L'auteur : Zaille
La course : Saintélyon
Date : 1/12/2018
Lieu : St étienne (Loire)
Affichage : 3437 vues
Distance : 81km
Matos : Altra Lone Peak 3.5
Petzl Tikka XP
Odlo Warm ML + CIMALP Storm
Objectif : Terminer
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573 autres récits :
La Saintélyon, une course que tout runner connait au moins de nom. Du haut de ses 65ans, elle respire encore pour beaucoup l’esprit Spiridon, celui de la course à pied hors stade, le free run. Relier Saint-Etienne à Lyon, quelle drôle d’idée ! Et puis tant qu’on y est, pourquoi pas de nuit, tiens !
J’ai cliqué
On ne s’inscrit pas à la STL sur un coup de tête ou alors on risque d’en payer le prix. J’y ai longtemps réfléchi, j’ai longtemps hésité. Je ne me suis inscrit finalement que 3 semaines avant le départ. Je voulais d’abord réussir mon dernier marathon (un mois avant cette STL), bien récupérer et me tester une dernière fois sur des sorties longues de 3-4 heures avec le D+ qui va avec.
Finalement j’ai cliqué et j’ai immédiatement passé une mauvaise nuit en pensant à ce geste de l’index tellement lourd de conséquence, en tout cas beaucoup plus qu’en achat compulsif sur Amazon. Je me rends compte que pour la première fois je suis inscrit à une course que je ne vais peut-être pas finir. Rien à voir avec les quelques trails courts de 20-30km que j’ai fait, rien à voir non plus avec un marathon. Je passe d’un effort de 3-4 heures à, selon mes calculs savants, une balade entre 10 et 11 heures, 2-3 heures de plus que le seul trail long à mon actif (54km – 2400D+).
Peut-être que je n’aurai pas encore digéré ces 42.195km ?
Donc … bah, c’est pas gagné et je commence par me faire un plan de course avec pour base un 7:30 de moyenne. Non pas que je compte m’astreindre à cette allure tout au long de la course, je suis bien conscient que c’est impossible sur un tel profil, mais avoir un repère tout au long du parcours est important pour savoir si je vais mettre 9h (dans tes rêves !), 10h (mouais), 11h (ça reste correct) ou plus (j’espère pas) !!.
En entraînement, je n’en rajoute pas des louches : quelques footings, 2 sorties by night de 2 heures et un 10km sans importance juste pour me tester sur ma vitesse. De toute façon, avec la grosse prépa marathon et des semaines aux alentours de 70km, je ne vois pas ce que je pourrai faire de plus. Peut-être me manquera-t’ il un peu mollet pour affronter les 2100 de D+ ? Peut-être que je n’aurai pas encore digéré ces 42.195km datant tout juste d’un mois ? Peut-être que … En fait des questions je vais m’en poser des tonnes durant 3 semaines.
En attendant d’en découdre, va bien falloir y aller à Lyon. J’ai choisi d’y aller en train le samedi pour rentrer le dimanche. J’économise ainsi une nuit d’hôtel tout en évitant la fatigue d’un voyage en voiture avec un retour difficile voire dangereux après une nuit blanche à gambader. Avec une arrivée samedi vers 17h ça me laisse 2 heures pour chercher le dossard et un départ dimanche à 14h40 qui devrait me laisser le temps de me doucher, manger, etc …
Court ou long ?
La veille du départ je prépare mon sac et surtout mon sac de course avec ma tenue. Beaucoup d’interrogation ces derniers jours : Court ou long ? Trail ou route ? En me baladant sur les forums, on a tous les avis et tous les arguments : « Il va faire 10°C, faut mettre du court », « Ça sera la nuit, on sera sûrement sous la pluie, faut mettre du long », « C’est pas un trail la STL, faut mettre les pompes de route », « C’est quand même 2/3 de chemins avec peut-être de la boue, faut mettre les pompes de trail ». Un vrai casse-tête !
La première chose à prévoir, c’est évident, c’est même obligatoire : la frontale. J’ai une PETZL Tikka qui marche bien mais dont je ne connais pas l’autonomie, celle-ci devra être d’au moins 8h. J’emmène donc une 2ème frontale (une Décath’) en secours. Obligatoire aussi, le gobelet perso, un RAIDLIGHT pliable. La couverture de survie, le téléphone et l’alimentation.
3,4 kg
Les ravitos sont distants de 2 heures pour moi, je prévois donc d’emmener ce qu’il faut en solide et liquide. 5 barres ENDUR’ACTIV (un quart par demi-heure), 3 compotes à prendre au feeling, une flasque avec de la boisson énergétique et une à l’eau. Je rajoute 2 flasques avec juste la poudre que je remplirai aux ravitos.
Dans le sac je voulais aussi rajouter un haut technique à manches longues de rechange mais par manque de place dans mon sac SALOMON j’emmènerai juste 2 tours de cou et 1 paire de chaussettes. Au final il fera 3,4 kg, bien assez !
Avec l’annonce de la pluie, j’ai tranché pour les chaussures en prenant mes fidèles ALTRA Lone Peak. Je rajouterai les guêtres légères de la même marque en espérant gagner un peu d’imperméabilité dans les zones humides. Avec cette météo j’avais même pensé mettre mes chaussettes étanches mais par peur des ampoules je suis resté sur du classique BV SPORT. En haut, que 2 couches, il ne fera pas froid pour la saison, juste un ODLO à manches longues et ma veste à capuche étanche et respirante CIMALP. Sur la tête et autour du coup un tissu technique quelconque et pour les mains des gants fins CIMALP (encore, mais c’est du bon, pas cher et c’est français !). Pour le bas j’hésite encore entre un short et un collant long …
2 heures pour chercher le dossard
Départ de chez moi samedi à midi après un rapide plat de pâtes réchauffée. En arrivant à la gare de Strasbourg mon train est annoncé avec 15 minutes de retard : pas grave. Puis 40 minutes de retard : ok, on arrête là SVP. Puis 60 minutes : sérieux ! Là je flippe un peu quand même, j’ai 2 heures pour chercher le dossard et il y a déjà une heure qui vient d’être bouffée alors que je ne suis même pas encore dans le train !
J’arrive à Lyon avec 40 minutes de retard sur mon planning donc finalement encore dans les temps malgré le retard au départ et un train à l’arrêt à Besançon pour cause de voie bloquée par les gilets jaunes. Je prends le métro et repère les mecs aux joues creusés avec des fringues SALOMON, je trouve donc mon chemin jusqu’à la Halle Tony Garnier assez facilement en compagnie d’un ultra traileur qui vient ici pour la 7ème fois !!
Je récupère mon dossard assez rapidement, il n’y a plus grand monde au salon du running où certains exposants remballent déjà. C’est un peu dommage que je n’aie pas pu en profiter mais bon … Je cherche mon lot, un bonnet de running ODLO siglé STL vraiment pas mal. Ils ne se foutent pas de notre gueule car si je suis finisher j’aurai en plus un T-Shirt BV SPORT et une médaille pour le 65ème anniversaire de l’épreuve. Quand je pense que pour ce prix (90€) sur certains marathons sponsorisés par des grosses marques de bagnoles, par exemple, on vous donne juste une médaille et on veut vous faire payer 30€ en supplément pour un pauvre t-shirt en coton.
Spaghettis carbo
Avant de sortir je passe acheter mon billet pour la navette qui m’emmènera au départ à Saint-Etienne. C’est vraiment bien rôdé, tout se passe avec beaucoup de fluidité. Même l’immense queue à l’extérieure pour prendre les navettes est résorbée par le flux continu des bus qui arrivent à la chaîne. Il faudra une bonne heure de route pour rejoindre le pôle départ, il est un peu plus de 20h00.
L’organisation a prévu une pasta party (payante) mais j’ai préféré rejoindre les membres du forum Kikourou qui dans le voisinage ont réservé un restaurant entier. Ambiance plus intimiste et confort accru notamment pour se changer et essayer de se reposer. Vers 21h00 arrive le groupe qui fait la 180. Une vingtaine de barjots qui a décidé de faire le trajet depuis Lyon en courant sur le tracé de la STL dans le sens inverse. Ils arrivent sous les applaudissements et s’installent pour manger avec nous car comme moi ils feront les 81km mais auront 162km dans les pattes à l’arrivée : des malades !
Je mange mon assiette de spaghettis carbo (même si mon estomac me disait plutôt de prendre la version bolo) suivie d’un morceau de tarte aux pommes, le tout arrosé d’eau plate, il n’y a pas de bière d’avant course pour une fois, dommage. Je discute avec mes voisins de table dont 2 vétérans de la Sainté qui alignent plusieurs éditions dans leur CV et on débat une dernière fois sur la tenue : long ou court. Cette fois-ci je me décide …euh non, je ne sais toujours pas !
Un mètre carré pour me coucher un peu
Je quitte la salle de restauration pour me préparer et trouver une place dans la salle de repos. Celle-ci est bondée de coureurs allongés dans tous les sens. La seule place que je trouve finalement pour me changer est dans le hall d’entrée mais ça me va, j’ai mon petit coin tranquille, ma bulle. Je m’habille, enfile mon dossard/chasuble, rempli mes flasques et fini par trouver un mètre carré pour me coucher un peu.
C’est loooong !! Et évidemment impossible de dormir mais bon, je suis couché c’est toujours mieux que debout sous la pluie. Ah oui, la pluie est arrivée, timidement mais comme prévu, elle est bien là. A 22h00 je décide de bouger, le temps passera plus vite. Je suis en short, en court donc mais j’hésite encore et puis merde !! Je mets mon collant long en voyant une majorité de coureurs dans la même configuration.
Je ne partirai pas dans les premières vagues
Je rejoins la ligne de départ après avoir déposer mon sac à la consigne. Waow !! Il y a du monde !! On est une heure avant le 1er départ de 23h30 et j’ai l’impression d’être parmi les derniers. Il n’y a pas de sas mais un départ par vague dans l’ordre d’arrivée toutes les 15 minutes. Je devine que je ne partirai pas dans les premières vagues. J’avais visé un départ à minuit mais si je pars à 00h30, mon timing sera plus serré à l’arrivée. Pas le choix, je n’ai pas envie de jouer les enfoirés et m’incruster devant en passant les barrières. Je vais prendre mon mal en patience.
La foule est chauffée avec un speaker plutôt performant. Il va tout nous faire : crier, applaudir, clapping et même des hugs entre coureurs (comme à la messe). Il nous explique également le tracé de 81km, historiquement le plus long, regroupant des morceaux choisis par l’ancien directeur de course, Alain Souzy, décédé l’an dernier. On lui rend hommage non pas par une minute de silence mais une minute d’applaudissements.
Light My Way
23h30, les élites partent et on nous fait avancer un peu mais je suis encore loin de l’arche de départ. Une chanson de U2 « Light My Way » (Light, les lumières, les frontales … aaaaaaahhh j’ai compris !) accompagne chaque départ de vague, la mienne, la 4ème, partira à 00h15. Ça va, je ne suis pas trop à la bourre, 15 minutes ce n’est pas la mort. J’aurai quand-même attendu 1h45 sous la pluie, sous mon poncho jetable. C’était long mais voilà, j’y suis, sur la mythique Saintélyon.
Les 3-4 premiers kilos sont sur bitume, le temps de s’extraire de la ville. J’ai prévu de courir à 5:30 les 7 premiers kilos afin d’être moins de la cohue par la suite. Je ne me force pas non plus à vouloir à tout prix respecter mon plan, dans les montées je ralentie ostensiblement, j’en aurai peut-être le bénéfice en fin de course.
Le fameux serpent lumineux
Le premier ravito, à St Christo en Jarez, est à 19km et j’ai prévu de courir d’y être en 2h08 (oui c’est précis). J’ai pris un peu de retard au début car finalement ça montait pas mal mais une grosse descente me permet de bien dérouler malgré le terrain rocailleux à présent. Il pleut toujours et même de plus en plus et on fait sérieusement connaissance avec la boue qui va nous accompagner sur la quasi totalité du parcours. Au km10 ça monte sévère en sous-bois avec racines et compagnie. Pour l’instant on évite encore les flaques mais c’est parfois difficile. A un moment on arrive sur un point de vue et tout le monde se retourne pour voir le fameux serpent lumineux. C’est une vision irréelle et magnifique, on est tellement nombreux !!!
Les spectateurs sont rares mais présent quand-même. Parfois à un croisement, dans un hameau, au milieu de nulle part des supporters bravent la pluie dans la nuit. On finit par arriver au sommet d’une longue montée qui nous laisse voir les lueurs du premier ravito. Un gars donne l’heure à son ami : « Il est 2 heures du mat’ » et je me rends compte que je cours à une heure totalement inhabituelle, une heure où je suis même rarement encore réveillé à part à la St-Sylvestre (et encore pas sûr). Je ne ressens pas du tout l’envie de dormir, encore heureux !
1er ravito
Voilà l’arche du 1er ravito, c’est comme si je passais une ligne d’arrivée avec le public et le soulagement de la chose faite. Je me suis fixé des objectifs de ravitaillement en ravitaillement et mentalement ça aide de penser à des objectifs de 19, 13 ou 15km plutôt que de fixer la ligne finale. Quelques mètres plus loin on rentre dans une tente.
Waow, il y a du monde ! Pleins de coureurs agglutinés devant les tables, je n’arrive même pas à voir ce qu’il y a. Au-dessus il y a des écriteaux bien utiles indiquant le type d’alimentation servie. Je me dirige vers les boissons chaudes et me fait servir un thé dans mon gobelet pliable que j’inaugure ce soir. Un petit bout de banane et je sors, ce qu’il me reste dans les flasques suffira pour les 13km suivants. Je regarde mon plan de route et remarque que j’ai respecté à la minute près mon timing.
Direction de Sainte Catherine
Maintenant c’est du 7:15 que j’ai prévu en direction de Sainte Catherine. Le profil semble moins agressif mais les premiers km me font très vite doutés. La boue devient de plus en plus présente et épaisse. Il pleut toujours et ce n’est pas près de s’arranger. Les appuis sont fuyants même sur le plat où l’on joue les équilibristes. Les anciens disent que la course se joue à Sainte Catherine, le speaker l’a d’ailleurs rappelé. Il s’agit d’avoir encore tout ses moyens à ce km32.
Superbe ambiance à l’arrivée de ce nouveau ravito et ça fait du bien. J’ai prévu 10 minutes pour me ravitailler surtout que je dois recharger mes flasques et donc retirer mon sac. Pas de grandes tentes ici, on reste donc sous la pluie le temps de se sustenter. Personnellement je ne sens plus la pluie, quand on est trempé, difficile de l’être encore plus ! Je prends une soupe, du pain d’épices et quitte les lieux avec un 15 minutes dans la vue sur mon objectif mais je reste en forme pour la suite, on a passé les 4h du mat’.
La boue
Prochaine étape à 14km mais avec une grosse montée et un passage au Signal (934m), le point culminant de la course. Avant ça, une descente comme on va en connaître encore des tas dans les caillasses et …. oui, la boue ! Il m’arrive d’être plus lent dans les descentes que dans les montées tellement c’est casse-gueule. Les crampons ne servent à rien dans 15cm de glaise.
Malgré tout, depuis le début je suis plutôt en train de dépasser que de me faire dépasser. Il y a déjà beaucoup de monde qui marche même sur les parties les plus faciles. Un forumeur les comparait à des hordes de morts-vivants car effectivement avec leurs allures têtes baissées on se croirait dans un épisode de Walking Dead. Je les plains, car on n’est même pas à la moitié, pourvu que je ne leur ressemble pas dans quelques km.
On y est, la montée de Rampeau, 750m et 180 de D+ dans un bois. Je m’y attendais mais certains moins bien renseignés hallucinent. Je blague en indiquant qu’il faut bien les faire à un moment donné ces 2100 de D+ annoncés, très peu répondent favorablement à mon humour et reste muet. C’est vrai que je vais plutôt bien malgré une douleur musculaire à l’aine que j’ai limité avec un Doliprane. J’avais prévu le coup car cette douleur me hante depuis quelques temps de façon aléatoire durant mes entraînements.
Je fais la queue au WC
Tout en haut le vent chargé de pluie me gifle le visage, je remets ma capuche. C’est fou comme ce petit morceau de tissu synthétique me donne du réconfort, c’est comme si j’étais ailleurs, isolé de la colère du ciel (purée je suis un vrai poète). A 5 heures du matin je fais la remarque à un runner qu’à présent on peut considérer ne plus être le soir mais le matin et je crois que ça nous a fait du bien à tous les deux. Suit une grosse descente vers Saint Genou, le 4ème ravito. J’ai des petites crampes aux ventres et attend donc avec impatience le point où j’ai prévu ma plus grosse halte : 15 minutes pour ce km46.
Ici c’est uniquement du liquide, je reprends une soupe et mais ne recharge pas mes flasques. Je fais la queue au WC chimique et … Bon je ne vous fais pas de dessin. J’ai dans les 30 minutes de retard sur l’objectif mais suis formidablement bien pour plus de 6 heures de courses. Pas de douleurs et toujours super motivé. J’attends avec impatience le jour qui se lève pour vivre une nouvelle course. Mais pour l’instant on n’est pas près de voir le soleil, la pluie est incessante et maintenant il y a même du brouillard et plutôt épais.
Ma Petzl s’est mis en mode d’économie
Le tracé est bien descendant mais je ne me dirige que grâce aux bandes réfléchissantes de mon prédécesseur, on n’y voit rien, comme avec des phares dans le brouillard. De plus j’ai l’impression que ma Petzl s’est mis en mode d’économie d’énergie, le faisceau m’a l’air moins puissant. Je n’ai pas envie d’enlever le sac pour changer de frontale, il faudra qu’elle tienne encore une petite heure.
Encore une bonne montée au km52 mais que j’avais également anticipée en étudiant le tracé. Après cette difficulté je dépasse beaucoup de monde, je trottine pas mal et même dans les montées. Je me force même à ralentir de peur de me cramer, il reste encore 25km comme l’atteste un panneau. Mon allure objectif sur ce tronçon est de 7:30 mais je suis souvent sous les 7:00, le moral est au top à presque 7 heures de courses, je commence à vraiment y croire.
J’ai fait 61km
Ah, le jour se lève, on a quitté le brouillard pour une nouvel ambiance, un nouveau départ et en plus …. Il ne pleut plus !!! Le prochain ravito, Soucieux, au sec dans un hall de sport, le bonheur. Avant de rentrer je fais coucou à la caméra et pense à ma famille qui ira sur le livetrail pendant le petit-déjeuner pour peut-être me voir. J’ai fait 61km il en reste 20 avec beaucoup de bitume et de descentes. Je n’ai plus que 20 minutes de retard sur le programme et tous les voyants sont au vert. Après un dernier plein de flasques, une soupe et un sandwich TUC/Comté/TUC (Miam), je repars gonflé à bloc.
Je vais le faire, c’est sûr. Plus de risque de blessure, c’est roulant maintenant, prochain ravito dans 9km (= que dalle !) et je déroule sur une longue descente bitumée à 5:30 malgré les jambes qui commencent à en avoir sérieusement marre. Je dépasse à nouveau plein de monde et même des relayeurs qui viennent de partir. On les reconnaît facilement avec leur tenue toute propre alors que mes compagnons et moi sommes maculés de boue jusqu’aux genoux.
Mes jambes sont à bout
Cette Euphorie va perdurer presque jusqu’au km70, à Chaponost, dernier ravito. Je ne vais faire que passer, pas d’arrêt, il reste 10km, je veux en finir et vite si possible, du moins le plus vite possible. Dans ma tête il n’y a plus que du plat ou de la descente, à la limite une petite montée sans importance … Mais voyons !!!
Les kilos sont longs, très longs. Je me force à courir mais accueille le moindre faut plat comme une bonne excuse pour marcher un peu. Non pas que je sois épuisé mais mes jambes sont à bout, courbaturées. On arrive en ville, tout le monde est au courant de la course apparemment. Les voitures nous klaxonnent, les passants nous encouragent, ici c’est vraiment une institution.
Le fameux chemin de Montray et ses 18%
Le bitume il y aura mais pas que. Il y aura encore de la gadoue et un petit ruisseau dont on empruntera le lit. Une descente dégagée nous laisse apercevoir la prochaine montée, juste en face : « non !!». On est tous stupéfaits par le morceau qui nous attend, le fameux chemin de Montray et ses 18%. Tout le monde marche les mains sur les cuisses, on est dans le dur de chez dur. Juste après on nous fait redescendre par un sentier pour refaire le même type de montée, c’est le coup de grâce, les km les plus longs de ma vie.
On a croisé le panneau 5km puis 4km. Maintenant on descend des marches et bizarrement ça ne me fait mal nulle part, 3km. On se dirige vers le Rhône pour longer les quais, 2km. C’est long, trop long mais je vais le faire, c’est incroyable, j’ai 79km dans les guiboles et une nuit blanche ! Je commence à être submergé par l’émotion quand je traverse le Rhône et que je reconnais l’endroit vu tant de fois sur des vidéos de Finisher.
Je l’ai fait
Dernier kilo, pas l’endroit le plus glamour, coincé entre le tram et le musée des confluences mais quelle émotion ! On passe un parc, le public se densifie, un virage et l’entrée de la Halle Tony Garnier là où j’ai cherché mon dossard hier soir. Et puis l’arche d’arrivée si caractéristique, emblématique. Je lève les bras puis cache mes yeux, je l’ai fait, un truc de dingue : moins de 11 heures et heureux. On m’accroche la plus belle des médailles au tour du cou, c’est incroyable !
Je ne suis plus fatigué, je n’ai pas froid, je suis bien. Coca, fromage, tuc, je me lâche heureux que je suis de ma gestion. Je demande à une spectatrice de me prendre en photo devant la mythique arche, elle me gratifie de mots incroyables d’admiration et de félicitations mais je ne me sens pas surhomme pour autant !
En attendant le train, pas de mal à se faire du bien
Je redescends sur terre et rassure mes proches avant de récupérer mon t-shirt de finisher et mon sac. Ce mot finisher prend pour la première fois pour moi un vrai sens car rien n’est joué d’avance sur une telle course pour preuve les 1400 abandons sur 6600 partants. Cette édition est très vite jugée par certains comme la plus dure de par ses conditions météo dantesques.
Une bonne douche chaude et je me dépêche d’aller voir le podium des élites qui ont torché ça en moins de 7 heures ! J’ai le temps avant mon train et c’est bien agréable. Je prends mon panier repas offert et c’est plutôt bien fourni avec un plat de nouilles chinoises, du fromage et des mandarines. En bonus de la bière artisanale en pression, je suis dans un rêve.
Une 2ème petite bière et quelques discussions de runners plus tard je vais aller me faire masser par une gentille jeune fille. Je n’ai pas vraiment de douleurs mais en attendant le train, pas de mal à se faire du bien (ça rime !). Un peu plus tard, en allant à la gare, le spectacle des éclopés, dont je fais partie, me fais sourire. On a tous mal mais on est tous tellement heureux.
Excellente gestion de course
J’analyse ma performance avec le Livetrail et vois que je n’ai pas arrêté de progresser dans le classement depuis le début. Ce n’est pas ma place de 1195ème qui m’intéresse, c’est tout à fait anecdotique mais bien la progression de mon classement qui témoigne de l’excellente gestion de course. Au premier ravito j’étais pointé 2083ème, j’ai donc progressé de 900 places tout au long de la course et de manière plutôt constante mis à part les 10 derniers km où j’étais à la ramasse et où je n’ai raflé que 23 places.
En conclusion, je suis content de moi pour cette première sur du aussi long. J’en ai moins chier que sur certains marathons et pris beaucoup de plaisir malgré l’effort, la fatigue et … la boue !! Je voulais la faire cette SaintéLyon pour sa spécificité, pour son aura, je n’ai pas été déçu. Maintenant il va falloir dormir et récupérer en espérant que mon corps ne m’en veuille pas trop.
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4 commentaires
Commentaire de Mazouth posté le 04-12-2018 à 19:27:07
Et ben pour une première tu as super bien géré ta course bravo. Savoure et récupère bien ;)
Commentaire de Jean-Phi posté le 05-12-2018 à 10:40:14
Belle gestion bravo. Ca sent le revenez-y ça !
Commentaire de Marie-hrn posté le 06-12-2018 à 10:08:35
Chapeau, très belle course!
Super gestion!
Bonne recup :)
Commentaire de Arclusaz posté le 15-12-2018 à 07:29:18
Bravo ! je retiens surtout le joli contraste entre ta parfaite gestion de course où tu restes très lucide tout le temps comme si tu connaissais parfaitement ce parcours et l'émotion qui te submerge à la fin : la preuve, une fois de plus, que cette course, malgré tous ses défauts, génère de sacrés émotions. A l'année prochaine !
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