L'auteur : reivilog
La course : Le Grand Raid des Pyrénées - Grand Trail
Date : 29/8/2008
Lieu : Saint Lary Soulan (Hautes-Pyrénées)
Affichage : 4653 vues
Distance : 75km
Matos : sac Diosaz Raid 17L millésime 2004 + poche à eau camelback 2L, Forerunner 205, Polar RS800 (sans l'accéléromètre), Bâtons Quechua Forclaz Light, Salomon XT Wings, Chaussettes X-Socks, Corsaire Kalenji Kanergi, T-Shirt Odlo, manchons bras Kalenji, Coupe-vent Vertical MP+, Collant long Kanergy dans le sac, Sporténine (2 tubes de 11 cachets), 4 Gels Energix fruits rouges, 1 gel cacahuètes, 4 Pates de fruit, 3 Barres Ovomaltine, 4 mini-sandwiches pain céréales - jambon italien - emmental, Chocolat noir Ritter Sport, 1 sachet hermétique de Maxim Neutre à diluer dans 6 L d'eau + couverture de survie, sifflet, téléphone mobile, tableau du kilométrage et dénivelée et cartes du parcours plastifiées
Objectif : Terminer
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137 autres récits :
1er grand trail, 1er récit sur Kikourou
C’est un peu long mais je garde tellement de souvenirs de la course que c’est dur de résumer.
Parcours GPS ici
Préambule
Début mars, parcourant le forum de kikourou, je vois apparaître un post sur le projet de création d’un ultra trail dans les Pyrénées. Encore débutant dans le domaine (L’Origole 25 km, une moitié de Raid 28 et les citadelles version thalasso glacée sur 38 km), je me dis que c’est l’occasion de passer à l’étape au dessus mais quand même pas sur 150 bornes : j’espère donc l’organisation d’une version plus courte.
Un petit parcours de 75 km est rapidement annoncé : c’est décidé, j’en serai !
Mon dossier part quelques jours après le début des inscriptions : bon y’a plus qu’à !
Question préparation, ce ne sera pas idéal en raison d’horaires bien trop intenses au boulot à partir de fin mai, qui me limiteront bien trop souvent à 2 séances par semaine éprouvantes, concentrées sur le we.
Participation au Trail des moulins à Mondeville (47 km / 800 D+) où je termine dans le dur, marchant sur les 10 derniers kms avec des crampes « assassines »…pas terrible.
Mais le grand projet de vacances de cet été va quelque peu sauver cette préparation : début aout, départ pour le Pakistan et un trek de 2 semaines en haute altitude (1 semaine plus de 4000m, 3 nuits à 4700m)…bref une cure d’EPO naturelle avec option j’en prends plein la vue !
Retour au bercail le mardi précédant la course, sans ayant couru depuis le 2 aout mais avec 12 jours de marche sur un terrain très caillouteux (moraine de glacier) sur lequel je me suis bien amusé et surtout avec le plein de globules rouges !
J’arrive à placer 2 petites sorties histoire de « réapprendre » à courir avant la course et me voilà au départ de ce premier « grand » Trail ce vendredi 29 août.
Vieille-Aure - Col de Portet :
12,2 km, 1421D+ / 2h25
Départ pour une longue journée...
Placé en bout du petit peloton de 163 coureurs 4 minutes avant le départ après un ultime ajustement du paquetage, je laisse le gros du peloton partir à bonnes petites foulées pour une marche rapide puis finalement un tout petit footing histoire de ne pas voir monter le cardio sur ce début en faux-plat montant sur la route.
Le peloton s'étire entre Vieille-Aure et Vignec
Au bout de quelques minutes, début de la montée sur une route en lacets et sortie des batons. L'un d'eux fait des siennes et reste bloquer quelques secondes, mais mon humeur très zen du jour me permet de le débloquer après quelques minutes.
S'en suit une montée à bon rythme (le cardio en témoigne...) qui permet de commencer ma remontée. Rythme surement un chouilla rapide mais je reste assez à l'aise tout de même. Quelques discussions s'amorcent dans cet arrière du peloton mais mes jambes me démangent, je passe donc de groupe en groupe.
File de coureurs avant les granges de Vias
La montée continue sur un sentier bien agréable, le plus ombragé
Au niveau d'une épingle que quelques coureurs couperont pour gagner 50m...
KM 7, petit replat où on peut retrottiner sur un chemin très agréable ombragé avant de passer sur l'autre flanc de la montagne et rejoindre la route après un passage plein pot dans un champ (merci aux coureurs de l'ultra d'avoir préalablement débroussaillé et taillé les marches :-o))
Passage au niveau du parking d'Espiaube où une bénévole nous indique le raccourci à prendre pour éviter de se retrouver dans le serpentin utilisé pour les files des caisses des remontées mécaniques.
On arrive à présent au pied des pistes et de la "vraie" montée (620 D+ en 3 km).
Ca tire un peu la langue, ça appuie fort sur les bâtons
Je continue toujours sur un bon rythme et remonte du monde sans avoir l'impression de trop pousser sur la machine. Par contre, ça ruisselle, je suis trempé et je bois déjà beaucoup. Après un replat et un dernier raidillon (foutue piste de ski !), arrivée au col du Portet où je fais un ravito complet (les 2 L du camelback y sont déjà passés après 2h20 de course). Une rapide vérification sur la feuille de pointage et je vois 154, ne connaissant pas le nombre de partants, je ne suis pas surpris.
En regardant après coup les temps de pointage, il s'avère que je suis en fait 90/163 à ce moment là ; étant partis dans les derniers, ça fait déjà une belle remontée...
Col de Portet – Hourquette Nère :
9,3 km ; 625 D+, 375 D- / 2h17
Arrêt au final de 6 min 30 à ce premier ravito (mon meilleur « pit stop » !) et je me lance dans la descente pour mon km le plus rapide de la course (10,57 km/h : waouhh! )
Je me fais dépassé mais ne m'alarme pas : l'objectif est de préserver mes quadris que je ne fais pas encore assez travailler en entrainement.
La descente est courte et on se retrouve vite sur un chemin à flanc au dessus du lac d'Oule à louvoyer entre les pins. Le cadre est magnifique, le terrain encore un peu roulant mais déjà un peu technique, bref du bonheur.
Je suis un groupe de 2-3 coureurs qui trottine, alternant de mon coté course et marche rapide mais restant au contact.
Fin de descente au bout du lac d'Oule et chemin toujours aussi chouette mais nettement moins roulant, mais tant mieux, je ne culpabilise pas à marcher du coup ! Par contre le balisage commence à se faire moins présent et durant un long passage (400 ? 500 m?), plus une balise...je comprends mieux l'égarement massif qu'il y a eu dans la nuit dans ce coin :-/
Finalement, pour avoir un peu regardé la carte avant, je me dis qu'il n'y a pas 50 chemins dans le coin et j'essaie de suivre le plus large, le plus évident. Finissant par rattraper un coureur et à enfin retrouver une balise, je pousse 2 petits oufs de soulagement malgré tout.
Sortis du bois, on laisse une cabane en tôle juste sur notre gauche pour vraiment entamer la montée vers les lacs et la Hourquette Nère.
Je suis un concurrent équipé d'un baladeur qui tient un bon rythme et continue de remonter du monde, prends quelques photos, le coin étant vraiment splendide.
Lac avant la Hourquette Nère
Le tracé longe le lac de Port Bielh avant d'entamer l'ultime montée vers la Hourquette Nère
Dernier coup de rein avant la Hourquette Nère
Passage de la Hourquette Nère, en 4h et 20 km tout rond au GPS : bon rythme mais que je me sais bien incapable de tenir jusqu'à l'arrivée. Tant pis pour la prévision, bien utopique, donnée à l'inscription de 15h (ça tombait rond !).
Au col, je m'assoie et avale un des mes 4 mini-sandwichs pain céréales - jambons - emmental (miam) et écoute les indications des gendarmes du PGHM : "la descente qui suit est raide et pas trop facile pendant 20 min jusqu'à la cabane d'Aygues Cluses après le chemin vous permet de dérouler. Compter 1h30 pour Tournaboup"
Je vois quelques coureurs qui semblent déjà entamés, la forme est toujours là de mon coté malgré quelques tiraillements à la montée au niveau du fessier (douleurs récurrentes depuis le printemps dont ils seraient bien que je trouve enfin la cause) et un échauffement sur les 2 talons.
Hourquette Nère – Tournaboup :
8,8 km ; 1015 D- / 1h28
Descente vers Aygues - Cluses : effectivement c'est technique mais ça me plaît, toujours pas besoin de courir mais je me fais me plaisir, j'a-d-o-r-e ce type de terrain. Cela s'aplanit quelques peu vers la cabane avtant de redescendre le long du terrain. Par contre pour le coté roulant, on repassera : ça reste assez technique, pas mal de cailloux, des racines, des randonneurs...bref, ça n'avance pas trop.
Vallon d'Aygues Cluses
Le fond de vallée finit par se rapprocher ; je profite d'un petit bosquet pour un arrêt technique....le 1er après plus de 5h course, pourtant je ne lésine pas sur l'hydratation, ça continue de bien cogner.
Peu de temps après on arrive au bout d'une piste où les gendarmes ont laissé leur véhicule ; cette piste nous emmène sur un bon km jusqu'à la route du Tourmalet au niveau du jardin botanique.
Un dernier chemin parcouru à une bonne petite allure et nous voilà au ravito de Tournaboup.
Il est presque 14h, je vois 75 sur la feuille de pointage et hallucine un peu, croyant avoir effectué une grosse remontée au classement sur cette portion et surtout pensant me retrouver bien haut, trop haut au classement par rapport à mon humble niveau...et puis, ils sont où les 75 concurrents que j'ai censé dépasser...bizarre. Bon pas grave, je prends ! :-)
Grosse pause à ce ravito (petite sensation de faim en y arrivant) et nouveau plein d'eau. Par contre, profitant de quelques marches pour m'asseoir et retirer les cailloux dans les chaussures, je suis pris d'une bonne amorce de crampe au niveau de la cuisse gauche, que j'arrive à contrôler mais je me dis que cela sent pas bon...
Tournaboup – Col de Sencours :
7,9 km ; 928 D+ / 1h53
Je repars finalement après 15 min...bah oui, ils sont tellement fournis ces ravitos que je prends le temps de tout déguster, et en bonne quantité !
Cette portion démarre par un nouveau passage dans une piste de ski, bref pas drôle.
Je vois un coureur à une centaine de mètres de devant et me fixe comme objectif de le rattraper. J'avance avec un bon rythme, poussant bien fort sur les bâtons, alors que le soleil est à son zénith et que ça cogne de plus en plus. Je me rendrais compte 1/2 h plus tard que j'ai été bien trop gourmand à ce moment là.
Le chemin de croix de beaucoup de coureurs, moi y compris, entre Tournaboup et le col de Sencours
Je rattrape ce concurrent, que je retrouverai à plusieurs reprises par la suite et continue sur mon rythme. Un 1er torrent me permet de tremper ma casquette et me rafraichir. Je le fais encore 2 fois dans le 1/4 d'h qui suit mais je sens comme une légère surchauffe sur un sentier qui reste à flanc pendant un bon bout de temps (interminable sur le coup). Je jette régulièrement un œil derrière et voit un concurrent avec un chapeau parti peu de temps après moi du ravito de Tournaboup se rapprocher. Il finit par me rattraper alors que le tracé part hors sentier 200m au niveau d'un replat sur pour rejoindre le GR10 qui part vers le col de Sencours.
On amorce la discussion, c'est aussi un novice sur ce genre d'épreuve mais il a incontestablement plus de jus que moi....je le laisse donc partir m'autorisant ma 1ère pause forcée. Malgré ces encouragements, je ne peux accrocher son pas et lui souhaite bon courage pour la suite.
Il s'avère que mes cuisses commencent à se faire de plus en plus sentir, surtout la gauche...chose que je ne m'attendais pas à la montée ! Nous ne sommes pas encore à mi-parcours et ses foutus crampes sont déjà là ! Ca promet...je pense donc déjà à la Mongie et à un arrêt prématuré...
Je continue malgré tout mon chemin de croix, voyant 2 autres coureurs me dépassaient...ce qui est peu compte tenu de mon rythme sur cette portion et en dit long sur les dommages causés sur le peloton sur ce passage !
Peu de temps avt de rejoindre la piste qui vient du col du Tourmalet, je rejoins 2 coureurs vêtus en t-shirt orange, l'un d'eux est accroupi, plié en 2. L'autre, qui a l’air plutôt frais, m'indique que c'est plutôt que son comparse préfère le froid...effectivement c'est raté aujourd'hui et je ne suis pas le seul à être victime d'un coup de chaud. Ils ne semblent manquer de rien et font course ensemble, je décide donc de continuer histoire d'arriver en haut de ce foutu col et essayer de me refaire une cerise au ravito (après coup, je pense ne m'être pas assez alimenté sur cette portion). J
Les reflets verts du lac d'Oncet sous le col de Sencours
J'arrive finalement au col de Sencours où je ressens vraiment le besoin de m'assoir. Je continue à pouvoir m'alimenter correctement, à boire mon litre de coca et boisson gazeuse, comme à chaque ravito (sur la totalité du parcours, j'estime à au moins 9L la quantité de liquide avalé sur tout le parcours).
Col de Sencours – La Mongie :
7,9 km ; 928 D+ / 1h26
Ca va un peu mieux en repartant, à ma grande surprise je peux même recourir. Mais au bout de quelques minutes je suis pris d’une violente crampe qui me contraint de m’asseoir et d’attendre. Quelques coureurs rejoints ou qui m’avaient rejoint au ravito précédent me dépassent et demande si ça va : « oui, une crampe, faut que ça passe… »
Une 1ère tentative de se relever, et la crampe est toujours là. Je continue donc à profiter du cadre bucolique (pas de vache ou de mouton pour taper la discut malheureusement à cet endroit).
Je repars finalement et reprend un bon rythme en m’efforçant d’être me plus relâché possible.
Un vallon bucolique à souhait
Le sentier est plutôt roulant, j’arrive à retrottiner, à reprendre du plaisir.
La descente se termine et on aborde une nouvelle montée qui va nous ramener vers la Mongie et la base de vie. Au bout de 20 mètres, la cuisse se raidit à nouveau et me contraint à m’arrêter…la confiance reprise au cours de la descente s’effrite quelques peu et je me dis que les chances de continuer au-delà de la Mongie sont bien faibles.
Je gère péniblement cette montée, en essayant de soulager les cuisses par des petits pas et en appuyant bien sur les bâtons pour passer les grosses marches pour arriver sur le sentier à flanc moins raide qui précède l’arrivée à la Mongie.
Passage d’un petit raidillon pour arriver sur la route et devant quelques spectateurs dont les encouragements font du bien et redonnent le sourire.
Je pars à petite foulée pour les 200m qui me séparent de la salle où se trouve le ravitaillement.
Ravito de La Mongie
Arrivé devant la salle un jeune bénévole me propose de prendre mon sac et de faire le plein d’eau : top ! Je sors le sachet de boisson énergétique et lui demande d’en mettre dedans. Au passage, un coureur se tient au dessus de la barrière et je l’entends vomir…gloups !
Pointage, je vérificationie ma position : toujours autour des 80, normal je double peu et me fais peu doubler.
Un coup d’œil vers la « zone médicale » où je vois un coureur allongé sur un lit de camp sous une couverture…re-gloups ! Je me dirige vers le ravitaillement pour prendre 2 verres de soupes et un 1er plat de pates.
Encore une fois, le choix et la quantité sont pléthoriques : du bonheur (les pates sont un peu en bouillies mais ça passe bien quand même). Un coureur s’approche de moi, me demande si ça va, lui réponds que oui mais que je ne sais pas si je repars. De son coté, il a malheureusement abandonné à Tournaboup impossible d’avaler quoique soit pendant quoi….en lisant les récits, je me rends compte que j’ai surement rencontré Grumlie : rencontre opportune de 2 kikoureurs !
Passage par la case toilette, en zone inondée…retour à la table de ravito et je finis par diriger vers la zone médicale pour me faire protéger les talons qui chauffent dans les montées pour lesquelles je crains des ampoules.
La Compeed étant resté à la voiture (un des nombreux mauvais arbitrages effectués lors du remplissage du sac…), l’infirmière galère un peu pour trouver de quoi faire quelquesch qui tiendra à peu près.
Je profite de cette petite attente pour bien m’étendre, sans appréhension de vouloir y rester et de ne pas repartir.
Un massage rapide des 2 cuisses pour essayer de faire un peu partir ces foutues crampes, un gros merci à l’infirmière très sympa, comme l’ensemble des bénévoles rencontrées sur la cours, et il faut remettre les chaussettes et les chaussures et songer repartir (ça fait une bonne ½ h que je suis là)…
Et là grosse grosse galère : le simple fait de plier un peu la jambe et les cuisses se raidissent…impossible de se rechausser !!! Et pourtant dans ma tête, je repars, je suis encore frais…je me marre et finis par réussir à mettre chaussettes et chaussures.
Ultime passage à la table de ravitaillement et départ pour la vraie aventure : au-delà de la Mongie, soit il faudra faire demi-tour si la montée ne passe pas, soit il faudra finir dans la nuit.
Je récupère mon sac, teste le camelback : nickel au niveau dosage (merci encore au bénévole), je regarde le chrono : 45 min de pause ! Pas grave, je ne cherche pas le chrono, je sens que cet arrêt m’a fait beaucoup de bien et je me sens prêt pour les 29 km restants.
Par contre, le cardio ne repars pas (j’attache ma montre au sac pour disposer d’un dénivelé précis, celui-ci étant faussé quand je porte la montre au bras à cause de la transpiration), pas grave, cela ne me sert pas, cela ne fera pas beau sur le graphe sur le pc mais qu’importe.
La Mongie – Refuge de Campana de Cloutou
8,6 km ; 794 D+, 314D- / 2h35
Je rejoins un coureur au niveau de la route principale afin de ne pas partir seul et nous reprenons la route sur les indications d’un bénévole pour prendre une piste et amorcer la descente vers le barrage de Castillon sur une large piste. J’alterne petites foulées et marche rapide, prenant un bon rythme et distance ce coureur.
On coupe la route qui descend de la Mongie et débute la montée qui va nous amener dans quelques heures au col de Bastanet, dernier juge de paix.
La piste est large, la pente peu sévère, avec les bâtons je marche à bon rythme. Je vois l’altitude monter et commence déjà le décompte, les cuisses toujours en souffrance malgré tout : « plus que 900 m de D+ ! »
Pas de bol, arrivé à une épingle, il faut amorcer une descente à flanc dans un petit cirque…on perd bien 150m, je peste un peu mais le chemin assez étroit et donnant sur des pentes raides me plaît bien.
Je distingue devant un coureur, le 1er depuis la Mongie : je dois donc reprendre un peu de terrain.
Le chemin à flanc se terminant se présente une belle montée qui va nous amener aux différents lacs et au refuge de Campana. J’avance doucement, relax, faisant des pauses régulières et gérant au mieux et les contractures régulières que je sens au niveau des cuisses. Je continue à veiller à m’alimenter (en l’occurrence une banane récupéré au ravito) et à boire et franchit les différents ressauts pour enfin voir le barrage de Gréziolles.
Progressivement, je me rapproche du coureur qui me précède et finit par arriver au barrage profitant d’une barrière pour m’étirer une nouvelle fois les 2 cuisses (traitement qui avec les cachets de sporténine croques toutes les heures m’a permis de tenir le coup de ce coté là). Le tracé contourne ce lac sur 300 m sur un sentier bien technique, sur des éboulis : ça n’avance pas mais encore une fois ce terrain me plaît.
Ce contournement effectué, je vois le coureur me précédant prendre à gauche…une direction un peu opposée à celle que je suppose la bonne ! mais le fléchage au sol est clair ! Je me rappelle avoir vu un coureur étant parti tout droit et voit dans cette direction des balises. Je gueule pour signaler au coureur qu’il est sur la mauvaise route mais il n’est plus dans mon champ de vision.
Je repars tout droit donc, pour un petit raidillon qui me permet de déboucher au dessus du lac et quelques mètres plus loin je retrouve le coureur que j’avais appelé précédemment : il y avait visiblement 2 tracés à cet endroit là et visiblement j’ai pris la plus raide !
On discute un peu, notamment sur le passage du 1er de l’ultra qu’on attend qui nous dépasse sur cette portion, et naturellement reprenons la route ensemble pour entamer le long contournement du lac, toujours sur un sentier pas roulant du tout, des éboulis. Ce passage est assez long mais la discussion aidant passe assez vite ; le refuge de Campana apparaît mais nécessite le franchissement d’un raidillon.
A noter sur ce passage un balisage 4 étoiles, réalisé par le bénévole qu’on retrouvera au ravito au refuge.
Dans cette zone, mon, Forerunner 205 m’indique batteries faibles : cela fait 11h30 que nous sommes partis, honnête je me dis, sachant bien qu’il me lâcherait avant l’arrivée…il tiendra finalement quelques heures de plus.
Il va bientôt falloir sortir les frontales...
Arrivée au refuge, une tente est installée avec des lits de camps et 2 coureurs sont déjà là. L’un d’eux maudit le terrain pourri que suit le sentier depuis le 1er lac ; l’autre m’avait précédé au passage à l’infirmerie à la Mongie pour se faire traiter de bonnes grosses ampoules aux 2 pieds (merci au médecin au passage pour les conseils sur la posologie du NOK : ne pas en mettre sur tout le pied, sous peine de voir l’ensemble du pied glisser et donc frotter, mais uniquement sur les zones de frottement).
Le ravitaillement en eau se fait à partir de la source du refuge mais le bénévole nous ramène des bouteilles remplies pour faire le plein du camelback. Je prends un nouveau mini-sandwich (il m’en reste encore 2), sors la frontale et la veste, le crépuscule étant bien entamé.
Refuge de Campana de Cloutou – Col de Bastanet
1,8 km ; 282 D+ / 0h47
Nous repartons toujours à 2 pour un dernier coup de rein vers le col de Bastanet, sommet de la course à 2507 m, qui nous est indiqué à 45 min par le bénévole.
Nous allumons rapidement la frontale, je suis devant, mon comparse m’indiquant que mon rythme lui convient bien. Les balises réfléchissent au loin mais il faut tout de même être vigilant dans la pose des pieds. Nous distinguons 2-3 frontales derrière nous, toujours à se demander si le 1er de l’ultra ne va finir par nous rejoindre. Passant près d’un lac, nous entendons des voies dans la nuit de campeur qui nous félicitent et nous encouragent, un peu surréaliste dans ce noir complet ! Je les remercie et les prie de nous excuser pour le dérangement…ils me disent qu’ils sont là justement pour la course : de sacrés supporters !
Nous entamons la dernière partie de la montée toujours sur un bon rythme, mes cuisses ayant décidé de me laisser tranquille (je mets ça sur l’arrêt de la perte de sel dû à la sudation importante tout au long de la journée) et finissons par voir des lumières au col : on se rapproche ! Arrivés au col pile poil dans les temps indiqués par le bénévole du refuge de Campana, nous discutons un peu avec les 2 bénévoles très souriants malgré le froid et la perspective de passer une nuit là haut. Qui plus est, ils soulignent notre état de fraîcheur alors qu’ils ont vu passer le 1er quelques heures auparavant un peu sur les rotules.
Col de Bastanet – Col de Portet
7,9 km ; 95 D+, 387 D- / 2h
Cette dernière difficulté franchie, nous savons que nous irons au bout. La descente qui suit nous est indiqué comme raide et très pierreuse ; les 500 m premiers m le sont effectivement et je suis bien vigilant. Assez vite on constate que le balisage est franchement limite à présent qu’on se dirige surtout à la vue des frontales et des traces de chemin. Nous rejoignons (ou sommes rejoints) par un autre coureur au bas de la zone plus raide, il semble venir d’un chemin différent du notre mais m’indique qu’il a suivi le tracé…bref chacun définit sa route.
On se retrouve finalement à 4, dans un chemin toujours technique ; je mène le petit groupe avant qu’une pause le limite à 3 unités. Passage au refuge de Bastan où je distingue une lumière dans la petite bâtisse en bois mais personne ne sort (bon, il n’est pas loin 23h aussi) ; estimant ne pas être trop loin du col de Portet et ayant fait le plein au refuge précédent, nous ne profitons pas de la source au bord du chemin pour refaire les niveaux. Nous repartons sur des sentiers plus roulants, mais malgré le sentiment d’avoir encore du jus je ne me force pas à courir mais maintient un bon rythme de marche. Le GPS me lâche définitivement après 14h30 de bons et loyaux services et pas loin de 59 km.
Les balises sont toujours aussi peu fréquentes (quoique la peinture nous rassure parfois) mais le chemin reste assez évident ; la seule erreur à ne pas commettre est de descendre vers le lac d’Oule : il faut continuer à flanc et passer au dessus du chemin que nous avons emprunté le matin. Aidé par la présence du coureur qui a quitté notre groupe de 4 en nous disant qu’on le rattraperait (le farceur ! ), nous progressons vers le col de Portet que j’essaie de distinguer sur notre gauche mais c’est loin ! Nous finissons par obliquer mais il faut se rapprocher de la ligne de crêtes et ça parait interminable. Heureusement, le terrain est plat, la progression est rapide (sans m’en rendre compte, j’ai d’aillleurs lâché le collègue avec qui je faisais route commune depuis plus de 3h et le lac des Gréziolles).
J’indique au coureur qui me suit que le col est tout prêt, à ¼ d’heure. Une dernière remontée d’une trentaine de mètres nous permettent de rejoindre une piste qui nous amène au col. Un appel de phare nous permet de localiser le ravitaillement.
Col de Portet – Vieille-Aure
12,1 km ; 1421 D- / 2h24
Ils sont 5 bénévoles sous la tente et ils n’ont pas chaud ! Effectivement le vent s’est levé et on peut dire que le fond de l’air est frais. Je prends un café, me ravitaille toujours essentiellement en salé et m’assoie sur un des lits de camp. 2 autres coureurs arrivent puis mon collègue de la montée du Bastanet. Cela fait bientôt 10 minutes que je suis arrivé et je commence à bien sentir le froid. Je motive donc tout le monde au départ et nous sommes 4 à entamer la descente finale.
Un suiveur nous indique que pas mal de coureurs se sont paumés dans le début de la descente pour rejoindre Soulan et que dans le pire des cas, on peut rejoindre la route. Mais cela sera plus long, beaucoup moins direct ; il faudra donc être vigilant. Je suis devant notre petit groupe de 4 où j’entends discuter : il y a là 2 finishers de la CCC et je me dis déjà que je tenterai l’inscription début janvier prochain…
Le début roulant m’incite à trottiner ce qui semble surprendre un peu mes collègues, mais cela devient
moins aisé et je préfère rester dans le groupe et reprends donc la marche.
Si le début de la descente est assez évident, très vite le balisage devient très, trop espacé. Toujours en tête, je me retrouve à une bifurcation et sans aucune indication je fais le choix de prendre une piste descendante qui je le suppose nous amène à la route et me dit tant pis, mais pas envie de jardiner à cette heure !
Mais mes collègues ne sont pas de cet avis…je commence donc à remonter et d’essayer de rattraper le chemin que j’avais choisi de laisser de partir tout droit ; ce sera mon unique mais très brève séance de jardinage de toute la course. Une fois rejoint ce chemin, j’avance une bonne centaine de mètres avant d’enfin distinguer au loin une balise !
J’informe mes collègues, profite de l’avance prise pour faire un arrêt technique et nous repartons toujours à 4. La pente est légèrement descendante, le sentier roulant mais je sens que cela ne veut pas trop courir dans le groupe. Je commence à trouver le temps un peu long, surtout que l’altimètre indique encore plus de 1000m de descente. Mais vu le coin, je préfère ne pas la jouer perso et m’assure d’être suivi.
Alors que la descente s’intensifie quelque peu, nous franchissons un portique d’un enclos où une balise a été posée…dans le sens opposé du tracé. Si la pose des balises sur ce secteur a été effectuée dans le sens inverse, je comprends mieux notre difficulté à trouver notre route…
La température ayant bien montée depuis le col de Portet, je profite de quelques mètres d’avance pour enlever ma veste et faire un nouvel arrêt technique. Nous continuons notre descente à 3 alors que nous finissons par obliquer sur la droite, nous dirigeant enfin vers notre destination finale.
Peu de temps après 2 balises très rapprochées (à peine 10 m !!!), un passage au-dessus d’une clôture à terre nous fait commencer le schuss vers Soulan. Là on peut dire que ça descend….trop ! Le chemin navigue dans les fougères, j’appuie bien sur les bâtons pour freiner et soulager les jambes. Ca va pas mal mais je vais plus vite que mes collègues avec lesquels je distance peu à peu. Je finis par déboucher sur le village de Soulan alors que cela fait déjà un bout de temps que je vois les lumières du village. Nouvel arrêt technique qui permet à mes collègues de me rattraper. Nous retrouvons le goudron pour 500 m que nous parcourons à petite foulée, excepté une petite marche pour confirmer que l’on suit le bon tracé et repérer une énorme flèche orange peinte sur la route.
Nous quittons la route pour emprunter une piste sur la droite qui doit nous faire rejoindre l’itinéraire aller sur le flanc opposé. Je me retiens de ne pas courir mais ça me démange…
Nous passons au dessus du torrent que nous entendons depuis plusieurs minutes et rejoignons le tracé de la 1ère montée. J’ai finalement laissé mes 2 collègues et emprunte seul le sentier humide que nous avions pris à l’aller et que je me redoutais à la descente après de nombreuses heures de course.
Cela passe bien en fait, à ma petite allure et toujours plutôt en forme.
L’écurie se fait de plus en plus sentir alors que l’on rejoint une route carrossable dont on avait suivi les lacets à l’aller et que l’on coupe dans ce sens via un sentier.
Les lumières de Vignec apparaissent et la route, la vraie qui nous mène jusqu’à l’arrivée. Je me pose sur un muret afin de ranger bâtons, gants et manchons dans l’idée de finir en courant les derniers hectomètres.
Ne voyant pas les frontales des 2 coureurs qui me suivent, je repars…en marchant jusqu’à la sortie du village. Le rond-point à droite, la route à gauche et c’est parti pour les 600 derniers mètres en faux plat descendant. J’adopte un bon 9 km/h et me rapproche de Vieille-Aure. L’entrée du village, plus que 250 m et j’hausse l’allure avec l’idée saugrenue de faire croire à l’arrivée du premier de l’ultra
Je termine donc à 11 km/h devant la dizaine de personnes présentes en 18h25 à la 77ème place sur 121 finishers. Je l’ai fait ! Yes !
Les jambes font mal (cuisses donc et devant des tibias) mais l’énergie est toujours là…je trouve tout de même la première chaise venue dans la petite salle de retrait des dossards qui sert de ravito (un peu maigre je dois dire…moi qui rêvait de pizza !)
Après quelques échanges avec les autres finishers et les bénévoles, il est temps de prendre la direction de la voiture et le camping pour une courte nuit (il est 3h du matin et il y a de la route demain…)
Bien évidemment, les muscles se sont refroidis et je suis contraint d’adopter une démarche claudicante, chantant des ouille et aie que je parviens à la voiture.
S’en suit un retour à 30 à l’heure au camping à 2 km de là, qui me vaut d’être arrêté par les gendarmes ! Il me demande si j’ai fait la course (je ne me suis pas encore changé), mais font ça dans les règles : papiers de véhicule et permis de conduire s’il vous plaît (sans l’accent du sud mais avec le sourire).
Je donne tout ça en rigolant, leur indique que je vais dormir au camping, à 20m de là. Bref, aucun souci mais fin marrante de cette longue journée.
Petit bilan :
Sur la course :
- parcours au top : les Pyrénées que j’arpente plusieurs fois par an depuis plus vingt an sont vraiment un super terrain de jeu
- ravitaillements : gros gros choix tout du long et de la quantité, vraiment parfait
- des bénévoles également parfaits, souriants,
- dans les «mais », comme évoqué par d’autres coureurs, un balisage à revoir dans quelques endroits (moins que sur le parcours de l’ultra à la lecture des récits)
- et puis un petit regret de ne pas avoir de souvenir de finisher, bien compréhensible néanmoins compte tenu du budget ric rac (d’ailleurs, il y avait une économie à faire sur le t-shirt donné lors de la remise du dossard…)
Bref une course que je recommande vivement pour découvrir ces magnifiques Pyrénées, en espérant que l’équipe organisatrice réussisse à obtenir le soutien plus important d’une ville et de sponsors pour la faire un peu grossir et corriger les points évoqués précédemment.
De mon coté :
- je termine plutôt frais (normal dopé que j'étais ), avec de bonnes douleurs musculaires cependant mais pas de problèmes tendineux : déclaré apte aux efforts au long cours !
- encore des soucis de crampes gérés tant bien que mal via une alimentation salée à chaque ravito, des étirements, la prise de sporténine et des pauses régulières quand cela était néssaire ; il va néanmoins surement falloir que je veille à ajouter du sel dans le camelback ou à mieux doser les boissons énergétiques. La muscu des quadriceps en se mettant à l’exercice de la chaise devrait aussi aider. Et puis, comme lu à plusieurs reprises, il faudra essayer de « casser des fibres » la prochaine fois dans le mois qui précède la course
Donc prêt à remettre à ça, cela va même être dur de ne pas êtr encore de la partie en 2009 !
Merci encore aux organisateurs pour avoir créé cette course, il faut apporter des améliorations c'est sûr mais c'était très bien pour une première et je suis bien content d'en avoir été !
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11 commentaires
Commentaire de mic31 posté le 03-09-2008 à 09:25:00
Ca se confirme, il y avait une malédiction pour nous tous dans la montée sur le col de Sencours...et une forte envie de pizza dans l air.
Bravo à toi d avoir terminé cette course ENORME.
On risque de s y revoir en 2009.
Commentaire de Mustang posté le 03-09-2008 à 11:24:00
bravo pour ton premier ultra, bravo pour ton -long- récit bien passionnant avec les photos! bienvenue au club!!!!
Commentaire de grumlie posté le 03-09-2008 à 17:42:00
Et oui c'était bien moi à La Mongie!!! J'ai fait un tiercé kikouresque...Bravo à toi d'étre allé au bout de l'aventure. Globalement on avait fait les 1ers kilos des citadelles pas loin l'un de l'autre jusqu'au 1er ravito, là on a fait même pas 2km! Bone récup et à+ sur 1 prochaine course.
Commentaire de hagendaz posté le 03-09-2008 à 22:25:00
bravo et merci pour tes photos, ça donne envie
Commentaire de rapace74 posté le 04-09-2008 à 14:11:00
c'est le deuxieme recit que je lis apres celui de mic ,et je confirme que je serais tres certainement des votres en 2009!!!
j'espere juste que la date ne me posera pas trop de soucis
manu
Commentaire de rapace74 posté le 04-09-2008 à 14:13:00
oups j'ais cliqué trop vite!!!!!
bravo pour ta course et encore mercit pour ton recit
manu ;-))))
Commentaire de ETRURIEN posté le 05-09-2008 à 22:23:00
Cela donne effectivement envie
Merci
Commentaire de Nathouw posté le 05-09-2008 à 22:45:00
superbe récit, splendides photos. bravo.
J'en ai les jambes qui fourmillent.
Commentaire de olivier93 posté le 06-09-2008 à 11:57:00
Yes Olivier, beau récit! Félicitations!..Juste un petit trucs , je ne crois pas que le manque de musculation des quadri soit la seule cause ...je te cite:
"Question préparation, ce ne sera pas idéal en raison d’horaires bien trop intenses au boulot à partir de fin mai, qui me limiteront bien trop souvent à 2 séances par semaine éprouvantes, concentrées sur le we. "..... même si ce sont des weekend choc...c'est peut être un peu léger?
En tout cas même si je t'ai déjà félicité , bravo!!
Commentaire de reivilog posté le 09-09-2008 à 23:53:00
Merci pour vos commentaires, ravi d'avoir donner des idées à certains pour la fin août 2009...
Par rapport à ta remarque Olivier, c'est clair que l'entrainement fut un peu léger léger...mais comme ces foutues cuisses m'embêtent à chaque fois, ça ne peut pas faire de mal de faire un peu de renforcement de ce coté là (allié à un entrainement plus régulier et adapté)
Commentaire de agnès78 posté le 12-09-2008 à 01:08:00
très beau récit, des photos splendides, et une super course! merci et BRAVO! Au plaisir de te croiser
bises
agnès
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