Récit de la course : Saintélyon 2007, par arthurbaldur

L'auteur : arthurbaldur

La course : Saintélyon

Date : 2/12/2007

Lieu : St étienne (Loire)

Affichage : 4509 vues

Distance : 69km

Objectif : Faire un temps

2 commentaires

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La SaintéLyon

La version en image : La SaintéLyon 

J'aime cette course ... c'est beau et c'est dur, c'est un défit, une quête, laisser derrière soi la ville, affronter la nuit, seul avec soi-même et en communion avec des milliers d'autres coureurs avant de rejoindre au matin les autres, ceux qui ne connaissent pas, qui ne savent pas mais avec qui on aimerait pouvoir partager toutes ses sensations.

Une préparation réduite :

J'avoue avoir un peu bâcler cette préparation. Ca n'a pas été un problème d'assiduité, j'ai suivi le programme prévu au pied de la lettre. Disons que j'ai considéré cette course comme un footing nocturne tranquille, forcément facile pour l'avoir terminé pas trop mal en 2006 malgré un genou en vrac. On oublie vite. Je l'ai donc préparé avec un plan 10 km qui m'a permis de grappiller quelques secondes sur mon ancien temps au 10 km de Caluire et j'ai poursuivi après une semaine de repos avec les cinq dernières semaines d'un plan trail (1009).

J'ai quand même eu la sagesse de m'abstenir de participer aux 30 km de Jogg'iles qui m'avaient valu quelques déboires l'année dernière.

Le meilleur de ma préparation fut probablement cette sortie nocturne avec Taz dans les Monts d'Or qui a été un bon condensé de ce qui nous attendait sur la SaintéLyon.

Avant la course :

J'ai fait une petite sieste d'1h30, ce samedi après-midi. Ce soir je vais avaler 69 km pendant que les gens normaux dorment, je suis pressé d'y aller, d'en découdre, je sais qu'à un moment ce sera forcément dur et je suis pressé d'être dans l'action pour gérer cela.

Je reçois un coup de turlu de WildInTheWoods, il est déjà au rendez-vous ...... il est grand temps d'y aller.
Je le rejoins au départ des navettes. Il grogne un peu pour la forme ... bon il a pas tord je suis le second à arriver au rendez-vous et avec presque une heure de retard. Taz nous rejoint puis Nours qui est venu nous dire un p'tit bonjour. C'est très sympa de sa part. Il commence a y avoir un bon noyau de coureur d'Athlete Endurance sur Lyon. Scoubidou finit par nous rejoindre et c'est le départ en navette pour Saint-Etienne.

Sympa le trajet, ça papote comme des vraies filles mais en plus viril quand même. :lol:
Un photographe du site www.arcenciel.fr monopolise la rangée du fond pour réaliser un bel effet de lumière avec les frontales ...
Ils ont été patients les gusses ... ils ont passés une bonne partie du trajet à faire des signes dans le vide avec leur loupiotes ... Le résultat est sympa ...

On arrive à Saint-Etienne. Tiens nous ne sommes plus dans le même lieu. Pas de gradin pour s'installer confortablement. On arrive quand même à squatter un banc qui servira de QG au Team Athlete Endurance. On retrouve le reste de la troupe, Lamiricoré qui était à deux pas de nous, Orion39, les deux ficellois Xav et Greg. On aura le plaisir également de rencontrer l'homme à la guirlande ... Zeltron. On tue le temps comme on peut, en mangeant tout d'abord, histoire de respecter les 3 heures de digestion traditionnelles puis en se préparant tranquillement. Ca tchatche, ça déconne, c'est sympa.

A 23h00, je mets un p'tit coup de stress à mes collègues solo pour poser les sacs dans les navettes histoire de ne pas être à la bourre quand viendra le moment de se rendre dans le sas de départ. Il n'est pas question d'être en fin de peloton cette année.

A 30' minute du départ, il est grand temps de sortir. Nous sommes beaucoup mieux placé que l'année dernière. Je suis entouré de Taz,  Lamiricoré, Zeltron et les deux Mc ... Fly et Clown.
Pas de WildInTheWoods en vue ni de Scoubidou ni même d'Orion39 pourtant le ciel est étoilé ... je l'ai piqué à Taz celle-là ... :lol:

La course (Saint-Etienne / Saint-Christo en Jarez)

Ils ont bien fait monter la pression cette année, musique de U2, fumigènes déclenchés au moment du départ. Un chouia trop tard d'ailleurs, on n'en a pas vu grand chose ...

Et c'est parti pour une longue nuit sous le regard des curieux venus voir les bargeots d'un soir.
On prend un départ tranquille, nous sommes bien positionnés dans le peloton, les coureurs qui nous entourent ont sensiblement la même allure.

Nous attaquons par 8 km de bitume sur une large avenue bien éclairée. Idéal pour étirer un peu le peloton avant d'attaquer les premiers sentiers.

Nous ne sommes rapidement plus que trois.  Je ne distingue plus la guirlande électrique de Zeltron.
Pas de McFly ni de McClown non plus. Je suis des yeux Taz et Lamiricoré, j'ai tendance a être légèrement en retrait du groupe. Je trouve l'allure un peu rapide à mon goût, trop rapide pour être tenue toute une nuit et puis je remarque que notre allure n'est pas très régulière ... je laisse un peu de mou en essayant de toujours rester à la même vitesse.

Je repère Sorbier à son église éclairée sur les hauteurs, on a commencé à grimper et un gentil raidillon nous amène sur les lieux de l'ancien ravitaillement de Sorbier. On rentre enfin dans la course. La luminosité diminue, on quitte le bitume. Les frontales s'allument. C'est le début de ce qui fait le charme de cette course.

On double un peu, on marche, on court ... Taz m'appelle régulièrement et je réponds ... ben oui je suis bien élevé quoi. Il faut éviter les flaques, c'est plutôt gras comme terrain ... pas étonnant avec toute cette flotte cette semaine. J'ai tendance à me faire un peu lâché ... je suis souvent à la traîne pour doubler les coureurs ... de vraies anguilles mes compères ... je la joue vraiment à l'économie.
J'arrive quand même à accrocher mes deux lascars jusqu'au ravitaillement de St Christo en Jarez.

Saint Christo en Jarez (16km): 1:47:34 Rang Gen. 1698/2752 Rang Cat. 638/962

La course (Saint-Christo en Jarez / Sainte-Catherine)

Celui-ci est sur un stade que l'on contourne, passage au point de contrôle, quelques marches pour atteindre les tentes du ravitaillement et on file sans s'arrêter.

C’est fou, comme des souvenirs de 2006 que je croyais définitivement oubliés me reviennent en mémoire par flashs successifs comme cette rue en pente à la sortie de St Christo avec la file de voiture des relayeurs, cette portion de chemin, cet arbre où XIII avait fait ça pause pipi en 2006 … heu non je déconne.

Décidément je ne suis pas dans l’allure de mes acolytes, je ne suis pas fatigué, je n’ai pas de douleurs mais je n’ai pas envie de forcer. Je me laisse lâcher et puis je finis par m’arrêter … ben oui j’ai un peu forcé sur la tétine du camelbak et c’est le moment idéal pour communier avec dame nature … Je pense à éteindre la lumière histoire de ne pas trop me mettre en valeur … je ne veux pas faire de jaloux, faut savoir rester modeste. J’en profite pour regarder le serpent lumineux  … c’est beau et c’est pour cela que j’ai signé.

Faut pas m’en vouloir de m’être un peu éclipsé sans prévenir, il se passe des drôles de chose dans une tête au milieu de la nuit. Je crois qu’inconsciemment j’ai voulu être seul sur cette partie du parcours, peut-être parce que j’avais plus envie de vivre cette course comme un défi personnel que comme une virée nocturne entre potes (ce qui est bien aussi). Un truc entre moi et moi.

J’arrive à Moreau et à son petit ravitaillement convivial entre deux maisons. Je prends le temps de prendre un petit thé. C’est quand même meilleur que le gel à la cacahouète et ça réchauffe. Le gel salé c’est quand même un peu hard, faut s’accrocher niveau papilles, on a beau dire qu’il faut casser son aversion du sucré, il faudra que je trouve autre chose …

Une grande portion de bitume et on reprend avec plaisir le sentier qui nous amène au point culminant (850m, bon ok c’est pas le mont blanc …) puis au Chatelard pour une descente un peu raide sur St Catherine.

Sainte-Catherine (30km): 3:16:47 Rang Gen. 1532/2752 Rang Cat. 585/962

La course (Sainte-Catherine / Soucieux en Jarrest)

Objectif, faire le plein au plus vite de la poche à eau, je ne compte pas faire de vieux os ici. Je fais le tour du propriétaire … rien pour effectuer un remplissage no stress de ma réserve. Où est ce foutu robinet que l’on avait utilisé avec XIII l’année dernière ? Le voilà … pas d’eau. Un coureur me tend une bouteille … c’est Taz. Ils se sont perdus avec Lamiricoré. Encore des histoires de pause pipi …
Je fais le plein no stress … c’est quoi un plein no stress ? C’est un plein où tu ne détrempes pas tout le contenu de ton sac, où celui-ci ne tombe pas dans le terrain boueux, et où il n’y a pas une meute de fous furieux à vouloir t’arracher ta bouteille des mains.

Taz n’as pas mis longtemps à m’abandonner à nouveau … je ne le reverrai plus jusqu’à l’arrivée le bougre.

Que dire du trajet entre St Catherine et St genoux ? Il a été incomparablement plus agréable qu’en 2006 où je souffrais énormément du genou et où XIII était régulièrement obligé de m’attendre. Il faut peut-être plutôt dire incomparablement moins désagréable car les jambes font quand même un peu la gueule et la descente dans le bois d’Arfeuille n’est pas le terrain idéal pour soulager les cuissots. Cette descente n'en finit pas, j'essaye d'assurer mes appuis, soulager mes cuisses, elles sont dures, éviter les erreurs ... ce trou, cette pierre, les feuilles ... je glisse, chaque erreur me fait mal. En face, là-haut, les lumières du ravitaillement de St Genoux se détachent très nettement sur le noir de la colline. On devine le tracé lumineux des frontales qui mène vers cette prochaine étape.

Le ravitaillement est devant une remise où sont stockées des bottes de foin, c'est pas le genre d'endroit où il faut s'arrêter. Vous imaginez le fantasme ... le petit roupillon peinard ... je tire rapidement ma révérence. Je discute un moment avec un coureur qui semble croire encore au bronze. Faut dire qu'il a l'air d'être plus en forme et il va finir par me souhaiter bonne chance en accélérant la cadence.

Et c’est reparti, course, marche, course, marche, pause pipi … et ainsi de suite jusqu’à Soucieux en Jarrest. Certains se demanderont peut-être si je ne souffre pas par hasard d’un problème de prostate m’obligeant à des arrêts par trop fréquents. Non, non, simple moyen de justifier des arrêts, qui m’ont semblé grandement souhaitables sur le moment mais ont fini par me coûter un peu cher côté timing. On a une faculté incroyable à trouver de bonnes raisons pour glander quand on a les jambes en feu.
C’est fou également ce qu’on peut doubler les mêmes personnes en pratiquant ainsi …

Soucieu en Jarrest (46km): 5:38:11 Rang Gen. 1581/2752 Rang Cat. 606/962

La course (Soucieux en Jarrest / Lyon)

Soucieu en Jarrest, je fais à nouveau le plein de ma réserve d’eau. Je n’ai pas envie d’être à sec sur la fin du parcours comme l’année dernière. J’ai l’estomac un peu en vrac, les gels ne passent plus depuis un bon moment mais j’ai eu la bonne idée de prendre des barres de pâte d’amande avec moi et je me force à m’alimenter.

J’arrive à Chaponost, j’entame le passage dans un parc et c’est subitement le déclenchement de la fanfare coté portable … je l’ai mis au plus fort … et dans la quiétude tranquille du matin j’ai la subite impression de promener un gros woofer dans mon sac. Du coup, j’accélère un peu, histoire de ne pas déranger … ben oui c’est mon portable qui sonne, ben oui je suis tellement naze que j’ai la méga flemme de répondre pour avouer à Biscotte que je suis loin d’être arrivé à Beaunant … J’avais bien bricolé un truc pour l’avoir à porté de main mais c’était pas vraiment au point.

Petit raidillon pour sortir du parc par les hauteurs et je poursuis tant bien que mal mon chemin jusqu’au ravitaillement de Beaunant. La voilà ma fameuse côte de St Foy, c’est le retour à la civilisation pour moi, je suis dans mes meubles, tout ragaillardi. D’ailleurs j’ai même le courage de décrocher cette fois … faut quand même pas déconner. Je fais le point avec Biscotte. Il fait un p’tit bout de chemin avec Taz puis il vient me chercher à Bellecour.
C’est chouette de sa part, ça vaut tout les gels coup de fouet pour vous booster un coureur en fin de course. Je m’étonne d’ailleurs, je dévale les escaliers de Choulans comme un cabris. Bon ça n’a pas duré parce que j’ai l’idée saugrenue de visualiser mentalement le parcours qu’il me reste à effectuer … et c’est le truc qui a tendance à calmer les ardeurs.

Je passe au ravitaillement de Bellecour, un petit regard au photographe kikoureur courageux qui guette ses condisciples. De Biscotte point … ma foi il faut continuer.
On traverse le Rhône et c’est la remontée des quais. Ca y est, il est là. P… ça fait plaisir de le voir. Pas fâché qu’il fasse un bout de chemin avec moi, j’en profite, je me laisse traîner, encore 4 bornes, c’est long, je ne pense qu’à m’arrêter pour marcher, une vraie obsession. Ca n’a pas trop l’air de se voir, il me dit qu’il me trouve pas trop mal … pffft tu parles … j’ai une grande gueule, je lui dit que je vais sprinter à l’arrivée.

On dépasse enfin la citée internationale, on arrive au campus de la Doua, j’aperçois l’arche de l’arrivée de l’autre côté du terrain des sports,  il y a un couloir délimité par de la rubalise qui amène jusqu’à l’arrivée, j’accélère … c’est dingue comme on trouve facilement des ressources quand la fin est proche … p… oui je sprinte, un vrai plaisir … 15 km/h au polar :lol:
Le commentateur nous traite gentiment de gamins qui ne peuvent pas s’empêcher de sprinter après 69 km … ben oui c’est ludique. :-P

L'après :

C'est bon d'arriver, je savoure ... Lamiricoré est là également, on l'a croisé un peu plus tôt juste  avant l'arrivée. Je rejoins tant bien que mal le gymnase à la recherche des sacs et de Taz ... content que Biscotte soit là ... une vraie mère poule aux petits soins.
C'est le moment d'échanger ses sensations et de savoir un peu comment ça s'est passé pour les autres.
Xavier, une connaissance de Biscotte rencontré au semi marathon de Lyon est venu supporté un de ses potes. Content de l'avoir revu. Félicitations pour ton marathon du Luberon.
Après que Biscotte et Xavier soient partis, nous nous retrouvons avec Taz, WildInTheWoods et Zeltron autour d'un plat de pâtes histoire de recharger un peu les batteries.

Marie-Hélène, Audrey et Elodie m'ont rejoint. Je suis content qu'elles soient là.

Il est temps de rentrer, la fatigue commence à se faire sentir.

Petit bilan pour finir :

Côté physique, des douleurs musculaires classiques, les jambes sont dures, j'ai une barre en haut du dos et quelques douleurs inflammatoires au niveau du fessier. Ca tombe bien, c'est repos pendant deux semaines ...

Côté mental, c'est le beau fixe, l'envie est là, l'envie de recommencer ce délire nocturne dans les monts du Lyonnais ... je finirai par l'avoir cette médaille en bronze !

En attendant, il y aura d'autres challenges ... une belle année 2008 en perspective et beaucoup de rencontres avec vous, mes amis.

2 commentaires

Commentaire de p'tetortue posté le 23-10-2008 à 21:20:00

un récit bien délié,très agréable à lire du début jusqu'à l'arrivée à la doua.j'ai adoré!
BRAVO pour ta performance narrative ET sportive.
que de beaux souvenirs!!
vivement le 6/12

Commentaire de arthurbaldur posté le 28-10-2008 à 11:11:00

Je ne reçois pas de mail lors d'ajout d'un nouveau commentaire ... Pourtant j'ai bien activé le paramètre dans ma fiche ... :?

De très beaux souvenirs effectivement. J'y retourne avec grand plaisir.

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