L'auteur : aragorn23
La course : Le Grand Raid des Pyrénées
Date : 27/8/2010
Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)
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Distance : 160km
Objectif : Pas d'objectif
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Après la "Diagonale des Fous" 2009, un nouveau challenge pour 2010 : "Le Grand Raid des Pyrénées" version Ultra.
Un ultra Trail plus difficile que la "Diagonale des Fous" édition 2009 :Mon challenge, pour être finisher, sera de gagner 10 heures par rapport à ma Diagonale des Fous 2009 que j'ai bouclé en 60H40M.
J'ai entraîné dans cette aventure sans avoir à insister outre mesure :
Que du beau monde !!!
A l'origine tout le groupe était pré-inscrit sur l'UTMB (Ultra Trail du Mont Blanc) et la CCC (Courmayeur Champex Chamonix) mais le tirage au sort ne nous a pas été favorable et nous nous sommes rabattus sur le GRP : une chance pour nous vu le déroulement de l'édition 2010 de l'UTMB.
La préparation idéale pour ce genre d'épreuves est à base de randonnées avec des week-end chocs. Préparation que nous avons commençé au mois de Juin.
Les Pyrénnées, que nous avons la chance d'avoir à 2H de route, seront notre terrain de jeu avec la reconnaissance d'une partie du Grand Raid.
Lors de notre première sortie au Cagire (1912 m) nous nous retrouvons au milieu d'un orage de montagne très violent et nous sommes sauvés par un refuge. Lors du retour au point de départ Ali nous fait une belle chute. La préparation commence mal !!!
Notre deuxième sortie en montagne fut malheureusement fatale à notre Momo qui se fait une grosse entorse au genou droit lors de la descente du Crabère (2629 m). Elle doit finir les derniers 1000 m de descente avec un strap en s'appuyant sur ses bâtons.
Fini le Grand Raid pour elle. La préparation se présente vraiment mal !!!!
Pour notre troisième sortie : un week-end de reconnaissance du GRP avec au programme la montée du Pic de Midi de Bigorre (2877m) le samedi depuis Grip : 1800 m de D+.
L'observatoire du Pic du Midi en reconnaissance.
Le lendemain reconnaissance de la partie : refuge de Campana - Artigues. Une partie magnifique avec sa succession de lacs et une descente très technique au milieu des pierriers. Et comme lors des deux premières sorties une chute arrive : Maribel tombe et se fait un bel hématome au genou qui se traduira par un épanchement de Synovie.
Une idée du paysage qui nous attend lors du GRP.
Arrive ensuite les vacances, je pars de mon côté pour quinze jours à Chamonix en compagnie de Sonia pour "un stage" : randonnées, VTT, course à pied et natation pendant que les Lapins et Ali continuent le repérage du GRP et les sorties montagne.
J'aurai la chance pendant mon séjour à Chamonix de participer au Festival de Trail au Saisies ce qui m'a permis de faire
les 40 derniers km de reconnaissance de la TDS sous un temps apocalyptique en compagnie de Julien Chorrier, d'Antoine Guillon, de Renaud Rouanet, de Jean-Claude Banfi et d'autres trailers anonymes comme moi dont Vincnet qui terminera à une magnifique 11ème place au GRP.
Début Août, au retour des vacances nous faisons encore deux sorties :
Col de Portet : Les lapins, Marc (qui n'est pas inscrit au GRP mais qui participera de façon intensive à notre préparation), Patrick.
On espère un temps plus clément lors du GRP.
Entre ces deux sorties des séries de 30 X 30 me déclenchent une légère contracture aux ischios jambiers. Une riche idée de faire du 30X30 quinze jours avant un 160 Km et surtout très utile. Ali de son côté a des douleurs au dos.
Au début de la semaine du GRP l'état de santé et de préparation du groupe est très disparate :
Ali ne décidera que la veille de la course s'il prend le départ ou non.
Jeudi 26 Août 2010 :
Le matin du retrait des dossards, le jeudi pour les coureurs de l'Ultra, nous nous attelons aux derniers préparatifs :
Piton Textor, toujours à la pointe du progrès, nous sort ses dernières trouvailles :
Ses nouvelles chaussures de Trail : "Les Hoka Mafate" .
Sa nouvelle préparation enregétique : de la poudre blanche. Non ce n'est pas un produit
interdit mais de la Maltodextrine.
Banderole de bienvenue à Vielle Aure.
Le retrait des dossards.
Après un briefing où les organisateurs annoncent que la météo est bonne pendant les trois jours avec un bémol :
des rafales de vent jusqu'à 100 km qui risquent d'annuler la montée du Pic du Midi.
Discours de Mme La Maire de Vielle Aure.
Dernier repas, la veille au soir. Pierre un coureur du Sultanat d'Oman se joint à nous.
Quelques bières trônent sur la table.
Le podium féminin du Sultanat d'Oman 2009.
Vendredi 27 Août 2010 :
Réveil à 02H45 pour un départ à 05H00 du matin, le temps de se préparer et surtout de digérer notre petit déjeuner copieux.
Les températures ne sont pas trop fraîches : on peut s'habiller en court aussi bien pour le bas que pour le haut.
Aucune tension n'est visible pour les 5 coureurs de l'ultra.
Dans le sas l'attente du départ pour les coureurs.
Le départ de la course se fait lentement avec un départ en fin de peloton. Nous sommes 654 au départ et combien à l'arrivée ?
Il faut s'attendre à un pourcentage d'abandons autour entre 30 et 40 % (37 % en 2009).
Le premier km vers Vignec se fait sur route à une allure de footing.
Piton Textor part vite comme d'habitude.
Philippe, Sophie et moi restons groupés.
Après Vignec on attaque la première montée dans un chemin large pour une mise en jambes progressive.
Peu après Vignec Ali nous double en courant.
On rencontre des bouchons aux deux passages d'échelles.
Et au passage du ruisseau.
On rejoint la route d'Espiaube, les choses sérieuses vont commencer avec la piste des Mirabelles.
Sonia et Momo nous attendent à Espiaube. Elles nous indiquent que Piton Textor est à environ 5 minutes devant nous.
Elles montent ensuite au Col de Portet.
La première grosse difficulté du GRP : la piste rouge des Mirabelles avec ses trois rampaillons.
On commence à crever de chaud.
Dans la montée je dépasse Aurélien, un copain Toulousain, qui n'arrête pas d'enchaîner
les courses de toute nature : Marathons, 100 km , 24 H, Trails, Ultras.
Le jour se lève sur la piste.
Me sentant en jambes je distance Philippe et Sophie en comptant bien rattraper Piton Textor avant le col de Portet.
Philippe m'a répété à plusieurs reprises de faire ma course.
Vu qu'il s'est très peu préparé, je suis incapable de savoir jusqu'où il peut aller.
Avec son expérience de finisher de l'UTMB et d'autres Ultra on ne sait jamais.
Quant à Sophie c'est la première fois que je cours avec elle. Pour l'instant elle a le même rythme que Philippe.
Je connais nettement mieux mon Piton Textor et effectivement au sommet du deuxième raidillon je le distingue de loin.
Je le rattrape juste avant le tunnel.
Nous terminons ensemble l'ascension jusqu'au Col de Portet où nous retrouvons Momo et Sonia en compagnie d'Ali qui vient d'abandonner.
Très dur pour lui vu le temps consacré à son entraînement, son niveau atteint et son ambition sur le GRP mais une décision raisonnable.
Les prévisions pour monter la piste des Mirabelles sont d'1H17. Lors de la reconnaissance j'ai mis 55 minutes et là je viens de gagner encore 7 minutes.
On n'est malgré tout qu'au 12ème km. La route est encore très très longue !!!! Il ne s'agit pas de tout donner à la première montée.
Un vent violent souffle au col et pendant la descente vers le Restaurant je suis obligé de mettre la main sur mon tableau de prévisions qui ne tient que par un scratch. Nous arrivons au premier pointage : Le restaurant Merlans au km 13,2 à 07H43 pour une prévision à 08H23 : 40 minutes d'avance.
Pas plus de 10 minutes à chaque ravitaillement, le temps de remplir sa poche d'eau, de boire et de s'alimenter.
Cela permet de ne pas se refroidir et de gagner des minutes précieuses.
Restaurant Merlans : premier ravitaillement.
Nous rejoignons maintenant le GR10 en longeant le Téléski des Gentianes.
La montée n'est pas très longue.
Le téléski des Gentianes.
On suit le GR10 au dessus du Lac de l'Oule pour rejoindre les Lacs de Bastan.
On alterne course et marche rapide avec Piton Textor.
Quelques randonneurs venant à contre-sens doivent se demander quels sont ces fous qui courent
à 08H00 du matin ?
On croise aussi quelques pêcheurs.
On passe au bord de petits lacs.
Les lacs de Bastan.
Le refuge de Bastanet.
On s'attaque maintenant au col du Bastanet: 250 m de D+.
Je laisse Piton Textor dans la montée ne voulant pas perdre de temps par rapport à la barrière horaire d'Artigues.
La montée est raide.
Nous sommes maintenant à 2507 m d'altitude et 1300 m de dénivelé négatif nous attend jusqu'à Artigues.
Une succession de lacs se présente.
Les lacs de la Hourquette à 2410m.
Le refuge de Campana avec un point d'eau. Je ne m'arrête pas, ma poche de 2L
étant encore bien pleine.
A partir du refuge de Campana je rentre dans une partie déjà reconnue.
Le lac de Gréziolles.
Dans le descente je me fais doubler par un trailer qui me glisse "Kikourou ?".
Je lui répond par l'affirmative. Je lui demande son pseudo : "Coureurfou84".
Nous avons une petite discussion sur les trails de nos régions respectives et nous nous souhaitons
bonne chance pour la suite.
J'aurai l'occasion pendant le GRP de rencontrer deux autres Kikoureurs : l'Ourson et surtout
Ronald à plusieurs reprises.
Coureurfou84.
On longe le lac de Greziolles.
Réservoir des Laquets (2040 m).
La descente depuis le col de Bastanet jusqu'au réservoir des Laquets est très technique avec beaucoup de pierriers.
Elle devient ensuite plus roulante mais ce n'est pas toujours évident de doubler.
Certains trailers s'écartent pour laisser passer mais je me retrouve derrière un trailer pendant plusieurs minutes en essayant
de trouver le moment opportun pour le doubler sans prendre trop de risques.
Un peu avant l'arrivée sur Artigues nous avons l'immense privilège d'apercevoir au loin le Pic du Midi.
Et dire qu'il faut monter là haut. Il y a de quoi se démoraliser !
Le pic du Midi au loin.
Chemin en arrivant sur Artigues.
La cascade du Garret.
Je préviens Sonia de mon arrivée imminente à Artigues. Elle attend un peu avant le ravitaillement
afin de nous prendre en photo.
Elle a pu ainsi voir passer Jean-Pierre finisher des deux premières éditions, qui nous a fait
une présentation du parcours début juillet, et Pierre.
Jean-Pierre, kikoureur lui aussi connu sous le pseudo de JPV.
Pierre.
J'arrive à Artigues à 11H08 avec 1H22 d'avance sur la barrière horaire pour une prévision à 11H27.
Remplissage de la poche d'eau, ravitaillement solide : jambon, fromage, chocolat, tuc et liquide : Coca Cola, boisson gazeuse et
l'indispensable soupe. Je demande à Sonia de me masser les Ischios Jambiers, ma contracture s'étant réveillée par moments dans la descente.
Sonia m'indique que Piton Textor, Philippe et Sophie arrivent ensemble et qu'ils ne sont pas très loin.
Je les attend. Ils arrivent 15 minutes derrière moi.
Piton, Sophie et Philippe arrivent à Artigues.
L'équipe est reconstituée.
Nous repartons d'Artigues vers midi pour la deuxième grosse ascension : le col de Sencours
et surtout le Pic du Midi : 1680 m de D+ avec une barrière horaire au deuxième passage
du col de Sencours à 17H30.
Nous avons une demi-heure d'avance et d'après les prévisions actualisées nous devrions avoir plus 1H30 d'avance à la prochaine barrière horaire.
A surveiller de près.
On quitte Artigues pour rejoindre et traverser la route du Tourmalet.
Sur la route nos supporters nous attendent et nous encouragent : Momo, Ali, Pascale, Les Lapins.
Nous attaquons ensuite le chemin du col de Sencours, il commence à faire très chaud.
Dès le début de la montée le groupe éclate, moi devant ensuite Philippe, Sophie et enfin Piton Textor.
Nous traversons un ruisseau et en profitons pour nous rafraîchir et mouiller notre casquette.
La montée est longue mais pas trop raide. Le brouillard recouvre petit à petit le Pic du Midi.
La dernière partie avant le col de Sencours est plus pentue, il n'y a plus de névé contrairement à notre reconnaissance de la mi-juillet.
Je garde le contact visuel avec Philippe et Sophie.
Col de Sencours et ancien Hôtel du Pic du Midi, en haut à droite.
Arrivé au Col de Sencours je rempli ma poche à eau, part au ravitaillement solide qui se trouve dans des ruines
juste à côté et me prépare à attaquer la montée vers le Pic du Midi : 500 m de D+ sur 3,3 km.
Pic du midi.
De plus l'altitude est là : on est au dessus de 2600m.
Avant de démarrer, je préviens Sonia qui se trouve déjà au sommet grâce au téléphérique et j'attends Philippe et Sophie qui sont juste derrière moi.
Col de Sencours et lac d'Oncet vu du téléphérique avec la piste qui monte vers l'observatoire.
La montée vers l'observatoire avec ses 10 lacets.
Les trailers pointent à l'observatoire et repartent pour la descente.
JP Vergne au pic du midi 2 heures avant nous : une photo qui ferait bien la couverture d'Esprit Trail.
Sophie et Philippe me rejoignent pour attaquer la montée du pic du midi.
Une des particularités de cette montée est que que l'on croise les trailers qui re-descendent du Pic du Midi. Pour le moral c'est moyen.
L'esprit Trail est présent et chaque coureur que nous croisons nous encourage.
Il faut se dire qu'à notre tour nous descendrons et croiserons des trailers en pleine ascension.
La montée sur la piste se passe bien. Philippe et Sophie sont en forme et pour ma part je commence à sentir un petit coup de moins bien.
Nous attaquons le dernière partie, la plus difficile. Philippe prend les devants, je suis péniblement à quelques dizaines de mètres en comptant les lacets : 10 au total. Juste avant l'arrivée on doit passer sous les rails du funiculaire. Un bel exercice de souplesse avec le sac à dos et la fatigue. On redoute en faisant cet effort d'attraper une crampe.
Philippe arrive le premier sous les encouragements de Sonia, j'arrive ensuite suivi de près par Sophie.
Nous allons effectuer notre pointage et nous constatons qu'il n'y a aucun ravitaillement : ni liquide, ni solide.
Arrivée au sommet à 15H12 pour une prévision à 15H18. Tout va bien.
Mon arrivée au pic du midi. On sent une certaine fatigue.
Sophie est nettement plus souriante.
Une photo de groupe et on repart vers le col de Sencours.
En descendant on croise, en l'encourageant Piton Textor, qui en termine avec sa montée.
La descente du Pic du Midi se fait en courant doucement au début, vu les cailloux, et très rapidement une fois la piste atteinte.
Ce qui nous permet d'arriver au Col de Sencours avec de la marge pour faire le plein de ravitaillement :
nous attaquons en effet une portion de 20 km en complète autonomie.
Au col de Sencours, je croise Aurélien qui abandonne. Il en a marre des cailloux et n'est pas monté au Pic du Midi.
Il a raison de ne pas trop puiser dans ses réserves son programme de septembre étant chargé
avec le marathon du Médoc et les 100 km de Millau. Deux courses qu'il terminera.
Arrivés au Col, nous apprenons que plus aucune autorisation de montée n'est donnée et qu'il était possible de ne pas y monter
moyennant une pénalité de 3 Heures.
Surprenant ! Quel est l'intérêt de faire le GRP sans le clou du spectacle.
Après une bonne pose au ravitaillement nous partons vers le lac Bleu. Le brouillard se lève.
Juste avant la descente vers le lac d'Oncet on tombe sur nos supporters qui nous encouragent comme jamais.
Cela nous fait un bien fou avant d'attaquer ces 20 km sans ravitaillement.
Pascale, les lapins et Ali. Momo n'est pas loin.
Sophie et Philippe se couvrent.
Cette partie de parcours je l'ai reconnue en juillet et je trace sans me poser trop de questions
surtout que les rubalises sont toujours présentes.
Suite à la reconnaissance j'avais indiqué à Philippe que pour aller au lac Bleu on devait emprunter un chemin étroit en balcon avec
une pente quelque peu vertigineuse sur la gauche.
J'étais surpris que le GRP passe par cet endroit.
Je commence à emprunter cette portion lorsque je me fais interpeller par mes compagnons m'indiquant que je me suis trompé et que la rubalise part de l'autre côté.
Sans me poser plus de questions je fais demi-tour et je les suis. Effectivement il n'y a plus de balisage sur ma portion de chemin et elle est bien présente de l'autre côté.
Nous faisons à peine dix mètres qu'un bénévole nous interpelle et nous indique que nous nous sommes trompés.
La signalisation que nous suivons est celle du 80 km. Nous pouvons néanmoins rejoindre le col d'Aoube en prenant le chemin en balcon.
Nous en avons environ pour 45 minutes avant de rejoindre le chemin du GRP.
La nouvelle ne nous réjouis pas des masses bien au contraire. Nous sommes descendus trop bas et avons raté la bifurcation du col de la Bonida.
Nous perdons du temps : environ 45 minutes, de l'énergie, du ravitaillement sur la partie la plus longue en autonomie complète et nous sommes bons pour flirter avec la barrière horaire d'Hautacam que nous devons rallier avant 22H00.
Je me félicite intérieurement de me perdre sur une partie que j'ai reconnue mais visiblement mal : une mauvaise lecture du Road Book.
Nous nous retrouvons à 6 dans la même galère.
Tout en prenant le chemin qui doit nous ramener vers le col d'Aoube on analyse notre erreur et nous en déduisons que nous n'avons pas vu le changement de direction à cause du brouillard.
Les consignes en plus sont clairs : balisage tous les 30 m et si on ne voit pas de balisage pendant plusieurs centaines de mètres on peut faire demi-tour.
Ce qui n'était pas notre cas.
L'organisation, lors du briefing n'a pas du tout évoqué ce croisement entre le 160 et le 80 et vu le brouillard, n'a pas posté un bénévole pour aiguiller les coureurs.
On décide de prévenir le PC Course pour expliquer notre problème et leur demander de nous accorder une marge supplémentaire de 45 minutes.
La chance étant avec nous, nous sommes sur une des rares portions où le téléphone ne passe pas.
Ne désespérant pas nous nous lançons à l'assaut du col d'Aoube afin de rattraper le temps perdu.
Lors de la reconnaissance je me rappelle que cette partie n'est pas vraiment simple avec cette portion étroite, un peu de gaz et ensuite une belle montée vers le col que nous n'avions pas atteint par manque d'eau et par fatigue.
Nous menons bon train avec Philippe et Sophie et nos efforts sont récompensés en rejoignant le chemin, les balises de l'Ultra et quelques coureurs qui nous confirment que nous sommes bien sur le bon chemin.
Il nous reste plus qu'à ne pas nous faire attraper par la barrière horaire.
On attaque le col d'Aoube : une belle grimpette au milieu des pierres, puis un chemin relativement roulant et peu escarpé qui nous mène vers le lac bleu.
Sur cette partie c'est Sophie qui est la plus en forme. Elle mène le train devant moi Philippe fermant la marche.
Il commence à avoir des douleurs au genou. Au col d'Aoube nous avons environ 1H de retard sur nos prévisions.
Le col d'Aoube.
Montée du col d'Aoube.
Philippe après le Col d'Aoube.
Sophie.
Suivez moi, c'est par là.
Un des nombreux lac avant le lac Bleu.
Après une belle descente nous arrivons enfin en vue du Lac Bleu.
Lac bleu que l'on doit contourner par la gauche.
En regardant de plus près les prévisions je me rend compte que Piton Textor, qui a rectifié mon tableau, n'a pas intégré un certain nombre de paramètres.
Malheureusement je n'avais pas avec moi mon tableau qui était plus pessimiste et donc plus réaliste faute d'une impression à moitié réussie et donc à moitié ratée.
Pour une fois que Piton Textor s'intéresse au parcours et aux prévisions de temps de passage !!!
Dire que dans nos prévisions nous devions arriver à Villelongue à 21H00 on va être loin du compte.
C'est comme l'arrivée à Cilaos à 18H00 à la Réunion !!!
J'aurai du regarder plus attentivement son tableau qui n'intègre pas la difficulté du terrain et qui ne tient compte que de la différence d'altitude entre deux points sans savoir si pour aller entre ces deux points on n'emprunte pas de la descente et aussi de la montée.
Cela ajoute un peu de sel à mon énervement. Résultat on ne sais pas vraiment où on en est : à part le kilométrage, le temps restant et les différences d'altitude entre les points : ce qui n'est déjà pas si mal.
On arrive à un croisement. Je me doute bien que l'on va partir à gauche côté ascension.
En effet nous attaquons le Col de Bareilles.
Un col qui ne va pas tarder à se faire un nom d'après moi, tout comme le Grand Col Ferret sur l'UTMB.
Dans la montée nous croisons un coureur qui n'est pas bien du tout. Il est en pleine crise d'hypoglicémie.
Il ne veut pas le reconnaître. Il nous dit n'avoir pratiquement jamais abandonné.
On insiste fortement pour qu'il se ravitaille et nous continuons l'ascension. Arrivé enfin au sommet une belle descente
d'environ 600 m nous entraîne vers le Lac d'Ourrec.
Me trouvant dans mon élément : une descente relativement roulante, je laisse Sophie et Philippe
avec l'espoir de rejoindre Hautacam le plus vite possible afin de contacter le PC course et
d'essayer de récupérer les 45 minutes perdues.
Sophie et Philippe qui en terminent avec le col de Bareilles.
Lac d'Ourrec.
Encore une montée assez raide de 200 m pour atteindre la Hourquette d'Ouscouaou et un chemin enfin roulant
pour rejoindre la station d'Hautacam.
J'ai perdu de vue Sophie et Philippe depuis la descente du col de Bareilles et je marche et court
à un bon rythme qui me permet d'atteindre le sommet de la station d'Hautacam à 20H50
avec 1H10 d'avance sur la barrière horaire.
Juste avant la ravitaillement nous avons droit à des escaliers : inévitable dans un trail.
Escaliers d'Hautacam.
J'arrive au ravitaillement et signale au pointage ce qui nous est arrivé et s'il n'est pas possible de nous octroyer 45 minutes.
Le préposé au pointage m'indique qu'il ne peut rien faire et qu'il faut s'adresser au PC course.
Je me fais bousculer par un coureur en me dirigeant vers le ravitaillement,
je me retourne vers lui et me rend compte qu'il en bouscule d'autres pour sortir en catastrophe et se libérer l'estomac.
Bienvenu dans le monde de l'Ultra !!!
Je me ravitaille malgré tout , rempli ma poche à eau et ressort du local.
Station de ski d'Hautacam.
Je demande à Sonia, qui n'avait pas prévue de venir à Cauterets de m'y retrouver le lendemain matin vers 06H00 - 06H30 pour dormir dans la voiture. Je m'élance à 23H34 dans cette troisième grosse montée. Le début pour rejoindre Pierrefite est relativement plat à part une montée courte et raide pour éviter la route. C'est certainement pour ne pas s'endormir. Après Pierrefitte je fais quelques mètres avec un trailer qui avait été arrêté en 2009 à Villelongue suite au mauvais temps en montagne. Les conditions météo étant relativement clémentes il compte bien arriver au bout pour cette édition. La montée n'est pas trop raide et le début se passe sur une route.
Au fur et à mesure de la montée le froid commence à nous gagner et je finis par mettre mon vêtement imperméable et coupe vent.
Nous arrivons dans les alpages et devons zigzaguer entre les bouses de vaches.
Le ravitaillement du Turon de Bene se présente enfin. Il est 02H30 du matin, nous sommes à 1549 m d'altitude. Je viens de gravir de nuit 1045 m sur 11 km en 3 heures. La fatigue commence à se faire sentir. La soupe est la bienvenue. Je me ravitaille bien et repart à l'assaut des 600 derniers mètres de D+ sur 6 km. Le départ du ravitaillement est difficile à cause du froid. Le terrain devient beaucoup plus difficile que la première partie de l'ascension et je sens la fatigue qui pèse de plus en plus sur mes épaules. De nombreux concurrents me dépassent mais je n'arrive pas à accrocher le moindre wagon. Il est environ trois heurs du matin et je sors mon joker : mon lecteur MP3 avec une sélection de musiques spécial trail pour me booster au cas où. A l'écoute de Led Zeppelin et de Muse j'oublie petit à petit la fatigue et ce d'autant plus que le col de Contente se profile. Pendant la montée on a pu apercevoir au loin l'éclairage d'une grande ville : Tarbes ou Lourdes certainement.
Au sommet on bascule côté Cauterets dont on aperçoit les lumières au loin plus bas. C'est un magnifique spectacle. Le chemin de la descente n'est pas trop technique et je me retrouve dans mon élément : une descente roulante de nuit. La fatigue est derrière moi et je me mets à courir.
Je double beaucoup de trailers qui m'avaient certainement doublé dans la montée.
On traverse quelques passages boueux pas trop longs où j'ai l'occasion de bien me salir les pieds et les chaussures. Je regrette de ne pas avoir pris mes guêtres avec moi. Elles auraient aussi servi pour les petits cailloux. L'arrivée sur Cauteret est assez longue avec des allers retours au dessus de la ville et sa traversée pour rejoindre le ravitaillement.
06H37 je pointe. Dans les prévisions malgré ma montée difficile au col de Contente.
Arrivée sur Cauterets.
Je retrouve Sonia qui m'annonce que Piton Textor a abandonné à Hautacam et qu'il est rentré en navette sur Vielle Aure avec Philippe.
Sophie est toujours en course. Elle est partie de Villelongue à 00H27 avec un groupe : 3 minutes avant la barrière horaire.
Ravitaillement à Cauterets.
Sophie au ravitaillement de Villelongue.
Je me ravitaille, dort 20 minutes dans la voiture, garée en face du ravitaillement et repart pour l'étape suivante vers 07H30.
Je tiens à garder cette marge d'environ 1 heure.
Départ de Cauterets.
A l'assaut du col de Riou.
Etape suivante : la station de ski de Luz Ardiden par le col de Riou : 1000 m de D+. Le chemin, en fait, le GR10 est large, agréable et peu pentu. Un régal au petit matin. Je suis fatigué, ma sieste n'étant visiblement pas assez longue. Je croise un coureur encore plus atteint que moi.
On s'encourage mutuellement. La montée au Col de Riou est très belle.
J'arrive au sommet et bascule côté station de ski de Luz Ardiden. Ravitaillement à la station.
Accès du col par une large piste. Arrivée au pointage à 10H33 pour une barrière à 12H30.
Deux heures d'avance, je peux respirer un peu plus.
Panneau du col de Riou par le GR10.
Grange dans la montée du col de Riou.
Pendant ce temps là Sophie est arrivée à Cauterets à 08H15 : 15 minutes avant la barrière horaire
et est repartie après un bref ravitaillement à l'assaut du Col de Riou.
Sophie à Cauterets avec Vedran un coureur Croate.
La montée du col de Riou dans la brume.
La station de Luz-Ardiden.
Je profite de mon avance pour bien me ravitailler et me détendre.
J'apprends par la femme d'un trailer, qui lui fait l'assistance, que l'UTMB a été arrêté
après 50 km de course suite à une coulée de boue et à du débalisage sauvage.
Dans un premier temps je suis bien content d'avoir été recalé à l'UTMB et de me trouver sur le GRP,
Je regrette ensuite cette situation pour tous les trailers présents à Chamonix et qui ont du s'arrêter.
Je repars pour Luz Saint-Sauveur, étape suivante, avec dans l'idée d'attendre Sophie à la deuxième base de vie.
Le chemin pour rejoindre Luz Sain-Sauveur est bien plus rude que je me l'imaginais.
Un chemin avec de l'herbe tassée, en dévers, avec des arbres et des branches à hauteur d'homme.
Il faut baisser la tête pour faire attention aux pieds et lever la tête pour ne pas se prendre une branche en plein visage.
L'exercice est de plus assez long : il faut dévaler de 1000 m.
Heureusement que vers la fin c'est bien plus roulant.
Après environ 2 heures de course j'arrive enfin à Luz Saint-Sauveur à 13H08.
Et comme à Cauterets il faut traverser une grande partie de la ville après avoir longé une cascade et descendu quelques marches d'escalier.
Arrivé au ravitaillement, je retrouve Sonia et indique aux pointeurs que cette partie est vraiment pénible et casse-gueule.
Un autre trailer acquiesse. Sonia me signale que je suis un des rares coureurs à toujours râler. Je lui dit que c'est mon carburant pour avancer.
Je demande des nouvelles des lapins et de Pascale. Elle me signale qu'ils se sont perdus vers Artigues et qu'ils ont ensuite retrouver Pascale.
Je retrouve des bénévoles qui étaient à Villelongue. Sonia s'est intégrée à leur équipe et rends de nombreux services.
Je me ravitaille copieusement et en attendant Sophie je me fais ausculter et soigner les pieds par une podologue très sympathique qui nous donne de bons conseils.
Rien de bien grave mais quelques ampoules dont un certain nombre ne demandent qu'à sortir.
Une bonne séance de soins et cela va pouvoir repartir.
Une salle de repos est à la disposition des coureurs. J'en profite pour faire une petite sieste de 20 minutes en attendant Sophie.
On est deux à se reposer dans cette grande pièce à l'abri des bruits extérieurs.
Sophie arrive à 14H52. Ce sont les retrouvailles. Je l'avais quitté la veille au col de Bareilles. Elle se ravitaille et Sonia lui prodigue quelques soins aux pieds. Je lui propose de continuer et de faire une sieste à Tournaboup.
Elle n'a pas dormi depuis le départ. Il ne nous reste plus qu'un marathon pour rejoindre Vielle Aure.
Luz Saint-Sauveur.
Une des rares parties agréable de cette portion qui longe les champs.
Le chemin avant l'arrivée à Luz Saint-Sauveur.
Encore des escaliers, mais cette fois en descente.
Sacs des coureurs à la base de vie de Luz Saint-Sauveur.
Passage de soins obligé avec la podologue pour les ampoules.
Les retrouvailles avec Sophie à Luz Saint-Sauveur.
Sophie avec sa podologue.
On repart pour une grimpette de 1800 m de D+ avec une première portion qui à priori n'est pas trop raide.
On passe au pied du château Sainte-Marie et on traverse deux magnifiques villages avec des maisons en pierre et une fontaine pour se rafraîchir.
On passe ensuite devant un bar restaurant où l'on s'arrêterait bien boire une bonne bière. On échange quelques phrases avec des randonneurs et on poursuit notre chemin vers Bareges en compagnie d'une autre Sophie, très sympathique. Cette partie est très roulante et très belle avec quelques petits raidillons. Traversée de Bareges et direction le parking de Tournaboup, parking de la station de ski de Bareges.
Au parking on retrouve Sonia, Philippe et Piton Textor. Il est 18H44, la barrière horaire est à 20H30.
Nous avions envisagé avec les lapins de terminer ensemble mais ils sont passés il y a 1H40.
Ravitaillement et sieste de 20 minutes bien méritée pour Sophie dans la voiture de Philippe . J'en profite aussi pour refaire une troisième sieste de 20 minutes dans notre voiture.
Le départ de Luz Saint-Sauveur.
Les ruines du Château Sainte-Marie.
Village de Viey.
Lavoir à Sers.
Fontaine d'eau à Sers.
Restaurant au dessus de Sers.
Bareges.
Granges au dessus de Bareges.
Arrivée au ravitaillement de Tournaboup.
Les 4 coureurs de l'Ultra réunis.
Ravitaillement à Tournaboup.
Une petite sieste de 20 minutes pour Patrick.
Et pour Sophie.
Départ de Tournaboup vers le col de Bareges.
Pendant que Sophie et moi galérons vers le col de Barèges : Philipe, Piton et Sonia
se restaurent avec une bonne Garbure.
Il est l'heure de repartir pour notre dernière nuit avec une montée de 800 m de D+ pour atteindre le col de Bareges.
La nuit n'est pas encore tombée. On suit toujours le GR10 et on commence à retrouver des blocs de pierres.
On passe devant de petits lacs qui incitent au pique nique. Des randonneurs campent d'ailleurs au bord d'un des lacs.
On allume très rapidement les frontales, il y a un peu de brouillard et la nuit est fraîche. On rattrape Carole à qui l'on propose de se joindre à nous.
Puis c'est au tour de Ronald qui est à la peine dans la montée. Je lui prête un de mes bâtons pour lui faciliter la tâche. On commence à former un groupetto. On ne va pas très vite. Carole et Ronald ont des difficultés à suivre. On arrive à la cabane d'Aigues Cluses : ravitaillement en eau.
Ce ravitaillement est occupé par un groupe de joyeux drilles bénévoles qui ont allumé un feu de camp histoire de se réchauffer. Ils remontent le moral aux coureurs par leur bonne humeur et leurs blagues. J'en profite pour boire quelques gorgées de bière qui sont les bienvenues.
Quinze jours plus tard je retrouverai par hasard un de ces bénévoles à Toulouse : Daniel Belon le patron du magasin Versant Trail à Toulouse.
Encore 300 m pour arriver au col de Barèges. Je regarde ma montre il faut arriver à Merlans avant 03:00 du matin et nous n'avançons pas beaucoup.
Je dis à Sophie que nous allons laisser Ronald et Carole ensemble et accélérer. Je récupère mon deuxième bâton. Nous souhaitons bonne chance à Carole et à Ronald et nous continuons notre chemin tous les deux. Nous rattrapons bientôt un groupe de 4 coureurs du 80 km. Ils doivent faire partie des derniers, tout comme nous d'ailleurs. Le col de Barèges est atteint : c'est notre dernière grosse montée. Au col deux bénévoles pour le pointage.
La deuxième Sophie que j'ai eu du mal à reconnaître est avec eux et s'enroule dans sa couverture de survie : elle n'a pas dormi depuis le départ : environ 40 heures et commence à avoir des hallucinations. Une décision sage qui lui permettra de repartir d'un bon pied.
On attaquons les 600 m de descente vers le lac de l'Oule. Cette descente est dès le début très technique et rapidement on ne voit plus de chemin mais que des pieirriers. On se dirige à la frontale de rubalise en rubalise. Sophie souffre des pieds et d'une cheville. Elle a des difficultés à descendre.
J'ouvre la voie et je l'encourage. Le brouillard tombe. On a de plus en plus de mal à se repérer. A pratiquement chaque rubalise je suis obligé de m'arrêter, de regarder dans les différentes directions pour repérer la rubalise suivante, la rejoindre en criant "Sophie c'est par là !". Et ainsi de suite.
A part une coureuse qui nous dépasse, on ne croise plus personne qui pourrait se joindre à nous pour nous aider à trouver plus facilement notre chemin. On entend le bruit d'une cascade, on se dit que le lac n'est plus très loin mais on n'arrête pas de descendre. Cette partie est interminable.
Je regarde de plus en plus souvent ma montre et me dit que cela va être dur d'arriver dans les délais si on n'arrive pas bientôt au lac.
On en manque pas bien entendu de mettre à plusieurs reprises les pieds dans l'eau des différents ruisseaux traversés.
Je réussi à me retrouver les 4 fers en l'air. Heureusement une chute sans dégât.
Je dis à Sophie que j'en ai marre d'entendre le bruit de la cascade et que j'aimerai bien entendre le bruit du lac. Par moments le chemin remonte, je me dis que c'est bon mais aussitôt on descend.
On retrouve nos 4 coureurs de l'ultra et enfin on voit un panneau à un croisement : col de Portet avec notre chemin qui monte.
Enorme soulagement.
On attaque le retour vers le restaurant Merlans. On a un peu d'avance sur la barrière horaire. La montée se passe relativement bien. Sophie a moins de difficultés en montée.
02H02 : restaurant Merlans. Sophie est frigorifiée. Un radiateur allumé est le bienvenu. Un bénévole nous apprend qu'en raison du brouillard important la descente par le GR10 ne se fait plus mais qu'il faut prendre la route entre le Col de Portet et Soulan. On doit partir par groupes composés d'un minimum de 3 personnes jusqu'au col. On se joint à 5 coureurs du 80km. La montée vers le col est difficile, deux personnes du groupe montent difficilement. Le col atteint, on bascule dans le descente sur la route. Sophie a froid. Elle sort sa couverture de survie et l'enfile sous son coupe vent. Elle essaie de courir sur la route mais ne tient qu'une vingtaine de mètres. Les 5 coureurs du 80 km partent devant nous en courant.
Nous nous retrouvons tous les deux sur cette route qui nous mène à Espiaube que l'on distingue au loin en dessous de nous.
Sophie propose de couper, je lui indique que c'est une très mauvaise idée : de nuit, au milieu des bouses de vaches et sur de l'herbe mouillée.
Elle en a vraiment marre. Je contacte le PC course qui m'indique que la barrière horaire est prolongée jusqu'à 08H30. Ils nous donnent 1H30 de plus. Je donne la bonne nouvelle à Sophie. Malgré notre faible vitesse on devrait arriver avant les 08H30 mais au fond de moi je me sens frustré. Je suis parti sur l'Ultra pour mettre moins de 50 heures et arriver avant 07H00 du matin.
Vers 04H30 je dis à Sophie que j'aimerai arriver avant 07H00. Espiaube n'est plus très loin. Elle me donne mon bon de sortie et me dis de ne pas m'inquiéter qu'elle peut terminer toute seule.
Cette longue marche m'a refroidi, je me change en enfilant mon collant long sur mon cuissard et mon haut long et chaud à la place de mon tee-shirt.
Avant de terminer la descente vers Espiaube je téléphone à Philippe et lui demande de monter vers Espiaube en voiture pour venir encourager Sophie qui n'est pas au mieux de sa forme. Je me mets à courir et atteint rapidement Espiaube. J' attaque ensuite le chemin pris à l'aller pour rejoindre la route vers Soulan. Les organisateurs ont positionné du balisage au sol pour que les coureurs puissent se repérer.
Il faut faire très attention pour ne pas un rater un, vu qu'il n'est pas réfléchissant et ce qui devait arriver arriva. Je me retrouve au bord d'un ruisseau. J'ai raté une rubalise. Je peste car interrompu dans mon élan. Au bout de quelques minutes je retrouve la bonne voie. J'attaque, toujours en courant, la route vers Soulan.
Je ne pensait pas que la distance entre Espiaube et Soulan était aussi grande. Je consulte régulièrement ma montre. D'après les prévisions j'ai 1H10 de course entre Soulan et l'arrivée. Soulan se présente enfin.
Je vois un coureur à l'arrêt à l'entrée du village. Je m'arrête pour lui demander si tout va bien. C'est un Anglais. Il n'a pas l'air d'être dans son assiette mentalement. Je n'arrive pas à savoir s'il est déjà arrivé ou s'il ne trouve pas la route pour rejoindre Vielle Aure. Je lui propose de me suivre, il m'indique qu'il veut remonter dans la montagne. Je pense qu'il attend un copain coureur. Il me dit qu'il a effet un copain qui fait l'Ultra avec lui mais qu'il est arrivé il y a longtemps et qu'il est blessé. Il me demande ensuite où se trouve le GR10 pour le prendre. Je lui dit qu'il n'est pas question qu'il prenne le GR10 que personne ne le prends à cause du brouillard. Je lui demande de venir avec moi. Il ne veut pas et reste à sa place. Je le laisse un peu sceptique, avec un peu d'inquiétude et entre dans Soulan. Je connais la fin du parcours pour l'avoir repéré il y a quinze jours et reprends ma course. A la sortie de Soulan je prends le chemin qui va jusqu'à Vignec.
Je continue la descente en courant en faisant tout de même attention à ne pas tomber. Ce serait idiot de se blesser tout près de l'arrivée. Je suis en forme et ne ressent aucune fatigue sans doute l'euphorie de l'arrivée toute proche.
Je suis interrompu par des coup de téléphone de Sonia et de Philippe. Sonia m'attends à Vielle Aure avec Momo, Ali, Pascale et les Lapins qui ont terminé brillamment le 80 km en 20H30. Philippe et Piton Textor viennent de retrouver Sophie juste après Espiaube. Philippe termine la course avec elle. Dans la dernière partie caillouteuse et pentue du chemin je croise deux coureurs arrêtés. J'encourage le premier en lui indiquant qu'il ne reste qu'environ que 3 km et le deuxième me demande d'indiquer à mon arrivée qu'il ne va tarder et me donne son numéro de dossard à communiquer. Intérieurement je me dis que les bénévoles à l'arrivée vont être content mais temps qu'il n'aura pas franchi la ligne il ne sera pas considéré comme arrivé. Je ne le contrarie pas et lui dit qu'il peut compter sur moi.
Avant l'arrivée à Vignec je déguste intérieurement pendant quelques minutes le fait d'être bientôt finisher
Vignec : en regardant ma montre je suis parti pour arriver non seulement avant 07H00 mais aussi avant 06H00. Décidément les descentes de nuit me réussissent. C'est la troisième après celle de Villelongue et de Cauterets que je négocie bien.
Dans Vignec je vois arriver Momo en courant, je lui souhaite une bonne fête et lui fait deux bises (la sainte Monique tombait le 27 août le jour du départ : un signe).
Elle me félicite pour la fraîcheur de mon esprit. Nous sommes bientôt rejoints par Sonia et nous terminons tous les trois en courant sur la route pour le dernier km qui sépare Vignec de Vielle Aure. Elle me mènent un train rapide, j'ai un peu de mal à les suivre.
Nous arrivons à Vielle Aure et je franchi la ligne d'arrivée à 05H48M44 : contrat rempli après 48H46M de course.
Je suis un peu loin des 04H54 prévus par Piton textor dans son tableau mais extrêmement proche des 05H46 de mon tableau. C'est même impressionnant. Merci à Rémi Poisvert et à son logiciel Softrun.
L'arrivée est un peu tristounette, pas de speaker, heureusement que Momo , Ali, Sonia, les Lapins, Piton Textor et Pascale sont là pour mettre de l'ambiance.
Mon arrivée avec ma supportrice number one.
Les lapins comme promis ont chaussé leurs oreilles de lapin à l'arrivée. Ils ont même franchi à plusieurs reprises la ligne d'arrivée sous les acclamations et le crépitement des appareils photos. Je pense qu'ils vont être sur l'affiche de l'edition 2011.
Je récupère mon tee-shirt de finisher et part me ravitailler.
Ils nous restent à attendre Sophie et Philippe. Philippe nous tient régulièrement au courant de leur avancée. Lorsqu'ils sont à Vignec nous partons à leur rencontre pour terminer tous avec Sophie.
Elle termine finalement à 07H23M48 en 50H43M juste derrière la deuxième Sophie et Phil : avec qui nous avons effectué la montée de Vignec à Espiaube, qui s'est perdu avec nous vers le lac bleu . Un grand coup de chapeau.
Le temps est maintenant aux photos sur la ligne d'arrivée entre nous et avec les organisateurs.
Carole arrivera à Ville Aure à 08H04 mais Ronald abandonnera au Restaurant Merlans.
Je termine 356 ème sur 370 classés avec 654 trailers au départ soit un taux d'abandons de 43 %.
Le premier, un portugais, boucle les 160 km en 26H40M.
L'arrivée des lapins. Ils l'avaient promis, ils l'ont fait. Et encore on a échappé au pire si Ali n'avait pas été blessé.
Une bonne bière pour la récupération.
Le lapin au massage.
L'arrivée de Sophie.
Un nom de village dont on se souviendra longtemps.
Les finishers de l'Ultra : Patrick, Sophie, Phil et Sophie.
Sophie récompensée par deux des organisateurs.
Les coureurs de l'Ultra.
Pour conclure,
Je suis finisher du GRP 2010 tout d'abord car je n'ai pas eu de blessure cette année, contrairement aux deux dernières années, ce qui m'a permis de m'entraîner comme je le voulais avec principalement de grosses randonnées en montagne, des sorties VTT et bien entendu des sorties en course à pied.
Mon expérience de la "Diagonale des Fous 2009" fut aussi prépondérante pour la gestion du sommeil, de l'alimentation et la connaissance de mon corps.
Je tiens à remercier :
Le groupe au grand complet.
J'ai une pensée toute particulière pour Momo qui s'est malheuresement blessée très rapidement dans la préparation mais qui va rebondir très rapidement comme à chaque fois et pour Ali qui était parti pour faire une performance sur le GRP mais qui a du abandonner prématurément suite à une blessure au dos quinze jours avant la course. Ils seront tous les deux, j'en suis certain, de très sérieux concurrants sur le GRP 2011.
Quant à moi, mes deux prochains gros défis seront l'UTMB 2011 pour lequel je suis certain d'être enfin pris (si l'édition 2010 ne modifie pas le réglement 2011) et la Diagonale des Fous 2011 où mon objectif sera bien entendu de terminer,et surtout d'amener Piton Textor et Mouloud au Stade de la Redoute en compagnie je l'espère de Sophie, Philippe, Ali, Momo, les lapins et Pascale.
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