Récit de la course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous 2008, par Vizcacha

L'auteur : Vizcacha

La course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous

Date : 24/10/2008

Lieu : ST PHILIPPE (Réunion)

Affichage : 2433 vues

Distance : 150.1km

Objectif : Pas d'objectif

5 commentaires

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CR express pour un Grand Raid à embuches

Le départ à minuit  a quelque chose de magique. On ressent l’excitation des coureurs mais aussi une grande inquiétude face à une aventure exceptionnelle.

 

J’ai la chance de me retrouver en première ligne avec beaucoup de têtes connues.

00H00 le départ est donné. Comme je l’avais lu dans de nombreux CR, ça part vite, très vite.

Je me force pour ne pas me faire emporter par cette vague bien trop rapide. Je me fais doubler par Nicolas Mermout et Christophe Jacquerot, je laisse filer, la course est longue.

 

J’attaque relativement tranquillement la piste forestière. Les frontales ne sont pas encore toutes allumées…

Rapidement Guillaume Lenormand me rattrape, on va passer une bonne partie de la montée vers le volcan ensemble. On en profitera pour faire connaissance.

 

A ce premier ravitaillement je fais bien le plein d’eau comme on nous l’avait conseillé. En effet, le prochain est au volcan.

 

Ce ravitaillement marque vraiment le début de la course. On attaque un single bien raide en direction du volcan. Sur la fin de la montée je trouve le rythme du groupe un petit peu faible (cardio à 130) ? Je propose de passer devant pour nous relancer.

La fin de cette montée est assez extraordinaire, on sort d’une végétation très dense pour se retrouver dans une région plus sèche et volcanique (normal, on monte au volcan). La pente s’infléchissant je peux enfin me remettre à courir. Dans cette nuit réunionnaise j’ai de très bonnes sensations, je suis heureux d’être là. Peu de temps avant l’arrivée au ravitaillement du volcan, je passe Christophe Jacquerot, sa tendinite le fait souffrir.

Je réussis à perdre la piste en loupant une ou deux rubalises (il n’y en a pas beaucoup et elles ne sont pas faciles à voir dans la nuit) et atteint quand même le ravitaillement du volcan à vu.

 

A ce premier gros ravitaillement ça fait du bien de retrouver un peut de monde connu au milieu de cette nuit noire.

Le plein d’eau et je repars en direction de la plaine au sable. Cette partie est assez exceptionnelle, dommage qu’on passe de nuit (on a eu la chance de la traverser de jour quelques jours avant la course). Je rattrape 2-3 coureurs qui semblent marqués.

 

La montée vers l’oratoire Ste Thérèse est agréable. Juste avant le sommet un coureur sort d’un buisson devant moi…Un petit peu plus loin Jérôme me rattrape, il a une pêche d’enfer. D’ailleurs il me dira « ça va trop bien, faut que je me calme ».

 

Dès le début de la descente en direction de mare à boue je me rends compte que je ne suis pas dans un bon jour au niveau des sensations en descente. Rapidement le coureur réunionnais qui m’accompagnait me distance. Cette première descente sur un terrain volcanique reste cependant agréable mais un peut trop longue.

Puis vient la traversée de la « petite Normandie », de la prairie fermée par des parcs pour les vaches. Chaque clôture est franchie à l’aide d’une petite échelle. Peu de temps avant l’arrivée à Mare à boue Nicolas Darmaillacq me rattrape, il est à l’aise dans la descente. La dernière partie de route avant le ravito nous semble très longue. Pour nous distraire, le commentateur de radio RER fait une ITW de nous sur sa moto, sympa. Nicolas sort l’appareil photo pour filmer la scène…

 

Au ravitaillement de mare à boue, j’enlève le T-shirt de la course pour enfiler un débardeur, fait le plein d’eau et c’est reparti.

 

Au ravitaillement suivant on passe à 5-6 :  Nicolas, 3-4 réunionnais et moi. Dès le début de la descente je me fais distancer par tout le groupe, Nicolas semble pouvoir s’accrocher.

N’étant pas en confiance sur ce terrain je préfère assurer, la route va encore être longue. A 2km de Cilaos Jérôme me rattrape et m’encourage à le suivre. Je commence à vraiment souffrir en descente et suit obligé de le laisser filer…

 

Au ravitaillement de Cilaos on retrouve Fred notre assistant de choc, on discute un peu, on fait ensemble les niveaux de bouffe. Je manquais un peu de lucidité car je repars sans avoir repris de l’eau L

 

Dans la descente je cherche un peu mon chemin, pas de rubalise, des locaux m’indiquent qu’il faut descendre à la rivière. En arrivant en bas je retrouve des balises et attaque le début de la montée vers le Taïbit. Il fait chaud, je me rends compte que je n’ai plus d’eau… Je retrouve Nicolas, on fait encore un bout de chemin ensemble. Il prend régulièrement des photos du paysage. Il fait vraiment très chaud, je n’ai plus d’eau et Nicolas et presque à sec. Bon va falloir faire avec (ou plutôt sans). J’aperçois au loin Jérôme : « tu peux me sauver la vie, t’as de l’eau ? ». Sympa il me dépanne d’un bon ¼ de litre, ça fait du bien. Un peu plus loin on croise enfin un ruisseau, on trempe la casquette et fait le plein des bidons. On atteint sous la chaleur le ravitaillement du « pied du Taïbit » Pour atteindre le pied du Taïbit . On fait bien sur le plein d’eau, Fred me tartine de crème solaire.

 

Quand je pars du ravitaillement Antoine arrive. Il semble en pleine forme.

Après mon coup de chaud je préfère repartir avec un peu plus d’eau. Je pars donc avec 2 bouteilles sur le sac et une dans chaque main. La première est rapidement bu, je la donne à un randonneur pour qu’il la redescende dans une poubelle.

Au bord du chemin un petit stand de tisane est proposé par des locaux et un tuyau d’eau froide fait office de douche. ca rafraichi, ça fait vraiment du bien. Quelques minutes après cette petite pause Antoine me rattrape. On finira la montée ensemble. Malheureusement dès que la pente s’inverse je ne peux pas le suivre.

Je continu à mon rythme jusqu’à roche plate où Anne Marie m’accueille. Quand je repars c’est Pascal Blanc et Denis Techer qui arrivent. Rapidement Denis me rattrape.

On fera un bon bout de chemin ensemble, on passera à Grand Place et à Aurère ensemble. A Aurère avant la descente sur Deux bras on sort les lampes, la nuit ne va tarder à arriver…

On part en direction de deux bras. Rapidement Denis accélère et sans se retourner me distance petit à petit. Drôle d’attitude qui me déçoit. J’aurais compris qu’il veuille aller plus vite, il était plus à son aise en descente, mais bon.

 

Je prends donc mon rythme tout seul dans cette longue descente en direction de deux bras. La nuit est maintenant bien présente.

Malheureusement une erreur d'aiguillage par des randonneurs m'a valu un aller-retour bonus « Deux bras/Grand place les Bas Ecole ». Une jolie petite boucle estimée à 10 km et 900m de D+ qui m’a plombé le moral.

J’arrive finalement à Deux Bras, soulagé d’être sur la bonne voie mais complètement vidé. Le détour m’a épuisé nerveusement, en plus je n’ai presque pas bu et manger depuis 2h…

La course étant finie pour moi, je décide d'attendre Karine à Deux bras et de l'accompagner sur la fin. J'en profite pour goûter au Cary Poulet. Une demi-heure plus tard je repars avec Karine, Depuis plusieurs heures elle ne peut avaler que du coca. On attaque la montée vers deux bras tranquillement. Pour Karine les choses deviennent encore plus difficiles, même le coca ne veut pas rester. Arriver à Dos d'âne elle prend la décision d'arrêter (elle explique les raisons de cet arrêt dans un autre post),

De mon côté je suis face à un dilemme : « finir or not finir ». Je n'ai pas vraiment l'envie, je suis las. Je prends sur moi et me relance pour les X heures les plus longues de ma petite carrière en course à pieds. La raison: la course par équipe, sur cinq deux ont abandonné (le classement est fait sur 3 coureurs)...En plus je n'ai jamais abandonné en trail.

Je finirais tranquillement sans prendre trop de plaisir sur la fin du parcours. Je suis pointé 16ème à Colorado. Pas si mal pour un premier grand raid. Je fini la descente sur le stade de la Redoute avec une démarche et une allure pachydermique. Malgré cette allure personne ne me doublera…

Arrive enfin le stade de la Redoute où je suis accueilli par Lydia. Ca fait un bien fou d’être arrivé.

Je passe la ligne, on m’annonce 19ème, sans commentaire…

La version illustrée ici

 

5 commentaires

Commentaire de JLW posté le 06-02-2009 à 23:15:00

19ème en faisant quelques détours et avec de mauvaises sensations en descente ... cela laisse de la marge pour une prochaine édition !

Très très Sympa ton récit sur Kikourou, merci.

Commentaire de frankek posté le 07-02-2009 à 16:45:00

belle perf quand mème ! tu as surement manquer de fraicheur pour cet ultra...

Commentaire de franciss posté le 08-02-2009 à 14:29:00

Evidemment, c'est un peu rageant... mais les obstacles sont faits pour être surmontés, non ?
Gare ! Les premiers de cette année sont prévenus...avec un Julien en forme, ils auront chaud aux fesses l'an prochain et ce ne sera pas à cause du volcan !

Commentaire de the dude posté le 13-11-2009 à 15:30:00

AH ben oui il avait raison Franciss!!!

Marrant de lire ce récit de 2008 quand on connait le résultat de 2009; une première participation pour découvrir la course, une deuxième pour la gagner, bravo.

Tu nous fait un p'tit récit de ta course 2009, stp?

Commentaire de L'Dingo posté le 27-09-2019 à 18:09:50

J'avais assisté à ta 1ère victoire au Tour de la Vanoise, et ne pensais pas que tu publierais ici ce premier GRR.

Quel chemin parcouru depuis( même si on le sentait poindre ;-).

Te souhaite une belle continuation dans tes projets de la décennie à venir , Julien.

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