Récit de la course : Saintélyon 2016, par David53100

L'auteur : David53100

La course : Saintélyon

Date : 3/12/2016

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 3610 vues

Distance : 72km

Matos : -Chaussures : Trail. Modèle Lone Peak de chez Altra (Nickel)

-Bas : ¾ Adidas assez épais, manchons Skins, chaussette Thyo Trail, Mini Guêtres Raidlight (Nickel)

-Haut : Seconde peau Odlo Warm, veste technique Raidlight Top Extreme (Nickel).

-Divers : Gants Odlo, bonnet technique Li-Ning, Buff. Un sac type camelback avec poche à eau Décathlon.
Frontale Led Senser SEO5

-Dans le sac : Un surpantalon Salomon Bonatti dans le sac (non utilisé), un T’Shirt léger manches longues Salomon pour couche intermédiaire (non utilisé). Des sous gants (non utilisés) et un deuxième buff pour remplacer le bonnet si trop chaud, ce que j’ai fait au lever du jour. Quelques gels, pâtes de fruits et barre. Un gobelet pour les ravitos. Deux pansements.

Objectif : Terminer

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Ma première Saintélyon (2016)

Nous sommes 4 membres du clib ASPTT Fougères à nous être inscrits à SAintélyon solo 72.

Pour moi et ma chérie, ce sera une première.

Pour Anthony et Jocelyne la deuxième.

 

Déroulé de la course :

Nous sommes partis en train le samedi matin de Rennes pour arriver à 13h30 à Lyon. Repas rapide puis départ pour la halle Tony Garnier pour les dossards. Village départ sympa (ambiance zen sans trop de bruit et de foule) avec pas mal d’exposants trail, des conférences, etc.

Nous y avons retrouvés Anthony et Jocelyne.

Départ en navette vers 18h pour le parc expo de Saint Etienne.

Nous avons mangé à la pasta party puis essayé comme tout le monde de nous reposer avant le départ. Ce fut une image et une ambiance vraiment particulière. Des milliers de coureurs, la plupart allongés dans des duvets, sur des tapis de sol, ou discutant gentiment en attendant de rejoindre le départ.

Personnellement, je n’ai pas réussi à dormir.

 

La météo est quasi-parfaite : ni pluie, ni neige et pas trop froid. Peut-être des brouillards givrants.

 

Sur la ligne, nous essayons de nous positionner au mieux. Les premiers partent à 23h40. Nous partons finalement dans la troisième vague à minuit. Tempo idéal qui nous fait démarrer à l’horaire traditionnel.

 

Pour ma stratégie de course, j’avais découpé le parcours en 6 tronçons (entre les ravitos) et établi des temps de passage en fonction d’une allure moyenne estimée (à la louche) de 7,5 à 8 km/h. La tactique est simple : marcher dans les montées, courir dans les descentes, plats et faux plats.

 

-       Départ à St Chriso en Jarez (15,7km, 495m de D+)

 

Les premiers kms en ville sont très roulants (faux plats descendant puis plat et une ou deux petites côtes). Assez vite Jocelyne et Anthony sont un peu devant, et katy un peu derrière. Je joue la prudence et déroule tranquillement à 5mn30/km, soit 2km/h en dessous de l’allure marathon. Je suis frappé d’entrée par la concentration des coureurs. Il n’y a que très peu d’échanges et tout le monde semble centré sur son objectif. Au 8ème nous prenons un premier chemin et enchainons des côtes et descentes jusqu’au ravito. L’allure diminue fortement. J’ai été surpris de ce départ rapide qui fait que j’arriverai au premier ravito de St Christo avec une dizaine minutes d’avance. J’avais surestimé la difficulté du premier tronçon que j’ai couru à 9km/h de moyenne.

Arrêt très rapide au ravito, sous une tente. Je prends deux gâteau secs, une poignée de fruits secs, un verre d’eau et c’est reparti vers ce qui va s’avérer le cœur de la Saintélyon.

 

-       St Christo à Ste Catherine (12km, 300m de D+, 800m depuis le départ)

 

En effet, dès ce deuxième tronçon les côtes me semblent plus rapprochées et plus dures. Nous sommes sur le plateau entre 700 et 900m d’altitude. Le vent est plus froid et nous traversons des portions de routes et chemins parfois gelées. Quand ce n’est pas gelé, les chemins sont souvent boueux. Je suis d’ailleurs tombé deux fois dans un chemin de terre verglacé. Il y a beaucoup de feuilles et surtout de cailloux dans ces chemins qui nécessitent d’être tout le temps vigilant.

A certains moments il est possible d’observer la longue file lumineuse dans une perspective magnifique.

Au km 25, je remarque que j’ai parcouru le tiers de la distance (en 3h) et ça fait du bien. Je suis régulier, tout va bien. C’est à ce moment que je commence à sentir un frottement inquiétant sur un gros doigt de pied, qu’il faudra contrôler au prochain ravito.

Arrivé à St Catherine (Km 28) avec toujours une dizaine de minutes d’avance sur le prévisionnel. Je suis heureux de m’arrêter un peu. Malheureusement, le ravito n’est pas couvert, et ça commence à cailler sévère. Il faisait 2° au départ mais sur les hauteurs, il fait plutôt moins 2/ 3°C et moins 4/5 en ressenti. Je m’alimente de ce que je trouve (soupe, Tucs, saucissons, fromage, gâteau sec, chocolat) en emportant un cookie d’avance en prévision du prochain arrêt. Ensuite je m’assoie quelques minutes pour regarder mes pieds et constate ce que je craignais, un début d’ampoule. Je mets un pansement spécial pour la prévention des ampoules et repart.

Ces quelques minutes sans gants font que je redémarre en ayant vraiment froid. Je regrette de na pas avoir mis la couche intermédiaire supplémentaire. Finalement après quelques kms et quelques côtes je me serai réchauffé. Les sensations sont encore bonnes, et je suis toujours dans mon timing. Il est déjà presque 3h30 du matin.

 

- Ste Catherine à St Genou (11km, 337m de D+, 1141 depuis le départ)

 

Ce troisième tronçon de 11km s’avérera pour moi le plus difficile. Vont s’enchainer des côtes vraiment longues et ardues. Je me rappellerai longtemps de la descente du bois d’Arfeuille. Une pente sévère, glissante, avec des cailloux et des virages. Je serai témoin de deux chutes en 500m à cet endroit. L’un des concurrents à dévaler deux à trois mètres en contrebas du bord de piste et se fait prendre en charge, couverture de survie sur le dos. Nous enchainons directement avec la montée vers le mont Rampeau : 750m de montée pour 180m de dénivelé soit 24% de moyenne sur un chemin gras. Ce fut la plus grosse difficulté du parcours dans une ambiance étrange. Des dizaines de coureurs à la file dans une forêt sombre, éclairés par leur frontale dans un silence complet. Cela m’a donné l’impression de participer à un rite initiatique mystérieux à la limite de la sorcellerie.

Après quelques montées/descentes j’arrive à St Genou à 5h07mn (KM 39). La moyenne a bien faibli du fait du parcours et j’ai couvert ce tronçon à 6,16km/h. Je suis toujours dans les temps mais ça commence à être plus dur. Pour ne rien arranger, ce ravito est seulement liquide et lui aussi en extérieur. Je prends néanmoins une soupe, le cookie de secours et un gel. Je contrôle mes pieds. L’ampoule a grossi mais pas éclaté grâce au pansement. Merci à notre ami Eric Lechonnaux qui m’a conseillé ce produit ! ça fait mal mais c’est supportable.

L’arrêt est assez court pour ne pas se refroidir.

 

-       St Genou à Soucieu en Jarrest (13km, 308m de D+, 1440 depuis le départ)

 

J’entame la redescente du plateau. Il y a malgré tout encore de nombreuses rampes sur le parcours. Elles sont justes moins rapprochées. Malheureusement je commence à avoir mal aux genoux et aux pieds dans les descentes. Du coup, je dois faire les grosses descentes quasiment en marchant, ce qui ne permet pas de bien récupérer après les montées. Sinon, en ce qui concerne les jambes, ça va. En tout cas elles me portent et courent quand je leur demande. Le mental commence par contre à faiblir sous le coup de plus de 5h de sentiment de solitude, de froid et de montées. Je suis pourtant tout le temps entouré de coureurs mais je me sens bien seul. Le temps entre les deux ravitos me semble interminable. De fait, ce tronçon est un peu plus long et je mettrai presque deux heures à le parcourir. Je maintiens malgré tout l’allure (6,7km/h de moyenne) mais je dois me faire violence quand il s’agit de relancer après une montée. Comme je ne contrôle pas mon allure en direct, j’ai cependant l’impression de ralentir. J’essaie de me répéter des phrases de pensée positives : « maintenant même en marchant je peux finir dans les temps » ou  « sur la longue distance il y a des coups de moins bien puis ça repart ». Même si, à cet instant, je ne crois pas vraiment à cette dernière phrase lue le matin même dans un magazine de Trail.

Je note au passage que j’ai passé le marathon en 5h45 ! Plus que 30km !

J’atteins Soucieu à 7h02 du matin (km 52) avec la satisfaction d’arriver dans un gymnase, légèrement chauffé. Je décide de m’arrêter un peu plus longtemps pour bien manger, soigner mon pied, changer mes piles, remplir la poche à eau et rallumer mon téléphone. Katy m’a laissé d’ailleurs un message. Elle en marre d’être seule et aimerait bien finir en duo. Je la rappelle donc pour savoir où elle est. J’évalue à 30mn l’avance que j’ai sur elle. En fait je l’attendrai 45mn, mais ce n’est pas grave, au contraire. Entre temps je vois arriver Anthony et Jocelyne que je croyais devant moi. Ils m’apprennent qu’ils se sont arrêtés aux toilettes d’un ravito et m’ont vu passer. Du coup, j’attends en marchant dans la salle pour ne pas trop me refroidir. Pendant ce temps le soleil s’est levé et je n’aurai plus besoin de ma lampe.

Nous repartons un peu avant 8h pour le semi qui nous reste.

 

-       Soucieu à Chaponost (9,7km, 142m de D+, 1591 depuis le départ)

 

Il fait jour et nous sommes heureux d’être à deux. Nous nous racontons le début de course et retrouvons de l’énergie. Les 10 petits km de cette partie se font en bonne partie en descente et sur route. Nous allons assez vite et doublons de nombreux concurrents. Nous mettrons un peu plus d’1h à faire ce tronçon. Comme quoi il peut bien y avoir du mieux après un coup de pompe. Le mental y est pour beaucoup, grâce au fait de se sentir moins seul.

Nous hésitons à nous arrêter au dernier ravito.

Nous arrivons à Chaponost juste avant 9h (km62). Finalement nous nous arrêtons mais très peu de temps, juste pour prendre quelques petits trucs à manger et boire un verre d’eau. Nous avons toujours sur nous quelques pâtes de fruits et gels. Nous pensons avoir assez d’eau jusqu’à la fin et ne remplissons pas les poches…

 

-       Chaponost à Lyon (10,9km, 226m de D+ et 1800 depuis le départ)

 

Ça déroule bien les deux ou trois premiers kms (il y a toujours des montées quand même !!). Nous sommes vraiment bien en voyant les km s’égrainer à moins de 10km de l’arrivée. Nous traversons un parc aventure juste avant Lyon dans le sens de la descente, (ouille ouille ouille).

L’entrée dans Lyon annonce les dernières grosses difficultés : grosse descente vers le viaduc puis une montée de près d’1km à 10% de moyenne. Cet enchainement douche notre enthousiasme. S’enchainent alors une succession de montées, descentes, escaliers dans Lyon. Katy manque d’eau et un coureur très sympa nous propose sa gourde de secours. Les cinq derniers kms se font vraiment à l’arrache. La descente du chemin de la Navarre et de ses escaliers jusqu’à la Saône est le théâtre de coureurs, dont nous, qui subissent ce dénivelé négatif, en marchant et râlant. Les genoux crient au secours à chaque marche comme pour nous prévenir qu’ils vont nous maudire au moins jusqu’à la cinquième génération. Nous nous tenons à la rambarde pour nous soulager comme nous pouvons. Heureusement qu’à cet instant notre mental a encore un minimum de contrôle sur notre corps, triste machine fatiguée et récalcitrante.

Arrivés au bord du fleuve nous devinons derrière le musée de la confluence l’arrivée. Une fois traversé le pont, il ne reste que un KM. Le public se fait plus nombreux, notamment sur la passerelle surplombant le Rhône.

Nous passons devant les photographes à l’entrée de la Halle en tentant de sourire. Quelques dizaines de mètres en intérieur et c’est la délivrance en 10h26!

 

Bilan :

Sur le coup c’est dur mais avec 48h de recul c’est une sacrée expérience. Il nous restera de bien belles images, le souvenir d’une ambiance vraiment spéciale et une grande émotion à la fin.

Finalement ce n’est pas tant l’aspect physique le plus difficile. Bien sûr les jambes sont lourdes à la fin et les articulations un peu douloureuses mais c’est supportable. Nous avons eu la chance de ne pas avoir de bobos pendant la course. C’est sûr qu’étant des trailers débutants, nos corps ne sont pas suffisamment endurcis pour encaisser facilement ce dénivelé. Réside sûrement là notre plus grande marge de progression, en travaillant davantage le travail de côtes et la technique sur des sentiers plus cassants. Notre préparation a semblé plutôt adaptée puisque nous avons eu les jambes pour finir correctement la course.

 

Par contre il faut tenir bon dans sa tête, se raccrocher à la motivation de départ et au soutien, essentiel, des copains et familles présents sur la course ou à la maison.

 

La récupération se passe très bien. Les courbatures sont quasiment parties dés le lendemain. Nous ressentons une bonne fatigue générale, normale par rapport à l’effort fourni et la nuit blanche ?

 

Enfin, un grand merci à vous. Nous avons eu connaissance après la course de l’enthousiaste et de l’investissement de certains (amis et famille) à nous suivre durant ce périple. C’est touchant et flatteur !

 

PS. 10km, en fin de course, ça peut être long. Ne plus jamais sous-estimé le besoin en eau !!

 

 

Annexes :

 

Préparation :

Sur 9 semaines, à 4 sorties par semaine avec en moyenne un peu plus de 60km/sem (un max à 70).

Des sorties longues de 2h30, 2h45 et une de 3h.

Nous avons privilégié le travail en côtes au fractionné sur piste pour se rapprocher davantage des conditions de course. Un peu de VTT en récup quand le corps fatiguait (3 sorties dont la rando de 35km de l’UCF avec les copains de l’ASPTT).

Une bonne prépa qui s’est déroulée idéalement. Une bonne fatigue juste avant les deux semaines d’affutage (normal) et pas de bobos.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

3 commentaires

Commentaire de Jean-Phi posté le 07-12-2016 à 10:24:15

Bref, l'année prochaine vous revenez ! Avec une année de plus en entraînement, nul doute que vous allez améliorer votre chrono et votre plaisir.
Petite stuce, plutôt que d'aller au palais des congrès à Saint Etienne, venez au Flore qui est à 100m du départ où se réunissent tous les kikous. Il y fait chaud et on mange plutôt bien et c'est calme.
Bonne récup !

Commentaire de Arclusaz posté le 07-12-2016 à 17:42:49

en plus, y a du génépi au Flore !!!!
bravo pour cette très belle première.

Commentaire de pinafl posté le 07-12-2016 à 18:20:01

Super le numéro de dossard ^^

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

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