Récit de la course : Grand Raid 73 2016, par bubulle

L'auteur : bubulle

La course : Grand Raid 73

Date : 21/5/2016

Lieu : Cruet (Savoie)

Affichage : 3307 vues

Distance : 73km

Objectif : Pas d'objectif

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Les bobos parigots chez les baujus

Par quoi commencer ? Vaste challenge car j'ai beaucoup à dire sur cette course que je vais désormais ranger parmi mes plus beaux souvenirs de trails. J'ai envie de partager avec vous la qualité de cette organisation, la beauté du parcours, la gentillesse des bénévoles, mais aussi, comme d'habitude, les spécificités plus techniques : où on passe, où est-ce que ça monte, que ça descend, de quelle couleurs sont les cailloux, tout ça.

Difficile d'arriver à faire tout cela sans faire un récit-fleuve (« encore ! », dit le lecteur, « mais j'ai pas une semaine de vacances pour lire ton récit »). Donc, au moment de commencer ce récit, j'ai l'impression qu'il va être long. Vous m'en excuserez d'avance. Je vais au moins essayer de mettre des photos pour ceux qui préfèrent les images à le prose bubullienne absconse et alambiquée et aux phrases qui font 10 lignes.

Bref. Pourquoi le GR73, d'abord ? En fait tout cela est la faute de Manu (ElNuma[xx]). Je ne sais plus trop comment, probablement suite à notre brève rencontre à Périoule lors de l'Échappée Belle, Manu m'incitait à participer à la course dont il fait partie de l'équipe d'organisation. Quelques lectures de récits plus tard, et après vérification que je pouvais bien caser un trail alpin en mai dans un calendrier bien chargé...me voilà inscrit. Un peu plus tard, mon complice de diverses frasques parisiennes (pour les gens d'ici, en Savoie, nous sommes tous des parisiens, même les Mordoriens crottés qui vivent en leurs campagnes), Raya s'inscrit aussi.

Nous avons une réservation à l'hôtel ElNuma, hôtel de charme du centre ville de Chambéry, encore inconnu des guides touristiques (l'adresse se transmet de bouche à oreille).

Un peu comme à la Montagn'hard l'an dernier, j'ai choisi de monter de la Capitale (quand on va de Paris à Chambéry, ça monte, donc je ne vois pas pourquoi on « descendrait »), le jeudi (la course est le samedi). Cela permet d'avoir la journée entière qui précède, sur place.

Je n'avais initialement pas trop prévu quoi faire, mais je me disais que si, de toute façon, l'équipe de Gilbert Codet, l'organisateur, avait besoin d'aide, nous pourrions participer. Option immédiatement validée par Manu qui, lui, est mobilisé à 100% pendant 4 jours. Du coup, nous allons passer une partie du vendredi, avec Raya, à décorer la salle polyvalente de Cruet avec des banderoles de marques de saucisson, du Crédit Mutuel, du département de la Savoie, du développement durable et même des affiches de Kiki (lian) faisant la pub de Yogi Tea.

BOnne occasion de mieux partager le travail de cette équipe de passionnés qui rend le GR73 possible et va, le lendemain, se mettre en douze pour que la course se passe bien pour nous. Très esprit trail, tout ça, non ? ;-)



Le reste de la journée sera utilisé pour mieux découvrir cette région que allons parcourir le lendemain. Manu nous prête sa voiture, et nous avoilà partis à l'assaut du Col de Marocaz, du Lac de la Thuile, du Col des Prés, des Aillons, bref les parigots en balade chez les baujus.

Un CR Kikourou dans les Bauges sans Dent d'Arclusaz, c'est impossible, n'est-ce pas ?



Excellente façon, en fait, de se familiariser avec les lieux et d'être impressionnés par ce que nous allons monter le lendemain. C'est que la Galoppaz (bien penser à prononcer « Galoppe » bien sûr), le Colombier, le Mont Pélat, vu d'en bas....eh bien c'est haut ! Vu d'en bas et....vu d'en haut puisque le Mont Pélat, nous allons du coup y monter depuis les Aillons, afin de chauffer un peu les cuisses par 600D+...et un 600D- mémorable par la piste du télésiège, avec une pente à plus de 60%.

Par contre, bon, le réveil à 2h15 du matin, ça pique. Mais il faut bien cela pour profiter du petit déjeuner qui ouvrait à 3h30, avait dit Manu, donc il faut être là à l'ouverture, quand même. Peu de kikous reconnaissables, par contre, c'est un peu sur ça qu'on s'est loupés. Une prochaine fois, faudrait apporter la banderole (ou utiliser celle qu'a l'organisation, ce que je n'ai appris que plus tard). Seul Gilles45160 vient juste me voir, avec une copie de mon roadbook à la main, je rate Benjamin73 déjà concentré pour aller se placer sur la ligne. Nous sommes donc juste avec le compère Raya et sa copie de roadbook JALBHAC (« J'Ai Les Barrières Horaires Au Cul ») et on sent quand même qu'on part pour un truc qui ne sera pas de la tarte.

Pas de Chariots de Feu, ni de Heavy Metal au départ, donc nous ne pouvons donc pas jouer à Yohann Metay comme à un départ de l'UTMB. Juste une bande-son très « début des eighties » probablement choisie par le V2 local.

Bref, 5, 4, 3, 2, 1. Bim. C'est parti. Comme des fous. Ils sont encore plus givrés que des parigots, ces montagnards burinés, le rythme des 3 premiers kilomètres est dingue. Ça monte quand même (un peu) et, courant autour de 10 à l'heure, je me fais dépasser de partout.

Heureusement, assez vite, le single de la montée à la Roche du Guet calme vite tout le monde. Les bâtons sortent de toutes part et c'est parti pour 2km de montée à 30% de moyenne. La file indienne se forme immédiatement, des petits peloton aussi. On ne se gêne pas vraiment car, avec 195 partants, la densité est déjà faible. J'ai par contre un peu la malchance d'être en queue d'un petit peloton qui ne monte pas vraiment à ma vitesse, il va falloir être patient. C'est au tiers de la montée que j'arriverai à m'en extirper, au prix d'un effort intense pour enfin prendre ma position préférée : tout seul en chasse du petit peloton précédent...:-)

J'arrive toute fois à me réguler suffisamment pour ne pas être dans le rouge, résistant même à suivre un « chamois » qui me dépasse à une vitesse impressionnante. Bon, en faisant les comptes a posteriori, j'ai quand même monté ce truc à 880m/h ce qui reste honnête (désolé pour les chiffres, mais ces récits me servent aussi pour préparer les autres courses).

La frontale a été éteinte à mi-montée et c'est dans le jour naissant que nous débouchons sur la crète au Col du Mont. Et là, le spectacle est splendide avec la lumière qui se lève sur Belledonne, la Chartreuse qui émerge au Sud-Ouest, la (pleine) Lune qui disparaît lentement accompagnée de Jupiter. Bref, wow, quoi. Donc quelques arrêts photo me permettent d'immportaliser cela.

 



L'air de rien, d'ailleurs, cela continue à bien monter jusqu'à la Roche du Guet où nous retrouvons quelques bénévoles qui pointent les coureurs et nous avertissent du danger des dalles rocheuses striées caractéristiques de l'endroit (du lapiaz, que ça s'appelle, avec des versions contradictoires sur la prononciation correcte, ce qui provoquera un itnéressant débat le soir). La première (mini-)descente est d'ailleurs bien technique et je fais allègrement valoir mes qualités de quiche en voyant du coup revenir sur moi quelques-uns de mes suiveurs. Au final, la Roche du Guet aura été atteinte en 1h15, pour 1h09 prévues au plan (ambitieux).

La suite est une longue longue succession de montées/descentes courtes, souvent assez techniques et peu roulantes, jusqu'au « Monjla » (« Le Montgelat » : si tu prononces « Mont-Jeu-La », t'es foutu), superbe balcon au-dessus de la ville de Chambéry, avec vue imprenable sur la Chartreuse. Atteint en 2h06 au lieu de 1h40...là je me suis clairement planté sur le roadbook : le caractère bien technique du terrain rend la progression plutôt lente.

Le côté technique se confirme d'ailleurs par la suite. Le début de la descente, sur la crête, puis dans le bois en contrebas, est bien velu. Là aussi, je me fais larguer ou rattraper par les coureurs autour même si je pense, au final, avoir quand même un peu progressé dans l'exercice. Progressivement, la descente se transforme d'ailleurs en toboggan, avec même une corde fixe à un endroit, le tout nous faisant dévaler vers le hameau de Nécuidet. Entretemps, j'ai retrouvé un groupe de jardiniers qui avait manqué une bifurcation, dont une féminine en bleu qui gromelle car elle avait une autre fille en vue lorsqu'elle a suivi par erreur celui qui a loupé les balises. Cela ne l'empêche d'ailleurs pas de me mettre une mine dans cette descente...

Cordes fixes au-dessus de Nécuidet

 


...mine que je lui rendrait bien sûr dans la bosse située avant le ravito de la Thuile où les seulement 15% de pente moyenne sont un cadeau pour moi et mes bâtons.

Ravito de la Thuile atteint finalement en 3h09 au lieu de 2h32 prévues. Vraiment, il était trop optimiste, ce roadbook : l'outil de calcul n'avait pas en mains la difficulté technique de certains passages. Je transmets l'info par SMS, je prends 7 minutes sur le ravito en m'organisant plutôt bien pour faire le plein (j'ai 2,5l d'eau sur moi, que je n'épuiserai jamais, très loin de là, malgré la chaleur).

Me voilà donc reparti pour la première grosse difficulté du jour, la double montée au Pic de la Sauge et à la Galoppaz. Enfin...presque tout de suite car, d'abord, il faut remonter du lac de la Thuile en direction de la crète où nous sommes passés il y a 2 heures. Comme souvent en pareil cas, sur le profil officiel, ce genre de passage n'est pas spectaculaire, mais dans la pratique, cela peut être long. Ce qui se confirmera, avec une bonne côte, un passage plus roulant sur les hauteurs et une redescente relativement facile vers le hameau de La Rongère. Les coureurs sont désormais rares, ici, mais j'ai commencé un petit pacman très raisonnable, étant moins pénalisé par mes descentes...et favorisé par mes montées.

A propos de montées...ce qui suit ce hameau de La Rongère (4h04 au lieu de 3h24, 40 minutes de retard, je suis enfin dans le rythme du roadbook), c'est celle vers le Pic de la Sauge, prélude à la Galoppaz.

Pas bien compliqué cette montée : 200D+ à 25%, un petit répit sur 300-400 mètres, puis presque 500D+ à encore 25%. Je vais monter cela sur mon mode habituel : en picorant progressivement des coureurs dont un kikou (encore non identifié) qui me reconnaît avec le sac Bob l'Éponge et la casquette. Je dépasse également une des rares féminines, Marie-Laure (pas la nôtre chez Kikourou, une autre) dont je reverrai la jupe noire plusieurs fois. Le tout se fait à 700m/h : un bon effort mais pas dans le rouge. Je me permets de me poser 5 minutes en haut, en profitant de la bande son des bénévoles pointeurs (Gérard Blanchard, si si) et j'envoie quelques SMS. 47 minutes de retard sur le roadbook : eh, même dans les montées, j'ai été un peu optimiste, quand même, on dirait.

 



La suite des réjouissances, c'est la Galoppaz. Encore du bien velu que cette montée dans une longue pente herbeuse, à environ 30%, suivi d'une descente totalement dré dans l'pentu à près de 50%.

Pointe de la Galoppaz



J'y rattrape à nouveau Marie-Laure, qui me dépose toutefois dans la descente où elle est bien agile. La descente de la Galoppaz est d'ailleurs assez longue, dans les bois, jusqu'aux chalets des Côtes Gueulet où un ravitaillement en eau nous attend.

Je pourrais le zapper mais m'arrête au moins pour compléter les flasques avec de l'eau pétillante, ça changera un peu. Je repars avec Marie-Laure et mon kikou inconnu, que je laisse toutefois tous deux assez vite. Dans le passage qui suit, une montée assez douce jusqu'à la lisière de la forêt, à 1250m, puis une redescente assez boueuse sur Aillon le Jeune, je connais une belle période d'euphorie tranquille : je dépasse régulièrement quelques coureurs, je fais le compte, d'ailleurs, que je n'ai pas été dépassé en course depuis le ravito de la Thuile (je reperds juste du terrain à mes arrêts ponctuels).

De même sur l'assez longue partie plate le long de la route jusqu'à la station des Aillons, totalement tout seul, je trace bien et, du coup, j'arrive au ravito avec 54' de retard sur le roadbook alors que j'avais 1h de retard au ravito précédent. La seule section où je reprends du temps sur le roadbook, d'ailleurs.

Arrivée aux Aillons



Il est juste midi et il fait une chaleur d'enfer, ce que je signale par SMS. Aussitôt arrivent en rafale une bonne dizaine de conseils de bonne hydratation, ce que je m'empresse de respecter en engloutissant quelques cocas (je n'en n'ai pas pris dans les flasques, cette fois-ci), en picorant des fromages (pour le reste, j'ai mes saucissons et mes compotes) et deux bols d'une épaisse soupe de pâtes.

Ravito efficace : le tout est plié en 12 minutes, arrêt popo compris. Et je repars avec 3 autres coureurs, que je m'empresse d'abandonner assez vite en repartant en trottinant sur la longue traversée en sous-bois et en dévers qui nous fait revenir vers Aillon le Jeune. Là encore, une longue solitude : je ne vois personne, ne rattrape personne. Ils sont nombreux les moments où on est archi tout seul sur cette course !

La montée au Col de la Cochette démarre par le GR96 où je me réjouis un peu : les GR, ça a rarement le profil dré dans l'pentu caractéristique du sentier de bauju. Sauf que...on abandonne le GR au bout de 500m pour....un sentier à profil bauju classique. Heureusement suivi d'une assez longue traversée à flanc, en balcon face au massif d'Aillon-Margériaz.

Nous savons depuis le ravito de la Thuile que la décision a finalement été prise de ne pas passer au Colombier, à cause des restes de neige, qui sont ça et là verglacés, dans les sections rocheuses. C'est donc pour une « simple » montée du Col de la Cochette que nous partons. Ce qui représente tout de même plus de 700D+ depuis le ravito.

Je retrouve progressivement des coureurs dans la montée. Souvent des coureurs déjà dépassés. Certains ne se sont visiblement pas arrêtés aussi longtemps au ravito. Ce qui, toutefois, ne me dissuade pas de ma stratégie d'arrêts « longs ». Et je redépasse donc le même petit train de coureurs, dont Marie-Laure et mon kikou. Décidément.

Photo Vik

 


Je suis parti sur un bon rythme et je finis par aboutir en tête de ce petit peloton. Au moment où....surprise : la tête de Vik apparaît en haut d'une côte lorsque nous débouchons sous le col. Je ne m'y attendais absolument pas, il a bien réussi son coup, le bougre. En fait, il s'était proposé comme bénévole et devait pointer les coureurs en haut du Colombier. Avec l'annulation de ce passage et après avoir débalisé, il est venu voir passer les connaissances au col.

Au Col de la Cochette (photo Vik)

 


Vik va m'accompagner sur la fin de cette ascension et.....être témoin de ma lente décomposition...:-). J'ai un gros coup de barre relativement soudain bien que je m'hydrate très régulièrement (deux gorgées tous les 50 mètres de dénivelé, ça me rythme la montée) et que je me sois bien alimenté. A posteriori, je pense avoir eu un petit coup de chaud lors de la sortie des sous-bois (malheureusement les ruisseaux sont rares pour mouiller la casquette). Je vais donc arriver au col assez livide et je m'y impose une pause, le temps de prendre une barre de nougat-amandes (une nouveauté assez réussie, trouvée chez D4), une grand coup d'eau et.....une gorgée de Chartreuse offerte par Vik (la Chartreuse est une tradition pour lui). Cela épate un peu les bénévoles, mais ça donne un joli coup de fouet...:-)

Du coup, je repars à l'assaut de mon petit wagon de coureurs dans la descente vers le col de la Fullie. J'en retrouverai une partie, dont Marie-Laure (encore!) au col et, sans m'attarder, je démarre la longue partie de crètes qui va mener au Mont Pélat. Il y en a pour plus de 5 kilomètres avec une succession de montées, de descentes, de faux-plats, d'abord dans un single en sous-bois assez amusant, puis à découvert sur la crète herbue. Le tout en finissant par une montée finale de 200D+ au Mont Pélat, pas très pentue (20%) mais en plein soleil.

Je vais passer par deux phases sur cette partie de crètes. Encore une phase assez euphorique dans les singles où, poussé par deux coureurs qui semblent apprécier d'avoir trouvé une bonne locomotive, je vais tracer assez efficacement en courant/trottinant tous les plats, descentes, et même quelques faux-plats montants. Je suis bien motivé, je me dis que le Mont Pélat, c'est la dernière grosse difficulté (erreur), que je suis bien physiquement (deuxième erreur), donc que je peux y aller.

Cependant, la machine cale un peu dans les dernières montées et, c'est un peu au ralenti, à 550m/h, que je fais la dernière bosse qui amène au ravito qui est plus que bienvenu (cela fait quand même trois heures que j'ai quitté le précédent).

Là, je ne dois pas avoir la tête des grands jours car le bénévole qui m'asperge avec un pulvérisateur de jardin (génialissime idée) m'indique que j'ai de belles plaques de sel sur le visage, me demande si je n'ai pas eu de crampes et....c'est vrai que j'ai eu quelques petites signes sur les derniers kilomètres.

Ils me proposent alors de passer quelques minutes avec une jeune fille présente qui réalise des soins selon une méthode dont j'ai oublié le nom (en relisant cette phrase, je me dis qu'elle est joliment ambiguë). J'hésite un peu (Marie-Laure va encore me dépasser !) mais je me dis que, finalement, cette pause me sera salutaire. De toute façon, j'avais prévu 7 minutes au Mont Pélat (le mec trop précis : pas 6 ou 8, hein), autant les investir dans cela vu que rien d'alimentaire ne me fait envie.

Le barbecue du Mont Pélat, il déchire sa race.... (Photo DCA)

 



Cela sera une parenthèse très salutaire. Oh, certes, les soins me déclenchent de très douloureuses crampes aux mollets (mais comme dit la jeune fille : « celles-là, au moins, elles n'arriveront pas dans les descentes »), mais surtout ils me détendent globalement le corps bien meurtri après ce qui devait être encore un coup de chaud.

J'y passerai donc 15 minutes, à ce ravito. Encore mes longues pauses, mais finalement, c'est peut-être de cela dont j'ai besoin. Par contre, malheureusement, je ne profiterai pas du pantagruélique amas de grillades que les bénévoles ont préparé : diots, pilons de poulets, frites (!!!). En fait, j'ai donné ma part à Raya, qui ne va pas se priver, en passant ici vers 19 heures....:-)

Et, après cette alerte, me voilà reparti....tout d'abord très progressivement bien que la descente soit plutôt abrupte (nous l'avions reconnue avec Raya) puis jeprends le rythme d'une coureuse en bleu (Karine) qui est repartie en même temps que moi (je suppose que Marie-Laure est repassée devant, grrrr).

Nous descendons ainsi quasiment ensemble au Col de la Sciaz puis au chalet de Morbier. Je sais qu'il ne reste pas que de la descente, mais qu'il y a deux passagede « replat » montant pour découper cette descente en trois sections.

Le premier passage n'est pas un replat ! C'est en fait une interminable montée qui va nous ramener de 1250m à plus de 1400. Et cela dura 2,5km ! Peu à peu j'y abandonne Karine et je redépasse même à nouveau (la 4ème ou 5ème fois) mon kikou inconnu (en fait Gérard, qui fera 2ème V3, mais dont je ne connais pas le pseudo).

Cette montée, quand même, n'en finit franchement pas, sur une piste de 4x4, en forêt. Il ne semble malhereusement pas y avoir d'autre option passionnante pour redescendre, il faut bien faire avec.

Ce chemin peu intéressant est suivi d'une descente...intéressante. Du moins si on aime la bonne boue bien noire bien grasse. Cela s'apparente un peu à du ski, plus que du trail.  J'y retrouve....Marie-Laure, encore et encore. Ça va fighter sévère avec Karine qui est repartie du Mont Pélat avec moi. J'hésite à la prévenir qu'une autre fille est très près derrière, puis je me dis que ça ne risque guère que de lui mettre la pression et qu'elle n'ira pour autant pas plus vite. Par contre, à part elle...je n'y vois personne. Les secouristes postés en bas râlent parce que c'est « encore un gars » qui passe. Je les déride sans problème en leur annonçant deux filles qui suivent puis......je repars dans la vraie de vraie ultime et définitivement dernière montée.

Là aussi, sur le profil, ça n'a l'air de rien, une vague remontée et de petites vaguelettes. En fait, c'est une traversée assez longue en monotrace plus ou moins en dévers et sur laquelle on n'espère qu'une chose : que ça descende enfin sur le dernier ravito : celui de Montalbert. Sauf que ça prend son temps avant cela ! J'en ai, là, vraiment marre....et je suis l'oeil rivé sur l'altimètre. Il faut remonter à 1100-1110 et....on stagne à 1070. Cela devient une obsession maladive que de voir ce damné chemin remonter. Mais à chaque fois qu'on atteint 1080, paf, on redescend. On ne cesse de traverser des ruisseaux (ils auraient été bienvenus, ceux-là, en haut, car en Bauges, il n'y en a pas beaucoup des ruisseaux, du moins où on passe).

Le pire, c'est que au moment où, enfin, on remonte vraiment (sur 30 mètres !), c'est un petit raidard qui m'aurait fait hurler de rire au début mais où je me traîne comme une grosse larve. Suffisamment, d'ailleurs pour que, alors que j'étais bien tranquille depuis longtemps, je vois revenir un coureur. Pfff.

Mais ce coup-là, enfin ça y est, ça descend pour de vrai. C'est que, bon, quand même, on en a pour 700 mètres de D- avant de terminer, donc il serait temps de s'y mettre !

En redescendant, d'ailleurs, je retrouve un rythme honnête car, en effet, je n'ai aucune gêne ou douleur, donc je peux encore bien avancer. C'est juste que je ne veux plus marcher, quoi.

Et là, surprise des surprises au détour d'un ènième virage : un Jean-Mi Touron posté sur un belvédère au dessus de la Combe de Savoie. Jean-Mi qui est venu de Sainté, comme ça, là, juste pour nous voir. Enfin, vous connaissez Jean-Mi, hein, ça ne vous surprend même pas ?



En tout cas, pour moi, c'est un grand coup de reboost que de retrouver mon compère de l'AR Le Puy-Firminy, ce coureur et ami incroyable qu'est Jean-Michel et sa banane perpétuelle. Il va, du coup me raconter sa journée (car il est là depuis ce matin !), qu'il m'a loupé aux Aillons, qu'il s'est perdu avec des coureurs dans la montée à la Cochette et que là, il est "juste" monté depuis Cruet (soit 700D+) pour nous voir passer et terminer avec nous.

Du coup, je dévale jusqu'à Montalbert où j'engloutis vite fait 2 cocas pour remettre un peu d'énergie dans le moteur pour la descente...et repars juste devant Karine qui a visiblement passé Marie-Laure. Cela sera lors mon petit challenge sur cette descente : rester devant et ne pas me faire passer par d'autres.

Jean-Michel m'a décrit une descente roulante, très régulière quoiqu'assez pentue (environ 25% sur 4km). J'y pars donc sur une belle allure et, comme il me l'a promis, elle ne me semble pas durer une éternité. Seul un coureur que je vois régulièrement depuis le matin me dépasse avec quelques encouragements. Et j'arrive enfin en bas...

...sauf que ce n'est pas fini. Il me semblait bien me souvenir de 1 ou 2km plus ou moins plats avant l'arrivée et, comme souvent, ces kilomètres là comptent double. Je me force à y courir, même dans les faux-plats montants, c'est épuisant, mais je peux désormais m'épuiser. Cela me permet de reprendre encore 2 places : ce n'est pas tant que je sois compétiteur à ce point (quoique), mais je tiens un peu à être dans la première moitié et je sens bien que ce sera juste.

Et troisième surprise, voilà Manu qui est venu à ma rencontre dans le village et va faire les 500 derniers mètres avec moi. Cool d'avoir des amis un peu partout !

Et je ne me retourne pas. Je fais bien, d'ailleurs, car Karine était en train de revenir, quelle battante, elle...:-). mais j'ai un petit poil de marge et je défendrai ma (5ème) place de féminine.

Un dernier grand merci aux bénévoles signaleurs dans le village, me voilà au bout de la ligne droite, et c'est même l'annonce au micro que Bubulle est en train d'arriver ! Mais comment sait-elle cela, je me le demande bien....jusqu'à voir le grand sourire d'Arcelle qui filme mon arrivée clopinante et qui m'a dénoncé à la speakerine au micro. Merci, Arcelle, pour cette attention !

Et voilà, c'est fifi-fini et je dois dire que je n'en suis pas mécontent, le jet de mes bâtons à terre le prouve...:-). Ils ne l'ont pas mérité, d'ailleurs, ces vaillants compagnons de voyage. Pour me faire pardonner, je leur offrirai un vrai nettoyage de fond en comble.

Je fini bien lessivé, tout de même : je me suis mis un peu minable sur cette course, je pense avoir tenu un bon rythme, même si j'ai eu quelques baisses de régime. Et, malgré cela, je ne finis "que" au milieu du classement (73ème sur 150 finishers, pour 195 partants...le chaleur a quand même provoqué un nombre non négligeable d'abandons). Le niveau moyen était clairement élevé : cette course a assis sa réputation chez les trailers expérimentés qui la préfèrent clairement aux usines que sont l'Interlac Trail (stupidement placé la semaine précédente) ou la Maxi Race pour rester dans le même format et la même région.

Quant à la convivialité, le GR73 est imbattable. L'équipe de bénévoles autour de Gilbert Codet est soudée et efficace, les détails techniques de la course (balisage, gestion des dossards, chronométrage, organisation des ravitos et des secours) sont dignes des grosses machines professionnelles....alors que l'esprit, l'atmosphère, l'ambiance, sont ceux d'une course au saucisson.

Que dire des paysages sinon qu'ils sont magnifiques si on a la chance d'avoir le temps que nous avons eu. Ce balcon sur les Alpes du Nord que sont les Bauges est superbement exploité, et les passages sur les points hauts, des sources permanentes d'émerveillement. On oublierait presque de courir. Et les points bas sont une vraie petite Suisse, d'un vert magnifique et, en ce milieu de printemps, couverts de fleurs.

La course elle-même est plus qu'exigeante : elle est parfois difficile. Le dénivelé total est conséquent (même sans le Colombier que, sur le coup, je n'ai pas tant regretté...à part pour le point de vue) et les pentes sont souvent très prononcées ce qui amène à un effort plutôt rude pour les grimper. Cela sans oublier quelques passages plus techniques, surtout si l'humidité est au rendez-vous (et, à cette saison, en moyenne montagne, qu'espérer d'autre ?).

Nous profiterons jusqu'au bout de cette organisation. Raya est encore en course quaand j'arrive et je l'attends, bien entendu, mon compère. Avec Jean-Michel, Vik et Manu, je ne verrai pas le temps passer sur cette attente, comblée avec quelques binouzes, évidemment (dont une étonnante bière au génépi dégustée....dans un verre à Kwak...avec Jean-Mi) et les incontournables diot/polenta/tome.


Sans oublier en passant la bande son d'arrivée qui me....fait brailler « Solsbury Hill » à tue-tête pendant ma douche (je cours plus vite, mais je chante plus mal que Peter Gabriel.

L'accueil des derniers arrivants se fera avec les bénévoles, à la nuit tombée, dont bien sûr notre Raya qui a maté les barrières horaires avec une maîtrise impressionnante (il faut se rappeler qu'il avait un trail de 100km avec une nuit entière dehors, dans les jambes, couru deux semaines avant).

Yeahhhhhhhh !



Tout cela concluera un week-end parfait de nos deux bobos chez les baujus. Baujus qui ont magnifiquement travaillé pour faire mentir la stupide légende des savoyards renfrognés et peu accueillants : je me demande bien où les gens vont chercher cela.



Le GR73, si tu ne l'as pas fait, t'as un peu raté ta vie de trailer, en fait.

Et comme l'a dit le plus célèbre des baujus kikoureurs, on fait quand même un bien beau sport, quand il nous donne ça : 



13 commentaires

Commentaire de Vik posté le 24-05-2016 à 22:37:52

Un peu comme la montagn'hard, faudra tout de même la refaire... Car sans le Colombier, il manque quelquechose :-)

C'était bien cool de vous revoir Raya et toi, et à échanger sur des points marquants... Tu as retenu le sujet prononciation du lapiaz, moi le sujet "la boue du parigot VS la boue du montagnard" :-D

Tu n'as cependant rien dit du genepi maison du collègue pointeur, qui était délicieux.

Au 2 juillet ;-) !

Commentaire de Bérénice posté le 24-05-2016 à 22:58:58

Encore un super récit Bubulle ! C'est bien d'avoir les compléments des sms que tu as pu envoyer.
Merci pour les superbes photos qui nous font oublier l'espace d'un instant notre météo actuelle.
Encore bravo !

Commentaire de patfinisher posté le 24-05-2016 à 23:05:31

Extra.. belles photos, paysages et ambiance bien retranscrits
Une aventure de plus à ton tableau de chasse ;-)

Commentaire de Arclusaz posté le 25-05-2016 à 00:13:27

merci pour la pub pour les Bauges.... qui le méritent bien !
Pour ta commission, tu n'auras .... rien car en plus de ne pas savoir accueillir, le bauju est radin !

et bien sur, bravo pour ta course !

Commentaire de Hockeyeur posté le 25-05-2016 à 07:58:32

Super CR (enfin comme d'hab quoi).
Effectivement le barbecue donne sacrément envie.
Et que dire de cette casquette ... Elle te donne fière allure !!
En tout cas tu m'as donné envie de faire cette course que je ne connaissais que très peu.

Commentaire de flyingkitty posté le 25-05-2016 à 08:30:50

Après avoir tout lu attentivement, on ne sait toujours pas de quelles couleurs sont les cailloux???
Bravo pour ta course et merci pour ton CR. Toujours aussi plaisant à lire.

Commentaire de Gilles45 posté le 25-05-2016 à 08:40:35

Merci pour le CR Bubulle, j'ai revécu ma course et ce superbe WE.
Un vrai plaisir de t'avoir croisé ainsi que Raya. J'ai loupé les autres Kikous que je ne connais pas (Vik, Arcelle...), ce sera pour une prochaine.
J'ajouterai pour ceux et celles qui veulent tenter le coup en 2017 qu'un trail qui permet de trouver: La ligne de départ et d’arrivée, la salle de repas, le parking, les douches (dans un chouette Algeco), le retrait des dossards, de l'herbe pour s'allonger et poser sa toile de tente...dans un périmètre de 50 mètres c'est topissime de confort notamment lorsque le quadris son fusillés après la course

Commentaire de Caracole posté le 25-05-2016 à 12:58:26

Un récit qui donne envie d'y être.... Ah, si j'avais le niveau!
Merci aussi pour les photos qui sont magnifiques, et bravo Bubulle!

Commentaire de paspeur posté le 25-05-2016 à 16:10:16

Superbe récit, je connais le parcours par coeur, mais j'ai eu l'impression de découvrir l'itinéraire.
Le grand retour des Kikous,çà fait plaisir. L'an prochain, peut-être refaire un point rencontre Kikou ?
Bonne récup.

Commentaire de Overnight posté le 25-05-2016 à 19:47:30

L'office du tourisme du trail ce bubulle :). Il faudrait un disclaimer au début des CR pour prévenir le lecteur de la tentation de craquer à une inscription à l'édition qui suit :).
Très sympa ce récit qui donne envie d'y goûter... Bon t'aurai pu courir au départ pour rattraper et saluer benjamin73 non? :D. Bravo en tout cas pour cette 1ere place de "parisien".

Commentaire de Arcelle posté le 25-05-2016 à 20:10:48

Les deux font la paire, géniale cette dernière photo !
Bravo pour la course et le récit, et ravie de voir que tu place ce GR73 dans les spéciales, c'est vraiment l'impression que ce WE de course m'a laissée !

Commentaire de jano posté le 28-05-2016 à 14:32:31

du grand classique bubullien ce récit mais c'est la force du classique justement de toujours fonctionner.
Si tu as aimé le chassé-croisé avec Marie-Laure, il faudra que tu finisses par venir sur l'UTB où elle court tous les ans. Si tu y vas une année où j'y suis, possible qu'on chassé-croise aussi puisque j'étais aussi dans son allure pendant 60km l'année dernière.

Commentaire de PhilippeG-641 posté le 24-05-2017 à 15:19:06

Bravo bubulle pour ta course et ton récit (plutôt court je trouve...) !
J'espère qu'il va m'aider à terminer dans 3 jours ;-) En tout cas c'est une très bonne présentation de l'ambiance, on devine un peu le type de chemins et du parcours proposé.
Sympa les photos.
Du coup je tente... Je vais essayer de faire aussi bien que toi.
A bientôt sur place j'espère :-)
Philippe

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