L'auteur : jujuhrc
La course : Grand Raid des Pyrénées - Ultra 160 km
Date : 26/8/2022
Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)
Affichage : 1767 vues
Distance : 160km
Matos : Altra
Objectif : Pas d'objectif
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J'ai quitté le GRP 2021 avec une banane énorme au bout de la nuit et avec les pieds dans un drôle d'état mais HEUREUX.
Pour 2022 je décide de partir sur la Trans Aubrac à la place de l'ultra Marin pour préparer mon été sans savoir ou aller.
Je décide aussi d'attendre le dernier moment et le planning familial pour décider. Exit donc les courses qui sont pleines en Mars. Plusieurs options donc avec notamment l'ultrarièges, l'UT4M ou bien sur le GRP. Et rapidement c'est bien le dernier week-end d'Aout qui va sortir du chapeau courant Mai.
On monte à 2 cette année avec mon collègue qui va s'aligner sur le Moudeng. Je vais donc le suivre le Jeudi au départ, à Fabien et au tunnel de Bielsa. Ca me permet déjà de m'imprégner de la course et de profiter déjà des Pyrénées.
Puis retrait des dossards avec DJ Gombert avec qui nous allons largement échangé sur la course du lendemain et se faire tiré le portrait avec nos dossards
On finira en fin d'après-midi autour d'une mousse chez DD pour arroser la médaille de mon collègue et assister au briefing avec DJ Gombert.
Et me voilà donc au départ de mon 3ème ultra du GRP sous un bon petit crachin breton. On commence à connaitre la musique et les 2 premiers km en courant passe vite avant d'attaquer les choses sérieuses. Je prend un bon rythme sans forcer mais sans non plus rester en dedans. On est rapidement sur le domaine skiable de St Lala au milieu des travaux de changements des remontées mécaniques. Cette année pas de levé du soleil ni même de ravito au col du portet. On rejoint rapidement le ravito du Merlans.
2h53
Pause rapide ici mais je constate que j'ai bien plus bu que l'an dernier et je dois faire le plein de 2 flasques. Un peu de jambons et des oranges et on repart. Je suis dans les temps de l'an dernier. On rejoint rapidement le chemin en balcon qui surplombe l'Oule. Malgrès les nuage très présent on distingue le col du Bastanet au loin. Aucun problème sur ce début de parcours et d'ailleurs sur les photos j'ai un super sourire. Le col est atteint sans souci hormis mes oreilles qui comme l'an passé me font souffrir
4h11
La descente passe très bien aussi avec le petit ravito sympa du refuge de Campana. Je cours bien dans cette descente sans forcer. Je connais l'importance de ne pas trainer dans les descente lorsqu'on joue avec les BH. Bientôt le terrible col du Serpolet se présente à nous. Comme l'an passé je prend mon petit rythme de marche alors qu'on va beaucoup moins souffrir de la chaleur. D'ailleurs il me semble qu'il y avait un point d'eau en haut l'an dernier. Au sommet mon collègue m'attend et me préviens que la descente glisse beaucoup. Mes nouvelles Altra sont parfaite sur ce terrain et on rejoint sans encombre le ravito de La Mongie en discutant tranquillement.
6h37 (contre 6h26 l'an dernier)
Ravito expres ici aussi avec une soupe et de la charcuterie, mon pacer s'occupant du niveau des mes flasques. On attaque le nouveau parcours que j'avais déjà fait en 2012 sur le 80. Mais cette combe est longue et je commence à sentir un peu de lassitude. J'avance pas trop mal car je double autant que je suis doublé mais j'ai les idées moins claire. D'ailleurs au point d'eau une secouriste me demande 2 fois si ça va et je vois bien que le ton de ma réponse n’est pas rassurant. Du coup je prend le temps de m'assoir alors qu'ici il n'y a qu'une chose à faire.....filer au sommet. Je commence clairement à douter mais fini par repartir à mon rythme. La montée ne va faire que renforcer mes doutes. Le coup est d'autant plus rude que je suis arrivé sur ce GRP assez confiant grace à ma course de l'an dernier. Et même lors de ma TransAubrac amputé de 4 semaine de prépa (COVID + entorse) j'avais fini sans souci. Les derniers lacets sont terrible mais je fini par atteindre le sommet.
9h51 (contre 9h23)
Mon collègue est là et on va donc faire la descente ensemble à discuter. Je progresse bien sans lui faire part de mes doutes. Je croise DJ Gombert à nouveau qu'on encourage de vive voix. Il me semble mieux que l'an dernier. Sencours revient et je prend mon temps pour apprécier le lieu et la bonne soupe.
10h34 (contre 9h59)
On repart ensemble jusqu'à la bifurcation vers la Bonida mais ici rien ne va plus. Je me projette.........dans sa voiture qui est col du Tourmalet. Je ne vois pas d'issue ni même de motivation pour rejoindre Hautacam. Je pense arrêter ici et va s'en suivre quelques minutes de discussion sur la suite à donner.
Finalement ses arguments vont l'emporter et c'est la mort dans l'âme.....que je repars. La bonida est un enfer et il ne se passe pas une minute sans que j'échafaude un plan de retour en arrière "Il ne doit pas être même encore à la voiture....." "je le rappelle et on rentre ensemble.......". Mais j'avance quand même sans pouvoir distinguer le col d'Aoube. Au pied de celui ci je suis pris dans une discussion sur la difficulté de ce dernier par rapport à Bareille. Ca va me changer un peu les esprits et je vais monter le col sans trop de mal.
Derrière le paysage est.....gris mais j'attaque la descente en courant bien et je double! Il n'en fallait pas plus pour me remotiver d'autant que le lac arrive plus vite que prévu. Après un petit coup de rafraichissement sur un des nombreux ruisseaux on arrive au pied de Bareilles. Et ça va être une formalité. A ma cadence bien sur, mais mes idées noires sont maintenant loin et je commence déjà à calculer mon heure d'arrivé à la BV de Pierrefitte. Le gendarme/pointeur solitaire du col m'annonce 9km jusqu'à Hautacam.
La descente est technique jusqu’au point d’eau et le moral est bon. J’ai retrouvé la motivation, l’idée de retrouvé Fredo, qui est sur le 80, à Tournaboup me donne de l’air à mon mental. Le dernier col avant Hautacam passe aussi bien et je cours bien jusqu’au ravito y compris sur quelques faux plat montant.
14h52 (contre 14h14)
Après un petit ravito je me jette dans la descente ou j’avait pris un pied fou l’an dernier. Ça commence bien et j’ai un super rythme. J’avais pu faire toute la descente de jour l’an dernier alors que cette année on va finir à la frontale dans les sous bois. Du coup le rythme baisse mais j’arrive vite au ravito avec le moral.
16h48 (contre 16h04)
Je me jette à la douche, j’en rêve depuis Sencours. Puis il y a de la place sur les tables de massages donc j’en profite après avoir pris un coca. Ça me fait du bien aux jambes mais la position allongé après ce coca me fais le ventre en l’air même après avoir mangé. Le smoothie du ravito me fera du bien et après un changement complet me voilà sur la route de Cauterets.
La montée est régulière sans être dure mais je suis seul dans la nuit et la route est longue. Je commence à somnoler et du coup les idées noires reviennent. Je commence à imaginer comment filer directement au ravito pour rendre mon dossard au moment ou on grimpe fort à nouveau. Au lieu de ça je décide de m’allonger sur le côté du chemin pour dormir un peu. Je ne sais pas si j’ai dormi beaucoup mais je repars bien et je n’ai plus de somnolence. Par contre ça grimpe fort ici et le pas est lourd. En face on aperçois les frontales dans le col de Riou. A nouveau je ne vois pas d’issue à cette course. J’ai l’impression que jamais je n’aurais la capacité à relever le défi. J’imagine que la nuit sombre et la fatigue vont accentuer cette impression.
On arrive à la descente et même ici je n’arrive pas à relancer. J’essaye de me convaincre de ne pas réfléchir au ravito et de repartir de suite mais dans ma tête c’est la guerre.
22h12
Je mange quelques fruits sec ici et décide de m’assoir sur un des fauteuils confortables du casino. Je m’endors de suite. Normalement ça a un effet positif sur mon mental mais près 20 minutes de sieste rien n’a changé. Il est 3h45 (BH à 4h10) et malgré les coureurs qui repartent je ne vois toujours pas l’issue dans cette affaire. Je me remémore mon coup de manivelle de l’an passé mais j’avais 2h sur les BH et puis le parcours après Bederet droit dans la pente et puis ma fin de parcours à l’agonie en 2021 et puis et puis……….j’arrête.
Bien sûr que j’ai des regrets mais ça sera mon essence pour relancer le moteur et revenir l’an prochain. Bien sur que j’aurai pu faire une meilleure préparation mais c’est mon contrat avec mon équilibre vie pro, familiale et ultra. C’est mon style et même après une semaine je ne me vois pas changer et surtout je repartirai sur une distance similaire même si je dois me remettre la tête à l’envers comme sur ce GRP et même si je dois re-bacher. Ce sont ces moments là qui me font vibrer car gagner contre son mental et finir la course me fera toujours chialer et ça c’est le pied en fin de course. Il faut juste accepter de perdre de temps en temps. Je n’ai jamais réussi à me mettre dans cette course, je n’ai pas réussi à discuter longtemps avec des coureurs autours de moi alors que je sais que ça fait parti de la réussite d’une course. Mais c’était quand même un très bon week-end dans les Pyrénées avec une organisation sans faille, des bénévoles au top, des ravitos parfait et surtout un paysage………irremplaçable.
Par contre il est une évidence pour moi, et encore plus après 7h de route à se projeter sur l’an prochain, le GRP restera ma course préférentielle même sans 160 (on ira sur le 120). Ce week-end offre une multitude de courses toutes plus belles les unes que les autres (Moudeng, Cirques, Lacs……..) dans un cadre de départ à taille humaines. L’idéal si on veut partir en groupe avec des envies différentes.
Mon GRP est mort, vive le GRP
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2 commentaires
Commentaire de Thomas02 posté le 05-09-2022 à 10:20:33
On a du se suivre sur ce GRP :) Je suis parti de Cauterets dans les derniers on y était forcément en même temps. Je suis revenu y rendre mon dossard quand tous les coureurs étaient partis :D. Je trouve dommage d'abandonner sans problème physique. Bonne prépa pour ton GRP 2023
Commentaire de Gilles45 posté le 05-09-2022 à 11:41:03
Hello
Je trouve que tu abordes ce GRP avec une belle philosophie, que tu ailles au bout ou pas.
Je me reconnais vraiment dans la lassitude qui a pu te prendre avant Sencours puis après la BV de Pierrefitte.
La différence…et bien j’avais une assistance et sans elle, j’aurai très bien pu bâcher également à Cauteret.
Je m’étais fait tout un monde (trop sans doute) de la section Cauteret-Luz qui était sans doute le dernier juge de paix de cette course. Toi tu as eu le malheur d’apercevoir les frontales si loin là-haut !
En repartant tu aurais peut-être été au bout qui sait ? il y a toujours un moment en ultra où tu « cliques » et d’un coup d’un seul tu as la certitude d’aller au bout. Le problème…tu ne sais jamais quand ce déclic va arriver.
Au plaisir de se croiser peut-être sur de prochaines éditions
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