L'auteur : Belet
La course : Saintélyon
Date : 6/12/2009
Lieu : St étienne (Loire)
Affichage : 4491 vues
Distance : 69km
Matos : Buff Kikourou tête & cou.
Débardeur Adidas + ML Mizuno Breath Thermo + Maillot RL Winter Trail.
Collant RL Winter Trail.
Nike Pegasus Escape 26 + mini-guetres RL.
Camel RL Odlo 5L.
Objectif : Objectif majeur
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Eh bien il m'en a presque plus de temps d'écrire le récit que pour courir la course. A la base je suis parti des tweets envoyé pour l'occasion, et c'est devenu long, très long. Trop long. Mais vu qu'il sortirai pas avant 2011 si je me m'y remet pour synthétiser, ben bon courage à ceux qui iront jusqu'au bout :)
Me voilà quasiment prêt. 68km, de nuit, en Décembre. Comment j'en suis arrivé à m'inscrire à cette course de fou? N'étant pas de la région, et venu à la compétition sur le tard, je ne connaissais pas cette SainteLyon jusqu'à ce qu'en 2007 (voir récit), les autruches de Villemoirieu nous fassent participer en relais. Ma première rencontre avec l'ultra. J'assistais au départ de milliers d'illuminés, je croisais les regards hagards à Soucieux, et j'accueillais avec un mélange d'admiration et d'incompréhension les finishers.
En réponse à certains commentaires, j'écrivais d'ailleurs: "je trouve la course très belle et dans l'absolu aimerait bien devenir "finisher". Aujourd'hui avec 1 entrainement par semaine, je ne me vois pas m'aligner en individuel. J'aime que les courses m'apportent plus de plaisir que de souffrance".
A la lecture de mon récit, je me rend compte que l'idée de la faire un jour en solo était déjà là. "T'aimerai bien être avec eux hein?".
Me voilà en route pour Saint-Etienne. Cette course m'a immédiatement plu. Est ce le fait de courir de nuit? De partir à minuit? D'y passer une nuit blanche? C'est vrai que d'un point de vu métabolisme, ca me convient mieux que de me lever à 5h un dimanche matin.
Le forum y est aussi pour quelque chose. Il y a 2 ans, j'avais lu avant de m'y rendre une bonne partie des récits précédents. Et sans doute la quasi totalité de ceux d'après. Enrichissant. Que des hommes s'alignent sur cette course, normal, tous des fous. Mais que des p'tits bouts de femme comme Lolo, Mamanpat ou Nono s'y lancent brillamment, c'est sûr, je dois en être capable.
L'an dernier de retour d'Inde juste avant la course, il était trop tard pour trouver un relais. En manque de CAP j'avais failli faire le coup de poker de m'y présenter en solo, avant de retrouver la raison. Sans aucune préparation, cela aurait été un carnage, une longue agonie. Mais ca m'avait bien démangé.
Cette année, une bonne saison d'entrainement qui m'a bien fait progresser. Et j'ai gouté aux distances "marathon", ça m'a donné confiance. Il manquait juste un peu de foncier pour digérer la distance. Alors quand je décide de prendre un long congé après la naissance de ma fille, prévue en Octobre, je me dis que c'est l'occasion ou jamais de pouvoir caser l'entrainement nécessaire sans trop gréver la vie de famille. La STL 2009, j'y serai.
Je file à Voiron. Tous les préparatifs divers et variés m'ont quand même presque mis en retard et je suis obligé de piquer un sprint pour monter dans le train. J'y rejoins Bruno. Je pensais qu'on serait peinard mais c'était sans compter sur la fête des Lumières, le TER est bondé. Qu'importe, c'est quand même sans doute mieux que de le faire en voiture, surtout au retour. Une correspondance de 7mn à Lyon et on file vers St Etienne.
Un petit groupe de coureur se forme à la sortie de la gare. Le parc expo n'est pas loin, mais dans quelle direction? Un plan, un GPS, on trouve vite. Le hall est encore bien vide. Je récupère rapido mon dossard, valide la puce. Pas de T-shirt cette année, une jolie casquette technique. On trouve le tshirt et une belle polaire à vendre sur un stand. D'autres stands présents, mais peu de produits proposés, c'est light. Manque de place? On prévoit 10000 coureurs plus les accompagnateurs, ca va rentrer au chausse-pied.
Maud Giraud, grande favorite, avec Martine Volay, probable top-5. Elles font un peu les folles devant la caméra, on attend un peu et avec les kikous on s'installe dans un coin stratégique où les prochains arrivés ne pourront pas nous rater.
Arrivée du Mustang enrhumé. Enfin il semble avoir une bonne forme quand même. Il rejoint notre petit groupe composé à ce moment là de Françoise et Xavhié, Badgone, Mysterjoe, Pégase, j'en oublie certainement. Puis les gars du CMI, puis... Ca arrive en continu, je me met un moment en mode économie d'énergie.
Faudra qu'on m'explique, mais la photo est transmiseen live :)
Ça, c'est l'idée du siècle. MamanPat et Blob reprennent avec succès une initiative des précédentes éditions et nous organisent une p'tite pasta party au Flore, où se trouve également l'apéro Raidlight (pas de Benoit?).
Un bon plat de pates bolo ou carbo, des toilettes sans 20mn d'attente, de la place pour se changer bien au chaud, c'est un méga luxe méga bon pour le stress d'avant course. Je mange avec Bruno, Mustang, Françoise et Xhavié. Puis nous rejoignent Golum et Totote, et enfin le Boss, ce qui me donne l'occasion d'aller me resservir un peu.
On y parle courses passées et à venir, et évidement du choix des pneumatiques. Alors, route ou trail? Tine m'a dit plus tôt: "c'est la 14ème et j'en ai fait 13 en route, alors j'vais pas changer maintenant". Xavhié a souffert l'an dernier et est aussi de son avis. Heureusement, Golum prévoit par contre des trails car on pense que ce sera bien boueux. Et moi? Ben malgré mon affirmation sur le blog, j'ai les 3 paires de chaussures dans le sac. J'essaye juste de me persuader encore une fois que mon choix des Pegasus mixtes est LE bon choix. Jusqu'au dernier moment je resterai indécis.
Une fois en tenue, on retourne dans le hall poser nos sacs. Impressionnant. En 2007 il restait de la place, là c'est presque devenu compliqué de circuler au milieu des coureurs. De toute manière, habillés pour courir il fait désormais trop chaud pour rester à l'intérieur. La température est clémente même pour le frileux que je suis, 6°C, le sol humide mais il ne pleut plus. Avec Bruno on file sur la ligne de départ, il n'y a encore pas grand monde. J'aurai pû me placer juste derrière les élites, mais on se retrouve à discuter avec deux kikous légèrement en retrait.
La dernière semaine, en vacances donc et avec trop de temps à tuer puisque je n'ai pas couru, j'ai fait ce que j'ai pus pour éviter de faire la course avant le jour J. Grosse focalisation sur les choix matériels, et finalement peu sur la course en elle même. Pas de relecture de récit, de détails du parcours. J'ai juste établis un objectif de 6h45 avec la fine analyse de Remy, et les temps de passage correspondants sur SoftRun.
Et là, à 15mn du départ je sens la pression qui monte. Ça m'arrive rarement, sensation désagréable. D'un coup la distance me fait peur, je n'y arriverais jamais. Partir à 12-13km/h, j'vais droit dans le mur. Les chaussures, j'ai certainement pas pris les bonnes. Et pis je les ais trop serrées mais avec les guêtres c'est trop tard pour tout refaire, on est maintenant comme des sardines.
C'est marrant parce qu'à table avec Golum on parlait déjà de la course au passé, du profil qui me correspondait bien, des futurs objectifs qui pourraient me tenter, le raid du Morbihan, la Puy-Firminy. Comme si finalement la soirée c'était déjà déroulée à merveille, une formalité. Et là je réalise que je suis quand même là pour 68km et que ça n'a rien d'une formalité. Les jambes ne tiennent plus, je piétine sur place.
Dernier message avant le départ. Je retrouve cette ambiance particulière de course longue, cette "fébrilité contenue" qu'a très bien décrit ArthurBaldur. On est tous être au lit. On est certainement une belle bande de barges. Mais on est là et trop contents d'être là. C'est génial. On y va ou bien?
Je me faufile légèrement, premier virage prudent à l'intérieur, puis l'espace se créé avec les premiers gros boulevards. Trouver son rythme tranquille. Je me cale à un bon 12km/h comme prévu. J'suis bien mais pas tant à l'aise que ça. La pression est sans doute encore là, et les démarrages sans échauffement, c'est jamais vraiment ça. Beaucoup de spectateurs pour nous encourager. Comme j'étais assez bien placé, on me double plus que l'inverse, c'est normal. Mais dans les premières descentes le nombre de coureurs devant moi m'impressionne quand même, ca file vite devant.
Je passe MamanPat, puis le Boss qui n'est pas au mieux avec un genou mal huilé. Après quelques kils, Yannick me double et m'informe qu'on a passé Tine. Je sais qu'elle part prudemment, et m'attends à ce qu'elle me reprenne dans les premières montées. Plus loin sur les premiers chemins je pense reconnaitre Alexandra Rousset, habillée Raidlight de la tête au pied (remarque moi aussi), et qui me semble bien à la peine si tôt dans la course. J'aime bien me positionner par rapport aux féminines, je sais que dans mes bons jours je suis capable de jouer le podium féminin, et elles sont généralement moins "têtes brulées" que les hommes au départ. Étant parti derrière les élites, je ne sais pas combien d'autres féminines sont devant et suis quand même surpris de rattraper une des favorites.
A Sorbier la première montée sur bitume est raide et j'en profite pour lire les SMS d'encouragement du départ. Mais mes souvenirs de 2007 me rendaient l'ensemble du parcours plus raide qu'il ne me parait aujourd'hui, et finalement il y a peu d'endroit ou je suis vraiment obligé de marcher et je n'ai pas le temps d'écrire. Le cardio est un peu haut, mais je ne force vraiment pas sur les jambes, tout baigne donc.
A l'heure je m'arrête pour m'alimenter. Derrière moi la rivière de frontales est superbe. La lune presque pleine éclaire l'ensemble à travers un léger voile nuageux, on voit encore StE et ses lueurs au fond, dans quelques kilomètres on aura une vue lointaine sur Lyon à l'opposé. Voilà pourquoi j'adore cette course, c'est magnifique, j'suis trop content d'être là.
Photo d'@lex38, un peu plus réussie
Je m'éloigne dans un champ pour tenter un cliché qui s'avère minable. Pas le temps de faire mieux, si seulement le portable en est capable. Je décide que ca n'en vaut pas la peine et ne ferait plus de photo de la nuit. Dommage, j'ai réalisé après coup que j'aurai pus faire quelques portraits des coureurs rencontrés.
J'arrive à St Christo, 16km, en 1h23, pile dans le chrono prévu, 282ème. Même si je l'avais remarqué en réalisant mon pense-bête des temps de passage, j'hallucine un peu d'avoir amélioré de 12mn sur cette portion alors que je suis parti moins vite et que j'ai tout fait bien en dedans. En fait je pensais arriver ici avec du retard sur mon plan de marche, et suis un peu étonné d'être déjà là.
Je ne m'arrête pas au ravitaillement, j'ai tout ce qu'il faut à manger pour tenir la course, pas mal de boisson énergétique dans le camel et encore de l'eau dans mon bidon sur la bretelle du sac. A la sortie, les spectateurs présents dans la petite montée se marrent en me voyant utiliser mon portable en marchant. Je termine la rédaction du tweet juste en haut pour reprendre ma course. Le temps gagné au ravitaillement m'a permis de rejoindre Yannick, on attaque la belle montée suivante ensemble, et c'est là que je fais mon ravitaillement, tranquillement en marchant.
A partir de là je découvre le parcours. Un panneau annonce "50km" avant l'arrivée. Sont pas malades de mettre un truc pareil, ils veulent qu'on s'arrête tout de suite ou quoi?
Encore pile dans le timing, sans avoir un seul instant cherché à le faire. J'ai fait toute la portion avec Yannick. Il me largue un peu en montée, je le rattrape tranquillement sur le roulant. Les chemins sont bons, pour l'instant moins gras qu'escompté et peu dégradés par le passage des premiers, il y a quelques grosses flaques à éviter. Mais c'est vrai que je suis plutôt bien placé et je peux choisir mes trajectoires. Perdu quelques places dans les montées, prévisible, même si on trouve que certains grimpent comme s'ils étaient sur 10km, ca va se payer, la route est encore longue !
Au ravito je remet un peu d'eau dans le bidon. Et je m'étire quelques secondes à la sortie.
Déjà Ste Catherine, la mythique Ste Catherine? Ça passe à une vitesse. Km28, j'y arrive en 2h33 et 277ème, gagné 5mn sur l'objectif grâce aux descentes. J'ai perdu Yannick à la sortie de Moreau. Mais récupéré Toto qui arrive juste derrière moi au ravito, où je m'arrête encore de manière express. On fait l'élastique comme avec Yannick, mais encore plus prononcé, Ce qui fait qu'on court peu ensemble mais qu'on se double régulièrement, c'est sympa. Je m'attends donc à ce qu'il me récupère sur la suite du parcours.
Depuis le départ j'ai une douleur qui tiraille entre le mollet droit et le talon d'Achille. J'ai d'abord pensé qu'elle passerai après quelques kilomètres, ça m'a obligé à partir cool, mais elle n'a fait que s'intensifier. Ça me gêne surtout en montée, un peu au train à plat et pas du tout en descente. A ce moment de la course elle devient franchement pénible et si ca m'empêche pas de courir, je comprend qu'il va falloir faire avec jusqu'au bout et je me ménage autant que possible pour ne pas qu'elle devienne insupportable.
Heureusement le parcours est surtout descendant sur cette portion et je m'en sors plutôt bien.
J'arrive à St Genoux, km34, en 3h28, 221ème. Presque 1h depuis Ste Catherine et je n'ai pas vu le temps passer. Faut dire que ce n'était presque que de la descente et que je me suis amusé comme un p'tit fou. Sans jamais forcer, je passais un max de coureurs et la descente du bois d'Arfeuille, réputée et redoutée, fut un vrai régal.
Le ravito est dans une jolie grange et j'y fait une pause à peine plus longue que d'habitude, je me laisse tenter par des morceaux de banane et perd un peu de temps à les éplucher. Mon plan de marche à été élaboré avec 2mn d'arrêt à chaque ravitaillement, je peux donc me permettre. La douleur au mollet est toujours présente mais presque moins. Soit je m'habitue, soit mon corps s'anesthésie lui même, m'enfin ça me gêne moins pour courir.
Dans la montée qui mène au ravito j'ai prêté mon portable à un coureur qui a paumé le sien, il donne rdv à son interlocuteur pour 7h à Lyon. C'est marrant parce qu'à mi course, je suis bien dans le timing prévu pour 6h45, en super forme, et pourtant toujours conscient que le plus dur est à venir. En tout cas je me garderai bien de donner une quelconque heure d'arrivée si loin du but. Reste 34km, une paille !
En sortant du ravito je croise Toto qui y rentre, mais je m'attends toujours à le voir me rattraper plus loin. Les premiers relais à 4 passent comme des fusées. Enfin les 3 premiers, et je les attendais plus tôt. Après c'est le trou, il faudra un certain temps avant d'en voir de nouveaux. Ils courent dans toutes les montées, on les encourage. Et au final je ne me ferai passer que par 36 équipes, pas de quoi être gênant à ce niveau de la course.
Ho que oui, vous êtes formidables. A 3h30 du matin je reçois encore quelques salves de SMS, la sister qui encourage, le Fred qui m'annonce les difficultés ou descentes à venir. Enorme. Il y a de plus en plus de moments ou je cours seul, c'est agréable aussi, mais ne suis en fait jamais vraiment seul, je me sais suivi, on attend mon prochain pointage.
Certains m'ont demandés si je n'avais pas perdu un peu de temps à jouer avec mon téléphone. Très peu, puisque je le faisais dans les montées en marchant. Et ca m'a par contre apporté un surplus de motivation qui n'est certainement pas négligeable.
Bon pour la petite histoire j'ai quand même fini ce tweet en courant sur une partie plane et me suis farci deux belles flaques d'eau. Ça m'a bien fait rigoler mais j'ai rangé le portable avant de faire vrai vol plané :)
Soucieu, 45km, 4h15, 156ème, pile dans le timing, mais moins frais qu'espéré. A St Genou j'avais pris 5mn de retard sur mon plan, ce qui m'avais un peu étonné car j'avais eu l'impression de bien descendre. Je n'ai pas pensé que l'erreur venait peut être de l'estimation SoftRun, la position du ravito ayant peut être un peu changé (annoncé km34 et sans doute 1km plus loin). La mi-course passé, j'ai commencé malgré moi à m'occuper un peu plus de l'allure et du temps d'arrivée. Les 6h45, c'est bien, mais si j'peux aller chercher la Sainté d'Or, faudrait pas non plus se priver.
J'ai par contre un peu sous-estimée cette partie du parcours. Sur le plan, j'y voyais une longue descente jusqu'au ravito de Soucieu, je pensais pouvoir y grignoter un peu de temps. Le hic, c'est qu'après certaines portions pentues, la suite fut plus douce que je m'y attendais, et le final même franchement plat voire montant, obligeant à tenir un bon train et pas seulement se laisser dérouler. Et comme je m'applique à tenir mon 12km/h du départ, j'arrive à Soucieu avec les jambes bien entamées, mal aux hanches d'avoir tapé dans la descente sur bitume, mal aux cuisses d'avoir forcé l'allure.
Pour la première fois je prend mes 2mn de pause au ravito. Je m'étire un peu, fait quelques assouplissements. Puis me force à repartir vite vite avant de trop réfléchir.
L'allure n'est plus aussi fluide après Soucieu, mais la descente jusqu'au Garon me permet de garder une bonne vitesse, toujours avec l'objectif 6h30. Juste avant le petit pont de fer, un panneau 20km, il est 4h33. Il me reste moins de 2h pour rejoindre Gerland, je sais qu'il reste quelques bosses et qu'il me sera dur tenir les 10km/h de moyenne. C'est mort pour la Sainté d'Or, faudra revenir.
Petite baisse de moral? En tout cas j'ai maintenant un putain de mal aux canes, une douleur que je ne connaissais pas, mais qui ne me surprend pas vraiment. J'ai parcouru 50km à bon rythme et j'ai les jambes défoncées, faudra faire avec jusqu'à l'arrivée, bienvenu dans le monde de l'ultra. Et puis avec mal partout, je ne sens presque plus la douleur sous le mollet droit. Ce qu'il y a de bon c'est que je ne sais pas encore si je vais tenir le chrono, mais quelque part je sais déjà je vais y arriver, aucun doute sur ce point.
Je monte au ralenti jusqu'à Chaponost, ville fantomatique un peu désespérante. Pas un spectateur, les écarts sont parfois conséquents avec d'autres coureurs même si j'en ai toujours un en vue, je pensais pas courir aussi isolé à un moment de la course. C'est franchement pas la partie la plus fun et je prend mon mal en patience, que ca se termine, vite. Sur le plat j'arrive à bien dérouler vers 11km/h, en fait ca me fait aussi mal que je traine à 9 qu'en courant à 11, alors autant avancer. Par contre au moindre faux plat je suis scotché et les descentes commencent aussi à être douloureuses. Comme j'ai baissé d'intensité, j'aurai même presque froid, à moins que ce soit l'humidité matinale, d'autant qu'on contourne un lac..
Après un léger creux ou les veilleurs de nuit sont partis se coucher, mon père a pris le relais et je reçois de nouveaux SMS. J'apprends ainsi que je suis autour de la 150ème place, j'ai du mal à le croire sur le moment, je ne me voyais pas mieux que 500ème au départ.
Le panneau "15km" me redonne le pechon que le panneau "20km" m'avait enlevé. Dans ma tête c'est fait, j'y suis, rien ne peux plus m'arriver, GAZ! Je descend jusqu'au ravitaillement de Beaunant avec les jambes explosées mais une bonne gouache, je plaisante avec les autres coureurs et bénévoles. Un bon café chaud et je repars. Alors a quoi elle ressemble cette montée du viaduc, depuis le temps que j'en entend parler? Bon, c'est raide. Mais c'est la dernière. Je marche sans trop de problème, monte à mon rythme, ca passe mieux que prévu.
Traversée de Ste Foy, je relance dès que je peux et suis cette longue ruelle pénétrante jusqu'au pied de Fourvière, au train. Un dernier coup de cul. Je l'attendais celle là, beaucoup en ont parlé sur le parcours, elle ne me fait pas peur. De l'énergie, j'en ai encore un max, j'en garde depuis un moment pour les quais. Pas au point de courir puisque j'ai trop mal aux guiboles, mais en marchant ce n'est pas un problème et elle est finalement assez courte, j'en profite pour m'alimenter une dernière fois. En haut c'est même la délivrance, plus de montée, je peux maintenant sprinter vers l'arrivée. Je dévale autant que possible jusqu'au ravito, je serre les dents ca tire sur les hanches mais ca passe, c'est aussi la dernière descente.
Dernier ravitaillement. J'ai quasiment fini ma boisson énergétique, pilpoil. Je remet un peu d'eau en express dans mon bidon et file sur la passerelle. Panneau "5km", j'suis bon pour les 6h45 mais faut pas trainer. Je me cale d'entrée sur les 12km/h. Est ce que je peux tenir les 5 derniers à 12km/h? Ben faut le tenter, ca fait mal, ça tire, mais ca fait aussi mal de courir moins vite alors ça durera moins longtemps... On zigzag dans Lyon, je ne vois plus rien, j'suis au taquet, relance dès que possible. Un dernier pont qui fait mal aux canes, on descend sur les quais. Et c'est parti, ces satanés quais tants redoutés, en tout cas par moi bien plus que les montées de Ste Foy ou Fourvières. Je me demande bien pourquoi, c'est que du plat...
J'y ai couru la fin des 10km de Lyon en 2008, avec un vent de face, interminable. Là je me pose pas de question, au taquet. Je double quelques solos, même des relais je crois. Sur toute la durée de la course j'ai encouragés la plupart de ceux que je doublais, interrogés tous ceux qui marchaient pour savoir s'il allaient bien, mais là c'est plus le moment. Je deviens un parfait autiste et ne me concentre plus que sur ces 5, 4, 3 derniers kils? Ils ont pas mis de panneaux pour les derniers kils? Grrrrr. Ca n'avance pas, déjà 10mn que j'suis à fond, j'tiendrai jamais. Allez allez allez, la montre est peut être mal calibrée, ya peut être plus de 5kils, allez allez.
Arrêt. C'était pas à gauche là? Ma mémoire asphyxiée me joue des tours. Hésitations, j'ai quand même pas raté un balisage, si près du but? Merde merde merde, j'fais quoi? Bon allez file, ca doit être devant. Et c'est reparti, toujours au train. Enfin, des spectateurs, on m'indique. J'en remet une couche. Le stade, des flambeaux. Et je sprint.
T'es con ou bien? T'as fait 68km, tu t'es trainé dans toutes les montées, t'as perdu du temps à discuter, ramasser des gus qui se sont gaufrés, prendre des photos, t'as lâché l'affaire de la Sainté d'or ya déjà 20 bornes et là tu sprint à 15km/h alors que t'as pas un gus devant, personne à la ronde, tout ça pour gagner 3 pauvres secondes? Ben ouaih. Et j'aime ça. Et comme j'suis vraiment à la masse, j'arrive en étant juste content d'être encore capable de sprinter, et je ne pense même pas à regarder mon chrono à l'arrivée, obligé d'attendre les résultats officiels :)
C'est fait. Dingue. J'ai fait la SaintéLyon! Avec un super temps. 6h37mn58s. Génial. Et 125ème, sur 5000 au départ, 3600 à l'arrivée. Doublement génial et inespéré, je me rêvais pas mieux que dans les 500 premiers. Et j'arrive sans être à l'agonie, encore capable de tenir les 5 derniers aussi vite que les 5 premiers. Ho patate !
C'était l'objectif prioritaire, se faire plaisir sur toute la durée de la course, et à part 5km un peu dans le dur, c'est du 100%. Trop content.
Jean Michel Touron me tire le portrait à l'arrivée. Je suis sur mon nuage, je crois lui faire un petit signe mais je plane gravement, les souvenirs s'emmêlent. Visiblement, en fait je suis carrément en face de lui avec Pascal, le célèbre homme à la chemise Hawaïenne, 10ème participation. Je tourne en rond dans l'aire d'arrivée, je ne sais plus ou j'habite. Toto arrive quelques minutes plus tard, on discute, il me prend en photo.
20mn que je suis arrivé et je suis toujours là, benêt, sur l'aire d'arrivéeBon je commence quand même à me refroidir et je sens l'acide lactite qui m'envahis les jambes. Quelques mots pour féliciter la seconde place de Catherine Dubois, elle termine 4mn devant moi. Je suis donc sur le podium féminin. Je file aux douches... des hommes. Et des hommes des cavernes, elles est glacée. Parait qu'elle est redevenue chaude après, j'aurai dû m'arrêter aux ostéos.
Bruno me rejoint par hasard aux vestiaires, il fait également une bonne course en 7h26, avec malheureusement quelques crampes dans le final qui lui font rater les 7h. Une douche glacée, un bonheur, on file manger tant bien que mal un nouveau plat de pâte, à 8h du matin celui là a du mal à passer. Je cherche un peu de monde du regard, sans repérer qui que ce soit. Je sais que beaucoup sont encore en train de courir.
J'ai un sac énorme, je commence à avoir mal partout, difficile de se remuer au milieu de toute cette foule. J'aurai aimé attendre quelques heures, j'ai de nombreux potes qui vont arriver, je pourrais voir et partager leur bonheur d'être finisher. J'aimerai attendre les podiums aussi. Mais la fatigue commence franchement à nous tomber dessus et avant que cela ne devienne un total plan galère, on profite de nos dernières forces pour filer rejoindre le métro.
Fin de transmission. Tel un pingouin au dernier stade de l'arthrose, on se traine jusqu'à Part Dieu. Décidément le train était une bonne idée, même si je ne pourrais pas m'allonger je n'ai pas la voiture à conduire. Deux petites heures de sommeil et j'accueillerai les crossmen de Voiron pour le gouter, j'suis toujours un peu sur ma planète, paumé quelque part entre Moreau et Soucieu, mais leur visite me fait bien plaisir.
Une bonne nuit et le gros des douleurs sont passées. Le lendemain je peux marcher presque normalement même si les courbatures musculaires ont pris la suite, moins qu'attendu. Le mercredi il n'y aura plus rien. En profondeur, la douleur au mollet droit s'est avérée être une tendinite du tendon d'Achille, repos obligatoire jusqu'à fin Décembre pour pouvoir repartir à neuf en 2010.
Une course presque parfaite. L'orga au poil ce qui ne doit pas être simple avec 10000 gugus dans la nature. Un parcours qui me convient effectivement très bien, roulant comme il faut, même si après Soucieu c'est quand même moins joli/marrant. Une météo dont on aurai jamais rêvé en début de semaine, des chemins finalement assez propres et faciles, tout ce qu'il faut pour faire un bon temps, la perf' de Malardé en atteste. Et d'un point de vu perso, que du bonheur, la satisfaction d'avoir tenu tous mes objectifs, du plaisir de bout en bout, une arrivée en bonnes conditions et avec un super chrono.
Du point de vu de l'équipement, on est proche du sans faute également. Aucune gêne de ce que j'avais sur le dos, presque chaud au départ, un peu froid pendant quelques minutes à 5h, enfin rien de méchant. J'ai vidé sur la longueur les 1.5L de boisson énergétique qui étaient dans ma poche à eau, le bidon que j'avais sur la lanière du sac me permettait, à moitié remplis, de tenir en eau d'un ravito à l'autre, sans qu'il soit non plus trop lourd ni encombrant. J'ai emporté un peu trop de gels et barres d'amandes sur moi, mais cela m'a permis de me ravitailler quand bon me semblait et de ne perdre qu'un minimum de temps aux ravitaillements, alors que j'ai souvent tendance à y trainer. Question chaussure, aucune ampoule ni gêne particulière. Vu l'état des chemins, ca serait passé sans problème avec des Vomero ou même encore plus routier, mais les Escape étaient globalement très bien et je n'ai pas regretté mon choix. Il n'y a que la longue descente vers Soucieu ou ca tapait un peu, mais je ne pense pas que mes douleurs aient été causés spécifiquement par les chaussures, plus par les kilomètres.
Évidement je remercie le coach pour son plan d'entrainement, mes choix de courses éclectiques ne lui facilitent pas toujours la tache et il a su combiner comme il faut l'enchainement Marseille/Cassis - Saintelyon. Les partenaires de l'ALE pour la motivation apportée à chaque séance, on peut leur attribuer une grosse partie de ma progression 2009. Merci aussi au voisin Eric pour les 15 jours intenses avant la course. Même bien motivé, il m'a bien aidé à faire du volume avec ses relances quotidiennes et j'écoutais avec attention ses remarques d'ultra-traileurs. Enfin les 3D-Trail pour leurs conseils, je n'aurai peut être pas tenté/réussi ce chrono sans l'avis éclairé de Remy.
Et pour terminer un énorme merci à Madame et la petite famille d'avoir supporté les contraintes du volume d'entrainement, ainsi qu'à tous ceux qui m'ont suivi pendant la nuit. On se refait ça en 2010? C'est qu'il y a l'or à aller chercher :)
La relève, le plus fier de mes supporters
Résultats:
Hommes:
1. Christophe Malardé - 4 h 52 mn 36 s
2. Emmanuel Gault - 5 h 05 mn 44 s
3. Michel Verhaeghe - 5 h 10 mn 13 s
126/3661. Moi - 6 h 37 mn 58 s
1880. Median - 8 h 59 mn 30 s
Femmes:
1. Maud Giraud - 5 h 54 mn 23 s
2. Catherine Dubois - 6 h 33 mn 59 s
3. Anne-Sophie Austrui - 6 h 46 mn 10 s
Chiffres:
Courbes:
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10 commentaires
Commentaire de CROCS-MAN posté le 09-01-2010 à 10:46:00
BRAVO BRAVO Arnaud, une super course et un super récit, ça donne envie dans la série les classiques incontournables.
Merci et au plaisir
Commentaire de vogoy' posté le 09-01-2010 à 15:07:00
Top le CR belet ! Il est pas long du tout, j'ai tout lu avec grand plaisir, concentration et surtout j'essaie "d'apprendre" comment réussir une épreuve aussi longue.
Tu l'as faite avec brio, plaisir, solidarité avec les autres et beaucoup de motivations ( grace aux autres sans doute...)
J'étais réellement fier de ta perf en me levant le matin de la course ( tu me connais...un peu couche tôt le garçon:)) fier de mon potos de 30 ans avec qui on partage la même passion depuis quelques temps....
T'es quand même incroyable Belet, t'as un mental de dingue, une volonté d'enfer et du talent.
bravo!
Y a plus qu'a mettre les pointes mon salaud !!!
Commentaire de tophenbave posté le 09-01-2010 à 18:25:00
bravo pour ta perf et ton cr qui se lit tres bien.juste une anecdote,moi aussi j'ai donnè mon t.shirt finisher pour motiver la releve.a plus..
Commentaire de DJ Gombert posté le 10-01-2010 à 23:23:00
Trés belle perf ! cela à l'air si facile en lisant ... alors que pour de vrai, il faut quand même une sacré volonté (sans parler du physique).
Commentaire de Tercan posté le 11-01-2010 à 08:26:00
Super CR et super perf !
La Sainté d'or ne devrait pas être un problème en 2010... ni le top 100 !!!
Félicitations !
Commentaire de Mustang posté le 11-01-2010 à 11:13:00
Un récit à l'arrache, comme ta course!!! bravo!
Commentaire de Francois dArras posté le 13-01-2010 à 08:27:00
Bravo ! Que dire de plus.
Je te croyais plus expérimenté que cela sur le long, pour une première saintélyon solo c'est un coup de maître.
Commentaire de yves_cool_runner posté le 15-01-2010 à 12:47:00
Ca c'est un chrono géant ! Chapeau bas... Bon, attention, l'année prochaine je réduis l'écart... Y restera bien au moins 1 heure !!! Bravo.
Commentaire de zwiling posté le 19-01-2010 à 23:48:00
Bravo! Ca c'est un temps qui force le respect !
Commentaire de zwiling posté le 19-01-2010 à 23:48:00
Bravo! Ca c'est un temps qui force le respect !
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