Récit de la course : SaintéLyon 2024, par Benman

L'auteur : Benman

La course : SaintéLyon

Date : 30/11/2024

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 380 vues

Distance : 82km

Objectif : Pas d'objectif

6 commentaires

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Mon incroyable Saintélyon

La SaintéLyon 2024 a été une aventure qui m'a poussé à mes limites. Ces 82 kilomètres, traversant les Monts du Lyonnais, n'ont pas seulement été un défi physique, mais aussi une expérience presque mystique, entre la nuit, l’effort intense et la solitude des sentiers. Un véritable ballet de courage et de fatigue, où chaque étape de la course a laissé une empreinte dans ma mémoire.

Le départ : La nuit se fait calme


À 00h30, la foule s’élance, enveloppée dans l’obscurité de la nuit. 8000 coureurs, chacun avec sa frontale, créent une atmosphère presque solennelle. Les premiers kilomètres se font sur une route large et dégagée, et malgré le froid mordant, je trouve un rythme tranquille. Les premiers instants sont presque sereins, comme une lente immersion dans la nuit, où chacun semble plongé dans sa propre bulle.

Mais déjà, à peine après Sorbiers, le parcours se rétrécit et les sentiers deviennent plus étroits. Là commencent les premiers bouchons. On ralentit, on attend, on se faufile. Ce n’est plus la fluidité de l’asphalte, mais une lente progression sur des sentiers sinueux, serrés. À chaque coureur qui me précède, je sens l’inconfort d’un moment où il faut attendre son tour pour avancer. L’énergie de la foule est palpable, mais il y a peu d’échanges, tout le monde semble concentré sur son effort.

Saint-Christo-en-Jarez : Une pause silencieuse


Le ravitaillement de Saint-Christo-en-Jarez (km 20) marque la première rupture dans le rythme. Là, la foule est encore dense. Chacun se sert, mais les gestes sont rapides, mécaniques. Quelques mots échangés, mais la fatigue commence déjà à se faire sentir. Je prends une soupe chaude, puis je repars, sans attendre plus. Le temps presse, et l’esprit est déjà tourné vers la suite.

Les premiers signes de fatigue se manifestent : les jambes lourdes, les pensées confuses. Mais pas le temps de tergiverser, il faut avancer.

La montée du Rampeau : L'intensité qui monte


Après le ravitaillement, direction la fameuse montée du Rampeau. Dès le départ, je sens la raideur du terrain. Les pentes sont sévères, la montée est longue et éprouvante. À ce moment, c’est un effort mental autant que physique. Chaque pas semble un défi supplémentaire. La fatigue se fait sentir, mais la seule chose qui compte, c’est d’avancer. La montée est en silence, chacun s’agrippant à la pente avec détermination.

La montée du Signal de Saint-André : Une pente douce et une vision magique


Une fois le Rampeau franchi, je me dirige vers la montée du Signal de Saint-André (km 40). Contrairement à la montée précédente, celle-ci est bien plus douce, presque apaisante, mais elle n’en reste pas moins symbolique. C’est une sorte de transition, un moment où l'on retrouve un peu de répit avant de replonger dans l’effort.

Je me retourne en pleine montée et là, dans la nuit noire, un ruban lumineux de frontales serpente à travers les crêtes. Les lumières s’étendent en une ligne claire et presque irréelle, une image hypnotisante qui me coupe le souffle. C'est à ce moment précis que je ressens toute la beauté du parcours : la fatigue, la douleur, tout s’efface sous ce spectacle de lumière. En observant cette mer de lumière, je me sens à la fois tout petit et étrangement connecté à tous ces coureurs qui, comme moi, poursuivent leur quête contre la nuit et la distance.

Saint-Genou : Le corps qui réclame des pauses


Après cette ascension, je rejoins Saint-Genou (km 48). Les jambes commencent à protester, et mon genou, lui, fait de plus en plus parler de lui. Chaque pas me rappelle la douleur persistante. Une pensée fugace traverse mon esprit : "Si je passe par Saint-Genou, peut-être que ce sera le moment de guérir mon genou… Mais non, il semble qu’il en ait décidé autrement !"

Là, un peu avant l’aube, l’ambiance change. Le jour commence à poindre et avec lui, une étrange camaraderie émerge parmi les coureurs. Des murmures commencent à se faire entendre, mais le silence de la nuit, lourd de concentration, n’est pas encore totalement dissipé.

Au ravitaillement, un coureur me lance : "C’est encore loin, Saint-Genou ?" Je ris faiblement : "Si je continue comme ça, je vais finir par demander à Saint-Genou de me bénir !"

Un autre coureur, essoufflé, me répond en souriant : "S'il te bénit, je veux bien qu’il m’accorde une pause de 10 minutes à chaque km, moi !"

À cet instant, alors que j’aspire à une petite pause, un matou apparaît devant moi. Il se faufile dans le sous-bois, indifférent à nos peines, mais il semble presque m’encourager avec ses grands yeux. D’un coup, il s’arrête, prend une grande inspiration et laisse échapper un bruit plutôt… flatulent. Il me regarde, comme pour me dire : "Si je peux faire ça, toi aussi tu peux continuer à courir !" Surpris, je ne peux m’empêcher de sourire. Et d’une certaine manière, ce petit chat me redonne l’inspiration. Si lui, avec tout ce qu’il a, continue d’avancer, je dois bien pouvoir aller un peu plus loin.

Soucieu-en-Jarrest et Chaponost : L’approche du dernier effort


Les ravitaillements à Soucieu-en-Jarrest (km 61) et Chaponost (km 68) apportent une bouffée d’oxygène, mais ce n’est pas encore la délivrance. Le corps continue de réclamer son lot d’efforts. Les pentes deviennent plus douces, mais les jambes se font de plus en plus lourdes. Le mental est mis à rude épreuve, mais chaque kilomètre parcouru est une victoire sur la douleur.

Un coureur me croise et dit d’un ton fatigué : "Si on pouvait échanger nos jambes, je te les donnerais bien. Mais je garde mon genou… celui-là, il a l’air de t’emmener loin !"

J’éclate de rire, me disant qu’au moins, il ne manque pas d’humour.

Beaunant : La montée des Aqueducs, l’ultime ascension


La dernière épreuve avant l’arrivée se profile à l’horizon : la montée des Aqueducs à Beaunant. Après presque 70 kilomètres, c’est l’ultime défi. Le parcours semble se figer, l’arrivée parait loin, et pourtant, il faut encore gravir cette dernière pente. Les jambes sont fatiguées, le corps crie, mais l’esprit se ressource dans la constance de l’effort.

L’ambiance est silencieuse. Il n’y a plus de place pour les bavardages. Les sourires sont rares, les mots sont peu nombreux. On grimpe, on souffre, on avance, et l’arrivée semble chaque fois plus lointaine. Mais au sommet, la sensation d’avoir franchi un obstacle majeur fait renaître l’énergie, même si la douleur persiste.

L’arrivée à Lyon : Un passage épique vers la fin du voyage


La dernière partie du parcours me fait découvrir un Lyon que je ne connais pas. Une fois la montée des Aqueducs passée, la ville se dévoile peu à peu, et je commence à sentir que la fin approche enfin. En descendant vers la ville, les paysages urbains se transforment sous mes yeux.

Je franchis le pont de l’autoroute en m’approchant de la Confluence. Là, un sentiment étrange me gagne. Cette transition entre les montagnes et la ville est magique. Le musée des Confluences, avec son architecture futuriste, se dresse devant moi. C’est une espèce de vaisseau spatial posé sur la ville, et pour un instant, je me sens presque perdu dans la beauté de cette structure. La fin de la course semble une métaphore de cette rencontre entre deux mondes, le monde de la nature et celui de l’urbanité. La lumière du matin, maintenant bien présente, fait scintiller les lignes de ce bâtiment, ajoutant à la grandeur de l’instant.

Je continue à avancer, mes jambes fatiguées mais poussées par un flot d’émotions. Je traverse le pont Raymond Barre, et là, la dernière ligne droite commence. Je sais qu’il ne reste plus grand-chose à faire, mais je n’arrive pas à croire que cette aventure touche à sa fin.

L’arrivée à la Halle Tony Garnier : L'extase du parcours


Et puis, me voilà devant la Halle Tony Garnier, ce monument emblématique de Lyon. Lorsque je franchis les portes du complexe, le speaker à l'arrivée se déchaîne. Il annonce notre arrivée avec une énergie folle, et chaque mot, chaque acclamation des spectateurs, chaque bruit autour de moi semble se mélanger en une grande explosion de joie. C’est comme si toute la ville nous attendait là, dans cette halle pleine d’histoire, prête à célébrer ce moment.

Je n’ai pas la force d’y réfléchir longuement. Je suis déjà pris dans l’émotion. Je saute sous l’arche d’arrivée, un dernier élan d’énergie, comme un éclair d’accomplissement. Et là, alors que je ralentis et m’éloigne de la ligne d’arrivée, tout me revient en pleine vague. La douleur des kilomètres, la fatigue, mais aussi la fierté de l’avoir fait, de l’avoir vécu.

Mes yeux se remplissent de larmes. Elles viennent discrètes, mais elles sont là. Un moment d’intimité après tant de souffrance et d’effort. Ce n'est pas de la faiblesse, c'est la reconnaissance de ce que j’ai traversé, le respect pour cet exploit. La course est finie, mais ce souvenir restera gravé en moi.

Je tiens à remercier ma famille, qui m’a soutenu dans chaque pas, chaque entraînement, chaque moment de doute. Sans eux, rien de tout cela n’aurait été possible. Je remercie également l'organisation de cette course incroyable, les bénévoles et tous ceux qui, par leur travail et leur dévouement, font de cet événement un moment inoubliable. Ils sont les véritables héros de cette aventure.

La SaintéLyon est plus qu’une course, c’est une célébration du sport, de la nature, de la persévérance. C’est un exploit personnel, oui, mais aussi une preuve que, parfois, nous pouvons tous repousser nos limites.

Prochaine étape: la diagonale des fous, avec genou mais sans matou.

6 commentaires

Commentaire de TomTrailRunner posté le 13-12-2024 à 08:36:07


Félicitations pour avoir terminé la SaintéLyon 2024 !

Un immense bravo pour ta performance et ta persévérance ! C'est un exploit impressionnant de réussir cette course mythique, qui exige tant de courage et de détermination. Peu de gens peuvent se vanter d'avoir franchi cette ligne d'arrivée après des kilomètres de défis, de nuits froides et de terrains difficiles.

Tu as prouvé une fois de plus que l'effort, la discipline et la passion sont la clé pour surmonter tous les obstacles. Profite bien de ta réussite, tu l'as amplement méritée !

À bientôt pour de nouveaux défis, et encore bravo !

Commentaire de Benman posté le 13-12-2024 à 21:58:52

Merci Felix

Commentaire de bpoth9 posté le 16-12-2024 à 11:51:33

:) Superbe écriture, on vit avec toi ce défi hors norme! le rédiger à l'envers aurait peut être plus collé à ton parcours du jour! Bravo quand même!

Commentaire de Benman posté le 16-12-2024 à 22:57:22

Mince IA un problème alors? Allo Houston?

Commentaire de Mazouth posté le 17-12-2024 à 18:10:30

Tu as sauté Sainte-Catherine, ce n'est pas très galant ^^

Commentaire de Benman posté le 17-12-2024 à 23:00:31

Faudrait que je sois prompt à réparer cet oubli

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