Récit de la course : Saintélyon 2018, par Seabiscuit

L'auteur : Seabiscuit

La course : Saintélyon

Date : 1/12/2018

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 3136 vues

Distance : 81km

Objectif : Pas d'objectif

1 commentaire

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SaintéLyon - Relais 4

Après le froid et la neige, la pluie et la boue

Cette année, l’équipe a été remodelée ! Fabien et Yvan se sont blessés à quelques jours du départ, il a fallu trouver des jokers en un temps record. Armand et Fred vont heureusement nous dépanner au pied levé.

Samedi, retrait des dossards à la halle Tony Garnier. C’est l’occasion de nous retrouver pour peaufiner l’organisation : remise des sacs, rotation des voitures, moyens de communication … Une chose est sûre, nous irons jusqu’au bout car nous serons inarrêtables !

Armand assurera le 1er relais de St Etienne à St Christo-en-Jarrez. 18,5 km, une formalité pour lui.

Philippe continuera sur le 2ème jusqu’à Ste Catherine. 13 km, tout à fait abordables malgré ses problèmes aux talons d’Achille.

Il me le passera et j’aurai alors 28,5 km à parcourir jusqu’à Soucieu.

Le dernier relais sera couru par Fred, alias Super Mario, qui ne sera plus qu’à 21 km de Lyon.

Il était écrit que les courses de cet automne devaient se courir dans des conditions humides ! Après le semi de Lyon, c’est au tour de la SaintéLyon. Tout au long de la journée de samedi, je suis pourtant confiant car le temps se maintient, le soleil fait même quelques percées. Au départ de Lyon à 21h, toujours pas d’alerte mais dans le train qui m’amène à Saint Etienne, les premières gouttes font leur apparition.

Je prends place dans un car qui doit m’amener à Ste Catherine. Il est garé juste à côté du sas de départ. Nous sommes aux premières loges pour assister au départ. 23h23 : Armand nous informe qu’il ne sera pas dans le 1er sas et qu’il espère être dans le 2ème pour un départ à 23h45. 23h50 : finalement il sera dans le 3ème pour un départ à minuit. Dans l’atmosphère surchauffée du car, j’assiste depuis 23h20 aux différents départs et aux efforts déployés par le speaker pour (ré)chauffer les coureurs qui attendent sous la pluie. Les traditionnelles chansons comme Eye of the tiger font dresser les poils sur la peau.

0h00, le départ de la troisième vague est lancé. L’équipe « Yvan et ses successeurs » est entrée dans la 65ème édition de la SaintéLyon. Armand vise 1h45 pour parcourir les 18,5 km du 1er relais. Philippe peut se tenir prêt.

Arrivé à Sainte Catherine, les ondées s’intensifient. Seule la température est source d’optimisme car il ne fait pas froid. On est bien loin des -8°C de l’année dernière. Direction le chapiteau pour m’abriter. Il est 1h10 du matin et j’estime que j’ai un peu plus de deux heures à patienter. Pas grand-chose à faire mais au moins je suis au chaud !

Les premiers arrivent à Ste Catherine, ça se précise pour nous. L’état dans lequel ils sont en dit long sur ce qui nous attend. Je ne savais pas que l’inscription nous donnait droit à une cure de thalasso ! On se met en tenue de combat, il paraît qu’il faudra être un guerrier pour finir ! Un type, devant moi, enlève à contre-cœur bonnet et doudoune et lâche « je suis aussi motivé que pour aller faire une coloscopie ! ». C’est un peu le sentiment général face à la météo qui se déchaîne dehors.

Je suis sur le qui-vive, Philippe ne devrait pas tarder. Je me tiens prêt à l’entrée du chapiteau. Je scrute les coureurs qui passent sous l’arche et se dirigent vers nous. Difficile de les reconnaître avec les frontales qui nous éblouissent. Il y en a un qui arrive et qui cherche son coéquipier. Je repense à l’anecdote relatée par Fabien sur les déboires de Serge ne trouvant pas son frère au passage de relais. Cette fois, c’est Damien qui n’est pas au rendez-vous et le relayeur qui en finit est énervé ! Nous, ça nous amuse.

Ca y est, c’est Philippe. Avec un flegme tout en rapport avec la météo, il se pose devant le chapiteau et enlève la puce, surtout ne pas l’oublier ! On échange quelques mots, il me distille quelques conseils et mises en garde puis c’est parti pour moi.

Il est 3h30 quand je me lance sur les 28,5 km du 3ème relais. Sans m’enflammer, je dépasse pas mal de monde, des coureurs du 81. Il faut slalomer et faire attention aux bordures de trottoir, ce serait bête de se tordre une cheville dès le départ. Le parcours propose une longue montée pour commencer, j’enlève rapidement le tour du cou pour éviter la surchauffe bien que la machine bénéfice cette année, comble du luxe, d’un refroidissement à l’eau !

Après une première descente significative, la descente du bois d’Arfeuille, j’aborde sans temps mort une montée très prononcée. La fameuse montée du Rampeau. 750 m de long, 180 m de D+ et 20% de moyenne. Fini de courir, passage en mode marche rapide. Si j’avais eu des bâtons, c’est là que je les aurais sortis !

Je sors de la forêt et arrive comme sur un plateau. Je reconnais l’endroit où l’année dernière une superbe lune nous éclairait. Pour ce coup-ci, il ne vaut mieux pas lever la tête au risque de boire la tasse. La pluie continue à nous rincer proprement. De plus, je suis exposé au vent, une bise sournoise qui transforme les gouttes d’eau en petites aiguilles. Je plains ceux qui sont en short.

Sur les chemins carrossables, j’ai le choix de courir au milieu dans la boue avec le risque de glisser ou dans les ornières pour avoir de meilleurs appuis mais avec l’inconvénient de courir dans l’eau. Bref, que du plaisir !

J’arrive à St André-la-Côte, enfin une portion de bitume. Je traverse le village dans un petit peloton sous les encouragements de quelques courageux.

Direction maintenant le Signal (934m) point culminant de mon parcours et par la même occasion de la SaintéLyon. Psychologiquement c’est important car une fois atteint ce point le profil est plutôt descendant. Il est franchi au bout de 11,3 km et 1h14mn. Tout va bien !

J’aborde maintenant la longue descente du Bois des Marches, piégeuse d’après le roadbook. En effet, elle n’est pas simple à négocier et ce n’est pas la pente qui me permet d’aller beaucoup plus vite. La présence des pierres, de boue, de la pluie et du nombre important de coureurs rend les appuis fuyants et la visibilité limitée. Je me raisonne à plusieurs reprises en me disant qu’il faut être prudent et permettre à Fred de courir son relais.

J’arrive au ravito de Saint-Genou au bout d’un peu plus de 13 km. J’y arrache un bout de banane puis repars aussitôt. Contrairement à l’année dernière qui proposait à partir de là une longue portion de route, cette année changement de programme je vais enchaîner cette fois les quatre bois : le Bois de Pindoley, de la Gorge, de la Dame et du Bouchat. J’ai alors une grosse crainte car un voile persistant est présent devant le faisceau de la frontale. Je ne suis pas serein, j’ai un moment de doute, j’ai peur que ma vue se soit troublée. Je repense à Daniel, un collègue qui a dû abandonner à 10 km de l’arrivée de l‘Ultra-Trail du Mont-Blanc car il était atteint d’un problème ophtalmique, il n’y voyait plus.

Heureusement pour moi la cause est toute autre, c’est le brouillard qui fait son apparition. La visibilité est donc encore pire. Sacrée édition !

D’ailleurs ce brouillard va me jouer des tours ! En raison de ces problèmes de visibilité, couplés à la fatigue, je vais louper un changement de direction et je vais par deux fois devoir tirer droit à l’azimut dans un champ. Dans le premier cas, je suivais un groupe jusqu’à ce que la vision du ruban de frontales en contrebas nous indique qu’on s’était fourvoyés. Dans le deuxième cas, je menais un petit groupe sur une route étroite. J’ai commencé à m’interroger quand au bout d’un certain temps je n’ai plus vu personne devant moi. L’entraide a joué, des coureurs à l’arrière ont sifflé pour nous avertir. Heureusement le débours ne fut pas important, j’aurais fait au final 500 m de plus.

Je ne sais pas trop où j’en suis, seul le GPS m’indique le chemin parcouru et ce qui me reste à faire. Je descends depuis un bon bout de temps, marre de zigzaguer pour éviter les racines, les pierres apparentes, les flaques proéminentes ou encore les coureurs plus lents.

J’en ai enfin fini avec cette descente mais les difficultés ne sont pas terminées. Changement de déclivité, c’est une remontée sèche de 130 m de D+ qui m’attend. J’en profite pour sortir le portable et envoyer un message pour indiquer ma position :

 

Je prends connaissance par la même occasion des messages échangés par Philippe et Fred :

 

Sacré Philippe, merci pour les encouragements ! je suis en effet en pleine galère, je suis trempé, j’ai le ventre retourné (peut-être pas une bonne idée ce bout de banane) et la fatigue me gagne.

Heureusement le plus dur est derrière moi, il me reste à gérer cette montée. Nous sommes deux à remonter un à un les concurrents, des coureurs du parcours solo pour la plupart. On se tire la bourre, l’émulation me donne un regain de vigueur.

Au sommet du Bois des Dames, je n’ai plus qu’à dérouler jusqu’à Soucieu. Il me reste 7 km.

A trois kilomètres de l’arrivée, un coureur me demande comment est la fin du parcours, je lui réponds que les portions sur route dominent. Or, à la faveur d’un virage on se dirige vers une montée sèche en pleine forêt, une autre nouveauté de cette année. Il a dû me haïr !!

Les lumières de Soucieu font leur apparition, je peux allonger les foulées sur cette route détrempée. Par endroits, de petits torrents se forment et dévalent la chaussée. Je ne suis plus à ça près ! Plus de calcul, droit devant, plus vite arrivé, plus vite au sec !

Fred m’attend stoïque sous la pluie à l’entrée du passage de relais. On gagne ensemble l’intérieur du gymnase pour procéder aux échanges, je lui remets la puce, il me passe la doudoune et m’explique où est garée la voiture. J’en ai fini, j’ai fait le job !

Bilan : 29 km, 823 m de D+, 366 de D- en 3h08mn

Je suis content d’enfiler des vêtements secs dans la voiture de Fred. Je constate alors l’ampleur des dégâts et j’ai alors quelque vergogne à le faire dans sa voiture. Je me rends compte que la formule de la page officielle de la SaintéLyon n’est pas usurpée : « Jusqu’aux boues de la nuit ! Encore une édition dantesque.»

Direction Lyon pour retrouver Philippe et voir dans quel état il est car il a l’air d’enquiller les bières !

Je le rejoins dans la halle Tony Garnier et ouf, il a l’air d’avoir les idées claires ! On se prend un café, un croissant et on prend place dans les gradins pour attendre Fred.

L’attente est de courte durée. Après avoir accordé une interview au speaker de l’organisation et le café à peine terminé, Fred fait son entrée. Il franchit l’arche d’arrivée de cette 65ème SaintéLyon tout en affichant un large sourire témoignant de la grande facilité qu’il a eue à parcourir ce semi-marathon final. Il nous permet d’être finishers et de prétendre à la médaille.

1 commentaire

Commentaire de Benman posté le 09-12-2018 à 23:17:53

Beau relais. Le plus dur... et dire qu'il y en a qui boivent des bières pendant ce temps !

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