Récit de la course : Trail de Bourbon 2023, par Runphil60

L'auteur : Runphil60

La course : Trail de Bourbon

Date : 20/10/2023

Lieu : Cilaos (Réunion)

Affichage : 685 vues

Distance : 109km

Objectif : Faire un temps

2 commentaires

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Trail du Bourbon 2023 – Jusqu’à la Redoute sans aucun doute !

Pour ma première à la Réunion, j’opte pour la Bourbon pour 2 grosses raisons : pas de tirage au sort ni de difficulté pour avoir un pack voyage et la course me fera passer une grosse nuit dehors, ce que je connais à l’inverse de 2 nuits !

 

Arrivé sur l’île le mardi matin pour un départ le vendredi soir, je vais directement reconnaitre le terrain autour de Grande Chaloupe sous une belle température, et le point positif, ca me rassure, je m’attendais à pire !

Je suis dans un état d’esprit confiant, entrainement sérieux sur septembre, puis relâche, je sentais la fatigue arriver, check Ostéo, stratégie d’alimentation hydratation OK.

Le roadbook est à 27h00. sans connaitre le terrain, je suis parti du temps d'un copain d'il y a quelques années, je l'ai croisé avec le classement 2022 et les côtes de Betrail, cela me semblait cohérent, puis pour le découpage en tronçons avec les temps intermédiaires, je me suis fié au tableau de site du grand raid, et le temps était finalement bien cohérent !

 

Jour J à partir de 15h00 :

Après les 3h00 de car pour aller au départ à Cilaos par la route aux 400 virages ! Le convoi est escorté par la gendarmerie, il y a au moins 15 cars avec des chauffeurs qui assurent grave. Dernière petite sieste et il reste un petit 2h00 avant le départ pour les derniers préparatifs où règne un mélange de fête et de concentration.

Départ à 20h00 dans la 1ère vague, dans une ambiance de folie sur une section de 8km qui va permettre d’étirer le peloton. Je pars doucement, je sais que dois être à l’économie pour la 1ère montée de Kerveguen (1100m) et la longue descente (1600 m) sur Hellbourg. Cette montée se fait les uns derrière les autres, c’est bien raide, il y a quelques échelles et de beaux blocs de pierre, chacun dans sa bulle. Jusqu’en haut, on entend les spectateurs qui sont au pied de la montée, ils sont chauds ! La nuit est étoilée, une petite lune, une température parfaite pour moi, en T-shirt toute la nuit. On pointe à la Caverne Dufour, 500m sous le Piton des neiges (potages, gâteau de patate douce, eau,2 petits beurres dans les poches) et j’attaque la descente concentré : on alterne les sentiers secs et humides, les cailloux, évidemment, des marches et des échelles jusqu’à Hellbourg, 2ème ravito avec 20 min d’avance sur mes prévisions (5h15). Beaucoup de spectateurs, familles et assistances dans les rues, les encouragements font plaisir. Arrêt rapide, soupe, banane et eau ; je bipe 258ème et repars pour 3 km de descente sur la route avant la montée vers la plaine des Merles.

Le bas de cette montée se fait sur une piste forestière très raide entre des cultures qui sont en cours d’arrosage, on transpire à grosses gouttes et chacun monte à son rythme, les écarts entre nous établis. On est ensuite en forêt, sur des sentiers que l’on peut parfois courir et parfois on y met encore les mains, en haut il fait humide et plus frais puis, on entend enfin les groupes électrogènes, le ravito arrive. On a fait 40 km à ce ravito, accessible depuis la route du Col des Bœufs, et je suis surpris de voir autant de coureurs en détresse. Je ne vais pas m’attarder, je m’assois pour avaler mes deux soupes, quelques morceaux de patates douces, eau et go pour terminer cette montée jusqu’au col de la Fourche. Je bipe en 8h16, 35 min d’avance et 220ème.

Une fois le col franchit, on plonge dans le cirque de Mafate direction La Nouvelle puis Marla (« gros hameau ») pour le prochain arrêt. Je suis régulièrement seul dans cette section, il fait chaud et à partir de 5h00, les oiseaux commencent à chanter pour nous annoncer les premières lueurs, c’est réconfortant. Dès que possible, les lève le nez pour voir le ciel prendre des couleurs, c’est magique. J’éteins la lampe avant La Nouvelle, et aperçoit Marla au-dessus de nous, pas loin, mais évidemment, avant on va redescendre à la Ravine Marla pour remonter 200m ! C’est un charmant village, avec des gites d’étapes colorés et de très nombreuses tentes de randonneurs.

Arrêt potage, patate douce, eau, coca (je crois). Je ne me sens pas super bien, je m’assois pour boire, ranger la frontale, préparer les bidons et repars en marchant. On en est à 48km, 3200 m de D+, 10h43 de course, avance de 38 min, 208ème.

Le cirque de Mafate, c’est maintenant 30 km globalement descendants (1300m de perte d’altitude) avec quand même 1000m de D+! On commence par aller rejoindre de lit de la rivière aux Galets puis on la longe sur plusieurs kilos en alternant marche et course. Je suis dans un petit groupe de 6 coureurs. On finit par traverser la rivière et remonter vers Roche Plate où nous rejoignons le parcours de la Diag. Ca fait tout de suite plus de coureurs sur les sentiers et à partir de ce moment, je vais très rarement me retrouver seul. Pause patates douces, coca et eau, il fait bien chaud et on recherche l’ombre. Des coureurs dorment, d’autres sont dans leur couverture de survie, ça sent la fatigue générale, j’évite donc de trainer, même si j’ai le plaisir de croiser et discuter avec Yohan. Déjà 58 km de fait, 3600m de D+, 12h35 de course, avance de 55 min, 199ème.

On repart en descente, et pour la première fois, j’ai regardé mon tel et le pointage des copains sur la Diag, certains ne sont pas loin devant, j’espère les rattraper assez vite. Ca chauffe bien, on a peu d’ombre avec la végétation, je transpire de partout, peu d’autres souvenirs jusqu’à Ilet des Orangers où il y a un pointage et un point d’eau et on je croise Bastien et Isa, on discute une minute, et on se reverra plus bas !

Techniques qu'ils disent, fou d'ma gueule ! 

On continu de descendre, on traverse une fois la rivière aux galets sans passage à sec, j’y vais franco dans l’eau, je mouille la casquette et on remonte, passe sur une passerelle au-dessus du bras d’Oussy puis on se dirige vers la base vie de deux-Bras où mon drop bag m’attend. On commence à voir des spectateurs sur les bords de l’eau que l’on traverse à trois reprises. Les sensations sont toujours bonnes, mais je vais prendre un peu de temps au ravito, juste derrière, on va sortir de Mafate et la montée de 600 m D+ est annoncée dure. Juste avant ce ravito, je rattrape Ludo, on discute un peu en marchant puis je repars de l’avant, on est en course quand même ! Arrivée au ravito,  on se fait biper et je récupère mon sac : je change chaussettes, chaussures, T-Shirt, récupère de la nourriture (compotes), prends mes protéines au chocolat que j’aime, repose mon sac, rempli les flasques, et prend une banana. Je ne suis pas tenté par les plats chauds proposés. Stop de 25 min environ. 72 km de faits, 4250 m de D+, 16h09 de course, 1h00 d’avance, 182ème.

Après 400m, on attaque la montée de Dos d’Ane les uns derrières les autres. J’arrive à doubler par moment et j’emmène un groupe de porteurs de Joëlette bretons avec je discute pas mal. J’ai l’impression que c’est la première conversation longue que j’ai, on plaisante et on a bien chaud même si nous sommes à l’ombre et qu’on voit enfin des nuages gris arriver ! la montée se passe bien, ça crachine même avant d’arriver au sommet où il y a beaucoup de monde, ca fait plaisir, encore une grosse montée et basta !

On redescend en trois sections que l’on m‘a expliqué : une portion de route raide mais courte, du chemin en faux plat descendant, parfois glissant avec la pluie, puis du raide où on slalome entre les arbres en s’accrochant aux branches et nous voilà déjà à chemin Ratineau où je pointe 175 ème. Pour la première fois je vois de la pastèque, j’en remande, cela passe super bien quand il fait chaud, je rempli les flasques et Go vers la mer !

On a une petite surprise, la montée Kalaa, 120 m de d+ raides dans les bois mouillés, on est en haut et hop on redescend aussitôt. La descente est lente, on met souvent les mains avant enfin d’arriver sur des chemins courables sur terres et cailloux où je me fais un plaisir d’emmener un petit groupe et de jouer au Pac-Man, sensation de courir à 13 alors que je dois tout juste flirter avec le 10, certains s’accrochent, mais pas très longtemps, on finira à deux cette section et d’ailleurs c’est avec ce coureur des Ardennes que je vais terminer la course. Dans la tête, tout est au vert, ca bien plaisir, on arrive enfin à la Possession, mais il doit bien rester 2 km avant d’atteindre l’école et le ravitaillement qui sont au bord de la mer. Il y a énormément de monde avant le ravito, et nous sommes bien encouragés, c’est bon, et à ce niveau, on sait qu’on va terminer ! 90 km de faits, 5200m de D+, 20h40 de course, avance de 1h00, 166ème. En plus ravito avec pastèque et gâteau de patate douce et robinet pour mettre la tête sous l’eau. Je suis content de repartir pour le chemin des anglais de jour, je m’attendais à y passer de nuit.

Après un bon kilo de route on attaque cette ancienne route faite de gros pavés de roche de lave noire où on cuit littéralement en milieu de journée. La section doit faire 4 km avec 2 ravines pour pimenter le tout. La température est bien, sur les hauts du chemin, on a de l’air marin, ça fait du bien, les montées freinent bien, on a chaud même dans cette dernière heure de jour. J’arrive à trotter sur les hauts du chemin et dans les descentes, mêmes si les pavés sont rangés en bordel, on croirait une chambre d’ado !!!

Ravito de grande Chaloupe, il y a du monde, c’est facile d’accès, petit ravito, pas trop de souvenir, j’enlève la casquette, met la frontale et Go pour la dernière montée. Et là je suis bien collé dans le pied, c’est raid, c’est toujours des pavés en bordel, heureusement, j’ai la bonne surprise de voir que nous avons 850 m de D+ à monter, j’avais mémorisé 1000 m, ce se fait en deux temps avec un bout de descente au milieu. Mon équipier Christophe me rattrape et je me colle dans ses baskets, une fois sorti du raid, ca va mieux, j’ai probablement pas assez mangé dernièrement, on est sur de la terre, en ligne droite, on voit les coureurs devant et la nuit est bien tombée. On passe aux Bambous, ravito et pointage pour redescendre, passé une rivière et on remonte et on tombe sur un ravito de riverains : poulet grillé top et de la citronnade, boisson dont je rêvais aux derniers ravitos ! On continue démonter, avec deux coureurs de la Diag jusqu’un nouveau hameau, et on arrive sur une nouvelle section, on quitte la route, on saute un fossé et c’est la dernière montée, a priori une descente de VTT de terre rouge, mais avec la frontale, ce n’est pas flagrant ! Arrivé sur les hauteurs, on a un peu de brume, les lumières de St Denis en bas et le dernier ravito. Changement de T-Shirt, je suis encore ébloui par les flashs, un peu d’eau et on file, 24h35 de course, 1h20 d’avance, 6400m de D+, 154ème.

Notre stratégie est simple, Christophe devant et moi derrière avec ma lampe presque au max. C’est encore une descente qui tape, de gros blocs à franchir, 630m à dévaler. On a quand même un bon rythme, on double régulièrement, certains font même des pauses dans cette dernière descente ! On est impatient de voir le stade, on voit bien qu’on suit une direction ouest sur le coteau, on est prudent, mais pas trop quand même ! Je regarde de prêt mon altimètre qui ne descend pas assez vite, objectif 48m ! Je double l’ami @Romain peu avant l’arrivée sans le savoir ! Dernières marches, on passe sous le pont, on contourne le stade pour y entrer, il n’est pas encore 22h00, il y a beaucoup de monde, on n’a plus mal nulle part et on termine main dans la main avec Christophe, heureux de notre collaboration !

Clap de fin, 25h49 de course, 1h10 de mieux que l’objectif, 150ème / 1495 au départ, pas de gros coup de mou, jamais en difficulté à me demander ce que je fais là  à Vraiment l’expérience de course parfaite pour moi, ce qui implique un nouveau dossard là bas ……

Les douches sont froides à la Redoute, c’est rude, petite nuit dans ma couverture de survie sous une tente pour attendre mon sac de Deux Bras et pouvoir enfin rentrer à mon logement en bus.

Les sensations ont bonnes, les premiers pas lents, mais après ca va, le manque de sommeil n’est pas flagrant.

J'ai bien aimé le sans bâtons et je n'ai pas trouvé beaucoup d'info sur le Bourbon, qui en mérite, c'est plus court que la Diag, mais pas plus facile! 

2 commentaires

Commentaire de fvedebe posté le 04-11-2023 à 15:26:50

Bravo Philippe !
Ça a dû te changer des escaliers de Montmartre 😉

Commentaire de Martin B posté le 05-11-2023 à 11:32:31

Hello Philippe! sympa de lire un récit de course où tout semble se dérouler comme prévu, voire un peu mieux! Je ne peux que te conseiller le dossard de la Diagonale la prochaine fois!
Et pour te répondre suite à notre discussion dans le bus, oui le retour au boulot mardi s'est bien passé, j'ai même eu le droit à un petit déjeuner surprise d'accueil en mode "retour du héros" ;) c'était fort sympathique!

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