L'auteur : JLW
La course : Saintélyon
Date : 5/12/2010
Lieu : St étienne (Loire)
Affichage : 4347 vues
Distance : 69km
Matos : Yaktrax, coupe-vent Gore Tex, gants, guêtres, MYO XP de Petzl
Objectif : Terminer
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« Tout au long du trajet, la radio me rappelle si besoin était que la canicule sévit partout et conseille à tout le monde de ne pas faire d’effort, surtout sportif, de rester tranquille à l’ombre, de fermer les volets …! »
Voilà ce que j’écris en juillet 2006 me rendant aux « Drayes du Vercors ».
J’aurai également pu commencer en rappelant les conditions météo du Mercantour 2009, de Chamonix 2010 … jamais 2 sans 3 ?
Cette édition ne nous aura pas épargné en émotions et nous en garderons tous des souvenirs, plus ou moins bons. Nous c'est-à-dire Sophie, Bruno, Fred, Jean-Marc, Jérôme, Olivier, Philippe, Stéphane, William et ma pomme. 1 duo 2 joelettes et 6 solos.
L’épreuve a en fait débuté dès le milieu de la semaine précédant le départ. En effet comment rester insensible aux informations que l’on peut qualifier de presque alarmantes autour des chutes de neige dans la région Lyonnaise ? Du presque jamais vu, du moins à cette période de l’année. Les échanges sur les tenues et les équipements ont été vifs au sein de notre petit groupe. Certains découvraient les fameux « Yaktrax », on apprend que les bâtons seront exceptionnellement autorisés cette année, 3 couches de vêtements ainsi que des gants ne prêtent pas à discussion mais la question est plutôt autour des chaussettes de rechange, des vêtements supplémentaires etc …
Le voyage sur Saint Etienne en TGV est impeccable et nous mène au Parc des Expos ou 2 halls sont entièrement dévoués aux près de 6000 coureurs du solo et une partie des 5000 autres traileurs répartis entre les relais et la SaintExpress. Il est aux environs de 20h00 et la « petite » queue devant la « pasta party » nous décide à prendre les dossards en premier. On verra pour le repas après. Les dossards se trouvent dans l’autre hall, celui du « village » que nous traversons un peu au hasard avant d’aboutir sur une autre queue que nous avons du mal à évaluer. … il nous faudra quelques minutes pour réaliser que cette file de coureurs est bien celle du retrait des dossards et que nous ne sommes pas prêts d’en ressortir. Il nous faudra un peu plus d’une heure … pour nous précipiter enfin à la « Past Party » bien méritée.
Heureuse surprise, il n’y a pas de queue … mais il n’y plus de pâtes non plus, pour ceux qui n’ont pas réservé … comme Olivier et moi. Panique à bord, il est 21h30, que fait-on ? On ne va quand même pas partir sur près de 70 bornes sans avoir un petit peu mangé ? Quelles sont les solutions de repli ? Les autres membres de notre petit groupe ayant réservé, Olivier et moi décidons d’aller trouver un resto aux abords du Parc. Le premier resto trouvé est comble, à côté se trouve un Quick. Il y a des pâtes chez Quick ? Ce sera Quick, pâtes ou pas pâtes. Ce sera aussi frites et hamburger avec une bonne crème bien grasse, beurk ! Nous innovons.
Les pâtes que nous ont réservées le reste du groupe à notre retour ne trouveront plus de place dans nos estomacs repus.
Les surprises ne sont pas encore tout à fait terminées pour nous avec la remise des sacs dans les bus archi pleins dont les chauffeurs refusent tout nouveau bagage. Je jette pratiquement mon sac dans un bus qui n’est pas supposé prendre mon numéro de dossard et pars vers la ligne de départ un peu inquiet de ne jamais le retrouver à l’arrivée sur Lyon … (*)
Enfin nous y sommes, dernières petites photos de groupe. Jerome sur les conseils de Bruno me demande s’il peut me suivre. Euh oui bien sûr, peut-être que c’est moi qui vais essayer de te suivre, non ? Il est vrai que nous avons sensiblement le même temps de référence au dernier marathon du Mont Blanc. Pas d’objectif chrono pour moi, si je pouvais arriver sur Lyon, vu mon état de forme ce serait déjà pas mal. En fait je sors d’une semaine avec gorge irritée, nez qui coule … je ne fais pas de dessin et même si ces symptômes ont disparu la veille, je me sens fatigué ! Pas top ! Malgré cela, Jérôme et moi décidons d’avancer le plus possible vers la ligne de départ. Bien nous en a pris, nous ne mettrons qu’un peu plus de 2 mn pour passer la ligne après le coup de sifflet du starter.
Nous pouvons courir quasiment dès la ligne franchie sur une large avenue, en silence, troublé ci et là par quelques spectateurs, finalement assez nombreux en cette heure tardive. Je rappelle à ceux qui n’ont pas suivi que nous avons démarré à minuit.
Un thermomètre géant sur une aire de service indique -8 deg C. Le départ est roulant, nous sommes à ma montre aux alentours de 10 km/h. Jérôme trouve le rythme un peu élevé vu la distance, il a peut-être raison mais j’ai du mal à ralentir.
Curieusement j’ai peu de souvenirs des détails de ce parcours que je découvre.
La première neige, je dirai presque attendue arrive finalement assez vite, il me semble. Je trouve cela plutôt agréable dans un premier temps, puis un peu pénible de part la densité des coureurs en ce début de course et quelques passages étroits qui obligent à une vigilance constante pour éviter les collisions, les queues (encore !) de poisson et les premières glissades.
Jerôme se plaint de douleurs au niveau de la plante des pieds mais s’accroche et me dépasse régulièrement dans les quelques descentes de ce début de parcours. Nous passons ensemble le premier ravitaillement de St Christo en Jarez au km 16. Thé et soupe à bonne température seront la clef de ma réussite (ou non) tout au long du trail. Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, j’ai pris la mauvaise habitude de « jeuner » entre les ravitos et de m’hydrater de temps en temps … Les arrêts ravitaillements sont donc très importants pour moi.
Se plaignant toujours de douleurs, Jerôme décide d’ôter ses guêtres peu après le ravitaillement. Cela semble aller mieux. Ce sera quasiment mon dernier souvenir avec lui, je pense qu’il m’a suivi encore de longs kilomètres mais probablement quelques mètres derrière.
Vu mon état de forme je me mets en quelque sorte en hibernation et débranche quelque peu mon cerveau. Je me rappelle de plusieurs bouchons à l’abord de portions plus étroites et la neige assez haute (20 à 30 cm environ) ne nous encourage pas à sortir du sentier tracé, ou plutôt piétiné. Cela ne glisse pas vraiment, les appuis sont parfois un peu fuyants, mais j’estime que les « Yaktrax » ne sont pas encore indispensables. En fait avec le recul, j’aurai du les mettre dès cet instant. Je ne les mettrai que peu de temps avant St Catherine (vers le 26ème km environ ) dans une descente glissante et chaotique.
Immédiatement j’en ressens le bénéfice et trouve une assurance incroyable dans les parties délicates. Cela sera encore plus prononcé dans la fameuse traversée du bois d’Arfeuille que je dévale avec une aisance presque déplacée par rapport aux difficultés de la plupart des coureurs. J’ai vu cependant quelques coureurs semblant très à l’aise sans l’aide de chaines, ni de bâtons ; Les dits bâtons que je n’ai pas pris (bien m’en a pris) car d’une part le denivellé ne le justifie pas et surtout ne sont pas compatibles avec le nombre que nous sommes, à mon avis. J’ai été passablement gêné par ceux qui en avaient. Nous traversons maintenant un certain nombre de portions de routes verglacées, mes chaînes ne me dérangent pas vraiment sur ces parties mais je commence à me demander combien de temps je vais les garder. Les ôter pour les remettre quelques mètres plus loin me semble être une dépense d’énergie énorme. Un coureur tombe lourdement parmi nous, sur une partie bitume. Il semble rester inconscient, il est rapidement entouré par 5/6 traileurs qui s’occupent de lui, l’un d’eux appellera les secours quasiment immédiatement. Nous sommes tous supposés avoir enregistré le numéro de secours de l’organisation. Je n’ai pas de nouvelles de ce traileur mais me fait penser, après coup, à la mésaventure de Fred.
J’oterai mes yaktrax au km 45 lors du ravitaillement de Soucieu en Jarrest. Ce sera mon plus long arrêt, il est un peu plus de 6h00 je commence à sentir le froid. Je décide de changer ma 1ère couche légèrement humide par la transpiration, remplace mon coupe vent par un autre en gore tex, plus chaud, et change mes gants eux aussi humides.
Il restera des portions bien glissantes et je regrette de temps en temps d’avoir enlevé trop tôt mes chaînes, mais bon, pas le courage de les remettre.
La forme n’est toujours pas là, viendra-t’elle encore ? J’en doute. Mais je dois dire, que ma petite expérience de traileur me permet d’avancer sans trop me poser de questions. Je sais qu’on peut durer longtemps comme cela et qu’il suffit de mettre un peu de musique dans le casque, réparer ma faepdfg sacoche qui vient de rendre l’âme et essayer de deviner si cette grosse tâche lumineuse là bas au loin ne serait pas l’arrivée à Lyon après tout ?
C’est dans ces conditions que j’arrive au dernier ravitaillement de Beaumant. Re-thé et soupe plus coca avant d’entamer la belle bosse que m’avait annoncée Bruno. Mais ou est-elle, je ne la vois pas … ? Ah si, elle est bien là, en face de moi, après le tournant et bien sympathique ma foi. Je profite de cette montée pour discuter le bout de gras avec mon voisin qui m’apprend qu’il a fait la même édition que moi au Mercantour et à Cham en Aout dernier … Le monde est petit.
Arrivé au sommet il ne reste plus qu’une belle descente, bien plus désagréable que la montée à mon goût, car il faut courir, et courir à ce moment là de la course on n’en a plus très envie. Enfin je parle pour moi, enfin non pour les autres, car en fait je vais courir à un bon 10k/h voire plus jusqu’à l’arrivée et ainsi dépasser un grande nombre de coureurs (150 au bas mot).
Comme tout le monde, j’ai trouvé les 5 derniers kilos abominables, plats, froids, et ils font en fait beaucoup, beaucoup plus que 5 kilomètres, au moins 50 !
L’arrivée qui n’en finit pas d’arriver, arrive enfin et l’entrée dans le Palais des Sports de Gerland est impressionnante. Photographes, speaker, arche et un monde incroyable.
Ca y est, FINISHER d’une belle épreuve, pour une édition qui restera mémorable dans le souvenir des participants, des organisateurs et des fantastiques bénévoles restés là haut dans le froid toute la nuit. C’est eux qu’il faut féliciter à mon avis.
Le chrono ? Ah oui le chrono. Ben 9h24 pourquoi ?
Jean-Luc
(*) j’ai retrouvé sans problème mon sac à l’arrivée, au bon emplacement correspondant bien à mon dossard et bien visible parmi les milliers de sacs ! Merci aux orgnisateurs.
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8 commentaires
Commentaire de Mustang posté le 10-12-2010 à 08:51:00
Ah, je ne suis pas seul à pas avoir bien gérer les yaktrax!!!! mais le plus important reste une bien belle aventure au cours de cette nuit mémorable!!! à plus. Phil
Commentaire de gdraid posté le 10-12-2010 à 11:09:00
Bravo Jean-Luc, pour cette course difficile si bien gérée, après un dîner fantaisiste, cependant bien digéré.
Tes yaktrax, t'ont sauvé de bien de chutes et blessures, genre celles du Lutin d'Ecouves !
Merci pour ce bon récit bien imagé.
JC
Commentaire de XBo posté le 10-12-2010 à 11:33:00
Bravo Jean-Luc,
Dommage qu'on ne se soit pas croisé durant cette folle nuit, ça fait un bail depuis notre dernière sortie ensemble avec Jéjé.
je lis que les Yaktrax était vraiment un + durant cette Sainté. J'en avais mais je les avais laissées dans le sac par solidarité avec mon pote non équipé...
Bonne récup
Xavier
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 10-12-2010 à 14:27:00
Bravo Jean-Luc, tu m'as poutré d'une heure ! Content de t'avoir revu !
Commentaire de shunga posté le 10-12-2010 à 22:51:00
Bien joué ! Quelle épopée !
C'est marrant parce que vous avez l'air content et satisfait alors que le récit n'a l'air d'être qu'une bonne grosse galère et ne donne surtout pas envie d'y être ^^ Enfin pour ma part. Mais à 11.000 coureurs facile de comprendre pourquoi.
Bravo !
Commentaire de caro.s91 posté le 11-12-2010 à 22:58:00
Vu les conditions, je pense que tu as super bien géré ta course Jean-Luc. Merci pour le récit!
Bises et à bientôt
Caro
Commentaire de yves_cool_runner posté le 12-12-2010 à 17:31:00
Tu es venu. Tu as vu. Tu as vaincu. Bravo Finisher !
Commentaire de Jerome_I posté le 15-12-2010 à 23:11:00
bravo pour ta course et ton récit. Quick avant course j'ai jamais essayé !!! ;-) Ton pote Jérôme a eu le même problème que moi avec les guêtres: les guêtres sont pas faites pour les parcours rapides avec course sur la route!!!
Jérome
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