Récit de la course : Le Grand Raid des Pyrénées - Grand Trail 2011, par Papillon

L'auteur : Papillon

La course : Le Grand Raid des Pyrénées - Grand Trail

Date : 27/8/2011

Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)

Affichage : 3733 vues

Distance : 80km

Objectif : Pas d'objectif

8 commentaires

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Grand raid des Pyrénées: la claque!

Ce grand raid des Pyrénées m'a mise une super baffe, mais franchement jamais je n'aurais imaginé la nature de la baffe en question !!!!
Bref, après avoir abandonné la 6000D sur blessure au genou, nous partons en Corse... j'observe une bonne semaine d'arrêt complet. Entre les préparatifs, le voyage et l'installation au camping, c'était facile. Puis, reprise, doucement, mais sûrement. Le genou réagit plutôt pas mal, j'ai des pattes. Toujours un petit tiraillement sur le tendon externe, mais aucun gonflement, nickel. Plus les jours passent, plus le tiraillement se fait oublier. Je recommence à prendre espoir pour les Pyrénées. Une bonne grosse dernière sortie de 3 heures avec montée au capo d'Ortu près de Porto, tout va bien.
Nous repartons, direction l'Ariège, chez belle-maman. Le grand jour arrive, les sacs sont prêts. Nous laissons les enfants, et arrivons sur Vielle Aure le vendredi en fin d'après-midi.
Nous prenons nos dossards, discutons avec nos copains kikourous... Caro est là, avec ses béquilles, derrière une table de bénévole... merci Caro, tu nous auras apporté un soutien immense et aura supporté mes râlements de frustration, toi qui ne peut plus poser, pour le moment un pied par terre... Laïla (leptichat) et Etienne (Psyko) nous font part d'une année mitigée, cela me fait plaisir de les revoir, cela faisait presque un an, depuis l'Impérial que nous ne nous étions croisés.
Le soir arrive, Pasta Party oblige, nous mangeons avec Patricia, retrouvée sur la route en arrivant... j'en profite pour lui demander des nouvelles du genou de Caro... ben oui, je ne voulais pas me prendre un coup de béquille derrière les oreilles... :-p Repas bien sympa, nous avons bien ri, ça permet de penser à autre chose que le lever à 3 heures du matin pour un départ à 5 heures...
Après une nuit très très courte, nous nous retrouvons tous sur la ligne de départ, Dominique est là, lui aussi, ça va être chouette !!!! Nous sommes tous en train de papoter quand le chrono est lancé... nous nous retournons... Ah, tiens... ils sont tous en train de courir, et si nous y allions aussi... Objectif : 16 heures, j'ai un plan de route bien précis, c'est parti !
Je pars avec psyko, Laïla est quelque part devant... Nous pensions l'un et l'autre la retrouver plus loin, mais non, nous ne la reverrons plus. Nous n'avions pas bien regardé, mais Laïla avait revêtu le costume du Ptitchat volant avant de partir !!!
Nous montons en discutant, nous avons décidé d'y aller cool (pas de cape de super héros pour nous). Pour moi, tout va bien, 1h30 passe dans la nuit et la brume. Nos frontales éclairent des vaches ça et là. Je commence à manger une barre... punaise qu'est-ce qu'elles sont grosses... je la grignote pendant quelques temps.
Nous arrivons sur un replat, la première ascension est terminée, nous sommes au col du Portet, nous venons d'avaler 1424 mètres de dénivelé positive... je suis toujours aussi bien, dans les temps donnés par Jean-Philippe, je suis facile, ça roule. Le jour s'est levé, je range la frontale. Nous redescendons sur le resto Merlans pour le ravito... je n'y reste pas longtemps... je n'ai pour ainsi dire, rien bu, mes deux bidons sont quasi pleins... je m'en fais le reproche, mais pas plus que ça... cela fait 2h30 que nous sommes en course, j'ai mangé une barre et bu 150ml à tout cassé... YES ! Je suis 391ème.
Je repars, cette portions monte relativement doucement dans les rochers, et zut, je sens comme un cafouillage au niveau du tendon rotulien gauche... ce n'est pas douloureux, juste une sale sensation qu'il y a un truc qui lâche, juste au-dessus de la rotule... je ne suis pas à l'aise, l'arrière du genou commence lui aussi à me gêner... grrrrrrrrrrrrr !!! Ah non ! Ça ne va pas recommencer !!!!
La descente arrive, j'appréhende mais j'évite de raidir ma jambe, les bâtons m'y aident beaucoup, je descends bien, c'est technique mais je me débrouille pas mal, je double plein de nanas, ça me donne confiance, tout va bien. La descente continue, plus facile, la gêne s'estompe pour disparaître complètement, incompréhensible, mais je ne m'en plains pas !!!! Je sens que je suis fatiguée, je rencontre Francis 31 qui m'interpelle, ça me fait du bien, je continue.
Arrivée sur le deuxième ravito 3h plus tard, je suis 330ème à Artigues... Caro est là, courageuse avec son indéfectible sourire... j'ai bu un peu plus, peut-être 500ml/600ml, et mangé une barre de plus... 2 barres 5h30 de course, même pas bu 1 litre... le suicide commence, et je ne me rends compte de rien !!!! Je suis dans mes temps
Je repars, Caro me dit que Laïla est juste devant moi, qu'elle est partie du ravito quand j'y arrivais...
Somme toute, je sens bien que la fatigue commence à monter... je décide de faire la montée suivante sur en mode cool, je réussis à manger tant bien que mal une barre, j'essaie de boire... ici, les souvenirs sont un peu perdus... je sais que la montée est longue, casse-bonbons, mais je grimpe, et plutôt bien puisque j'arrive au col de Sencours avec 15' d'avance sur les plans. Je recharge en eau, vu ce que j'ai bu, c'est vraiment du petit complément... Reste encore l'aller/retour au pic du midi... Cette grimpette n'est vraiment pas intéressante, ce sont des lacets sur une route. Je croise Laïla dans le dernier coup de cul, elle est rayonnante et pleine d'énergie, ravie !
Au pic du Midi, je suis 271ème. La descente du pic se fera plus facilement que je ne m'y attendais. Je croise Patricia qui a l'air bien et Psyko qui lui, par contre, montre de gros signes de fatigue !
Revenue au col de Sencours, je shunte le ravito, je n'ai quasiment rien bu.
Si la descente vers le ravito de Tournaboup commence facile, la suite me paraît atroce... la fatigue commence à m'envahir, mes jambes deviennent douloureuses... la dernière section est une pente très raide en herbe, je déteste, je n'y arrive pas, je suis à l'arrêt... J'arrive au ravito avec 10' de retard sur mon plan. Je suis 259ème. J'en suis toujours à 3 barres après 10 heures de courses... je ne supporte plus l'idée du sucre... je prends du jambon, l'équivalent d'une tranche, et je mets un peu de coca et de l'eau dans un bidon, et de l'eau pétillante dans l'autre, diluant ainsi la boisson énergétique qui restait !!!! Je suis en train de signer mon arrêt de mort, et, je ne m'en rends toujours pas compte... la seule qui commence à y voir un peu clair, c'est Caro. A ma sortie, elle me dit de m'arrêter un peu plus longtemps, de me reposer. Ben oui, mais voilà, le seul truc que je trouve à lui répondre, c'est que j'ai déjà 10' de retard, et qu'il faut que j'avance !!!! Et les Shadocks pompaient, pompaient...
J'amorce la grosse montée vers le col de Barège. C'est très beau, mais je suis percluse de douleurs, mes jambes et mes pieds me font très mal, plus rien ne me porte... j'avance, je ne peux plus courir... nous passons à côté d'un lac, c'est magnifique. J'ai fini par adopter une marche active mais assez efficace... je suis rejointe par des gars qui ne valent pas tellement mieux que moi, nous discutons, ça permet d'oublier les maux... eux retrouvent un semblant d'énergie, me passent, je suis à nouveau seule, mais dans la tête, ça va mieux. J'essaie de remanger une barre, par petits morceaux, j'y arrive.
A la cabane d'Aygues Cluses les bénévoles m'aident à remplir mes bidons, je suis vidée, et je commence à prendre conscience de mon manque d'alimentation... je décide de mettre des comprimés d'isostar que j'ai pensé à emmener avec moi, histoire de compenser le manque d'alimentation solide. Les comprimés sont collés au fond du tube, ça se complique ! Quelle mouise ! Trois tombent d'un coup dans le bidon, ce qui aura pour effet de faire exploser le bouchon en deux parties dans la montée suivante !!!! OUAIH !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! :'( Un coureur sympa me viendra en aide et me remontera mon bouchon !!! MERCIIIIIIIIIIIIIIIIIIII ! Tu m'as sauvée !
Au col de Barège, je suis 265ème. Je ne me souviens même plus du contrôle, ni du chemin, je suis morte !
Je retrouve à nouveau des compagnons de route, papotages bénéfiques, nous arrivons au ravito du départ le resto Merlans, j'ai 50' de retard sur l'horaire prévue... je suis 283ème... c'est dur, très dur... je pense ne plus pouvoir courir du tout. J'ai toujours 4 barres à mon actif après 14h51' de course, c'est du grand n'importe quoi... je n'ai pas énormément bu... et le pire, c'est que je savais que je ne mangeais pas assez, mais je n'ai jamais eu conscience de l'ampleur du problème... je me suis enfoncée en aveugle ! J'attrape une tranche de jambon et demi, et je repars... pour la dernière ascension et la dernière descente.
Je monte très rapidement au col du portet où je retrouve Jean-Philippe soulagé de me trouver là. Le suivi ne fonctionnant pas bien, il pensait que j'avais abandonné et me cherchait un peu partout...
Je suis contente de le voir, cela me remet du beaume au cœur. Vu mon état, je sais que j'en ai pour 2h de descente. La nuit commence à tomber, je remets ma frontale. Il y a de la brume, difficile de trouver le chemin sur ces pistes de ski interminables et très pentues... je galère... Jean-Philippe est à nouveau là, sur la route, il m'encourage... décidément, ce gars-là est exceptionnel !
La dernière partie de la descente est interminable, le village est là, à portée de vue, mais les lumières ne s'approchent que beaucoup trop lentement... je me plante de chemin, je remonte, j'ai mal, tellement mal ! J'entame ma 5ème barre. Mes jambes, mes pieds, mon thorax, tout n'est que souffrance !!!! Je cours, contre tout espoir, je cours encore, très mal, mais encore... je me fais doubler à tour de bras, ça c'est moche...
Enfin, j'entre dans le village, enfin des gens se pressent sur les trottoirs. Ma course est chaloupée, mais je retrouve un tout petit regain d'énergie en sentant l'odeur de l'écurie...
J'arrive enfin, j'aperçois Caro, David qui prend des photos (ouille !), et je tombe dans les bras de mon cher Jean-Philippe... je suis au bord des larmes, je suis tellement déçue, et j'ai tellement mal... Caro est là, merci copine !
Je suis 315ème en 17h34, soit 1h30 de retard sur ce qui était prévu... 4,75 barres + 2,5 tranches de jambon+1,5 litre au mieux de liquide plus loin... J'ai couru comme une bleue... finalement, je ne m'en tire pas si mal !

 

 

8 commentaires

Commentaire de leptichat posté le 30-08-2011 à 10:12:41

Coucou Cecile..
Quand je vois ce que tu as mangé et bu sur la course je me demande comment tu as pu avoir l energie! sans vouloir choquer personnes:
j'ai bu 8 L d'eau entre eau pure et boisson energetique
13 ou 14 Gels d'ailleurs j ai paniqué car à col barege il me restait que 2, et j avais peur d en manquer
A chaque ravitos je prenais du fromage/ du jambon / du coca et de bols de soupe..
Et 2 bananes au debut
Et 1 gaufrette au miel que j avais dans mon sac

En tt cas, contente de savoir que ton genou s est bien comporté :)

Bises

Laila

Commentaire de mic31 posté le 30-08-2011 à 10:22:31

Ne connaissant pas la fin et vu que tu parlais de suicide souvent, je m'attendais à un abandon...Et bien non, tu es allée au bout. Bravo donc pour cette belle course, un poil douloureuse quand même.

Commentaire de Francis31 posté le 30-08-2011 à 11:14:47

L'essentiel sur ce format de course, c'est de franchir la ligne d'arrivée et tu l'as fait de belle manière; et je suis sur que très rapidement tu oublieras tes souffrances et ne gardera en tête que les belles images de ce périple. Bravo pour ta course et content de t'avoir de nouveau croisé.

Commentaire de Papillon posté le 30-08-2011 à 18:11:39

Ben non leptitchat!!! Tu ne choqueras personne!!! D'habitude j'avale une barre par heure... il m'en aurait donc fallu 16 ou 14+le jambon!!!! Quand à l'eau, quand je fais un 25 bosses l'été, je vide 1,2 litre en 2h15... c'est moi qui suis ridicule!
Moi aussi Francis j'étais contente de te voir, d'autant plus que cela m'a soulagée, tes encouragements m'ont remise en selle.
Mic, je me devais d'aller au bout... j'avais déjà abandonné la 6000D, il m'était inconcevable d'en abandonner une deuxième sans avoir un sérieux problème mécanique.

Commentaire de laulau posté le 30-08-2011 à 19:49:23

Tu m'impressionnes d'aller au bout d'une épreuve comme celle-ci dans ces conditions. Tu voulais franchir cette ligne d'arrivée coûte que coûte, bravo, tu l'as fait !

Commentaire de psyko posté le 31-08-2011 à 22:59:09

Bravo pour ton courage Cécile.
Comme moi tu as eu des problèmes d'alimentation mais toi tu as décidé de ne pas abandonné. Félicitation.

Commentaire de grumlie posté le 01-09-2011 à 22:15:57

Et bien tu as quand même évité la catastrophe avec une alimentation des plus "folklo". C'est vrai que tu avais l'air obnubilée par ton retard sur ton tableau de marche quand tu es passée à Aygues cluses! Bravo d'avoir terminé et soignes l'hydratation de récup...

Commentaire de JCDUSS posté le 07-09-2011 à 11:55:20

bravo d'avoir terminé dans ces conditions, belle détermination.

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