Récit de la course : Le Grand Raid des Pyrénées - Grand Trail 2010, par Francis31

L'auteur : Francis31

La course : Le Grand Raid des Pyrénées - Grand Trail

Date : 28/8/2010

Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)

Affichage : 3928 vues

Distance : 80km

Objectif : Pas d'objectif

1 commentaire

Partager :

137 autres récits :

GRAND RAID DES PYRENEES - 80,5 kms - 5071 m D+ L'essentiel pourrait se résumer à cette photo : M

GRAND RAID DES PYRENEES - 80,5 kms - 5071 m D+

L'essentiel pourrait se résumer à cette photo :



Mais revenons quelques 20 heures en arrière, sur la ligne de départ.

Nous retrouvons quelques connaissances, ici Romain (Grumlie) et Emmanuel (Ampoule31), Laulau et faisons connaissances avec d'autres kikous (Andrew, Monique, Stéphane...) que nous retrouverons tout au long du parcours.

Pour l'instant, le sourire est de mise; Tout le monde se rassure, se souhaite bonne course.



L'heure du départ approchant, les sourires laissent place à une tension diffuse.

Est-ce que nous nous sommes suffisamment préparés, est-ce que l'entrainement n'aura pas été trop lourd, est-ce que les nombreuses sorties longues vont se révéler payantes ( cf Couserans2010 et Mercantour2010 ), est-ce que le moral ne lâchera pas, est-ce que...

Flo : pour moi, ces questions, je ne me les pose plus sur la ligne de départ.



Pour Flo, c'est une grande première, son trail le plus long étant le trail des citadelles 2010 (40 kms - 2000 m D+), trail dont elle porte aujourd'hui les attributs (tee-shirt et buff).

 Au jeu du "quitte ou double", elle a donc choisi de doubler et je ne me suis pas fait prier pour l'accompagner sur ce périple que je connais pour avoir bouclé les 2 précédentes éditions.

Et justement, de l'avoir déjà réalisé, je sais que je ne suis pas à l'abri d'une défaillance : c'est long, c'est parfois technique, c'est usant et cerise sur le gâteau cette année : 5 kms et 500 m D+ avec la montée au Pic du Midi en plus.



5h01 : l'heure n'est plus aux questions, le départ est donné.

Notre objectif du jour : TERMINER.

Flo : c'est confiante et le moral gonflé à bloc que je me lance dans cette aventure.
Sur les conseils de Michel (merci à lui), je me fixe des objectifs étape par étape : 1 le col de Portet, 2 on verra ensuite.

J'ai néanmoins élaboré un plan de course en 20 heures pour avoir des points de repères sur notre progression et surtout pour bien nous situer par rapport aux barrières horaires.

Nous nous retrouvons à courir au milieu d'une troupe d'environ 600 exaltés dans la rue principale de Vielle Aure.

Les cloches sonnent  à tout va, les cris d'encouragements fusent, puis , très rapidement plus d'autres bruits que ceux de nos pas et de nos bâtons.

Après 2 kms de route, nous entamons les choses sérieuses :1400 m D+ d'un coup .
Il fait nuit et une petite bruine nous rafraichi. Après avoir passé Vignec et traversé un gué, nous trottinons un peu sur la seule portion plate.

Peu après Espiaube, le jour fait son apparition, toujours dans le brouillard. Pourvu que ce soit pas ce temps là toute la journée, que nous puissions profiter des paysages que je sais magnifiques.



Pour l'instant, c'est Flo qui donne le tempo, un bon tempo qui me semble même un peu rapide.



Effectivement, nous passons le Col de Portet en 2h27, temps quasiment similaire à celui réalisé par le tandem Yvan-Francis l'an passé !

Nous atteignons le 1er ravitaillement à 7h38 en 379ème position ( mon plan nous donnait 8h10, nous sommes donc bien montés).

Une petite grimpette avant de retrouver le sentier en balcon qui nous permet de dérouler notre foulée  au dessus du lac de l'Oule que nous apercevons à peine en contrebas.



Nous entamons à nouveau une montée qui nous amène au dessus des nuages.
Le ciel bleu fait son apparition.
Ah ! la journée va être belle.

Flo :Très belles vues avec le soleil levant Bonnes sensations pour le moment.



Après avoir passé les lacs de Bastan, nous apercevons  notre premier "point haut" de la journée : le col de Bastanet 2507 m .



Les contrastes entre ombre et lumière sont magnifiques.



Le terrain devient très technique : du cailloux, du cailloux.



Flo tient toujours un sacré rythme et lorsque je m'arrête prendre une photo, je peine sérieusement à revenir sur elle !



A l'approche du mur final, la troupe ralenti sérieusement dans cette pente sévère.



Petite photo souvenir au col (dommage pour le contrejour ) avec une petite pensée pour  celle réalisée l'an passé avec Michel et Yvan.



Pour Flo, tout va bien, même si une pointe d'inquiétude la titille avant d'entamer la descente : ses genoux vont-ils bien tenir le coup ?
Je lui dis de descendre comme elle le sent : marcher, courir, trottiner au choix.



Il vaut mieux se préserver car la course est encore longue (60kms).



Nous voilà donc à gambader



admirer les superbes lacs



le refuge de Campana est rapidement dépassé.



Pour l'instant, tout est facile; Flo est très à l'aise dans ces portions techniques.



Mais dès que nous arrivons sur les portions "roulantes", ça se complique pour elle :



Non pas qu'elle ai vraiment mal aux genoux, mais c'est plus l'appréhension qui retient sa foulée,



Bien plus bas, nous croisons des kikous (avec qui nous ferons régulièrement équipe) , avec en arrière plan le terrible Pic du Midi.



Nous atteignons le 2ème ravitaillement à Artigues à 11h04 en 387ème position (mon plan donnait 11h21 : nous sommes toujours en avance même si nous avons un peu "perdu" (tout est relatif) de temps dans cette longue descente.
Après s'être bien ravitaillés, avoir fait le plein en eau, nous repartons en direction du point culminant de la course : le Pic du Midi, qui nous semble bien lointain pour l'instant.

Flo : Surgit de nul part, il m'est apparu entouré de nuages, menaçant, impressionnant; je le redoutai déjà ce Pic.



Mais pensons d'abord aux  étapes intermédiaires : le pont des Vacques et le col de Sencours.



Flo marque un peu le pas dans cette montée, mais le rythme reste bien soutenu malgré tout.



Le cumul de dénivelé commence à se faire sentir, la chaleur ne facilitant pas les choses.

Mais on avance régulièrement et c'est là le plus important. Dans cette longue montée, une kikoureuse aguerrie, Monique, nous accompagne.



Arrivés au col de Sencours, nous nous ravitaillons rapidement, sans refaire le plein en eau pour être un peu plus légers dans ces 2,5 kms et 500m d+ qui nous attendent.

La première partie se fait relativement aisément sur une large piste qui monte régulièrement



Le massif du Néouvielle est magnifique en arrière plan



Puis la pente se redressant sérieusement, Flo a un sérieux coup de mou et sa progression se fait par à-coups.
Pour ma part, les 100 derniers mètres se feront à "l'arrache" également; vraiment terrible cette montée finale.


Photo Ouster

Je vais me faire pointer au sommet (2876m) à 14 h33 en363 ème position (mon plan nous donnait à 15h00 !!!, nous n'avons finalement pas trainés sur cette portion) et reviens encourager Flo dans ses derniers mètres.

Flo : Mon appréhension se confirme, je l'ai maudite cette montée. Les 100 derniers mètre se font pour moi plus qu'à "l'arrache"; Mon mental en prend un sacré coup, j'en chialerai de rage. C'est dans la descente qu'après avoir écouté les mots d'encouragements de notre fils, que je retrouverai un bon moral.



Sur le coup, elle me semble bien atteinte par l'effort fourni. Nous prenons donc quelques minutes de repos, le temps d'une photo souvenir qui lui permet de retrouver le sourire et la niaque.



Nous descendrons tranquillement, alternant course et marche vers le poste de ravitaillement du col de Sencours.



Nous croisons au passage Romain qui monte au Pic (je le pensai devant nous) que nous encourageons et que nous invitons à nous rejoindre dans la descente.



puis nous nous engageons sur la large piste au dessus du lac d'Oncet.

Flo : ça c'est fait : le pic est derrière moi. Ouf ! Je crois que je n'y reviendrai jamais !



La descente devient régulière : nous alternons course tranquille et marche rapide de façon à préserver les genoux de Flo, genoux qui commencent à la titiller.



Nous avons dépassé la mi-course et le plus gros du dénivelé est derrière nous.
Il ne nous reste plus qu'à gérer la fatigue, l'alimentation et surtout l'hydratation.



C'est donc sans forcer que nous atteignons Tournaboup à 16h31 avec 45 min d'avance sur mon plan 20h et surtout une marge de 3h30 sur la barrière horaire !
Nous en profitons pour nous "refaire la cerise" : jambon, fromage, orange, banane, compote...plein en eau.

Je regarde Flo : toujours volontaire pour aller au bout. Le moral tient et se renforce à la perspective de finir.
Nous avons parcouru 51 kms, ce qui signifie qu'il nous en reste encore une trentaine à effectuer et donc il faut bien se résigner à repartir.
Nous retrouvons aux côtés de concurrents de l'ultra, qui, étonnement, progressent encore rapidement.



Nous sommes rejoints par un couple, et Flo, voyant les genoux "strappés" de la traileuse lui pose la question de l'efficacité de la chose. Sa réponse entrainant immédiatement l'action, et c'est avec gentillesse que Mr s'occupe de Flo : l'esprit sportif au sens noble !

Flo : Belle solidarité entre trailers; Merci à eux, les straps ont bien soulagé mes douleurs.



Mr n'a pas de Dossard, il accompagne sur tout le parcours sa compagne !! Chapeau.

Nous reprenons notre progression, Flo sent que ses genoux sont mieux tenus et est rassurée pour la suite.




Nous arrivons en vue de la cabane d'Aygues cluses où se tient un ravitaillement en eau.
Et c'est avec surprise que j'entends mon prénom " Tiens voilà Francis" : Héléne, Jérôme (Phyléa), Daniel (Versant Trail) et toute une équipe de bénévoles sont là pour nous accueillir, nous encourager. Vraiment sympa ce moment en pleine montagne.

Flo : Accueil très chaleureux et tous sont à nos petits soins. Bravo et merci.



C'est pas tout ça, mais il nous reste encore un bon bout à parcourir, à commencer par la montée au col de Barèges que j'appréhende (l'an passé, en compagnie d'Yvan, j'avais souffert dans ce passage).

Et ça ne loupe pas : Flo s'éloigne petit à petit alors que moi, j'ai l'impression d'avoir les pieds cloués au sol, le souffle court et des nausées.

Flo : Ah ce col de Barèges dont j'ai tant entendu parler ! Pas de quoi fouetter un chat !

Je prend un gel "coup de fouet", et effet placebo ou pas, quelques minutes plus tard, je vais beaucoup mieux.

Juste sous le col, attirés par des cris lugubres, nous assistons de loin à un spectacle  macabre : des vautours dépeçant une charogne.



Nous arrivons au col (2469m) et sans nous attarder (fait pas chaud), entamons la descente d'un bon rythme sans toutefois courir : le terrain chaotique ne s'y prête pas.



Un brouillard épais fait son apparition alors que nous longeons des laquets, brouillard qui ne nous lâchera plus.



La descente est interminable, d'autant que Flo commence à souffrir des genoux donc pas question d'augmenter l'allure, même sur les rares portions roulantes.

Arrivés aux abords du lac de l'Oule, nous ne descendons pas et contrairement à l'an passé, remontons un sentier sur 3 km et 200 m D+. Il fait désormais nuit noire.

Nous formons désormais un trio et c'est Flo qui continue de donner le tempo !
Nous arrivons au dernier ravitaillement à 21h39 (mon plan donnait 21h55 : nous sommes donc toujours sur la base d'un temps final de 20h).
Il fait très froid et nous nous mettons au chaud. Les bénévoles sont aux petits soins pour nous.

Je ne suis pas au mieux de ma forme : je ne sais pas si mon estomac va accepter quoique ce soit; je me force néanmoins à avaler une soupe .
Flo en profite pour enfiler un collant.
Nous restons là quelques minutes, assis à nous poser la question de savoir pourquoi Romain ne nous a pas encore rejoins.

Flo : Longue, très longue marche dans la nuit et surtout ce froid qui me pique les doigts et me transperce la peau.
J'apprécie d'autant ce refuge où il fait bien chaud; l'ambiance y est agréable et la soupe bien chaude. Et si nous restions là ?




L'organisation nous demande de repartir par groupe de 3 minimum en direction du col de Portet.
Effectivement le brouillard épais s'est transformé en brouillard "à couper au couteau".

Pour l'instant, tout va bien sur cette large piste. Sur ces 200 derniers mètres de dénivelé, je retrouve un peu d'entrain ( ou plutôt une grosse envie d'avoir plus chaud) et c'est Flo qui me demande de me calmer.

Nous arrivons au col de Portet. Plus que 12 kms de descente. Plus que, plus que...

Plus que le début de la galère : au brouillard épais se rajoute un crachin, et nous ne savons pas par où partir, le faisceau de nos lampes ne traversant pas le rideau de pluie/brouillard pour accrocher les balises.
Nous jardinons ainsi un moment, jusqu'à former une petite troupe, pour enfin trouver notre chemin.
Mais notre progression est lente, le brouillard nous empêchant de bien voir le sentier et les balises. Nous ferons de nombreux arrêts pour chercher ces fameuses balises.
Pour ma part, je commence à avoir très froid malgré le coupe-vent et je décide donc très rapidement de prendre les devants pour imprimer un rythme un peu plus soutenu (je veux absolument me réchauffer).
Nous finirons par sortir du brouillard lorsque nous entamerons la partie bien raide juste au dessus de Soulan.
Il fait nettement plus chaud lorsque nous atteignons Soulan.
Plus que 4 kms....

On va le faire...

Flo en a marre, et ces derniers kms semblent interminables.

Mais dans le même temps nous "savourons" cette victoire sur nous même.

Dernier rond-point, longue ligne droite, entrée du village, la voix du speaker...

Romain est là ??? Il nous prend en photo ( il nous dira être arrivé 1h plus tôt !! Il nous est passé devant lorsque nous étions au chaud. Il a fait un final de fou furieux !)

Flo : Je le vois enfin ce village illuminé dans la nuit, Je le sais c'est la fin  et l'émotion me submerge à la vue du panneau "Vielle Aure". Francis me prend la main, je sais que ce sont nos derniers mètres, je fais donc l'effort de franchir la ligne en courant.
Surgi d'on ne sait où, Romain bondi et sprinte pour prendre la PHOTO, ce qui me donne le sourire (Merci Romain pour la photo).

Nous y sommes , main dans la main nous franchissons la ligne d'arrivée en 20h07min44s aux 387 et 388 places.
Flo termine 34ème féminine et 17ème de sa catégorie d'age. C'est énorme, Extraordinaire .


Photo Romain

Un grand grand moment de bonheur



Un grand merci à tous les bénévoles attentionnés présents aux postes de ravitaillement et le long du parcours et un grand bravo à l'organisation sans faille .

Également un grand merci à tous ceux qui nous ont soutenu, encouragé et suivi à distance que soit par téléphone, sms, facebook ou tout simplement par la pensée .

Flo : Je me joins à Francis pour remercier chaleureusement tous ceux qui de près ou de loin nous ont encouragés.
En conclusion : un bon entrainement, un gros mental et le soutien de Francis m'ont permis de vivre cette course avec beaucoup de plaisir, parfois dans un état second (l'esprit quittant parfois le corps, le corps avançant machinalement, un pas après l'autre, chassant les mauvaises pensées ; le combat se transformant en une belle aventure)

Temps de passage

CheckpointHeure
Départ - Vielle Aure28/08 05:01:29
CP1 - Merlans28/08 07:38:32
CP2 - Artigues28/08 11:04:59
CP3 - Pic du Midi28/08 14:33:09
CP10 - Tournaboup28/08 16:31:33
CP12 - Merlans28/08 21:39:10
Arrivée - Vielle Aure29/08 01:08:44

1 commentaire

Commentaire de la panthère posté le 11-10-2010 à 12:25:00

ravie d'avoir fait un bout de chemin avec vous deux, et un grand bravo à Flo!.....
ça fait plaisir de revoir en écrit et en photos ce beau trail...

Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.

Votre annonce ici !

Accueil - Haut de page - Aide - Contact - Mentions légales - Version mobile - 0.07 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !