L'auteur : vuillerl
La course : Le Grand Raid des Pyrénées
Date : 22/8/2019
Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)
Affichage : 3213 vues
Distance : 220km
Objectif : Terminer
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La mère Noêl m'a fait un bien joli cadeau, l'inscription pour l'Ultra du Grand Raid des Pyrénées, une belle balade de 220 km du coté de Saint-Lary.
Quelques mois plus tard, me voila au départ de cette aventure avec aucune certitude, je n'avais jamais fait plus de 120 km (en 2017 lors du Tour des Cirques).
Ayant commencé le Trail en 2016, mon expérience est relativement limitée meme si j'ai plutôt enchainé à partir de 2017.
Cette année n'etait pas une réussite avec un abandon sur la 6666 avec une déchirure au mollet et un abandon à la première base de vie sur la Mitic suite à la casse d'un baton dès le 15ème km préferant me préserver pour le GRP. En bonus, une bonne chute le vendredi avant la course m'avait offert un gros hématome sur la cuisse gauche... On a connu mieux pour se lancer dans une telle aventure.
Vieille Aure - Payolle (20,1 km ; D+ : 1019m ; D- 721m) 2h47
Le départ se passe plutôt bien. Rapidement, je rentre dans ma bulle et avance sereinement. Les coureurs sont plutôt concentrés, pas beaucoup de bavardage. La météo est excellente et le parcours plutôt agréable. Après la première butte, Luc, qui coure sur le PTT, me rejoint et nous avançons à bonne allure jusqu'au ravitaillement.
Payolle - Pic du Midi (39,4 km ; D+ : 2876m ; D- 791m) 7h03
Je laisse partir Luc et je prend mon temps pour me préserver sachant le menu qui m'attend. Il commence déja à faire chaud. Le ravitaillement est un peu chargé avec les coureurs de l'Ultra et du PTT. Côté consistance, il y a le necessaire.
La montée jusqu'au Pic se passe bien. Cette montée est longue, peu technique jusqu'au col du Sencours ou un ravito nous attend. Il y a pas mal de monde qui est présent pour encourager les coureurs et ça donne un peu plus de motivation. La suite de la montée est un peu plus exigeante. La chaleur poursuit son travail de sape et je ne suis pas mécontent d'arriver au sommet.
La vue est magnifique et je prends un petit moment pour profiter de cet environnement avant d'attaquer la descente.
Pic du Midi - Col du Sencours (42,8km ; D+ : 2876m ; D- : 1289m) 7h45
Au revoir les coureurs du PTT qui finisse leur première course et nous voilà entre coureurs de l'Ultra. Je dois reconnaitre que je préfère lorsqu"il y a moins de coureurs, ça correspond plus à ce que je recherche.
La descente un peu technique se passe plutôt bien et rapidement on retrouve le col du Sencours et un autre ravitaillement au frais qui est particulièrement apprécié étant donné la chaleur.
Les bénévoles sont vraiment attentionnés et on passe un agréable moment avant de repartir sous cette chaleur qui commence a être écrasante. Ils nous préviennent que la section suivante va être longue, que c'était vrai!
Col du Sencours - Hautacam (61,2km ; D+ : 3632m ; D- : 2914m) 12h03
Cette section a été terriblement longue alors qu'à la lecture du profil, elle ne m'avait pas plus que ça inquiétée.
Les deux cols que nous avons passés ont été difficiles et cette interminable descente a fait des dégats. Heureusement, pour se distraire, on a croisé un troupeau de lamas en train de courir et les paysages autour du Lac Bleu sont vraiment plaisants.
L'arrivée sur la station de ski de Hautacam a été longue avec peu d'interet et j'étais bien content d'enfin y arriver, toujours à la recherche de fraicheur avec cette chaleur permanente.
La station semble bien aménagée pour l'été, peut-être une idée de prochain we avec les enfants.
Hautacam - Pierrefitte (73,9 km ; D+ : 3672m ; D- 3988m) 14h15
Après une bonne pause pour souffler à Hautacam, on reprend la descente et bien que le parcours soit assez roulant, je n'ai plus l'énergie pour courir en permanence alors je commence à courir un km et marcher un km, etc,.. jusqu'à Pierrefitte. Je sens que je suis quand même bien attaqué...
Depuis le début de la course, je m'astreignais à manger au moins quelque chose toutes les heures mais sur cette portion, je n'y arrive plus... Ce n'est pas bon signe et il est temps d'arriver à la base de vie. Il fait chaud dans cette base de vie... Gentiment un benevole m'apporte mon sac de change et m'installe dehors. Je prend mon temps pour me changer, appeler mes proches et je commence à me refroidir. Je decide d'aller me reposer et de m'allonger dans un pièce ou était installé des lits de camps. Je n'arrive pas à dormir mais ces 20 minutes m'ont fait du bien. Je pars me restaurer avec des pates, du jambon cru et du saucisson.
Pret pour la première nuit, je sors de la base de vie après 15h35 de course.
Pierrefitte - Estaing (92 km ; D+ : 4849m ; D- : 4655 m) 19h30
Sur la première portion de cette section, je me suis calé derrière un groupe de 4 coureurs et j'ai eu le sentiment de m'endormir alors j'ai accéléré et je suis arrivé plein d'assurance à Estaing, ce qui fût certainement ma première erreur.
Du coup, lors de ce ravitaillement je ne suis pas resté très longtemps, je ne me suis pas assez reposé alors qu'il aurait certainement été plus profitable de m'y restaurer un peu plus.
Estaing - Cauterets (111,2km ; D+ : 6120m ; D- :5985 m) 25h49
Le début de cette ascension se passe bien, j'avais entendu parlé du col d'Ilhéou, et il me semblait que cela se passerait bien...
Ce fut terrible, impossible d'avancer, je faisais 3 pas et je m'arretais, je manquais très clairement de fraicheur physique. Heureusement, j'avais conservé mon polaire alors qu'au briefing, il avait précisé que celui-ci n'était plus obligatoire. Cette montée fut interminable à tel point que ma frontale à rendu l'âme avant d'arriver au sommet. Par fanéantise et par manque de lucidité, je ne la change pas et je poursuis mon avancé à la lumière de la Lune,... Vraiment hasardeux et risqué avec le recul et la descente jusqu'à la station du Lys fut réellement pénible.
Un arret rapide à la Station pour prendre un peu d'eau et direction Cauterets via une piste de VTT, pas agréable et sans interet, si ce n'est pour poursuivre le travail d'usure...
A la seconde base de vie, je m'alllonge pour essayer de dormir sans succès mais je me repose, je me change, prend mon temps, échanges avec mes proches, mange encore une fois des pates, du jambon cru, du fromage et du riz au lait et je repars après 27h34 de course.
Cauterets - Refuge des Oulettes (125,2km ; D+ : 7345 m ; D- 5986 m) 31h46
On arrive sur un parcours que j'apprécie, la montée au pont d'Espagne, le lac de Gaube avec une lumière merveilleuse et l'ascension au refuge des Oulettes sur un parcours qui, progressivement, devient de plus en plus minéral. Encore une fois, la chaleur est présente et la fin de l'ascension devient particulièrement difficile, la temperature monte me ralentissant et je ressens desormais une grosse fatigue n'ayant pas encore réussi à dormir.
L'accueil sur ce refuge est chaleureux, on se sent attendu et pris en compte. Après quelques minutes, je demande si on peut se reposer quelquepart. Je me retrouve allonger sur un matelas posé sur une table. J'ai réussi à dormir une vingtaine de minutes ce qui m'a fait le plus grand bien. (Ce qui est le plus surprenant, c'est que je me suis réveillé sans reveil)
Me revoilà pret à repartir, requinqué avec le sentiment d'être en forme.
Refuge des Oulettes - Refuge de Baysellance (129,4km ; D+ : 7929m ; D- 6069m) 34h24
La sensation se confirme et la montée se passe très bien alors que la chaleur est toujours présente avec un peu plus d'air. La vue sur le Vignemale fait plaisir. Je ne reste que très peu de temps sur ce refuge.
Refuge de Baysellance - Gavarnie (144,4km ; D+ : 8019m ; D- : 7440m) 37h54
La première partie de la descente vers Gavarnie se déroule sur un parcours plutôt encaissé, très caillouteux et peu roulant. C'est long, peu agréable mais sans trop de difficulté.
La seconde partie est plus roulante, la fatigue étant bien là, les longues portions de sentier sont en partie courue, en partie marché toujours avec le meme principe 1 km couru, 1 km marché.
Le ravitaillement à Gavarnie est assez important, ça s'explique puisque l'on rejoint les coureurs du tour des cirques. Il y a peu de place pour se reposer et j'aurai certainement dû m'y arreter plus longtemps, voire dormir un peu avant de repartir sur Gedre en début de soirée.
Coté alimentation, je reste sur mon régime composé de jambon cru, fromage et saucisson et eaux pétillantes. Je ne touche quasiment plus aux compotes et barres que je porte depuis des heures.
Gavarnie - Gedre (154,7km ; D+ : 8482m ; D- : 8263m) 41h53
On part pour la seconde nuit. Je n'ai peu de souvenir de ce tronçon à part le fait qu'il a été peu agréable et que j'étais assez fatigué. Je me suis décidé à essayer de dormir sur Gedre et Luz Saint-Sauveur.
Sur Gedre, j'ai pu faire une sieste de 20 minutes qui m'a bien requinquée et me voila reparti.
Gedre - Luz Saint-Sauveur (167km ; D+ : 9088m ; D- 9192m) 45h33
Cette petite sieste m'a permi de passer assez tranquillement cette section meme si les montées étaient sacrément raides.
L'arrivée sur Luz Saint-Sauveur fut le seul moment du parcours ou j'ai eu une doute sur le chemin a suivre coté balisage.
Jusqu'à Luz Saint-Sauveur, je n'avais aucun pépin physique et en arrivant au ravitaillement, une petite douleur au genou gauche s'est fait sentir.
Sur la troisième et dernière base de vie, j'ai encore une fois réussi à dormir 20 minutes.
Je poursuis mon régime alimentaire composé de pates, de jambon, de saucisson, de fromage et d'eau pétillantes.
Après m'etre changé, je repars après 47h21 de course
Luz Saint-Sauveur - Bareges (175,8km ; D+ : 9792m ; D- : 9383m) 50h54
Comme a chaque fois, cette petite sieste m'a permi de repartir en forme, la montée sur Barèges sur un sentier forestier se passe très bien.
Bareges - Refuge de la Glère (184,6km ; D+ : 10742m ; D- 9383m) 53h18
L'entrée dans la réserve naturelle du Néouvielle se passe au mieux et cette ascension ne me donne pas de difficultés particulières. Le terrain se minéralise pas après pas. Etant plutot en forme, je decide de rester peu de temps sur ce ravitaillement en écoutant les bénévoles nous disant que le prochain ravitaillement est dans moins de 9 km (Cabane d'Aygues cluses).
Refuge de la Glère - Hourquette Nère (196km ; D+ : 11814m ; D- 10140m) 60h11
Nouvel erreur de ma part, j'aurai dû me reposer un peu plus, la suite du parcours allait être très difficile en alliant la chaleur et la technicité du Néouvielle, des cailloux, des pierriers, des cailloux, des pierriers ou il n'est pas rare de devoir sauter de pierre en pierre pour avancer.
La fatigue s'accumulant, cette traversée du Néouvielle fût terrible, les montées étaient dures et les descentes de plus en plus difficile avec ce genou qui commençait à me lancer. Je n'avançais plus et je n'arrivais pas à me caler sur le rythme de autres coureurs, ce fut une portion particulièrement pénible avec ce genou endolori, cette chaleur et la fatigue accumulée.
Hourquette Nère - Restaurant Merlans (203,9km ; D+ : 12012m ; D- 10765m) 63h09
On se rapproche de la fin! Je connais un peu ce parcours et je ne rappelle pas de difficultés particulières. Je commence à réaliser que je vais finir réussir ce GRP. Plutôt confiant, j'avance progressivement mais lorsque l'on attaque cette descente assez technique, mon genou se rappelle à moi et chaque pas devient une souffrance... La descente interminable jusqu'au restaurant me fait de plus en plus mal et le doute m'envahit. Je ne vais quand meme pas abandonner si près du but...
Heureusement, j'appelle ma femme qui m'informe que ma petite famille m'a fait la surprise de m'attendre à l'arrivée! Elle ne devait pas me le dire mais au vue de mon moral elle me lache le morceau, ce qui m'a fait le plus grand bien. Serrant les dents, je recommence à avancer en faisant abstraction de cette douleur alors que le terrain devient moins technique.
Restaurant Merlans - Vieille Aure (217,7km ; D+ : 12189m ; D- : 12189m) 66h14
Je ne fais qu'une brève halte au restaurant pour refaire le nive au des flasques et je repars motivé à l'idée de rejoindre les miens à l'arrivée. Je passe très rapidement la dernière montée sur la piste de ski et repars sur une longue descente ou malheureusement mon genou ne me permet plus de courir mais seulement d'avancer en marche nordique. Cette descente est vraiment longue, on commence à croiser des villages, des gens qui nous encouragent, ca sent la fin.
Enfin, on arrive à Vieille Aure, heureux, je passe la ligne d'arrivée et je retrouve les miens.
Quelle expérience!!! J'ai adoré ce GRP, les bénévoles ont été extra, d'une gentillesse remarquable, l'organisation et le balisage efficace. (meme si je souhaite du plaisir à ceux qui ont traversé le Neouvielle de nuit...)
La météo nous a permis de bien profiter de ces paysages grandioses meme si cette chaleur a rendu cette course bien difficile pour les organismes.
Coté gestion , je suis vraiment surpris de voir comme quoi 20 minutes de sieste me requinquait et avec le recul me font dire que j'aurais certainement dû faire de meme à Estaing, Gavarnie et au refuge de la Glère.
Une semaine après cette aventure, j'en ai encore plein les yeux et je n'ai qu'une envie... Recommencer!!!
Un grand bravo aux coureurs de cette aventure en un enorme merci à tout ces bénévoles sans qui cette course n'aurait pas le meme saveur.
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1 commentaire
Commentaire de jb600cbr posté le 02-09-2019 à 16:55:51
Un tres grand bravo !!! sacré morceau de bravoure.
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