L'auteur : Crem
La course : Le Grand Raid des Pyrénées
Date : 28/8/2009
Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)
Affichage : 3618 vues
Distance : 150km
Matos : Sac Wasp et porte bidon NorthFace (finalement inutile car il n'a pas fait chaud)
Veste RaidLight Top-R imperméable.
Thermo manche longue Mizuno.
Frontale Pzel.
Chaussures Trail NB 908.
Objectif : Terminer
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Préparatifs :
Ce GRP 2009 était ma première expérience sur 150km.
Cette année, je me sentais vraiment prêt mentalement, et grâce à un excellent plan d'entrainement intensif fourni par Goonif alias Mr Gueguen A, grand vainqueur de l'édition précédente (excusez du peu...), je me sentais également prêt physiquement. Mon travail avait surtout été basé sur les côtes et l'endurance avec des répétitions de séances sur une même journée.
J'avais également prêté une grande attention aux vêtements chauds (car grand frileux) et la thermo de Mizumo associé à l'imperméable light de RaidLight avaient vraiment fait leur preuve à l'entrainement.
Objectif optimal de l'entrainement, 35h, mais sincèrement, ce serait trop beau, on va plutôt viser 40h et gérer un maximum.
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Jour J :
Voilà, et nous en arrivons enfin à ce vendredi matin, 5h et une première montée vers le col de Portet. Ca part très vite, je vois les gens courir et se mettre dans le rouge dès le premier dénivelé. Je ne m'emballe pas et assure mon rythme marche rapide en côte. Objectif, se retenir jusqu'à Villelongue pour être frais pour la nuit et la seconde moitié.
Cette première côte passe parfaitement, très bonnes sensations, le travail en côte paye vraiment et je ressens la puissance et aucune fatigue.
Par contre, début de ce qui va être le gros souci de cette épreuve, les pieds. J'avais hésité à prendre les guêtres et y avais renoncé. Grosse erreur. Dès l'arrivée sur les pistes de ski de Portet, de la terre et des gravillons dans les chaussures. Je m'arrête 2 fois pour retirer tout ça et finis par m'y résoudre.
La seconde montée sur Bastanet passe tout aussi bien, je ne fais que me retenir. Puis la descente sur Artigues, parfaite, j'ai toujours apprécié les descentes. Arrivé à Artigues, je retrouve les supporters Ronus et Z qui me disent de freiner encore plus, que je suis parti vite. Je les crois et ralentis le rythme alors que les sensations sont toujours excellentes.
Côté météo, c'est du tout beau en hauteur, mais quand on redescend, on plonge dans le brouillard. La douce température fait que l'on peut bien gérer la soif. Je dirais que la journée du vendredi était pas mal au niveau température, dommage que le brouillard ait quelque peu gâché certains points de vue.
La montée du col de Sencours se fait toujours aussi bien. Mais les soucis techniques des pieds continuent et je déchire une chaussette au niveau talon à cause de toute la terre accumulée. Ca provoque un début d'ampoule, et je profite du ravitaillement de Sencours pour inverser mes chaussettes et stopper l'ampoule en vidant le liquide sans retirer la peau. Vivement Villelongue et les chaussettes de rechange du sac.
La traversée de tous les cols suivants est vraiment magnifique. Un terrain de montagne vraiment agréable (pour moi...) alternant roche et petits sentiers. Puis la grande descente vers Villelongue.
Arrivée à Villelongue en pleine forme, je retrouve la troupe de supporter et (mon idole) Arnus qui a malheureusement dû arrêter à cause de souci gastrique (là, je suis vraiment triste pour lui). Je change enfin de chaussettes et trouve avec surprise mes guêtres avec l'équipement prévu pour la nuit (alléluia). Je décide de voir les podologues pour leur montrer mes ampoules qui sont quasiment sèches et ne font plus mal. Le podologue la soigne alors en y insérant un liquide rouge désinfectant (là, je pense un peu que je n'aurais pas dû faire ça, car les ampoules étaient bien sèches et ne me faisait plus souffrir. Le désinfectant n'a fait que les réveiller et j'en ai beaucoup plus souffert après...) Mes 2 compères Jb et Pierrot me rejoignent alors à Villelongue et nous partons ensemble, ça c'est bien.
La montée du Cabaliros et la nuit. En fait, Jb et Pierrot décident de continuer cool alors que je continue sur mon bon rythme de montée et nous nous séparons donc rapidement. La nuit tombe, la fraicheur et le brouilard. La nuit sera froide, humide, venteuse et sans grande visibilité. J'étais bien préparé vestimentairement et physiquement, mais ça n'en a pas fait pour autant une partie de plaisir. La montée se passe comme une fleur, mais je revois encore les courageux qui controlaient le pic du Cabaliros, sous leur tente, transi de froid. Je ne me suis pas attardé...
Descendu sur Cauterets, les sensations sont toujours aussi bonnes. Je me ravitaille et repars rapidement.
Le col de Riou. J'apprécie vraiment les heures passées de l'entrainement car les montées passent toujours aussi bien et sans la moindre sensation de fatigue. Le jour commence à se lever à mon arrivée au col.
Et arrive finalement le début des ennuis. Pendant la descente vers Luz, les pieds se font de plus en plus douloureux. Chaque pas se fait lancant et je sens des pieds de plus en plus engourdis. Les 3 kms de bitume avant Luz sont un véritable enfer, j'en suis réduit à avancer au pas avec des aiguilles sous les pieds. J'espère un miracle des podologues. Mais le bilan est sans appel, les pieds sont complètement écrasés, enflés et irrités. J'essaie mes chaussures de rechange mais je ne rentre même pas dedans. Et malheur, les pieds ont encore plus enflés et je ne rentre quasiment plus dans mes premières chaussures. Jb et Pierrot arrivent fatigués à Luz mais partant pour la suite. Mon coeur et ma volonté me disent de continuer même sur les mains, mais un minimum de lucidité me rappelle que je n'arrive même plus à mettre un pied devant l'autre. Les 40 derniers km seront impossibles et c'est avec une énorme tristesse que je les laisse partir et rend mon dossards aux organisateurs. Les quelques pas jusqu'au bus puis l'appartement seront une énorme souffrance plus personnelle que physique.
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La suite
Toutes les pensées traversent alors l'esprit. De rejet du moindre sport au temps d'entrainement gâché.
Mais je reprends mes esprits et mesure tout le travail accompli et les bénéfices. J'ai quand même avalé 110 kms et 7000 m de D+ sans aucune fatigue. Je m'étais trés bien préparé sur tous mes points faibles, à savoir les côtes et les vêtements chauds. De ce côté là, tout était parfait, et c'est de là où je n'ai jamais eu de souci, les pieds, que les négligences ont payé chères. J'avais en effet de trop vieilles chaussettes (ne pas prendre des neuves le jour de l'épreuve, mais quand même pas les vieilles fétiches), des chaussures trop légères avec peu d'amorti (parfaites pour de courtes distances mais pas plus de 70 bornes...), et négliger les guêtres (mieux vaut trop que pas assez...)
Voilà, je garde donc ce GRP comme une bonne leçon, une satisfaction personnelle sur le travail accompli et les sensations de course (c'est vraiment grisant d'avaler les côtes et d'enchainer les cols sans sentir de fatigue).
Je sais désormais que ce genre de distances n'est pas du tout impossible pour moi, et je serai encore plus prêt et motivé pour la revanche !!!
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Les mercis qui s'imposent
Toute l'équipe de copains, Jb et Z, Pierrot et Chabidou, et les Gueguen. Pour l'organisation de notre petite semaine, les nombreux conseils, les encouragements et tout et tout.
L'organisation du GRP. Trail magnifiquement organisé. Balisage, ravitaillements, bénévoles, parcours, etc... tout était parfait.
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L'analyse, 6 mois plus tard
Après quelques mois passés et une grosse analyse pour trouver la cause de mes ennuis de pieds, je pense enfin avoir trouvé !
J'avais pensé à un défaut de tannage, une mauvaise préparation.
Pourtant, le tannage est conseillé aux personnes ayant des problèmes à la base, pas pour ceux qui n'ont pas de problème. Une application de NOK au moins une semaine avant l'ultra est la meilleure des recommandations.
Alors pourquoi cet enflemment des pieds et des ampoules dès les 20 premiers km ?
J'ai pu lire sur un forum de préparation des pieds un truc anodin mais qui s'avère incontournable :
3 semaines avant un ultra, interdiction de piscine ou tout autre forme de détente aquatique qui ramollit la peau des pieds
Et voilà, en plein dans le mille, j'avais passé l'après midi de la veille à la piscine de la résidence pour me détendre, et n'avais même pas fait le rapprochement que ma peau des pieds étaient complètement imbibée et donc très affaiblit.
En conclusion, respectez bien cette consigne qui m'a valu un carton rouge au 110ème km. Je ne m'y ferai pas reprendre !
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6 commentaires
Commentaire de goonif37 posté le 15-09-2009 à 15:21:00
C évident que ce type de distance est à ta portée... il ne manquait pas grand chose, l'année prochaine sera la bonne, j'en suis sûr !!!
Commentaire de chabidou posté le 15-09-2009 à 19:07:00
Un échec est source de bien plus d'apprentissage qu'une victoire ! Tu reviendras plus fort pour la prochaine tentative !
Et à voir ta tête (et surtout tes pieds) le soir même, tu n'as pas de regret à avoir sur ton abandon...
Je suis très admirative de ce que tu as fait !
Bisous,
Chab
Commentaire de rodio posté le 16-09-2009 à 10:53:00
Faire 110 km en montagne comme dans du beurre, c'est pas rien. C'est ce qu'il faut retenir avant tout. Les pieds tu vas travailler ce point faible et la prochaine sera une réussite !
Commentaire de sonicronan posté le 16-09-2009 à 20:02:00
Bravo tout de même mon Crem,
La prochaine fois t'explose tout.
Commentaire de Lucien posté le 19-09-2009 à 00:27:00
Même super préparé il y a des jours ou quelque chose ne va pas du tout, tu n'a pas eu de chance avec tes pieds mais tu as participé à une grande aventure que tu ne regrettes pas et c'est le principal.
Beau récit qui a tenu toute ses promesses, bravo pour tous ces kilos avalées aussi aisément. Bonne continuation et récupères bien.
Commentaire de TomTrailRunner posté le 01-06-2010 à 10:21:00
beau récit qui laisse penser à être modeste sur sa prépa. belle décision d'arreter pour ne pas tout casser
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