Récit de la course : SaintéLyon 2004, par amibugs

L'auteur : amibugs

La course : SaintéLyon

Date : 5/12/2004

Lieu : St étienne (Loire)

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Distance : 68km

Objectif : Pas d'objectif

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SaintéLyon 2004

22h00 le samedi 04 décembre, le parc des expos de Saint-Etienne est déjà bien rempli. Je fais un premier tour de cette immense salle à la recherche d’un signe distinctif UFO en faisant attention de ne piétiner personne ; rien en vue. Après une deuxième reconnaissance, toujours aucun UFO de repéré. Je décide donc de m’installer à proximité du tableau de la liste des participants en espérant apercevoir un maillot blanc UFO, un écusson ou un autocollant UFO, mais rien ! Tant pis ! Je décide de me changer.
Il reste 1h30 avant le départ ; tout le temps nécessaire pour me préparer. A peine déshabiller, le speaker interview l’équipe UFO faisant l’aller et retour et ayant déjà 68 km dans les pattes. Mais où sont-ils ? Avec l’agglutinement de coureurs, je ne parviens pas à les voir ; et comme je suis à moitié à poil, je ne vais pas partir à leur recherche. Ce n’est pas mon jour de rencontres !

23h45. Direction la ligne de départ. A mon habitude, je me glisse sur un côté, à l’abri de la cohue ; alors que j’ai abandonné toute idée de voir un UFO, voilà que sous mon nez apparaît un autocollant ULTRAFONDUS collé à un sac qui a apparemment déjà bien vécu ! J’entame la discussion ; ce sac appartient à Yoyo qui l’a prêté à un ami pour son premier ultra. La discussion s’abrège, le départ approche. Je me rends compte que je suis beaucoup trop près de la ligne et j’estime à 300 le nombre de coureurs devant moi ; cela signifie que plusieurs milliers sont derrière ! Attention au rouleau compresseur !

00h00 le dimanche 05 décembre. Il reste 68 km ! Départ prudent, recherche des premières sensations, check-up complet : physique ok, moral ok , matériel ok. Equipement habituel composé de ma Gore-Tex Millet, le maillot UFO, collant, double paire de chaussettes, bandeau polaire, Petzl 4 leds, sac Décathlon, NB 780M. Le temps est frais mais sans vent et cela a pour conséquence l’arrêt d’un nombre incalculable de coureurs trop habillés ; qu’et ce que je suis bien dans ma Gore-Tex ! Ce que je craignais se produit : mais pourquoi partent-ils si vite ? Ca passe de tous les côtés à un rythme pour la plupart intenable sur une telle distance. Mais bon, lorsqu’on s’engage sur ce type d’épreuve, on est censé avoir un peu d’expérience… et je me dis intérieurement « à tout à l’heure ! »
Sortie de ville, zone commerciale, zone industrielle rien de bien ragoûtant pour ces premiers kilomètres. Je ne prends aucun plaisir jusqu’au 6ème km. Une belle côte conduisant au premier ravitaillement des Sorbiers me réveille et commence à marquer certains coureurs. Je fais cette première grimpette sans marcher, repasse une bonne centaine de coureurs et arrive pépère au ravitaillement. 1 verre de citron et 1 de menthe à l’eau du pain d’épices et une patte de fruits pour le fun et c’est reparti. L’excitation causée par cette première montée retombe rapidement et je me rends compte que je n’ai toujours aucun plaisir à courir. J’attends avec impatience les premières portions non goudronnées et elles ne tardent pas. Je mets en œuvre ce que j’ai expérimenté les semaines précédentes lors de mes sorties longues de nuit : en plus de ma frontale Petzl collée à mon front, j’utilise une deuxième lampe frontale à la main. Cela à l’avantage d’être léger, de remplacer la Petzl en cas de panne et d’utiliser l’élastique comme dragonne.
13ème km. Toujours pas de plaisir, de sensations. Quelques écœurements viennent s’ajouter à mes doutes. Qu’est ce que je fous là ? L’idée saugrenue d’abandonner au prochain ravitaillement me traverse l’esprit. Les endorphines n’ont pas encore fait leur effet. Puis un long monologue intérieur commence ; j’arrive à me convaincre (sans grande difficulté) de continuer.

01h54mn22s. (Je viens de m’apercevoir que lors de l’édition 2003, j’étais arrivé en 01h54mn28s ! j’ai de l’avance !) Saint Christophe en Jarez, premier relais et gros ravitaillement. 16 km de parcourus et je suis enfin dans ma course. Aucun doute possible, je vais aller au bout. Un verre de thé chaud, 1 de menthe à l’eau et du salé : des Tucs. Je teste pour la première fois et je me sens tout de suite mieux. Le moral est au beau fixe.
Le terrain est roulant ; un peu de boue pour salir les chaussures et dépasser les bitumeux coincer sur les bords des chemins, de belles descentes glissantes tout juste ce qu’il faut pour doubler de nombreux coureurs précautionneux. Je suis pourtant un descendeur très moyen en raison de nombreuses chutes mais là, j’en arrive à m’étonner avec quelle facilité je passe ces difficultés. Je lève bien mes pieds, trouve bien mes appuis, conserve toujours l’équilibre, évite de me retenir et ça passe tout seul. Rien à voir avec les conditions de l’année passée ; j’arrive au ravitaillement suivant les pieds secs ! 22 km de faits et tous les voyants sont au vert. Re menthe à l’eau, re Tucs et ça roule. J’avale avec facilité toutes les portions non bitumées montantes ou descendantes mais prends aussi plaisir à retrouver nos bonnes routes goudronnées. Finalement, tout est bon et le prochain relais et ravitaillement est déjà en vue.

03h31. Sainte Catherine. 30 km derrière et 38 devant ! Je vais bien. Ravitaillement composé de Tucs, banane, un verre de Pepsi, de l’eau. Je pense déjà à l’arrivée et suis inquiet pour les 3 derniers km. Pourquoi ? Mystère car je ne connais pas le final et ces fameux 3 km supplémentaires. Je reprends mon bonhomme de chemin et constate que beaucoup de coureurs ont les traits marqués et d’autres boitent. Une bonne et longue montée pour se remettre en jambe ; je la gravis en marchant d’un bon pas et l’horloge se remet en route ; mes pas se succèdent, rythme régulier, aucune fatigue en vue, aucune pensée négative. Toute idée noire est immédiatement chassée par une positivité exacerbée. J’arrive à maîtriser ces élans de bien-être par un contrôle de ma course ; je ne veux pas rentrer dans le mur comme l’année passée ; je m’oblige à ralentir, à marcher dans les côtes. Mes seuls excès sont les descentes glissantes et les chemins boueux où je me lâche complètement et les passe rapidement mais prudemment. Un chemin couvert de flaques boueuses au milieu de champs, la file de coureurs bouchonne, ça n’avance pas ; je prends la tangente et cours dans le champ et double ainsi un nombre important de participants. L’herbe haute a mouillé mes pieds mais ça ne m’inquiète pas particulièrement ; ça finira par sécher. Je suis bien et c’est l’essentiel.
Je peste quelquefois intérieurement contre certains qui n’ont pas de lampes ! Ni frontale, ni à main. Avec mes deux lampes, je me retrouve quelquefois en tête de file sur les portions les plus délicates. Ce rôle ne me gène pas mais ce qui me dérange est le fait de compter sur les autres pour assurer sa course et cela en connaissance de cause ; ces coureurs sont partis de nuit volontairement sans éclairage.
La montée précédant le ravitaillement de Saint Genoux en laisse plus d’un sur le tapis. Là encore je passe, je monte en marchant d’un bon pas et arrive sous cette tente étroite remplie de coureurs. Hydratation, toujours Tucs et une barre Gerblé pâte d’amande perso. La prochaine étape sera longue, descendante mais longue. Aucune inquiétude, aucune fatigue et déjà 37 km de parcourus. La météo est clémente et une légère bruine tombe justifiant l’humidité ambiante. C’est à ce moment que je partage un bout de chemin avec la tortue et la Libellule des Zoos. J’entame la longue descente vers Soucieux avec un léger coup de moins bien que j’arrive à contrecarrer grâce à un moral toujours aussi bon. Petites foulées peinardes, volontairement ralenties jusqu’au relais suivant. Je me rappelle trop du coup de barre qui m’a cloué l’année passée après Soucieux. Je garde donc mon contrôle, je gère. La descente se passe bien ; à mon goût trop de bitume mais pas de soucis pour trouver ses appuis. J’en profite pour éteindre mes deux lampes et profiter de la nuit ; j’ai toujours été surpris avec quelle facilité on pouvait s’habituer à l’obscurité. Soucieux est en vue et je suis content d’en finir avec cette portion de course.
05h46 et 46 km de parcourus. Moins de monde à ce ravitaillement. Heureusement car la salle est petite. Sucré, salé, pepsi et j’ingurgite un gel BIO pour devancer un éventuel coup de barre. J’arrose tout cela de 2 verres d’eau et reprends ma route. 11 km me sépare du prochain ravitaillement à Beaunant. Comme après chaque arrêt, le froid m’enveloppe les reins et il me faut bien 15 minutes avant de retrouver une température corporelle agréable. Les 3 derniers km me trottent toujours dans la tête… pensées prémonitoires ? J’ai hâte de passer la portion de parc et son fameux goulot gadouilleux montant ! Et là, ça ne manque pas. La fatigue aidant, un coureur me précédant ronchonne sur ce passage, l’obligeant à mouiller et salir ses chaussures propres. Je lui dis simplement qu’il n’a pas le choix et que c’est comme cela pendant une cinquantaine de mètres, alors, il faut y aller ! Je me régale mais garde mon énergie pour les 13 km restants.
Comme à chaque ravitaillement, je prends mon temps à Beaunant. D’autant plus que la côte de Sainte Foy est en vue. Rien de bien méchant en soi, mais après 57 km elle paraît un peu plus longue et un peu plus raide ! Le décompte des km un à un est déjà commencé ; que c’est long un km quand on attend impatiemment le panneau indiquant un km de moins ! Je commence à re-trottiner à partir de l’hôpital après avoir avalé sans plaisir une barre Ovomaltine. Au passage d’une boulangerie, une bonne odeur de pain frais me réveille les papilles et me rapproche un peu plus de la civilisation encore endormie. J’attaque la descente vers Lyon ville avec un bon coup de fatigue mais m’accroche et laisse mes foulées se succéder sans retenue, sans contrôle ; je jette mes dernières forces dans ce finish. 9 km, 8 km, 7 km, puis soudain, une force venue de nulle part me pousse à un rythme inconnu pour moi ! Je vais beaucoup trop vite à 7 km de l’arrivée mais je ne contrôle plus la machine ; je fonce. Je survole les quelques marches d’escaliers que certains descendent agrippés, accrochés à la rampe. 4 km puis l’interminable final le long des berges ; je cherche le panneau 3 km, ces 3 km tant attendus, tant redoutés. Je passe du tout au tout, d’un état d’euphorie incontrôlable à un état de lassitude incommensurable. J’en peux plus, je n’avance plus. Je fais appel à Coué, je dois continuer à courir, je dois continuer à courir…Je passe les 3 km. J’avance par objectif ; j’ai le pont métallique en ligne de mire et il faut que je le bouffe. Je le passe. 5 mètres à gravir avant le panneau 2 km. Non, c’est trop. Je marche ! A 2 km de l’arrivée, je marche ! Je donne l’ordre à mes jambes de courir… refus d’obéissance. Je me parle intérieurement : ok, je te laisse 1 km et au dernier on repart. Je marche presque aussi vite que je cours, environ 6 km/h. Le dernier pont est passé, quelques zigzags entre bâtiments et buissons ; panneau 1 km, je repars… pour 50 mètres avant de caler ; re-marche, le palais des sports est en vue. Je relance dans un dernier sursaut et à ma surprise, la machine repart, les foulées reviennent, le rythme est retrouvé, il reste 500 mètres.
Je franchis la ligne en 08h49mn sans crampes, sans courbatures, sans fatigue excessive. Pas d’émotion particulière ; je suis content d’arriver, j’ai faim ! Appel de la famille pour la rassurer, récupération du sac, ravitaillement, pâtes au gruyère, diplôme, métro, TGV et à 13h30 je suis à Dijon.

Je retiendrais de cette SaintéLyon :
- Un nombre de participants excessifs… mais les plus gênés s’en vont donc ma participation l’année prochaine n’est pas du tout à l’ordre du jour…
- Une amélioration au niveau des déchets hors ravitaillement. Il y a encore beaucoup d’irrespectueux mais les esprits changeraient-ils ?
- Ma préparation physique correcte. Ma préparation morale encore à améliorer.
- La non rencontre d’autres UFO. J’ai pourtant cherché à Saint-Etienne !
- La disponibilité des bénévoles et organisateurs.
- La robustesse de mes chaussures NB 780 de trail. Je les compare souvent à un Land-Rover, costaud, increvable, passe-partout…
- La nécessité de toujours prendre son temps aux ravitaillements et de s’obliger à s’alimenter et à se réhydrater.

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