que je rentre dans la course. Je scrute du trottoir les concurrents dans l’espoir que, mais non que des bonnets inconnus et des frontales muettes.

 

 

Le décompte arrive et le feu d’artifice ne prend pas. C’est parti quand même et je franchi la ligne de départ 30 secondes après le coup d’envoi.

Gants, bonnet, frontale (éteinte), mp3 en avant, je prends mon rythme doucement dans les rues de Sainté. Je chouffe si je ne vois pas les autres, nada. C’est une course solo, tu cours et pis c’est tout comme dirait Philippe Lucas. Il fait 1° à un panneau. Cool j’aime mieux ça des 9/10° de 2006. Je cours tantôt à droite, tantôt à gauche en évitant les haricots terres pleins du milieu. Des coureurs partent vite à mon avis, je les reverrai plus tard. Il y a plein de belles voitures qui essayent de passer. C’est un club d’échangistes, crie un concurrent. Rires. Jean Jacques me passe en me faisant signe. Quelle allure. Il est parti pour moins de 6h30. Musique collée au casque (c’est toujours comme ça qu’il court, même les cross) il s’enfuie vers l’avant ou vers l’Avent (eh oui on est le 2, le décompte vers Noël est parti). Je l’aperçois quelques temps, puis il disparaît dans le peloton. Nous arrivons doucement à Sorbiers. Il n’y a plus de ravito cette année. Un p’tit coup d’œil au chrono. Ca va j’suis pas trop vite, 40’. Il y a du monde qui encourage et ça fait chaud au cœur. La route s’élève et les souffles commencent à s’entendre. Il faut allumer la frontale. C’est parti mon kiki. Le prologue est fini, c’est plus l’heure de faire le con, la course commence vraiment là.

 

 

René le clown me double. Je l’appelle et hésite à le suivre. Non il est plus rapide que moi et je dois respecter ma charte (finir, finir, finir). Il amuse la galerie comme d’hab avec son déguisement et son jouet pour chien. Je bois de temps en temps. Faut pas oublier ça. L’heure de course arrive. Je prends mon 1° gel. Dur, dur de courir en même temps surtout que là c’est une descente et les plaques d’eau sont nombreuses. On remonte en un serpentin gauche droite que c’est bö. La fin de cette montée est dure et j’alterne course et marche rapide. Attention quand même aux caillasses. On aperçoit des lueurs et St Christo est proche. Nous rattrapons la route. C’est moins le bronx que l’année passée mais les relais viennent seulement de partir et les bagnoles ne sont pas toutes là. La route est divisée en 2 cette fois avec de la rubalise. Donc plus de problème avec certains chauffards. La remontée vers le ravitaillement se fait par des marches en bois d’abord (faut lever les guiboles) puis des escaliers en bétons. Je vois Pierre et Patrick. Je les appelle. Allez bon courage. Sympa. 1h31’. Je zape le premier stand car la tente après est top pour se rafraîchir et c’est moins le bordel. Je pique un verre d’eau pour la forme et je repars. Je vois René qui est arrêté. Il me repassera bien après donc je le laisse tranquille. La côte sur la route qui s’en suit est terrible, mais je m’efforce à courir. Puis ça redescend sur la route toujours. Je me décontracte les bras, les jambes, le cerveau car je sais que ce qui suit est très dur. Après avoir viré à gauche, on rentre dans un chemin de nouveau à gauche et une montée raide et glissante nous attend. Faut mettre le frein à main pour ne pas redescendre. Une fois avalée, c’est de nouveau du plat au menu avec un retour sur la route. Je n’ai toujours pas allumer mon mp3. Je le garde pour après. Je profite ainsi mieux de la course, enfin c’est ce qu’il me semble, en écoutant les autres, leur souffle, leur râle, le bruit de mes trails aussi. Des gens nous encouragent. Nous quittons la route par la droite et le chemin est à nouveau pentu. Là c’est sûr, on n’ira pas plus haut en altitude. Un p’tit vent nous maintiens éveiller. Ca caille un peu. On supporte le slip. Le ravito de Moreau est là à droite. 2h15’. Je m’arrête pour boire un coup, un morceau de pain d’épice (c’est bientôt St Nicolas) et hop et non pas hop, j'avais oublié cette montée. Allez on marche Ca repars doucement. La descente vers Ste Catherine va être hyper boueuse. Des glissades, des dérapages, des cassesgueulages, bref des figures à la Suria Bonaly ou Candéloro. J’arrive sur une patte à avaler mon 2° gel. Yes de la thalasso, dit un concurrent. C’est bon pour la peau.. Les premiers relayeurs arrivent à donf. On les entend arriver mais ils se manifestent en criant pour qu’on leur laisse la place. Les deux premiers sont des relais à 4. Le 1° Run Alpes , les seconds AS Rispoli car je reconnais leur short violet. Les troisième les premiers à trois. Je fais toujours gaffe et prend mon temps quitte à ralentir il me semble. Mais ne pas faire de faute, pas faire de faute, pas faire de faute. Laisser les quadri tranquilles pour arriver serein à Ste Ca. Le deuxième relais est là. On descend vers la cour d’école. Passage de nouveau sur les tapis des puces. 2h53’ et je suis bien. La cour est bien vide. La sortie se fait par derrière maintenant. Bonne idée. Eh c’est la 54° édition ya du progrès et les orga ont écouté les remarques passées. Passage dans l’herbe et retour sur le circuit. Et là j’en profite pour faire le malin. Car je vois les bus qui ramènent les relayeurs à Lyon. C’est là que j’avais terminé en 2006, c’est là que j’avais abandonné. Je défie du regard ces autocars balais. Non, non pas cette fois, je ne pleurerai pas. Tout comme Basile Boli lors de la 2° finale, je me venge. Non, non. L’affront est effacé, du moins pour Ste Catherine car il reste encore  autant et un peu plus. Allez un dernier regard sur ces cars qui m’ont hanté plus d’une nuit. Je ne vais pas faire un bras d’honneur mais le cœur y est. 3° gel. Je mets l’emballage dans une poubelle face à la salle des fêtes ou était le relais avant. Puis je rentre dans le noir de la montée qui suit. Je vois Xavier qui attend son relais à 2. Je repère son numéro et lui dit à tout à l’heure. J’alterne de nouveau marche et course sur le début de cette 2° portion de la STL. Ca y est je mets les watts et la musique remplit mes feuilles de la voix de Lex Koritni. Je fais gaffe quand même de ne pas sombrer dans mon délire de hard rock et je laisse un œil sur le parcours car les cailloux et plaques d’eau sont toujours présents. Ca freine sur la gauche et je n’ai pas le temps de comprendre. Il y a une énorme plaque de boue et d’eau. Je mets le pied droit dedans (il paraît que ça porte bonheur). Je sens l’eau à quelques degrés pénétrer dans ma chaussure. Quelle sensation (pas exquise madame la marquise). Ouaou ça fait drôle aux ribouis. J’ai les orteils raidos, la chaussette craignos. Je m’accroche aux branches pour éviter la suite. C’est flip flopant que je continue ma route. La descente dans le bois d’Arfeuille est super dangereuse car les feuilles mortes recouvrent tous les pièges : racines, cailloux. J’adore ce genre de descente et je double pas mal de gars. Je marche sur les cailloux comme sur des œufs en prenant garde à mes chevilles. Certains concurrents sont à terre pour le compte entourés par de valeureux compatissants. Ca va ? Ok, ok répondent les apprentis secouristes. Ca fait peur de voir la tronche de ceux qui sont tombés. Leur regard hagard dans le noir, ils n’ont plus d’espoir. J’ai la chaussette qui colle (et non le slip) et le bain de tout à l’heure me fait craindre d’avoir des ampoules. Je commence à taper des pieds sur la route retrouvée, mais c’est aussi la fatigue qui est arrivée. Le ravito de St Genoux est là en contrebas. A gauche des barrières pour rentrer dans la tente. Coca, pains d’épices, Hum, c’est bon. Allez j’vais au rab. Je repars sur l’herbe glissante. On s’accroche pour sortir de la mélasse boue herbe. Ca repart en montée comme à chaque fois après un ravito. La route pentue plus la fatigue ne nous envient pas à courir. 4 heures de course 4° gel Energix. Mes gants sont mouillés : la transpiration plus le froid, ils sont blancs de givre, j’ai froid aux mains. Je m’arrête pour dégainer mon camel et changer mes étuis de doigts. Purée ça fait du bien, mais j’ai le bout (des doigts) engourdi et ça fait mal. Ca redescend sec sur la macadam, bonjour les jambes. Xavier me double. Je l’appelle. Il est tout sourire, normal il commence seulement sa course enfin il lui reste encore beaucoup. La vitesse à laquelle nous passent les relayeurs me détruit un peu mon envie d’y aller. Faut se faire une raison, ils ne font pas toute la distance, pas comme nous. Faut les oublier. Pas facile. La grande descente vers Soucieu est longue. Il ne faut surtout pas s’emballer. Le but est toujours de finir et la barrière morale de Ste Catherine est passée, je ne peux plus abandonner. Donc on y va. Le pied gauche puis le droit. Ce n’est pas marche ou crève de Stephen King, mais si je m’arrête j’aurai un avertissement. On ne va pas me flinguer si je laisse tomber mais mon honneur sera coulé pour de bon. Toutes ces pensées plus la zikmu me laisse arriver doucement à Soucieu. Les lueurs du village réhabilitent certains indiv et font accélérer les relayeurs qui sentent l’écurie. J’éclaire les yeux d’un clebs qui affolé par toutes ces Petzl réveille le quartier. Ces yeux blancs luisants font peur, je m’écarte sur l’autre côté de la chaussée. Ravito 1 km. J’ai repris du poil de la bêbête mais le plus dur reste à venir. Pierre est de nouveau là avec Jean Louis et Fabien. Ca me fait du bien de les voir. Un encouragement et hop un bonhomme neuf avec un esprit neuf ou un homme simple avec un esprit simple. C’est qu’il faut ne plus rien n’avoir dans la caboche pour continuer. Faut pas réfléchir. 5h, 46 kms. On est tous crotteux à souhaits. Sous la tente, je continue mon régime coca pain d’épice. Et hop un p’tit  gel. Bruno est là. Il attend le passage de tous les indiv du club, chapeau. Il m’apprend que Hervé et Gilles ont abandonnés sur blessure, entorses apparemment. Purée dur dur. Bon moi faut que je finisse. Salut à plus. J’entame la dernière part du gâteau qui n’en est pas un, car celle là est un peu rassie. La descente qui nous fait quitter Soucieu nous remet dans la course. Quelques zigzags dans le village et nous empruntons un chemin qui nous amène dans un bois. La descente se fait de plus en plus raide et se termine par un pont en ferraille à traverser qui enjambe le Garon. Les 2, 3 marches sont pénibles à monter, à redescendre aussi. Un coup à droite puis à gauche et c’est la remontée vers la surface. Là beaucoup marchent. J’en profite pour prendre un coup de fouet, pas sur les fesses mais un gel rapide, le prochain sera pour la côte de Ste Foy. De retour sur la route. Je trottine. Dingue, j’y arrive, je ne pensais pas qu’arrivé là je pourrai encore courir. Certes comme un p’tit vieux mais, ma grande carcasse accepte encore de se faire trimbaler. Certains alternent marche course. Je les double, ils me repassent. Nous arrivons dans un parc et ça redescend. Je suis toujours avec ma foulée (de) pépère et je m’étonne en pensant que je pourrai courir ainsi pendant encore des heures. Martine avait raison, c’est chouette Nubril. J’ai mon moment de délire et je pense à ce parc la journée avec des enfants qui jouent, des mamans qui papotent, des papas qui … Les plaques de macadam du parc me martèlent les cuisses. La montée à gauche qui s’en suit me rappelle à la course. Chemin faisant je reprends la course à pied en haut sur la route. Ma cheville gauche me fait souffrir et je ne sais pas où exactement j’ai mal. Au tendon, à la malléole. La descente sur la route est dure et je tape assez fortement des pieds. Entre deux morceaux de musique, j’entends mes trails. Tap, tap, tap, couic-couic, couic-couic, couic-couic. Mets de l’huile. On aperçoit la côte de Ste Foy mais pas comme avant. Passage à niveau. On n’arrive plus sur le coté et finalement elle est moins impressionnante. Le ravito en bas est au pied du mur qu’est cette côte de science fiction. Je le zape vite fait, juste un verre d’eau. Il y a du monde dans la tente ou l’attente. Ils attendent un coup de pied au fesses pour repartir. Je rattaque donc de suite et avec plusieurs gars on discute en marchant le long de cette muraille. A gauche c’est un aqueduc. Fini les moins de 8 heures. Pas grave dans les 8h15 p’t être. Au bout d’un kilo et un nouveau gel, je reprends p’tit trot. On est dans la place, tout baigne. A gauche, on traverse la route, passage sous une arche, ce n’est pas celle de Noé mais on est sauvé : Lyon est en bas. Ca descend en méandres sur le trottoir. Archtung aux arbres. Reste 9 kms. Puis 8 kms, que c’est long. Ca y est on est dans les escaliers.

 

Photo Nono

Accroche toi Jeannot. La rampe est la bien venue. En guise de déambulateur, elle me mène à ma piqure. Celle que je me prends dans les cannes sur cette descente horrible pour les quadris. Des coureurs font les malins en faisant leur jogging du dimanche matin à contre sens. On est en bas. On traverse. Ca va être les quais. Ok, mais quels quais ? Ceux avé les pavés. NON, pas ça, pitié. Pas de pitié pour les croissants. C’est carrément inhumain. J’ai l’impression de courir à pieds nus sur des lames de rasoir.

 

Photo Nono 

 

Je me mets tout près de l’eau quitte à tomber (pour la France) mais là c’est plat ; c’est la bordure en ciment. On remonte des escaliers, puis le trottoir. Gauche, droite, on arrive place Bellecourt. Salut Kikourou. Un ravito est là, pas prévu c’lui là. T’es le bien venu. Badgone me tire le portrait. J’dois pas être bô. Je repars enfin. Trottoir. Deux gars se demandent qu’est ce qu’on fout là. C’est un marathon lyonnais dit l’autre. Ouf, ouf, je ris en moi. Comprennent rien ceux là. Petite montée et passage d’un pont. Allez, allez, un gars nous encourage, j’peux même pas lui répondre. J’sais pas quoi lui dire. Vachement éteint le mec. On descend du pont pour passer dessous. Des gars nous encouragent de nouveau en nous tapant des les mains. Du lard ou du cochon fumé. Ils sont comme mes pieds : allumés. C’est maintenant que du facile : Ya ka, faut qu’on. Il suffit de suivre les berges et hop c’est fini. Le décompte est toujours là pour nous narguer. Plus que quatre, plus que trois. J’en peux plus, je marche jusqu’au pont. Je repars à donf à 7/8 à l’heure. On va rentrer dans le parc de la tête d’or, ça me rappelle le marathon de Lyon. Je remarche car ça monte, queue d’ale mais ça monte. Ca tourne à gauche. On est au bord du parc, ça sent la fin. C’est à gauche au bout, j’en peux plus, j’en peux plus. Je marche , passage sous un pont. Allez allez on ne s’arrête pas c’est fini. Un fille nous engueule car on marche. Après la remontée du pont c’est promis je repars. Chose faite c’est vraiment la fin. J’entends la sono. Je vois l’arche au fond. On descend plus bas puis on rentre sur la pelouse. C’est pas possible ! C’est fini, je l’ai fait. Quelques mètres encore pour profiter. Il y a Manu, Boul et Zazou. Ils me tirent le portrait.  

 

               

           
                                          

Je suis en lévitation, mes trails dégueulasses ne touchent presque pas l’herbe. Je lève les bras. Quel pied. Encore quelques mètres. T’as le temps, t’as le temps. Profite. Ca y est, je relève les bras en passant sur les tapis (volants) de l’arrivée. C’est pas vrai, je rêve, j’ai fini la SaintéLyon. Le speakeur s’approche, je rejoins des kikous sur la gauche. C’est quoi Kikourou (point net lui dis-je). Présentation, but, etc. Je rentre sous la tente pour chercher mon tee shirt finisher, si si FI NI SHER. Superbe. C’est la queue pour rendre la puce puis dans la salle pour chercher ses affaires. Il y a vraiment beaucoup de monde. J’ai les jambes raidos. Et j’ai vraiment envie de me casser de là. D’en profiter, mais ailleurs. Je jète un œil dans la salle ou l’on mange mais vu le peuple je fais demi tour. Je le dis à Thunder/Mathieu. Un dernier coucou, je repars avec mon sac qui pèse une tonne. Sur le parking, un gars de M6 m’interview. Purée c’est le moment. J’suis crevé j’lui dis. 2, 3 questions. Combien de temps met on pour récuper ? Qu’est ce que ça vous procure de courir comme ça ? (de quoi j’me mèle). Je lui réponds en espèrant quand même de m’apercevoir sur M6 Lyon le lendemain. La voiture d’Hervè et de Gilles n’est plus là. Ils doivent être déçus. En repartant je vois Anne et Christophe. Un coup de klaxon. Christophe a fini en 7h25. Anne s’est trompé et en voulant rattraper le temps perdu, elle s’est épuisée et à 10 bornes de l’arrivée elle ne pouvait plus courir, elle a abandonnée, elle était 4° derrière Karine Herry.

Le retour sur terre se fait petit à petit et je rentre chez moi accompagné de mon petit nuage sur lequel je plane encore aujourd’hui. Au fait j’ai mis 8h25, mais quelle importance. L’ivresse du grand fond procure vraiment des sensations bizarres. Je ne suis même pas fatigué, ça viendra après. Prêt à recommencer, je ne sais pas, mais toujours est-il que tous mes soucis sont loin, tous ceux que j’aime sont tout près de moi dans mes pensées. C’est dur à expliquer, mais maintenant je vais voir la course à pied autrement. C’est une source de jouvence, un bienfait pour le corps, l’esprit.

Signé : Gibus qu’a les chaussettes qui collent..

 

10 commentaires

Commentaire de Marco47 posté le 08-12-2007 à 22:12:00

Bravo pour ta course et bravo également pour ce CR qui nous permet de revivre cette magnifique course a faire et re-faire.

Marco

Commentaire de NoNo l'esc@rgot posté le 09-12-2007 à 03:01:00

Wouuuuhaaa ! Wouuuuhaaa ! Wouuuuhaaa ! et Wouuuuhaaa !
Merci Gilbert pour le super-méga-récit-de-la-mort-qui-tue !!!
Quand je te lis, je me dis que c'est vraiment en solo qu'il
faut faire la Sainté... Un jour, peut-être ! Bravo pour ta course.
Quelle belle revanche sur 2006 de voir le gibus finisher heureux...

Bises - L'esc@rgot

Commentaire de vial posté le 09-12-2007 à 04:09:00

Bravo Gibus tu l'as bouclé cette fois-ci
Et super agréable à lire ton récit

Commentaire de laurent05 posté le 09-12-2007 à 10:15:00

bravo pour ta cousre
et merci pour ce beau récit et ces belles
photos
a+
laurent

Commentaire de sarajevo posté le 09-12-2007 à 11:34:00

CHOUETTE CR Gibus, bravo pour le récit et les photos, les doutes et les joies.... j'ai revécu ma course.
a+
pierre

Commentaire de aie mac posté le 10-12-2007 à 15:53:00

on ne peut pas s'empêcher de vouloir se laver de la honte d'abandonner, et ne vivre que plus fort l'instant de l'arrivée...
bravo gibus.

Commentaire de yoyobesac posté le 13-12-2007 à 08:00:00

un grand bravo pour ce cr, les photos sont excellentes!à la lecture de ton temps final, on fera un bout ensemble l'année prochaine!!!!!

Commentaire de LtBlueb posté le 13-12-2007 à 22:11:00

bravo mon grand , voilà un joli récit bien détaillé et une jolie course :)) en voyant tes temps de passage, c'est sur qu'on a t'as doublé sur les quais dans les derniers kms ... dommage je t'aurais bien pris son mon aile :))

a+
L'Blueb

Commentaire de blob posté le 14-12-2007 à 13:51:00

J'ai vécu la même expérience que toi sur une autre course : Templiers 2006, une barrière horaire me sort de la course au 46ème km. Templiers 2007, je suis finisher. Ca fait du bien, non ?

Commentaire de Jerome_I posté le 22-12-2007 à 23:05:00

bravo gibus, tu as pris ta revanche et as bien mérité ton tshirt de finisher...

Jérome

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