Récit de la course : Saintélyon 2015, par olneos

L'auteur : olneos

La course : Saintélyon

Date : 6/12/2015

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 3681 vues

Distance : 72km

Objectif : Terminer

4 commentaires

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SaintéLyon 72 km

Ayant une mémoire de gobie j’ai tendance à oublier pas mal de choses en route, donc désolé : ce sera plutôt un récit sur des impressions plutôt que sur le parcours

Afin de garder un certain anonymat certaines personnes mentionnées dans ce récit ne le seront que par leurs initiales (et puis ça fait plus joli)

Tout d’abord j’ai été « trainé » sur cette course par B. qui n’a pas eu trop à insister il m’a juste dit deux phrases sur la beauté des frontales la nuit (comme des lucioles) et l’ambiance de cette course atypique : c’est tout à fait vrai et je pourrais rajouter la beauté des paysages dans la plus complète obscurité …
J’ai aussi pensé que courir de nuit et sur 72 kilomètres serait une bonne préparation pour ce que j’espère faire l’année prochaine : du plus long et avec un peu plus de dénivelé.
Nous arrivons à la halle Tony Garnier vers les 17h avec B. et G. : tout de suite leur rythme effréné pour aller chercher les dossards et s’engouffrer vers les navettes me font dire qu’ils sont déjà en mode échauffement pour la course de minuit. J’ai le dossard 6880 lorsque je l’ai vu je me suis dit tiens un compte rond (en fait presque rond)
Nous rentrons dans une des cars et entamons notre périple vers Saint Etienne où nous arrivons vers les 18h30. Dès la sortie de l’autobus ils partent comme des fusées (là je pense qu’ils sont en train de faire des fractionnés) en direction d’un restaurant où ils étaient allés manger l’année précédente.
Là nous mangeons un « repas Saintélyon » : 13€ avec pâtes bolognaises, une banane et une mandarine : ces deux derniers aliments seront une partie importante de mon alimentation de la nuit.
Après manger nous filons au Parc expo : il s’agit de deux hangars (enfin je les ai vus comme ça) ; on se met à un endroit stratégique (loin des enceintes où une musique se fait entendre et au-dessous d’un gros converteur afin de pas avoir froid).
Nous commençons à préparer nos affaires avant de dormir ce sera bien mieux qu’au réveil en étant vaseux !
On rentre dans nos couchages et on attend que le sommeil vienne. Pour B. et G. ça n’a pas l’air de poser problème ; pour moi si ! Pas moyen de dormir, le bruit, la musique et le speaker intervenant à périodes régulières font qu’il m’est impossible de fermer l’œil ; en plus dans le duvet il fait une chaleur on dirait que je suis dans un sauna !
Vers 21h30 j’arrête d’essayer de dormir et je zieute un peu autour les coureurs ; tiens y’en a un-là qui est déjà tout prêt en short et en avec deux petits tee-shirts … ça fait peur.
Tout le monde se réveille vers 22h et on commence à remplir nos gourdes et à se poser une multitude de fois la question : qu’est-ce que je vais mettre ou ne pas mettre … à la fin on mettra n’importe quoi et on croisera les doigts pour que ce soit le bon habillement.
Je sors chercher dans le deuxième hangar de l’eau ; lorsque j’entre dans celui-ci un nombre impressionnant de coureurs se trouve entassé : c’est là que je commence à comprendre que le nombre 5 000 – 6000 coureur n’est pas une exagération des organisateurs.

23H30 : c’est l’heure de sortir et déposer les bagages dans les camions afin qu’ils soient rapatriés sur Lyon. Avant de faire ça on se donne rendez-vous à un endroit afin qu’on puisse se retrouver au cas ou. Je pose mon bagage et je file à l’endroit donné et je ne vois pas mes deux compères !
Je pense que je n’ai pas dû bien comprendre l’endroit exact où nous devions nous rejoindre ou bien que j’ai fait un acte manqué : mon inconscient me disant « non non non ne va pas avec eux ils vont partir trop vite et tu seras tout essoufflé, reste seul tu auras ton petit rythme pépère et tu pourras regarder le paysage, parler avec les gens enfin tout ce que je fais d’habitude … ».
J’attends encore un peu par acquit de conscience mais j’arrête assez rapidement vu le nombre impressionnant de coureur qui sort de la halle : je file à l’endroit de départ et je positionne (comme d’habitude) assez loin.

Juste avant le départ le speaker nous demande de rendre hommage aux victimes des attentats de Paris, ce que nous faisons en allumant nos frontales et en applaudissant.
Puis le départ est donné !! Enfin le temps que j’arrive il me faut bien 2-3 minutes avant de franchir la ligne (pas grave la puce ne se déclenche qu’à ce moment précis et puis le temps je m’en fiche un peu).
Je vois des coureurs avec des ballons gonflables (tiens des meneurs d’allure ?), d’autres avec des guirlandes de Noël, l’ambiance est sympa ; il y a déjà des coureurs avec le souffle court.
L’avantage de ce parcours est le nombre de ravitaillements (5 sans compter l’arrivée) : donc on peut couper la course en morceaux de 15-20 km et se faire les objectifs les uns après les autres ou se dire il faut que j’arrive à ramper jusqu’au prochain ravitaillement.
La première partie de la course ne m’a pas laissé un grand souvenir : mémoire de gobie oblige : pèle mêle je me souviens
• D’un coureur qui respirait bruyamment dans les montées et j’ai pensé qu’il aurait bien du mal à finir
• D’une personne en short et tee-shirt : on passait à ce moment-là dans un endroit venteux et j’ai eu froid pour lui
• De coureurs avec une guirlande de Noël !!
Au premier ravitaillement du 15eme kilomètre de Saint Christophe en Jarez je n’ai pas eu envie de m’arrêter pour me ravitailler ; il me restait suffisamment d’eau et de nourriture ; je suis dans les temps de mes trails promenades bien calé au milieu du peloton (2500eme = véridique encore un compte rond).

Le deuxième tronçon sera du même acabit que le précédent, je ne me souviens que des petits chemins empruntés, des coureurs qui freinaient presque lors des descentes, du ballet magnifique des frontales : au loin on croyait voir une colonie de lucioles : c’était une magnifique image !
De temps à autre lors de mon parcours je vois le coureur avec les guirlandes : ou bien y’en a t il plusieurs. Je vois aussi des personnes au bord de la route, dans des lieux qui me semblent improbables et qui nous encouragent autour d’un brasero ; ils crient donc je crie aussi (au bout d’un certain nombre de kilomètres je ne crierais plus) !!
J’arrive à Saint Catherine après un peu plus de 3 heures de courses et 27 km : je suis 1900eme (vous noterez que je collectionne les comptes ronds) : euh je n’ai pas l’impression d’avoir doublé 600 personnes : ou bien ils se sont évaporés dans la nuit ou j’ai pris un raccourci, enfin pour moi ce n’est pas le plus important je veux finir (même en rampant)!
Je m’arrête pour me restaurer ; il faut jouer des coudes pour pouvoir grignoter du saucisson et du jambon : j’ai envie de salé et lors de ma précédente course j’avais aimé.
Je repars dans la nuit. Au bout de quelques minutes j’ai un fort mal au ventre. J’en viens à me poser la question de trouver un endroit un peu isolé pour faire de l’engrais dans les terrains agricoles qui bordent le chemin.
Je vois le coureur à la guirlande : il s’allume, il s’éteint, il s’allume, il s’éteint, moi j’ai plutôt tendance à m’éteindre là …
Entre Sainte Catherine et Saint Genoux j’avance cahin-caha tout en ayant cette envie. J’arrive donc Saint Genoux (cailloux, hiboux …) en 1478eme position au bout de 40 kilomètres : j’ai raté mon compte rond j’aurais dû laisser passer 12 personnes.
Que vois-je au ravitaillement ? Des mandarines et des bananes en morceaux ! C’est ripaille !!Je me jette sur les mandarines et les bananes et je vois un petit verre de coca afin de faire passer tout ça (au moins celui-là A. il ne me le boira pas : A. étant mon beau fils assoiffé perpétuellement de coca).
Je file de nouveau dans la nuit : je me sens beaucoup mieux à croire que les mandarines étaient dopées.
Je prends un rythme plus soutenu : je regarde de temps à autre le cheminement des frontales sur les collines, j’arrive à Soucieu en Jarest assez frais au 51eme km (1384eme) : en avance de 16 personnes sur mon compte rond ou bien en retard de 84 c’est selon l’humeur. Je me jette à nouveau sur les mandarines et les bananes, je bois mon coca.
Je reprends mon rythme et je me sens de me mieux en mieux : j’accélère donc ma course et je double de plus en plus de coureurs, c’est bien la première fois ou je me rends compte de ça.
A cet instant je suis sûr que je vais finir, une impression bizarre mais ça me rend heureux. Je vois un coureur à la guirlande mais sa guirlande ne fonctionne plus : elle est tout éteinte.
J’arrive à Chaponost (km 61 – 1123eme) je mange de nouveau mes mandarines, ma banane et je bois mon coca (pense bête : pour l’année prochaine inscrire A. car il y a du coca).

A un moment donné je suis passé devant un Casimir : je lui ai dit « Bonjour Casimir » : rien que pour ça je suis content d’avoir fait cette course.
Je reprends le chemin pour l’arrivée. Je cours à un rythme plus soutenu sans me mettre dans le rouge. Je dépasse, l’impression de vitesse est certainement faussée par la nuit qui accentue la vitesse.
J’arrive presque sur Lyon, encore une dernière montée très dure et des escaliers qui à ce moment le sont tout autant : on passe par un pont ou pas mal de gens nous encourage.
J’arrive sous l’arche de la halle Garnier : content d’avoir pu la terminer !!
Mon épouse me fait parvenir un SMS me dit que j’ai fini 1000eme !!! Je l’ai fait mon compte rond !! Malheureusement par la suite j’apprendrai que j’ai fini 1004eme je suis profondément déçu je remets en cause la course à pied, le coureur à guirlande, la personne en short en pleine nuit enfin que des choses très importantes de mon existence.
A l’arrivée G. me félicite et me dit que j’ai fait un super temps : c’est très gentil surtout venant de sa part ça m’a beaucoup touché. Il nous raconte son abandon : mal au ventre et vidages intempestifs dans les champs.
Voilà j’ai retracé ce que j’ai pu. Je n’ai pas pu vous raconter les paysages (c’était tout noir !) mais en me relisant je me dis qu’heureusement j’ai une mémoire volatile sinon j’aurais écrit un livre.

Et puis je ne sais pas vous mais le jour d’après j’avais une envie folle de la refaire : sûrement le fait de courir de nuit et l’aventure humaine que cela engendre.

 

4 commentaires

Commentaire de Arclusaz posté le 10-12-2015 à 22:52:09

Je constate que Casimir fait l'unanimité !! ça va devenir la mascotte de la course...
Bravo pour ta course et donc, on se voit l'année prochaine.

Commentaire de Jeje_stp posté le 11-12-2015 à 11:04:28

Merci pour ton récit! J'ai bien rigolé! Belle perf'...

Commentaire de olneos posté le 11-12-2015 à 12:44:28

Merci beaucoup. C'était le but de faire rire

Commentaire de Benman posté le 13-12-2015 à 17:14:29

Bravo pour ta course et ta spectaculaire remontée. Je termine 3 places devant toi, et me sens pleinement responsable de ton lourd échec sur le top 1000... Bon, on m'annonçait 998eme à l'arrivée, et finalement je suis classé 1001eme... WTF?
Bon, je pense que je m'en remettrai... Merci en tous cas pour ce récit plein de bonnes impressions. On a vécu un peu la même course, et je confirme tous les aspects assez magiques que tu mentionnes.

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