L'auteur : LUDOVANE
La course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous
Date : 24/10/2008
Lieu : ST PHILIPPE (Réunion)
Affichage : 2296 vues
Distance : 150.1km
Objectif : Pas d'objectif
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La diagonale des fous est une course extrême, après deux participations en 2004 et 2005, je décide de remettre çà à l'occasion de l'édition 2008 ! C'est aussi notre premier voyage pour Vaness et moi
Samedi 18 octobre 18h00, mon collègue Stéph et Sandrine sa compagne nous emmène à l'aéroport d'Orly. Il est 22h, enfin nous décollons. Le voyage se passe sans encombre et c'est un peu fatigué que nous arrivons à l'aéroport Roland-Garros, à Saint-Denis le dimanche matin après 11 heures de vol. Nous prenons possession de notre location, une charmante maison très bien décorée et agencée avec vue sur l'océan indien située sur les hauteurs d'étang salé, petite ville balnéaire à 60 km de Saint-Denis. Nous sommes ravis,c'est magnifique et nous avons de quoi nous détendre au maximum et préparer au mieux la course.
Mercredi 21 octobre, la pression monte quelque peu, c'est le jour de la remise des dossards. Nous arrivons au stade de la redoute (Saint-Denis) vers 16 heures, une heure après l'ouverture théorique. Malheureusement la remise commence à peine suite à de petits dysfonctionnements. Quelques grincheux s'impatientent et se plaignent. Pour ma part, je sais qu'ici on n'est pas à une heure près et que cela fait partie d'une organisation que je qualifierais de familiale et bon enfant. Après une petite heure d'attente, je récupère le précieux sésame et nous quittons le stade dans la foulée. A ce moment là les premiers doutes s'installent car je sais pertinemment que ma préparation n'est pas des plus accomplie.
Nous y voilà, Nous sommes le Jeudi 23 octobre et à minuit, nous prendrons le départ de la 16ème édition de ce qui est pour moi une des plus belle course nature du monde. Depuis plusieurs mois, je pense à ces moments et nous y sommes. La gestion de l'attente commence. C'est certainement le laps de temps le plus difficile à négocier. Nous nous levons à 10 heures après une bonne nuit et pourtant depuis notre arrivée, je me sens très fatigué ce qui est une source d'inquiétude supplémentaire. Quelques courses le matin afin d'acheter les derniers produits à la pharmacie, un petit repas, et le temps tout à coup suspend son vol. Je tente en début d'après-midi de faire une sieste sans succès (un grand classique).N'y parvenant pas je prépare mon sac et vérifie a de multiples reprises que tout y est. La fin de journée et la début soirée sont interminables. Pas moyen de fermer l'oeil, il n'y a pas de doute, moi qui suis d'ordinaire très cool avant une course, je suis nerveux et déjà dedans. Il faut dire que je sais ce qui m'attend, enfin je crois le savoir..................
Il est 21h30, je ne tiens plus en place et nous décidons de partir une demi-heure avant l'horaire prévu. Bien nous en prends puisque il y a beaucoup de monde sur la route en direction du Cap Méchant au sud de l'île (départ de la course). A cela, viennent se greffer deux zones de travaux avec circulation alternée et il nous faut deux heures pour arriver sur l'aire du départ à trente minutes seulement du coup de feu.
Un gros bisou à mon supporter favori, la vérification du sac obligatoire sur l'aire du départ et me voici pour la troisième fois de ma vie sur ce stade. Je mesure à ce moment la chance que j'ai d'être ici et je savoure à sa juste valeur ce moment unique. Je retrouve ensuite un collègue qui participe pour la première fois à l'épreuve. Nous discutons un peu histoire de tuer les derniers moments avant la délivrance! Le président de la course nous donne des dernières consignes et fait un point météo. En gros ça donne cela « Contrairement aux mauvaises prévisions le temps devrait être plus clément que prévu, cependant des risques de perturbations existent, ce qui risque d'avoir pour incidence de durcir encore un peu plus la traversée. Cependant cela fait partie du jeu et vous allez devoir faire avec » Je ne suis pas inquiet pour autant, je suis maintenant complètement détendu même si depuis ce matin des maux de tête se sont invités à la fête.
La direction de course appelle une à une les vedettes placées en position préférentielle. Parmi eux figure Laurent Jalabert qui s'essaye pour la première à ce genre d'exercice. Sa présence prouve la popularité grandissante de ce type d'épreuve.
C'est le compte à rebours, 5, 4, 3, 2, 1, 0 c'est parti, les 2400 fous sont lachés dans la nature. A vive allure pour les premiers et au petit trop en ce qui me concerne. Je passe la ligne de départ en marchant dans les dix dernières places. Je profite à 200 pour-cent des encouragements des spectateurs. Après 500 mètres de courses j'envoie un dernier bisou à Vaness, je ne le sais pas encore mais il me faudra attendre 59h26 avant d'en avoir un nouveau.
Je démarre prudemment sur les trois premiers kilomètres de bitume, je trottine dans les descentes et marche sur le plat et dans les faux plats montants. Quelle ambiance!!. Les locaux ne sont pas avarrent d'applaudissements. Après ce hors d'oeuvre, virage à gauche, la course commence avec l'ascension du Piton de la Fournaise volcan culminant à 2400 mètres d'altitude toujours en activité et faisant encore des dégâts, les dernier remontant a 2007. Eruption qui dura plusieurs semaines.
Le début de l'ascension est carrossable est peu pentu histoire de rentrer tranquillement dans la course. L'ambiance est détendue en queue de peloton, on discute, on plaisante, le moral est au beau fixe. Arrivée au ravitaillement de marre longue (15km), je rempli la poche d'eau, côté solide c'est simple, il n'y a plus rien. Je suis prêt à cela puisque c'était déjà le cas 3 ans auparavant. Juste après ce point d'arrêt, virage à droite, le sentier large laisse place à une petite piste étroite, escarpée, humide, glissante avec une végétation luxuriante. Nous sommes plusieurs fois contraint à l'arrêt suite à des bouchons. Je mettais préparé à cela, cependant je ne pensais pas être autant pénalisé. Au final, je perds environ une heure!!!. Je prends mon mal en patience et me dis que c'est l'occasion de s'économiser un peu. Plus nous montons et plus la végétation se raréfie. Le jour se lève et j'espère pouvoir admirer l'océan indien. Malheureusement cette année, le ciel est trop couvert. J'atteins le ravitaillement de foc foc (km 23,7) à 2350 mètres d'altitude, un peu penaud, je ne me sens pas très bien sans être pour autant inquiet, c'est à chaque fois le même scénario. Je rencontre à cet endroit des anciens compagnons de raid. Ils sont huit, je profite de ce hasard pour me joindre à eux. Nous échangeons nos dernières expériences au milieu d'un paysage surprenant. On ne le dira jamais assez mais c'est extraordinairement beau. Ce petit bout de chemin jusqu'au pied de la montée menant à l'oratoire Sainte-Thérèse me fait un bien fou. Le groupe s'arrête après la pleine des sables. Une étendue absolument désertique ou rien ne pousse et ou seulement le sable de couleur rouge virevolte dans l'air, c'est un paysage lunaire époustouflant!. Je décide de continuer seul vers l'oratoire. Je me suis préparé à vivre cette course en solo et pourtant ce ne sera pas le cas.
L'oratoire (km 37) passé, j'entame seul la descente qui nous mène jusqu' à mare à boue (km 50,4). Nous quittons la Lune pour la Normandie, Prairies verdoyantes, nuages bas, vaches sont au programme. J'ai mal au crâne depuis le début de course est cela commence à me taper sur les nerfs, par expérience je sais que ça peu passer mais là, cette douleur lancinante ne me quitte pas depuis le départ. Au cours de la descente je sympathise avec un breton qui participe pour la première fois à la course et qui est estomaqué par ce paysage champêtre. Nous discutons de choses et d'autres avec beaucoup de plaisirs et d'humour. Arrivée à marre à boue alors que nous faisons la queue pour avoir notre repas (soupe, poulet rôti et riz ) je fais part de mes maux de tête à mon compagnon de route. Un coureur devant nous se retourne et me dit qu'il a un baume chauffant chinois ultra efficace et me propose d'en appliquer sur le front. J'accepte et croyez le ou non une heure après la douleur avait disparue (incroyable).
Nous quittons le ravitaillement après 13 heures de course, direction le gîte Piton des neiges. Je connais cette montée et m'y suis toujours senti bien lors des mes deux précédentes éditions. Ce que je ne n'avais pas réalisé c'est que le refuge n'est pas situé au même en endroit que l'ex coteau kerveguen effondrée suite à une tempête. Cette montée est d'une difficulté sans nom. 1039 mètres de dénivelé positif sur 9 km. Pour le initiés ce n'est pas si effrayant que cela, mais je le rappelle, nous sommes à la réunion une île volcanique façonnée par l'érosion. La montée s'apparente a un parcours du combattant, nous sommes obligés parfois de nous aider de nos mains pour monter. Ajouter à cela une météo de plus en plus menaçante avec une température qui baisse considérablement en se rapprochant du point culminant de la course (2484 mètres d'altitude). Lors de cette montée je dois laisser mon compagnon de course qui a des problèmes de genou. J'espère pour lui qu il pourra continuer tant son état d'esprit est excellent. Il le mérite.
J'arrive au refuge du piton des neiges après 17h34 de course, il est 17h34 c'est l'avantage de partir à minuit!! Il fait froid, le plafond nuageux est juste au dessus de nous. Bref, il faut se restaurer et partir vers Cilaos. Je fais une descente comme je les aime, je suis à l'attaque même si depuis longtemps je me suis fais une raison sur mon aptitude à faire un temps sur ce raid, je veux finir et je sais à ce moment que c'est possible quelque soit le chrono. Je me fais plaisir en prenant il est vrai quelques risques! La nuit est tombée, le terrain est glissant, très technique et il pleut abondamment. Sur la piste les racines des arbres succèdent aux rondins de bois installés par l'homme afin de rendre la piste un tant soit peu carrossable. ouf!
A 20 heures, J'atteins Cilaos (km 69,5) sous une pluie battante, au passage joli village perdu dans la montagne auquel on accède en voiture par la route aux 420 virages!!! Vaness peut en témoigner car son estomac la contrarié!!!.Cilaos cultive les fameuse lentilles utilisées dans le saucisse rougail, délicieux!! (plat à base de lentilles dorées et de saucisse de porc le tout légèrement épicé). C'est difficile mais je suis dans la course. Je récupère mes habits secs, le moral est bon malgré la fatigue, c'est sur je vais repartir après un bon repos. Un petit coup de fil à mon amoureuse avec qui je suis en relation régulière (appel ou texto), c'est important pour le moral. Je me change, essaye d'encourager un réunionnais 2 fois finisher qui ne se sent pas bien mais sans succès. Je pense à lui sachant que c'est un crève coeur d'arrêter et qu'il faut du temps avant de digérer un abandon sur la diagonale. Je mange un bon repas très complet en face d'un coureur local ultra médiatisé. Je comprendrai plus tard pourquoi en regardant le reportage relatant la course au journal de 13 heures sur France deux bien au chaud devant mon ordinateur!!! (tous les journaux télévisés étant accessibles sur internet, vive le progrès!). Nous tentons de nouer le contact mais sans succès du fait de la barrière de la langue (le créole). Je n'ai pas révisé le patois réunionnais, il faut dire que les langues et moi ça fait deux! Après le repas direction les tentes collectives pour un petit dodo d'une heure. Cette fois j'ai les boules QUIES indispensables dans une tente de 20 lits. Je me réveille vers 22h30 , la pluie a cessée, il fait doux, de ce fait le moral est au beau fixe. Ceci dit, je suis seul et j'ai du mal a quitter cet endroit car j'appréhende malgré tout la difficulté du col du Taibit et l'entrée dans le Cirque de Mafat. C'est un moment charnière de la course. Je me restaure une nouvelle fois afin repartir dans les meilleures dispositions.. Dans la salle, je retrouve mon compagnon breton meurtri et victime d'entorses aux deux genoux. Je lui demande s'il continue, me répond que non et me souhaite bonne chance. Je le quitte sur une franche poignée de main et un sourire complice.
Je quitte Cilaos à 23h08, les habitués de la courses vous dirons que tout commence à cet instant et ils ont raisons. Quand on repart d'ici avec les jambes et le moral on a une chance de finir et c'est mon cas! Je suis avec un groupe d' une dizaine de personnes, ils vont trop vite et je ne peux et ne veux pas suivre. Une raideuse de 59 ans, derrière moi entame la conversation. Nous faisons connaissance et progressons au même rythme. Mon gros défaut et de marcher trop vite dans les montées, je me fatigue et Claudine s'en rend vite compte et me propose d'imprimer un rythme plus régulier ce que j'accepte volontiers. Nous atteignons le pied du col du Taibit (km 76,6) après 25h36 de course. Nous nous restaurons et voyons certains concurrents dans le caniveau se protéger avec leurs couvertures de survie. C'est terrible à dire mais cela nous rassure sur notre état de forme.
Nous entamons la montée du col du taibit, Claudine est toujours devant (j'ai déjà connu çà, derrière olivier en 2005!!) Nous profitons de la tisane et du feu de bois traditionnel improvisé par des jeunes au milieu de cette ascension (950 mètres de dénivelé). La montée et longue dans la nuit et sous la brume, pluie ultra fine illuminée par la frontale. C'est avec joie que nous apercevons le panneau matérialisant le sommet du col. La descente est prudente compte tenu des conditions difficiles et du caractère dangereux de cette piste glissante et particulièrement abrupte, je me contente de suivre Claudine. Nous atteignons Marla (km 82,2) samedi à 5h19 après 29h19 de course. Nous nous ravitaillons et décidons de nous reposer une demi-heure. Claudine choisie la chaleur de la tente, pour ma part je préfère dormir dehors sous la couverture de survie. En effet, j'ai peur de dormir trop longtemps. Je règle le réveil de mon portable et m'endors instantanément, je me réveille 20 minutes après, transit de froid, en même temps l'objectif était de dormir peu. Le paysage qui s'offre à moi est féerique. C'est tout bonnement magique. Claudine sort de la tente, et je lui dit que rien que pour ce spectacle ça valait le coup de venir jusqu'ici.
Nous entamons notre progressions dans le cirque de Mafat un cratère de 95km carré forgé par l'érosion du piton des neiges (3 cirques existent à la Réunion Mafat, Salasie, Cilaos) inaccessible pour l'homme en voiture et ou vivent environs 700 réunionnais ravitaillés par hélicoptère, pour l'histoire Mafat était le refuge des esclaves qui fuyaient leurs conditions miséreuse au 19 ème siècle.
Le soleil est de mise, la chaleur nous fait du bien. Nous nous dirigeons vers Trois Roches, un endroit difficile dans mes souvenirs mais l'itinéraire à changé et ca passe plutôt bien. Nous arrivons au ravitaillement (km 89,7) sous les applaudissements fournis. Une jeune fille me dis bravo champion. Je vais vers elle et lui dis « tu me connais? » Elle me répond que non toute surprise. Je lui montre mon dossard ou mon nom est inscrit « Champion », elle éclate de rire. C'est aussi ça cette course. Claudine a besoin de se changer, j'en profite pour soigner mes pieds qui commence à s'échauffer. Tout en l'attendant, l'équipe de Canalsat animée par Sébastien Folin est juste derrière moi. Le caméraman m'interviewe je suis peu à l'aise sur la première question, mais me sent mieux lorsqu il me demande si j'ai mal au genou. En effet j'arbore un magnifique strapping au genou, préventif, depuis le début de la course.
Direction Roche Plate, Rien de bien inquiétant si je me raccroche à mes souvenirs. Sauf que cette fois-ci au lieu de passer par l'ilet aux orangers nous passons par les hauts et là ce n'est pas pareil. Nous arrivons péniblement jusqu'à ce ravitaillement, il faut dire que le soleil s'est invité sur le raid et nous souffrons de la chaleur. Le raideur n'est jamais content!
Nous quittons Roche Plates à 11h16 après 35h16 de course. Je ne connais pas ce tronçon de la course mais le bouche à oreille fonctionne parmi les coureurs et nous apprenons qu'une grosse difficulté se profile à l'horizon. Je ne suis peut être plus lucide mais je commence à m'inquiéter quant aux barrières horaires. J'en fais part à Claudine qui me dit ne pas pouvoir accélérer. Je préfère la laisser en m'excusant mais je ne veux pas prendre le risque d'une disqualification. Elle me comprend. Je cours sur une partie descendante et très pentue. Soudain vient la difficulté attendue nous menant sur grand place les hauts (km 99,6), 600 mètres de dénivelé positif sur 1,6 km. Je monte sur un rythme élevé avec un autre concurrent également inquiet. Nous sommes obligés de nous arrêter deux fois pour souffler. L'objectif est atteint, nous sommes dans les temps. Direction Grand Place les bas (km 103,1). Je pointe à 14h51 avec 01h10 d'avance sur les délais. Mes pieds me font de plus en plus souffrir, je suis victime d'échauffements et je vais devoir apprendre à vivre avec. Tout en me soignant, je vois Claudine passer sans quasiment s'arrêter. Elle est bien est part devant. Les pieds soignés je retrouve un coureur avec qui j'avais discuté sur la montée du volcan. C'est un suisse pour qui c'est la première, il est moniteur de ski et spécialiste des course en montagne (peaux de phoque et descente).
Nous repartons ensemble jusqu'à Aurère, 3h20 de marche sans difficulté majeure mais nous sommes tout de même à 40 heures de course et la fatigue commence à nous gagner. Les discussions vont bon train et le temps passe vite. Ma poche d'eau est vide, heureusement pour moi nous tombons sur un camp de soin avec des tentes qui n'a rien avoir avec la course. Nous arrivons à Auraire (km 112,8) samedi à 18h11 après 42h11 de course. Mes échauffements s'accentuent et je prend le temps de consulter le médecin. Application de vaseline, ça va être long........
Nous continuons notre périple en direction de deux bras (121,2) et là, nouvelle surprise, une descente interminable a travers les cailloux. 8,4 km de descente à la queue le leu. Rapidement, on entend la rivière des galets et pourtant il nous faudra 3h15 pour atteindre le ravitaillement. Peu avant notre arrivée, je commence à fatiguer sérieusement, je rate un cailloux lors d'une traversée de la rivière et fini le pieds dans l'eau. Je commence à m'endormir, il est 21h20 environ et je suis victime d'hallucinations. Je vois le ravitaillement alors qu'il n'est pas encore là. Je crois apercevoir un chat noir mort alors qu'il s'agit d'un gros galet noir. Il est temps de se reposer...
Nous arrivons enfin à 21h25. Je perd de vue mon compagnon, cette fois je finirai seul. Je m'endors sur mon rougail saucisse. A ce moment un coureur vient me parler et m'empêche de sombrer. Il repart et je décide de dormir sur une chaise. Le capitaine responsable du site (militaire) m'interpelle après 5 minuntes pour que j'aille me coucher ou pour me faire masser. Je refuse mais il insiste grossièrement et finit par me tendre, du coup, je suis réveiller. Je décide donc de repartir, il est 23h18.
Je quitte cet endroit, un peu inquiet quant à mon état de fatigue, un local me dit « reste calme et mets un pied devant l'autre tout doucement ». J'entame la montée de dos d'âne de nuit, seul en me raccrochant à ses conseils. Je connais cette montée mais c'était de jour, cette fois le contexte n'est pas le même. De plus en partant précipitamment j'ai encore oublié de remplir ma poche d'eau, il va falloir gérer. Prochain objectif, stade de dos d'âne 869 mètres de dénivelés positifs sur 7 km. Je suis dans ma troisième nuit et j'hallucine de nouveau. J'ai vu les lumières du stade dans un cul de sac alors que j'étais dans un simple virage! De plus il faut s'accrocher aux mains courantes pour franchir certains obstacles. C'est une course de fou, c'est marquer dans la brochure!!!!
J' ère maintenant comme une âme en peine sur la route goudronnée qui mène au stade (km 128,2), il pleut, il fait froid. Je fais des écart et atteint péniblement le ravitaillement en priant pour qu'il y ait un lit pour moi. Mon voeu est exhaussé. Je suis accueilli par des médecins et infirmières charmants qui m'allongent me soignent les pieds meurtris et m'apporte un thé au lit. Ils me réveillent une demi-heure plus tard. Je me ravitaille et repars vers 3h15 dimanche matin.
Je suis dans la dernière partie de la course et troisième surprise le Piton Baltard, c'est nouveau ça vient de sortir. Après quelque minutes, je m'aperçois que j'ai la énième fois oublié de remplir ma poche. Je suis un peu tête l'air et ça me joue des tours. A ma décharge, je suis dans un état de fatigue très avancé. Cette fois je suis quasiment à sec mais trop loin pour faire demi-tour. J'atteins le sommet et entame les crêtes au petit matin sans eau. Une fois de plus j'ai de la chance, je retrouve la personne qui est venu me parler lors de mon repas à deux bras. Il me donne de quoi tenir jusqu'au prochain ravitaillement. Je passe bien les crêtes au levé du jour mais la descente boueuse sur le kiosque d'Affouche est un calvaire. Plusieurs chutes et un petit ras le bol je l'avoue.
Je suis dans la dernière partie du périple et je me fixe comme objectif le stand suivant sachant que je dois faire du 2,5km/h. Il faut atteindre le collorado (km 142,8), c'est long mais ça sent la fin. Je marche sur des oeufs et fais souvent la grimace mais la souffrance en vaut la chandelle, j'y suis presque, de toute façon, cette fois je le sais je verrai la redoute. J'arrive au collorado à 9h36 après 57h36 de course. Le ravitaillement est copieux, il fait beau, je serre la main du maire de Saint-Denis et discute avec des concurrents sur les belles choses que nous avons vus. Le moment est à la joie, le moral au beau fixe malgré ces pieds qui me font souffrir et m'empêche de courir depuis 13h00 déjà.
Il reste cinq kilomètres de courses, c'est la descente sur Saint-Denis, J'ai des jambes de feu mais je j'ai tellement mal aux pieds que je progresse lentement, doucement en cherchant désespérément un terrain plat, en vain.............. Cela dit j'avance et j'aperçois enfin la ville, le rêve devient réalité. Depuis une douzaine d'heure je n'ai plus de téléphone, Vaness n'a plus de nouvelle, sera-t-elle à l'arrivée? Je souffre mais savoure. Enfin le bout du sentier, je passe sous un pont et entame la descente qui longe la route menant au stade. L'émotion me rattrape et je commence a avoir les larmes aux yeux. Je réponds aux applaudissements. Je traverse la route et entre dans le stade, je marque un temps d'arrêt pour chercher vaness, elle est assise se lève et m'enlasse. Beaucoup d'émotion pour tous les deux à cet instant et j'ai enfin le bisou tant attendu! Le quart de tour de piste me permet de courir un peu. Je suis très ému, je n'arrive pas a retenir mes larmes, mélange de joie, de fatigue, de fierté, de soulagement. C'est pour vivre ces moments là que je cours et rien ne remplace ce grand instant de bonheur. Je l'ai fait, je suis accueilli avec beaucoup d'enthousiasme par les bénévoles. J'en profite pour leur rendre ainsi qu'aux organisateurs un hommage soutenu. Sans eux, je ne vivrais pas ces moments uniques, et rien que pour cela MERCI.
Je suis heureux, je retrouve vaness et savourons une bonne bière avec la médaille autour du coup. Nous ne traînons pas, je suis cuit et j'ai hâte de me reposer. J'ai vécu un grand moment de ma vie sportive, peut être le plus grand. Je suis encore ému en écrivant ces lignes.
Merci à Vanessa qui m'encourage à vivre ma passion et à tout ceux qui m'ont envoyés un petit mot de se sympathie avant pendant et après la course. L'aventure à commencer à Steenwerck dans les années 80 avec les épopées familiales autour d'un père précurseur et un peu fêlé lui aussi. Merci de m'avoir transmis cette passion dévorante battit autour du goût de l'effort, du dépassement de soi et du défi. Aujourd'hui, la flamme est plus que jamais présente. Je vais me projeter sur d'autres courses mais une chose est sûre, un jour, je serai à nouveau parmi les fous. Ludovic le fou heureux.
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3 commentaires
Commentaire de akunamatata posté le 21-12-2008 à 18:23:00
Bravo Ludovic!
Commentaire de c2 posté le 22-12-2008 à 09:38:00
Un truc veçu et écrit avec les trippes. Je revisualise le parcours à travers tes mots. Merci pour ce témoignage
Commentaire de philkikou posté le 30-12-2008 à 12:10:00
CHAPEAU CHAMPION !!!
Même sans photos, j'ai suivi jusqu'au bout cette aventure bien mené, avec des hauts et des bas ;-)
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