Récit de la course : Saintésprint 2014, par la mouette avinée

L'auteur : la mouette avinée

La course : Saintésprint

Date : 7/12/2014

Lieu : Soucieu En Jarrest (Rhône)

Affichage : 4272 vues

Distance : 23km

Objectif : Faire un temps

10 commentaires

Partager :

576 autres récits :

Une Saintésprint... au trot!

Ayant débarqué sur la capitale des Gaules il y a 3 ans seulement, et n'étant pas encore frappé par le virus du trail il y a 6 mois encore, je n'avais pas vraiment ne serait-ce qu'envisagé de participer un jour à la STL... Et même en étant devenu accro depuis peu, la doyenne ne me faisait pas tant d'oeil que ça, à tel point que j'envisageais plutôt une petite Olne Spa Olne dans 1 an en guise d'alternative...

 

Et pourtant...

 

Et pourtant, il y a un mois environ, je ne sais quelle mouche me poussa à participer à un jeu concours organisé par un sponsor boisson de la course afin de gagner 1 des 20 dossards mis en jeu. Je n'étais pas sensé être dispo, des potes belges assoifés venant passer le WE des lumières dans l'optique de s'en mettre une belle derrière l'oreille. Je pris quand même 5 minutes pour jouer, en me disant qu'au pire du pire (je ne gagne jamais d'habitude) je filerais avec grand plaisir mon dossard à un kikourou.

 

3 jours plus tard, appel d'un commercial Gatorade : "Monsieur Sandfox, vous êtes prêts à courir 72km en nocturne dans 3 semaines?" Heu, comment dire... Devant l'imposibilité de refiler mon dossard à quelqu'un d'autre, je prenais une inscription sur la Saintesprint : je n'aurais qu'à fausser compagnie quelques heures à mes compagnons avinés puis je les retrouverais aussitôt autour de quelques pichets de boisson de récup' au Ninkasi, à 100 mètres de l'arrivée...

 

Le format me convenait à priori pas mal : ma plus longue distance parcourue jusqu'alors ne dépassant pas les 30 km (Altispeed à Val d'Isère), je ne me voyais pas partir sur la Saintexpress. De plus, ayant déjà fait le désormais fameux et maudit off durant lequel Arclusaz devait laisser une cheville dans la descente vers le Furon, je pensais pouvoir boucler la distance sans trop d'histoires en plus ou moins 2h15. Une dernière reco avec des collègues de chez Trail Outdoor 69, et plus les jours rapprochaient, plus j'étais chaud patate. J'en venais même presque à regretter de ne pas avoir pris ce dossard cadeau sur la Saintexpress...

 

La prépa s'annonce pour le moins quelque peu chaotique : une bouteille de vin jeudi, 6-7 bières vendredi, un magnifique combo Burger frites pinte de bière de Noël le samedi midi : je me présente sur la ligne de départ avec un début de gerbounette (merci chauffeur de t'être perdu en route et d'avoir fait un peu le fou au volant). J'essaye de me caser dans les premières lignes du sas de départ : en négligeant mon hygiène alimentaire déplorable des derniers jours, et d'après les chronos de l'an dernier, je comptais boucler entre 2h et 2h15, idéalement en 1h59 si possible héhé, et entre la 150ème et la 200ème place. 

 

1er constat : ça caille grave, le vent pique sévère. Je pars donc avec ma veste membranée Craft. Après une rapide échauffement, je suis déjà un peu bouillant, j'ai envie de la faire péter sur la ligne mais je sais que jusqu'à Beaunant, ça risque de cailler. Je la garde donc. Le départ est donné, je veux sortir du peloton bien placé parce que je sais que je vais aborder la descente vers le Furon dans les 200 300 premiers afin de descendre à la cool. Mon LCA récalcitrant et la cheville d'Arclusaz m'incitent donc à la prudence. Je pars vite, beaucoup trop vite : je colle au cul de mon partenaire de club (qui finira à une superbe 18ème place) jusqu'à la sortie de Soucieu : c'est nawak, un mec qui comptait les premiers coureurs m'annonce en 30ème position. Je sais que je vais exploser mais je veux arriver au chemin des lapins le mieux placé possible pour pouvoir gérer à ma main (donc lentement) en descente. J'attaque la descente du furon la peur au ventre, et je fais bien de me méfier : devant moi, dans les 40 premiers donc : 2 entorses à mi descente, là où Laurent s'est donc cartonné. Je flippe grave, je dois laisser passer 15-20 mecs en 100 mètres haha. Un petit pont en bois a été aménagé, on traverse donc sans peine. Là on remonte par la sente de gauche que je n'avais pas repéré, je me retrouve pris au piège de mon début de course : ça court devant et derrière moi, je suis baisé, je dois courir aussi. Alerte cardio, je tape les 194 pendant une minute, alors que je n'avais jamais dépassé les 192, même sur l'altispeed. Je décide donc de lever un peu le pied, le cardio a du mal à descendre, et ça me double de partout. Les premiers troubles gastriques arrivent : hop, premier vomito. Au moins ça m'aura permis de baisser ma FC ^^

 

Je blâme bien sûr les litres de bière de la veille, mais je peste également contre moi même. Début de course en sur-régime, et surout grosse erreur de NOOB, pourtant j'avais lu certains avis éclairés ici même : surtout penser à protéger le tuyau de la poche à eau sous peine de boire de l'eau glacée. Je ne percuterai qu'à partir de Chaponost mais ça me parait alors évident : dans les minutes qui suivent l'absorption d'eau gelée stagnant dans le tuyau, mon estomac s'agite et la nausée me prend. J'essaye de ne pas trop bouchonner dans la partie de cross en sous bois qui s'ensuit, très ludique mais flippante avec les pierres planquées sous les feuilles. Je redoute ensuite la descente vers le Garon, j'espère vraiment que la descente dégueue dans les 30 cm de boue a été neutralisée comme annoncée. Finalement c'est avec soulagement que j'aborde la déviation. Je continue de me faire doubler à gogo dans la descente mais là je suis en mode survie, ranafoute, j'essaye juste de pas crever. J'aborde la montée du chemin des lapins à la cool : petite barre Gerblé, des spectateurs nous encouragent à droite à gauche, ça remet un peu de baume au coeur. 

 

Peu avant le ravito de Chaponost que j'avais décidé de zapper pour passer sous les 2h, nouvelle galette : je suis à deux doigts d'arrêter là. Seulement, mon temps n'est pas si dégueu (forcément vu le départ de débilos...), 55 minutes et des poussières il me semble. Je décide donc de serrer les dents et d'arrêter de boire, sachant que la crampe risque de me prendre par surprise à tout moment... Je continue de me faire remonter tout doucement, impossible d'accrocher un seul putain de groupe... Je me retrouve souvent seul, et ça remonte inéluctablement de l'arrière... Je peste intérieurement car si j'avais pu ne serait-ce qu'accélerer une fois ou deux, j'aurais pu accrocher des fins de groupe qui m'auraient fait beaucoup de bien mentalement... 

 

Premier moment "détendu" de la course, je me fais rattraper par un mecbien cool avec un sac à dos plutot typé rando qui voit bien que je souffre, juste avant la descente qui nous emmène à cette putain de montée de Beaunant. On papote un peu, lui me fait gentiment la morale sur ma consommation de bière, ça fait du bien de relacher un peu...

 

 

Avant d'attaquer la montée, je pense encore pouvoir boucler en moins de 2h, mais c'était sans compter... Cette putain de montée! Tout le monde marche, on est à l'arrêt. Je remonte quelques places et on papote à 4-5 mecs, on doit naviguer à 6 kmh. Ca pique dans les mollets mais je m'accroche, je sens la fin proche... Un mec qui compte approximativement le nombre de coureurs déjà passés nous annonce 120-130 avant la plongée vers le parc aventure... Je suis soulagé, je ne suis pas si largué que ça, du coup je reprends un peu espoir... On zappe effectivement le passage des marches pour 400-500 mètres de singles bien marrants dans les bois. Le passage se fait dans une bonne ambiance, ça court mais ça déconne un peu. Par contre à l'arrivée en bas des escaliers, on voit 4-5 mecs qui dont tracé tout droit dans les escaliers pour éviter le détour. C'était fait délibérement, on voyait très bien les concurrents nous précédants prendre à droite dans la foret au sommet des escaliers. Un mec les insulte copieusement, du coup ils s'excusent piteusement... Ca me fait marrer, et je sens l'arrivée tout proche. Impossible de relancer pour autant, je cale, mais d'autres calent plus que moi. Je sers les dents dans la dernière montée, puis on plonge dans la descente vers la confluence.

 

Je suis cramé en haut de la descente mais je donne tout. Je manque complètement de lucidité dans les escaliers, je pense encore pouvoir péter les 2h à l'arrachée. Je manque de me vautrer en bas des marches, les crampes frapent d'un coup. Je repense au message d'Arclusaz, je sais qu'il fallait penser à quelqu'un à cet endroit là, mais qui, pourquoi? Je me remémore des étoiles, mais je n'arrive plus à me souvenir. Je suis cramé, je vais terminer en apnée. Je manque de tomber dans la Saone haha, je gravis les marcjhe de l'escalier vers le pont à l'arrachée, je tape quand même dans le dos de 2 mecs encore plus agonisants que moi. A ce moment je comprends que je ne passerai pas sous les 2h, mais je voudrais quand même finir dans les 150. J'essaye de maintenir l'allure, le pont Raymond Barre est une torture, il reste 2 PUTAINS DE KILOMETRES !!!

 

Le finish le long du rhône est vraiment éprouvant mentalement, je flanche et laisse filer 2-3 mecs. Quand j'apperçois au loin les flashs de la phot finish, je me dis que je tiens le bon bout. Dernier virage, personne derrière moi. 2h01, je n'ai plus rien à gagner ni à perdre, je termine les 200 derniers mètres en roue libre. L'entrée dans le palais des sports est grisante, même pour une petite bite comme moi sur le 23km. J'imagine même pas ce que doivent ressentir les finishers de la Saintexpress et scurtout de la Saintélyon, la vraie, la grande. 

 

Le temps de reprendre mes exprits, je vois au loin défiler le classement. Belle surprise car je fais finalement un top 100, c'est complètement inespéré. Loupé donc pour le moins de 2h, mais contrat à moitié rempli avec cette 94ème place. Mon pote de club Speedy Gonzalez a déjà plié bagage, il a du perfer le bougre, je n'apprendrais après que sa 18ème place...

 

Je récupère un bien joli t shirt FINISHER 22km (putain FINISHER d'un 22 kilomètres ça fait un peu prétentieux non?) (et je dubite un poil quand même sur le col en V), je m'écroule et tente de récupérér mes esprits. Rapide gavage de moelleux au chocolat et de Pepsi Max, je récupère mon sac à l'agonie, passe mon gros manteau et rentre chez moi.

 

Mes potes belges sont raides, leur apéro est terminé ils sont couchés. Tant mieux, je n'aurais même pas été capable d'avaler ne serait-ce qu'une goutte de bière sans alcool. Je continue de gerber chez moi jusque 5h du mat', heure approximative à laquelle mes compagnons de club doivent boucler leur Saintexpress.

 

Je finis par m'endormir tant bien que mal.

 

L'an prochain, c'est sûr, je reviens. Sans picoler la semaine d'avant. Et sur la Saintexpress. Avant d'attaquer la grande dans 2 ans peut-être. 

 

Avec un peu plus de recul, je pense que j'aurais du mal à m'adapter à cette course. Moi qui suis plutôt lent en montée (il m'est impossible de courir, je préfère faire de longs pas en marchant), je pense que j'en chierais pas mal car visiblement on doit beaucoup y courir. Sur cette portion finale Soucieu - Lyon, c'est quand même très très roulant, avec beaucoup de portions de route. J'ai d'ailleurs couru en Mizuno Wave Precision et c'était le top sur le bitume. J'essaierai de me faire une prépa spécifique à base de route et de beaucoup d'endurance fondamentale je pense.

 

Voilà, j'étais pas plus emballé que ça par la STL il y a quelques mois. Je me retrouve par hasard à courir la Sprint, et me voilà prêt à signer d'emblée pour l'Express l'an prochain. Cette ferveur autour de la course, cette tension ambiante... Ca a quelque chose de magique, alors RDV dans 2 ans à Sainté :)

10 commentaires

Commentaire de Corne de chamois posté le 08-12-2014 à 23:45:47

Bien joué !!!
C est marrant je termine 95eme on a du se croiser sur la fin
J étais en coupe vent blanc et le seul a courir dans la montée de beaunant
Par contre des descentes techniques hormis les escaliers a la fin je n en ai pas vu !!!

Commentaire de la mouette avinée posté le 09-12-2014 à 00:03:24

Yep je viens de poster quelques lignes dans votre antre chambérienne :)

Sincèrement j'étais tellement en souffrance que je ne me souviens plus de grand chose, j'étais vraiment en mode survie... Mais on a du se croiser car tu pointes au ravito de Chaponost quelques places devant moi.

Dans la montée de Beaunant je me souviens avoir discuté avec pas mal de mecs, y'avait un gars devant moi qui a essayé de courir 50 mètres puis il a vote compris sa douleur ^^

Par contre je me souviens avoir doublé quelqu'un en coupe vent blanc au sommet de l'escalier sur les quais qui nous montait sur le pont de l'autoroute, en lui tapant dans le dos et en l'encourageant. C'était peut-être pas toi ceci-dit, je sais pas trop comme tu as terminé.

Et quand je parle de descente craignos, c'est celle du début où les 2 mecs se sont fait les chevilles devant moi. Elle n'était pas spécialement technique mais le combo nuit source et boue cachait bien ces putes de pierres. Idem pour les descentes recouvertes de feuilles, sale race!

Au plaisir de se croiser un de ces 4 par chez vous! :)

Commentaire de Arclusaz posté le 09-12-2014 à 00:01:47

Bon, la prochaine fois, la bière, tu la mets directement dans ton camel !
Bravo pour cette vitesse stratosphérique : merci des pensées au Furon et au bas des escaliers du Grapillon.
Mais, t'es mal, t'as attrapé le virus. Et y a qu'un moyen pour en guérir (et encore ça marche pas à tous les coups) : faire la STL !

Commentaire de la mouette avinée posté le 09-12-2014 à 10:51:42

A ce rythme là, c'est pas de la bière qu'il faut que je mette dans la poche, mais de la cervoise TIÈDE :)

Et oui effectivement, je suis mal on dirait... Ca sent la recrudescence de petits offs de reco l'an prochain :)

Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 09-12-2014 à 16:48:53

Bien joué !!!

Tu termines devant la Corne donc tu dois être un grand champion Sandfox !
Bon, vu la gerbe, vous n'auriez pas pu boire la bière de l'amitié, mais ce n'est que partie remise !


Commentaire de la mouette avinée posté le 09-12-2014 à 23:01:03

Je pense qu'inconsciemment, ayant senti la corne se rapprocher de mon arrière train dans la dernière ligne droite, j'ai dû mettre les gazs une dernière fois afin d'asseoir "la place de l'alcoolique". Pour la petite histoire, sur 5 trails disputés après une cuite la veille, j'en suis à trois 94ème place.

Je compte donc me mettre une caisse monumentale la veille de l'UTMB l'an prochain pour voir si la prophétie s'accomplit encore.

Et pour la bière à l'occase carrément, vous avez quoi comme jus de houblon local potable par chez vous? Je sais qu'il y a un caviste avec de bonnes références dans une petite zone indus pas loin de Chambé, mais je ne connais rien en production locale, si ce n'est que vous vous trouvez entre la Brasserie du Mont Blanc et la Brasserie Mandrin :D

Commentaire de Mazouth posté le 09-12-2014 à 18:01:36

Excellent ! j'ai bien rigolé en te lisant, tellement tu t'es arraché, dans des conditions physiques délicates (c'est bien dit hein ?) tu as tout donné tout le temps, et en plus tu fais quand même un super temps ! Bravo ! Ca c'est du sport ;)
N'empêche que sur les plus grandes distances tu feras sûrement qq chose de bien, et puis c'est pas grave d'être lent en côte (je sais de quoi je parle...), ça permet de récupérer et d'assurer en descente ;)

Commentaire de la mouette avinée posté le 10-12-2014 à 11:57:21

Tant mieux si ça vous fait un peu marrer, c'est un peu le but de mes CRs. Enfin si je picolais pas autant les jours d'avant ils seraient peut-être un peu moins drôles aussi... Au final, même si j'en chie toujours sur les courses, je recommence la fois d'après... Çà doit me plaire quelque part de courir avec encore quelques grammes de la veille ^^

Les plus grandes distances pour l'instant je laisse ça aux vrais, comme toi :)

Pour l'instant je ne sais pas encore "gérer" mon effort, je cours toujours plus ou moins "à bloc", et du coup je commence à saturer en fin de course sur les formats 25-30km. Je comptais passer sur du 30-50 l'an prochain mais mon opération du genou va légèrement venir compliquer les choses... En 2015 ça sera donc surtout du vélo, pas mal d'endurance fondamentale et beaucoup de bénévolat jusqu'en Juillet-Aout. Je verrais avec quoi je pourrais reprendre, UTV en relais ou Nuit des Cabornes, puis peut-être une prépa semi voir marathon pour la Saintexpress en fin d'année... Enfin bon c'est loin tout ça, et il y en aura des murges à la bière d'ici là :D

Encore félicitations pour ta VRAIE Saintélyon :)

Commentaire de Mazouth posté le 11-12-2014 à 22:39:24

Merci ;) Mais t'sais je suis tout neuf sur ce genre de courses, j'ai tout appris cette année et notamment à courir en sous régime pour durer, et c'est pas facile au début parce qu'on s'ennuie vite à moins de 10 à l'heure à l'entrainement :p

Commentaire de Eddy_87 posté le 12-12-2014 à 09:41:07

CR très agréable à lire, merci pour ce petit moment de rigolade.
La prochaine fois oublie l'alcool la dernière semaine tu vas tout déchirer !

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.07 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !