Récit de la course : Grand Raid des Pyrénées - Ultra 160 km 2024, par lolodu06

L'auteur : lolodu06

La course : Grand Raid des Pyrénées - Ultra 160 km

Date : 23/8/2024

Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)

Affichage : 445 vues

Distance : 156km

Objectif : Terminer

2 commentaires

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grp 2024.... de 165 à 156km

7 ans plus tard…

… Après un dernier ultra en 2017 (Utcam 145) qui a vite tourné au cauchemar suite a une erreur d’alimentation de débutant au 30èkm, j’avais définitivement tiré un trait sur ce genre de format qui pourtant m’a toujours attiré tant il représente l’essence même du Trail
Avec un max de 75 km en 2022 (utcam 75), un championnat de France en 2018 ( Skyrace Montgenèvre 67 km) et deux 50Km, je me laisse tenter en mars par la 1ère édition du Trail des Baous de St Jeannet (105 km et 5000m de déniv dans les Préalpes d ‘Azur) histoire de voir si je suis toujours capable de boucler ce genre d’aventure. 19h plus tard et un bilan globalement très positif, je regarde du coté des Pyrénées, sachant que l’ultra en partant le matin tôt devrait me permettre de ne passer qu’une nuit dehors. Il ne reste que 35 places et uniquement sur l’ultra…. 3 minutes plus tard, l’inscription est validée

Je choisis un gîte situé à Aragnouède ( 10 km de Vielle Aure) car j’aime bien être un peu à l’écart de l’agitation et décide d’arriver le mercredi ayant eu connaissance que la remise des dossards se ferait entre 9h et 13h. Je descend le jeudi vers 10h, aucune attente et je remonte vers midi ce qui me permettra d’avoir un très bon temps de repos avant la course (gite très calme sans internet)

Coté préparation, j’ai plus travaillé la condition générale que le spécifique trail: Natation, vélo, renforcement musculaire en salle (avec séance sur tapis incliné et escaliers) et 2 sorties Trail par semaine en moyenne avec max 25km mais sur des sentiers très techniques pas loin de Nice, histoire de casser un peu de fibres
En mars, ma femme me fait découvrir le collagène qu’elle prend pour soulager ses genoux et je décide de faire une cure, ayant terminé mes 2 derniers trails longs avec les genoux qui commençaient à couiner

La course
J’ai beaucoup lu de compte rendu et retours d’expérience ce qui m’a bien aider à appréhender le parcours et ses difficultés. C’est pour cette raison que j’ai décidé moi aussi de faire part du déroulement de cette course

                                           Vielle Aure (Ve 5H) -Restaurant Merlans ( Ve 8h04, 16km, 574e)
612 coureurs sur la ligne. Je filme le départ et me retrouve vite dernier, ayant décidé de ne pas courir du tout avent la dernière descente pour préserver les quadriceps et les articulations. Je sais aussi que les pistes sont larges et malgré 3 petits bouchons dus à des rétrécissements qui me font perdre une dizaine de minutes, j’arrive tranquille au 1er ravito, 25 minutes avant la barrière horaire. J’ai bien pris soin de boire mes 2 l d’eau et manger par petite quantité en alternant salé et sucré
Restaurant Merlans- La Mongie ( Ve 11h45, 31km,456è)
Jusqu’au pied du col de Bastanet, le parcours est valloné, nous croisons quelques lacs et le sentier, d’abord très roulant, commence à se transformer progressivement en pierrier. 
Après le passage du col qui se passe assez facilement, nous basculons dans le Nouvielle avec ses successions de lacs que nous découvrons par paliers jusqu’au refuge du Campana du Cloutou (Parcours globalement en descente mais très rocaileux)
Il fait chaud mais le vent, en atténuant, cette sensation causera la perte de beaucoup de coureurs victimes de déshydratation
Le col du Serpolet, même s’il n’est pas très long, présente des pourcentages importants et je sens autour de moi que certains sont dans le dur. La descente est raide mais le chemin bien tracé permet d’arriver assez rapidement à La Mongie

                                                      La Mongie- Sencours ( Ve 15H11, 45km, 297è)
La boucle rajoutée au dessus de La Mongie n’apporte rien à la course. La suppression de la montée au Pic du Midi n’avait selon moi pas besoin d’une compensation car un parcours de 155 km et quelques 9200 m de déniv aurait été déjà suffisant et n’aurait rien enlevé à la beauté des paysages .
S’il y avait vraiment obligation de rajouter, je pense qu’il aurait été plus judicieux de nous faire passer, après Pierrefitte par le pic de Cabaleros au lieu de nous faire prendre la piste cyclable pour rallier Cauteret, mais je ne me permettrai jamais de remettre en question le choix des organisateurs n’étant pas organisateur moi même
Après le 2ème passage à La Mongie, nous descendons dans un vallon (chemin assez roulant, pas trop de pierres) et remontons en pente régulière vers le col de Sencours, avec de plus en plus de coureurs assis sur les cotés. C’est très impressionnant car nous sommes encaissés, avec de hautes montagnes de part et d’autre et le pic du Midi en face de nous

                                             Col de Sencours- Hautacam ( Ve 19h15, 64km, 240è)
Je charge 2,5l d’eau car je sais que cette partie est longue et la chaleur toujours présente. Avec le recul, je pense que j’aurai du prendre une soupe ou de la purée pour anticiper sur des problèmes d’alimentation qui généralement arrivent vers le 60è km
Après une descente sur une large piste, nous passons 2 petits cols avent d’arriver aux abords du lac vert où certains coureurs ont fait le choix de bifurquer pour aller se rafraichir. Perso, je suis parti avec un gant dans la poche car j’avais lu que nous croiserons sur le parcours un bon nombre de ruisseaux. Cela me permet de refroidir efficacement et progressivement le corps sans marquer d’arrêt.
Nous contournons le lac bleu et enchainons sur la montée courte mais sèche du col de Bareilles au 55è km qui ressemble fortement au Serpolet. La descente qui suit dans les pierres est très difficile. Un point d’eau est aménagé dans le vallon et permet à certains de refaire le plein avant la dernière montée (Hourquette d’Ouscouacou) qui permet de rejoindre Hautacam. Le soleil rasant du soir amplifie l’effet de chaleur.Je sens que le mal de ventre apparait, j’essaie de boire et de manger mais ça passe difficilement et j’arrive fatigué au ravito

                                        Hautacam- Pierrefitte (Ve 21H41 / 22H17, 76km, 230è) 
Je m’assoie et je m’aperçois que je suis pris de petits tremblements. J’hésite entre début de déshydratation ou hypo et du coup je prends une soupe mais je n’arrive pas à manger les vermicelles. 
Pas grave, ça descend jusqu’au prochain ravito… Mais en fait non, on doit d’abord remonter une pente abrupte (250 m de déniv) et le début de la descente, sur des pentes herbeuses et glissantes ne permet pas de récupérer 
La suite dans la forêt est plus roulante. J’arrive à régler mon problème de ventre (sujet à des ballonnements, je dois m’efforcer de roter pour faire sortir l’excédent d’air mais ce n’est pas toujours très facile). J’espérais arriver au ravito de Pierrefitte avant la nuit mais je dois me résoudre à sortir la frontale juste avant le petit coup de cul de la conduite forcée….

                                              Pierrefitte- Cauteret (Sa 1h41, 91km, 196è)
Sac de délestage, je récupère ma boisson énergétique (il n’y en a pas sur les ravîtos), place des patch préventifs d’anti inflammatoire (Voltarène) au niveau des genoux, prends un bol de soupe au fromage, mange de la pastèque et boit beaucoup (sans doute trop) et au moment de repartir….
… Une annonce est faîte. Nous sommes informés qu’une vigilances orange est prévue pour demain à partir de midi et que la course sera dans l’état neutralisée à Luz en début de matinée, avec rapatriement par bus.
Le moral en prend un coup et j’ai vraiment du mal à retrouver de la motivation sur cette piste cyclable monotone où je réalise même l’exploit de me tromper de chemin en suivant à mi parcours une flèche réfléchissante menant à un gite
En arrivant à Pierrefitte, on monte une côte courte mais pentue et après une traversée arrivons à la cave de Gambasque avant de redescendre par la route au ravito

                                                  Cauteret- Aulian (Sa 5h21, 100km, 202è)
J’ai mal au ventre, pas très faim et décide de m’allonger sur un lit disponible pendant un quart d’heure. Il fait relativement chaud et j’ai hâte de gagner en altitude pour retrouver un peu de fraîcheur
L’approche du col de Lisey consiste en une succession de lacets qui mène au plateau et monte en pente légère. C’est long et on a l’impression de ne pas progresser. Certain coureurs dorment au détour d’un lacet et je décide à un moment (lassitude extrême) de faire pareil au prochain sauf que nous arrivons enfin au plateau
Nous apercevons les frontales et même le col en haut à droite. Ça ne me semble pas trop dur mais en fait, une fois que nous serons dans la pente, ma perception changera totalement. De bon coups de cul, de petits lacets très pentus et 10 derniers mètres en mode escalade 
Le ravito d’Aulian (et ses crèpes) se mérite avec une descente très raide en pierrier pour y arriver et une plongée pars la suite sur une pente herbeuse aux pourcentages démentiels pour rejoindre un bout de route aux abords de Luz Ardiden 

                                          Aulian- Luz St Sauveur ( Sa 8h45/9h24, 113 km, 186é)
Ravito très sympa avec ses crêpes, un coin repos mis a l’écart où je passerai 20 minutes et une ambiance assez festive avec peu de monde 
La bonne nouvelle viendra des organisateurs qui nous annoncent que l’orage ne devrait toucher que le refuge de la Glère et qu’un parcours alternatif devrait quand même nous permettre de boucler le parcours jusqu’a Vielle Aure. Du coup, je leur pardonne cette descente roulante jusqu’à Luz qu’ils ont eu plaisir à nous vendre
Quoique au final, j’aurai beaucoup roulé (sur les fesses) dans la 1ere partie de la descente menant à la route. Après, on reprend un semblant de chemin en balcon entre hautes herbes d’un coté et terrain instable de l’autre coté qui m’enverra souvent à terre.
La reprise du sentier puis d’un chemin nous laisse un court répit mais je sais que ça ne durera pas comme cela jusque’à Luz. Le chemin valloné en balcon arrive au détour d’un lacet et même si je m’y attendais, c’est long mais plutôt agréable, en sous bois la plupart du temps, et quand enfin tu rejoins la route et tu te vois déjà au ravito, tu traverses un pont et repars pour la même chose (en beaucoup plus court quand même) de l’autre coté.
Les organisateurs aiment bien jouer avec nos nerfs et j’arrive à la base vie en pleine forme mais avec un peu d’apréhension par rapport à ce qui va nous être annoncé quant à la suite de l’aventure

                           Luz St Sauveur-Tournaboup (Sa 12h22/12h54, 125km, 149è)
Nous sommes vite rassurés. La course continue mais en évitant le refuge de la Glère ce qui ne me dérange pas vraiment en fait
Je récupère la sac d’allègement, mange un plat de pâtes, du riz au lait et une dessert lacté chocolat…Tout passe et j’en profite car entre les ravîtos cela devient difficile de s’alimenter
Je suis en train de me masser, il doit être 9h15 quand l’organisation nous annonce que la barrière horaire à l’entrée de Tournaboup est avancée à 12h30 (13h00 la sortie en fait mais ça on l’ignore)
Petit calcul dans la tête: 12km et 800 m de déniv en 3h, ça va être chaud….
On remballe à 4 ème vitesse et on part rapidement
La course contre le chrono peut commencer. Nous nous retrouvons très vite à 3 et avalons à bon train les 750m de dénivelé jusque’à Soubralet… Puis un long passage en balcon où nous dépassons bon nombre de coureurs à l’arrêt. C’est la première fois que je cours vraiment mais pas le choix. Un bout de descente, une remontée, on atterrit sur une piste vallonée avant de rejoindre l’intersection avec le chemin qui vient du refuge de la Glère. Il reste 2,5km de descente. Ce sera sans retenue et j’arrive au ravito à 12h25
Mission accomplie. Je sais que j’y ai laissé des plumes mais que maintenant, j’irai sans problème jusqu’à l’arrivée.

                                Tournaboup- Refuge d’Aygues-Cluses (Sa 15h03, 132km, 150è)
Je laisse les bus de rapatriement derrière moi, on me demande si je continue… Aucune hésitation bien sûr: Qui arrive a Tournaboup va au bout même s’il est à bout.
Je prends la 1/2 heure au ravito pour retrouver mes esprits et m’alimenter un peu (aliments liquides) et je suis le dernier à quitter le poste, gentiment poussé vers la sortie par un bénévole qui me rappelle que j ‘ai 3h pour arriver au poste suivant, plus qu’il n’en faut
La montée suit le cours d’eau ce qui permet de se rafraichir souvent. C’est dans l’ensemble vallonnée, rocailleux dans sa 2ème partie, avec des petites montées un peu plus prononcées pour arriver au refuge situé sur un large plateau

                         Refuge d’algues Cluses- Restaurant Merlans (Sa 18h36, 142km, 149è)
Je m’accorde 20 minutes de repos allongé dans l’herbe. A ce moment de la course, nous rejoignons les coureurs du 80 (ramené à 60) et du 120. Nous partons vers la Hourquette Nère, ascension qui peut faire peur mais qui passe tout seul et basculons dans une zone où nous étions hier (pas loin en tout cas). C’est très joli mais un peu long pour atteindre le restaurant, du coup je discute avec les coureurs des 2 autres formats et échangeons sur nos aventures respectives. 
Je m’aperçois que je ne croise aucun autre dossard rouge et effectivement, à Merlans, on m’annonce que je suis le dernier survivant sur le parcours de l’ultra

                             Restaurant Merlans- Arrivée Vielle Aure (Sa 21h03, 156km, 149è)
Je compte bien défendre cette place et passer la ligne d’arrivée en dernière position…
Le temps commence à se couvrir, on entend le tonnerre gronder et une nappe de brouillard envahit le col du Portet. On nous demande d’enfiler notre veste et de repartir assez rapidement. 
L’orage éclate au sommet, bref mais très violent. On n’y voit pas à 3 mètres, il grêle de plus en plus fort, les moutons fuient sur la piste noires et nous leur emboitons le pas en évitant de mettre le pied dans les rigoles qui se remplissent d’eau. Au bout d’une dizaine de minutes, le brouillard disparait laissant peu à peu la place à une éclaircie qui nous permettra de bénéficier d’un magnifique arc en ciel au dessus du plat d’Adet
Nous reprenons ensuite une piste forestière assez large, puis un single roulant et enfin la route… Une fin de course facile qui va me permettre de dérouler un peu les jambes jusqu’à Vielle Aure
Dernier parti, dernier arrivé, on ne pouvait trouver meilleure conclusion….

                                                                                       Petit bilan
156 km au lieu de 165 et 9200m de déniv au lieu de 10000 mais franchement aucun regret de ne pas avoir pu faire le parcours dans son intégralité

Sur 612 partants, 68 ont fait le tour complet et 81 le tour raccourci soit 149 coureurs sur la ligne d’arrivée (24%) 

Les + de la course: - Un départ tôt le matin ce qui permet au coureur moyen que je suis de ne passer q’une nuit dehors et de profiter de 2 journées pour en prendre plein les yeux
                                  - Les parties intéressantes se font de ce fait de jour et celles qui le sont moins de nuit 
                                  - La gentillesse, la compétence et la simplicité des organisateurs et des bénévoles. On limite à 612 coureurs, absence de vérification du matériel obligatoire ( Libre à chacun de prendre ses responsabilités et je pense que dans la société d’assistanat qui est la notre, c’est une bonne initiative). 

Des idées de changement: - Remise des dossards en continue ( 11h30/ 17h 30) plutôt que sur 2 plages horaires. Cela permettrait d’éviter la cohue de 18h30 pour ceux qui viennent de loin et qui ne peuvent pas arriver l’avant veille      - Suppression de la boucle au dessus de la Mongie et de la montée à Cauteret par la piste cyclable
                                              - Présence d’un plat salé à l’arrivée un peu différent de la soupe et des pâtes que nous avons eu aux ravitos (une bonne tartiflette par ex :-)

Sur un plan plus personnel, je dirai que la boucle est bouclée après l'UTMB en 2006, la diagonale en 2011 et 2014 et l'UTCAM 145 en 2017.  J'adore les ultras mais je n'en ai pas fait beaucoup pour ne jamais perdre de vue que le seul objectif reste de terminer et qu'il faut économiser son capital musculaire, articulaire, tendineux et psychologique si l'on veut durer longtemps. Prochain rdv donc dans 4 ou 5 ans à la découverte sans doute d'un nouveau massif mais sans doute sur une distance plus courte (120km)

 
 

 

2 commentaires

Commentaire de Miche posté le 08-09-2024 à 09:46:07

Bravo à toi d'avoir pu finir le parcours (presque) complet. C'est sur qu'avec les BH raccourcies, cela a dû être stressant. Un autre arrivé à 12h25 a préféré prendre le bus vu son état...
Mes retours sur le parcours dans le fil principal. A une prochaine fois !

Commentaire de shef posté le 08-09-2024 à 19:29:29

Merci pour ton récit, et bravo pour avoir bouclé ce chantier

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