Récit de la course : Saintélyon 2009, par nic2wall

L'auteur : nic2wall

La course : Saintélyon

Date : 6/12/2009

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 4039 vues

Distance : 69km

Objectif : Terminer

9 commentaires

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Oh bosseigne c'est long !

 

 

La SaintéLyon,  je me rappelle que gamin ça me fascinait... Mais je ne vais pas remonter si loin pour en faire mon récit. Je ne sais pas bien où cela commence, il n'y a peut-être d'ailleurs pas eu de commencement ; ce serait alors plus la continuité d'un objectif inavoué longtemps et patiemment préparé. Encore en ce mois d'Août 2009, le vin rosé et la charcuterie Corse ont raison de ma motivation à m'alléger pour aller plus vite. Je me rappelle pourtant bien de ce tout début d'année 2009. (Après avoir été brassé tout le mois de décembre, je suis devenu léger comme je ne l'avais pas été depuis quelques années. Avec un entraînement de 3 mois, alors, je fais une sortie bien reposé ou je mets les watts, et éprouve un vrai plaisir avec des sensations de vitesse, de légereté que je n'avais encore jamais connues). En réaction à ce laisser-aller du mois d'aout, ou je n'ai pas couru plus de 38 km et roulé 64 km, septembre s'annonce comme un gros mois de reprise, avec de la qualité et du volume. Me voici donc à fractionner, et à seuiller. Je reperds vite du poids, et me sens affuté comme une lame. Début Octobre, cette SaintéLyon dont j'avais parlé cet été... Allez, on respire un grand coup,... non. Allez te défile pas ! Non. Ma plus longue course a été un trail  de 24 km et 1450 D+ que j'ai terminé exsangue en plus de 4 heures. C'est finalement poussé par une main invisible que je m'inscris en ligne le 8 Octobre.

 

 Bon ben maintenant c'est pas le toutou, mais il faut penser à rentrer dans un plan de prépa spécifique ? J'en lis certains qui y sont depuis 12 semaines, et qui ont une expérience et un niveau tout autre ! Y a plus qu'à, et je décide donc de faire confiance au plan Endurance Mag proposé sur le site même de la SaintéLyon. Il peut se faire en 3, 4 ou 5 séances hebdomadaires. Je pars sur les 3, en projetant de-ci de-là une séance de vélo. Les premières séances de qualité sont violentes : autant je m'amuse et prends plaisir à fractionner, autant les séances de seuil sont un supplice. La vache ! C'est dur et ça fait mal ! J'ai un vrai problème avec le temps de soutien dans ma zone acide ; et je ne boucle pas une seule séance de seuil sans bacher quelques minutes avant. Arrivent alors les « lignes droites » en quatrième semaine. Ca change et ça fait du bien.

 

Semaine 4 et 5 je suis très fatigué. En milieu de S5 (11 Novembre), je remplace une séance VMA par une sortie en nature avec JC. On part de Soucieu et on monte par des chemins à Yzeron, sur un parcours que je connais. La vache il me met minable dès que ça grimpe un peu, j'ai les guibolles en feu et dures ! J'avais bien noté le dimanche précédent lors de la reco à Ste Catherine qu'il était affuté sur les montées, l'Arsouille. Faut dire aussi qu'il avait préparé Marseille-Cassis, ça aide ! Cure de sommeil pour moi car en fin de S5 figure un trail de préparation. Je suis inscrit au Jogg'iles sur le 21km. Je prévois, ce mercredi 11 Novembre de ne pas m'y rendre, ou de faire exprès de louper le départ pour m'aligner sur le 15, voire le 10...

 

Finalement je m'aligne bien à 8h30 pour le départ du 21, que je termine vraiment cramé, asphyxié, et surtout avec de vives douleurs aux jambes j'améliore quand-même ma marque par rapport à mon premier semi de septembre de 9 minutes. Je me rends vite compte une fois arrivé à la maison que je suis victime de la bien célèbre tendinite du TFL, alias le Tenseur du Fascia Lata, autrement appelée « syndrome de l'essuie-glace ». Hasard, la veille j'ai acheté de nouvelles chaussures, des Nike Pegasus, à la réputation établie de chaussure mixte route/chemin. Ah je m'en suis tant posé des questions sur la chaussure à choisir pour la SaintéLyon ! Mes Trabucco ? Elles sont certes confortables, mais lourdes, lourdes... Les XT Wings ? Elles manqueront clairement d'amorti pour supporter que je les martyrise... Mes NB de route ? Elles manqueront d'accroche dans la gadoue... Sans grand espoir je me rends au magasin où j'ai acheté les Pegasus, qui ont maintenant 50 km (j'ai insisté...), leur cause de mon problème... et pas de problème pour les changer !  Je reviens le lendemain avec les chaussures incriminées, et en ressort avec une paire de Mizuno Wave Ascend 4. Un grip de fou, et un poids de 362 g par chaussure avec un vrai amorti pour les poids lourds! Je gagne près de 80g par pieds vs les Trabucco ! A partir de là, je les porte tout le temps pour les faire à mes pieds.

 

Début S7, la tendinite est bien en place, je glace, je masse au KETUM, à la Welleda Arnica, à l'huile essentielle de Gaultherie (!!!), j'étire. Ca me permet de faire passer les dernières séances de prépa sans être gêné. Je prévois donc de courir shooté au Voltarène pour le D-Day.

27 Novembre je vois le Docteur Grand Manitou, Sachem d'entre les sages, pour un bilan de mon régime. Il me propose une séance d'acupuncture le jour même. 7 banderilles : 2 dans le pied, 4 dans le genou autour du TFL, une vers la région du sternum. Et c'est parti pour une heure de dodo. De retour à la maison, j'applique le flector tissugel consciencieusement pendant 3 jours, jusqu'à ce que...Je ne sens vraiment plus rien !!!

 

Le Dimanche précédent la course, je remplace la sortie 1H CAP par du vélo. On part avec Michel direction plein sud, pluie et vent de face, péniblement à 13-14 km/h. Au bout d'1/2 heure, on fait demi-tour, et cette fois, c'est du 35 km/h sans forcer !

S8, c'est du tout petit en CAP, 20 minutes, beaucoup de stretching et gainage que j'ai commencé en S4.

 

Mardi 1er décembre, j'ai un bon coup de flip : Je n'ai pas fait assez de volume, qu'est ce que je suis con d'être à ce point inconscient. Et si je rejoignais une des équipe de relayeurs ! Ce passage de gros doute passe vite. De toutes les façons je ne serai pas en plein milieu de l'Atlantique, et les dés sont jetés, je ne peux plus rien changer à ma prépa. Jeudi 3 décembre, les prévisions météo s'affinent, il ne pleuvra pas durant la course. Je prépare mes affaires et mon sac en conséquence. Je shoote tout ça plutôt que d'en faire un liste ça va plus vite.

Je choisis aussi de passer les heures précédentes à St Christo pour me détendre, plutôt que de faire gonfler la cocotte seul au milieu de 10000 concurrents au parc des expos de Sainté.

Le samedi matin on file avec JC retirer les dossards au parc des expos Dans le welcome pack, une casquette, le road-book, la fiche securité du coureur à compléter, et une casquette vert fluo. J'y croise Abdel le garde champêtre de Charly ! Il me rassure, et me dit en dernier conseil de faire ma course. Ca tombe bien car c'était mon intention, mais ça me conforte dans mon choix. Je rentre petit à petit dans ma bulle.

J'arrive à Trêves en fin pm, puis assez rapidement on part chez Dédé à St Christo où tous les concurrents de la boite de JC se retrouvent. Gatosport, pates, re-pates, tout y passe et repasse dans le classique d'avant course. Je m'autorise quand même 2 verres de rouge, faut pas déconner non plus. 23H00 je commence la boisson d'attente, et on décolle pour descendre en territoire Stéphanois. JC me jette devant les grilles du Palais des Sports, et après avoir traversé la halle aux bestiaux, je rejoins le sas de départ, super serein, et très heureux. J'y suis ! Sur ma gauche je vois le drapeau des 30 ans de l'IFU. « Tiens ils sont donc juste là-derrière ». Puis U2 « Light my way ». Et c'est parti. Assez rapidement d'ailleurs je trouve. J'ai le palpitant qui s'affole, de l'excitation plus que de l'effort, donc tout de suite, je zippe définitivement la bulle, et je rentre dans ma course. Tout seul.

Ca attaque fort, et on est encore sur le goudron que déjà certains font des pauses vidanges. 5 minutes après le départ, parmi 10000 coureurs, je me retrouve aux côté de Georges, qui a été mon parrain d'intégration dans une certaine boîte. On échange quelques mots, et puis plus rien, pfuittt ! évanoui le Georges...J'en vois un qui s'arrête vomir contre un poteau pendant 10 secondes et rejoindre le peloton, sous l'œil ahuri de son pote : « Tu fais ça souvent !!! »

On quitte le goudron, la pente se redresse, il est temps de passer en mode « télécommandé » : c'est Neil Young qui a le plaisir de m'y aider le premier ,avec « Harvest ». Arrive le ravito de St Christo. J'ai déjà pu me retourner pour admirer ce serpent lumineux qu'on voit loin derrière, surtout dans les S qui montent à St Christo. Ca c'est une vue mythique de l'épreuve, et rien que ça, ca me met une banane en travers de la figure !!! Je suis invincible.

Je zappe le ravito, je ne m'attendais pas à un tel goulot d'étranglement, pas le temps et aucune raison de faire une pause donc je sors du troupeau pour contourner la tente après être passé sur le tapis pour biper ma puce. Et de nouveau je plonge dans la nuit noire, où très rapidement est signalé le panneau « ARRIVEE 50KM ». Je trouve ça marrant !  Certains doivent moins rigoler car le chemin commence à être ponctué de droite et de gauche de culs blancs et  visages grimaçants aperçus à la frontale, que par pudeur on n'éclaire pas de trop... Enfin bon à 3 mètres du chemin, ça devait vraiment être fulgurant pour certains... Une fille me double, elle n'a dû se rendre compte de rien, mais la boue sur son collant à une couleur bien différente de celle qui lui a dessiné le cap de Bonne Espérance sur les fesses... La pauvre !

Je suis à ce moment là en avance sur mes deux plans de course : entre 10H00 et 10H30. Je ne gère rien entre les ravitos sur le plan de la vitesse, je me contente du pointage à chaque tapis. A chaque fois, super, je suis en avance ! Adele a pris le relais dans mes oreilles avec le planant « Hometown Glory »

Moreau je zappe aussi, j'ai encore de l'eau dans la poche, besoin de rien envie de rien. J'ai quand même attaqué le gel antioxydant qui me soulage bien de douleurs aux genoux, et une ou 2 pates de fruit. J'ai également prévu 1 comprimé de Sporténine par heure à partir des 2 heures de course, pour prévenir les crampes. Je ne crains pas grand-chose de ce côté-là mais mieux vaut prévenir que guérir !

Ste Catherine ; je pointe 16 minutes en avance de mon plan. J'en profite pour reposer la bête. Coca, fromage, re-coca, et thé. J'évite l'eau froide sans rien : servie à la température ambiante elle se révèle un simple mais néanmoins très puissant laxatif pour des organismes en stress d'effort. Merci à Tine pour ce truc donné sur le forum Kikourou. Donc je mets dans le bidon la moitié d'eau gazeuse (qui m'apporte un Ph- contre les crampes) et le reste en thé (qui m'apporte une T°+ contre la cagagne !). Je quitte ce ravito en prenant une lourde décision : je n'ai plus beaucoup de flotte dans la poche, et je n'ai que mon bidon de 600ml qui est plein...Un bénévole me dit « Mais si il y a le tuyau à l'entrée de la tente ». Soit. Il faut juste remonter 50 mètres en arrière sur une largeur de 5 mètres avec 3 personnes au m2... Je décide de ne pas perdre de temps, je viens de passer ici 10 bonnes minutes il est temps de se faire la malle.

Arrive la fameuse descente du bois d'arfeuille. Un single track raviné, des boulets de granit au fond, de la boue en dévers sur les deux côtés. Hum ca se complique. Mais le bibi il adoooorre ça. Et c'est avec Foo Fighters dans les oreilles que je joue le chauffard : par la droite, par la gauche, à l'aide des troncs, à la faveur du relief, d'une pierre pour m'appuyer, d'un replat pour rebondir, je descends à fond sur certaines portions. Plus un seul relais ne me passe. Je laisse dans l'exercice pas mal d'énergie, et je prends de bons flashs douloureux dans les genoux...Plus une goutte de flotte.

St Genoux... Une grange héberge le ravito. Des airs de lignes arrières d'un front dont certains auraient déserté les premières lignes. Les couvertures de survie rivalisent avec les odeurs pestilentielles... Le méthane c'est bon pour la planète ? Entassés les uns contre les autres, les abandons ont le visage sont marqué, les regards sont hagards... Le spectacle d'un grand garçon qui pleure c'est émouvant j'vous jure ! Trêve d'horreurs, la banque ravito est inaccessible, j'hésite... et me range sagement dans la queue de remplissage de la poche à eau. J'avais préparé deux doses de poudre Ergysport effort (celle avec les BCAA !, les Acides aminés à chaine branchées. Ouais quoi on n'est pas là pour beurrer les tartines !) 1 litre ou 1.5 litres. Je prends la 1.5 litres, on est à peine à la moitié, le chemin encore long !  Arrive mon tour après 5 min de queue, les 1.5 litres remplis en 6sec et je file dehors. ZUT !! T'aurai aussi pu remplir le bidon !!! Parfois je suis vraiment con à bouffer du foin. Je repars bien énervé contre ce ravito minimaliste, disons le quand-même, pour 10000 coureurs. Foo Fighters se fait plus rageur encore, Dave Grohl en colère ça tombe bien !

A partir de ce moment là, les endorphines prennent le relais de façon magistrale. Je double, double et double encore, et sur le plat, ce qui n'est pas dans mes habitudes. Je reprends 653 places au classement jusqu'à l'arrivée à Soucieu. C'est aussi dans cette portion que je percute de plein fouet une borne mythique que je ne connaissais pas : celle des 42.195 km ! YES me voilà Marathonien ! Bon en 6 heures, ok je me tais. J'entre de plain-pied dans le monde de l'ultra. J'envoie alors un SMS à ma liste de diff saintélyon. Les premiers à répondre sont les deux Suisses, qui se reconnaitront. L'un est double IronMan, l'autre multiple Marathonien, adepte des courses de Montagne, et en son temps a été premier des moins de 20 ans sur la Sainté Lyon ! Quant à Hubert, il est heureux que je n'explose pas son temps de 4h30 (si j'ai bien compris !). Tu verras Hub, tout vient à point... Et là, je me retrouve à nouveau en proie aux endorphines : voyons voir ce qui se passe derrière la borne : Pousse-toi de là j'arrive ! Je ne crains dégain ! Dans le mp3  Foo Fighters a laissé la place à... Non je préfère ne pas dire certains pourraient se moquer. Un indice ? Que chante Arthus lorsqu'il hurle « Mon Amour tu m'engueules ! » ???.

Arrivée à Soucieu en étant passé par Marjon. A partir de maintenant, c'est mon terrain de jeu. Aujourd'hui je me dis ne pas être certain que cela soit un avantage : pour des raisons plus physiques que métaphysiques, mon esprit anticipe beaucoup plus vite le chemin que mon corps meurtri n'y parvient. Il se crée ainsi un décalage entre le désir et la réalité, et cette tension me saccage le moral. On passe devant l'appart où on a habité près de deux ans, j'aurai pu laisser mes chaussures de route ici, juste là.  Là derrière le portail. L'air de rien, je commence à être dans le dur, et mon ipod qui déconne : je ne peux plus baisser le son, ni changer d'album à cause du froid et de l'humidité.

La descente sur la passerelle du Garon est chiante, il n'y a plus beaucoup de terre sur les côtés pour amortir ma délicate foulée. La passerelle et hop un coup de cul que je connais pour l'avoir fait en VTT. La traversée de Chaponost se fait sous le soleil levant. Je m'accroche à une charmante jeune femme portant sac Salomon, collants noirs et blouson céruléen (si tu me reconnais-sait-on jamais !). On se relaie dans la montée mais sur le plat elle me lance un truc du style « tu m'en veux pas j'ai un truc à faire », m'adresse un petit signe de la main avant de filer dare-dare vers le Levant prometteur. Elle devait en avoir assez que je lui colle aux fesses ! Un coureur est entré dans une boulangerie et en ressort avec une brioche aux pralines. Puis le parc de Chaponost, ça commence à être très dur. Les faux plats sont désormais courus-marchés.

Beaunant ravito sympa, il fait jour, on n'est pas nombreux, un bénévole épluche les mandarines c'est génial. Je baffre et refais le plein de la poche, avec ma dernière dose de poudre en 1 litre. Je prends aussi pates de fruits et les gels proposés. J'ai consommé peu avant mon dernier gel antioxydant. Je les avais rationné n'en ayant pris que trois (Non pas taper !!) Et voilà la bien célèbre montée de ste Foy qui se dresse en face, fière et n'ayant pas l'intention de s'incliner à mon passage. J'aperçois juste au pied une poubelle vers laquelle je me détourne pour me débarrasser des déchets. Là, derrière un camion, une bande  se tape la cloche avec un plateau d'huitres et du blanc ! Mon casque un peu fort dans les oreilles je suis sourd à leur invite et je presse le pas pour fuir ces sirènes dont ma langue se régalerait volontiers... cette montée est suivie d'un long faux-plat. Personne ne relance, seuls sont là ceux qui vont finir dans le dur. Arrivé en haut je pensais avoir repéré que nous passerions sur la rue du cdt Charcot. Là, je prévoyais d'appeler Celine pour qu'elle ou Damien vienne agrémenter mes foulées d'une bienfaisante compagnie. Mais on n'est pas passé rue Commandant Charcot et je n'ai rien reconnu dans Sainte-Foy... si ! la place de l'Eglise, mais c'était trop tard pour anticiper un rdv. Promis je ne me loupe pas l'année prochaine ! Je vois par contre Nicolas L, Papa de St Charles, qui attend qqu'un pour finir avec. On se voit il ne me reconnaît pas, puis si. Il parait que j'ai l'air en forme...

La suite ne présente pas grand intérêt, on court en balcon au dessus de Lyon, on emprunte un peu Choulans qu'on quitte aussitôt pour remonter aussi sec vers Fourvière... Grrr ça commence à suffire ! Des escaliers que je descends à reculons, des virages, re-escaliers et me voilà à St Georges au dernier ravito. Bon sang, un SMS du frangin qui me dit que j'ai remonté 1000 places dans la nuit ! La vache, ça vaut bien de relancer le zinzin dans les oreilles. Poussez-vous voici Black Eyed Peas avec The E.N.D (pour the Energy Never Dies), album au contenu éponyme. (ça se dit ça ?) Un gars ayant paumé son gobelet se fait engueuler par le bénévole qui lui demande son nom pour faire remonter à l'organisation de course... Mais il plaisantait ! Et le coureur rit de sa naïveté. Faut dire qu'on n'est plus très lucides à ce moment là...

Ici, le road-book précise « la descente finale sur Lyon (quelques descentes raides et escaliers qui font mal aux jambes), la remontée sur Fourvière (nouveauté 2009) et les derniers km quasiment plats, mais qui paraissent interminables aux finishers (il faut en garder absolument pour ce final, sinon c'est un cauchemar) » Mince, j'ai rien gardé comment je vais faire ? Ben, comme tout le monde. Donc on se met en mode Robocop, on essaie de débrancher le cerveau, d'oublier, et on avance en attendant que ça se passe. Je prends des coups d'élastique dans les genoux, j'ai l'impression de courir pieds-nus, je suis persuadé d'avoir perdu la couche amortissante des chaussures. C'est long, c'est long, mais d'un long ! Et Sabrina qui me met la pression... je l'ai appelé pour lui dire que je serai en avance mais ai été quand même optimiste (très !) sur mon finish. Enfin je passe sous le pont Pasteur, je trouve à nouveau des portions de terre sur les côtés pour assouplir la foulée... Puis là à gauche, le Palais des Sports, la dernière ligne droite. Sabrina est là au bord avec les enfants. Je m'arrête les embrasser, puis repart : « c'est que j'ai une coursette à terminer moi »...... « Papa ! PAAAPAAAA ! » c'est Jules qui m'a rattrapé et qui maintenant me traîne vers la ligne. Zut je voulais les deux pour ça, mais plus bien lucide... Ce sera donc pour l'année prochaine !!! Je boucle donc la promenade en 9h47'33'' 13  minutes de mieux que ma prev la plus optimiste ; debout, pas blessé et bien content !

Deux jours après, le bilan est le suivant :

            - une ampoule au petit orteil droit que je n'avais pas strappé

           - une au talon du même pied, plutôt sanglante mais pas douloureuse. Le strap n'a pas résisté

            - de multiples courbatures qui font de chaque escalier un Everest, mais c'est beaucoup mieux qu'hier. J'avais prévu 20min de footing de récup ce jour, je me suis offert le   luxe de procrastiner.

            - de très nombreux SMS, de nouvelles admiratrices ;-)

            - une folle envie d'y retourner !            

           - En guise de préparation mentale, j'ai lu pas mal de CR de cette course. J'ai aussi souvent pensé à toi, mon pote OM. En raison de ton courage sur un ultra bien différent, je te dédie cette victoire.

            Ma première saison se termine là, et d'ici la fin d'année, je vais me laisser aller à de méritées et bienfaisantes pandiculations !

            

9 commentaires

Commentaire de mysterjoe posté le 08-12-2009 à 22:36:00

felicitations pour ta course, et merci pour ton récit, bonne récupération

Commentaire de vial posté le 08-12-2009 à 23:01:00

bine mené ton récit
tout comme ta course
merci
micehl

Commentaire de Belet posté le 09-12-2009 à 00:39:00

Belle aventure, beau récit. Sans doute d'autres se lanceront sur cette course après t'avoir lu.

Bravo. Arnaud.

Commentaire de millénium posté le 09-12-2009 à 08:02:00

clair , net et précis....
CR comme ta course. BRAVO

Commentaire de l'ourson posté le 09-12-2009 à 13:55:00

Bienvenu chez les doux-dingues de l'Ultra ;-)

L'Ourson_merci_pour_ton_CR_passionnant_:-)

Commentaire de yves_cool_runner posté le 09-12-2009 à 21:44:00

Bravo FINISHER. C'est sur qu'on a envie d'y retourner dans cette galère. Allez, rdv en 2010 pour moins de 9h00 ?

Commentaire de knix05 posté le 10-12-2009 à 12:27:00

C'est bien de réaliser un "rêve" de gamin avec un chrono meilleur que tes prévisions.

Encore bravo !

Commentaire de sarajevo posté le 11-12-2009 à 18:28:00

belle course, beau récit ... bienvenue dans l'ultra ...
a+
pierre

Commentaire de DJ Gombert posté le 20-12-2009 à 01:23:00

Joli récit (avec une seule petite erreur : je crains degun ;-)), bienvenu dans le monde de l'ultra, et félicitations pour ton temps, tu m'as effectivement doublé !

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