L'auteur : Jean-Phi
La course : Saintélyon
Date : 2/12/2012
Lieu : St étienne (Loire)
Affichage : 4926 vues
Distance : 69km
Matos : Une bulle légère
Des jambes lourdes à la fin
Plein d'amis
Objectif : Se défoncer
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574 autres récits :
Il est 7h35. Je tourne sur ma droite, m’engouffre dans le hall surchauffé du palais des sports et coupe mon chrono, referme mon MP3 sur Holy Diver
. C’est fini, je viens de boucler ma 7° Saintélyon. La plus dure aussi !
10m plus loin c’est lalan tout sourire qui m’embrasse et me félicite, m’offre du thé chaud, Ogo qui nous a suivi toute la nuit et Maëlwenn qui sont là, qui ont un petit mot qui réchauffe le cœur sinon le corps qui lui est bien endolori…
Petit retour en arrière,, samedi soir 17h45. Je gare tout juste ma voiture que mon téléphone vibre. C’est Japhy, elle vient d’arriver et m’attend vers la longue enfilade de bus chargés de nous emmener à bon port à St Etienne. Nous nous installons dans le bus, patientons un peu avant le départ. Arclusaz arrive, monte… et redescend aussitôt ! Plus de place ! Tant pis, il fallait arriver avant !
On sent dans le bus comme un début de tension. Les coureurs sont calmes, parlent peu. Seul le chauffeur s’enquiert de savoir si nous connaissons la route car il n’y est jamais allé ! Ca commence bien ! Après quelques péripéties et échanges avec la police à St Etienne, nous arrivons enfin. Heureusement que nous ne sommes pas des manifestants de Notre Dames des Landes soit dit en passant car l’amabilité de cet agent n’a d’égal que sa gentillesse à nous indiquer le bon chemin ! Bref…
Dossard retiré nous nous rendons au Flore pour passer un moment au chaud et surtout dans la quiétude d’avant course. En effet, le hall des expositions à St Etienne tient plus lieu de la foire à bestiaux que d’un endroit propice à la concentration et à la préparation.
Sur place, nous retrouvons plein de kikoureurs et Elcap en maître de cérémonie, en famille qui tient tout à la fois, la boutique, donne des explications sur la frontale que nous avons commandé et prend même le temps de manger un peu. Chapeau ! Quand on dit que les mecs ne savent pas faire 36 choses à la fois, lui, nous prouve que l’on peut tout à fait… Ca dépend de comment on est foutu en fait, c’est tout. Bon, moi je suis mal foutu… En parlant de ceci, je dois dire qu’en arrivant j’aurais préféré aller dormir plutôt que de prendre le départ. Heureusement la bonne ambiance et l’émulation faisant, je finirai tout de même par rejoindre le départ, non sans une assiette de pâtes pour moi mais aussi pour Arclusaz qui n’aura que très peu mangé finalement. 3 assiettes les unes derrière les autres. On a faim, ou pas. Je vous laisse deviner quel bel ouvrage Rabelais aurait pu faire en pensant à notre ami au lieu de Pantagruel ou Gargantua ! Je me demande même si Arclusaz ne serait pas lui-même le père de Gargantua et l’aïeul de Pantagruel… Il me faudra sûrement un jour vérifier sur Wikipédia et à défaut, rédiger moi-même l’article sous forme d’éloge à tant d’appétit !
Mais revenons à nos flocons…
En effet, si le départ de la course donné au son de U2 se passe fort bien, on sent qu’il fait très froid. 0° voire même en dessous certainement. La neige n’est pas loin et ce ne sont pas les photos de nos valeureux guerriers de la Lyon Saintelyon qui nous rassureront. Froid et neige assurés au dessus de Sorbiers. Mais ce n’est encore, si je puis me permettre, que la face émergée de l’iceberg qui nous attend pour cette nuit.
J’entre dans le sas 5-7h00. Top départ, on se marche un peu dessus quelques dizaines de mètres. C’est pratique, on peut ici ruiner, les espoirs de beaucoup de concurrents ainsi que leurs chevilles ou pieds, tout en prenant une mine contrite. Ainsi, je gagnerai bien 10 places à moi tout seul de cette façon et en perdrait tout autant puisque je me suis bien fait marcher dessus également !
Quand enfin on peut commencer à prendre un rythme de croisière, force est de constater que ce départ est toujours aussi ennuyeux. La banlieue stéphanoise est bien triste, grise aussi. Heureusement la chaleur humaine sur le bord de la route est présente. Dans le peloton, peu de bruit sinon les foulées de centaines de coureurs. Pas besoin de frontale encore, les rues sont suffisamment éclairées et, pour une fois, j’y vois clair même en pleine nuit. Je déroule gentiment, me surprend à me raisonner, de ne pas dépasser la FC souhaitée. C’est ainsi que je rentre dans Sorbiers autour des 14 km/h et une pulsation autour des 150. Je suis bien, je suis dans la course. Moi qui aie tant de mal parfois à me mettre en condition, je dois reconnaître que le travail mental réalisé lors de la prépa est diablement efficace ! Je suis déjà dans ma bulle ! Je réagis tout juste quand j’entends mon nom lancé par Elcap et Jano ou encore Marat’3h00 ?, je suis bien. Dans mon tempo maintes et maintes fois répété.
Les premières lumières de Sorbiers disparaissent au profit de nos frontales qui maintenant vont essaimer leur halo sur la neige déjà présente. C’est un fait, il a bien neigé, les sentiers sont verglacés et déjà les premières chutes surviennent. Parti en Saucony route, je suis de plus en plus surpris par la stabilité de mes chaussures. Je ne glisse que très peu, tout juste dois-je faire un écart par endroits pour éviter quelques mares de glace. Dans la montée de St Christo, fildar se rapproche de moi. Ce sera le seul moment où je le verrai avec l’arrivée.
St Christo, je passe. Je me fie à mon plan de marche. Cela fait 1h21 que nous sommes partis et j’ai tout à fait de quoi tenir jusqu’à Ste Catherine.
Si l’ambiance était encore relativement chaude jusqu’ici, les premières montées dans la neige en direction de l’hôpital vont refroidir la plupart des concurrents. La neige et les congères apparaissent en plein, formant des creux impressionnants. Nous nous enfonçons désormais jusqu’aux genoux et même si je ne suis pas très grand, force est de constater que c’est pour tout le monde pareil !! La bise fait son apparition. Je ne parle pas de la douce bise d’une jeune fille qui vous rosit les joues d’une douce chaleur mais bien plutôt d’un vent glacial qui m’oblige à relever le rouge kikou de mon buff jusqu’au dessus du nez. Il doit faire alors pas loin de -8°, sans compter le vent qui accentue cette sensation de froid. Je suis frigorifié. Sous mes gants, je replie mes doigts dans mes mains pour me réchauffer autant que possible. Pour autant, je ne souffre pas. Je cours, à mon rythme, relance sur les portions planes, trébuche parfois mais je gère mon allure. Je ne regarde pas ma montre. J’ai trop peur de me refroidir à ce moment là mais je sais parfaitement où je me situe et décompte mentalement ce qu’il me reste à parcourir jusqu’au prochain ravito. Pour me réchauffer, je chante dans ma tête. Tout le dernier album de Tryo y passe : «Brian Williamson», "http://www.youtube.com/watch?v=c-I2xOghzmo», «http://www.deezer.com/fr/track/55008361#/album/5361211»… Ces mélodies me portent un peu au dessus du froid et m’offrent un contraste assez curieux. J’ai chaud dans ma tête quand mon corps a froid. On devient fou parfois lorsque l’on court, que l’on est replié dans sa bulle, à l’intérieur de son corps, de son cerveau. A peine croyable ! Les paysages sont féériques sous leur décor neigeux, la nuit est belle et elle nous appartient.
C’est ainsi que j’arrive à Ste Catherine, point de départ de ma nouvelle course. J’ai en effet tronçonné la course en 3 parties. La 1° vient de s’écouler, je démarre la suivante qui va me porter jusqu’à Soucieu.
Je retrouve Elcap qui me rejoint alors que je m’éloigne. Lui aussi souffre du froid et de crampes mais semble plutôt bien gérer son affaire. Il a même le temps de me faire une remarque sur mon derrière ! Il a quoi mon derrière d’abord ? Il essaie de me porter vers l’avant et si d’aventure il se dandine un peu c’est tout autant pour se réchauffer que pour me faire avancer ! Non mais…
Arrêt express de 3 minutes, preuve en est que l’on peut en dire des bêtises en si peu de temps, et je quitte à regret l’ambiance chaude de la tente.
Cette portion, je la connais merveilleusement bien. J’y ai de bons souvenirs. Seul ou avec notre groupe « Off à Lyon ». Souvenirs de sorties, d’after mémorable, de plaisir partagé entre amis. Aujourd’hui je partage mon plaisir avec d’autres mais le sentiment qui prédomine est plutôt « chacun pour soi ». Depuis plusieurs kilomètres, je sens bien que mes collègues autour de moi se sont renfermés, préoccupés par leur foulée, par les risques qu’ils prennent à tout moment sur ce terrain peu amène. Moi-même je n’ai prononcé que 2 ou 3 mots depuis le départ. Tout juste pour dire « pardon à gauche ou « Ca va ? » à un malheureux tombé. Et des malheureux il va y en avoir de plus en plus. Le bois d’Arfeuille. Bois mythique de la Saintélyon où se jouent les victoires mais aussi les défaites.
Encore cette année, il aura été illustre dans ses pièges. Un pauvre coureur en aura fait les frais sous mes yeux. Couverture de survie, 3 coureurs autour de lui. Je m’enquiers si je peux être utile. Mais au fond être utile à quoi, pour qui ? Ils me disent de partir. Ce que je fais sans états d’âme non sans avoir lancé un « bon courage ! ».
Je gère Arfeuille comme une formalité, passe ma frontale de 100 à 200 lumens afin de mieux voir dans cette obscurité. Je suis presque seul et j’avoue aimer cela. Rares sont les moments sur cette course où l’on peut se sentir seul. Celui-ci en fait partie. Je me sens en osmose avec cette nature un peu inquiétante à ce moment là. Ambiance sombre, arbres fantomatiques, pierres gelées, feuilles qui crissent. Je me surprends un instant à entendre dans ma tête du Cradle of filth et ses voix de sorcière. La nuit joue parfois des tours surprenants !
Lorsque se profile la sortie du bois d’Arfeuille, je sais ce qu’il me reste à parcourir avant d’arriver vers St Genoux et son ravito. 10 minutes à peine devraient suffire. Il est temps d’ailleurs d’y arriver, je n’ai plus de boisson énergétique et il me faut refaire les pleins.
Lorsque se profile le ravitaillement, je lap mon chrono comme j’ai pris la peine de le faire depuis le départ puis pose mon porte bidons. Surprise ! Impossible d’ouvrir la poche renfermant mon éco tasse et ma poudre. En effet, le sachet plastique s’est rompu et avec le froid la poudre s’est cristallisée autour de la fermeture éclair ! Tant pis, j’attrape la bouteille d’eau sur la table et je finirai à l’eau claire. Je bois au passage un peu de coca, avale un peu de salé. Mais je reste dans ma bulle. Pour une fois que j’arrive à faire complètement le vide, je ne suis pas prêt à la voir éclater ainsi. Polnareff en aurait dit ceci : « Je suis une bulle de savon, une goutte d'illusion, un mirage, quelque chose dans les nuages, sans visage je suis transparent, mais j'ai ma vie dedans ma peau, qui fait des bonds, fait des ronds et qui a peur qu'on crève son cœur… »
C’est ici que j’aurai passé le plus de temps et c’est pourtant le ravito dont je me souviens le moins. Au plus une tente blafarde dans la nuit pas très loin d’une ferme et de son chien.
De là, ne me restent « plus que » 11 kms pour rejoindre Soucieu. Mais avant tout il faut passer le bois de la Gorge et le bois de la Dame. Nous les avons repéré un nombre de fois incommensurable mais c’est toujours une belle découverte pour ce qui est du bois de la Gorge. Ce bois a un vrai côté trail, roots… « C’est du roots man, qu’il nous faut, c’est du roots man, un retour au tempo (Tryo) ». En plein délire et à pleine vitesse (au moins 14 km/h !), je lance aux coureurs qui m’entourent : « Faites attention aux salamandres !! ») Souvenir d’un off avec Elcap où je faillis écraser en courant une de ces magnifiques bestioles. Bien sûr, elles ne sont pas là et je me sens bien embarrassé. C’est pour cela que je décide d’attaquer la remontée en courant. Et de fait, je ferai toute la montée du bois de la Gorge, en dehors des marches, en courant jusqu’au Boulard !
1 km plus loin et nous sommes déjà à l’attaque du Bois de la Dame. Un peu émoussé par mon algarade dans le bois de la Gorge, je descends prudemment. Bien m’en prend, les coureurs autour de moi chutent tous comme des mouches. L’odeur ? Grands Dieux non ! Le verglas. Je sais qu’il faut passer sur les côtés le plus possible ici et c’est ce qui me permet de ne pas tomber.
La remontée se fera toute en marchant. Je ne veux pas me brûler les ailes et encore moins les jambes. Elles ont tout de même un peu leur compte depuis le départ et mes adducteurs me rappellent, si besoin était, que je n’ai plus 20 ans. Tout juste relancerai-je à la piste d’aéro modélisme. Et encore, ce sera sans compter une vilaine plaque de verglas qui viendra me rappeler que décidément, je vaux bien Brian Joubert en matière de patinage artistique !
De retour sur le macadam, je peux enfin relancer à ma guise et reprendre quelques places que d’infâmes brigands bizarrement accoutrés m’avaient spolié. Je vais rejoindre ainsi, le Marjon puis Soucieu sans jamais décélérer. Ma bulle commence à céder un peu sous les coups de boutoir du froid et de la fatigue. Je suis attentif désormais aux conversations, qui de cette jeune femme qui se plaint d’avoir été tout le temps doublée sur son relais (au moment où je passe), qui de ce coureur qui se demande où peut bien être le ravitaillement... « Après le rond point !! » lui dis-je.
J’entre dans le grand barnum. Il est 5h05. C’en est terminé de rêver aux moins de 7h00. Je le savais depuis un moment mais ici, l’aiguille de l’horloge est formelle. 7h00 tu ne feras point.
J’ai décidé de ne pas m’attarder. C’est ici que je construis mon T shirt de finisher, point par point, cousu de mes mains (aurait dit Sylvie Vartan pour être la plus belle pour aller danser). Et surtout je crains de ne pas avoir la capacité à repartir si je m’attarde. Ma bulle, toujours ma bulle…
En ressortant, Marat’3h00 ? arrive. Sans parler, il me fait signe que c’est dur pour lui. Je lui souhaite bon courage et m’enfuis lâchement dans la nuit. Désolé Patrice, je serais bien resté à discuter mais…
Cette fois c’est sûr, je vais aller au bout d’autant que je connais tout le parcours. Tout ? Non. Les organisateurs nous jouent un drôle de tour en nous faisant faire un crochet dont je me serais bien passé. Heureusement, ce crochet me conduit tout droit vers Ogo. Ce sera le seul moment où je sortirai vraiment de ma bulle. Je le dis ici : Discuter un peu avec toi Olivier, t’entendre me rassurer sur mon apparence et courir à mes côtés à ce moment là fut comme une douceur qui réchauffe le corps et le cœur. Ca m’a fait un bien fou et m’a certainement relancé.
Et de fait, ce passage aura été assez court grâce à ta précieuse présence.
J’abandonne Olivier à son triste sort de journaliste (sort que, je crois bien, il apprécie) et plonge en direction du Garon. La foulée est moins précise, moins aérienne désormais. Je sens bien qu’il va me falloir toute ma motivation pour tenir… « Ne rien lâcher, tu ne lâches rien… » me dis-je sans cesse. Descente des rochers de Barrel, nouvelle chute sur le verglas pour plusieurs coureurs… dont je fais partie ! Tant bien que mal, j’arrive jusqu’au Garon, la passerelle et puis remontée sur Chaponost. Cette montée est longue. Il vaut mieux marcher sur le sentier et relancer sur le bitume en haut. Dont acte. Je monte à 7 km/h et relance à 11 arrivé en haut. Cela fait bien 1,5 km que je double des coureurs quand arrive une présence à mes côtés. Inconsciemment, je tourne la tête et entend au fond de mes pensées : « Ah mais c’est toi ? » Non, ce ne sont pas mes pensées mais lilinecoq, toute fraîche qui cavale à toute allure dans son second relais. A peine ai-je le temps de lui souhaiter bonne chance qu’elle s’enfuit dans la nuit, me laissant seul au milieu de coureurs tous aussi fatigués que moi…
La jeunesse a bien des vertus mais pas celle de la patience d’attendre les vieux qui se traînent…
L’impudente est partie me laissant seul face à mes contradictions : Gérer ma fatigue ou relever la tête et partir à l’assaut ? Un peu des deux mon Général ! Et de la fugacité de cette rencontre nait en moi une nouvelle flamme qui me conduira jusqu’au bout de ma nuit. C’est décidé je relance ! Je me relance !
La traversée de Chaponost, charmante bourgade au demeurant me sera transparente. J’en sors tout aussi vite que j’y suis entré. Le parc qui me semble habituellement si long et si boueux, ne sera finalement que boueux. C’est d’ailleurs dans la boue que je finirai ma course faute d’avoir su gérer un appui trop téméraire. Deux mains secourables me redresseront de mon séant argileux. Décidément, il est dit que je ne rentrerai pas indemne de toute trace de cette course !
De la sortie du parc va naître un sentiment de fatigue. Fatigue de ne pas voir le bout, fatigue de ne pas arriver à Beaunant, fatigue surtout tout court. Il est bientôt 6h30 du matin, il est l’heure pour les lève tôt de boire leur café au bistrot, il est l’heure pour les couche tard de retrouver ivres morts leur plumard. Il n’y a plus d’heure pour les trailers…
Le chant du coq annonce enfin le ravitaillement de Beaunant. Il est hors de question pour moi de traîner ici. Je veux finir. Je veux arriver. Je veux aussi retrouver mon lit douillet. Prendre une douche bien chaude. Des plaisirs simples… auxquels il est encore trop tôt pour prétendre. Il faut sortir de ma torpeur et reprendre mon chemin de croix. Ca n’est plus un chemin d’ailleurs mais bien un aqueduc. Celui de la montée de Beaunant. Ce vestige de l’heure de gloire romaine est un attrait touristique absolument intéressant. Un dimanche matin de décembre à 6h30 et une nuit dehors, il est tout simplement détestable. Et ce vieux tas de pierre narquois, qui se dresse en toute majesté, mériterait juste de s’écrouler comme moi je rêve de le faire depuis un bon moment… C’est là que je prends conscience qu’il faut que je m’alimente. En effet, les idées noires sont souvent des avertissements préalables à l’hypoglycémie. C’est un constat que j’ai fait à plusieurs reprises.
Un gel, un peu d’eau et Black Sabbath sur les oreilles pour repartir du mieux possible : Ces paroles raisonnent en moi comme un écho: « All day long I think of things, but nothing seems to satisfy, Think I'll lose my mind, if I don't find something to pacify, Can you help me, occupy my brain ? Oh yeah”
Le Heavy metal m’a toujours fait cet effet. Le tchac tchac poum de la batterie, la basse qui insiste sur les temps forts de la mesure et la guitare insistante associée à la voix d’Ozzy vibrent en moi, allant chercher un peu d’électricité aux tréfonds de mon corps, m’aident à soulager mes muscles endoloris. Dés lors la montée sur Ste Foy n’est plus qu’une formalité. Je cours là où marchent certains, je vole là où les autres courent.
La musique m’a fait retrouver des jambes que je croyais coupées par l’effort.
Je rejoins l’église de Ste Foy sous les couleurs de Deep Purple. Je vois au loin le smoke on the water de Lyon, c’est le Rhône et la chaleur des habitations ; je dévale la montée St Laurent sur le manche ravageur d’Angus et la voix éraillée de Bon Scott, Je suis sur mon highway to hell… Si près de Fourvière, le contraste m’est saisissant, déroule ma foulée sur les trémolos de Bruce Dickinson et de son chiffre fétiche 666 vers Confluence, je «jumpe» à 11, 12 km/h sur le solo de Van Halen, me shoote avec Raimbow et son I surrender. Incroyable ! J’ai réuni mes 2 passions en une seule et même bulle. Je suis dans un autre monde. Pas celui de Téléphone mais le mien. Le parc de Gerland me semblera pourtant bien long mais plus rien ne peut m’arrêter dés lors. Ni les kms affichés de manière fantaisiste, ni cette longue ligne droite qui n’en finit plus. RJ Dio fait entendre sa voix caractéristique : « Holy Diver, you’re the star of the masquerade… » 100m, 50m, 25m…
Il est 7h35. Je tourne sur ma droite, m’engouffre dans le hall surchauffé du palais des sports et coupe mon chrono, referme mon MP3 sur Holy Diver. C’est fini, je viens de boucler ma 7° Saintélyon. La plus dure aussi ! Et peut être même la plus belle…
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29 commentaires
Commentaire de OF82 posté le 03-12-2012 à 15:54:23
Top récit ! merci :)
Commentaire de Arclusaz posté le 03-12-2012 à 16:07:40
Bravo mon grand !
super course et super CR musical.
Bon, on n'a pas fait assez de reco, c'est pour cela que tu as été surpris pas la boucle de Soucieu (3 ans que c'est comme ça) : on remédiera à celà l'année prochaine... dans l'autre sens.
Et merci pour l'assiette de pâtes, c'est ça les amis, on peut tout leur demander même les choses les plus incongrues !
Commentaire de ogo posté le 03-12-2012 à 16:19:27
Ravi d'avoir pu t'accompagner quelques mètres à Soucieu. Tu semblais en effet bien plus frais que la moyenne. Un grand bravo pour ta course, un exemple de régularité avec un très bon finish et une place dans les 200 premiers amplement méritée. Bonne récup et à très bientôt.
Commentaire de lalan posté le 03-12-2012 à 16:20:00
J'ai lu ce CR comme une bande son, tu t'étais prépararé rigoureusement à cette course, et elle te l'à rendu. Je suis très très heureux pour toi jean phi. Je crois que maintenant après une année 2011 en dent de scie et une 2012 à trouver ton tempo. Tu y es, avec un magnifique finish ." Every body Clap your hands "!!!!!
Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 03-12-2012 à 16:30:20
Cradle, y'a que ça de vrai !!!
Commentaire de BOUK honte-du-sport posté le 03-12-2012 à 16:31:57
Vu ton récit, on devait courir en même temps... Et c'est confirmé puisqu'on est arrivé quasi en même temps à Soucieu !
Commentaire de turtlerunforfun posté le 03-12-2012 à 16:35:22
Si seulement je pouvais courir tel le "vieux" que tu es. Superbe course et chouette CR. Bonne récup et à un prochain off.
Commentaire de Japhy posté le 03-12-2012 à 16:45:53
Ha ha, le chant du coq de Beaunant, je l'ai entendu entre St Genoux et Soucieux moi !
La musique aide souvent à surmonter les moments difficiles et à se redonner du courage, y compris lors d'une petite coursinette de quartier comme la STL! ;)
Bravo pour ta course magnifique, c'est du grand jean-phi, aussi bien dans les jambes que pour l'écriture!
Commentaire de franck de Brignais posté le 03-12-2012 à 17:18:39
Bravo Jean Phi pour cette gestion carrément incroyable !! Et merci pour ce très beau compte rendu. Quelle plume !
Je remarque que les premiers ont souffert des mêmes maux que ceux de derrière... c'est rassurant.
Commentaire de joshua01 posté le 03-12-2012 à 17:28:50
Bravo pour ta course et son superbe CR.
J'ai abandonné cette année en me disant que je ne referais plus la Sainté, trop de glace, trop froid, mais en lisant ton CR j'ai déjà envie d'y retourner.
Commentaire de Mustang posté le 03-12-2012 à 17:30:32
7h30 avec ces conditions !! bravo!!
Commentaire de TwoTiVal posté le 03-12-2012 à 17:48:25
Bravo Jean-Phi !
Un peu de musique et hop la : On accélère ! ... c'est facile la course à pied quand on te lit ! :D
Commentaire de strac posté le 03-12-2012 à 18:54:35
Bravo à toi,
J'y étais aussi et j'ai du abandonner a sainte catherine, cheville en vrac au kilometre 1.
On a les mêmes passions et tu me fais penser à une chanson:
The lonelyness of the long distance runner
Commentaire de Le Lutin d'Ecouves posté le 03-12-2012 à 19:09:19
Que de souvenirs, moins 8°, le bois d'Arfeuille ; on se croirait revenu en 2010.
Bravo pour ton temps canon et ton récit. Un petit reproche cependant : la petite police pas faite pour les vieux...
Commentaire de bruno230 posté le 03-12-2012 à 19:50:08
Bravo pour ta course,c'est vrai que quand on te lit ça a l'air tellement facile.Pour noel,vu que je peux pas avoir une nouvelle paire de jambes je commande un balladeur mp3.
Commentaire de sapi74 posté le 03-12-2012 à 20:45:29
superbe récit jean-phi et dire que tu voulais allez dormir juste avant le départ....
c'était un coup de bluff j'en était sur ;-)
bravo à toi.
Commentaire de tidgi posté le 03-12-2012 à 20:48:12
Un joli CR, tout aussi bien "rythmé" que ta course...
Moi je dis bravo !
Commentaire de Byzance posté le 03-12-2012 à 20:54:39
Comment fais tu :
- pour courir aussi vite ?
- pour nous pondre en aussi peu de temps un tel CR ... qui sera un sérieux postulant pour le tome 2 du livre KIKOUROU !
Commentaire de HERVE GAP posté le 04-12-2012 à 07:19:02
Merci pour ce récit détaillé et en musique d'un fin connaisseur de la Saintélyon.
Commentaire de Kirikou69 posté le 04-12-2012 à 09:41:24
Bravo pour ta performance et pour ce récit très sonore : en le lisant, on entend la musique en même temps : c'est enivrant.
Commentaire de marat 3h00 ? posté le 04-12-2012 à 11:11:40
super récit où l'on voit que l'esprit est resté clair. Bravo pour la perf et ce beau moment de lecture.
Commentaire de totoro posté le 04-12-2012 à 12:52:34
Merci pour ton récit aussi rock'n'roll que ta playlist !
Une de mes déceptions est qu'on n'est pas pu parler guitare ensemble ... Ta prépa a été au top et malheureusement la météo ne t'as pas permis de réaliser ton objectif. Bravo à toi !
Tu as une sacré caisse pour imprimer un rythme fou, un peu comme Iron Man mais ne vire pas Paranoid !
Commentaire de sabzaina posté le 04-12-2012 à 21:20:27
7h30... Tu es un extra-terrestre pour moi.
J'ai adoré ton CR, surtout cette phrase tellement juste: "Il n’y a plus d’heure pour les trailers…"
MERCI
Commentaire de Nini posté le 05-12-2012 à 08:57:47
Bravo Jean Phi, la réussite est dans la bulle, je retiens !
Énorme chrono même si ce n'était pas l'objectif.
Bises et à bientôt ;-)
Commentaire de sebmelalix posté le 05-12-2012 à 12:11:05
Juste un grand Bravo pour ta course et un grand Merci pour ton récit, sur ces 2 points, t'es juste impressionant!!!
A très bientôt, Seb
Commentaire de le berger posté le 05-12-2012 à 19:32:46
Tu as vraiment assuré Jean-Phi. Respect.
Commentaire de fildar posté le 05-12-2012 à 21:00:30
Bravo Jean-Phi tu as vraiment fini très fort.
Commentaire de Byzance posté le 06-12-2012 à 20:41:02
Il faut que tu préviennes tout le monde que tu as vraiment ajouter le son ... pour de vrai !!!
Commentaire de Mamanpat posté le 07-12-2012 à 08:23:59
You can get now satisfaction... And a so big one !
Bravo pour ta course, pour ton récit, pour ton partage musical et pour ton humilité... Ah et merci pour ta gamelle dans la boue, pour une fois c'est pas moi qui parle de mon séant tout crotté !
Au plaisir
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