L'auteur : Khioube
La course : Saintexpress
Date : 1/12/2018
Lieu : Ste Catherine (Rhône)
Affichage : 3510 vues
Distance : 45km
Matos : Topo Magnifly 2
Objectif : Pas d'objectif
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Puisque, comme à chaque lendemain de Saintélyon, je croule sous les copies, je ferai assez bref. Cette année, j'ai dû revoir mes plans à cause d'une blessure au mollet qui m'a contraint à lever le pied en septembre et octobre. J'ai pu courir le 8km du LUT by night sans problème, et faire quelques sorties de 20km environ, mais guère plus. Fin novembre, je m'estime donc plus ou moins guéri mais pas prêt pour courir 81km, je bascule donc sur la Saintexpress.
Je prends le départ avec Tom, acolyte de toujours, et son grand copain Max, qui se frotte pour la toute première fois à une telle distance (il n'a jamais dépassé 25km). Nous nous pointons très à la bourre sur la ligne de départ. Il est 22h55, et nous sommes encore pris dans un bouchon pour déposer nos sacs dans les camions. À 22h57 nous avons les mains libres. Le départ est donné, nous prenons le parti un peu filou d'enjamber les barrières pour partir dans la première vague.
L'avantage classique d'être mal placé au départ, c'est qu'on économise beaucoup d'énergie : on avance lentement, on piétine dans les côtes... Ça ne me dérange pas trop, et c'est surtout bien pour Max, qui a besoin de gérer. Au bout de 40 minutes, nous arrivons au pied de la première difficulté, la montée vers le Signal. Je perds les gars, Max monte lentement et j'essaie pour ma part de doubler. Je n'ai jamais été un grand grimpeur mais je suis objectivement avec des coureurs plus lents que moi, ce n'est donc pas bien difficile de grapiller quelques places.
Puisque je suis désormais seul, je prends la décision de presser un peu le pas. J'ai de l'énergie, les jambes sont là, les conditions sont idéales. Je suis parti en chaussures de route, je doutais un peu de ce choix (surtout que mes Topo sont vraiment très lisses) mais je n'ai aucun souci dans les descentes, je n'hésite pas à me lancer. Au bout d'1h18, j'arrive au premier ravitaillement de Saint-Genou, je bois une tasse de thé et je repars immédiatement. Je suis encore bien motivé, alors autant capitaliser (à ce stade, j'espère encore finir en moins de cinq heures, il ne faut donc pas traîner). Je suis alors 874e, ce qui confirme que je suis parti assez loin dans le peloton.
Les bornes suivantes se passent bien, je finis par enlever mon coupe-vent parce que j'ai chaud, je prends pas mal de plaisir même s'il faut se faire un peu violence pour relancer systématiquement sur des sentiers où, gestion oblige, j'avais pris l'habitude de marcher dans les côtes. Je commence un peu à souffrir du ventre. J'ai l'estomac qui me tire vraiment, je pense que je n'ai pas du tout assez mangé avant de partir. J'ai un peu peur des problèmes gastriques, alors je fais souvent trop frugal. J'ai beau manger des biscuits salés et de la viande des grisons, j'ai toujours cette sensation désagréable.
Lorsque j'arrive au ravitaillement de Soucieu, j'ai envie d'une pause. Je sens que je n'ai pas encore 20km dans les jambes à cette allure, même si je n'ai pas le sentiment d'avoir trop forcé non plus (j'apprendrai plus tard que j'ai gagné 300 places en 14km, ce qui est évidemment l'un des principaux motifs de satisfaction de cette Saintexpress 2018). Je mange bien, je tâche de boire, mais j'ai un petit coup de mou. C'est surtout dans la tête : je trouve un peu le temps long, j'ai de plus en plus de mal à courir longtemps tout seul, je pense que je sature au-delà de deux ou trois heures.
Puisque cela fait presque dix minutes que je suis au ravitaillement, et que les gars ne doivent pas être trop loin, je me décide à les attendre. Max avait suivi sans trop de problème pendant les premières bornes, je m'attends donc à les voir entrer dans le gymnase d'un instant à l'autre. Pourtant, ils auront mis une vingtaine de minutes à me rejoindre, la section Saint-Genou / Soucieu ayant été assez douloureuse pour Max. Il prend le temps de se changer, de bien boire et manger, il doute de sa capacité à continuer alors Tom et moi essayons de le motiver. Je commencer à sérieusement me refroidir et les premières minutes après avoir quitté le gymnase sont un petit calvaire (c'était la même chose en 2016).
Max est en souffrance, il marche beaucoup. Tom et moi, pour rester chaud et profiter de cette nuit de fête, nous amusons à prendre les descentes et les montées le plus vite possible. Cela fait du bien à la tête, et cela nous permet d'éviter la pneumonie. Nous adoptons la technique la plus efficace en ces conditions : droit dans les flaques. Je pensais vraiment peiner davantage avec mes chaussures, c'est la première fois que je choisis de courir dans les trous et c'est vraiment moins risqué que d'essayer de rester en dehors des flaques ! Et puis je n'ai pas du tout froid aux pieds, bien que j'aie les orteils trempés. Tout va bien, donc.
Nous arrivons à Chaponost au bout de 4h56 de course. Evidemment, la chute au classement a été vertigineuse (2174e), mais elle n'a aucune importance. À nouveau, nous faisons une bonne pause, d'autant plus que Max a mal au dos et a besoin de s'étirer. Nous arrivons cependant à le convaincre de repartir aussi vite que possible pour rester chauds. Il doit passer aux toilettes, Tom et moi l'attendons. Au bout de cinq minutes, aucune trace de Max, Tom appelle son nom mais il ne répond pas, il a dû filer. Ils arrivent finalement à se parler au téléphone, Max est déjà reparti depuis un bon moment ! Chic, nous allons devoir mettre la gomme pour le rattraper. Nous sommes à fond, nous slalomons entre les coureurs, doublons en passant par les flaques (quitte à nous faire un peu maudire parfois, pardon). Certains nous soupçonnent d'être les premiers du 81km, ce qui nous fait bien rire. Max retrouve un peu de jus à mesure que les bornes défilent, il arrive à trottiner sur le plat malgré la douleur. Une fois à La Mulatière, le contrat est rempli, il arrivera au bout. Dans la montée de Beaunant, nous sommes doublés par Guillaume Perretti, vainqueur du relais à deux avec Yoann Stuck. Au niveau des dernières marches avant les quais de Saône, c'est le futur vainqueur de la Saintélyon qui nous dépasse. Maintenant que c'est plat, j'essaie d'imposer un rythme de course à l'équipe, et je suis heureux de voir que Max suit. Les quais, la passerelle Raymond Barre, un petit tour dans le parc, quelques photos avant d'entrer dans la Halle... Max est extrêmement ému quand nous arrivons, Tom et moi sommes heureux pour lui. Il a beaucoup souffert, il a tenu, il peut être fier.
En ce qui me concerne, je tire un bilan plutôt positif de cette course. L'important, c'est que je n'ai pas eu mal du tout au mollet, je n'ai même pas eu mal aux jambes de manière générale. C'est bien, parce que même si j'ai fait pas mal de sous-régime, je les ai quand-même faites, ces 45 bornes ! J'ai aussi retrouvé des sensations dans le deuxième quart de la course, je me sentais plutôt à l'aise alors que je me trouve plutôt lent en ce moment, au contraire. Cela revient, donc, tranquillement.
Evidemment, je m'en veux un peu d'avoir lâché l'affaire à Soucieu, alors qu'il me suffisait de continuer tranquillement, quitte à lever un peu le pied en attendant d'être à Chaponost. Au-delà du fait que j'ai payé l'allure très irrégulière de la première partie de course, j'avais surtout envie de partager cette aventure - et cela ne peut pas être une mauvaise chose, hein ?
Je pense que je vais essayer de m'en tenir à des courses rapides pendant un moment. Bon, je suis inscrit au 91km de Samoens, mais j'ai le temps de voir venir. Et ce sera plus facile à gérer si j'arrive sans me dire "encore une longue course, bordel"...
Une bise aux deux acolytes, c'était chouette !
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2 commentaires
Commentaire de Arclusaz posté le 04-12-2018 à 19:58:45
Une "course" avec un MAX d'amitié, c'est le principal. Bravo pour ce bel état d'esprit.
Commentaire de Khioube posté le 04-12-2018 à 21:20:09
Merci Laurent ! J'espère que tu as aussi profité, à ta manière, de cette Saintélyon. Et je te souhaite vivement de trouver la clé de la forme en 2019, après avoir trouvé celle du scooter...
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