Récit de la course : Saintélyon 2008, par VIGAUD

L'auteur : VIGAUD

La course : Saintélyon

Date : 7/12/2008

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 4306 vues

Distance : 69km

Objectif : Terminer

7 commentaires

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Le récit

Samedi soir 22h, arrivée au palais des Sports de Saint Etienne dans le grand Hall, avec Hervé, Rémi, JB et Pierre.  (Après un repas pris à 19h chez mes parents, avec pâtes bolognaise, pain d’épices, amandes, noisettes, des fruits secs). Voila le moment où on pénètre dans l’ambiance. Du monde de partout, ça s’équipe, ça dort, ça se concentre, y’en a de partout. Moments de stress.... on se met en tenue. Vérification du contenu du sac... Est ce que je prends un tee shirt de rechange ou pas ? et des chaussettes ? Et le guêtres, je les mets ou pas... les gels anti-oxydants, je les ai bien ? Le liquide est constitué de 1250 ml dans le camel, avec eau, citron, miel et sec, et le même genre de dosage dans un bidon de 500 ml que je porterai à la main.

          

 

23h30, après des tentatives de blackout avec l'ipod dans les oreilles, couché sur mon sac, on se dirige sur la ligne de départ : le choix est fait : guêtres, un tee shirt première couche et juste un tee shirt manche longue seconde couche. Le coupe-vent étanche est dans le sac, on le mettra si ça caille (vaut mieux avoir une couche à enfiler plutôt qu’avoir déjà tout mis sur soi, et puis il vaut mieux éviter de transpirer, ça donne froid quand on est bien mouillé et que la fatigue laisse le froid s’installer)... Derniers instants de stress au milieu des 4500 fous qui attendent le coup de canon de minuit. On n’est pas très bien placés sur la ligne, bien 100 m derrière l’arche, mais c’est ps grave, on vise pas le chrono !

 

L'envie y est pas, "putain, qu'est ce que je fous là" ou "je vais en chier"... Hervé est à mes côtés, on est partis pour en faire un gros bout ensemble. JB, Rémi et Pierre sont avec nous aussi, mais ils comptent attaquer dès le départ pour viser des temps autour des 7h : surout, ne pas chercher à les suivre, ce serait l’abandon assuré !

 

 Minuit, le coup de feu, le chrono démarre,... bon, il nous faudra 3 minutes 40 avant de passer effectivement sous l'arche de départ... Les rues de Saint Etienne, sous l'éclairage public, frontale éteinte, c'est parti, on déroule, on s'échauffe, le cardio ne DOIT PAS dépasser 160, surtout pas, c'est la clef de tout : ne pas laisser des plumes au départ, en garder sous le pied pour repousser au plus loin les instants de souffrance.. L’euphorie du départ, y’en a qui papotent, qui chantent, qui hurlent, qui courent à fond, qui s’envolent… ne pas se laisser prendre dans l’adrénaline, se faire doubler, c’est pas grave, on en redoublera des tonnes plus tard, y’a le temps pour ça !

 

Sorbiers, premier raidillon, oui, on va marcher dans les côtes, malgré les premiers excités qui eux, continuent à courir, rigoler, faire les drôles... aller, on en redoublera pas mal plus tard de ces "excités des premiers km"... Fin de l'agglomération de Sorbiers, on quitte l'éclairage public, magie des lampes frontales allumées, des bandes réfléchissantes qui scintillent par milliers devant nous, derrière nous, c'est le moment magique où on entre dans la nuit, le vrai début de la SaintéLyon, c’est là qu’elle prend tout son sens…

 

Ca déroule bien, Hervé et moi, on gère, y’a du monde devant, y’a du monde derrière, on réussi à se tenir sous les 160, on profite des montées pour marcher, récupérer en côte : ça se fait, il suffit de marcher en faisant tomber le cardio vers 150, pas plus….

 

La gadoue, y’en a, les guêtres ont bien été un bon choix, de la bouillasse glaiseuse qui te ventouse les chaussures au sol (j’en ai vu qui y ont laissé une godasse !)

 

2h04, 15,55 km au compteur GPS, ravito de Saint Christo… Hervé et moi on se regarde, « t’as encore de l’eau toi ? ouais, et toi ? Aussi ! On tiens jusqu’au prochain sans s’arrêter ? Oui », je choppe un TUC au passage (trop bon les TCUS, hmmmm !!!!), on s’étire 1 minute sous la tente et c’est reparti. La longue montée qui nous attend est cassante. Ensuite, c’est dans les champs et la gadoue, une longue ligne de crête avec des chemins tellement boueux qu’on finit par courir à côté dans les champs de maïs fauchés, c’est moins gadoue, mais attention les chevilles…

 

3h05, 21,69 km au GPS, Ravito de Moreau, on n’est pas loin du point haut de la course (870m d’altitude), on vient de s’enfiler le plus gros du dénivelé positif. Quelques instants de pause dans ce ravito dans le hameau : un coup de thé un peu tiédasse, un coca d’une sous marque de l’ère post soviétique, mais je le trouve délicieux ! Et puis je vais me rendre compte que le cola dégueu me file une patate d’enfer. On s’étire encore… Et on repart, il est 3h08.

 

Pour toute nourriture, je fonctionne au gel anti Oxydant Overstims, Gout citron et gout pomme, c’est pas très bon j’en conviens, mais ça semble très bien me convenir, je continue à ça, une pichenette de temps en temps, un coup de mon mélange eau-citron-miel-sel de mon camel ou de mon bidon de 500 ml que je garderai à la main toute la course. Je le complète avec de l’eau à Moreau avant de repartir. J’avoue que j’avais pris plein de barres bio Noix ou figue Noix, et que je n’avais pas spécialement prémédité de prendre du gel, mais y’a que ça qui passe et je n’ai pas besoin de plus…

 

Tout va bien, pas de douleur, le froid est tout à fait supportable. Nous voila au paradis de la gadoue. Le premiers compétiteurs en relais nous doublent… très vite… et parfois en nous bousculant… (y’a des cons partout), ou en t’éclaboussant bien gaiment de boue et de flotte… sympa ! Magie des km de frontales allumées, devant, et derrière (non, on n’est pas les derniers !)

 

Voila un des passages clé : la descente sur Sainte Catherine, c’est raide, glissant, sombre, plein de gros cailloux, de souches… on l’aborde avec calme, pour ne pas se tordre une cheville (ce qui m’était arrivé l’an dernier à cet endroit !)… voila enfin le ravito de Sainte Catherine, une étape dans la course : c’est pas la moitié des km, mais c’est plus de la moitié des grosses difficultés franchies. Il est 3h56, 27,31 km au compteur GPS.

 

On s’octroie une pause : soupe chaude à la tomate-basilic (un délice à ce moment là !!!), pain d’épices, banane, remplissage du Camel back (finalement, je ne mets que de l’eau sans me servir des sachets de poudre de boisson isotonique que je me suis concoctés, il reste un peu de mon précédent mélange, je re-dilue donc… je remplis aussi mon 500ml à la main, avec de l’eau encore).

 

4h03, après une bonne séance d’étirements, nous voila repartis, devant nous, bientôt, la très fameuse descente du bois d’Arfeuille : casse-gueule, cassante, grasse à souhaits, avec des feuilles mortes... on reste prudents. Quelques petites douleurs de jambes commencent tout doucement à se faire sentir, mais rien de grave, quelques étirements en route remettent tout ça d’aplomb.

 

Arrivée au ravito de Saint Genoux, il est 5h30, 35,78 km au compteur GPS. Petit coup au moral, on pensait que ce ravito était au 40 km. Finalement, en km, on vient donc tout juste de passer la moitié. On se restaure un peu, et on enfile une couche supplémentaire : le coupe vent. Ca commence à peler un peu, on va aborder des crêtes un peu ventées et la fatigue commence à se faire sentir un peu. Je me sens bien toutefois, et prêt à attaquer cette longue côte un peu démoralisante quand on la voit (illuminée par les frontales de ceux qui sont dedans).

 

C’est reparti, ça monte, puis une longue portion presque plate de goudron. Je sens le premier coup de mou d’Hervé qui commence à avoir mal aux jambes. On alterne un peu de marche et de relances pour essayer de faire passer ça.  Pour l’instant, je ne souffre pas et me sens d’avancer en courant, avec quelques étirements et mon gel antioxydant (mon autre partenaire de course finalement ! 3 berlingots sur la course). La longue partie goudronnée est un peu plus cassante (finalement, quand on est sur le goudron, on en vient à regretter la gadoue, et réciproquement !)

 

On arrive à Soucieu en Jarez, il est 6h54, 44,64km au compteur GPS, lieu chargé d’histoire pour moi : c’est là que j’avais abandonné l’an dernier. Je me sens fatigué, certes, mais le moral au beau fixe, l’envie d’en découdre, tout est là : j’irai au bout, ce sera dur, mais j’irai, j’ai encore du jus ! Je la sens, je me vois en train de passer l’arrivée, je la ferai MA SaintéLyon !

 

On se restaure, s’étire, je pose les guêtres dans le sac pour m’alléger les pieds (et puis il reste en majorité du goudron maintenant), je ne change pas de tee shirt… la flemme de le sortir du sac et de me déshabiller dans le froid… Soupe, Cola… Après discussion avec Hervé, on ne va plus s’attendre à partir de là, je vais partir devant, Hervé a mal aux jambes et veut aller au bout, mais plus lentement.

 

Je repars seul à 7h03, les yeux et l’esprit rivés sur l’arrivée qui est encore à 23 km… j’irai au bout, l’euphorie commence à prendre le dessus sur la fatigue qui se fait sentir. Je sais que le jour va bientôt se lever, que ça va me donner la pêche. Et c’est parti, je ne marche plus, je recours, je déroule bien, longue descente goudronnée, on est un peu plus en milieu péri urbain, ça fait du bien de voir un peu des maisons. Le jour se lève, sensation plaisante… vue sur les alpes, c’est superbe… ! Pis ça réchauffe ! Enfin je peux regarder devant moi sans besoin de lampe frontale, c’est bon ! Cette journée qui se lève donne un coup de boost, ça sent la fin, ça sent le jour, la sortie de la longue nuit froide… bref, ça donne des ailes.

 

J’alterne un peu marche et course, pour me refaire. Les séances de marche deviennent de plus en plus longues, et puis parfois, je ne sais pas pourquoi, ça revient, je cours et c’est reparti. Les km paraissent plus longs que de coutume, le ravito de Beaunant est bien loin bon sang !!! Quand va-t-il arriver…. ??? Je maudis les gens sur le parcours qui m’ont dit à un moment : « Plus que 4km avant le ravito », tu parles que je les ai trouvées longues ces 4 bornes : y’en avait 8 en fait !!!

 

Allez, je ne le vois pas encore ce ravito, j’en suis pas loin, mais c’est décidé, j’entame une petite goulée de gel finisher, juste pour me donner la pêche, pour relancer un peu la machine.

 

Arrivée au ravito de Beaunant (dans un Garage automobile, Original !).  Je ne peux pas dire quelle heure il est… environ de 8h40, mais la batterie de mon GPS a donné son dernier souffle quelques km avant le ravito, je n’ai que ma montre mais je n’ai pas bien regardé l’heure à ce moment là.

Coca (encore !!!), des TUCS (youpi, trop bon les tucs !!!), j’évite le saucisson qui fait pourtant envie mais qui risque de mer retourner le bide. Et c’est reparti, dernière ligne droite avec… la fameuse montée de Beaunant, la salope !!!! Elle est raide !

 

Au sommet, je repars sur la descente de Sainte Foi, une saloperie interminable (des fois, c’est plat d’ailleurs, et ça n’en finit pas !!!).

Le panneau Lyon !!!!! Arrivée en milieu totalement urbain. Je traverse la Saône, et, oui, j’ai une larme à l’œil : putain, je suis à Lyon, à pied, depuis Saint Etienne…. Ca fait tout drôle !

J’ingurgite les 2 gels finisher dispos sur moi (le dernier coup de fouet avant l’arrivée !), ça me colle une patate d’enfer, mais curieusement, ça ne me redonne pas beaucoup de jambes !

 

Ravito de la place Carnot, là encore, combien de fois il faudra me le répéter : ne pas écouter les kilométrages annoncés : ils sont toujours faux. On entend : « 3,8 km avant l’arrivée ». Tu parles, je ne sais pas exactement combien il en restait, mais certainement plus !

 

Passage du Rhône, puis descente sur l’interminable quai. La encore, tous les « yoggers » du dimanche matin que tu croises te balancent le kilométrage qu’ils estiment avant l’arrivée : « plus que 2 km », « plus que 1 km », « plus que 3 km !!! », bref, tout est faux… faut pas écouter bon sang ! Je marche, je n’arrive plus à courir. J’entends « Boris » : mon oncle, Marc, vient de me rejoindre, il est en relais, accompagnant un ami à lui en solo qui semble souffrir le martyr. On se remet à courir, la pêche de la fin pour boucler le dernier km, on double quelques boiteux qui finissent vraiment dans un piteux état. Dernière ligne droite, « arrivée 100 m » indique le panneau, ça y est, il y a du monde, l’arrivée est là, dernier virage à droite, je rentre dans la palais des sports, l’arche, ma chérie qui est là, les larmes, le bonheur, l’étreinte, c’est fini, ça bipe sur le tapis d’arrivée, il est 10h13 et 52 secondes, je viens de boucler les 69 km de cette merveilleuse aventure !

 

Pierre et JB sont là, respectivement 7h00 et 7h55, respect, Rémi a abandonné à Sainte Catherine pour mal de ventre. Hervé arrivera à 10h45, raide mort, mais j’admire : c’est la douleur avec laquelle moi, l’an dernier, je n’avais pas été capable d’aller jusqu’au bout, lui l’a fait, chapeau !

7 commentaires

Commentaire de chtigrincheux posté le 12-12-2008 à 04:40:00

MAgnifique ton CR bien décortiqué et bien développé .Je repasserai le relire y a matière à réflexion.
Bonne récup et au plaisir de te croiser

Commentaire de gilou01 posté le 12-12-2008 à 06:31:00

bravo pour ta course ce qui remonte le moral on fnit tous dans le meme etat

Commentaire de Lolo38 posté le 12-12-2008 à 10:42:00

Bravo, on devait être proche l'un de l'autre, je finis juste devant toi ... Je pense que je devrais faire un copier-coller de ton CR pour raconter ma course... Je rajouterais juste le mal de genou qui m'a contraint de marcher de Soucieu à l'arrivée ! Quelle galère quand même... Bon, bah, vivement l'année prochaine ! :)

Commentaire de intuitiv posté le 12-12-2008 à 12:29:00

super bien geré , on a l'impression que tu maitrises tous les parametres de ta course , genial.

Commentaire de sonicronan posté le 12-12-2008 à 13:48:00

Bravo mon Bobo !
Ch'uis content que ça se soit super bien passé... Une longue carrière dans l'ultra qui débute...
RDV à l'écotrail
Encore félicitations
NB : Supers tes photos en forme de croix rouge

Commentaire de sarajevo posté le 12-12-2008 à 20:52:00

sacré récit et chouette final ....
felicitation .... tu es finisher
a+
pierre

Commentaire de Mamanpat posté le 13-12-2008 à 13:21:00

les distances indiquées étaient bien les bonnes !!! Et les 3,8 derniers km m'ont aussi paru en faire 10 !!!!
Quand l'idée d'arriver à fait place à toute une nuit d'effort, on perd beaucoup de repères je crois !!!

Bravo à toi !

Pat

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