L'auteur : Pacou
La course : Le Grand Raid des Pyrénées - L'Ultra Tour
Date : 24/8/2017
Lieu : Vielle Aure (Hautes-Pyrénées)
Affichage : 3523 vues
Distance : 220km
Objectif : Terminer
Partager : Tweet
137 autres récits :
GRP 2017 : objectif 220 !!
Je pourrais découper ce moment de vie en 2 parties : 1) « montée aux enfers puis renaissance » et 2) « séquence émotions »
Pour ce dernier et principal objectif de la saison (après les 105km des aventuriers du bout de la Drôme et le Tour des glaciers de la Vanoise avec Olivou et son fiston), le choix a été fait rapidement… Une édition anniversaire, ca ne se rate pas ! Pour les 10 ans du GRP, un 220km avec 13000 de D+ nous a été concocté J. Ca me fait très plaisir d’y retourner après l’édition 2010 où la course s’était très bien passée pour moi. Le camping Le Lustou à 800m du départ est réservé comme en 2010
Mon phanou a fini par se décider comme d’habitude au dernier moment.. Il a même négocier le tarif sans majoration et la pasta party offerte par une gentille demoiselle pensait – il ! Jean yves ne nous accompagnera pas par contre, avec l’enchainement de la guigne : tendinite d’achille, puis otite, puis problèmes médicaux de sa maman…
Le problème pour nous c’est qu’il est obliger de se retirer la veille et qu’il devait fournir la tente et les matelas de sol.. doncdirection décathlon pour l’achat d’une tente 2 secondes Freshand Dark J le mardi soir..
Le mercredi je dois récupérer phanou à la gare de Toulouse, puis on part tranquillou rejoindre Vielle Aure, installation au camping puis direction retrait des dossards.. La c’est le vrai point à améliorer… des files d’attente interminables, 1h30 pour certains ! Nous décidons de rejoindre plutôt le briefing sous le soleil et de revenir plus tard finalement une bonne idée car dans l’intervalle tout s’est vidé et après 5mn c’est fait. Les promesses de la copine de téléphone de phanou s’avèrent infondées ..malgré l’insistance et les yeux doux J
Pour le briefing et le point météo, les orages seront évités à priori, avec par contre des forts vents aux sommets qui feront peut être raccourcir le parcours de 35km et 2000 de D+… l’information nous sera confirmée à Cauterets
Les vents devraient rester inférieurs à 70km/h pour le pic du midi ce qui nous permettrait d’y monter…
On dépose les sacs pour les bases vies, l’organisation est parfaite et impressionnante pour ce point particulier !!
Bon allez direction la pasta, avec peu de monde bizarrement, puis le camping pour l’installation et le dodo… Mais l’orage gronde les éclairs zèbrent le ciel sur les hauteurs de vielle Aure, alors que la 1ère épreuve du Pyrénées Tour Trail est partie… C’est magnifique mais inquiétant et une pluie forte finit par arriver juste après et c’est parti pour 2 heures de flotte la nuit promets d’être compliquée !! Ca me rappelle 2010 ou j’avais essayé de fermer l’œil toute la nuit sans matelas ni tapis de sol J
Phanou tourne et retourne il est gêné depuis 2 jours par un début de sciatique et ça l’inquiète bien sur, vers 2 heures du mat il fini par partir dormir dans la voiture…
Le départ approche, 6h du mat, tous regroupés sur la place de Vielle Aure, finalement 551 partants
Premiers 2km pour étirer le peloton et on attaque la 1ère montée longue et progressive, direction granges de Lias, puis cabane de Tortes, et Col de portet, pour arriver au 1er ravito au restaurant Merlans (15,8 km, D+ cumulé 1509m, 2h33 de course, position 179ème) : départ trop rapide bien sur, j’ai voulu tenter de suivre mon phanou, qui n’a pas pu s’empêcher de trottiner toute la 1ère montée.. Au bout de 30mn je repasse en mode gestion mais le peloton incite à monter à bon rythme…
Direction le CP2 de La Mongie, c’est magnifique il fait beau et on profite Lac de Bastan, Col du Bastanet, refuge Campana, lac de Greziolles… le rythme est plus raisonnable pour mon niveau et j’avance encore correctement même si je me fais un peu doubler
Arrivée au CP2 (31,9km, D+ 2310m, 06h05 de course, position 238ème), phanou est déjà reparti lorsque j’arrive après consultation du suivi live assuré par les copains par messagerie !
Il fait chaud chaud, j’espère que je vais supporter ces 1ères heures, avec un vent chaud y compris sur les sommets qui ne nous quittera pas de toute la course…Autant dire que les 2èmecouches vont rester au fond des sacs
La suite après quelques km en balcons, c’est simple : montée de 1400m en 7km, jusqu’au col du Sencours (ravito), puis le Pic du Midi. Et c’est là que ça se détraque les jambes n’avancent plus, je continue à boire pourtant mais le ventre devient douloureux avec des crampes… Je me traîne de plus en plus. La montée au pic est dramatique, je me fais doubler par les randonneurs en baskets qui ont l’air attristé de me voir dans cet état…Je m’assoie toutes les 5mn. J’arrive péniblement au Pic (42,6km, D+3686m, 10h19 de course, position 395ème), après avoir croiser phanou qui redescend en plein forme, moi avec le moral dans les chaussettes bien sur, je me pose même 30mn pour voir… Je partage la détresse avec un autre concurrent qui a prévu d’abandonner car il pisse du sang et cela ne passe pas malgré la réhydratation…
Bon il faut redescendre au col de Sencours (re ravito, 46km), c’est toujours la cata… je me pose encore au ravito sans pouvoir rien avaler et fini même par demander l’horaire de la prochaine navette L, mais cette fois pas de bêtise, je me suis promis d’attendre jusqu’au dernier moment pas d’abandon sur un coup de tête
La navette est dans 2mn me dit-on ! zou je tente le vomissement provoqué, dans les toilettes du coin…Passons sur les détails, mais c’est au moins 1 bon litre qui repart !!
Et là comme par magie, l’estomac libéré, le corps repart, je quitte le col (11h56 de course, position 469ème, pas loin de la fin de peloton) la stratégie d’hydratation et alimentation est reprise tout doucement..
Il est grand temps de reprendre du plaisir (c’est la partie renaissance !), ce qui sera fait sur la grande section jusqu’à Hautaucam ou je double sans forcer je suis enfin bien !! Les paysages sont magnifiques, Cols et lacs s’enchainent (Lacs d’Aouda, Bleu et d’Ourrec)…
Toujours pas de trace de phanou à Hautaucam (65,2km, D+ 4442, 16h11 de course, position 389ème).
Direction la première base vie a Pierrefitte, avec 1000 de D-, les jambes fonctionnent bien…toujours cette petite question : se lâcher vraiment ou avancer tout en gérant ce moment de mieux en espérant qu’il dure longtemps !?
Juste avant la base vie, alors qu’on croie y arriver, la trace part à gauche droit dans une pente d’enfer… erreur ? ben non, petit raidillard de D+ 40m cadeau J Arrivée à la BV en 18h36 position 347ème, je vais appliquer les conseils de Nico, avec l’enchainement alimentation, douche (à poil sous un jet d’eau glacée dans une tente à moitié ouverte sur la place J mais ça fait du bien quand même !!), change complet, pas besoin de dodo, re alimentation
Sortie de la BV après 19h25 en 315ème position
La montée vers le Turon de Bene se fait à un bon rythme, puis c’est la descente vers Estaing du même tonneau, arrivée au CP7 en 24h18 287ème position.
Direction le col d’Ilhéou avec 1270 de D+ en 10km (28h12, 233 ème), avec un ravito extraordinaire, oui c’est juste une petite tente qui ne paye pas de mine, mais des bénévoles d’un accueil et d’une gentillesse qui vous redonnent le peps pour continuer avec le sourire, sans compter cette garbure excellente qui fait un bien fou !! puis descente du même ordre pour rejoindre Cauterets et la 2ème Base vie (29h51, position 230ème).
Là, on nous confirme la mise en place du parcours de repli pour cause de vents violents sur les sommets du Vignemale…Luz sera rejoint directement en passant par le col du Riou (by by Vignemale et Gavarnie… avec 35km de rabotés mais sécurité oblige, tout le monde accepte sans broncher dans ceux que je croise en tout cas sauf 1 qui m’annonce même avoir failli pleurer en entendant cette possibilité au briefing du matin et qui pense déjà à s’inscrire au grand raid Cathares pour compenser… bizarre….)
Au programme, même enchainement alimentation douche change dodo impossible pour moi trop de bruit Et qui je vois arriver 30mn après moi alors que je suis en train de me changer, le phanou ! Il s’est arrêté 1h30 pour dormir en refuge épuisé…Mince, pas de doute je l’attends pour repartir. (31h27, position 247ème).
La 2ème partie peut commencer…avec les Emotions l’Amitié l’Entraide les Confidences
Le début est mitigé phanou est fatigué, on cherche un endroit pour se poser pour une microsieste dans le début de la montée..finalement la microsieste va durer 2 fois 20mn environ, mais rien pour moi, je veille sur mon copain ! auréveil je le sens marqué plutôt au moral que physiquement en fait…On tente de repartir en mettant en route la boite à parlotte et ça fonctionne je me confie sur ma vie je lui donne des pistes pour gérer le mental et les idées noires et on passe la montée à un bon rythme finalement en discutant tout du long.
Pour rejoindre Luz, le programme c’est 1000m de D+ en 10km jusqu’au col de Riou puis 10km de descente… simple non ? On continue notre petit bonhomme de chemin tranquillou . Avant l’arrivée à Luz, le tracé repart en balcon pendant plusieurs km interminables au lieu de descendre directement… Ceux qui nous accompagnent doute d’une erreur avec le tracé du 120km.. mais on finit par y arriver en marchant par une route pas glop…en plus on apprend que certains connaisseurs du coin, ont coupé directement par la route L le classement on s’en fout mais quand même !
Entrée 37h58 position 259ème, sortie 40h31 position 273ème, pas de change complet car la section était assez courte du fait du changement de parcours, hormis Nok chaussettes propres …tentative de dodo mais comme d’hab trop de bruit… rien de mon côté, le phanou est parti pour 30mn puis redemande 15mn de rab le gourmand !, ça sera l’arrêt le plus long, massage des quadri en attendant d’aller réveiller le phanou
Allez on attaque la dernière partie ; ça commence par 19km de montée, au début régulière peu technique, qu’on monte tranquille sans coup de mou, (arrivée au CP de Barèges 42h32 264ème) puis ça devient très raide pour monter au refuge de la Glère Refuge de la Glère avec 850m de D+ en 7km (45h52 258ème ).
La suite est dantesque en pleine nuit avec une section très technique et décrite comme « paumatoire » dans le roadbookjusqu’à la hourquette d’Aubert : c’est à dire dans des pierriers monstrueux du genre de ceux rencontrés dans les endroits fameux sur l’échappée belle, sans sentier bien sur, avec un basilage à chercher, des bandes de rubalise tendues entre les pierres … attention aux chevilles (une évacuation hélico après une chute et luxation à cet endroit)… quand on retrouve le sentier sur les dernières dizaines de mètres on se rend compte d’ailleurs qu’il en existait un de sentier bien marqué que d’ailleurs certains empruntent sans se poser de questions …. Encore !! Au sommet c’est magnifique très minéral avec le lever de soleil…
On descend ensuite heureusement par un chemin moins technique vers le lac puis vers le parking Oredon avec une longue portion sur route interminable. Les corps et les esprits montrent des signes de fatigue… l’une est croisée en train de remonter la route à l’inverse du parcours avant d’arriver au l’avant dernier ravito en cherchant le chemin l’autre commence à sérieusement pencher sur la gauche en marchant …
Arrivée au parking Oredon, avant dernier ravito, on s’endort quasi en marchant donc on décide de se poser 1h30 pour le dodo, un cycle entier de sommeil, nous ne sommes plus à ça prêt ! et en plus c’est la première fois que la partie repos est placée dans un endroit à part c’est à dire une tente avec qqslits de camp, d’ailleurs c’est entièrement libre et on en profite !! Ca sera le premier vrai dodo pour moi après quasi 2j de course
Direction par une dernière montée de 400mD+ au col d’Estoudou, puis descente de 400mD- et début de la dernière montée vers le dernier ravito au restaurant Merlans 55h24 277 ème, sans difficultés
Pas de dodo !! J un changement des pansements pour les pieds avant la dernière longue descente. Je continue à manger sans problème…malgré le caractère répétitif des compositions des ravito pour ce 3ème jour. Phanou demande depuis 2 jours son jus de citron ou un vitel fraise mais rien en magasin
La dernière descente se fera avec les participants du 40 et 80km, c’est la foule et on se fait doubler par paquets, la couleur des dossards permets de repérer les distances ce chacun et pour nous qui sommes en mode marche depuis quelques temps, de recevoir de nombreux encouragements et félicitations, mais on aurait aimé plus de tranquillité pour savourer ces derniers moments ensemble
L’émotion est toujours bien présente car on sait qu’on ira au bout avec le plaisir de ces longues heures ensemble, on échange quelques mots et regards qui resteront dans nos cœurs et notre histoire, on se tombe dans les bras plusieurs fois car on est heureux d’avoir passé les épreuves, d’avoir profiter de la montagne
Les derniers mètres se passent le long de la rivière avec une haie d’honneur d’applaudissement comme jamais vécu ce qui fait chaud au cœur, la ligne d’arrivée main dans la main, bras dessous bras dessus, liés comme une seule personne, puis la 1ère bière , la 2ème, la 3ème … et la fontaine de la place où le bonheur de plonger les jambes dans l’eau fraîche ne se refuse pas J
Arrivée Vielle Aure 59h34 position 283ème avec 186 km et D+11100
Beaucoup de plaisir, pas de gros bobo, des enseignements sur les défis à venir, des paysages magnifiques, et la joie de mon ami… que demander de plus !!
Accueil - Haut de page - Aide
- Contact
- Mentions légales
- Version mobile
- 0.12 sec
Kikouroù est un site de course à pied, trail, marathon. Vous trouvez des récits, résultats, photos, vidéos de course, un calendrier, un forum... Bonne visite !
9 commentaires
Commentaire de lolod posté le 11-09-2017 à 20:45:08
Merci pour ce récit.
Vécu défaillance un peu similaire mais moins sévère.
Bravo pour ton abnégation et de ne pas avoir abandonner.
Commentaire de Pacou posté le 12-09-2017 à 00:17:22
Le corps et l esprit ont parfois des ressources insoupçonnées ...
Mais j aimerais bien comprendre pourquoi ca se détraque si vite parfois alors qu on est sensé gagner en expérience au fil des ultras !
A+ sur les sentiers
Commentaire de TomTrailRunner posté le 12-09-2017 à 00:01:53
Toute la quintescence de l'ultra dans ton récit. Bravo
Ne manque que le coca :)
Commentaire de Pacou posté le 12-09-2017 à 00:22:03
Merci tom je t ai vu descendre du pic en pleine forme quand j étais moi au fond du trou (c est le comble quand on est sur le chemin du pic!)
Le coca attendra le prochain objectif en commun, fais gaffe à cacher tes objectifs...:-)
Je t attends au moins sur la montagnhard 2018!!
Commentaire de float4x4 posté le 12-09-2017 à 10:18:58
Solide mental :) comment moi j'aurais trop bashé depuis longtemps lol ! Et bravo pour le finish en binome
Commentaire de Pacou posté le 12-09-2017 à 13:12:44
J ai été pas loin de bâché !! Ca a tenu à 2 doigts dans le fond de la gorge :))
Ca aurait été dommage vu le plaisir et les émotions partagées qui ont suivies!
Commentaire de --- posté le 12-09-2017 à 11:26:25
Bravo !!! Comme quoi sur une longue distance, on peut être très mal à un moment, reprendre du plaisir ensuite et finir bien.
Ah la montée au Pic !!! :-D
Course très similaire (marrant, j'ai été légèrement devant toi tout du long ;-) ). Il est temps que je rédige mon CR...
Commentaire de Pacou posté le 12-09-2017 à 13:13:39
Bon Ben la prochaine on la fait ensemble 😉
Commentaire de laulau posté le 13-09-2017 à 15:36:09
Un grand bravo d'être allé au bout, quel courage !
Il faut être connecté pour pouvoir poster un message.