L'auteur : Grego On The Run
La course : SaintéLyon
Date : 2/12/2023
Lieu : St étienne (Loire)
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Distance : 78km
Objectif : Pas d'objectif
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extrait de mon article :
https://firstquartilerunners.wordpress.com/2024/11/18/saintelyon-2023-belle-et-rapide-mais-epilogue-complique/
C’était pas gagné !
Dimanche 26 novembre 2023 après-midi : je suis assis sur un banc au gymnase de la rue Léopold Bellan (Paris 02) pour assister à la séance de football en salle de mon fils. A ma droite un papa, malade depuis deux semaines, à ma gauche un autre papa qui renifle et somnole tellement il est dans le coaltar ! Je leur lance : « Eh les amis, je ne suis pas tombé malade de toute l’année, à la rigueur je veux bien attraper vos microbes s’il faut vraiment en passer par là pour l’immunité collective…mais SVP pas cette semaine, je cours la SaintéLyon le weekend prochain ! »
5 jours plus tard, vendredi 1er décembre : Lyon gare de la Part-Dieu 11 heures du matin. Il pleut des cordes. Je sors tout penaud avec mon parapluie et fait face au déluge. Ce n’est que du bonheur. Je ne me sens pas bien du tout. J’ai comme une sorte d’étau autour de la tête. Après avoir déjeuné au Danton, je file à pied en direction de la Halle Tony Garnier pour y récupérer la chasuble. Un temps pourri, j’ai les pieds trempés, et une grande envie de faire la sieste m’étreint. J’ai le nez bouché et dois me balader avec le paquet de mouchoirs en main.
Il est déjà 17 heures lorsque je rejoins encore à pied La Mulatière, la pluie n’a pas cessé une minute. Je file sous la couette, et je dois faire le constat terrible : je suis malade comme un chien pour la première fois de l’année et cela tombe la veille du départ de la STL.
Le lendemain j’ai juste le temps après plus de 10 heures de sommeil d’aller saluer les runners de la LSTL au panneau du km 3 de la STL sur les coups de 9h15 pour encourager mon pote Sylvain. Je retourne vite me coucher très en forme (dans le coaltar). A midi le traditionnel plat de quenelles lyonnaises à la sauce béchamel dont je ne sens absolument aucune saveur. J’ai totalement perdu le goût. Je retourne sous la couette pour une sieste, avec l’espoir que cela aille mieux d’ici mon arrivée à Saint-Etienne (18h30) en train. Je prends un Doliprane pour le voyage en TER.
Une soirée formidable comme il se doit dans la famille à Villars (42) avec Yves et Lulu. Le plat de pâtes au beurre. Un verre de coca juste avant d’être conduit à Parc Expo à 22h30. Une attente au chaud dans la cohorte de la deuxième vague juste avant l’ouverture des grilles. Je me sens beaucoup mieux !
Dehors, j’apprécie toujours la voix traditionnelle du speaker, toujours le même depuis 2010 (ma première STL). Nous assistons à un superbe spectacle de 300 drones. Je ne connaissais pas ce format et franchement je suis bluffé. C’est un tout petit peu long et les multiples clins d’œils au sponsor de l’épreuve sont un peu excessives et contre productives, c’est dommage. Mais c’est une belle surprise quand même !
Je vais courir avec une seule couche manche longue car il est prévu que cela soit sec de chez sec durant toute la course. Je remets ma veste GoreTex à la Mickey dans mon sac (c’était juste pour l’attente au froid). J’ai une double paire de gants pour mes mains (mon talon d’Achille), j’ai les symptômes de la maladie de Raynaud. Donc j’endosse une paire gants de soie + paire de gants de ski en GoreTex par dessus… cela ne suffira pas.
Départ de la deuxième vague à 23h55.
Première Etape : de Saint-Etienne à Saint-Christo-en-Jarez
J’ai de bonne sensation sur le bitume stéphanois. Je n’ai qu’une seule couche (un maillot de corps manche longue) et j’ai très vite…chaud ! Les températures ne sont pas si faibles sur le plancher des vaches stéphanoises. C’est la partie que j’aime le moins de cette STL. J’ai toujours la nostalgie des anciens premiers kms traversant Sorbiers de mes premières STL (jusqu’à 2017/2018 où le parcours jusqu’à St Christo a définitivement changé). Il y a cette descente sur bitume, assez sèche. Et puis enfin nous prendrons de l’altitude sur des sentiers principalement. Je me sens plutôt bizarre, je manque de tonus et j’ai du mal à envoyer du bois mais d’un autre côté je n’ai pas de symptômes de maladie. Ce n’est pas encore la patinoire. Note très positive : j’aime beaucoup la nouvelle partie des 2 derniers kilomètres qui nous conduisent à Saint-Christo-en-Jarez.
Bilan à Saint-Christo-en-Jarez : 1 h 55 minutes de temps de course / 1029 ièm
Le ravitaillement sera toujours géré de la même manière : 3 gobelets de Coca et 3 tartelettes Diégo + 1 poignée pâtes de fruits (à partir de Sainte Catherine)
Je pars très vite pour, et j’insiste, la plus belle partie de la SaintéLyon. La partie Saint-Christo-en-Jarez / Sainte Catherine.
Deuxième Etape : de Saint-Christo-en-Jarez à Sainte Catherine
C’est la partie de la mort qui tue. Je commence à avoir les mains complètement gelées ! Warning Warning ! Malgré les deux couches de gants dont une en GoreTex, je suis contraint de recroqueviller mes doigts dans les gants pour les réchauffer, cela marche – un peu – mais je perds un peu le sens de l’équilibre à courir les poings fermés (faites le test, vous verrez !) sur des sentiers glissants. Dès que je décélère et que je dois marcher, certes rapidement dans les ascensions, le froid commence à m’étreindre.
Toujours cette très belle partie de chemin de crêtes après le feu de bois alimenté par nos « amis supporters de la STL toujours fidèles au poste » lors des 12 dernières éditions et qui nous réveillent grâce à la musique que crachent à fond leurs enceintes. Cette année ce n’était pas du Iron Maiden… J’ai oublié.
Les sentiers sont magnifiques, c’est rapide. Mais le froid va prendre le dessus dans ma hiérarchie des préoccupations : froid des mains, je ne les sens plus, froid du corps curieusement alors que je suis en mouvement. Je projette impérativement de mettre ma GoreTex à la Mickey (style sac poubelle) dès mon arrivée à Sainte-Catherine.
Et justement l’arrivée à Sainte-Catherine cette année est inédite. On arrive « par derrière » (les vétérans de la STL me comprendront) et non plus par le sentier casse gueule habituel.
J’ai les mains tellement gelées que j’ai perdu toute proprioception. Au ravito je demande à une bénévole de me servir mes 3 gobelets de coca que j’arrive à peine à tenir et de m’aider à remettre mes gants car j’en suis incapable tout seul. Je mets au moins 5 minutes à enlever mon sac, prendre ma gore tex, l’endosser est un calvaire, redemander à une bénévole de me remettre les gants : un sketch !
Bon il faut que je vous avoue, je reprends la rédaction de ce post quelques 11 mois après avoir écrit les lignes ci-dessus. Donc en substance je ne sais plus trop ce qui s’est passé. En fait si après un gros gap de quelques kilomètres je nous propulse à Soucieu-en-Jarrez. Il est 6h50. On dit que la SaintéLyon commence là. Ce n’est pas complètement faux. En fait il faut entendre : « si tu es complètement cramé à Soucieu alors qu’il reste une distance de semi-marathon assez roulante tu peux complètement mettre une croix sur ton chrono ». En revanche si tu es encore frais alors tu peux vraiment vivre les deux heures qui restent de manière tout à fait exceptionnelles ; oui à partir de Soucieu, c’est une autre course qui t’attend.
Moi c’est comme cela que je le vis.
Je pointe à Soucieu au lever de soleil en 761 ième position.
J’ai la chance d’avoir encore du jus. C’est pour moi le feu vert. Je vais tout donner pour les kilomètres qui restent et les vivre intensément.
Chaponost arrive très vite : 45 minutes plus tard, après 7h35 de course en 680 ième position.
Et puis c’est toujours le même parcours, en-dehors du contournement bizarre en épingle à cheveu du ravito de Chaponost (troisième année de suite je crois). Il fait jour, je suis assez bien. C’est Sainte-Foy-lès Lyon, puis le mur des aqueducs de Beaunant. On se calme, pas la peine d’exploser contre le mur. Ensuite c’est la gentille, mais inutile, descente dans le parc accrobranche. Et enfin la commune de La Mulatière, passage devant la copropriété de Belle Maman où je réside le temps du weekend.
J’aime le passage direct sur le Pont de La Mulatière. Enfin, on ne passe plus sur le quai glauque de la Saône pour remonter un petit escalier !
Mon frère Fabrice et Corinne m’attendent sur le Pont Raymond Barre juste devant le musée des Confluences ; moment de bonheur et de grande surprise ! Mon frère me donne mon chrono et je m’aperçois que je dois me donner un coup dans le derrière si je veux passer en dessous des 9 heures de course !!! Alors j’accélère alors qu’il reste plus d’1 km ! Mais le chemin n’est pas direct jusqu’à la Halle Tony Garnier, on doit longer, je ne sais plus quel bâtiment dans le parc de Gerland avant de revenir sur nos pas du côté de la route. Je suis en train d’exploser, je donne le maximum comme si je finissais un 10 kill de la mort qui tue.
Et yesss, je termine en 8h57 à la 593 ième place complètement en apoplexie ! Il est 8h53 à Lyon.
J’ai terminé ma 12 ième SaintéLyon en 13 participations consécutives (DNF en 2019).
La SaintéLyon ce n’est que du bonheur.
Sylvain et ma famille sont là comme à l’accoutumé à l’arrivée pour m’accueillir. On passe quelques minutes ensemble avant de se quitter, je rentre à La Mulatière en compagnie de ma belle mère. Douche et je ressens quelques frissons de fièvre…
Epilogue
Je rentre à Paris dès l’après-midi pour l’arbre de Noël de mes enfants organisé par ma boîte sur une des artères de l’Etoile, avenue Hoche. Le thème est la guerre des étoiles. Je suis encore sous le coup des endorphines. Mais à 18 heures, c’est à peine si j’arrive à traverser le Parc Monceau pour rejoindre la station de métro avec femme et enfants. Je me sens très très mal à la limite du malaise.
Les jours qui vont suivre vont être compliqués, impossible de me lever le matin pour aller courir. Je me sens fracassé. Le 31 décembre 2023, encore fragilisé je vais attraper la grippe saisonnière. Je vais passer 4 jours alité, sans manger quoi que ce soit, migraineux, courbaturé comme si on m’avait roué de coups. L’année 2024 commence plutôt très mal.
Finalement courir la SaintéLyon quand on est malade ce n’est pas forcément une bonne idée. Cela laisse des traces. Je pense ne jamais avoir totalement récupéré jusqu’à fin décembre. Mes défenses immunitaires au plus bas, la grippe saisonnière a trouvé un terreau fertile.
Pourtant avec le recul je me dis que si cela était à refaire, je le referai. Car la SaintéLyon, c’est une épreuve que je ne peux pas rater. C’est mon rendez-vous de l’année.
Et dans quelques jours (j’écris ces lignes le 18 novembre 2024 à quelques jours de la SaintéLyon 2024) c’est avec grand plaisir que je prendrai le départ de ma 14 ième édition.
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