L'auteur : Runpat93
La course : Mascareignes
Date : 20/10/2012
Lieu : Grand Rivière (Réunion)
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Distance : 61km
Objectif : Pas d'objectif
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Le premier semi-raid (actuellement trail de Bourbon) couru dix ans plus tôt m'a laissé un dossard au coin coupé car je n'ai pas respecté une des barrières horaires. Insuffisamment préparé, j'avais beaucoup souffert pour finalement me faire éliminer en haut de la Roche Ecrite.
Il m’a fallu dix ans pour régler mes problèmes de santé, retrouver la motivation et m’entrainer pour retenter un trail à la Réunion. J’ai pu préparer correctement cette course avec le marathon d’Annecy et le trail du Sancy plus quelques sorties en montagne.
Je suis donc au départ à Grand Ilet à 4h du matin avec ma sœur qui fait aussi la course et un millier de partants. Nous craignons la pluie car le cyclone Anaïs traine dans les parages et à déjà perturbé la première journée du grand raid. Pour l’instant, il n’y a qu’une petite pluie fine. Le départ est donné et nous sommes tout de suite dans la première difficulté de la course : la montée vers le sentier scout (7 kms et 615m de dénivelé). La route puis la route forestière sont larges et le flot de coureurs s’écoule de façon fluide en un long ruban lumineux. Certains passages sont assez raides mais cela se passe bien. J’arrive en 1h04. Mais au poste de pointage, il y a un embouteillage car une seule personne fait la lecture des bracelets électroniques. Un poste de ravitaillement est placé juste derrière aggrave le problème. Je perds 10 minutes dans l’attente. Ma sœur arrivée 10 minutes après moi en perd 25 au milieu du mécontentement général. Je ne comprends pas l’utilité de ce pointage placé si près du départ car la course n’est pas décantée. Je pointe en 1h14’20 et 442eme. Il reste 56 kms.
Le sentier Scout est étroit et il y a quelques embouteillages. Quelques coureurs pressés tentent des dépassements kamikazes. Mais globalement chacun prend son mal en patience dans le calme et la bonne humeur. Le lever du jour sur Mafate est superbe. Il fait beau. Quelques montées raides cassent la monotonie de la descente. La course se décante et les écarts commencent à se faire. J’arrive à Ilet à Malheur. Il y règne une atmosphère sympathique et les encouragements fusent. J’ouvre une parenthèse dans mon récit. Le public sera omniprésent sur toutes ces courses. Les encouragements sont permanents, sympathiques, chaleureux et s’adressent à tous les coureurs du premier au dernier. Fermeture de la parenthèse. Je tombe quelques fois en glissant sur les racines de filaos mais sans bobos. Cette année, la course ne passe pas par le bassin la Noix. Nous passons sur la passerelle. La montée qui suit est rude mais pas trop longue. J’arrive à l’école d’Aurère en 2h55’33 et 397eme. Il reste 48 kms. Je suis en forme et je me sens bien. Je change de maillot, prends le temps de me ravitailler et je repars. La descente continue. C’est parfois technique et je ne suis pas très à l’aise. J’arrive au niveau de la rivière qu’il faudra traverser à quatre endroits en sautant de pierre en pierre. Le niveau de l’eau n’est pas trop haut. Cela glisse un peu mais sans difficulté. J’ai les jambes lourdes mais je continue à courir. Pour l’instant, au niveau alimentation, je suis pas mal et je bois régulièrement. J’arrive au poste de Deux Bras en 4h07’27 et 377eme. Il reste 40 kms à faire.
Je refais le plein d’eau et repars rapidement vers la deuxième grosse difficulté après m’être alimenté. La montée de Dos d’Ane que je n’ai jamais faite (4 kms et 695m de dénivelé). Autant le dire tout de suite, j’ai détesté cette montée. L’alternance de grimpettes à fort dénivelés et de légères descentes et un paysage que je n’ai pas vraiment apprécié. Je suis perturbé par des problèmes gastriques. Je n’avance plus. Beaucoup de coureurs me dépassent. Je continue malgré tout en essayant de me remonter le moral avec l’indice de mi-montée : l’échelle. Je reprends le dessus et recommence à avoir un rythme correcte. Je me retrouve à la tête d’une petite colonne de coureurs. Nous nous soutenons mutuellement et reprenons quelques participants en difficulté. Nous apercevons enfin les bambous et 15 minutes plus tard c’est la fin. Le public nous attend en haut. Le sentier en béton fait un peu mal mais nous retrouvons rapidement un chemin. La descente se fait parfois en s’accrochant aux branches puis à nouveau sur une route en béton. Je cours un peu et arrive au poste du chemin Ratineau en 6h33’45 et 340eme. Il reste 29kms. Le temps entre Dos d’âne et le poste de pointage m’a semblé long. Je m’étire un peu.
Je repars pour ce qui sera (et je ne le sais pas encore) la partie la plus dure de la course. Le sentier Kalla est très raide et difficile et heureusement pas trop long. La descente est aussi très technique puis se poursuit sur une pente moins forte. Il fait beau et très chaud. J’ai à nouveau des problèmes gastriques et me retrouve sans force. Je ne cours plus. Pire, je marche péniblement. Beaucoup de coureurs me dépassent. Je ne me sens pas bien du tout. Je n’ai rien pour me rafraichir. Je rêve d’une douche glacée. La descente est interminable. J’aperçois la Possession au loin. Enfin, je croise mon beau frère, mon neveu et ma nièce. Le moral remonte car cela veut dire que le poste n’est pas loin. Je n’ai pas la force de courir. J’arrive au poste de pointage de la Possession en trainant les pieds en 8h50’29 et 403eme. Il reste 22kms. La chute au classement est spectaculaire et je m’attends à ce que cela continue car je reste en mauvais état physique. Je me ravitaille, me change et repars vers la 3° difficulté : le chemin des Anglais (800m de dénivelé sur une douzaine de kms).
Il s’agit d’un chemin en pavés disjoints qui alterne des montées abruptes, des plats et des descentes à fort pourcentage. Heureusement le soleil est couvert par les nuages. Mes problèmes gastriques continuent et j’erre à nouveau sur le chemin. J’avance quand même vaille que vaille. Quelques coureurs me dépassent. Je croise à nouveau mon beau frère et ses enfants. Ma sœur avance bien et cela me remonte le moral. Je pointe à la Grande Chaloupe en 11h01’05 et 389eme. Il reste 14 kms. Je ne sais pas comment j’ai fait pour progresser au classement vu ma vitesse d’escargot. Je m’arrête au moins 10 minutes. Je prends le temps de m’hydrater et de manger. La petite soupe me fait du bien. Je m’étire correctement.
Je repars à nouveau dans le chemin des anglais qui devient plus facile. Les forces me reviennent et je me sens à nouveau plein d’énergie. J’avance bien et reprends des coureurs. Après Saint Bernard, direction la Fenêtre. Nous allons au Colorado par le sentier la Fenêtre-Colorado assez glissant. Mais je suis maintenant euphorique. Et à nouveau tout va bien. Je recommence à courir d’un bon rythme et j’arrive au poste de Colorado en 13h39’23 et 354eme. Il reste 4,5 kms. J’ai fait un petit bond au classement.
Je repars rapidement car la nuit va bientôt tomber. Le sentier est pentu et la descente technique. La fatigue accumulée et les muscles meurtris, j’ai un peu de mal. Malgré tout, c’est bientôt la fin et je m’accroche à l’idée de terminer en moins de 15h (l’objectif de 14h est abandonné depuis longtemps). Le pont en contrebas arrive progressivement. La nuit tombe, j’allume ma frontale et j’arrive enfin sous le pont. Il reste 500m que je termine en courant. J’entre dans le stade et fait le demi tour de piste dans une belle ambiance. Je finis en 14h49’09 et 355eme. On me remet la médaille, mon tee shirt de finisher. Je signe le tableau des arrivants. Mon dossard est intact. J’ai pris ma revanche sur le semi-raid d’il y a 10 ans. J »attends ma sœur qui arrive en 15h55 avec ses enfants, heureuse d’avoir fini.
En conclusion, bien que la Mascareignes soit la plus courte des 3 courses du week-end du grand raid, elle est quand même difficile et engagée et ne doit pas être prise à la légère. 916 participants ont pointé à sentier Scout, 703 sont arrivés soit plus de 20% d’abandon. A part le point noir du pointage de sentier Scout, l’organisation est parfaite. Je profite de ce C/R pour remercier tous les bénévoles qui donne un enthousiasme, une bonne humeur constante et une assistance importante. Bref, ils sont formidables.
Formidable aussi le public réunionnais qui soutient tous les coureurs, ne cesse d’encourager, d’applaudir, de remonter le moral. Cela donne une ambiance unique à cette course.
Je pense aussi aux coureurs du Grand Raid que j’ai croisé à plusieurs endroits du parcours dans différents physiques et moraux.
Je remercie la personne qui à la Possession qui arrosait les coureurs qui le souhaitait avec son Karcher (à basse pression !). Bien sur les amis et la famille qui m’ont envoyé des SMS durant toute la course ont été un grand soutien.
Pour moi l’année prochaine, ce sera, si tout va bien, le trail de Bourbon. Ce sera plus long, plus dur mais avec ce public et les bénévoles, je n’ai qu’une envie : revenir.
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