Récit de la course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous 2013, par AirPhil71

L'auteur : AirPhil71

La course : Le Grand Raid de la Réunion : La Diagonale des Fous

Date : 17/10/2013

Lieu : St Philippe (Réunion)

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Distance : 163km

Objectif : Faire un temps

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et de 3...

Samedi 15h27 , je rentre dans le stade de la Redoute et je franchis la ligne d'arrivée soulagé de ne pas être blessé, content de mon classement et de mon temps, plutôt fier d'être finisheur du Grand Raid pour la troisième année consécutive je me demande : que vais je faire maintenant?

Tout a commencé Il y a trois ans je m'inscrivais pour ma première course : le semi marathon de Paris 2011, pour relever un défi et pour battre un ami qui y participait et aussi pour faire de ma course une course solidaire en organisant une collecte au profit d'ELA, la fille d'un ami étant atteinte de Leucodystrophie.
Une fois la course terminée où j'ai trouvé l'ambiance sympa je tombe sur une affiche pour le Grand Raid 2011 et sans trop réfléchir je m'inscris.
En trail de préparation je participe en avril au Beaujolais village trail (47km/2200D+) puis en juillet au Tour des Glaciers de la Vanoise (73km/3800D+) et me voilà donc en octobre sur le Grand Raid 2011 avec cette fameuse foret de Bélouve, avec de la boue jusqu'aux genoux. je me change à Cilaos et je repars en avance sur mon objectif de 40 heures. deuxième nuit blanche dans mafate puis sortie par Dos d'Ane et arrivée au petit jour sur la possession. J'ai la chance de passer sur le chemin des anglais de bonne heure et ensuite il ne me reste plus qu'à gérer. Je quitte le Colorado en 112è position je me fais pas mal doubler dans la descente et j'arrive au stade en 38h15 , 121è. une fois la ligne d'arrivée passée je n'ai qu'une idée en tête : revenir en progressant dans les descentes.

C'est donc ce que je fais l'année suivante (2012) avec une prépa plus poussée:
Semi de Paris pour la vitesse , Trail du Ventoux (46km/2500D+), Trail Matheysin (24km/1300D+) Grand Raid 73 (73km/5000D+) et Ultra Mitic en Andorre (112km/9000D+). N'ayant coupé que 2 jours après l'Ultra Mitic je tarde à retrouver des sensations et j'arrive au départ du Grand Raid un peu fatigué, j'oublie de m'hydrater correctement avant la course et dès les premières pentes du volcan, j'ai des crampes aux mollets et les quadris sont hyper durs. La pluie a débuté avec la course et s'arrêtera au gîte du piton des neiges, résultat: au bout de 100 km ampoules, irritations entre les cuisses et impossible de mettre un pied devant l'autre. je trouve finalement une solution pour protéger les jambes contre le frottement (pommade, gaze et elasto) et je peux repartir doucement. épuisé j'essaie de dormir dans la montée du Maïdo mais je déchire ma couverture de survie... finalement je dormirai dans la descente de sans soucis sur le bord du chemin, au soleil dans les feuilles, 1 heure 30 de bonheur. une fois reposé je n'ai qu'un objectif : rattraper mon retard, je rejoins sans souci après cette interminable descente puis je me fais soigner les pieds à Halte Là. Je repars avec des pieds neufs et je commence ma remontée, je suis 289è. Je passe le Colorado en 220è position, il y a beaucoup monde avec les autres concurrents de la Mascareigne et le Trail de Bourbon mais je me lache complètement, je double sur les cotés, je finis au sprint 200è en 46h20 un peu déçu par mon temps et mon classement par rapport à l'année précédente et mon objectif mais très content de mon finish et surtout d'avoir trouvé les ressources pour ne pas abandonner, je ne peux donc pas en rester là.

Nous voici donc en 2013.

Cette fois je vais privilégier la qualité à la quantité, prépa plus light, avec le semi de Paris, Le Trail Matheysin. J'étais initialement inscrit à l'Ultra Mitic mais je n'y participerai pas car le parcours a été trop modifié et je ne me sentais pas trop d'investir dans du matériel supplémentaire pour affronter la neige qui est encore très présente au dessus de 1800m à la mi juin. Je change de stratégie et je m'inscris au Tour de la Grande Casse, parcours moins roulant que celui du TGV mais plus sauvage à mon goût. Début août je me retourne l'orteil et me fais une entorse mais je participe quand même à la course avec Philippe, un collègue qui participe au Grand Raid pour la première fois et qui a une grosse expérience sur Tri et Marathon. La fin de course est douloureuse dans la descente du Col de la Vanoise et je commence à me poser des questions sur mes chaussures: S-Lab c'est bien mais pour 65km mais sur 165 km ça va encore être compliqué. Philippe est un adepte des Hoka One One et je commence à y réfléchir sérieusement. Une semaine plus tard pendant un footing tranquille je ressens une violente douleur au genou , verdict : TFL (Tendinite du du Fascia Lata) certainement due aux changements d'appuis suite à mon entorse de l'orteil.
Je regarde sur internet, il n'y a pas grand chose à faire mais j'apprends qu'en changeant sa foulée on peut continuer à s'entrainer et surtout ce que je retiens c'est que si cela se reproduit cela fera mal mais que le Fascia Lata ne peut pas casser.
Entre temps je découvre la partie ouest du parc des Ecrins qui est très sauvage avec des chemins très cassants et j'y ferai 3 sortie longues autour du Lac de Lauvitel dont une avec Philippe et j'en profite pour essayer mes deux nouvelles paires de Hoka. Ces chaussures sont un peu déstabilisantes au début mais on s'y fait rapidement.

Saint Pierre jeudi 23h, le départ est donné dans une ambiance de fous , il y a du monde de partout. La montée initiale se fait à bonne allure, dans un village des spectateurs forment une haie et nous encouragent chaleureusement, on se croirait dans la montée de l'Alpe d'Huez. Je passe le ravito du Domaine Vidot en même temps qu'Emelie Fosberg, la petite amie de Kilian qui est assaillie de questions par un journaliste. Ensuite on s'engage dans un chemin assez étroit et vallonė avec quelques passages délicats à franchir.. Dans la montée je me fais doubler par Emilie Lecomte et j'essaie de suivre son rythme très régulier, à un moment donné elle crie "branche" mais comme j'ai mes écouteurs je la prends en pleine tête et je me fais une belle bosse, elle a l'air de culpabiliser en pensant qu'elle ne l'avait pas dit assez fort. Et puis elle disparait comme elle était venue, à son rythme.
Dans la descente vers Notre Dame de la Paix j'accélère un peu mais je ressens un début de douleur au genou... on a fait 25km et je sens que cela va être très long. La montée se poursuit tant bien que mal jusqu'à piton textor avec une bruine et un vent assez fort qui refroidit pas mal, heureusement de temps en temps il y a des accalmies et on a l'impression de passer dans des poches d'air chaud. La descente vers mare à boue se fait sans encombre et pour la première fois depuis que je fais la course il n'y a pas de boue et le ciel est dégagé avec une superbe vue sur le piton des neiges où le soleil se lève, mais sur la portion de route la douleur se fait de plus en plus persistante et je finis en marchant vers mare à boue, je change de t-shirt et je repars du coté de Kervéguen où nous sommes accueillis par des accompagnateurs Bretons, le temps est super et les chemins sont secs, l'année dernière je croyais que nous étions passés dans un ruisseau. La descente vers Cilaos est assez raide avec pas mal d'échelles à franchir et pour arranger ma tendinite je glisse et je fais une mauvaise réception la jambe droite et je ressens un bon choc dans le genou. A cilaos je consulte les kinés et une charmante Chloé s'occupe de mon genou, je ne sais pas ce qu'elle a fait mais j'ai souffert pendant qu'elle m'étirait le tendon et me conseille de racourcir mes pas pour éviter de trop ressentir la douleur, c'est fou comme un peu d'attention dans ces moment là peut faire le plus grand bien au moral. Je change de chaussettes, de chaussures (je laisse mes S-Lab et je prends mes Hoka One One Stinson: un vrai bonheur) en sortant du stade je tombe sur Philippe que je n'avais pas vu au départ et nous attaquons ensemble la descente vers la cascade de Bras Rouge. passé la rivière nous remontons vers le ravito du pied du taibit. la chaleur est étouffante et l'expression "un soleil de plomb" prend tout son sens, on doit être à 300m/h en vitesse ascensionnelle. la seconde partie après le ravito jusqu'au col se fait plus facilement, nous sommes un peu plus à l'ombre et l'altitude aidant il fait plus frais. A partir du col du Taïbit le temps est couvert et frais et le restera jusqu'au sentier scout. La partie Marla col des Boeuf est assez plate mais les sentiers sont faits de racines et de rondins donc quelque part cela m'arrange ne ne pas pouvoir courir. Je passe le col des Boeuf dans le brouillard et j'ai une pensée pour Thierry, le traileur décédé au col de Fourche l'année dernière, je me force à trottiner en petites foulées en serrant les dents jusqu'au ravito de la plaine des Merles. un journaliste me pose des questions sur ma course mais poliment je lui dis que je dois repartir car je commence à me refroidir. Je demande quand est le prochain ravito on m'annonce "10km, que de la descente" quelques km plus loin au début du sentier scout on m'annonce 9,2 km avec de la descente et 300m de D+ ... comme quoi j'aurais mieux fait de regarder le roadbook. Arrivé à Grand place les bas la fatigue se fait sentir et pour ne pas faire comme l'année dernière, je m'arrête 30' pour essayer de dormir 20' mais sans succès. Je repars en ayant l'impression d'avoir perdu mon temps. Je rejoins relativement facilement l'école de Roche Plate car cette année j'ai prévu suffisamment d'eau, cette portion n'en fini jamais de monter et de descendre. J'attaque la montée vers le Maïdo en passant par la brèche et son passage aménagé avec une main courante. Certains passages en fin de montée sont aériens et je suis soulagé d'atteindre le sommet. Le vent est assez violent et je dois me forcer à courir jusqu'au ravito pour ne pas prendre froid. Dans la descente vers Sans Souci ma tendinite m'empêche de courir et comme l'année dernière je trouve cette descente beaucoup trop longue. en fin de descente je fais un bon bout de chemin avec Mélanie (qui finira 112è et 4è Senior F) et en papotant on se met à courir et j'en oublie ma tendinite comme quoi tout est dans la tête, on rate une intersection heureusement on s'en rend compte au bout de 50 mètres. Après le ravito de Sans Souci je commence à avoir un sérieux coup de fatigue et je me traine jusqu'à halte là au petit jour car je sais que je pourrai dormir dans de bonnes conditions. C'est dommage car à ce moment là je suis 135è mais je m'arrête une heure et demie, je rechange de chaussures et cette fois je prends les Hoka One One Rapa Nui, (à mi chemin entre les S-Lab et les Stinson) et quand je repars le soleil chauffe déjà mais je suis en forme, la fin du parcours est connue et je passe 189è au ravito suivant. J'arrive à grignoter quelques places sur le chemin des anglais ou je recommence à pouvoir trottiner. C'est la troisième fois que je fais ce parcours mais j'avais oublié que l'on redescendais deux fois dans les ravines avant de remonter. Finalement dernière descente vers Grande Chaloupe, cela commence à sentir l'écurie. La montée vers le Colorado est assez raide au début et j'y vais doucement mais au fur et à mesure je reprends des force et accélère un peu le rythme et je passe 165è au Colorado et je finis 162è en 40h28. Je pensais que Philippe était déjà arrivé mais sans le savoir je l'avais doublé sur le sentier des anglais. Je récupère mon sac, je me douche et profite de la disponibilité des kinés pour me faire masser. Philippe arrive à ce moment là et je le rejoins peu après. Il finit en 41h15, mission accomplie et à nous la Dodo.

Au retour dans l'avion je suis assis à coté du compagnon d'Emilie Lecomte , il me parle de l'année qui vient de s'écouler, de leurs courses et de son rôle dans l'assistance d'Emilie, je leur souhaite beaucoup de bonheur et de belles courses à tous les deux.

Me voilà donc revenu de cette fabuleuse île avec des images plein la tête, un accueil merveilleux, des bénévoles au top et je me dis que, si le parcours 2014 est moins roulant, je pourrais peut être y revenir ...

merci de m'avoir lu et bonnes courses à toutes et à tous

Philippe

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