L'auteur : wakayama
La course : SaintéLyon
Date : 30/11/2019
Lieu : St étienne (Loire)
Affichage : 2970 vues
Distance : 76km
Objectif : Battre un record
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Je n'avais pas prévu d'y revenir pour plusieurs raisons.
En premier, le format ne me convient pas car il faut beaucoup courir sur une longue distance. En second, j'en ai bien bavé l'an dernier et même si les (mauvais) souvenirs s'estompent, j'ai une bonne mémoire.
Quelques semaines avant la course, Arclusaz republie un petit message sur le forum pour rappeler mon récit de l'an dernier et donner de l'espoir à tout le monde. C'est bien cela, Laurent ?
Suite à cela, Mimisoso rebondit, me demande si j'accepterai une publication de ce récit sur le site officiel ou les réseaux sociaux, et en contrepartie l'orga m'invite.
Le récit étant public, pas d'objection, au contraire, et je prends l'invitation comme un signe.
C'est parti, reste plus que quelques semaines pour se préparer.
J'ai fait une saison décevante, me fixant des objectifs sans doute un peu trop élevés que je n'ai bien évidemment pas pu accomplir.
Alors avec l'expérience de l'an dernier, c'est avec un sentiment de revanche augmenté que je me projète sur cette course. Je vous avertis : il y a forcément beaucoup de comparatif avec ma course de l'an dernier, forcément.
Plus facile à dire qu'à faire : ma courte prépa est un peu meilleure que l'an dernier, j'axe surtout sur des mixtes trails/routes en essayant de courir le plus possible. Je finis par un bloc de 3 jours plutôt satisfaisant même si je sens que cela va être quand même difficile.
Une semaine avant, c'est normalement off en ayant prévu un week-end avec mon épouse dans le Sud. J'ai un dossard du Marathon du Beaujolais acheté au tout début que je n'ai même pas revendu ! Signe du destin, on rate l'avion car j'ai oublié mes papiers (acte manqué ?).
Pas trop de regret car le temps à Nice n'était pas trop propice à du repos et des balades, alors je me rabat sur mon dossard. En plus, je vais retrouver des kikous Sylvain/Mazouth et Rémi/Kirikou !
Bon, je ne vais pas faire le récit du Marathon mais cela se passe tranquillement, tout en gestion, en 5h. Je peux vous dire quand même que c'est une fausse/bonne idée une semaine avant la Saintelyon car on le sens un peu dans les jambes, le Marathon !
Je ne fais rien de la semaine, trop préoccupé à ne plus griller de cartouches et le jour J arrive. J'arrive à la Halle Tony Garnier vers 17h, j'avais retiré mon dossard la veille avec le bracelet Vip en raison de l'invitation. C'est là que je vais faire hurler du monde car ce bracelet m'autorise à partir dans le Sas Elites et après pas mal de réflexion, je l'utiliserai (voir plus loin).
Je monte dans le navette, bien au chaud et on arrive tranquillement à Saint-Etienne. Direction Le Flore en solo où j'arrive vers 19h20. Ca passe ensuite très vite en échangeant pendant le repas puis en allant m'allonger quelques minutes avant de me préparer. Je réflechis sur cette heure de départ et je décide de quitter le Flore assez tard, préférant m'économiser car l'an dernier j'avais mal aux jambes les premiers kilomètres après l'attente assez longue.
Je me prépare avec ce qu'il faut, 2 couches en haut dont une veste anti-pluie basique, une seule en bas, ça sera suffisant avec la température. par contre, j'ai privilégié la protection froid/humidité en mettant au pied des chaussettes imperméables (seulement testées sur du 20km) avec des guêtres et ayant prévu du rechange de gants dans le sac.
Je quitte le Flore et j'hésite encore : un peu peur de me retrouver écrasé par un troupeau de bisons au départ et en ayant aussi le sentiment d'être un imposteur. La peur d'attendre trop longtemps, le fait que les premiers kilomètres sont sur des voies larges me fait basculer et je passe vers 23h15 dans le premier Sas où je me colle le plus au fond possible, en mode discret, je ne suis pas là.
Saint-Etienne, Départ : 0km
Le départ est donné et avec un 10km/h sur les 3 premiers km, je me fais doubler mais il me semble que je ne gène pas trop. Ensuite dès que je ralentis, je m'écarte pour laisser la meilleure trajectoire possible aux plus rapides.
Ca se passe plutôt bien, je cours assez relaché et je pense dès le début à Soucieu : mon objectif n°1 est d'arriver là-bas avec la possibilité de courir encore. Donc je passe en mode gestion, je fais ma course, je ne me préoccupe que très peu des autres coureurs et de leur rythme.
Les premières montées arrivent mais j'arrive à bien les gérer en alternant marche/course en courant dès que possible. Ce premier tronçon se passe assez bien, au rythme que je voulais.
Saint-Christo-en-Jarez : 18km pour 2h24
Passage éclair au ravito que je traverse juste en rechargeant les bidons. Je poursuis sur le même rythme, rien de bien trépidant dans le récit.
Je ressens quand même les premiers effets de la fatigue , surtout musculaire au niveau des cuisses - merci le Marathon - et une petite douleur au niveau du coup de pied droit. Le reste va bien, un peu froid aux mains mais les pieds sont encore secs sur cette partie, ça me rassure beaucoup.
Cette partie est très longue, je perds du rythme et je commence à cogiter mais je garde le cap sur mon objectif. La panneau "Reste 50km" me fait un peu rire jaune, ça aide pas beaucoup le moral mais ça me touche finalement assez peu.
Les descentes sont plus difficiles, j'ai un peu peur de tomber après avoir vu quelques chutes assez lourdes de coureurs et je ralentis aussi inconsciemment.
La vue des lumières et l'arrivée au ravito est une petite délivrance.
Sainte-Catherine : 31km pour 5h08
Arrêt aussi éclair, je n'aime pas trop ce ravito même si cette année il y n'y avait pas les effets du vent glacial dans l'allée centrale. Je ressors en marchant et là... gros problème ! Douleur assez vive au genou gauche en remontant tout le long de la cuisse jusqu'à la fesse. J'avais eu un truc similaire après un court arrêt ravito sur le Trail du Haut Clunysois mais c'était passé assez vite.
Là, ça dure un peu, et je marche très difficilement sur toute la sortie du village. Je pense vraiment à ce moment-là à faire demi-tour, monter dans un bus et direction Lyon puis la maison. Je trouve alors des ressources où je peux : on m'a invité, je ne peux pas abandonner si vite / les problèmes ça va, ça vient donc ça va bien partir. J'essaie de rassembler tout ce que je peux de positif et de motivation intérieure.
A la première côte, la douleur disparait aussi vite qu'elle est apparue. Miracle ? Je ne sais pas mais je prends.
Curieusement, je retrouve de la fraicheur, je gère mieux cette partie, l'impression effectivement d'être passé pas loin de la catastrophe et comme je m'en suis sorti, plus rien ne peut m'arriver. Je me projète même sur les prochaines étapes, en me disant que je peux faire un temps correct !
Retrospectivement, c'est dans cette partie que je pense avoir franchi un cap personnel. Dans d'autres courses où j'ai été en échec, les pépins physiques m'ont rapidement fait sortir mentalement et là, j'ai réussi à passer au-delà.
Même les conditions difficiles, le terrain en particulier, ne me contrarient pas. je ressens seulement vers le 35ème un peu d'humidité dans les pieds, je pense que de l'eau est un peu entré par le dessus des guêtres dans les chaussettes mais rien de préoccupant.
Saint-Genou : 41km pour 7h01
J'arrive très motivé à Saint-Genou, le jour n'est pas encore levé et je me souviens que l'an dernier, j'étais assis ici en plein jour. Tellement motivé que je m'arrête pas, je continue tout droit à un rythme très moyen mais satisfaisant pour moi.
Je sais maintenant que j'arriverai plutôt bien à Soucieu, les enchaînements montées/descentes se succèdent et je suis heureux de courir sur des kilomètres où ma galère a bien démarré l'an dernier.
Soucieu-en-Jarrest : 53km pour 9h30
J'arrive en courant au gymnase de Soucieu, j'ai prévu de m'y arrêter un peu pour faire un bon ravito et pouvoir éventuellement changer le haut. Quand j'entre, il y a foule et aucune place pour se poser, toutes les places sont prises : beaucoup sont assis au milieu, avec leurs affaires éparpillées.
Réaction quasi-immédiate : je ne reste pas ! Je recharge en eau, je prends un peu à manger et je ressors très vite pour manger en marchant sur toute la sortie du village.
Je sais maintenant qu'il y a des bonnes portions de routes mais aussi des passages qui seront très humides. Cette alternance va me bloquer un peu, je n'arrive pas à prendre un rythme régulier et je sers les dents. Mais les kilomètres défilent sur ma montre et chaque pas est un pas gagné.
Vraiment pas évidente, cette partie, peut-être même la plus difficile en raison des sentiers boueux à l'extrême.
Chaponost : 65km pour 11h52
La ravito de Chaponost se présente et je traverse sans m'arrêter : il ne reste "que" 11km et j'ai vraiment hâte d'en finir maintenant. Je sais que je ne ferai pas une perf' mais je suis libéré car je sais que je vais finir en étant large sur les temps.
J'essaie de courir le plus possible et je mène même un petit groupe à la vitesse incroyable de 7,5km/h. Bon, cela ne dure pas longtemps car une montée nous sépare très rapidement.
La montée des aqueducs me tue et m'achève, j'y perd mes dernières forces et la fin du parcours est à mon avis pas très motivante. Ca défile de plus en plus lentement, je lève largement le pied, ne trouvant plus de motivation pour faire mieux. J'aurai sans doute pu le faire mais je n'y étais plus.
Les 2/3 derniers kilomètres passent, le parc aventures, les escaliers, les rives et le pont puis le petit crochet avant la Halle.
Lyon, Arrivée : 76km pour 14h27
J'entre cette fois normalement et je peux vous dire que c'est cent fois mieux, avec de l'émotion, de la fierté, de la joie, du soulagement. L'an dernier, il n'y avait que du soulagement.
Conclusion :
Voilà, mon temps est pas fameux. J'aurai pu faire mieux mais je pense aussi que pouvais m'arrêter au milieu alors je suis très heureux et satisfait. Chacun a ses victoires qui lui sont propres.
Je sais que mon récit de l'an dernier a pu servir quelques personnes et cela me rend aussi fier et heureux de cela. Alors, je me permet humblement les 2 conseils les plus importants qui sont dans la continuité de ceux que j'avais fait mais que je peux maintenant confirmer pour les avoir appliqués.
- Il faut se préparer physiquement convenablement à cette course : c'éait un peu mieux mais j'ai du boulot de ce côté.
- Il faut prévoir son équipement en fonction de la météo et prendre même plus que nécessaire. La météo c'est une chose mais le vivre c'en est une autre (9h de pluie et de la boue omniprésente, en vrai c'est épuisant).
Toujours pas sûr d'y retourner :)
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6 commentaires
Commentaire de Arclusaz posté le 03-12-2019 à 18:19:49
Mais si tu vas y retourner !!! tu as un vieux perclus de douleur à amener à l'arrivée. Avec toi, je suis sur d'arriver même si les portes sont fermées. Désolé d'être bien involontairement à l'origine de cette nuit de souffrance....mais aussi de plaisir j'espère. Tu peux être fier de ta course, de ta volonté. bravo !
Commentaire de wakayama posté le 03-12-2019 à 18:28:13
Je vous remercie toi et mimisoso car c’est une belle expérience. Malgré les difficultés, je sais que je fais partie des chanceux qui peuvent faire ce sport. Pour la prochaine, si tu y vas, j’irai ;)
... en espérant voir de la neige
Commentaire de Arclz73 posté le 03-12-2019 à 23:44:40
Sympa de voir que finalement, il y a eu un retour sur cette route (avant la prochaine) et que ca efface peut-etre un peu la dernière expérience STL!
Commentaire de calpas posté le 04-12-2019 à 14:39:28
finalement c'était une édition facile pour toi , même pas de grillage à escalader !!!!
bon d'accord tu avais rajouté le marathon une semaine avant ppfff !!
en tout cas félicitations !!! et bonne récup.
Commentaire de Mazouth posté le 07-12-2019 à 18:04:13
You did it ! À la force du mental et du jarret ! Comme quoi le Beaujolais c'est de la bonne médecine ;)
Commentaire de tidgi posté le 12-12-2019 à 19:06:13
Yeah ! Et sans faire d'escalade !
Good job, bravo !
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