L'auteur : bubulle
La course : La Montagn'Hard - 100 km
Date : 4/7/2015
Lieu : St Nicolas De Veroce (Haute-Savoie)
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Distance : 104km
Objectif : Pas d'objectif
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140 autres récits :
Je l'ai fait.
La Montagn'hard, c'est un peu le Graal du kikou, la course que si tu l'as pas faite une fois dans ta vie, tu l'as ratée (les n00bs croient que c'est l'UTMB mais on leur fait croire pour être sûrs de se garder notre Montagn'hard à nous, notre course authentique avec plein d'esprit trail dedans).
© Des Bosses et des Bulles
Je l'avais déjà courue l'an dernier, en version "c'est bien mon gars, tu commences à entrer dans la cour des Grands". Dans sa version où quand tu dis que c'est 60 kilomètres, les n00bs te disent "ah oui, juste un peu plus long que l'OCC, quoi".
C'est ça, juste un peu plus long.
Bref, l'an dernier, à la Crète du Joly, j'avais jeté un regard admiratif aux Robocops qui tournaient à gauche pour grimper cette arête de malade, cela après qu'on ait déjà grimpé 700 mètres depuis les Contamines.
Ici on tourne à gauche (photo Le Bagnard en 2014)
Et je m'étais dit : "l'an prochain, moi aussi je tourne à gauche". Ce qui explique que le 25 octobre 2014, à l'ouverture des inscriptions, je me sois rué dessus, ce qui n'a aucun intérêt, hormis d'avoir un joli numéro de dossard.
Jacques...et deux autres coureurs...étant aussi allumés que moi, j'ai donc le numéro 4....nous allons pouvoir nous la péter "3l33t" (« élite » chez les geeks).
J'ai vu large pour le week-end. La MH100 est cataloguée « objectif » dans ma tête, donc pour un objectif, il me faut du temps avant la course. Pouvoir être relax, pas stressé par l'heure, en gros me mettre dans la bulle. Du coup, j'arrive à St-Nicolas le jeudi soir, étant hébergé chez guillaumenbs (Guillaume et Cécile, super sympas, dans un chalet très agréable, un accueil chaleureux, je garde l'adresse !).
Du coup, je peux passer tout le vendredi à glander....enfin, presque, puisque je me fais des aller-retours à St-Nicolas où je croise Olivier et les équipes qui partent baliser. Et, du coup, d'ailleurs, je pars baliser le début de course avec dan60, Astrophytum, Alice et Sophie. Une bonne montée sous le cagnard jusqu'au Déchappieu (400D+, la première montée de la course) et une redescente en mode course et test du balisage et....en sandales..:-)
dan60 pendant le balisage
Sous le cagnard. Ce sera la constante de ce week-end. Canicule annoncée, dans les 33-34°C à St-Nicolas et donc très très chaud en altitude aussi, et même la nuit.
Du coup, Olivier et son équipe ont réduit le parcours en coupant une partie du Beaufortain (Rocher des Enclaves et Lac Noir) pour relier le Bolchu « directement » au ravito du Barrage de la Girotte, en zappant environ 7,513km et 401m de D+ (j'ai tout retracé sur Openrunner pour vérifier..:-)).
« Directement » : on en reparlera...:-)
En tout cas, j'ai estimé que cela fait économiser entre 1h30 et 2h. Du coup, le roadbook en 29h que j'avais concocté (en me basant sur le parcours de bottle l'an dernier, où il avait mis 28h34, et estimant mon niveau légèrement inférieur à celui de Christian)...ce roadbook passe à environ 27H/27h30.
Comme d'habitude, tout est préparé le plus à l'avance : sac à dos avec matériel obligatoire (2l eau mini, couv. survie, bas long -en fait un corsaire, toléré-, coupe-vent), sac de délestage avec un change complet, tout un tas de matos qui sera peut-être inutile (bâtons de rechange et même chaussures de rechange, qui sait ?).
Sac et sac de délectage prêts 3 jours à l'avance
Evidemment, la tenue est adaptée : débardeur, cycliste (pas short, pour les frottements de mes grosses cuisses l'une contre l'autre), indispensable casquette, qui va visiter tous les abreuvoirs à vaches du secteur. Et les Hoka Tor Speed aux pieds. Première course avec elles, chaussures bien adaptées aux terrains techniques où on utilise plus la marche, la marche rapide ou la course lente, qu'une course dynamique. C'est LE test pour elles avant l'Échappée Belle.
Logistique parfaite au départ : il faut dire que Guillaume et Cécile se sont mis en douze. Ils vont quand même gérer les trois départs successifs de leurs hôtes : zecrazytux et moi à 5h sur le 100, ringo73 sur le 60 et deux autres coureurs sur le 40. D'où trois « services » pour le petit déjeuner, plus le voiturage au départ (situé à 2km), c'est « Palace ».
Encore un immense merci à vous, vous le méritez et vous participez de génial élan de solidarité autour de cette course, dans ce village de St-Nicolas, quasiment entièrement mobilisé autour du « Mont Joly Ultra Tour » créé de toutes pièces par Olivier et sa magic team voici 7 ans.
Sur la ligne de départ, je retrouve de justesse ma soeur Andrée, Patrick et ma maman préférée qui ne rate évidemment pas une occasion de voir des montagnes tellement elle aime ça.
Un nid de kikous se constitue. Peu de photos seront prises, juste une avec l'Elite qui s'apprête à prendre le départ...:-)
Un petit rassemblement s'opère et je pars en même temps que Rayarun qui a pour objectif de suivre mon roadbook. Ça tombe bien, moi aussi. Yves_94 est proche de nous, aussi, venu sur cette MH en famille. De toute façon, il y a du kikou partout sur cette course avec plus de 20 kivaous enregistrés sur 220 partants. J'ai beaucoup de mal à me souvenir de qui j'ai croisé, d'ailleurs, l'association triple nom/pseudo/tête dans la Vraie Vie n'étant pas très simple...:-)
Bref, départ sage en milieu de peloton. Après les rituels 300 mètres tranquilles sur la route, la côte du Déchappieu commence. Comme je l'ai révisée la veille, je m'en rappelle chaque millimètre et je saoûle mes compagnons de course à propos de la qualité extraordinaire du balisage.
Départ sous la (presque) pleine lune
De même, la vanne à propos d'un éventuel sabotage volontaire du balisage, par mes soins, pour orienter tout le monde sur le mauvais chemin, puis gagner la course tout seul, circule dans le peloton....et, je me retrouverais presque à avoir un petit groupe à mes basques bien décidés à profiter du GPS intégré bubullien (non, je déconne, c'est juste ma mythomanie qui parle, là).
Par contre, moins drôle : les bâtons commencent à sortir des sacs...voire à se déplier...et à s'utiliser.
« ON RANGE LES BÂTONS » : une fois, deux fois, trois fois, que je braille ça.
Sur la Montagn'hard, le règlement interdit d'utiliser les bâtons sur les premiers 5,6km de la course, soit jusqu'au bas de la descente qui suit la première côte. Chacun est libre d'aimer ou pas l'usage des bâtons en course, mais le moindre respect pour les autres serait de RESPECTER CE FOUTU RÈGLEMENT.
Comme le rappelera plus tard Olivier, même quand on n'aime pas les règles, qu'on est « libre », les règles de la vie en communauté sont aussi de respecter les règles fixées collectivement, qu'on les apprécie ou pas. Alors, bon sang, rangez moi ces foutus bâtons.
Je ne suis malheureusement pas aussi mauvais coucheur et ne vais pas jusqu'à interpeler chaque utilisateur de bâtons. Je n'aime pas les altercations, ça risquerait rapidement d'y virer. Peut-être la prochaine fois serait-il bien que tous ceux qui adhèrent à cette vision passent leur temps à mettre la pression collective à ceux qui y dérogent.
Bref, ça me fout en boule.
Et quand le bubulle, il est en boule, il met une mine. Mes victimes sont deux utilisateurs (et une -trice) de pique-pique que je dépasse ostensiblement comme un gros porc, en marchant dans les bruyères sur le bord du mono-trace en grommelant façon Pervers Pépère et en réajustant ostensiblement les miens (de bâtons), qui sont glissés dans le sac.
La mega-mine, l'obus de 380, quoi. Et puis du coup, lancé et toujours en pétard, je continue...:-).
Je m'entends soudain interpelé : « eh Monsieur Bubulle, tu vas trop vite ». Je lance vite fait sans guère me retourner « eh, c'est que je me sens bien ». Oups, je viens de mettre un mega-vent à ejouvin que je n'ai même pas reconnu.
Bon, je n'oublie pas de boire, au fait : ça monte très raide et il ne fait pas se faire avoir dès le départ même s'il fait une température agréable. Ah, oui, mais MEEEERDE, j'ai beau tirer sur le tuyau de la poche à eau, rien de sort ! Bug de poche à eau : pas de test après le remplissage hier, l'erreur de débutant !
Heureusement j'ai les flasques, mais bon, je suis bon pour un démontage en règle du sac pour régler le bug.
Encore plus en rogne, le pépère. J'ai juste quand même la présence d'esprit de faire quelques photos du jour qui se lève sur le Mont-Blanc au Déchappieu avant de partir (TOUJOURS SANS BÂTONS, crisse d'hostie de ciboire) dans la descente.
« Les bras en avant, le corps perpendiculaire à la pente », les conseils du précieux PhilippeG-500etquelques aux 25 bosses reviennent. Même si ce n'est pas encore aussi aérien que lui (ou mon ami Fafa, excellent descendeur lui aussi), it is sending a lot of terrine (coucou Sophie).
À la traversée de la route, surprise, la famille est là et je peux taper un rab de « check » à ma maman de course.....
Et on continue à envoyer. Objectif : pouvoir m'arrêter en bas et dépanner la poche à eau en récupérant gants et bâtons.
Ce qui est prestement fait en passant la route des Contas (les ContaMINES, Andrée). Evidemment, en enfonçant le tuyau complètement dans son logement, ça va tout de suite mieux. Dépannage : 20 secondes.
Bâtons récupérés. Gants récupérés (car Monsieur court en gants blancs, question d'esthétique personnelle.....non, je déconne, c'est pour pas avoir bobo à mes mimines quand j'appuie sur les bâtons pour monter).
Ce qui est évidemment inutile pour...on va dire gentiment beaucoup de monde...dont l'utilisation des bâtons façon cannes de vieillards m'interpelle étrangement. Continuez à ne pas travailler la marche nordique, les enfants, ça me fait autant de places de gagnées.
Non, je déconne, alors je vous explique en 2/3 mots :
Avec ce type de technique (plus efficace que le planté simultané des deux bâtons, que je n'utilise que sur terrain très accidenté ou pente très forte), l'effort se répartit autant sur les bras que sur jambes et cuisses. D'ailleurs, à la fin d'une course comme la MH, j'ai parfois autant mal aux bras qu'aux jambes.
Voilà, vous savez tout de ce qui aide à vraiment « rentabiliser » vos investissements en Leki à 100 boules, à vous de jouer. Mais, si vous voulez, aussi, continuez à ne pas vous entraîner en marche nordique, ça me fait gagner des places..:-)
Bref, montée pacmanesque jusqu'à la traversée de la voie du TMB, suivi d'une descente philippienne sur la route 4x4 qui nous amène au ravito des Toilles (prononcer « Touailles »)
1h56 pour 2h20 sur le roadbook. 32ème (ça je ne le sais pas). Oups. T'as fait le con, Christian.
Bon, remplissage bidons, jambon, fromage dans les mains, je repars en 3 minutes et en marchant (ce qui est un zeugme) et avec la ferme intention de me calmer. Résolution : non, Christian, ce n'est pas grave si on te dépasse, arrête de courir après tout coureur qui est devant : si tu dépasses tout le monde, tu finis en tête et c'est pas ta place.
Un peu de papote que le chemin 4x4 avec un québécois que j'ai reconnu à la petite pointe d'accent qui lui reste. On cause de Montréal, de l'hiver, de choses et d'autres et ça fait passer le temps. Je cours peu, les autres si, je perds donc des places, logique.
Cela se stabilise dès que la pente s'accentue vers le Col de la Forclaz, puis le Prarion. Montée vers le Prarion où je vois revenir RayaRun qui m'apprend que ejouvin est...juste derrière.
Oups. Apprendre que j'étais devant Étienne me confirme un départ trop rapide..:-)
Bon, déjà, pour se ralentir, on admire le paysage, totalement fabuleux avec la vallée de Chamonix d'un côté, l'enfilade des Aiguilles de Chamonix, la Verte au fond, les Aiguilles Rouges à gauche, et en revenant vers la droite, Sa Majesté le Mont-Blanc puis tout à droite, le Mont Joly, notre cible pour cet après-midi.
(je sais, y'a pas tout ça sur la photo, mais il y a Étienne, ça compense)
Je confirme cela par un SMS : « Prarion avec Raya on est dingues paysage fabuleux ». On n'est pas dingues du paysage fabuleux (quoique) mais on est dingues d'être partis comme ça..:-)
Descente où Raya envoie bien. Nous la faisons en faisant le yoyo avec une jeune femme blonde à queue de cheval et son accompagnant que je vois depuis la voie du TMB. Je vais la voir plusieurs fois, ponctuant chacune de nos rencontres d'un petit « coucou ». Elle est annoncée 3ème ou 4ème féminine. A posteriori, elle s'appelle Julie, est Espoir et...abandonnera apparemment aux Contamines.
Je suis Raya jusqu'à Bionnassay, tant bien que mal, car il descend bien, l'animal et semble finalement peu préoccupé par le fait d'être parti autant comme un taré que moi. C'est là que j'apprends que j'étais 37ème au premier ravito (le live est imprécis). Re-oups.
3h57, 15 minutes d'avance. 58ème. Bon, déjà, c'est stabilisé, je suis donc dans le bon rythme désormais. En fait, je n'ai pas vu défiler autant de monde, mais j'ai du passer un poil plus de temps que les autres aux Toilles (les pointages sont en entrée de ravito sauf à Miage). Nous prenons un temps raisonnable : remplissage, un peu de picorage, un peu d'eau sur la tête et la casquette (je ne me rappelle pas de ruisseaux en montant au Tricot, donc attention) et c'est parti. Arrêt : 10 minutes.
J'ai convenu avec Raya qu'on montait chacun à son rythme et, en pratique, je prends progressivement le large. Je me sens bien, on est encore à l'ombre des montagnes et je peux faire fonctionner les pic-pics.
Le dépassement de quelques randonneurs....et coureurs ponctue le début de la montée. Un petit clin d'oeil au passage à la bifurcation de chemins où je suis passé à la fin de la TDS, pendant mon calvaire du Tricot vers Bellevue et « les putains de Zouches ».
Sortie de la forêt, finie la rigolade. Ce que je pressens arrive : le Tricot va être un cimetière à trailers, le 40 et le 60km le confirmeront. La pente de ce côté n'est pas violente, mais on est en plein cagnard et là, il est environ 10h du matin, ça commence à taper fort.
Y'a pas foule, hein, sur la Montagn'hard ?
Je n'en n'ai cure. Je suis super bien, je bois régulièrement (la bouche qui s'assèche est de temps en temps un petit rappel à l'ordre). J'envoie en régularité. C'est ma revanche sur ce terrain que j'ai tant galéré à descendre à la TDS, devant y marcher alors qu'il est si roulant.
Pas de SMS au Tricot, je crois, bien que mon « protocole SMS » soit désormais bien établi :
Avec ça, normalement, pas de risque de décharger le téléphone à rechercher des réseaux en permanence. Normalement.
Bref, Tricot. Descendre. Mode Phihi. J'ai pris le chrono en haut, je le prends en bas : 19 minutes. Bim. Dans la descente, on m'a annoncé 53ème (le gars avait l'air bien sûr de lui), j'ai doublé 3 personnes, donc je suis 50ème.
Miage, ravito génial. Encore peu de monde, les bénévoles aux petits soins. Je n'ai même pas à remplir mes flasques, ça se fait tout seul...:-)
Je décide de téléphoner à Élisabeth, c'est sa petite surprise du matin. Je crois que ça fait autant plaisir à l'un qu'à l'autre d'entendre la voix à l'autre bout, et, elle, elle peut mieux mesurer et entendre que je me sens bien, que je ne souffre pas trop de la chaleur pourtant écrasante et que je suis conscient d'être en avance, mais de ne pas prendre de risques.
6h06 pour 6h24 sur le roadbook. L'avance est à peu près constante. J'ai donc « envoyé » mais sans exagérer. 59ème à la sortie (seul pointage en sortie), je laisse donc 9 places sur le ravito, je sais que je traîne mais c'est peut-être la clé aujourd'hui (voire toujours). Arrêt : 14 minutes.
Je crains la remontée des Chalets du Truc, courte mais raide. J'ai raison. C'est beaucoup plus pénible que le Tricot, presque, et je vois qu'autour ça commence à être entamé (« autour » est vite dit, nous sommes très très espacés, déjà). Cela ne dure toutefois pas et la descente se fait bien, et largement à l'ombre de la forêt. Encore une pensée pour la TDS où j'emmenais tout un groupe, dans cette montée de piste de 4x4. Je gagne quelques places dans la descente (décidément, ça va devenir une habitude...serais-je un bon descendeur, désormais...ou bien tout juste acceptable, déjà ?).
Vue des Chalets du Truc sur le col de Miage avec l'Aiguille de Bionnassay et les Dômes de Miage.
La Frasse, pied de la descente et où on peut mentalement entendre sonner le glas de ceux qui vont se lancer à l'assaut de la Combe d'Armancette. Il est presque midi, la chaleur est à son comble, la boucherie va pouvoir commencer.
Déjà, avant ça, une maman au bord du chemin, Patrick qui m'attend au mini ravito en eau. Je m'arrête pour refaire le plein. Il faut avoir de l'eau fraiche pour démarrer cette ascension : Tré la Tête c'est loin.
Je découpe l'ascension en 6 parties pour qu'elle ait l'air plus courte..:-)
partie 1 : montée sur piste assez raide mais « MNisable ». Prend fin à une fontaine géniale avec une eau si fraîche qu'on voudrait y rester. Ne pas oublier un grand immense glou. Toute occasion de boire est bonne. Et la casquette, évidemment
partie 2 : traversée en forêt en pente assez douce jusq'au ruisseau où j'avais retrouvé Florent et Nini l'an dernier. Marcher/courir pour bien avancer
Et depuis cette forêt, qui voit-on ? Le Mont-Joly, évidemment.
partie 3 : les lacets de la Combe. Profiter, au début des lacets qui croisent le ruisseau de nombreuses fois. Ne pas hésiter à tremper la casquette chaque fois, c'est si bon. Au 1/3 de cette partie 3, le premier du 60 me dépasse
partie 4 : faux plat descendant après le haut de la combe. Attention, plus d'eau jusqu'à TLT. Le deuxième du 60 me dépasse, je lui indique que le premier m'a passé voici 21 minutes (j'avais regardé la montre dans ce but, je sais qu'ils aiment ça). Il me remercie et me dit que derrière « c'est pas loin ». En fait, il a tort (le 3ème arrivera juste après moi à TLT) mais tellement des coureurs de tête ont abandonné, aussi. Je fais tout ce faux plat avec un coureur en Salomon que je suivais de loin dans la combe.
partie 5 : remontée de 200D+ en plein cagnard, sans eau. Je passe le coureur en Salomon qui commence à prendre cher et....au détour d'un lacet, Jean-Mimi ! Je suis trop content de le voir. Il m'indique qu'il est monté aider Le Bagnard à Tré la Tête et y a même monté....du mojito !
C'est loin et haut, Tré la Tête !
partie 6 ou « à la poursuite du mojito » : la traversée finale jusqu'à Tré la Tête. Jean-Mi me dit que j'ai l'air bien et que j'avance bien. De sa part, c'est un compliment car lui aussi, souvent avance bien ! J'arrive à Tré la Tête en braillant « La Dodo lé la » (ce qui est faux vu que c'est de la Despé, mais c'est pas grave).
L'incroyable Jean-Mimi
Tré la Tête ou « Bagnard's Heaven ». Laurent entretient l'ambiance, accueille chacun avec un mot, une blague. Il rebooste les éclopés, chambre les trop sérieux, bref c'est la fête à Tré-la-Tête. Et la nouveauté de l'année, c'est le Mojito préparé avec les ingrédients montés par Jean-Mi.
Du coup, je m'attarde un peu plus que les 8 minutes prévues, tant pis...ça se regagnera dans la descente...ou pas.
Tré-la-Tête : 8h31 pour 8h50 sur le roadbook. 59ème à l'entrée, donc stable au classement et stable par rapport au roadbook. Je suis pile dans ce qui était prévu. Nickel. Arrêt : 9 minutes.
La descente est un peu délicate, mais je décide de m'y engager assez sérieusement. Objectif : ne pas me faire dépasser. Autre objectif : éviter gamelle ou entorse, évidemment. Cela marche plutôt bien, cette descente est longue, mais sans encombre.
Arrivé au Pont Romain, je décide de chercher le « Rocher de Sab ». J'en trouve un qui convient bien. Il paraît que ce n'est pas celui-là, mais moi je décide que si...:-).
J'ai aussi décidé de descendre la piste 4x4 en courant puis de passer en mode marche nordique dès le plat de ND de la Gorge atteint, je tiens donc ce que j'ai promis. C'est à mon avis la meilleure chose à faire car c'est une fournaise : on est souvent au soleil et, courir comme ça pour gagner à peine quelques minutes, c'est à mon sens idiot.
C'est donc parti pour 4 kilomètres de marche nordique qui seront agrémentés par la rencontre avec Zorglub74. Il a sillonné une grosse partie de la course, avec son appareil photo : de ND de la Gorge à Tré-la-Tête, puis redescendu, remonté aux Tappes, puis...carrément au Mont Joly. Essayez de vous imaginer le circuit..:-)
Je ne les vois pas passer, ces 4 kilomètres, c'est marrant. Je dépasse quelques concurrents qui marchent et je ne me fais passer que par un concurrent qui court....le 7ème du 60km. Que je vais d'ailleurs déposer sans pitié à l'entrée des Contas quand il repasse à la marche et que je le pile sans pitié, la preuve :
Surprise, ma soeur est là (d'où les photos). En fait, c'était dans leur roadbook (oui, je fais aussi les roadbooks suiveurs si vous voulez). Le speaker la prend d'ailleurs pour ma chérie courant à mes côtés et fait applaudir toute la place des Contamines. Trop sympa de passer ainsi alors qu'il y a encore peu de monde, c'est bien de ne pas être loin de la tête...:-)
Ravito des Contas, service Palace. « Je te remplis tes flasques si tu veux, je te mets quoi dedans » : c'est un bénévole qui me dit ça sans que je ne demande rien. Il s'excuserait presque, même, de ne pas arriver à ouvrir lesdites flasques. Bref, ce ravito, c'est « pose ton cul et fais toi servir », je n'en reviens pas de tant de prévenance.
Du coup, je profite de ma soeur Andrée, de ma maman de course (cf les autres compte-rendus pour suivre les aventures de ma maman de course) et j'apprends la mega perf du neveu Jonathan, qui fait 18ème de la Moins'Hard....et encore, parce qu'il s'est trompé à la fin et est remonté jusqu'à la bifurcation 100/60. Sinon, c'est 13ème qu'il aurait été !
Bref, Contas, 9h52 à l'entrée pour 10h10 sur le roadbook, 53ème. J'ai donc toujours mes 18 minutes d'avance....:-)...et j'ai carotté quelques places. Arrêt : 20 minutes. Exactement comme prévu.
Encore plus étonnant : je quitte les Contamines au bout de 10h12. *Exactement* à la minute près le temps au bout duquel je les quittais l'an dernier sur le 60km.
Mais, ce n'est pas le tout, il faut se lancer à l'assaut du Mont Joly. Il est 15 heures, c'est donc quasiment au pire cagnard que j'entame cela.
Dans la joie et la bonne humeur....
Au ralenti. Là, je vais bien bien bien moins vite que l'an dernier sur le 60. Malgré le boost donné par le ravito et le fait de voir la famille, je suis un peu écrasé par l'ampleur du mur.
Donc, bon, je décide de le prendre par étapes. D'abord le démarrage sur route, en plein soleil. Douuuuuuuucement. Puis l'entrée en forêt et la pente TRÈS raide. Deux concurrents me suivent à 100 mètres, ils resteront là toute cette partie là.
Et ça monte. Tranquillement. Moins météoritiquement que l'an dernier, mais ça monte. J'ai même un peu moins un coup de mou arrivé au Porcherey où je prends malgré tout le temps de profiter de l'abreuvoir pour me rafraîchir et partir à l'assaut du raidillon final qui amène à la crète et......à la moitié de cette ascension.
Bifurcation 60/100 atteinte en 1h43 pour 1h35 l'an dernier. La logique reste sauve et cela montre bien que je suis monté plus calmement. 11h56 pour 12h05 sur le roadbook, 47ème position. J'ai consommé un peu de mon avance, mais tout va bien et je n'ai strictement aucune hésitation : on tourne à gauche évidemment.
Et c'est chaud. Très chaud. J'ai rattrapé deux coureurs qui ont bien du mal. L'un s'arrête aux chalets au dessus de la bifurcation et me dit qu'il va faire le point pour savoir s'il continue. Je le trouve mal en point et ne suis pas convaincu mais il y a très largement le temps de faire un gros arrêt pour se refaire, puis repartir. L'autre s'arrête longuement pour s'alimenter, me dit-il.
C'est parti pour la montée à l'Épaule du Joly. Je dépasse finalement le point le plus éloigné où je connaisse le terrain : l'endroit où j'avais récupéré Raya l'an dernier. La crète monte fort mais régulièrement, en plein soleil. C'est dur, tout de même et je sens les forces faiblir. La tête est limite de tourner...je connais les symptômes : début d'hypoglycémie. Il faut s'arrêter et manger quelque chose, ça urge.
Ça tombe bien, il y a la cabane d'arrivée du télésiège qui fait un peu d'ombre, je vais pouvoir m'asseoir confortablement et prendre le temps de déguster deux "Pom'Potes" Optonia (excellent produit de chez D4, que je recommande) et deux barres. Cela en regardant passer 1 coureur (diable, je perds une place, tabernacle).
Tant qu'à faire, profitons de la vue !
Point trop traîner ne faut, il me reste la partie la plus difficile de l'ascension : les deux murs successifs de l'Épaule du Joly, puis le Joly lui-même. Et quels murs ! Un dédale de rochers, une pente à 50% voire plus, un balisage qui n'essaie pas de guider aux meilleurs passages (c'est impossible) mais se contente d'indiquer une ligne générale.
Le départ est violent, très violent, je suis totalement scotché. J'ai même des hauts le coeur et suis à deux doigts de revomir ce que je viens de manger (ce qui ne m'arrive jamais). Les bâtons sont inutiles, mais j'ai la flemme de les replier et les ranger, donc je galère un peu avec.
Je ne suis pas le seul : devant moi, cela galère bien et derrière, ce n'est pas mieux. Nous sommes littéralement collés à la pente et avançons comme des escargots : 18 minutes pour faire 400 mètres et monter de 200D+.
Un petit répit sur une crète débonnaire (où arrive un deuxième télésiège), puis c'est le sommet final du Joly : 220D+, 820m de distance et....20 minutes.
Bizzarement, j'arrive tout en haut presque en meilleur état qu'au début. Les Pom'Potes ont eu le temps de faire leur effet et je crois que la fierté d'avoir vaincu ces monstrueux 1400m de dénivelé y est pour quelque chose.
Il m'aura fallu 2h44 pour vaincre la Bête.
Je ne pense même pas à faire de photos, je veux déjà envoyer le SMS victorieux : « Joly 1 ». Déjà, y'a du réseau (c'est mieux que la Vanoise, ici....par contre pas d'excuse pour pleurer sur un rocher).
Par contre, hostie de ciboire : « batterie faible ». Putain de saloperie de smartphones où tu ne sais jamais ce qui bouffe la batterie ! J'étais bel et bien en mode « avion », pourtant et ne l'ai jamais quitté, hormis les moments où j'envoyais mes SMS. Je signale donc cela dans le SMS, façon « ne vous inquiétez pas si vous avez peu de news, maintenant » et je repars.
Il est 18 heures 10, 13h07 de course pour 12h58 prévues au roadbook : je suis passé du côté « en retard » car l'ascension, surtout la fin, a été très nettement plus difficile que ce que j'imaginais. Surtout, je me dis que la descente finale va être un calvaire total, mais je n'y suis pas encore, tant de choses peuvent se passer.
Il faut maintenant partir dans cette immense descente jusqu'aux Tappes : 1000D-. Un petit morceau pour commencer sur la crète, à redescendre le sommet, puis une deuxième bosse, bien accidentée, puis on finit par prendre un single qui va descendre dans les alpages de 2400m à 1500m. Une chemin à la pente assez régulière, mais très étroit et raviné, où la vigilance est de rigueur. Je l'attaque en marche rapide mais, assez vite, je passe en mode course car je me sens bien.
Et plus ça avance, plus je me sens bien. C'est là, LE moment d'euphorie que j'aime toujours retrouver sur une course, celui qui te fait voler, où on se sent invicible, où on sait qu'on va finir. Je profite.
Dans l'affaire, je passe d'ailleurs trois ou quatre coureurs dont, je crois chirov (dossard 134) avec qui je fais le yoyo depuis le début.
Au bas de la descente, je croise à nouveau Étienne « Zorglub74 » qui est tout bonnement en train de monter au Joly, dans son épopée. Il me fait des photos superbes et me confirme que j'ai l'air bien. Je lui confirme que je SUIS bien.
Hein, que je suis bien ?
Il me rappelle l'existence du « ravito sauvage Coca/eau » qui est visiblement traditionnel à cet endroit, organisé à sa propre initiative par un propriétaire de chalet de Colombaz. Je prends le temps de discuter un peu avec lui, c'est tellement simple et sympathique, ce type d'initiative....et tellement représentatif de ce qu'est cette Montagn'hard. Je ne connais pas ton prénom, mais je te kiffe, cher ami !
La descente sur Les Tappes se termine en récupérant au vol un coureur (marseillais ou proche, à son accent) qui vient tout simplement.....de passer une heure à changer la roue crevée du camping-car que sa femme a amené jusqu'ici. Assez surréaliste....et le gars n'a même pas l'air contrarié, il va raconter ça tout simplement, au ravito, comme si c'était juste une péripétie de course.
Le gros truc sournois, par contre, c'est le micro coup de cul avant les Tappes. Il y a juste 60D+ mais c'est très brutal après avoir autant déroulé. Je crois que Jacques m'a dit que c'est ce qui lui a achevé le moral.
Me voilà enfin aux Tappes, la mini base-vie de cette Montagn'hard, l'endroit où on récupère son sac de délestage, où on se prépare pour la nuit, où on change mentalement de monde mais où surtout il faut se refaire la cerise.
14h25 de course pour 14h17 prévues. En fait ma belle descente était "prévue" par le roadbook..:-). Je suis 43ème à l'entrée du ravito.
IL FAUT PASSER DU TEMPS AUX TAPPES. Si vous lisez ce CR pour préparer une future MH100, n'oubliez jamais cette suggestion. 30 minutes, 45, 1 heure, voire plus, n'hésitez pas ! Cet investissement sera rentable plus tard. Un peu comme Roselend sur la TDS ou Champex sur l'UTMB. Sauf que là, on est au maximum une petite dizaine en même temps, qu'il y a autant de bénévoles que de coureurs et qu'on est soignés comme des coqs en pâte.
C'est juste fabuleux comme ils sont ces bénévoles. En gros, on te dit (fort gentiment) « tu poses ton cul là, tu ne bouges pas et on s'occupe de toi ». Le sac de délestage arrive tout seul, tu as à peine le temps d'être assis qu'on te propose de remplir flasque et/ou poche à eau. On te répond « non non, aucun problème, c'est comme vous voulez » quand tu demandes si on peut mettre 1/2 coca 1/2 eau dans cette flasque mais que, attention, faut la remplir que aux 3/4 parce qu'elle fuit un peu.
Je me change. Totalement. Caleçon compris. Faut bien que les gentilles bénévoles aient au moins quelques compensations..:-)
C'est bon d'être sec et ne plus puer (enfin, plus trop).
J'explore bien le sac de délestage soigneusement organisé au départ. Tout ce qui est marqué "rechange" doit être utilisé....et l'est.
J'embarque la frontale de secours (eh oui, j'aime bien me rassurer). Je laisse les manchettes dans le sac, je pense ne pas en avoir besoin.....mais j'ai besoin d'être rassuré à les avoir. Je bois. Régulièrement pendant toute la pause. Je mange deux assiettes de soupe+pâtes. Je vire les lunettes de soleil, hésite à prendre celles de vue et vais les laisser. J'aurais en fait du les garder car je n'aurai plus besoin des lunettes de soleil (mais difficile de le savoir à l'avance) et je n'ai pas d'étui.
Je fais une dernière vérification de tout, je referme le sac de délestage. 32 minutes de pause. Efficacité totale pour un break parfait. A Roselend, dans l'horrible tente surchauffée, j'avais mis 50 minutes et j'avais mal re-rangé le sac.
Merci géant aux bénévoles et je fais la bise à 3 d'entre elles...:-)
Sortie des Tappes au bout de 15h03 pour 15h02 prévues. Qui dit mieux ?
Comment vais-je donc vous convaincre que je ne suis PAS un robot ?
Et c'est reparti, en mode « nuit », donc, même s'il est encore loin de faire nuit vu qu'il est 20h. On remonte un peu de piste de ski et je vois un coureur 200m devant moi qui continue à monter. Étrange, je ne me rappelais pas qu'on remontait après Les Tappes.
Effectivement, il a manqué une bifurcation à gauche qui envoie dans un petit single, bifurcation pourtant très bien balisée. Je l'appelle et le remets sur le bon chemin. Tu as de la chance, toi...:-)
Du coup, il va d'ailleurs me suivre toute la descente. Descente au début progressive : on est plus à flanc de vallée qu'en vraie descente, puis de plus en plus raide. De plus en plus raide est mon genou gauche aussi : une petite douleur s'installe sur l'extérieur, pas très handicapante, mais préoccupante : la blessure de la TDS (périostite ? fracture de fatigue ? on n'a jamais bien su) avait commencé comme cela.
La descente est assez rapide et, pile à l'heure annoncée, je débarque sur la route 200m avant ND de la Gorge.
Avez-vous noté le changement de tenue ?
J'avais dit 20h30 à ma soeur et il est pile 20h30. Patrick et Jonathan (qui vient de terminer 18ème du 40km) sont venus à ma rencontre sur le chemin et font la fin de la descente avec moi. Arrivé sur la route, je repasse en mode marche pour économiser et ma soeur nous rejoint.
Encore mieux, elle est au téléphone avec Elisabeth à qui je peux faire à nouveau un coucou (le coucou qui rebooste encore plus) et qui me raconte que le suivi live chauffe bien sur le forum.
Surprise supplémentaire : Elisabeth, qui chattait en même temps avec mon fils Jean-Baptiste m'indique qu'il attend depuis un moment pour appeler via Skype et....je me retrouve en ligne avec mon JB qui est, lui....à Montréal. Totalement décalée, cette conversation entre ND de la Gorge et le Mont Royal....ça va me doper pendant une bonne heure ensuite !
Piwet, JB
Et nous retrouvons aussi ma super maman pour le traditionnel « Bonne Nuit ». Je vous rassure, elle ne me raconte tout de même pas une histoire : manquerait plus que je m'endorme.
Tellement occupés à tout ça, nous avons failli louper le pointage de la BH de ND de la Gorge et un bénévole nous court après pour noter mon numéro.
ND de la Gorge : 15h31 pour 15h33 prévues. Robocop est toujours là.
Et c'est parti pour la longue montée vers le Col de la Fenêtre. Je me rappelle de 1000D+ à peu près constants. En fait, j'ai oublié qu'Olivier nous fait d'abord monter sur l'alpage de La Chenalettaz avant de redescendre en direction de Nant-Borrant, soit un petit rab de 100 à 200 D+.
Ça grimpe brutal illico
J'ai en point de mire le coureur que j'avais remis sur le bon chemion, qui m'a dépassé à ND de la Gorge, en courant un peu sur le plat. Nous allons nous suivre toute la montée, à distance plus ou moins grande, mais je vais faire tout le Col de la Fenêtre totalement seul.
La petite descente vers Nant-Borrant, pleine de racines et cailloux, me voit envoyer une petite pensée à Sab, qui avait eu un grand accès de désespoir à cet endroit pendant la TDS, en chutant 2 ou 3 fois....ce qui l'avait amenée sur Le Fameux Rocher, en attendant le Preux Chevalier Bert.
Un morceau de piste 4x4 me voit croiser quelques personnes qui prennent le frais en soirée devant leur chalet, puis nous partons dans les alpages. Je sors la frontale mais je ne l'allumerai que nettement plus tard, on y voit encore bien. J'ai l'impression d'avancer lentement, quoique très régulièrement. Le fait de ne rattraper personne et se voir rattrapé par personne empêche d'avoir un bon repère.
Les Aiguilles de la Pennaz, avec à gauche le Col du Bonhomme (spécial UTMB)
Je finis par allumer la frontale à 22h environ, au-dessus du hameau des Prés, vers 1900m d'altitude. Restent 300m à monter jusqu'à la brèche du Col, là-haut.
J'aperçois deux frontales ensemble au dessus du coureur que je suivais...et c'est à peu près tout.
C'est le lot de cette nuit de solitude, en pratique. L'ambiance est totalement différente de ce que j'ai connu sur la TDS où il y avait toujours une frontale pas bien loin. Là, et ce sera une constante en permanence, je ne vois personne, hormis aux ravitos.
Il est bien long, ce col de la Fenêtre et la fin n'est pas simple : un grand pierrier assez raide où, heureusement, le chemin est bien marqué. Je craignais un peu un balisage léger, ayant vu la taille assez faible des piquets. En pratique, il est excellent, on a toujours une balise en vue même si elles sont très espacées, et elle luisent bien à distance.
Je suis presque surpris d'arriver au col tout à coup, on le découvre vraiment à la dernière minute.
17h44 de course, pour 18h22 prévues. J'ai soudain 36 minutes d'avance mais comme je ne regarde jamais la montre, je ne le sais pas vraiment. En fait, je pense avoir surestimé le ralentissement dû à la fatigue et à la nuit, en préparant le roadbook. Une chose à se souvenir pour une autre fois.
Je ne traîne pas et pars dans la descente. Je sais qu'elle est courte mais, au début un peu technique. C'est ma première descente de nuit sur cette course, donc je suis prudent. Je mets la Stoots sur 200 lumen (je l'utilisais ici au minimum, à 50 lumen, bien suffisant pour monter) et je pars avec prudence, utilisant pour la première fois les bâtons en descente.
Au bout de 100-200m de dénivelé descendant, je reconnais la bifurcation vers le Col du Joly. Nous voici à nouveau sur le parcours de la TDS, à l'envers. Je reconnais le passage très acrobatique et raide que j'avais terminé épuisé lors de la TDS, m'obligeant à un arrêt de quelques minutes sur un rocher....où je m'étais mis à parler à....une vache.
Elles sont bien là, les vaches du Bolchu, je les entends : soit leurs cloches, soit les ruminements. Toujours assez particulier, comme ambiance.
L'ambiance, aussi, c'est le ravito du Bolchu. On voit de très loin la petite lumière de la tente mais, surtout, on entend quasiment depuis le col le barouf incroyable qu'y fait la jeune équipe de bénévoles : cloches, vuvuzelas, hurlements, ils vont passer la nuit à encourager les coureurs qui descendent.
En passant, j'ai rattrapé mes deux frontales ainsi que le coureur que je suivais de loin, celui qui m'avait dépassé à ND de la Gorge. Une jeune femme blonde est là en bagarre pour la 3ème place avec Agnès Bernard que j'ai aussi régulièrement croisée, habilée de bleu.
Je les dépasse et j'accélère de plus en plus sur le chemin de 4x4 final, boosté par les cris des bénévoles qui me voient arriver : c'est totalement extraordinaire d'arriver dans une ambiance pareille, merci à eux 1000 fois.
Immédiatement, je suis invité à entrer dans la tente, à m'installer et le ballet recommence : je n'ai toujours rien à faire, c'est encore un ravito 4 étoiles.
On discute de tout et de rien avec les bénévoles, je n'ai guère faim donc je me force à prendre un peu de jambon, mais c'est tout. Une soupe chaude fera forcément du bien et est facile à avaler et, évidemment, remplissage des flasques. C'est que la déshydratation guette toujours, même en pleine nuit, il faut être méfiant. Mon signal d'alerte, c'est la bouche qui devient sèche : je vais veiller à cela toute la nuit.
Autour, ça parle quand même d'abandon, de gros arrêt, de sieste. Visiblement, tout le monde n'est pas au mieux. D'ailleurs la jeune femme que j'ai dépassée semble avoir abandonné là.
Nosu parlons aussi de Luca avec les bénévoles. Il a fait l'unanimité, notre Luca, par sa gentillesse incroyable, sa simplicité, sa décontraction. Tout le monde l'adore...et a bien raison.
Mais, ce n'est pas le tout, il faut repartir. La responsable du ravito m'incite à repartir avec un autre coureur car le chemin à venir n'est quasiment pas tracé. Cependant, je ne suis honnêtement pas très chaud : j'aime bien ma solitude et je n'ai guère envie d'avoir d'« obligation » vis à vis d'un autre. De toute façon, le seul autre coureur présent souhaite faire une longue pause, donc je repars seul.
Passage au Bolchu en 18h en entrée, pour 18h47 prévues. Avance passée à 47 minutes. Je suis 43ème, toujours, comme aux Tappes.. Je suis resté 8 minutes.
On repart en direction du Col de la Gitte, mais le chemin est soudain abandonné pour aborder la partie qui coupe la grande boucle des Enclaves afin de raccourcir le parcours et ne pas prendre de risques pour les secours. Le chemin est par contre inexistant. Il a peut-être existé mais est désormais recouvert de bruyères par dessus des rochers.
Terrain très piégeux où il est impossible de courir bien que nous soyons en descente. Je reste donc très prudent. Personne devant, personne derrière...à ce qu'il semble.
Après une légère remontée, puis une descente toujours aussi acrobatique, semble-t-il le long d'un précipice peu engageant, on finit par atteindre ce que j'avais repéré sur la carte : « La Fenêtre ». C'est en fait un surprenant bâtiment en béton qui est un regard sur une conduite forcée amenant les eaux d'une vallée parallèle dans le Barrage de la Girotte.
Le chemin devient mieux marqué à cet endroit et je peux à nouveau courir. Cela tombe bien car j'ai la vague impression de deux frontales derrière qui se rapprochent. Je n'ai guère envie de lâcher du terrain, donc je me booste un peu pour avancer même si ponctuellement le genou gauche râle un peu.
Après quelques circonvolutions sur un chemin étrangement balisé (de gros points rouges sur les rochers en plus, bien sûr, du balisage de la course), j'aboutis sur une piste 4x4. Elle en a surpris beaucoup, qui l'ont trouvée longue, celle-là. Pour ma part, j'avais tout repéré...:-)...donc j'en connais la longueur et la configuration. Poussé par l'envie de ne pas me faire rattraper, je cours tout au long des 2 bons kilomètres de cette piste, qui finit par nous ramener au barrage.
Le tracé passe au pied du mur du barrage, impressionnant de nuit. Nous devons faire un petit aller-retour pour aller pointer au ravito qui est sur l'autre rive. Je croise Agnès Bernard et deux autres coureurs (Nicolas et Gaetan, je verrai cela plus tard) qui le quittent, passés 10 minutes avant.
Je suis le seul coureur au ravito, pour 4 bénévoles...:-). J'ai peu à y faire car peu de temps s'est écoulé depuis le Bolchu : le raccourci coupe entre 1h30 et 2h de course. Donc, nous discutons un peu (j'explique la Virée des Deux bois aux bénévoles, ils ne connaissaient pas) et je ne m'attarde pas.
19h21 de course pour 22h44 prévues. Si je décompte 2h pour les 7,5km économisés, cela fait désormais 1h23 d'avance sur le roadbook. Clairement, j'ai bien avancé sur cette section. Je suis resté 10 minutes au ravito. Bon, j'ai été un peu trop bavard...:-). Les bénévoles m'apprennent que le suis 41ème. Aucune idée où j'ai pu gagner ces deux places. Certainement des abandons au Bolchu.
En repartant, je crois mes deux frontales qui me suivaient. Clairement, ils n'étaient pas près de me rattraper.
Me voici désormais avec des coureurs 10 minutes devant et d'autres 10 minutes derrière. Quelle solitude !
La descente sur le ruisseau du Dorinet est tranquille. J'ai mal mémorisé si elle est longue ou courte, j'ai environ 200D- en tête et je me dis qu'ensuite il « reste une dernière montée », ce qui est techniquement à peu près vrai si ce n'est qu'il reste encore facilement 5 à 6 heures de course !
La descente se termine sur une route empierrée qui remonte vers les pistes de ski de Hauteluce-Col du Joly. Elle n'en finit pas cette route, avec une faible pente. J'y adopte la marche nordique la plus rapide possible, c'est simple et sans fatigue. Cela me surprend juste un peu car je pensais qu'on partait plus rapidement dré dans le pentu sur les pistes pour aller atteindre le Col du Joly et le ravito du Monument.
C'est en fait assez long, temps pendant lequel j'aperçois ponctuellement une frontale plus haut qui semble avancer à la même vitesse que moi.
Enfin, nous voilà sur les pistes. Je le regrette tout de suite. C'est pentu, très pentu. Il n'y a, de plus, pas vraiment de chemin marqué, donc c'est cahotique et de plus en plus fatigant. Dès que la pente s'accentue, j'ai du mal, je me sens à nouveau un peu scotché mais là, contrairement au Joly, c'est plutôt une fatigue générale et une lassitude qui me gagnent.
J'ai l'impression que le col (où la lumière de « Chez Gaston » brille et est visible de loin) ne se rapproche pas. Je cherche à distinguer le ravito du Monument, mais ne le vois pas. Là, clairement, j'en ai un peu marre.
Enfin, le col est atteint, on passe au large du bar et on voit la tente du Monument où je sais qu'Alice, Sophie et Daniel attendent les coureurs. Petite lumière faiblarde dans cette immensité, avec la menaçante Aiguille Croche au dessus. Je suis soulagé d'y arriver.
Un grand bonjour aux amis kikous en entrant, grand sourire et un coucou à Agnès, qui est arrivée il y a 4 minutes, toujours autant 3ème féminine.
Dan me trouve un air pas très en forme et me suggère de faire un somme. Je n'en n'ai aucune envie : je pense en fait que mes yeux un peu cernés l'ont trompé (je n'ai plus l'habitude d'être sans lunettes et j'écarquille beaucoup les yeux). Cela dit, quand je sors de la tente, ça fait un peu « nuit des morts vivants ».
Merci, Alice, pour cette photo qui va contribuer à convaincre tout mon entourage que je suis timbré !
Plus impressionnant que réel. En fait, je suis très motivé pour essayer de finir en moins de 25 heures. Dan m'a dit qu'il était 2h18 quand je suis arrivé. Cela fait 21h16 de course, pour 23h14 prévues (en retirant 2h). Donc 1h58 d'avance. J'ai encore gagné du temps ! Et je suis toujours 41ème. Arrêt au Monument : 13 minutes, plus long que prévu, là.
Les 25h c'est possible car je me souviens que 3h30 pour faire Monument-Arrivée c'est très raisonnable.
Je découpe mentalement cette section finale en 4 parties : - montée de l'Aiguille Croche - crète du Mont Joly - descente du Mont Joly et de l'Épaule (j'en fais une section à part car je m'attends à une grosse galère dans cette descente) - descente finale
Tout cela commence par un chemin assez roulant le long du téléski puis « les zigouigouis » (© Raya), les lacets sans fin de l'Aiguille. Très serrés, très pentus, elle est difficile cette montée. Je vois la frontale d'Agnès plus haut, je ne pense pas que je la rattraperai. Par contre, derrière, les deux frontales me semblent assez près. Ils n'ont pas du s'arrêter longtemps, eux. Et, si près de la fin, je commence à tenir à ma place...:-). Donc, je les garde au coin de l'oeil !
Et hop, tout d'un coup, sans prévenir, c'est fini, ça ne monte plus, je suis à l'Aiguille Croche. Dans ma tête, j'ai fini la dernière montée....funeste erreur !
Mais : « Putain d'Aiguille Croche » que je hurle, content d'avoir passé ce cap.
Je ne traîne guère et pars pour la descente et la crète.
La crète.
Je m'attendais à quelque chose d'impressionnant avec le vide pas loin à gauche et une bonne pente à droite. Ce n'est pas ça.
Sauf que pour moi, c'est tout moir
C'est un chemin avec le vide JUSTE à gauche. 200 ou 300 mètres de vide. Un faux pas, buter dans un caillou, partir vers l'avant et ce pourrait être le plongeon.
Je suis sujet au vertige. Beaucoup. Et soudain, je suis tétanisé, j'avance à petits pas, en respirant comme un phoque, c'est horrible. J'imagine le même passage de jour, je serais capable de me mettre à 4 pattes.
Cela n'est pas permanent, cette présence du vide, mais ça revient régulièrement, de temps en temps. Bien entendu, je ne cours pas. Trop peur. Je me traîne.
En plus, cela remonte parfois, puis redescend, puis remonte, puis redescend. C'est long, 4 kilomètres.
Putain de crète. Sauf que je ne suis censé hurler cela que lorsqu'elle sera finie. Et elle ne finit pas. Et dès que le vide se rapproche, je ralentis.
Je passe aussi mon temps à guetter derrière, tellement j'ai l'impression de traîner. Or, c'est devant que j'ai une surprise ; j'ai rattrapé Agnès. La pauvre a soudain beaucoup de mal à avancer en montée, ce qu'elle me confirme. « ça va, mais je suis super lente » qu'elle me dit. Effectivement, bien que j'avance lentement aussi, je la dépasse très vite. Me voilà 40ème.
Mais il reste contre une difficulté de taille : deux coups de cul montants très raides vers le Mont Joly et surtout les deux descentes horribles montées à l'aller. Les deux côtes ne posent pas trop de problèmes et, au sommet du Mont Joly, enfin je peux hurler « Putain de crète ».
Mont Joly 2, 23h34 pour 25h04 prévues. 1h30 d'avance. J'ai quand même perdu près d'une demi-heure sur la crète du fait de ma lenteur et de ma trouille. Note pour la prochaine fois : penser au paramètre « trouillomètre » dans Course Generator.
Un coup d'oeil à l'arrière me confirme qu'Agnès gère au mieux, mais lentement...
Par contre, il reste ces descentes.....en fait, c'est juste un calvaire. J'ai peur de manquer de lucidité et il fait encore bien sombre (le jour est juste en train de commencer à se lever), je suis extrêmement prudent, voire crispé sur les bâtons. Oubliées les leçons de Philippe, pas de corps à la perpendiculaire de la pente (ce qui voudrait dire presque horizontal !), pas de bras en arrière. Je serre les dents, les fesses, les mains sur la poignée des bâtons. Même les trucs qu'un homme ne serre normalement pas, je les serre.
Bref.
C'est long : 12 minutes pour chacune des deux bosses (je rappelle qu'elles font 800m et 400m de long et que ça *descend*).
Mais me voilà en bas (enfin, en bas du haut). FINIES LES GALÈRES. Je hurle : « Putain de Mont Joly, je t'ai eu ». C'est bon.
Y'a plus qu'à. Dévaler. J'ai mal partout, mais.....je vois trois frontales en haut de l'Épaule du Joly. Sûrement Agnès qui se fait rattraper par les deux gars qui suivent. Ah non, alors, ma quarantième place. Hors de question que vous me la carrotiez, les gars.
Donc, mal partout ou pas mal partout, pas de descente en marchant. En courant, de la même manière que je faisais courir Raya l'an dernier. D'ailleurs nous voilà au point où je l'avais récupéré. C'est bon, je suis en terrain connu désormais. La pente est raide, j'ai mal au genou, mais je cours, cours, cours, Forrest(ieri?).
Vroum, pointage express à la bifurcation. 24h13 pour 25h56. 1h43 d'avance, j'ai déjà gagné près d'un quart d'heure..:-)
Malheureusement, impossible de prévenir ma soeur et la famille que je vais arrive rà 6h du matin, le téléphone est définitivement HS. J'espère qu'ils auront suivi le live et pourront calculer l'heure d'arrivée.
La fin, c'est facile, je l'ai déjà faite deux fois l'an dernier, voire une troisième ce vendredi (en sandales), vous pensez donc si je connais par coeur. Je passe mon temps à me retourner. Comme s'il était humainement possible que, à la vitesse de timbré où je descends, les autres puissent me rattraper...:-). A posteriori j'en ris encore de cette obsession ridicule pour cette « place » de 40ème. Elle aura en tout cas été utile car je ne vois pas le temps passer. Même pas besoin de compter les numéros sur les poteaux de la piste bleue. Même pas de torrent d'injures à l'égard du télésiège « Chef-Lieu » qu'on voit descendre loin, loin, loin, en bas au village.
Je finis quand même par me raisonner : « eh, andouille, et si tu *profitais* un peu de cette arrivée ?» ». Il serait temps. Ce n'est quand même pas tous les jours qu'on finit un ultra pareil, ça vaut le coup de savourer.
Cela arrive tellement vite, en fait. Les traversées de route, une par une. Le passage dans le village, je voudrais qu'il dure des heures. Je voudrais pourvoir appeler Elisabeth (elle doit être réveillée, je suis sûr qu'elle a vu que je suis en avance) et faire l'arrivée avec elle. Je voudrais pouvoir voir Andrée, Patrick, Jonathan, maman à l'arrivée et autant en profiter que du départ. Je voudrais pouvoir partager cela avec mes amis qui courent en ce moment en Vanoise et avec qui j'ai tout préparé pour cette course. Ce sont nos offs (pas si) délirants (que ça) de mai qui m'ont amené là, c'est notre complicité partagée. Je retrouve dans cette fin de course toute l'intensité de l'arrivée du MMB ou de la TDS mais....j'ai beaucoup moins mal aux guibolles. :-)
Ça monte de partout pendant ces quelques dizaines de mètres, c'est une espèce de bouffée violente où on se sent à la fois invicible, accompli, fier, écrasé. Avec en même temps l'envie de foncer vers cette arche d'arrivée.....mais aussi que ça n'en finisse pas parce que c'est juste bon.
Mais les copains sont là, là-bas au bout de la ligne. Il est désert, ce village, mais, comme de tradition à la MH, il y a toujours quelqu'un et, pour les kikous, il y a toujours un kikou pour t'accueillir.
Je ne sais plus qui était là, c'est trop confus. Je revois Badgone qui me dit un si simple et si fort "Bravo l'ami". C'est de cela que je me souviens le plus, t'es un grand, Christian. Je revois Jean-Mi qui va une nouvelle fois m'apporter une binouze, mais aussi d'autres, je ne sais plus qui (dénoncez-vous dans les commentaires, je vous ajouterai : alors Cloclo, qui m'a d'ailleurs ensuite ramené au chalet, comme l'oublier). Je vois évidemment ce grand fou d'Olivier qui me vanne en me demandant pourquoi je n'ai pas mis 24 heures alors qu'il a raccourci le parcours exprès pour moi.
Je revois ceux qui ne sont pas là, mais qui sont là, dans mon coeur, parce qu'ils me permettent de faire des trucs pareils.
Ça y est, me voilà vidé, lessivé, explosé.
Du coup....eh bien j'oublie vraiment de partager cette arrivée avec Elisabeth, quel gros nul (alors en fait, si, on s'est téléphonés, elle vient de me le rappeler !). D'emprunter un téléphone, d'essayer d'extirper un dernier soupçon de batterie du mien (en fait, je crois envoyer un SMS « Finisher 25h » mais il ne partira jamais, c'est pire !). Je suis à l'Ouest et je ne me le pardonne encore pas. Je n'ai plus qu'une chose à faire : terminer l'Échappée Belle et que, celle-là, on en profite enfin, qu'elle soit à nous, rien qu'à nous, comme tant d'autres choses.
J'ai terminé la Montagn'hard 100 en moins de 25 heures.
J'ai terminé la Montagn'hard 100 en moins de 25 heures.
J'ai terminé la Montagn'hard 100 en moins de 25 heures.
Faut que je me le répète pour me rendre compte que, ce qui m'a semblé si naturel sur le coup, c'est un gros truc. Faut que je me le répète pour me dire que je peux en être fier et que la seule déception, c'est qu'il va commencer à être difficile de faire mieux. Je suis (presque) dans le premier tiers du classement d'un des ultras les plus difficiles de France. Je crois que les deux gros trailers burinés et velus du fameux dessin de « Des bosses et des bulles » vont pouvoir me dire que je fais maintenant un peu partie de leur monde (mais ce n'est pas pour autant que les poils me poussent sur le torse, pour la plus grande satisfaction de ma chérie).
Je suis de ce monde et je suis bien content d'en être.
Et ça va continuer toute la journée de ce dimanche, une fois que je me serai écroulé littéralement au chalet, pendant deux heures. Retourner accueillir les finishers, voir le bonheur d'Olivier et son équipe, voir une Françoise magnifique couper enfin cette ligne d'arrivée, voir zecrazytux en terminer avec une philosophie de course qui me plaît, voir Badgone râler parce que les neo-kikous ne viennent pas assez lui faire la bise (rappelez-vous, les neo-kikous, faut aller faire la bise à Badgone, il ne mord pas.....très loin de là). Voir ceux qui ont bâché accueillir avec un grand sourire ceux qui n'ont pas bâché. Voir tout ce monde partager une tartiflette que je ne vous dis même pas.
Voir la fierté dans les yeux de ma maman chérie. Et la même dans ceux de ma soeur. Et de Pat. Et du futur cador john_help qui me mettra bientôt minable sur les ultras.
Voir le Mont-Blanc qui....est beau.
Voir la Montagn'hard et.....non pas mourir, mais revenir.
L'an prochain, nous sommes là. Je la fais. En entier. Et ma chérie sera là, à l'arrivée.
Merci, Olivier.
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42 commentaires
Commentaire de Benman posté le 09-07-2015 à 23:07:13
eh, être le 1er à commenter, mérite bien qu'on lise un peu plus tard!
Commentaire de Benman posté le 13-07-2015 à 09:12:48
Bon, une fois tout lu, évidemment, l'admiration est le premier terme qui arrive à l'esprit. Ton habitude de tout planifier t'a permis ici de visuellement tout anticiper, y compris ce que les autres n'ont pas fait: le passage avant le barrage, totalement inédit. Ta grande force est là, car tu peux ensuite donner des raisons à ton mental de te suivre. Donc, un immense bravo, car ta gestion de course vire quasiment au professionnel, et la qualité de ton CR le prouve bien. Merci pour ce beau partage.
Commentaire de Benman posté le 09-07-2015 à 23:09:10
eh, être le 1er à commenter, mérite bien qu'on lise un peu plus tard!
Commentaire de Trixou posté le 09-07-2015 à 23:18:34
Deuz !!!
Commentaire de Xavhië posté le 09-07-2015 à 23:30:11
Un grand bravo à toi, belle aventure! Et un super CR...
Commentaire de RayaRun posté le 09-07-2015 à 23:57:26
Excellent WE que le WE dernier ! Combien de temps en 28h je me suis posé la question de savoir où tu étais, mais tu t es envolé et tu as cartonné ! Bravo ! Au moins continue tes roadbooks, je serai là pour les respecter , moi !
Bravo pour ton CR et bise à Elisabeth !
Commentaire de Trixou posté le 10-07-2015 à 00:06:32
Ca y est j'ai lu. En fait c'est facile la MH100 ! ( :-) comme tu dis )
Bravo pour ta course et pour ce CR, je m'associe par avance à tous les commentaires dithyrambiques qui vont suivre.
Commentaire de cloclo posté le 10-07-2015 à 00:11:40
Il est nul, ton CR, tu m'as même pas cité une fois, non mais allo quoi !
Bon, je ne suis pas rancunier, bravo l'ami ;-)
Commentaire de arnauddetroyes posté le 10-07-2015 à 00:30:14
c est du CR Bubullesque ,on s y croirait et rien de tel pour avoir envie de s y inscrire l année prochaine!
Je me demande toujours comment tu fais pour te souvenir d autant de détails c est impressionnant et puis "The course" ! Bravo Bubulle !
Commentaire de Bert' posté le 10-07-2015 à 00:34:08
D'abord un immense Bravo pour ta perf' !!
Tu peux être sacrément fier de toi :-)
Ensuite, bravo à toutes la famille d'avoir si bien accompagné ton exploit. Ça n'en rapporte que plus de saveur j'imagine.
Enfin, je découvre l'envers du décors, tandis que nous débattions sans cesse de l'interprétation des news :
. "Dingues" au Prarion ?
. "Low battery" au Joly ? => j'étais persuadé d'un coup de mou de ta part, vu ta vitesse et surtout l'impossibilité que le téléphone se soit déchargé en mode avion
. La pensée que nous étions en même temps en course dimanche matin à qq encablures, toi finissent ta MH, nous encore au début du TGV...
. Enfin les pronostics de ton heure d'arrivée... que je n'imaginais pas si tôt !
Bref, merci de nous avoir fait tout partager !
Commentaire de millénium posté le 10-07-2015 à 07:02:42
C'est malin ce CR.....on va être en retard au boulot ! Et les yeux qui piquent , les jambes qui brûlent.....C'est vraiment nul de nous infliger cela !
Bon , revenons au plan sportif.....tu m'épates je l'avoue. Non pas que je ne te croyais pas capable mais quelle détermination , quelle progression ! Respect mon ami.
Commentaire de Vik posté le 10-07-2015 à 07:39:00
Je suis plus fatigué d'avoir lu tes calculs de temps que d'avoir terminé doucement la MH ;-)
Bravo pour avoir réussi ce que tu cherchais sur cet évênement.
On se revoit fin août, pour parfaire ta coupe de cheveux et ta pousse de poils ;-)
Commentaire de Overnight posté le 10-07-2015 à 08:02:28
Ouch!! Bravo!!! Je mesure d autant mieux la performance que tu as mis moins de temps que moi pour rallier Miage lol!!! Alors que tavais 60kms et 5000 de dénivelé de + a faire.... c'est flying bubulle que je vais t appeler, le bubulle express, Bubulle de la montagne !! (Et je ne parle pas de ton TGV de neveu :) )
Un grand bravo! C'est toujours un plaisir de te lire! C'est sûr qu'il y a un petit coté robocop dans les écarts temps visé vs roadbook :D Mais cest surtout que tu maitrises ton sujet !
Superbe!
Commentaire de chirov posté le 10-07-2015 à 08:23:01
Bravo pour ta course Bubulle, j'ai été impressionné par ta régularité jusqu'à Les Tappes où je t'ai plus revu, et pour cause tu fini 1h devant moi :-) Chapeau.
J'ai adoré ton check-up au dernier refuge où on s'est croisé :
Eau - Check
Mangé - Check
Sac - Check
... - Check
=> Bah m*rde ! J'ai plus de raison de rester là, faut que je continue :-D
Commentaire de M_baton posté le 10-07-2015 à 08:29:29
Bravo! Félicitation! On en rediscute après l'Echappée Belle ... ;-)
Commentaire de philkikou posté le 10-07-2015 à 09:07:11
Quelle perf', progression , gestion,.. sur les photos t'as l'air affuté comme une lame fendant l'air..
Commentaire de Namtar posté le 10-07-2015 à 09:26:51
Félicitations pour ta course et merci pour ton récit !!
Commentaire de M_baton posté le 10-07-2015 à 09:32:24
Bravo! Félicitation! On en rediscute après l'Echappée Belle ... ;-)
Commentaire de philtraverses posté le 10-07-2015 à 10:41:43
Aussi régulier qu'une horloge suisse.Bravo pour ton résultat et merci pour ce récit précis et plein d'humour. Ca donne effectivement envie d'en être.
Commentaire de Tonton Traileur posté le 10-07-2015 à 11:22:42
ton récit tombe à pic, Christian: je cherchais de la lecture pour les transports, ce soir ... mais, est-ce normal que ça ait vidé mon imprimante ? ;-)
quelle aventure ! :-)
Commentaire de franck de Brignais posté le 10-07-2015 à 11:46:19
T'es un sacré champion Bubulle et une belle revanche, au passage du Mont Joly (cf l'année dernière...). Fin près pour cette coursette qu'est l'EB fin Août !! un peu de récup' tout de même !
Commentaire de float4x4 posté le 10-07-2015 à 13:42:02
Super récit et chrono au top, ça donne envie de se la faire cette course :)
Commentaire de Françoise 84 posté le 10-07-2015 à 15:41:55
Magnifique récit, merci à toi!!! Encore un grand bravo pour ta perf! Bisous et RV à l'Échappée Belle!
Commentaire de jepipote posté le 10-07-2015 à 17:30:29
félicitations pour cette montagn'hard rondement menée, mais pourquoi faire des roadbook si c'est pour pas les respecter ;) :)
Commentaire de Arclusaz posté le 10-07-2015 à 18:38:00
Bravo.
Commentaire de coco38 posté le 10-07-2015 à 18:46:12
Tout simplement magnifique et impressionnant. BRAVO !!!
Commentaire de Japhy posté le 11-07-2015 à 08:03:00
Il fallait bien un samedi matin pour s'attaquer à ce CR !
Bravo pour cette course mémorable, et ton courage y compris sur la crête, ça montre que les entraînements de bigorexiques :D, si on se fait pas mal, ça paye !
J'aimerais bien moi aussi que ma maman soit là aux courses parfois, ça ne s'est jamais fait, dommage....
Pour le planter de bâton, suis pas sûre d'avoir tout compris, mais j'ai fait quelques km avec des serre-file dimanche dernier, qui me disaient que le bâton ne devait jamais dépasser le tibia, donc certainement pas devant effectivement. Je ne suis pas sûre d'avoir tout compris non plus, c'était un enseignement théorique, nous n'avions de bâtons ni les uns ni les autres !
Bonne récup.
Commentaire de PhilippeG-638 posté le 11-07-2015 à 09:58:57
Génial à lire ton compte rendu bubulle! Comme un roman qui nous tient en haleine :)
Avec les photos on se rend encore mieux compte. Une magnifique épreuve qui donne envie d'y être pour partager d' aussi bons moments que ceux que tu as vécu. Félicitations pour ta course grâce à tes entraînements rondement menés!
Toujours de l'humour dans tes récits avec tes clins d'oeil (quand on oublie de se pencher en avant ça se gâte. ..;-)
Bonne recup avant ta suite @+
Commentaire de trailaulongcours posté le 11-07-2015 à 10:44:10
Tout comme Philippe. Un vrai roman. Tu es un grand traileur Bubulle. Tu fais de magnifiques courses mais plutôt que de laisser fuir les souvenirs aux oubliettes, tu les fais vivre grâce à de beaux récits comme celui-ci. Tu liras ça à tes arrières petits enfants dans 30 ans, l'hiver, au coin du feu. Pour ce qui est de ta gestion de course, rien à dire. On dirait que tu as fait ça toute ta vie....sauf pour le départ rapide, peut-être. En fait, tu fais partie du clubs des traileurs burinés par le soleil, tu as payé de cotisation annuelle le weekend dernier! Bravo mon gars!
Commentaire de trinouill posté le 11-07-2015 à 12:36:03
Un grand Bravo Christian
Belle perf qui me donne encore plus de revenir sur cette course en 2016 ;-)
Commentaire de Arcelle posté le 11-07-2015 à 15:09:39
Nan, mais bubulle, je devrais t'engueuler :
- il y a soudain plein de poussière devant les yeux
- je suis arrivée en retard en réunion hier matin à vouloir au moins finir la première étape
- j'ai raté ma station de métro à midi à cause de la deuxième
- je viens de passer une demi-heure à finir le roman en passant pour une asociale
mais non, finalement, je vais juste dire MERCI et BRAVO
Commentaire de Baboon posté le 12-07-2015 à 09:05:07
Bravo et Respect pour ta performance. Ce que tu as réalisé n'est vraiment pas à la portée de tout le monde. Et puis la préparation est monstrueuse, calcul des temps de passage, analyse et connaissance du terrain ... un véritable expert.
Merci pour ton récit. En plus de nous faire revivre ta course, tu nous offres un bon moment de lecture, tu nous mets l'eau à la bouche et bien que n'ayant pas le niveau d'une MH100, tu m'as donné envie de me mesurer à la MH40.
A bientôt sur un Off ou bien à la Virée des 2 Bois.
Commentaire de sabzaina posté le 12-07-2015 à 15:53:02
Moi aussi j'ai le regard qui se brouille à lire ce magnifique récit (ça fait quand même 3 jours que je suis dessus...)
J'aurais tellement aimé être à Saint Nicolas pour t'accueillir et te féliciter de vive voix
Tu as réalisé un exploit mais, en y réfléchissant, je ne suis même pas étonnée: ta ténacité, ton courage et ta motivation, je ne les ai jamais mis en doute alors c'est juste... logique d'en arriver là
Bravo mon ami :)
Commentaire de TomTrailRunner posté le 13-07-2015 à 13:27:22
Superbe récit : la partie solitude nocturne est pour moi la plus amblematique de la quintessence de ce genre de ballade
Respect mon ami
Commentaire de jano posté le 13-07-2015 à 14:26:22
Bravo pour ta course, de sa planification à son exécution, jusqu'au CR, toujours aussi riche d'enseignements.
On pourrait croire que l'aventure perd de son charme à tout prévoir mais je comprends tout à fait le bonheur de s'éclater dans le cadre d'un roadbook bien calculé où toutes les questions existentielles se sont posées en amont.
Faudra un jour que je fasse une course à laquelle tu participes car je me demande si tu ne pourrais pas être mon partenaire virtuel (oui, je sais, y'en a plus d'un qui s'y sont cassé les dents)
Commentaire de Vik posté le 13-07-2015 à 14:54:43
"je me demande si tu ne pourrais pas être mon partenaire virtuel"
Quelle déclaration ! :D
Commentaire de caro.s91 posté le 13-07-2015 à 16:45:09
Bubulle a tout préparé. Des road books aux petits oignons. le moindre caillou y est mentionné. Bubulle est présent en avance à St Nicolas. Le psychologique est soigné. La préparation physique n'a pas été négligée depuis des semaines, y compris la marche. C'est impeccable, imparable, même la canicule ne pourra pas venir à bout d'un Bubulle survolté.
Tout simplement BRAVO !
Bises,
Caro
Commentaire de Bérénice posté le 14-07-2015 à 10:38:23
Un grand bravo pour ta perf et pour le récit passionnant ! Quel boulot de s'entrainer et d'optimiser autant son cerveau pour tout noter, retenir chaque endroit, calculer... Un seul mot: SUPER !!!
Commentaire de Casidescôtes posté le 15-07-2015 à 13:30:01
Enormissime ton récit bubulle !!
Pour ma part j'ai pas encore osé franchir le pas des 100km.
Bravo pour ta perf monstrueuse aussi !!
Commentaire de Jam posté le 10-08-2015 à 13:05:26
M'a fallu un gros mois pour lire ton récit, na j'déconne, je l'ai juste vu très tard. Bon, rien de plus à rajouter à toutes ces éloges méritées. Félicitation. Et encore merci pour ce partage merveilleux. Malgré tout j'ai une petite question, tes Tor Speed, tu les as trouvées comment au final pour ce premier gros test live ?
Commentaire de bubulle posté le 10-08-2015 à 19:20:51
Impeccables, les Tor Speed. Tellement que je les utiliserai sans hésiter à l'Échappée Belle....
Commentaire de Fimbur posté le 16-08-2015 à 13:23:05
Bravo Bubulle,
quelle précision dans le road book
Bonne récup avant l'EB
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